
Je suis
particulièrement heureux qu'un tel colloque ait été organisé sur le
devenir, le futur de notre région. Heureux parce que c'est certainement
depuis longtemps la réflexion la plus intéressante et la plus riche tant
par les thèmes choisis que par les personnalités, hommes d'action et/ou
intellectuels qui y ont participé.
Melchior Wathelet
Ministre-président de l'Exécutif régional wallon
Clôture du premier congrès, 1987
|
Votre
cheminement lui-même exprime à la fois la volonté des Wallons de
construire la Wallonie sur des fondements solides et celle de le faire
sur base d'un projet de société élaboré par tous et pour tous.
Ce projet de
la Wallonie au futur, j'ai voulu m'associer à son développement dès mon
arrivée à la tête de l'Exécutif, tant je suis persuadé qu'à côté de la
gestion quotidienne menée par un gouvernement, un parlement et une
administration, il est nécessaire de s'inscrire dans une réflexion
prospective. La seule apte à appréhender notre avenir dans sa totalité
complexe.
Bernard Anselme
Ministre-président de l'Exécutif régional wallon
Clôture du deuxième congrès, 1991.
|
Lancer des défis, Matamore
peut le faire. Les relever est une autre tâche.
Dans plusieurs domaines — et
je n'établirai pas ici de palmarès ! — c'est heureusement à tracer des
pistes pour une action concrète que le Congrès s'est employé.
Guy Spitaels
Ministre-président de l'Exécutif régional wallon
Préface aux actes du deuxième congrès, 1992.
|
J'ose espérer
que ce Congrès qui se termine nous permettra à nous, Gouvernement, à
nous Ministres, d'avancer plus vite au regard de la tâche difficile qui
nous attend mais je suis persuadé que, si cette collaboration à laquelle
vous faisiez appel entre les autorités publiques, les autorités
économiques et sociales devient effective, nous pourrons réussir le
redressement qui est indispensable. Il sera porteur d'espérance pour
notre population et pour les jeunes en particulier.
Robert Collignon
Ministre-président du Gouvernement wallon
Clôture du troisième congrès, 1995.
|

Aux portes du quatrième
congrès
La Wallonie au futur
Sortir du XXème siècle |
Préface |
Les 17 et 18
octobre 1987 se tenait, à Charleroi, le premier congrès La Wallonie au
futur, sous le titre de Vers un nouveau paradigme. Cette première rencontre
d'un congrès qui allait se qualifier de "permanent" a permis de dégager
l'interactivité des différentes dimensions de la vie en société et la
conviction — fondamentale — que le projet économique de la Wallonie était
indissociable de ses projets technologique, scientifique, culturel, éducatif
et institutionnel.
En outre, au delà de sa
volonté de définir un projet de société pour la Wallonie, le congrès a voulu
proposer une série de pistes destinées à répondre aux besoins de la société,
principalement :
-
la nécessité d'une
stratégie de développement régional pour le tissu productif wallon;
-
l'exigence d'une
politique efficace de la science et de la technologie sur les deux axes des
entreprises et des programmes de recherches européens;
-
l'adaptation de notre
système éducatif;
-
le développement de
notre identité, humanisme d'enracinement et d'universalité.
Dix ans après ce
premier congrès et tandis que trois autres rencontres ont approfondi la
problématique de l'éducation (1991, 1994) et celle de l'emploi (1995), il
apparaît indispensable d'établir une comparaison aussi précise que possible
entre, d'une part, le diagnostic établi en 1987 et l'évolution générale de
la société, et, d'autre part, entre les politiques qui ont été préconisées
voici dix ans et celles qui ont été menées.
Portant à la fois, sur
chaque domaine abordé depuis 1987 et sur les carrefours d'interactions
identifiés à l'époque, cette analyse — constituant le cadre de référence —
permettra un ajustement voire une réorientation du paradigme tel que défini
par les trois congrès.
La méthodologie choisie
sera celle de l'évaluation, c'est-à-dire un processus de collecte de données
permettant de juger des décisions possibles et non un mécanisme de contrôle
et de vérification dont ni le Conseil scientifique de La Wallonie au futur,
ni l'Institut Jules Destrée n'ont été chargés.
Cette démarche
d'évaluation sera construite sur un cadre référentiel déjà connu et en
fonction d'un certain nombre d'acteurs identifiés : les interlocuteurs des
congrès précédents auxquels se joindraient des acteurs de la nouvelle
génération.
Cette évaluation
comportera trois volets : d'abord, une analyse critique des politiques
préconisées par les congrès La Wallonie au futur; ensuite, une évaluation
des politiques menées depuis 1987 à la lumière de nos propositions; enfin,
une évaluation des structures et des filières, c'est-à-dire des dispositifs
mis en place entre les différents acteurs de la société : les entreprises,
les institutions politiques, administratives et sociales, les universités et
l'ensemble des institutions éducatives, sur base des interactions
préconisées par les congrès La Wallonie au futur.
En fait, au delà de la
tâche prospective que les congrès La Wallonie au futur ont constituée
jusqu'ici, il s'agira d'appliquer, à la société wallonne tout entière, la
technique du pilotage que nous avions préconisée pour le système éducatif.
L'approche telle que
définie nécessitait, nous l'avons rappelé, que le référent des quatre
rencontres de 1987, 1991, 1994 et 1995 soit présent à l'esprit de chacun.
C'est pour cette raison impérative que le Conseil scientifique du congrès a
demandé à l'Institut Jules Destrée l'accomplissement de deux tâches
importantes : d'une part, l'édition d'un disque optique compact (Cédérom)
présentant les 2.144 pages de nos travaux de manière moderne et interactive
grâce à un outil de recherche, et, d'autre part, une synthèse des axes
principaux de notre projet. Le directeur de l'Institut Jules Destrée,
Philippe Destatte, s'est acquitté lui-même de cette tâche difficile et on en
trouvera ici le résultat, approuvé par le Conseil scientifique.
Le quatrième congrès La
Wallonie au Futur, sera un congrès fondamental, davantage encore que ceux
qui l'ont précédé, car, il se situera, au printemps 1998, à un moment que
chacun sent déjà comme essentiel pour l'avenir de la Région wallonne.
D'ores et déjà, et en
utilisant le processus d'évaluation que je viens d'évoquer, le Comité
scientifique a défini les principaux objectifs de ce congrès. Ils sont au
nombre de cinq.
Premièrement, il s'agit
de redonner vie à la culture d'initiative dans un climat résiduel
d'obéissance passive hérité de la vieille industrie; deuxièmement, il faut
contribuer à la mise en place d'une culture d'organisation. En ce domaine,
la Wallonie apparaît comme un désert, aux yeux de nombreux observateurs, si
l'on prend en compte la défaillance des structures traditionnelles et
l'absence de filières d'expansion.
Ce dernier constat
implique également — et c'est le troisième objectif — d'éveiller les
Wallonnes et les Wallons à la culture technologique, en mettant en place des
mécanismes de formation à la curiosité et à la créativité. Il s'agira
également d'y allier une culture de développement — quatrième objectif —
pour que les habitants de la Wallonie acceptent d'organiser leur propre
essor.
Enfin, ce quatrième
congrès aura comme objectif de susciter le renouvellement de la classe
dirigeante, au sens large du terme. En effet, il est nécessaire de constater
la difficulté que constitue l'émergence d'une nouvelle génération de
décideurs comme on en a connu dans les années d'après-guerre ou à l'aube des
années septante.
La Wallonie au futur
est — les gouvernements wallons l'ont bien compris — un défi de toute la
société wallonne. Cette démarche est aussi un engagement. Ainsi, alors que
chacun en Wallonie semble admettre que l'identité se fonde sur la
citoyenneté et sur les valeurs, faut-il encore que celles-ci mettent en
oeuvre une éthique d'action au service de l'individu. Cette mise en oeuvre
est, aujourd'hui, la seule manière de provoquer le renversement complet de
perspective que, avec Alain Touraine, nous devons appeler de nos voeux.
Michel Quévit, Professeur
à l'UCL
Rapporteur général du congrès La Wallonie au futur

Vitalité du projet wallon
et capacité de diagnostic |
Avant-Propos |
Sensibilisé au
rapport des professeurs français Armand Mattelart et Yves Stourdzé consacré
à la technologie, la culture et la communication, le Conseil
d'administration de l'Institut Jules Destrée a lancé, début 1987, le premier
congrès La Wallonie au futur. Initiateurs du projet, le président de
l'Institut, Jean-Pol Demacq, et l'ancien ministre Robert Moreau ont confié à
Michel Quévit, professeur à l'Université catholique de Louvain et auteur de
l'ouvrage Les causes du déclin wallon, le soin d'articuler une réflexion qui
réponde précisément à la dégradation des structures technologiques,
économiques et culturelles de la Wallonie, ainsi que d'en coordonner les
travaux.
Presque 75 ans jour
pour jour après la création de l'Assemblée wallonne par Jules Destrée dans
les locaux de l'Université du Travail à Charleroi, plus de quatre cents
personnalités soucieuses du devenir wallon et appartenant à tous les
horizons culturels, philosophiques et politiques, s'y sont rencontrées les
17 et 18 octobre 1987 pour tenter de définir un nouveau paradigme, un
nouveau modèle de société pour la Wallonie. Quatorze ateliers spécifiques
avaient été formés au sein desquels furent débattues plus de 250
contributions scientifiques ou politiques appréhendant l'ensemble des champs
nécessaires pour construire l'avenir wallon. En corrélation avec ces
ateliers, deux carrefours étaient animés par des personnalités dont la
réflexion avait mis en évidence l'importance de l'articulation des champs et
du décloisonnement des politiques. Les axes fixés abordaient, d'une part,
l'interaction de l'économie et de la culture et, d'autre part, les rapports
entre la technologie, la formation et la vie en société.
Les travaux et les
conclusions de ce premier congrès, interdisciplinaire et à la réflexion
décloisonnée, provoquèrent un choc dans l'opinion wallonne et dans les
médias bruxellois et flamands où il fut d'ailleurs qualifié de "réveil
wallon".
L'Institut Jules
Destrée ne souhaitait pas en rester à une action ponctuelle mais voulait
induire une réflexion prospective de pilotage de la région au travers de la
mise en place d'un congrès permanent. L'Exécutif régional wallon - comme il
était encore appelé - adhéra à cette ambition. Aussi, dès le mois de
décembre 1987, les différents rapporteurs du congrès, auxquels s'était joint
le professeur Riccardo Petrella, patron du Programme FAST aux Communautés
européennes, se réunissaient à Namur sous la forme d'un comité scientifique
présidé et animé par le professeur Michel Quévit. En février 1988, ce comité
scientifique avait dressé un premier inventaire des priorités d'actions qui
portait sur chacun des ateliers pour l'échéance 1993.
Le Comité scientifique
n'en resta pas là. Début 1989, à l'initiative du professeur Georges Neuray,
il choisit l'éducation comme vecteur des travaux d'un deuxième congrès.
Moteur d'une société en mutation, le thème de l'éducation apparaissait en
effet suffisamment fondamental et dynamique pour faire l'objet d'une
approche à partir de chacun de dix nouveaux ateliers identifiés et
sélectionnés, base de dix réseaux ouverts sur le monde économique et social,
faisant appel aux compétences de chercheurs issus de toutes les institutions
scientifiques et de personnalités de terrain. Les rapports ainsi élaborés
constituèrent donc les bases du deuxième congrès, intitulé Le Défi de l'Education
tenu, à la Maison de la Culture de Namur les 4 et 5 octobre 1991, ainsi que
d'une conférence-consensus sur le système éducatif en Wallonie, les 3, 4 et
5 mars 1994 au Château de Namur.
Depuis février 1993,
une nouvelle dynamique était cependant déjà en oeuvre au sein du comité
scientifique, sur base d'une note du directeur du CIFOP, Albert Schleiper :
Et si la Wallonie osait la solidarité ?, complétée par un document de
l'économiste Jacques Defay indiquant que le défi de l'emploi est inséparable
du défi de l'éducation. Un nouveau congrès était sur les rails.

Le Livre blanc, initié
par Jacques Delors, Croissance, compétitivité, emploi, Les défis et les
pistes pour entrer dans le XXIème siècle, allait servir de cadre de
réflexion à ce troisième congrès La Wallonie au futur. L'objectif visé
consistait à analyser les effets inattendus du document de référence de la
Commission européenne ainsi que la politique économique à mener en Wallonie
par rapport aux objectifs définis par Jacques Delors. Ce congrès s'est tenu
au Palais des Congrès de Wallonie à Liège, les 27 et 28 octobre 1995 sur le
thème de Quelles stratégies pour l'emploi ?
Depuis cette date, le
Comité scientifique de La Wallonie au futur s'est attaché à définir une
méthodologie et un processus d'évaluation de sa démarche, de son action et,
au delà, de l'évolution de la société wallonne, au travers des pistes
tracées - maintenant depuis dix ans - par le congrès permanent. Dix ans
constituent en effet une étape psychologique particulière pour jeter un
regard critique sur la tentative de définition d'un projet de société. Dix
ans au cours desquels la Wallonie s'est transformée profondément, tant par
les compétences qu'elle gère désormais que par les moyens dont elle dispose,
l'autonomie qui est la sienne, grâce à l'existence d'un Parlement, d'un
gouvernement et d'une véritable Administration. Ce retour sur soi du congrès
permanent exprime, sans aucun doute, une volonté de son Conseil scientifique
de promouvoir et de favoriser une culture de l'évaluation systématique en
Wallonie, tant dans le secteur privé que dans le secteur public.
En effet, il faut que
chacun comprenne que le pendant politique et fonctionnel de cette autonomie
de la Wallonie — enfin obtenue — est justement la capacité, pour la société
wallonne en devenir, de faire diagnostic sur elle-même et particulièrement
de faire le point sur les politiques menées aux différents niveaux au regard
des objectifs fixés. Cette démarche permet de tirer les conséquences
positives et négatives tant de ces objectifs que des moyens humains et
financiers et des procédures de mise en oeuvre. Cette approche est bien
étrangère à tout audit, concept trop souvent utilisé comme vague prétexte,
soit à la rationalisation technocratique, soit au déminage pour des
décisions déjà prises.
L'évaluation de la
démarche de La Wallonie au Futur nécessite de pouvoir disposer,
parallèlement, de l'ensemble des travaux qui ont été menés depuis 1987 dans
le cadre de nos congrès et d'une brève mais très accessible synthèse de
leurs conclusions. La présente brochure veut répondre à cette dernière
préoccupation.
D'une part, cette
synthèse est allée puiser, dans les actes - et particulièrement dans les
rapports généraux du professeur Michel Quévit -, les axes généraux proposés
par les congrès. D'autre part, elle livre, dans le Cédérom qui l'accompagne,
la totalité des documents préparatoires et des actes qui ont été imprimés
depuis 1987 à l'occasion des trois congrès et de la conférence-consensus,
textes que l'on peut également consulter ou recueillir sur le site Internet
de l'Institut Jules Destrée, Wallonie en ligne (https://www.wallonie-en-ligne.net).
Ces documents
permettront, sans aucun doute, à chacun de s'assurer de la vitalité de la
démarche La Wallonie au futur, de l'existence d'un véritable projet de
société pour la Wallonie, politiquement et philosophiquement pluraliste et
interdisciplinaire, mais aussi de cerner les faiblesses et les difficultés
que la mise en oeuvre de cette démarche a pu susciter, lorsqu'elle a été
souhaitée ou voulue.
Enfin, cette double
publication constitue également l'occasion de rendre hommage à toutes celles
et à tous ceux - chercheurs, contributeurs, rapporteurs et rapporteur
général - qui ont accepté depuis dix ans de jouer bénévolement le rôle de
bâtisseurs d'idées, tout en s'impliquant personnellement et concrètement
dans la dynamique selon laquelle la société wallonne est riche d'un futur à
bâtir.
Philippe Destatte
Directeur de l'Institut Jules Destrée

Dès 1987, la dynamique
prospective La Wallonie au Futur s'est donné pour tâche de définir les
nouveaux paradigmes de la société de demain et de déceler les signes de leur
émergence en Wallonie dans les domaines de la vie économique, culturelle,
sociale et politique.
Ainsi, le travail que
s'assignait le congrès permanent consistait-il à dégager les nouveaux enjeux
perceptibles en Wallonie dans un avenir proche et à dessiner des pistes
d'action (voies et moyens) qui devraient alimenter les politiques en
Wallonie. Il s'agissait donc de donner des orientations générales et non de
définir des programmes politiques précis.
C'est au
niveau des réalités micro-locales que les grandes mutations se font,
sont vécues, assumées, interprétées et peuvent devenir source de projet.
Le monde n'existe pas. Le monde en tant que tel, c'est une réalité
abstraite. Elle est faite par des réalités micro.
Riccardo Petrella
Quatre messages à la Wallonie, 1987.
|
Cette
démarche s'est voulue transversale et interdisciplinaire. Certes, il était
nécessaire, dans l'approche globale, de respecter la spécificité des divers
champs qui constituent la vie en société (économie, culture, politique, vie
sociale, cadre de vie, etc.), mais il est apparu indispensable de valoriser
les interactions en mettant en évidence l'articulation des champs et le
décloisonnement des politiques.
Ainsi, les travaux du
congrès permanent La Wallonie au futur ont voulu appréhender la Wallonie
comme une société en projet, ce qui constitue une manière de poser son
existence même, en abordant la multiplicité de ses projets économiques,
technologiques, scientifiques, éducatifs, culturels, institutionnels, de
cadre de vie, etc. De toutes ces approches, le congrès permanent a toutefois
voulu faire de l'éducation — fonction vitale des sociétés hautement
industrialisées — l'élément moteur d'une Wallonie en mutation.

Notre visée
fondamentale n'est-elle pas d'inventer les voies et les moyens qui
donneront à toutes les couches de la population, je dis bien toutes les
couches de la population, les aptitudes et les capacités de vivre
autonomement et positivement les nécessaires mutations du futur, et de
rompre avec le syndrome de l'échec ?
Michel Quévit,
1991.
|

L'émergence du
qualitatif sur le quantitatif constitue la clef du nouveau paradigme, de
manière à appréhender le futur en se posant la question de la finalité du
développement. Il s'agit, dans un véritable renversement de tendance, de
mieux répondre aux besoins qualitatifs de la population par une inversion de
l'offre au profit de la demande.
On peut faire
l'hypothèse, en effet, qu'en Wallonie comme dans d'autres régions de
vieille industrie, les difficultés à passer le cap de la troisième
industrialisation sont largement d'ordre culturel. Autrement dit,
l'impact des deux premières industrialisations a été tellement lourd
qu'il s'est accompagné d'une considérable institutionnalisation des
modes d'action économique et sociale qui pèsent lourdement sur les
capacité de changement. Il n'empêche que la modernisation passe par la
modification de cette culture industrielle.
Les
transformations culturelles sont donc une des composantes essentielles
des changements qui s'opèrent en Wallonie. Elles ne concernent pas tant
la recherche identitaire, affirmée par certains, aujourd'hui, comme une
nécessité — on ajoutera : à condition qu'elle articule le particulier
sur l'universel, les racines au projet —; plus largement ces
transformations concernent la vie sociale dans son ensemble, les
modalités de l'initiative, la renaissance de la société.
Michel Molitor,
1987.
|
La
volonté du congrès a été la clarification d'un enjeu parmi les plus
importants qui soient : celui de l'indispensable mobilisation des
potentialités humaines, intellectuelles, sociales et culturelles de la
population de Wallonie au devenir de sa région.

L'avenir économique de
la Wallonie passe impérativement par une rupture avec les paradigmes anciens
fondés sur le gigantisme de l'industrie motrice et sur la croissance
polarisée. Ainsi, le projet économique wallon sera construit sur la triple
priorité à accorder aux investissements productifs, au capital humain et à
l'innovation technologique, créatrice de nouveaux produits.
Cette innovation ne se
limite pas à un accès à une technologie mais résulte d'un processus social
où s'interpénètrent les connaissances, le savoir-faire, la gestion, et les
modes d'organisation de l'économie.

Dès lors, l'innovation
technologique ainsi comprise est inséparable de l'innovation sociale
impliquant le dépassement d'une conception taylorienne des rapports de
travail, la constitution et l'organisation de réseaux articulant entreprises
innovantes, services productifs, laboratoires de recherche, systèmes
éducatifs, pouvoirs publics, agents culturels.
La situation économique
de la Wallonie — difficile mais au tissu productif non dépourvu de
potentialités — nécessite la prise en compte et la valorisation des
spécificités locales et micro-régionales, ainsi que la mise en oeuvre de
stratégies adaptées aux différentes trajectoires de développement des
entreprises. Cette situation appelle la mise en place d'une véritable
synergie entre l'activité des entreprises et les stratégies de l'autorité
publique en matière de développement économique (interventions des pouvoirs
publics, lois d'expansion, regroupements des filières.
L'évolution
de l'activité économique wallonne à l'horizon 2010 implique :
-
une
formidable volonté de renouveau et de progrès de la part de tous les
acteurs du devenir wallon;
-
une
élévation générale du niveau des qualifications et une modification
profonde de la culture économique;
-
une
organisation du travail et une conception des tâches décloisonnées
et responsabilisées;
-
une
répartition de l'emploi entre les divers secteurs compatibles avec
la finalité des activités économiques, à savoir la création de
richesses, ce qui, à court et moyen termes, nécessite une importante
croissance nette de l'emploi dans les secteurs industriels et
tertiaires marchands;
-
la
réalisation des conditions d'épargne et d'investissement matériel et
immatériel favorables à l'indispensable redéploiement industriel.
Albert Schleiper,
1991.
|
De la nécessité d'une
stratégie de développement régional organisée et concertée
L'articulation des différents aspects de la politique économique de la
Région ne sera réellement efficace que si elle s'inscrit dans une
stratégie régionale qui respecte une triple démarche :
-
une
démarche bottom-up qui part de la réalité des entreprises locales et
de la valorisation des ressources endogènes;
-
une
approche intégrée qui crée des synergies entre les différents
domaines de l'intervention des pouvoirs publics : infrastructures,
services aux entreprises, valorisation des ressources humaines ,
etc.;
-
une
démarche partenariale qui encourage les coopérations concertées
entre les acteurs économiques, sociaux, éducatifs et politiques sur
des projets concrets.
Cette
stratégie appelle l'établissement d'une réelle concertation durable et
formelle entre les autorités régionales et les acteurs représentatifs
des forces vives de la Région. Une telle concertation inclurait non
seulement les divers aspects de la politique économique de la Région
mais aussi la prise en considération de problèmes sociaux aussi
fondamentaux que ceux de la répartition du temps du travail et des
formes de solidarité.
Michel Quévit,
1995.
|
Le moment est
sans doute propice sous divers aspects — politique, économique, social
et culturel — pour un "contrat social wallon". La Wallonie a acquis une
stabilité institutionnelle avec l'élection de son Parlement, la
situation économique montre les limites économiques et les impasses
sociales du néolibéralisme, chacun a désormais conscience que leur
avenir dépend des Wallons eux-mêmes.
Yves de Wasseige,
1995.
|
Il faut
définir les bases d'une politique agricole wallonne, faisant le bon choix
entre une production destinée à une consommation de masse et celle d'une
production de qualité qui réponde mieux aux impératifs de santé.

Si nous
voulons, durablement, plus de croissance accompagnée de création
d'emplois, notre politique économique doit privilégier trois
orientations :
-
Favoriser
l'investissement en capital physique des entreprises, y compris les
investissements étrangers, ce qui n'est pas la même chose que de
créer des sociétés parapubliques. Certains instruments budgétaires
sont plus efficaces que d'autres; soyons sélectifs. Profitons aussi
de la présence à Bruxelles de centaines d'entreprises
internationales qui y ont au moins une antenne.
-
Développer l'innovation et la recherche et développement. Évaluer
l'impact de notre politique actuelle : est-elle suffisamment
branchée sur les besoins des entreprises, y compris des PME ?
S'organise-t-elle en fonction des demandes des entreprises et de
leurs marchés ?
-
En
matière de politique de l'emploi, il faut accroître notre effort
dans le domaine de la formation des adultes. A côté des services en
conseil et placement, dont on sous-estime trop souvent l'importance,
le meilleur accompagnement que l'on puisse fournir aux chômeurs est
une bonne formation. Celle-ci accroît leurs chances de retrouver du
travail lors d'une reprise conjoncturelle. Les formations d'adultes
sont, chez nous, trop éparpillées, trop peu dirigées vers les
chômeurs. Il convient de mieux les cibler en tenant compte à la fois
du profil des personnes et des contenus des programmes. Par
ailleurs, l'enseignement technique et professionnel des jeunes
devrait être repensé, en collaboration avec les entreprises.
Robert Deschamps,
1995.
|

Il faut concevoir une
répartition du temps de travail compatible avec un partage de la
rémunération. Ainsi, des aménagements de la législation et des charges
sociales pourraient faciliter des accords propres aux secteurs ou aux
entreprises dans lesquels les conditions de succès sont réunies, sans que
leur généralisation doive être envisagée et sans que d'autres pistes soient
négligées.
Il faut instaurer une
politique d'emploi durable en Wallonie :
-
par une diminution
des charges patronales qui grèvent le coût salarial. Le financement de la
solidarité serait reporté sur les revenus du capital ou sur l'énergie et le
CO2.
-
par une politique de
stimulation des investissements grâce à l'octroi sélectif de subventions en
capital aux entreprises qui ont une volonté d'accroître leur valeur ajoutée
en innovant leurs produits et de conquérir de nouveaux marchés.
-
par la création d'un
environnement socio-économique porteur d'emplois durables grâce à des aides
indirectes en ciblant le soutien à l'innovation technologique et la création
d'une offre de services aux entreprises. Cette démarche implique de partir
de la demande du marché pour enclencher le processus d'innovation des
entreprises et non de l'offre technologique. Cela nécessite d'ailleurs que
l'innovation soit perçue comme un processus global, que la politique
technologique s'articule à la politique économique de la Région et que les
entreprises soient gérées et organisées différemment (connaissance du marché
potentiel, commercialisation des nouveaux produits, financement des risques
de l'innovation, accession à des compétences nouvelles).
-
par la valorisation
des ressources humaines et particulièrement la formation professionnelle
initiale des jeunes. Celle-ci doit être réformée tant au niveau du contenu
que de son organisation, en privilégiant les compétences plutôt que la
qualification, en jetant les passerelles entre l'école — technique et
professionnelle — et les entreprises.
-
par une politique
infrastructurelle qui privilégie les infrastructures structurantes du
développement : d'abord, les infrastructures de communication, de
télécommunication et d'information; ensuite, les infrastructures d'accueil
et d'équipement, particulièrement en offre de services; enfin,
l'amélioration du cadre de vie et de l'environnement.
-
par la mise en réseau
des villes wallonnes en fonction de leur complémentarité et de leur
spécialisation, notamment dans une optique transfrontalière, permettant la
valorisation de leurs fonctions respectives de développement local et
régional.

La Wallonie est, parmi les régions
d'Europe, une de celles qui dispose du potentiel scientifique le plus élevé
par tête d'habitant. Le domaine de la science et de la technologie est donc
au coeur du paradigme wallon.
Il est
généralement admis (mais non évident) qu'une forte culture scientifique
et technique favorise le développement d'un pays ou d'une région. Une
culture scientifique et technologique peut donc être considérée comme
essentielle au développement économique et culturel de la Wallonie. Une
telle politique peut servir de base à un redressement économique et doit
être soutenue par les pouvoirs publics d'une manière volontariste en
matière d'éducation. Cette éducation doit à la fois maintenir une
culture générale solide et une culture scientifico-technique.
Gérard Fourez,
1995.
|

D'abord, il s'agit de
maintenir cet atout considérable et d'accroître les potentialités
existantes. Ces nécessités impliquent la consolidation et l'amplification
des équipes de recherche, particulièrement dans les domaines de pointe de la
recherche fondamentale. Cet objectif nécessite à la fois la modification du
système de financement des universités, l'organisation efficace de la
mobilité des chercheurs entre nos laboratoires et l'encouragement accru des
formations complémentaires à l'étranger.
Ensuite, il s'agit de
construire des structures d'interfaces entre la recherche appliquée et
l'industrie. Il est donc nécessaire de mettre en place, entre les
laboratoires et les entreprises, de nouveaux réseaux de transfert et de
valorisation de la recherche. Le décloisonnement de l'université et de
l'industrie implique l'organisation institutionnelle de leur collaboration,
notamment par un accroissement de la mobilité des chercheurs vers les
entreprises et celle des cadres d'entreprises vers les laboratoires
universitaires.
Ainsi deux priorités
essentielles détermineront une politique de la science et de la technologie
pour la Wallonie : d'une part, la consolidation des acquis de la Wallonie
pour viser le niveau d'excellence dans des recherches précompétitives au
sein des grands programmes européens; d'autre part, l'appui aux entreprises
pour atteindre, grâce aux interfaces avec les universités, le seuil critique
de l'innovation technologique.
Dans cette optique, le
congrès permanent a invité le gouvernement wallon à mettre en place un
Office pour l'évaluation des relations entre Science - Technologie -
Société, dont la mission consistera à informer toutes les institutions
d'éducation de l'état des sciences et des techniques dans le monde et dans
la société wallonne, mais aussi à sensibiliser le grand public aux
problématiques Science - Technologie - Société.

Le sort de la
Wallonie se trouve entre les mains de l'école.
Le projet éducatif pour
la Wallonie implique d'opérer des ruptures avec un système scolaire
largement hérité de la première Révolution industrielle, réservant une
éducation de qualité à une élite intellectuelle et sociale, tout en
sécrétant une société duale. Or, l'émergence d'une société basée sur le
qualitatif rend ce modèle obsolète.
Je suis plus
inquiet et plus en colère que jamais. Inquiet, parce que, lors de mes
voyages à travers le monde, j'observe les évolutions sociales et compare
ce qui se passe dans notre Wallonie par rapport à ce qui se passe à
Singapour, au Japon, en France et en d'autres pays qui investissent
massivement dans l'éducation et dans le pilotage du système. J'ai
l'impression d'un énorme danger, d'un appauvrissement qui s'accélère,
d'un désespoir qui s'installe. Or, je garde l'intime conviction que nous
possédons des ressources extraordinaires en savoir, en savoir-faire et
en d'autres qualités humaines. Si nous pouvions vraiment les valoriser,
nous nous porterions beaucoup mieux.
La clef de ce
succès reste évidemment la base, la formation des jeunes, l'éducation.
Il serait temps que l'on puisse agir pour reconditionner, restructurer,
redévelopper notre système d'éducation en fonction des données les plus
sûres de la recherche en éducation et des nouvelles conditions sociales.
Gilbert de
Landsheere, 1994.
|
Dès
lors, il y a urgence à ouvrir un débat démocratique sur les finalités de la
société wallonne pour élaborer un projet éducatif cadre pour la Wallonie,
sorte de charte à laquelle tous puissent adhérer sans devoir renoncer à
leurs spécificités essentielles.


Le nouveau projet
éducatif devra allier deux démarches complémentaires, d'une part, former à
l'acquisition des connaissances : apprendre à connaître; d'autre part,
développer les facultés d'autonomie et la créativité indispensable à
l'épanouissement de nos capacités d'initiatives : apprendre à apprendre.
Les étapes suivantes
seront donc essentielles :
— améliorer la conduite
du système éducatif
Cette
conduite implique trois aspects :
-
Une
meilleure définition des objectifs : ceux-ci doivent être élaborés à
l'issue d'un débat démocratique, rassemblant, dans un cadre
institutionnel permanent, tous les acteurs de la société.
-
Une
évaluation régulière et rigoureuse, dans une optique formative et
dont les critères doivent être élaborés de manière participative (et
non technocratique). Cette évaluation doit être diffusée largement,
de manière à introduire davantage de transparence dans le système
éducatif.
-
Un
réajustement régulier non seulement des objectifs mais également des
actions entreprises, compte tenu des résultats observés.
Cette
démarche, qualifiée aujourd'hui de "pilotage" (...), doit se retrouver,
dans un souci de cohérence, à tous les niveaux de l'enseignement : la
classe, l'établissement, la société. L'intérêt de ce large débat
démocratique est de permettre éventuellement une redéfinition des moyens
budgétaires consacrés à l'enseignement.
Extrait de la
Déclaration consensus
du Panel de la Société civile, 1994.
|
—
promouvoir, dès l'enseignement fondamental, l'acquisition du "bagage
élémentaire de tout Wallon", comprenant, d'une part, une culture générale
qui permette de distinguer l'essentiel de l'accessoire face aux innovations
et aux changements, et, d'autre part, une véritable alphabétisation
scientifique et technologique, démystifiant un élitisme ambiant qui induit
la compréhension des savoirs scientifiques par une minorité de surdoués ou
d'hyper-spécialisés;
— revaloriser la
fonction d'enseignant, notamment par la formation continuée;
— construire un réseau
stable de centres de recherche en éducation, associés aux centres de
décisions politiques;
— établir des relations
privilégiées entre enseignants et chercheurs en sciences de l'éducation;
— réformer les modes
d'organisation du système éducatif : décentralisation des décisions en
matière de programmes et d'horaire, autonomie des enseignants dans le choix
des matières et de l'organisation des tâches, désenclavement du système
éducatif du reste de la société (entreprises, vie associative, institutions
politiques et sociales, etc.);
— coordonner
l'enseignement et la formation scolaire et post-scolaire dans un projet
d'ensemble, cohérent et solide (décloisonnement par rapport aux entreprises
et à la formation spécifique, Forem, etc.).
Il est indispensable de
donner à la Wallonie un cadre éducatif de référence : une conception
éducative, des articulations de filières d'enseignement scolaire et
extra-scolaire où reste privilégié l'apprentissage des processus
d'acquisition des connaissances et de leur nécessaire adaptation aux
évolutions tant des sciences humaines que de la science en général.
Il y a lieu de miser
résolument sur les complémentarités entre les différents systèmes de
formation — plutôt que de les opposer — afin de les inscrire dans une
démarche commune qui se fonde sur un véritable projet de société humaniste.
Plutôt que de viser à l'école pluraliste, l'option la plus réaliste et la
plus lucide est de viser au pluralisme dans l'école par le partenariat entre
les deux réseaux. Une Commission de la Coopération pluraliste mettant en
présence les autorités concernées des deux réseaux aurait pour objectif de
dégager les complémentarités et les économies budgétaires qu'elles
pourraient entraîner.

L'intérêt des
congrès La Wallonie au futur pour le champ culturel et l'ampleur
des travaux qui y sont liés reflètent plus qu'une aspiration et doivent
s'interpréter comme une revendication à l'existence d'un véritable projet
culturel en Wallonie, indissociable des autres projets et surtout de
l'économique.
1. Ce
projet culturel s'enracine dans l'histoire : la capacité pour la Wallonie,
en tant que communauté humaine, d'assumer son présent par une lecture de son
passé qui lui permette de mieux orienter l'avenir. Il s'agit donc de sortir
de la réelle amnésie qui semble avoir frappé la Wallonie. Ainsi, l'accession
de la Wallonie à sa dimension de collectivité humaine implique une
réappropriation de son passé qui s'écarte d'une vision "folkloriste" ou "archéologiste"
réductrice : ces approches donnent une image fausse de la région. La
Wallonie, il faut la montrer au travers de sa mémoire collective et de tout
ce qui enrichit son patrimoine culturel : les savoir-faire, les
savoir-vivre, les productions culturelles et artistiques.

2. Ce
projet culturel sous-tend la recherche d'une identité qui éprouve des
difficultés à s'affirmer collectivement. L'essentiel est pourtant de savoir
si la Wallonie est encore capable de se forger une identité susceptible de
rassembler toutes les composantes de sa population autour d'un projet de
société novateur. Se forger une identité est en effet un processus vital
pour la Région wallonne, si celle-ci veut s'affirmer dans l'Europe de
demain.
L'identité wallonne ne
peut se confondre, ni avec un nationalisme désuet fondé sur la tradition
romantique du XIXème siècle, ni non plus avec la revendication d'une société
homogène et uniformisante ou avec un repli sur soi. La Wallonie est
culturellement plurielle dans ses appartenances locales et sous-régionales,
dans ses appartenances culturelles dont l'immigration constitue un apport
important.
Cette quête
d'identité, si nécessaire à son existence même doit rejeter un
régionalisme étroit et s'appuyer sur cette double démarche
complémentaire si bien définie par Kundera :
-
démarche
d'universalité, d'une région largement ouverte vers l'extérieur où
son vécu est appréhendé comme une réalité vécue aussi ailleurs.
-
démarche
d'enracinement, par la prise en charge d'une histoire riche et
complexe et par l'affirmation haute d'une spécificité s'alimentant
aux savoir-faire et à la réalité pluriculturelle de la région.
Michel Quévit,
1987.
|

3. Ce
projet culturel doit être mobilisateur d'une prise en charge par la Wallonie
de son propre développement. En effet, dans un contexte de déclin
industriel, le dynamisme d'hier a fait place à une perte de confiance et à
une véritable désertification culturelle, due à l'exode des créateurs. Une
des tâches prioritaires consistera donc à créer un espace culturel wallon
par le biais d'institutions régionales et donc de rendre à nos artistes la
possibilité de travailler en Wallonie avec les moyens et la mobilité requis
dans tous les domaines de la vie des arts : cinéma, théâtre, musique,
littérature, arts plastiques, etc.
Il s'agit également de
rompre avec le climat de morosité sociale et de fatalisme qui semble avoir
pris possession de notre imaginaire collectif. Il est nécessaire de nous
forger une "image symbolique" de la Wallonie qui soit positive. Le rôle des
médias (TV, radio, presse) est à cet égard capital.
Les Wallons doivent
reprendre leur place dans la bataille de l'audiovisuel. Dès lors, il faut
créer des réseaux d'échanges, de coproduction, des nouveaux services et des
nouveaux métiers liés à la filière des industries culturelles.
La situation
globale ne paraît guère brillante. Le poids de la Wallonie à l'intérieur
de la RTBF est insuffisant. La Wallonie ne tire guère parti du
fonctionnement d'une télévision privée en Communauté française. Ses
télévisions locales manquent de ressources. Son réseau câblé joue un
simple rôle de transporteur de programmes. Ses maisons de production
sont peu nombreuses.
Jean-Philippe Art,
1995.
|
La RTBF
et sa décentralisation constituent un enjeu majeur du redéploiement wallon :
un désert culturel n'a jamais été propice à la dynamisation d'une économie.
C'est l'existence même de la Wallonie qui est ici en jeu. Celle-ci ne peut
vivre en abandonnant à Bruxelles le monopole de la culture et de la
production audiovisuelle. Elle ne peut davantage être uniquement
consommatrice d'une culture standardisée d'origine américaine et
multinationale. Dès lors, la réponse peut résider dans la création de
réseaux de production multimédia à la fois européens et interrégionaux,
valorisant la pluralité culturelle de l'Europe et permettant aux artistes et
aux créateurs de co-produire à un haut niveau.
La création d'une offre
structurée de production audiovisuelle ne pourra cependant se faire qu'à
deux conditions :
-
le développement de
coopérations partenariales entre les centres de distribution de la RTBF et
les autres organes de production tant privés que publiques (TV
communautaires, RTL-TVI, producteurs indépendants, etc.);
-
un minimum de
concentration de moyens financiers privés et publics. Celle-ci pourrait être
constituée par la création, à partir de la SRIW, d'une structure de capitaux
à risques dans le domaine des industries culturelles, permettant aux
producteurs wallons de se positionner de manière compétitive sur un secteur
en pleine expansion.

4. Ce
projet culturel doit être interpellateur de la finalité de notre
développement et de notre société car c'est la culture qui secrète les
valeurs susceptibles de modeler notre projet culturel.
Cela implique un effort
d'information de la part des médias sur le plan régional.
Sans engager
ici le débat sur la répartition des compétences entre Région et
Communauté, on notera cependant que le divorce entre les deux instances
n'est pas propice à la création d'une culture wallonne dans son image et
dans sa réalité. Peut-on croire que cette culture émergera et se fera
respecter tant qu'elle ne disposera pas d'institutions spécifiques pour
la gérer, et des moyens financiers et matériels qui leur sont attachés.
Jacques Dubois,
1995.
|

Il est impératif
de rechercher l'organisation spatiale (maillage urbain et rural) qui
assurera le mieux la qualité et le confort du logement mais, au delà de
l'acte d'habiter — c'est-à-dire résider et vivre en un lieu —, qui
favorisera simultanément le besoin d'autonomie et le renforcement des
solidarités de voisinage, permettant le développement de réseaux de
solidarité en matière de logement, santé, équipements locaux et vie
associative.
L'aménagement
du territoire est avant tout un grand dessein politique pour une
collectivité : "un savoir-s'organiser en commun" pour assurer un
développement culturel, économique, et social, qui présuppose un débat à
tous les niveaux pour que ce projet soit porté par le plus grand nombre
d'acteurs : mouvements, communes, associations professionnelles, partis,
etc.
Jacqueline Miller,
Luc Maréchal, 1995.
|
La
politique sociale du logement ne doit pas se limiter — comme c'est le cas —
à un problème d'accès au logement mais devrait intégrer les démarches
d'ordre culturel et éducatif d'insertion sociale des habitants, tout
particulièrement là où existe une situation de marginalisation dans les
grandes villes wallonnes.

Le congrès permanent La
Wallonie au futur a proposé la création d'un département wallon du bien-être
social impliquant les pouvoirs publics locaux, selon des formules de
financement et d'organisation de caractères public et mixte, au sein
desquelles les entreprises et les organisations associatives locales
apporteraient leur contribution.
De même, le congrès a
mis l'accent sur l'effort indispensable de formation des différents acteurs
(privés et publics) dans le secteur du logement, de l'aménagement et de
l'urbanisme, considérant que la qualité et l'attractivité du territoire
wallon sont à ce prix.
Il faut en outre une
politique des infrastructures de communication et de déplacements ainsi que
l'accueil des activités économiques qui soit intégrée tant au niveau local,
sous-régional que régional, dans un projet global de développement où
l'ingénierie (le savoir agencer) et l'immatériel sont déterminants.
Par ailleurs, il faut
une approche globale de la politique de la petite enfance qui ne dissocie
pas la problématique de la garde des enfants de parents engagés dans une
activité professionnelle de la problématique de leur éducation.

Le projet wallon
est inséparable des moyens financiers, du pouvoir de décision et des acteurs
pour le réaliser.

Au delà des diverses
formules institutionnelles possibles, trois nécessités doivent être
respectées :
-
permettre à la
Wallonie d'agir de manière cohérente sur l'ensemble des domaines sociétaux,
en respectant leur nécessaire articulation mais en décloisonnant les
politiques économiques, culturelles, sociales, environnementales.
-
inscrire les projets
pour la Wallonie dans la dimension européenne, en les intégrant dans une
politique régionale européenne et dans une dynamique de coopération
interrégionale au niveau européen.
-
reconstituer des
réseaux d'échanges entre tous les secteurs concernés par le devenir sociétal
de la Wallonie, en faisant sauter les clivages hérités de la première
Révolution industrielle et en reconstituant un maillage décisionnel par
l'instauration d'une nouvelle confiance entre les partenaires. Cette
dynamique pourra être mise en oeuvre par l'élaboration d'un contrat
définissant les grands axes stratégiques des projets à mener et les
priorités d'action.
Il faut être
un espace solidaire de 330 millions de personnes pour sortir ensemble de
la dépression en retrouvant le tonus de la croissance. Mais il faut
aussi que chacune des cent régions d'Europe (au niveau moyen de leurs 2
à 6 millions d'habitants) soit, sur le terrain, l'exécutant de son
propre redressement, car si le tonus de l'ensemble est nécessaire au
succès de chacun, le tonus ne réalise rien par lui-même. D'où
l'importance de la liaison directe, libre d'interférence, à établir
entre la Wallonie et l'Europe.
Jacques Defay,
1987.
|

Si l'on veut que
le devenir de la Wallonie soit l'affaire de toutes et de tous, il faut que
les valeurs nouvelles de créativité, de responsabilité et de solidarité
soient réintroduites dans le débat régional et trouvent leurs modes de
réalisation dans les projets concrets.
220
personnalités de Wallonie et de Bruxelles envisagent la Wallonie au futur et
préparent la voie vers un nouveau paradigme, Premier congrès, les 12 et 18
octobre 1987, Cahier n°2, Charleroi, Institut Jules Destrée, 1987, 168
pages.
La Wallonie au
Futur, Vers un nouveau paradigme, Actes du Congrès, coll. Etudes et
Documents, Charleroi, Institut Jules Destrée, 1989, 558 pages.
La Wallonie au
Futur, Le Défi de l'Education, Actes du Congrès, coll. Etudes et
Documents, Charleroi, Institut Jules Destrée, 1992, 638 pages.
La Wallonie au
Futur, Le Défi de l'Education, Conférence-consensus, Où en est et où va le
système éducatif en Wallonie ?, Comment le savoir ?, coll. Etudes
et Documents, Charleroi, Institut Jules Destrée, 1995, 206 pages.
La Wallonie au
Futur, Quelles stratégies pour l'emploi?, Actes du Congrès, coll.
Etudes et Documents, Charleroi, Institut Jules Destrée, 1996, 574
pages.

Crédits photographiques
Institut Jules Destrée - Droits Sofam,
1, 2, 3, 4, 5 — Parlement wallon, 8 — Ministère de la Région wallonne
(Direction générale de l'Aménagement du Territoire, du Logement et du
Patrimoine), 7 — Opéra royal de Wallonie, 6.
Congrès permanent La
Wallonie au futur
Comité scientifique
Contributeurs aux sessions 1987, 1991, 1994 et 1995 |
|

Comité scientifique
Jacques Defay, Economiste
Gilbert de Landsheere, Professeur
émérite de Université de Liège (ULg), Laboratoire de Pédagogie expérimentale
Gérard Fourez, Professeur de
Philosophie aux Facultés universitaires Notre-Dame de la Paix (FUNDP)
Luc Maréchal, Directeur à la Direction
générale de l'Aménagement du Territoire et du Logement du Ministère de la
Région wallonne
Jacqueline Miller, Responsable du
Groupe d'Etude Habitat-Territoire à l'Institut de Sociologie de l'Université
libre de Bruxelles (ULB)
Michel Molitor, Professeur au
Département de Sociologie de l'Université catholique de Louvain-la-Neuve
(UCL)
Riccardo Petrella, Professeur à
l'Université de Louvain-la-Neuve (UCL)
Michel Quévit, Professeur à
l'Université de Louvain-la-Neuve (UCL), Rapporteur général du Congrès
permanent La Wallonie au Futur
Albert Schleiper, Directeur du Centre
universitaire de Charleroi, Secrétaire général du Centre interuniversitaire
de Formation permanente (CIFoP)

Contributeurs
aux sessions 1987, 1991, 1994 et 1995
Jacques
Aghion * Matéo Alaluf * Guy Albarre * Bob Alexandre * Robert André * Bernard
Anselme * Louis Aoust * Pierre Arcq * Etienne Arcq * Nina Ariel * Paul Aron
* Jean-Philippe Art * Danielle Bajomée * Martine Bantuelle * Nadia Baragiola
* Jean-Paul Baras * Philippe Barras * J.- C. Baudet * Daniel Baufay * Guy
Beauclercq * Pierre Beaussart * Achille Bechet * Georges Behin * Alexandra
Belayew * Edgard Berger * Jean-Marie Berger * Jacques Berleur * Pierre
Bertrand * Michel Beuthe * Jacqueline Beyls-Hoc * Francis Biesmans *
Jean-Loup Blanchy * Catherine Blin * Philippe Bodson * Stéphane Bodson *
Joseph Bohet * Bernard Bolly * Joseph Boly * Claude Bonte * Christiane
Bosman * Francis Bossier * Robert Botte * Muriel Bouchet * Christian Boulet
* Reine-Marie Braeken * Nives Bravin * D. Brebier * Marinette Bruwier *
Walter Burniat * Christian Burssens * Laurent Busine * Philippe Busquin *
Alfred Califice * Jean-Louis Canieau * F. Cantillion * Germain Capelleman *
Gisèle Caprasse * Henri Capron * Philippe Carlier * Francis Carnoy *
Christine Cavoy * Jean-Pierre Champagne * Jean-Emile Charlier * Jean-Louis
Close * Marie-Thérèse Coenen * François Colas * Fabio Colasanti * Alain
Colignon * Michel Collard * Raymond Collard * Marcella Colle * Robert
Collignon * Rosalba Comando * Thierry Conrotte * René Constant * Claudine
Cornet * Marcel Crahay * Cyrille Crappe * Michel Crappe * Benoît Dadoumont *
Jean Daems * Alain Dangoisse * Pierre Daubresse * Marianne De Boeck *
Bernard de Gilbert * David de la Croix * Gilbert de Landsheere * Jacques De
Norre * Pierre de Wergifosse * Claude De Wolf * Dominique-Paule Decoster *
Jacques Defay * Jacques Defregne * Christine Degand * Henry Dehareng *
Marcus Dejardin * Françoise Dekeiser * Jean Delahaut * Marie-Anne Delahaut *
Jacques Delcourt * Claude Delcroix * Max Delespesse * Paul Delforge *
Jean-Marie Delmée * Jean-Pol Delory * Michèle Deloyer * Nicole
Delruelle-Vosswinkel * Armand Deltenre * Jean-Pol Demacq * Joël Demarteau *
Marcel Demaude * Marcel Deprez * Camille Dermonne * Robert Deschamps *
Philippe Destatte * Jean-Louis Dethier * Claude Dewolf * Albert D'Haenens *
Elio Di Rupo * Albert Doppagne * Philippe Doucet * Francis Douxchamps *
Jacques Dubois * Raymond Dubuisson * Guy Dupont * Claude Durieux *
Jean-Marie Duvosquel * Louis Eeckhout * Jean-François Escarmelle * Jean-Luc
Fauconnier * René-Louis Fautré * Claude Feltz * Robert Flagothier * José
Fontaine * Jacques Fontaine * Jacques Fostier * Gérard Fourez * Christian
François * Jacques Fumière * Claude Furnal * Koula Gabriel-Vantsiotis * Guy
Galand * Jules Gazon * Léopold Genicot * Pierre Georis * Marcel Gérard *
Baudouin Germeaux * Joseph Gillain * Patrick Gobin * Francis Godefroid *
Jean Godin * Luc Goetghebuer * Pierre Gordinne * Lucienne Gossart * Marc
Gosse * Christian Gouzée * André Grognard * Alain Guéritte * Jean-Pierre
Guissard * Nelle Hainaut * Georges Haine * André Hallaux * Robert Halleux *
Joseph Hanse * Marcel Hanskens * Thierry Haumont * Jean-Claude Henrotin *
Jean Henrottay * Joseph Henrotte * Jean-Pol Henry * Maurice-Pierre Herremans
* Francis Holderbeke * Jean-Marie Honorez * Jacques Hoyaux * Jean-Emile
Humblet * Jacques Hustin * Marc Impe * Henri Ingberg * Michel Installé *
Jean-Charles Jacquemin * Jean Jadin * Sophie Jaminon * Claude Javeau *
Freddy Joris * François Jortay * Paul Kestens * Francine Kinet * Jean-Marie
Klinkenberg * André Krupa * Aimé Lacroix * André Lambert * André Lamblin *
Jacques Lanotte * Luc Laurent * Jean Leclercq-Paulissen * Louis Leduc *
Fernand Lefèbvre * Jacques Lefèvre * Martine Lefèvre * Claire Legrand *
Claire Lejeune * Evelyne Lenain * Vincent Lepage * Jean Leroy * Albert Leroy
* Alain Lesage * Christel Lessire * Marina Lessire * Micheline Libon *
Jacques Liebin * Danielle Lietaer * Marcel Lobet * Mario Longo * Roger
Lorent * Vincent Louis * Jean Louvet * Jean-François Mabardi * Xavier
Mabille * Jean Magy * Robert Mahieu * Philippe Mahoux * Benoît Mahy *
Christine Mainguet * Louis Mangon * Luc Maréchal * Christian Maroy * G.
Martens * Nicole Martin * Serge Mayence * Jean Mayeur * Dominique Meeus *
Chantal Mengeot * Danièle Meulders * Dominique Meunier * Michel Mignolet *
Jacqueline Miller * Willem Miller * Emile Mintiens * Michel Molitor * Alain
Moreau * André Moreau * Guy Moreau * Robert Moreau * Anne Morelli * Patrick
Moriau * Jean-Luce Morlie * Thierry Mortiaux * Jean Mottard * Philippe
Mottequin * Jean-Marie Moulard * Roger Mounèje * Claire Nauwelaers * Georges
Neuray * Tien Nguyen Nam * René Noël * Alfred Noirfalisse * Daniel
Norremberg * Carine Nouvelle * Marcello Ossandon * Giuseppe Pagano * Michel
Papeleux * André Patris * Alain Paulet * Philippe Pepin * Sergio Perelman *
François Perin * Jacques Periquet * Pierre Pestieau * Riccardo Petrella *
André Philippart * François Pichault * Jocelyne Pirdas * Christine Pireaux *
Robert Plasman * Olivier Plasman * M. Poncelet * Jean-François Potelle *
Yves Poullet * Jean-Pierre Pourtois * Yves Prinz * Anne Quévit * Michel
Quévit * Raymond Quinot * Etienne Quiriny * Christian Radoux * Jean Raes *
Jean-François Raskin * Philippe Raxhon * Andréa Réa * Monique Reginster *
Pierre Reman * Christian Renard * Marie-Laure Roggemans * Bernard Roland *
Jean-Maurice Rosier * Jean Rosoux * André Ruol * Jean Russe * Daniel Sacré *
Michel Sainthuile * Réginald Savage * Albert Schleiper * Jean-Paul Schyns *
Henry Sneessens * Jean-Pierre Sottiaux * Véronique Staes * Georges Staquet *
Albert Stevaux * Anne-Marie Straus * Philippe Suinen * Alain Szucs * Claude
Thélot * Paul Thielen * Georges Thill * Lise Thiry * Bernard Thiry * Francis
Tilman * Chantal Tilmans-Cabiaux * Roger Timmermans * Jean-Pierre Titz *
Victor Tonnard * Vincent Vagman * Christian Valenduc * Claude Van Aelst *
Jean-Claude Van Cauwenberghe * Anne Van Den Broucke * Anne Van Der Borght *
Pascale Van Doren * Anne Van Haecht * Yves Van Haverbeke * Mary Van Overbeke
* Tanguy Van Ypersele de Strihou * Luc Vandendorp * Thérèse Vanderstraeten *
Franz Vanhal * Georges Vercheval * José Verdin * André Verlaine * Jean Verly
* Christiane Verniers * Georges Viatour * Dominique Vinck * Guy Vlaeminck *
Bernard Wang * Robert Wangermée * Martine Wille * René Winand * Edouard
Wuilquot * Jacques Yerna *