Conférence - Consensus
La Wallonie au Futur
Namur - 1994

Où en est et où va
le système éducatif en Wallonie ?
Comment le savoir ?

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La situation en Communauté française

André Krupa
Président du Conseil des Pouvoirs organisateurs de l’Enseignement officiel neutre subventionné (CPEONS)

Monsieur le Rapporteur général,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,

En ce qui concerne la situation en Communauté française au sujet du pilotage et de l’évaluation du système scolaire, tous les experts internationaux et nationaux signalent qu’il s’agit d’une des faiblesses de notre enseignement. La Belgique connaît donc - et en particulier la Communauté française - une faible culture de l’évaluation dans et sur l’enseignement. De plus, des réticences se manifestent pour donner un minimum de dimension scientifique à sa gestion. L’indépendance des réseaux scolaires et la concurrence entre les réseaux - et à l’intérieur de chaque réseau - n’est pas étrangère à cela. Les pouvoirs organisateurs n’acceptent pas facilement une meilleure transparence.

En Communauté française, il n’y a pas eu suffisamment d’incitation à construire ou à développer des instruments de pilotage. Mais l’état d’esprit des responsables et des enseignants est à modifier. Tout cela ne favorise pas une évaluation externe et interne de l’enseignement et des établissements scolaires. Sommes-nous capables, en Communauté française, voire en Région wallonne, de modifier cet état d’esprit ? Poser la question, c’est certainement permettre de trouver une réponse rapidement.

La Communauté française arrive au terme d’une seconde phase d’expansion quantitative du nombre d’étudiants (la prolongation de l’obligation scolaire, l’expansion de l’enseignement supérieur). Nous sortons d’une période d’efforts avec un essoufflement certain. Le personnel enseignant doit faire face à beaucoup de difficultés : il est en souffrance.

Les enseignants ont été recrutés en majorité à la fin des années ‘60, c’est un corps qui vieillit. Un corps qui a dû gérer pas mal de réformes, avec du dévouement, de la générosité. Ces enseignants, qui ont une situation parfois incertaine sur le devenir (et qui ont choisi le métier pour une sécurité professionnelle), qui voient leur statut social diminuer sont soit impuissants, soit révoltés, soit résignés. De plus, les moyens de la Communauté française ne sont pas importants vu les charges des traitements dans le budget de l’Enseignement.

Or, il s’agit de relever des défis nouveaux pour la Wallonie : une meilleure école pour tous après une école pour tous est le défi le plus urgent.

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Pour les scientifiques - en pensant au Professeur Gilbert de Landsheere -, l’amélioration qualitative est basée sur la formation des maîtres, la formation initiale mais surtout la formation continue. L’amélioration qualitative des produits éducatifs est basée sur l’existence d’outils efficaces d’information et de monitoring. Pourtant tout n’est pas négatif en Communauté française et le Professeur de Landsheere a rappelé combien la Communauté française a participé aux travaux de l’association pour l’évaluation du rendement scolaire. Malheureusement, les maîtres ne sont pas bien informés de ces recherches et surtout de leurs résultats. Il faut rappeler l’étude internationale sur le niveau de lecture en quatrième primaire (bons résultats) et à la fin du premier degré de l’enseignement secondaire (résultats extrêmement médiocres pour les étudiants de la Communauté française).

Si l’on veut améliorer le pilotage de notre système scolaire, il faut que le Ministère de l’Education prenne cela en charge en travaillant avec d’autres partenaires : les réseaux scolaires, les associations de parents, les universités, les organisations syndicales, les agents du monde économique, des représentants de la société civile, les étudiants, etc. La plupart de ces acteurs se retrouvent au Conseil de l’Education et de la Formation, Conseil qui, avec très peu de moyens, a travaillé intensément depuis 1990 et qui peut devenir un organe centralisateur du pilotage du système éducatif. Il faudrait pouvoir élargir ses membres à des représentants de la Région wallonne.

Mais le Ministère peut parfaitement remplir ce rôle avec, comme le signale le rapport de l’OCDE, trois services : un réel service de statistiques et d’indicateurs de l’enseignement, un service de programmation de la Recherche et Développement dans l’enseignement et un service d’évaluation et de prospectives pouvant s’appuyer sur les travaux des deux premiers pour fournir régulièrement aux praticiens, aux décideurs, des états de la situation.

Sans ces moyens notamment, nous nous retrouverons dans quelques années avec cet enjeu pour la Wallonie d’une meilleure école pour tous qui aura été un échec. Comme le disait Philippe Destatte, bâtir un pays, c’est construire son éducation.

Cette conférence-consensus m’apparaît donc extrêmement importante dans la mesure où, si vous pouvez arriver à présenter à l’opinion publique - et, au delà, à ceux qui la représentent - l’importance de ces enjeux pour notre jeunesse et pour notre devenir wallon, ces journées n’auront pas été inutiles.

Je vous remercie.

(Mars 1994)

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