Le 8 août 1956, dans le puits St Charles de la SA des Charbonnages du Bois du Cazier, la banalité du quotidien tourne au cauchemar. L'encageur du niveau 975 introduit un wagonnet plein dans la cage servant à remonter le charbon en surface. Le wagonnet plein qui arrive doit pousser automatiquement le wagonnet vide hors de la cage. Le mécanisme est défectueux. Les deux wagonnets dépassent de part et d'autre. Quand la surface rappelle la cage, les wagonnets heurtent immédiatement une poutrelle. Une canalisation d'huile éclate en même temps que des cables électriques sont sectionnés. Instantanément un incendie naît, aspiré vers le fond, se répandant au passage dans toutes les galeries.

262 hommes périssent. Parmi eux, 136 Italiens, 94 Belges, huit Polonais, six Grecs, quatre Allemands, quatre Français, trois Hongrois, trois Algériens, deux Russes, un Anglais, un Argentin. Ils laissent 204 veuves et 417 orphelins.

Charbon ou pétrole ?

La période est marquée par l'importance de plus en plus grande accordée au pétrole, surtout à partir de 1952-1953, par la conversion et la suppression de centrales thermiques au charbon, par la croissance du parc automobile, le développement du chauffage domestique au mazout et, dans une partie du pays, par l'électrification du réseau ferroviaire. La production charbonnière belge et plus particulièrement wallonne ne suffisait plus pour faire face à la demande; le vieillissement des puits, leur profondeur, la liaison du prix du charbon à l'évolution du salaire des mineurs rendaient le charbon non compétitif par rapport à d'autres sources d'énergie.

Poursuivre avec le charbon?

Au lendemain de la catastrophe de Marcinelle, on pose davantage la question du contrôle de la mine que de son avenir. Les uns proposent une rationalisation, les autres sa nationalisation, seule capable d'assurer la sécurité des mineurs. Pourtant, il apparaît déjà que les charbonnages wallons ont leurs "belles années" derrière eux. Au niveau européen, l'Euratom est créé; l'énergie atomique, à des fins pacifiques, est perçue comme garante du rythme du progrès économique et social. Quant à la CECA, elle développera une politique tendant à la rationalisation des outils les moins productifs...