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Les Jardins de Wallonie, Rencontres buissonnières organisées par la RTBF Namur et l'Institut Jules Destrée en septembre à l'abbaye de Floreffe. Gouache de Marie-Anne Delahaut
Question de masse critique
Déterminisme et langues étrangères
Le “Humanware
Une autre dualité?
L’angle du développement durable: au-delà du “triangle“...
Quelle gouvernance?
Aménagement du territoire: en panne de projet global?

 

 

Invitation - Intervenants - Renseignements

Une vision du territoire wallon dans l'espace européen
Abbaye de Floreffe - 7 et 8 septembre 2002
Les Jardins de Wallonie
Rencontres buissonnières

Le territoire wallon dans tous ses états:

 l’histoire d’un trou dans une banane?
Compte rendu par Pascale Serret  dans L'Echo,

 mercredi 18.09.2002, p.2.

C’est à l’abbaye de Floreffe que l’Institut Jules-Destrée avait convié il y a quelques jours les participants à la septième édition des Jardins de Wallonie, pour se pencher sur le thème 2002: “Une vision du territoire wallon dans l’espace européen“. Sur le modèle des rencontres de Pétrarque organisées en France depuis la fin des années 80 par France-Culture et Le Monde, l’Institut Jules-Destrée, dirigé par Philippe Destatte, et la RTBF Namur rassemblent des personnalités d’horizons divers pour deux journées de réflexion. Trois ateliers au programme de cette année: “La Wallonie n’est pas une île“, “Aménager le territoire pour un développement durable“ et “La Wallonie comme projet territorial“ (*).

Des débats parfois fort animés qui permettent aux participants de s’exprimer assez longuement (c’est rare...) sur des questions qu’on ne peut expédier en quinze minutes.

Le premier de ces ateliers: “La Wallonie n’est pas une île“. Régulièrement présentée comme idéalement située au coeur de l’Europe, la Région wallonne ne s’en retrouve pas pour autant dans le peloton de tête européen. “Un trou noir dans une banane fertile?“, interroge Jocelyne Leroy (RTBF Namur), faisant référence à ce couloir nord-sud de la prospérité européenne, en forme de banane, dans lequel la Wallonie trouve place.

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Retour index : Les Jardins de Wallonie, Rencontres buissonnières organisées par la RTBF Namur et l'Institut Jules Destrée en septembre à l'abbaye de Floreffe. (Coq : gouache de Marie-Anne Delahaut) Question de masse critique

Le “coeur de l’Europe“: l’image a tellement servi qu’on ne s’y attarde plus. Une position intéressante pour la densité de marchés et d’infrastructures, mais “il ne suffit pas d’avoir des avantages. Encore faut-il en tirer parti“, note Bernadette Mérenne, professeur à l’Université de Liège (département de géographie économique Segefa). Même constat pour Philippe Doucet, directeur de programme Interreg III pour l’Europe du Nord Ouest: “Il ne suffit pas de se trouver dans un grand corridor pour que le développement suive automatiquement. Si on ne complète pas les infrastructures par la R&D, l’innovation, etc., elles peuvent avoir un effet pervers, l’effet ’tunnel’: les gens s’en servent pour aller voir ailleurs“.

Bernard Caprasse, gouverneur de la Province du Luxembourg, relativise: sans grandes agglomérations de plus de 300.000 habitants, la Wallonie peut néanmoins faire en sorte de bénéficier des surplus de développement qui se concentrent en périphérie. “Comme Saint-Gobain qui a délocalisé ses activités hollandaises vers la Province du Luxembourg. Il y a tout un travail à effectuer pour que ce développement puisse percoler“.

Mais au niveau européen, les grandes agglomérations comptent au moins un million d’habitants, fait remarquer Bernadette Mérenne. “Les grandes agglomérations wallonnes, ce sont Liège avec 620.000 habitants, Charleroi avec 450.000 et Mons-Borinage avec 220.000. Les masses critiques ne sont pas suffisantes pour entrer dans le jeu européen“. Comme tous les bons géographes, Bernadette Mérenne parle en terme d’échelles: “Il faut toujours savoir à quelle échelle on se situe: celle de la carte de demain où on se retrouvera à l’extrême ouest européen? Celle de la Banane Bleue où nous sommes inscrits, avec points forts et points faibles? Ou celle de notre Wallonie et de ses régions limitrophes? Je pense qu’il est important, quand on parle de développement territorial, qu’on laisse jouer les différentes échelles et qu’on pense aux réseaux dont les points sont discontinus dans l’espace. C’est un concept clé“.

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Retour index : Les Jardins de Wallonie, Rencontres buissonnières organisées par la RTBF Namur et l'Institut Jules Destrée en septembre à l'abbaye de Floreffe. (Coq : gouache de Marie-Anne Delahaut) Déterminisme et langues étrangères

Ce que Francis Hambye (ancien secrétaire général du Ministère de l’Equipement et des Transports) aimerait quant à lui savoir, c’est pourquoi la Wallonie se retrouve aujourd’hui en dépression par rapport aux régions environnantes, passant du statut de la 4e puissance européenne au XVIe siècle à un déclin où les différences continuent à se marquer entre la Wallonie et le Nord-Pas-de-Calais, la Wallonie et la région Sar-Lor-Lux, etc. Le sénateur honoraire Yves de Wasseige n’est pas d’accord du tout avec l’idée du déclin: “Nous avons connu une profonde dépression à partir de 74-75 mais, depuis 1987, c’est terminé! Nous ne sommes plus en phase de déclin. Nous subissons par contre toujours les séquelles des restructurations de l’industrie lourde. Mais ce ne sont que des séquelles, pas le choc frontal. On peut citer quantités de secteurs où nous sommes en pointe“, proteste-t-il avec vigueur, soutenu en cela par le directeur de l’Agence wallonne à l’Exportation et de la Direction générale des relations extérieures de Région wallonne, Philippe Suinen: “Nous prouvons que la régionalisation est une chose opportune, que cela permet de donner des moyens à la Wallonie et de bien la dynamiser par divers projets. Il ne faut pas tomber dans le travers de la main invisible qui viendrait animer les territoires, décidant qu’il y aurait des ’banana in’ et des ’banana out’. Qu’on n’oublie pas l’intervention humaine. Avec la régionalisation, nous avons des compétences exclusives en matière d’aménagement du territoire et de relations internationales. Nous avons une taille qui est une sorte d’incitant à l’arbitrage entre deux pays, quand d’autres ne veulent pas trancher entre grandes puissances. Les autres sont parfois difficilement accessibles à l’idée qu’on est un Etat. Ainsi, ce n’est pas un hasard si la coopération transfrontalière est la moins facile à certains niveaux: la Région wallonne fait peur. Peur d’une contagion à la Corse pour la France“.

Pas de déterminisme géographique, la localisation d’une région ne signifie pas qu’elle est condamnée au sous-développement ou à la prospérité: Philippe Doucet est d’accord. “Toutes les régions d’Europe sont interdépendantes. C’est en fonction de nos atouts spécifiques et de nos faiblesses que nous saurons comment vivre en corrélation avec les autres. Et on ne travaille bien avec ses voisins que si on apprend les langues étrangères. L’anglais est le latin moderne. Mais il ne dispense pas d’apprendre une troisième langue. Or, l’allemand est en perte de vitesse. L’Allemagne est la grande absente de la coopération transfrontalière“. Sauf Communauté germanophone, cela va sans dire.

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Retour index : Les Jardins de Wallonie, Rencontres buissonnières organisées par la RTBF Namur et l'Institut Jules Destrée en septembre à l'abbaye de Floreffe. (Coq : gouache de Marie-Anne Delahaut) Le “Humanware

Nos atouts? “Ils sont de plus en plus humains et de moins en moins liés aux infrastructures, conditions nécessaires mais insuffisantes“, souligne Bernadette Mérenne, qui met en avant le concept de “Humanware“, après le software et le hardware. La Liégeoise dit croire aussi beaucoup en un concept immatériel qui est celui de la connivence entre acteurs: “Plus j’avance, plus il me semble important. Les différents acteurs, privés, publics, syndicaux, formateurs... En se fréquentant, en travaillant ensemble, on facilite cette connivence, on permet une sorte d’esprit collectif. C’est aussi ainsi qu’il faut penser le développement territorial“. Le professeur Mérenne rejoint par ailleurs Philippe Doucet sur l’apprentissage des langues.

“Il faut essayer d’imaginer le développement non pas d’un grand territoire wallon mais des territoires de projets“, estime Guislain Géron (Direction Générale de l’Aménagement du Territoire, du Logement et du Patrimoine, MRW). “Le PRAT, c’était déjà ça à l’époque. Le programme Interreg a également initié une série de coopérations. Mais il faut reconnaître que, à part le Pôle européen de Développement, peu de choses concrètes sont venues“.

A la traîne en matière de coopération transfrontalière, la Wallonie? “Certainement pas. La Wallonie n’a pas démérité dans ce contexte. Mais il est difficile de faire vraiment coopérer des régions, où que ce soit. Les gens veulent surtout faire de la coopération pour avoir des fonds structurels. Et beaucoup de projets n’ont de coopération que le nom. C’est difficile à vendre aux électeurs“, résume Philippe Doucet.

Stephan Bodson (Interreg III, directeur du secrétariat conjoint France-Wallonie-Flandre) considère lui aussi que des ponts sont jetés par dessus les frontières: entre le Hainaut et le Nord-Pas-de-Calais, on a enregistré pas moins de 150 projets pour la période précédente. Le nord de la France ne chercherait-il pas plutôt les coopérations avec la Flandre? Stephan Bodson sort d’autres chiffres pour réfuter: pour 50 projets franco-wallons acceptés, seulement 4 ou 5 concernent les relations franco-flamandes et 4 ou 5 portent sur un projet tripartite.

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Quant à savoir si la Wallonie est capable de jouer dans la cour des grands, les avis sont partagés. “Nous faisons partie des grands et nous jouons déjà dans la même cour. Nous sommes l’entité fédérée qui a le réseau de relations internationales le plus dense au monde. Et il ne faut pas oublier les derniers chiffres des exportations, l’esprit de clocher qui s’atténue, la culture tout à fait favorable à la création et au développement de l’activité économique. L’entrepreneur est apprécié. Nous sommes des acteurs européens!“ D’autres sont de son avis, comme le gouverneur Caprasse. Francis Hambye reste plus sceptique. Mais il nuance: “Aucun peuple ne décide dans quelle cour il joue. Le tout est d’attraper le ballon quand il passe.“ On souligne aussi le rôle que doivent jouer les pouvoirs publics dans le contexte de la libéralisation du marché de l’énergie. “L’électricité va coûter beaucoup plus cher à Marche qu’à Anvers. Il y a des endroits où les lignes ADSL sont inaccessibles. C’est un autre type de dualité qui risque de s’installer et cela vaut aussi pour la mobilité. Ce sont des choix politiques importants. Et ce genre de chose est aussi observé de l’extérieur“, note Bernard Caprasse. Idem pour les tarifs téléphoniques, qui peuvent aussi influencer le choix des acteurs économiques, fait remarquer Francis Hambye.

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Retour index : Les Jardins de Wallonie, Rencontres buissonnières organisées par la RTBF Namur et l'Institut Jules Destrée en septembre à l'abbaye de Floreffe. (Coq : gouache de Marie-Anne Delahaut) L’angle du développement durable: au-delà du “triangle“...

Lors du deuxième atelier de ces Jardins de Wallonie (“Aménager le territoire pour un développement durable“), la majorité des participants étaient d’accord sur au moins une chose: rien ne sert de disserter une fois de plus sur les trois dimensions qui font le développement durable, à savoir l’économique, le social et l’environnemental.

“Le développement durable, c’est toujours trois pages de rhétorique et peu de pratique“, note Philippe Doucet (Interreg III, Europe Nord Ouest). “Tout le monde est toujours pour. Même quand on pose la question du social, après une touchante unanimité sur des programmes qui ressemblent à des programmes de charité (c’est comme ça que je les vois), les mêmes remettent en cause le rôle de redistributeur de l’Etat. Je suis certain qu’il y a un développement durable de gauche et un développement durable de droite. Ce qui m’intéresse, c’est comment on le concrétise“.

La ministre de la Mobilité et des Transports Isabelle Durant assure qu’elle aussi préfère les pratiquants aux croyants. Elle évoque une approche plus intégrée de la question de la mobilité. “Je suis frappée de voir qu’on ne dispose d’aucun instrument intégré entre les régions flamande, bruxelloise et wallonne en matière de déplacement domicile-travail, pour en avoir une vision plus précise“.

Quant au transport des marchandises par route, le fameux ’“stock roulant“, elle note: “La Wallonie est extrêmement traversée. Là aussi tout le monde est d’accord pour dire: transférons de la route vers le rail ou vers la voie d’eau puisque de 15 à 16% de la production des gaz à effets de serre viennent de la route. Mais c’est plus difficile de passer à la pratique“.

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“Plus on approfondit cette notion de développement durable, plus on s’aperçoit qu’elle est complexe. Tout est lié“, explique Jean-Claude Vandermeeren (secrétaire général de la FGTB wallonne). “Ainsi, tout le monde est amené à être citoyen, habitant et travailleur. Or, on essaie parfois de les opposer. Les transporteurs routiers ne paient peut-être pas la route, mais les salaires sont inacceptables dans le secteur. Alors, il faut peut-être rendre les transports routiers beaucoup plus chers mais aussi contrôler les conditions de travail des chauffeurs soumis à un dumping social au niveau européen. Il y a un lien entre tout cela“.

Pour la CSC, Myriam Gérard estime que la Wallonie manque encore d’outils transversaux. “Et on avancerait mieux aussi si on se posait la question: l’économie, oui, mais quelle économie? En déclinant concrètement: qu’est-ce qu’on produit? Pourquoi? Dans quelles conditions d’investissements?“

Pas de problème majeur pour Vincent Reuter (administrateur délégué de l’Union Wallonne des Entreprises) pour ce qui est d’un encadrement des entreprises privées au nom du développement durable: “Entreprise privée ne veut pas dire entreprise sauvage. Mais il faut se méfier des planifications. Par ailleurs, on sait que l’entreprise a une influence notable sur l’environnement. Mais elle n’est pas la seule. Elle ne peut porter toute la charge du développement durable“.

Autre approche du côté de l’Institut pour un Développement Durable, avec son président Paul-Marie Boulanger: “L’important pour nous, c’est de reconnaître un D.D. quand on en voit un. Investir à Bierset, développement durable ou pas? Jamais une indication sur la durée de l’emploi qui s’y crée. Et les coûts externes du transport aérien sont encore moins internalisés que pour la route. Une étude D.D. sur Bierset peut être tout à fait rationnelle et économique“.

Vincent Reuter ne conteste pas. “Mais à vous entendre, il suffirait d’un simple calcul sur tableau Excel pour savoir si on est du bon ou du mauvais côté. Le D.D. recourt à des concepts devant lesquels on est un peu désarmé“.

Comment faire des arbitrages politiques pour une gouvernance tenant compte des trois axes du D.D.? “Les lobbys dans ce pays sont très puissants, que ce soit celui des habitants, des industriels... Ils sont multiples et agissent dans des sens divers, se recouvrant parfois. L’arbitrage mériterait d’être affiné. On est peu outillé et le processus de décision n’est pas toujours équilibré. Sans compter qu’entre la décision et l’exécution, il y a encore du chemin à faire“, remarque Isabelle durant.

En sens divers, les participants plaident pour un travail sur les représentations chez les jeunes de manière à modifier les références et donc les comportements.

Il sera aussi question, en vrac, des micro-mesures qui permettent d’inciter la population à adopter ou à décourager telle ou telle attitude, notamment en ce qui concerne les déplacements; question aussi des communautés morales de valeurs partagées (“seules susceptibles d’être durables“, dira José Fontaine de la revue Toudi, d’accélération du mouvement (“On ne peut pas se permettre encore 20 ans de débats d’idées sous aucun des trois volets du D.D.“, souligne Vincent Reuter), de remembrement urbain comme on a fait le remembrement rural, de reprise en main du foncier par la Région pour mieux contrôler la construction de l’envahissant habitat (Janine Kievits, Inter-Environnement Wallonie).

Et aussi d’un problème assez neuf qui rend plus aigu encore la question du développement durable: pour la première fois depuis la chute de l’Empire romain, les villes européennes sont trop grandes (difficile, en tout cas en Wallonie, de les repeupler, ce qui engendre le phénomèe de périurbanisation). Et quatre générations cohabitent sur la même planète...

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Est-il impossible de penser la Wallonie comme projet territorial? Le troisième atelier de ces journées de réflexion s’est concentré sur la question. “En étant provocateur, on pourrait dire que la Wallonie n’existe pas“, entame Christian Vandermotten, professeur à l’ULB (département de Géographie). “La différence entre les bassins, les différences au sein d’un même bassin... Mais nous devons dépasser ces particularismes, ces risques d’émiettement. La Wallonie souffre de ses vieilles autonomies locales. C’est un risque de saupoudrage des moyens pour une région faible“.

Luc Maréchal (chef de cabinet d’Isabelle Durant) pense qu’il faut une vision politique et économique du territoire: “Depuis les premières décisions, en 1976, il a fallu 25 ans pour un véritable projet territorial wallon, comme si on avait eu besoin d’une maturation. Le schéma de développement de l’espace régional, ou SDER, est une lecture de l’ensemble des politiques de tout le gouvernement, à partir d’un territoire et ses retombées sur ce même territoire. Comme un fil conducteur, une recherche de cohérence, avec un accent fort entre aménagement du territoire et politique de mobilité. Le tout oblige à des décisions concrètes“.

Le Contrat d’Avenir est un document différent mais lui aussi comporte des mesures concrètes en matière d’aménagement du territoire. “Le SDER, c’est du plus long terme“, souligne Olivier Granville, conseiller au cabinet du ministre régional de l’Aménagement du Territoire Michel Foret.

Pour le sociologue de la ruralité Daniel Bodson (UCL, Sciences politiques et sociales), l’aménagement du territoire n’est pas que du foncier ou du sol. “C’est un espace de vie avec aussi des dimensions matérielles. Ainsi, l’espace rural. Quand on commence à en parler reviennent toutes les vieilles représentations. En Wallonie, l’agriculture, c’est 44% du territoire. Et la forêt représente 30%. Cela semble être un véritable enjeu. Mais il se lézarde: on compte encore 19.000 exploitants agricoles et on en perd 900 par an. La modification des conditions de subsidiation va avoir une influence sur la manière dont les 44% du territoire vont être gérés. Le coût des denrées alimentaires sur les marchés internationaux aussi. Une fois qu’on pourra percevoir le territoire rural autrement que comme un espace vide ou une réserve foncière à disposition, on pourra définir une utopie ou un projet adéquat par rapport au développement urbain“.

Voilà le problème: dépasser l’opposition ville/campagne, sortir du schéma “3 kilos de mesures pour la ville, 3 kilos de mesures pour la campagne“, observe Luc Maréchal. Ghislain Géron (Direction Générale de l’Aménagement du Territoire) rappelle que si 40% de la population wallonne vit en zone rurale, seulement 2,5% de cette population est constituée d’agriculteurs. “On se retrouve avec une majorité de non-ruraux en zone rurale, avec une culture urbaine, et dérangés par l’activité rurale“. Sans oublier, comme le note pour sa part Yves Hanin (UCL, Architecture et Ingénieurie architecturale) qu’il faut remettre du lien entre territoire vécu, territoire institutionnel et territoire économique, tout à fait éclatés.

“Il n’y a pas de territoire sans avenir, il n’y a que des territoires sans projet“, cite Jacqueline Miller (Institut de Sociologie de l’ULB). “Mais ne sommes-nous pas en panne de projet? Pas de projet de ville... Une Wallonie minuscule et de grosses communes... Une piste: agir lors de la première installation d’un ménage. Les villes doivent redevenir attractives pour un projet collectif“.

Pas de projet global, en tout cas, reprend Yves Hanin. Il constate que depuis les années 60, l’Aménagement du Territoire est la compétence qui a perdu le plus de légitimité. “C’est devenu une affaire juridique. Le citoyen l’a bien compris, qui va au Conseil d’Etat pour faire valoir son projet“. Foncier, aide au logement, politique fiscale: “si on coordonnait tous les outils?“, suggère Jean-Marie Halleux.

 Pascale Serret (L'Echo)

(*) Les débats étaient enregistrés par la RTBF Namur et feront prochainement l’objet de plusieurs émissions “Arguments“, sous la responsabilité de Jean Rosoux.

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  Page mise à jour le 23-08-2004

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