
Le travail d'écoute de la prospective qui a été mené a
permis d'ausculter la trajectoire de l'humanité
[1],
de percevoir et surtout de comprendre ce que vit le monde
d'aujourd'hui, quels sont les axes de son développement et, parmi ces
axes, d'en présenter dix qui affectent ou vont affecter durablement
notre vie et celle de nos enfants.

Il ne fait pas de doute que le monde s'inscrit toujours
dans la mise en place de la troisième vague de changement identifiée
notamment par Alvin Toffler à la fin des années soixante-dix
[2].
Il faut d'ailleurs compter cette vague comme étant la quatrième si,
avec Graham T.T. Molitor, on distingue l'époque des services (Service
Era) de celle de l'information (Information Era)
[3].
Cette mutation de l'ensemble des structures de la société industrielle
doit rester en mémoire car, coexistant au niveau mondial avec des
types de société anciens, cette mutation n'a pas toujours la
visibilité nécessaire à sa prise en compte. Le processus ‑ en cours et
donc non encore abouti ‑ met en place un nouveau type de société
qui coexistera partiellement avec les précédentes. Jacques Lesourne le
confirme, en 2001 :
L'apparition depuis la fin du XIXème siècle de l'ensemble des
nouvelles techniques de l'information (le cinema, le télégraphe,
le téléphone, la radio, la télévision, l'ordinateur…) est en train
de donner naissance à une nouvelle forme de société qui ne
produira pas moins de biens agricoles et de produits industriels
que la précédente, mais qui sera organisée différemment. Du point
de vue technique, économique, social et politique
[4].
Cette idée, que nous avions formulée avec force dès le Congrès
La Wallonie au futur, Vers un nouveau paradigme en octobre 1987
[5]
‑ sur base notamment des travaux de Pierre Lebrun et de John Naisbitt
[6]
‑ se retrouve bien présente, tant dans l'analyse de Thierry Gaudin
pour 2100, Récit du prochain siècle (1990) que dans celle qu'il
propose pour le colloque Prospective d'un siècle à l'autre
(2000). Elle est présente également dans les entretiens que l'ancien
directeur du Centre de Prospective du ministère français de la
Recherche a eu avec François L'Yvonnet pour son ouvrage L'Avenir de
l'esprit (2001) :
Thierry
Gaudin :
A chaque
transformation du système technique, une classe dirigeante,
atteinte d'irréalité, cède la place à de nouveaux venus moins
arrogants, mais plus efficaces. Chaque fois, matériaux, énergie,
restructuration du temps et relation avec le vivant, les quatre
pôles fondamentaux, sont activés. Chaque fois, la transformation
complète du système technico-social prend un à deux siècles.
Aujourd'hui, les quatre pôles sont à nouveau en ébullition
(polymères, électrification, microélectronique et robotique,
biotechnologie) et tout donne à penser que cette nouvelle
révolution qui nous mène vers l'avènement de la société de
l'intelligence, prendra aussi un à deux siècles. Après la société
de la production, ce nouvel âge connaît d'autres formes de
consommation, de connaissance, et aussi, il faut bien le dire,
d'exploitation de l'homme par l'homme [7].
La Révolution cognitive, si l'on peut la dénommer ainsi par
analogie avec la Révolution industrielle, devrait aussi s'étendre
sur un à deux siècles et donner lieu à un remplacement de la
classe dirigeante – nous en voyons les prémisses dans la nouvelle
économie –, ainsi qu'à une transformation complète des modes de
vie et des façons de penser.
Sans doute, il est bien incertain d'anticiper de tels changements.
Leur ampleur est telle que notre imagination peine à assembler en
un tableau cohérent ce qui n'est encore qu'à l'état de signaux
faibles. Mais c'est aussi un défi pour l'esprit, qu'il faut
tenter, ne serait-ce que par jeu, en prenant le parti de sortir
résolument des anciens conformismes, en remettant même en question
les mots et les concepts qui nous servaient à voir le monde [8].
François L'Yvonnet :
Ce que nous voyons arriver actuellement, n'est-ce pas simplement
un prolongement ou un achèvement de la révolution industrielle ?
Thierry Gaudin :
C'est beaucoup plus que cela. Sans doute, à l'échelle planétaire,
la Révolution industrielle n'est-elle pas terminée. Environ la
moitié de l'espèce humaine demande à y entrer, même si les plus
lucides de ceux qui y sont déjà souhaitent en sortir. Mais il y a
des différences qualitatives qui permettent de penser que le
nouveau système n'est plus conforme à ce que nous appelons
Industrie.
La Révolution industrielle avait comme activité centrale la
production et mobilisait à cet effet d'une part des masses de
travailleurs, d'autre part des tonnes de matières premières, enfin
des connaissances relevant des sciences "dures", telles que la
physique et la chimie.
La Révolution cognitive est fondée sur un tout autre principe.
Elle manie d'une part l'information, de l'autre la génétique, qui
d'ailleurs se rejoignent. L'enjeu n'est plus la production, mais
la conscience à travers le fonctionnement central de la vie : la
reconnaissance. C'est un "antimatérialisme" qui nous conduira,
[…]
vers la philosophie [9].
Ainsi, nous avons analysé cette Révolution cognitive
telle que la voit l'exercice Global Trends 2015, c'est-à-dire
comme la plus importante transformation mondiale depuis le début de
la Révolution industrielle de la moitié du XIXème siècle
[10].
Elle est une transition entre société industrielle et société
cognitive, entamée depuis plusieurs dizaines d'années et encore en
cours pour plusieurs autres dizaines d'années. Elle restructure tous
les domaines de la société à partir d'un changement de paradigme techno-économique
dans lequel l'informatique, sous toutes ses formes, et la génétique
jouent ou joueront un rôle décisif. D'autres technologies émergent qui
pourraient accroître l'action de ces premiers moteurs ou même prendre
leur relais dans les prochaines décennies, telles, par exemple les
nanotechnologies et les technologies des nouveaux matériaux
[11].

Les cinquante dernières années du XXème siècle ont été
économiquement les plus dynamiques de l'histoire. Comme le souligne
Angus Maddison, le PIB mondial a été multiplié par six de 1950 à 1998,
avec un taux annuel moyen de croissance de 3,9 % par an, contre 1,6 %
de 1820 à 1850 et de 0,3 % de 1500 à 1820.
Cette accélération de la croissance a servi en partie à soutenir
l'accroissement plus rapide de la population, mais le revenu réel
par habitant a progressé de 2,1 pour cent par an, contre 0,9 pour
cent entre 1820 et 1950 et 0,05 pour cent entre 1500 et 1820. Il a
donc augmenté 42 fois plus vite qu'à l'époque protocapitaliste, et
plus de deux fois plus rapidement que pendant les 13 premières
décennies de notre époque capitaliste.
Les liens d'interdépendance entre les différentes parties de
l'économie mondiale se sont fortement resserrés. Le volume des
échanges de produits a augmenté plus rapidement que le PIB. Le
rapport exportations/PIB mondial est passé de 5,5 pourcent en 1950
à 17,2 pourcent en 1998. Les voyages, les communications et les
autres transactions sur les services ont connu un développement
phénoménal, ce qui a permis d'améliorer la division internationale
du travail, de faciliter la diffusion des idées et de la
technologie, et de faire bénéficier d'autres régions du monde du
niveau élevé de la demande de la part du groupe capitaliste avancé
[12].
Abordant les questions de mondialisation
[13]
de globalisation [14]
et d'interdépendance, trois idées fortes que Fernand Braudel avait
développées lors d'un cycle de conférences faites en 1977 à la John
Hopkins University, méritent d'être rappelées. La première idée
retenue est celle de l'ensemble du monde.
L'ensemble du monde, c'est-à-dire, entre XXème et XVIIIème
siècles, cette unité qui se dessine et fait sentir progressivement
son poids sur la vie entière des hommes, sur toutes les sociétés,
économies et civilisations du monde. Or, ce monde s'affirme sous
le signe de l'inégalité. L'image actuelle – pays nantis d'un côté,
pays sous-développés de l'autre – est vraie déjà, mutatis
mutandis, entre XVème et XVIIIème
[15].
La seconde idée est celle de l'apparition d'une
véritable économie mondiale […] à la fin du XVIIIème siècle
[16].
La troisième idée est celle de la représentation des
acteurs principaux de cette économie, les capitalistes :
Très tôt, depuis toujours, ils dépassent les limites "nationales",
s'entendent avec les marchands des places étrangères. Ils ont
mille moyens de fausser le jeu en leur faveur, par le maniement du
crédit, par le jeux fructueux des bonnes contre les mauvaises
monnaies, les bonnes monnaies d'argent et d'or allant vers les
grosses transactions, vers le Capital, les mauvaises de cuivre,
vers les petits salaires et paiements quotidiens, donc vers le
Travail. Ils ont la supériorité de l'information, de
l'intelligence, de la culture. Et ils saisissent autour d'eux ce
qui est bon à prendre – la terre, les immeubles, les rentes..
Qu'ils aient à leur disposition des monopoles ou simplement la
puissance nécessaire pour effacer neuf fois sur dix la
concurrence, qui en douterait ?
[17]
Ce texte, qui ne dénoterait pas sous la plume d'un
Riccardo Petrella ou d'un Jeremy Rifkin, tend à montrer que la
mondialisation ou la globalisation de l'économie constituerait un
phénomène ancien et inscrit dans le temps très long, voire dans la
nature humaine, comme le notait voici peu Thierry de Montbrial :
Ainsi, aux différences de vocabulaire près, le phénomène que nous
appelons aujourd'hui mondialisation, c'est-à-dire l'accroissement
massif de l'interdépendance, n'est-il que le prolongement d'une
tendance de très longue durée, que l'on peut faire remonter au
moins au début du millénaire qui s'achève, et dont la cause la
plus profonde tient au besoin humain d'agir, de transformer le
monde, de comprendre la nature [18].
James N. Rosenau n'est pas de cet avis. Le professeur à
la George Washinton University estime en effet que, dans le monde
actuel, interdépendant et en rapide changement, la séparation même
entre les affaires nationales et les affaires internationales s'est
érodée pour laisser la place à une aire fragmentée. Le théoricien de
la gouvernance mondiale
[19]
introduit la notion de Frontière, pour estomper les limites qui
n'existent plus dans les faits et donner naissance à un nouvel et
large espace politique dans lequel les affaires intérieures et les
affaires étrangères convergent, s'interpénètrent jusqu'à devenir
indiscernables [20].
Dans la complexité du phénomène de Frontière
[21],
James N. Rosenau relève en effet trois dimensions majeures de la
période actuelle – qui constituent autant de ruptures – , en nature et
pas seulement en intensité, avec tout ce qui s'est passé jusqu'ici :
– La première rupture concerne les structures qui
soutiennent les politiques des relations et des échanges. Ces
structures n'ont plus rien en commun avec les routes commerciales
des siècles précédents ou les relations qui unissaient les empires
nationaux des XIXème et XXème siècles. Ce sont aujourd'hui des
multiples liens et réseaux qui unissent les peuples, les communautés
et les sociétés ‑ et sur lesquels, même la nation la plus puissante
n'a plus qu'une influence parcellaire.
– La deuxième rupture porte sur l'intégration à l'économie mondiale
globalisée. Ce processus, en développement, prend déjà fortement le
caractère de réseau transnational interconnecté plutôt que la forme
de liens hiérarchisés directs entre marchés nationaux.
– La troisième rupture se concentre sur le cadre temporel dans
lequel les événements et les tendances se déroulent. Le temps de la
période actuelle est caractérisé par des processus d'agrégation et
de désagrégation qui interagissent simultanément. En conséquence,
écrit James Rosenau, on peut être égaré par le passé si, dans le
contexte présent, on ne tient pas compte des dynamiques de
transformation
[22].
Ainsi, l'interdépendance se marque par des tendances
apparemment antinomiques mais en réalité complémentaires :
globalisation et localisation, fragmentation et intégration, micro et
macro décisions, renforcement des sphères d'autorité et multiplication
des acteurs stratégiques. Il s'agit également d'une
réduction des contraintes géographiques, par la multiplication
qu'elle induit de nouvelles connexions entre les peuples, les
organisations, les économies et les écosystèmes. Par son accélération
exponentielle, la globalisation se révèle être un processus social,
dont la part économique n'est pas la plus importante et qui prend
surtout sa valeur par le fait que des systèmes se connectent qui ne
l'étaient pas précédemment ‑ par exemple dans le domaine de la culture
et de l'environnement [23].
Kimon Valaskakis définit lui aussi la mondialisation
comme un processus historique dont les deux moteurs contemporains sont
le changement technologique, d'une part, et la mobilité transnationale
des facteurs de production, de l'autre. Cette mondialisation,
ajoute-t-il, apporte avec elle une montée des interdépendances qui
n'est pas néces-sairement voulue et qui, de toute façon, est loin
d'être maîtrisée. Avec ces interdépendances, viennent des chocs
asymétriques, car la mondialisation elle-même n'est ni uniforme ni
douce
[24].
L'ancien ambassadeur du Canada à l'OCDE montre bien la différence
entre la mondialisation et le mondialisme, doctrine qui se réjouit de
l'existence du phénomène de mondialisation et qui tente de
l'accélérer.
Dans ce passage d'une logique d'économie fermée à
celle d'une économie ouverte [25],
deux tendances ont été considérées comme marquantes. D'une part, la
recherche et la construction d'un nouveau système de régulation
économique et financier face aux risques liés à la croissance des
marchés; d'autre part, la redéfinition du rôle des Etats-nations et
donc la mise en place d'un système post-westphalien. Ces tendances
sont porteuses de toutes les interrogations de ce monde
multipolaire et interdépendant auquel Jacques Lesourne consacrait
près d'un tiers de son ouvrage Les mille sentiers de l'avenir
en en soulignant toute la complexité [26].
A la complexité, s'ajoute – comme le souligne Jérôme
Vignon – l'ampleur et la généralisation des tendances,
leur caractère largement diffusé qui, en même temps,
font apparaître des tensions, et des déséquilibres non résolus.
On peut en effet constater que, vu l'ampleur de ces tendances, il
est possible maintenant de discerner les béances ou les
déséquilibres qu'elles ont provoqués et qui font dire que tout
n'est pas terminé
[27].
La difficulté est en effet majeure puisque le cadre
élaboré pour assurer le contrôle des échanges économiques et des
relations internationales, à savoir l'Etat-nation, est devenu
impuissant face à l'élargissement phénoménal des flux et des espaces.
On peut toutefois considérer avec Elie Cohen que les tensions qui
trouvent leur origine dans l'accélération de l'intégration économique,
dans la globalisation financière ainsi que, nous l'avons vu, dans la
mise en cause des organisations internationales, conduisent à
envisager trois types d'ordre stable :
– celui où la primauté des Etats-nations conduit à renoncer à
l'intégration économique mondiale ;
– celui où la politique démocratique se hisse au niveau des
espaces régionaux économiquement intégrés;
– celui, enfin, où des instances nouvelles de gouvernement mondial
jettent un pont sur des instances nationales renouvelées
[28].
Sans entrer dans le débat assez technique de la
régulation ‑ et en se méfiant des acceptions différentes et complexes
de ce concept
[29]
‑, on peut considérer, avec Thierry de Montbrial, que plus un
système se complexifie, c'est-à-dire plus l'interdépendance entre ses
parties augmente, plus cette interdépendance doit être accompagnée
d'une capacité de régulation [30].
L'analyse de la gouvernance, dans le cadre de la
tendance sur l'élaboration d'un nouveau contrat social, a montré que
de nouveaux types d'interactions et de dialogues entre les acteurs
étaient possibles ‑ et mêmes souhaitables. Comme le souligne Saskia
Sassen, ces modes de régulations sont encore à inventer. La professeur
à l'Université de Chicago remarque que ces mécanismes devront
s'appuyer sur une nouvelle géographie, utilisant ces nœuds de la
globalisation que restent les Etats et que deviennent les grandes
cités globales
[31].
Certes les investissements nécessaires, en lobbies et en diplomatie,
pour mettre en place un gouvernement mondial ou un système de
régulation financier peuvent paraître considérables et excessifs.
Cependant, dans Les mille sentiers de l'avenir, Jacques
Lesourne n'hésitait pas à appeler la France à contribuer à la
construction d'un monde plus équilibré dans au moins quatre directions
:
– en participant à la stabilisation du système
monétaire et financier international;
– en s'associant aux actions internationales dans le domaine de
l'énergie;
– en adoptant des politiques constructives pour les échanges
internationaux;
– en soutenant les opérations de protection du patrimoine commun de
l'humanité et en facilitant la constitution d'un riche tissu
d'organisations internationales non gouvernementales [32].
Nier nos marges de liberté est une autre forme de
résignation et de sclérose,
annonçait le prospectiviste. Cette idée rejoint la
formule de Riccardo Petrella selon laquelle c'est la région qui
peut aider l'Europe et le monde, mais pas l'inverse [33].
L'avenir de l'Europe est en effet dans ces mots clefs
issus de l'analyse des tendances lourdes que constituent la quête
d'une nouvelle vision pour l'Europe et l'unification progressive du
continent européen : fonctionnement démocratique des institutions,
besoin de légitimité des politiques, principes de subsidiarité active,
gouvernance multi-niveaux, interdépendance institutionnelle, Europe
des réseaux et alliances, solidarité dans l'élargissement, coopération
transnationale. Ces différentes idées maîtresses s'appliquent non
seulement à la dimension institutionnelle et organisationnelle, qui
semble intéresser davantage les observateurs, y compris les
prospectivistes, mais surtout au contenu même des politiques menées ou
à mener (concurrence, recherche, entreprise, transport, politique
sociale, etc.)
[34]
.
L'avenir de la France, c'est l'Europe,
professe Thierry de Montbrial. Qui contesterait que c'est aussi celui
de la Wallonie ? Mais, au delà de la difficulté de définir son espace
et sa finalité, on a relevé avec le professeur du CNAM que l'Europe ne
se concevait pas en dehors de la combinaison d'un projet toujours à
animer et d'une expérience historique. […] Les grandes œuvres
– écrit-il plus loin –, s'édifient grâce à une volonté soutenue
dans la durée [35].

Résolu à chercher plus avant les mouvements du temps
présent, et après avoir évoqué les tendances de la globalisation, du
progrès technique, du rejet des normativités extérieures, de la
nécessité d'une nouvelle fonction régulatrice, de
l'industrialisation, etc., Jérôme Vignon s'est demandé si ces
changements ne constituaient pas, en fait, les indices d'une
transformation plus vaste de nature culturelle, au sens que lui
donnait le XIXème siècle. L'ancien directeur de la Cellule de
Prospective de la Commission faisait donc l'hypothèse que ce qui
est en cause, c'est un changement de l'enveloppe culturelle à
l'intérieure de laquelle la civilisation cherche son chemin
[36].
Jérôme Vignon liste dès lors une série de phénomènes de société qui,
depuis les années soixante-dix, touchent à ce qui fonde le lien de la
vie sociale et plus particulièrement à ce qui met en relation les
ensembles pouvoir - autorité - légitimité et vérité - connaissance -
savoir :
– l'affaiblissement de l'autorité scientifique, qui
perd sa légitimité, par une vision plus relativiste des
scientifiques eux-mêmes;
– le pluralisme des conceptions qui conteste l'unicité du diagnostic
sur les problèmes de société et rejette les solutions absolues et
définitives au profit des solutions provisoires;
– l'attrait des conceptions philosophiques et religieuses qui
mettent en cause l'universalisme et la rationalité (New Age,
nouveaux philosophes, etc.);
– la "procéduralisation" : le fait de donner une large place dans
l'entreprise, dans l'administration, au caractère collectif de
l'énoncé des problèmes, ce qui suppose une large décentralisation;
– la crise institutionnelle qui trouve sa source dans la mise en
cause à la fois du suffrage universel comme système de
représentation et de la centralisation de l'Etat;
– le pluralisme culturel et la décentralisation de l'autorité;
– le relativisme culturel généralisé et son corollaire, l'intégrisme
religieux ou politique [37].
Les changements dans les valeurs se produisent en
profondeur. Alors que le XXème siècle a marqué le triomphe de la
laïcité, de la science et du rationalisme, ces idées entrent désormais
en compétition avec l'identification d'une tendance qui s'est
développée depuis la fin du XXème siècle et qui envisage la résurgence
de la religion, du mysticisme et de la spiritualité. Ces deux
attitudes sont-elles conciliables, voire convergentes ? [38].
Ainsi que le souligne Hugues de Jouvenel, cette analyse vient en
opposition radicale avec celle – qui se développe depuis les années
soixante – de la croissance de l'individualisme : le processus, à
très long terme, qui se traduit par le passage de valeurs
traditionalistes, dont le principe de légitimité est fondé sur la
transcendance, à des valeurs dites individualistes, dont le principe
de légitimité réside dans l'individu [39].
L'économiste et prospectiviste américain William
E. Halal n'hésite pas à considérer que la tendance que constitue la
montée des valeurs spirituelles pourrait déboucher, dans les dix
prochaines années et aux Etats-Unis, sur ce qu'il nomme – à l'instar
de Thierry Gaudin – la Révolution de l'esprit (The Spiritual
Revolution). Cette révolution ouvrirait la succession des sociétés
de l'information vers l'Age de l'esprit (Spiritual Age). On
va découvrir dans dix ans, estime le professeur à la Washington
University, que l'humanité est profondément non rationnelle
[40]
.

L'exercice qui consiste à analyser les temps longs, les tendances du
monde pour les confronter ensuite avec l'analyse des acteurs locaux
apparaît particulièrement stimulant. Ainsi, nous avons tenté, dans ce
travail d'écoute de la prospective à partir de la Wallonie, de limiter
le plus possible nos sources aux travaux des prospectivistes,
n'utilisant des sources plus proches géographiquement ou
intellectuellement que pour la compréhension des premières. Le regard
est donc multiple, interdisciplinaire, systémique et pluriel. Déjà,
ces informations et analyses ont provoqué de nombreuses remises en
cause des hypothèses originelles du travail, modifiant parfois très
profondément notre regard. Il nous paraît dès lors que la
confrontation avec les données plus traditionnelles du terrain wallon
ne pourra s'avérer que très profitable et probablement efficace. C'est
Ilya Prigogine qui écrivait que reconnaître
la complexité, trouver les outils pour la décrire, et relire dans ce
contexte nouveau les relations changeantes de l'homme avec la nature
et de l'homme avec lui-même, voilà les problèmes cruciaux de notre
temps
[41].
Le travail exaltant qui s'annonce consistera à
passer du monde perçu au monde actionné
[42],
c'est-à-dire de mesurer comment les acteurs se positionnent par
rapport aux processus eux-mêmes. La tâche sera ardue mais, menée avec
méthode et volonté d'aboutir, elle peut, elle aussi, contribuer à
dégager une vision de ce destin collectif souhaité pour la société
wallonne.

[1]
L'"auscultation" de la trajectoire de l'humanité :
l'expression est de Jérôme VIGNON, Vers une ère nouvelle à l'aube
du troisième millénaire, dans Jérôme VIGNON ea, Questions
pour le XXIème siècle, Des chrétiens s'interrogent, p. 14,
Académie d'Education et d'Etudes sociales-Fayard, 1999.
[2] Alvin
TOFFLER, La Troisième vague, Essai, Paris, Denoël-Gonthier,
1980. – Alvin TOFFLER et Heidi TOFFLER, Creating a new
civilization : the politics of the Third Wave, Turner, Atlanta,
1995. – Pour une critique succincte du modèle de Toffler : Mattias
HÖJER et Lars-Goran MATTSON, Determinism and backcasting in
future studies, dans Futures, 32, p. 613-634, 2000. –
Arthur B. SHOSTAK, Toffler and Rowling : futurism and fantasy,
dans Future Times, Hiver 2000, p. 1 et 2.
[3]
Graham T.T. MOLITOR, The Next 1000 Years : The "Big Five" Engines
of Economics Growth, dans Howard F. DIDSBURY, Frontiers
of the 21st Century : Prelude to the New Millenium, p. 155-156,
Bethesda (Maryland), World Future Society, 1999. – Graham T.T.
Molitor est président de Public Policy Forecasting à Potomac
(Maryland) et vice-président de la World Future Society.
[4]
Jacques LESOURNE, Un art difficile pour l'entreprise, réfléchir
pour agir, dans Jacques LESOURNE et Christian STOFFAES dir.,
Prospective stratégique d'entreprise, p. 91, Paris, Dunod, 2001.
– Voir aussi Jacques LESOURNE , Ces avenirs qui n'ont pas eu lieu,
p. 282, Odile Jacob, 2001.
[5] On
retrouvera dans le discours d'ouverture du congrès de 1987 prononcé
par Jean-Pol Demacq, président de l'Institut Jules-Destrée l'analyse
suivante :
La prise de conscience, pour la plupart d'entre nous, de notre
situation économique et sociale dans le temps long de l'histoire,
telle que l'a définie, mesurée même l'équipe interuniversitaire du
Professeur Pierre Lebrun a probablement joué un rôle décisif dans
notre appréhension de notre aujourd'hui. C'est presque devenu commun
d'affirmer que nous ne sommes déjà plus dans les sociétés
industrielles telles que les ont vécues nos parents et
grands-parents, que la technique a effectué en quatre décennies des
progrès de portée infiniment plus élevée qu'au cours des quatre
siècles précédents. Que la naissance du nouveau système technique, à
laquelle nous assistons, est en train de générer une mutation qui
aura pour l'humanité une importance comparable à celle provoquée au
siècle passé par l'implantation des premières machines à vapeur.
La nouvelle révolution industrielle est entamée. Comme la première,
comme les premières, - n'entrons pas dans le débat -, elle ne va pas
consister en un simple remplacement d'une génération technologique
par une autre mais ce sont effectivement tous les domaines de la
civilisation qu'elle va affecter à la fois: les principes de la
production, l'organisation sociale, la culture. Changement radical,
cassure avec la société dans laquelle nous vivons, cette mutation
secrète son passage vers une autre ère. En rupture progressive avec
la structure ancienne, déstructurante donc, la crise actuelle fait
apparaître des données inassimilables pour les théories économiques
et sociales de la période industrielle: endettement mondial
collectif, croissance fabuleuse du chômage, quasi impossibilité de
maintien du volontariat. Dans le même temps, les marchés, tout
autant que les mentalités, se transforment sous le mouvement de ce
que certains ont appelé la troisième vague des sociétés
industrielles. Après les matières premières et l'énergie, c'est au
tour de l'information en tant que ressource, de polariser les
secteurs économiques et de construire une nouvelle structure pour
notre société.
Age de l'intelligence répartie, monde de la communication, société
programmée, ère de la biomatique, nous ne pouvons pas anticiper sur
ce que sera demain. Il est pourtant essentiel pour nous, Wallons,
que nous essayions de comprendre et que nous tentions de maîtriser
les passages historiques.
Comme au dix-neuvième siècle, la Wallonie est interpellée par la
nouvelle révolution industrielle. A cette époque, elle a prouvé sa
capacité à modifier ses structures avec efficacité et, après les
tensions, à retrouver un équilibre social où l'homme est davantage
respecté.
La Wallonie au futur, Vers un nouveau paradigme,
p. 12, Charleroi, Institut Jules-Destrée, 1989.
[6]
Philippe DESTATTE dir., Evaluation, prospective et développement
régional…, p. 21-38.
[7]
Thierry GAUDIN dir., 2100, Récit du prochain siècle, p.
54-55, Paris, Payot, 1990.
[8]
Thierry GAUDIN, De la reconnaissance à l'intelligence collective,
dans Fabienne GOUX-BAUDIMENT, Edith HEURGON et Josée LANDRIEU coord.,
Expertise, débat public : vers une intelligence collective,
Prospective d'un siècle à l'autre (II), p. 334-335, La Tour
d'Aigues, L'Aube, 2001.
[9]
Thierry GAUDIN, L'avenir de l'esprit, Prospectives,
Entretiens avec François L'Yvonnet, Paris, Albin Michel, 2001.
[10]
Most experts agree that the IT revolution represents the most
significant global transformation since the Industrial Revolution
beginning in the mid-eighteenth century. in Global Trends
2015 : A Dialogue About the Future With Nongovernement Experts,
National Intelligence Council, Décembre 2000. – Pierre JACQUET,
Nouvelle économie : du virtuel au réel, dans MONTBRIAL et Pierre
JACQUET, Rapport annuel mondial sur le système économique et les
stratégies (Ramses), p. 27, Paris, Dunod-IFRI, 2000.
[11]
Ibidem, p. 23-24. – H.G. CRAIGHEAD, Nanoelectromechanical
Systems, dans Science, vol. 290, 24 novembre 2000, p.
1532-1535.
[12]
Angus MADDISON, L'économie mondiale : une perspective millénaire,
coll. Etudes du Centre de Développement, p. 133, Paris, OCDE,
2001.
[13]
Thierry de Montbrial, directeur de l'Institut français des Relations
internationales (Ifri), définit ainsi la mondialisation :
J'appelle
unité active tout groupe organisé doté de ressources , au sens le
plus large du terme (correspondant au terme de capital chez
Pierre Bourdieu), capable de se fixer des objectifs et des
stratégies pour les atteindre. De façon générale, on appelle
"mondialisation" le phénomène selon lequel les unités actives, en
proportion croissante, élaborent leurs objectifs et leurs stratégies
en référence à des théâtre d'opération (voir les champs de
Pierre Bourdieu) de plus en plus étendus géographiquement. Le choix
d'un concept nouveau – mondialisation plutôt qu'interdépendance –
suggère que le phénomène se distingue suffisamment des interactions
caractéristiques des années 1945-1980 pour opérer, certes
progressivement, une véritable mutation de la structure du système
international. Thierry de Montbrial ajoute que l'idée de
mondialisation est étroitement liée à celle d'économie de marché et
donc au libéralisme économique. Thierry de MONTBRIAL, Le
monde au tournant du siècle, dans Thierry de MONTBRIAL et Pierre
JACQUET, Rapport annuel mondial sur le système économique et les
stratégies (Ramses), p. 14, Paris, 1999.
[14] Jan
Aart Scholte , professeur au Centre for the Study of Globalisation
and Regionalisation à l'Université de Warwick estime que l'on peut
distinguer cinq types d'idées dans le concept de globalisation :
– la globalisation peut signifier internationalisation, c'est-à-dire
interaction et interdépendance entre les pays ;
– la globalisation peut être vue comme libéralisation, dans le sens
d'un monde ouvert où circulent les ressources, les gens, les
marchandises, les capitaux, sans entraves, contrôles ni barrières ;
– la globalisation peut être comprise comme universalisation, ce qui
signifie qu'un phénomène serait dit global lorsque situé dans toutes
les parties du monde ;
– la globalisation peut être également être un synonyme de "westernalisation"
ou d'américanisation, dans le sens de l'extension du mode de vie de
l'Ouest ou des Etats-Unis à l'ensemble du monde, particulièrement la
consommation ;
– la globalisation peut être aussi identifiée à la
déterritorialisation. Cela signifie que les relations globales sont
vues comme occupant un espace social qui transcende la géographie
territoriale. Pour Jan Scholte, il n'y a que cette dernière
conception qui rende la tendance qui touche le monde depuis la fin
du XXème siècle de manière différente que pour les périodes
précédentes. Il n'était en effet pas nécessaire d'appliquer un
nouveau concept aux quatre autres sens qui couvrent des phénomènes
déjà anciens. Par contraste, la déterritorialisation est sans
précédent et, pour Jan Scholte, le concept de globalisation
constitue un terme adéquat pour décrire les nouvelles circonstances.
Jan Aart SCHOLTE, Global Civil Society : Changing the World ?,
in CSGR Working Paper n°31/99, p. 8, Coventry, University of
Warwick, Centre for the Study of Globalisation and Regionalisation,
Mai 1999.
http://www.warwick.ac.uk/fac/soc/CSGR/wpapers/
-
14/02/02. – Voir aussi : Jan Aart SCHOLTE, Global Capitalisme and
the State, dans International Affairs, Juillet 1997, p. 427-452.
http://www.mtholyoke.edu/acad/intrel/scholte.htm. 14/02/02. – Jan
Aart SCHOLTE, Globalization : A critical Introduction,
Londres, Macmillan, 2000.
[15]
Fernand BRAUDEL, La dynamique du capitalisme, p. 83, Paris,
Arthaud, 1985.
[18]
Thierry de MONTBRIAL, Perspectives à la fin du millénaire,
dans Thierry de MONTBRIAL et Pierre JACQUET, Rapport annuel
mondial…, 2000, p. 13.
[19]
James N. ROSENAU, Turbulence in World Politics : A Theory of
Change and Continuity, Princeton, Princeton University Press
1990 . – James N. ROSENAU & Ernst -Otto CZEMPIEL, Governance
without Government, Order and Change in World Politics,
New York, Cambridge University Press, 1992 . – Elie Cohen estime à
juste titre que depuis les travaux de James Rosenau, on ne pense
plus dans les mêmes termes les relations internationales. E.
COHEN, L'ordre économique mondial, Essai… p. 18, n1.
[20]
James N. ROSENAU, Along the Domestic-Foreign Frontier, Exploring
Governance in a Turbulent World, p. 3-5, Cambridge University
Press, 1997.
[21]
The information revolution and other technological dynamics are
major stimulants, but so is the breakdown of trust, the shrinking of
distances, the globalization of economies, the explosive
proliferation of organizations, the fragmentation of groups and the
integration of regions, the surge of democratic practices and the
spread of fundamentalism, the cessation of intense enmities and the
revival of historic animosities – all of which in turn provoke
further reactions that add to the complexity.
James N. ROSENAU, Along the Domestic-Foreign Frontier… , p.
7.
[22]
James N. ROSENAU, op. cit., p. 24. – Elie Cohen pose la
question de manière similaire : A quoi tient donc la nouveauté ?
D'abord, à la somme des évolutions décrites. Si aucune tendance dans
le mouvement des échanges n'explique à elle seule le phénomène, la
combinaison des facteurs n'en crée pas moins un contexte nouveau. On
observe, en effet, simultanément un élargissement géographique
(Chine, Amérique latine…), et sectoriel (services, produits
agricoles, propriété intellectuelle) des échanges, un
approfondissement de l'intégration (nouvelles règles de l'OMC) et
une accélération récente des évolutions (les télécommunications et
les finances comme vecteurs). En un mot, l'interdépendance des
économies a augmenté, et l'intégration régionale est devenue une
réalité. Elie Cohen relève toutefois que les évolutions en cours
relèvent davantage du modèle de l'économie ouverte internationale
qu'à celui de l'économie mondialisée. Cohen relève aussi que les
travaux de Kevin O'Rourke et Jeffrey G. Williamson ont établi que le
première mondialisation, celle du XIXème siècle, aurait été plus
prononcée par de nombreux aspects, notamment les mouvements
migratoires et les flux financiers.
Elie COHEN, L'ordre économique mondial, Essai…, p. 79. –
Kevin O'ROURKE et Jeffrey G. WILLIAMSON, Globalization and
History : The Evolution of the Nineteenth Century Atlantic Economy,
Cambridge, Mass., MIT Press, 1999.
Annual Conference of the World Future Society, FutureScope 2001,
Exploring the 21st Century, Minneapolis, 30 juillet 2001
[23]
Walter TRUETT ANDERSON, Harlan CLEVELAND et James ROSENAU, The
Future of Globalization : Analyses, Visions and Scenarios,
Annual Conference of the Wordld Future Society, FutureScope 2001,
Exploring the 21st Century, Minneapolis, 31 juillet 2001.
[24]
Kimon VALASKAKIS, La planète Terre est-elle gouvernable ?
dans Edith HEURGON et Josée LANDRIEU coord., Prospective pour une
gouvernance démocratique, Colloque de Cerisy, p. 45 , La Tour
d'Aigues, 2000.
[25]
Elie COHEN, Globalisation financière et gouvernance mondiale,
dans Edith HEURGON et Josée LANDRIEU coord., Prospective pour une
gouvernance démocratique, Colloque de Cerisy, p. 61 , La Tour
d'Aigues, 2000.
[26]
Jacques LESOURNE, Les mille sentiers de l'avenir, p. 120sv,
Paris, Seghers, 1981.
[27]
Jérôme VIGNON, Vers une ère nouvelle à l'aube du troisième
millénaire…, p. 19-20.
[28]
Elie COHEN, L'ordre économique mondial, Essai…, p. 67.
[29]
Elie COHEN, L'ordre économique mondial, Essai…, p. 216sv.
[30]
Thierry de MONTBRIAL, Observation et théorie des relations
internationales, II…, p. 68. – Bertrand Badie et Marie-Claude
Smouts notent que la régulation est un enjeu de politique
internationale, un objet de conflit et de négociations dont l'issue
dépend des rapports de force en présence.
B. BADIE & M-C.
SMOUTS, Le retournement du monde, Sociologie de la scène
internationale, p. 111, Paris, Presses de Sciences Po et Dalloz,
1999.
[31]
Saskia SASSEN, Globalization and Its Discontents, p. 195-218,
, New York, The New Press, 1998. – Le national
et le mondial ne s'excluent pas, Entretien avec Saskia Sassen,
dans Qui gouverne l'économie mondiale ?, Alternatives
économiques, Hors-série, 1er trimestre 2001, p.
20-21.
[32]
Jacques LESOURNE, Les mille sentiers de l'avenir…, p.
348-350.
[33]
Riccardo PETRELLA, Quatre messages à la Wallonie, dans La
Wallonie au futur, Vers un nouveau paradigme, Actes du Congrès,
p. 539, Charleroi, Institut Jules-Destrée, 1989.
[34]
Pascale VAN DOREN, L'Europe entre processus et projet, Note
du 23 juillet 2002.
[35]
Thierry de MONTBRIAL, Quel avenir pour la France ?, dans
Thierry de MONTBRIAL, La France du nouveau siècle, p. 499 et
506, Paris, Académie des Sciences morales et politiques, 2002.
[36]
Jérôme VIGNON, Vers une ère nouvelle à l'aube du troisième
millénaire…, p. 25.
[37]
Jérôme VIGNON, op. cit., p. 25-39.
[38]
Arnold BROWN ea, Religion and Science in the 21st Century :
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World Future Society, Future Focus 2000, Changes, Challenges &
Choices, Houston, 24 juillet 2000.
[39]
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Futuribles, n°260, Janvier 2001, p. 3.
[40]
William E. HALAL, Top Ten Breakthroughs for the Next Decade,
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Changes, Challenges & Choices, Houston, 25 juillet 2000. – Allen
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Destinies, Regional Choices, p. 50sv, Washington DC, Covelo
(California), Island Press-Shearwater Books, 2000.
[41]
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