De leur côté, cinquante trois intellectuels, membres des Académies, professeurs d'université, écrivains, artistes de Wallonie signent une pétition adressée aux présidents de la Chambre et du Sénat; ils s'insurgent contre la minorisation perpétuelle de la Wallonie. Ils dénoncent les arguments suivant lesquels les Wallons n'ont qu'à faire davantage d'enfants et n'ont qu'à apprendre le flamand. [...] La Wallonie veut vivre comme telle et non comme un arrière-pays, une dépendance de la Flandre et de Bruxelles, à qui la langue flamande serait imposée cependant que continueraient d'être drainées vers le Nord toutes les richesses, y compris sa richesse en hommes (19 avril 1949).

L'accentuation de leur minorisation incite les Wallons à réclamer des garanties, sans remettre en cause le principe du suffrage universel. Si les Académiciens se gardent de définir ces garanties, il est clair que, pour le Congrès national wallon, l'instauration du fédéralisme est la seule solution. Malgré cette levée de bouclier, le projet Vermeylen est voté en mai 1949. L'augmentation à 212 du nombre de députés sonne la minorisation politique définitive de la Wallonie au sein de l'Etat belge. Celle-ci sera accentuée en 1958: la Flandre n'a plus besoin du soutien d'élus flamands de Bruxelles pour obtenir la majorité simple au niveau des Chambres législatives.