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Institut Destrée, Centre de recherche européen basé en Wallonie

Dignité, fierté et volonté pour la Wallonie
Discours prononcé par Jean-Pol Demacq
Président de l’Institut Jules Destrée

Fête de
la Wallonie
Charleroi

Hommage à

Arille Carlier,

militant wallon

 

 

Coq-wallon_Paulus.jpg (49126 octets)  

15 septembre 2000

 

Septembre 1999
Imaginons
la Wallonie !

 

Septembre 1998
Liberté, égalité,
dignité
dans une
Wallonie citoyenne

...

Dignité, fierté et volonté pour la Wallonie

L'heure, mes amis, est plus que jamais aux questions politiques.

D'abord, parce que Les héritiers du IIIème Reich – pour reprendre le titre du livre de Patrick Moreau – sont en bonne santé. Pourtant, après la mort – officiellement reconnue – de 28 "étrangers" tués en Allemagne par des néonazis depuis la réunification de ce pays, après que plus de 70 autres personnes d'origine étrangère y soient décédées dans des conditions similaires, après l'attentat à la bombe de Düsseldorf et sa dizaine de victimes - parmi lesquels des Juifs originaires de l'ex-URSS -, la Justice et le gouvernement allemand de Gerhard Schröder ont décidé de frapper durement la peste brune qui renaît en Allemagne.

Les mesures prises, mises à l'étude ou déjà inscrites dans la procédure législative allemande méritent, de la part de tous les citoyens et décideurs politiques européens, une attention soutenue. Ne devrait-on pas, en effet, non seulement étendre ces mesures à chacun de nos pays, mais encore leur donner un caractère communautaire européen qui scelle – définitivement – le sort de tous ceux qui, depuis trop longtemps, cultivent la haine de l'autre, simplement pour la couleur de sa peau, de sa religion, de sa langue ou de ses idées ? Ce cadre général européen permettrait, dans le même temps, de constituer, pour les partis politiques et pour les gouvernements, une nouvelle déontologie : elle clarifierait les relations avec les Etats déjà gangrenés dans leurs structures internes en raison des idées xénophobes ou antisémites. Que l'on songe aujourd'hui à l'Autriche ou même à la Suisse...

La nouvelle fermeté du gouvernement allemand a ainsi de quoi nous réjouir. Peut-être est-il révolu ce temps où Jules Destrée – c'était dans Le Soir du 7 septembre 1935 – pouvait écrire son indignation quant au sort réservé aux Juifs en Allemagne : des hommes, des femmes, des vieillards sont boycottés, ridiculisés, insultés, frappés, poursuivis, traqués parce que Juifs. […] Chose étrange : dans ce peuple germanique, dont on ne contestera pas la civilisation, pas une voix ne s'élève pour protester et rappeler les règles d'humanité et de liberté ?

Aujourd'hui, l'exemple du rejet de la haine et des haineux nous vient notamment d'Allemagne. Chez nous aussi, nous devons nous inspirer de ce renouveau pour balayer devant notre propre porte les adeptes de toutes les idéologies néo-fascistes. A Anvers, bien sûr, – vers laquelle nous avons tous aujourd'hui les yeux tournés – mais aussi à Bruxelles ainsi qu'à Liège et à Charleroi. Tous les "fronts" dits nationaux, tous les "blocs" – affirmés flamands ou pseudo-wallons – doivent être rejetés et contraints au silence. Parce que la Justice et la Démocratie ne peuvent pas se permettre la moindre faiblesse face au mépris, qu'il vise la personne humaine de l'enfant, de la femme, du vieillard et de l'homme.

Alors que la Wallonie prépare sa fête de l'an 2000, l'heure est décidément aux questions politiques parce que les orages grondent de toutes parts dans les profondeurs d'un ciel communautaire que d'aucuns persistent à considérer comme serein. Aux menaces et revendications du Nord qui, à nouveau s'agite, la Wallonie mais aussi Bruxelles n'ont d'autre alternative que de répondre par le sang-froid, par la dignité et par la volonté.

Le sang-froid de Wallons et de Bruxellois résistant à toute culpabilité à l'idée que des transferts financiers ou budgétaires ont pu avoir lieu ou ont encore lieu entre la Flandre et la Wallonie. Si la Wallonie n'a pas le cœur de regretter tant de flux d'argent wallon vers le Nord pendant toutes ces décennies qui ont suivi notre Révolution industrielle, elle n'a aucunement l'intention, aujourd'hui, d'accepter sans coup férir que l'on sacrifie les pensions et les indemnités en soins de santé de nos anciens sidérurgistes, de nos anciens mineurs et de nos anciens verriers wallons, qu'ils soient d'origines carolorégienne, napolitaine ou limbourgeoise. Ne l'oublions jamais, de Waterschei à Zelzate, c'est la Wallonie, ses capitaux, ses ingénieurs et ses ouvriers qui ont permis le redressement flamand. Dans un fédéralisme bien compris, même la Flandre pourrait condescendre, aujourd'hui enfin, à avoir la reconnaissance du ventre, sans nausée ni aigreurs.

Cependant, ici, devant Arille Carlier, avec en mémoire Maurice Bologne et Aimée Lemaire, quelques minutes avant d'aller déposer notre hommage à Jules Destrée, nous ne nous permettrons pas d'être naïfs. Tous ici, nous savons que d'autres logiques président au fonctionnement de l'Etat belgique que la logique de la loyauté fédérale. Dès lors, face aux menaces et revendications du Nord, les Wallonnes et les Wallons n'accepteront pas de se départir de leur dignité, la dignité de citoyens ne pouvant être qualifiés de demandeurs. Quel regret toutefois de constater que certains mendient encore ! Comment en effet, pourrait-on imaginer se satisfaire des miettes d'une négociation où la Wallonie serait cataloguée comme demandant une "rawette" alors que, en réalité, elle serait amenée à céder l'essentiel de son capital en matière de fiscalité des entités fédérées. Et cette précaution ne signifie pas que l'autonomie fiscale serait à nos yeux inacceptable : nous avons retenu les leçons de fédéralisme de Georges Truffaut et de Fernand Dehousse. Mais nous devons faire savoir clairement que le type d'autonomie proposé ne nous satisfera que s'il est bon et adéquat, pour la Wallonie et surtout pour ses habitants.

Enfin, face aux menaces et revendications du Nord, la Wallonie affirme sa volonté. Car, avec les fédéralistes flamands honnêtes et attachés à la loyauté fédérale, – il en est beaucoup, avec lesquels nous avons des contacts constructifs -, nous pouvons entamer ces chantiers nécessaires à l'achèvement de la réforme de l'Etat et nous mettre, enfin, au travail dans le domaine de la citoyenneté responsable. Songeons à cette loi spéciale permettant de dresser la liste des compétences strictement dévolues au fédéral, ou encore au rapatriement de la loi communale et provinciale. Je dis bien rapatriement, car nous ne pouvons continuer à ignorer dix siècles de chartes et de franchises de nos villes, de nos communes et de nos provinces wallonnes. Notre souveraineté et notre liberté locales doivent nous être restituées. Flamands et Wallons ensemble peuvent les obtenir. Ils l'obtiendront.

Ainsi, mes amis, sang-froid, dignité et volonté nous aideront à sublimer nos vieilles peurs. Car, en douteriez-vous, ce ciel que nous, Gaulois, craignons de recevoir sur la tête, ce ciel n'est que l'ombre de notre image. Ombres de nos fastes passés, ombres des fondations bâties aujourd'hui, ombres des constructions futures qui seront autant de symboles de notre renouveau. Ajustons notre éclairage : ces peurs de nous-mêmes, Wallonnes et Wallons, si nous continuons à nous affirmer ensemble, ne nous tarauderont plus.

Bonne fête de Wallonie !
Vive la Wallonie !
Vive la Francité !

 

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