L'automatisation croissante libère un temps considérable pour les loisirs, loisirs actifs ou loisirs passifs. La société wallonne est pourtant loin encore de la société des loisirs rêvée au début des années soixante. Néanmoins, une infrastructure importante a été développée et le sport, par exemple, a suscité une pratique de masse inconnue à d'autres périodes de l'histoire. Si, aux yeux de certains, le sport est utilisé comme moyen d'exprimer la haine et la violence, il n'en reste pas moins un facteur important d'intégration. L'exemple d'Enzo Scifo est particulièrement significatif d'une tendance plus large se manifestant jusque dans les plus petits clubs.

Les clubs sportifs n'ont pas attendu l'arrêt Bosman pour aligner toujours plus de sportifs étrangers. A côté de ces étrangers fraîchement arrivés en Belgique dans le but de faire carrière, un certain nombre de "nationaux" sont issus de l'immigration. A l'ombre des grandes stars médiatiques, évoluent de nombreux anonymes qui rêvent de gloire et de fortune. Dans des quartiers plus défavorisés ou dans des environnements particuliers, se mettent en place des clubs maghrébins, italiens, espagnols, turcs ou autres. Ces clubs disposent souvent de très faibles moyens et doivent se battre quotidiennement pour survivre. Pourtant, ils constituent un des derniers lieux de socialisation pour ces jeunes souvent confrontés au décrochage scolaire. Là, ils sont pris en main par des responsables issus de leur milieu qui leur donnent un cadre de vie structuré.

Mais la vie reste incertaine. Le village planétaire se révèle déstructurant, et provoque des crises d'identité; la recherche de ses racines redevient plus indispensable que jamais. La production cinématographique, littéraire et musicale en Wallonie est alors considérable. Dans ce contexte, le manifeste pour la culture wallonne proclame la réalité wallonne à la face du monde. Quatre-vingts intellectuels signent ce texte qui ouvre l'identité de la Wallonie à toutes ses composantes (1983).