L'augmentation du nombre d'indépendants, de commerçants et d'artisans parmi les étrangers indique un changement de statut pour certains d'entre eux dans un processus d'installation définitive. Si les jeunes d'origine étrangère occupent dans l'ensemble le même type d'emplois que leurs parents, sous l'effet toutefois de la scolarisation, la mobilité sociale fait aussi partie de leurs aspirations et élargit leur horizon social.

Avec la fermeture des charbonnages - qui étaient à l'origine des grandes vagues migratoires -, on assiste à une diminution de l'activité dans le secteur secondaire et à une hausse dans le secteur tertiaire. Pour les immigrés, cette évolution se réalise en léger décalage par rapport aux "nationaux". En 1981, six étrangers sur dix sont occupés dans le secteur secondaire contre trois Belges sur dix. Dans les "services", la proportion est exactement inverse. Le seul clivage demeurant au sein de la population wallonne oppose les ouvriers étrangers aux fonctionnaires belges.

En effet, même si le nombre d'ouvriers étrangers a baissé de 1977 à 1990 (de 66% à 50%), ils restent deux fois plus nombreux que les Belges (25,5%). La mobilité entre générations est en effet handicapée. L'accès aux services publics et au statut de fonctionnaire de l'Etat restant, malgré les directives européennes, largement dépendant du critère de nationalité, la mobilité ne peut se faire que dans le secteur des indépendants, commerçants et artisans.

Il existe aussi un dualisme au sein de la population étrangère elle-même: les immigrés qualifiée, situées géographiquement dans le Brabant wallon, et exerçant leurs fonctions à Bruxelles, capitale de l'Europe, d'une part, les migrants les plus anciens qui partagent avec les Wallons les conséquences des restructurations économiques et sociales, d'autre part. Cette ségrégation fondée sur la nationalité se manifeste également selon le sexe.