
par
Philippe Destatte,
directeur de l'Institut Jules-Destrée

L'homme n'agit pas seulement en tenant compte du milieu
qui l'entoure mais en tenant compte du futur tel qu'il peut le
concevoir. L'image devient cause agissante dans la modélisation.
Ilya
Prigogine
cité
dans Arnaud SPIRE, La pensée-Prigogine,
p. 24,
Paris, Desclée
de Brouwer, 1999.
Nous sommes tous sur le sujet de la prospective, et moi
en particulier, en situation de
learning process,
dans une sorte d’écolage.
Michel Quévit,
La Géode, Charleroi, 31 mars 2000
Cette
réflexion, voulue et appuyée par le Gouvernement wallon, résulte de cinq
efforts majeurs qui ont marqué l'action de l'Institut Jules-Destrée depuis
le quatrième congrès La Wallonie au futur, Sortir du
XXème siècle, Evaluation, Innovation,
Prospective, en octobre 1998 :
– donner des fondements à la prospective wallonne
par un travail analytique rétrospectif;
– étudier et comprendre la discipline que constitue la prospective, ses
différentes approches, ses contenus, ses méthodes, ses champs
d'application, ainsi que l'apport qui peut être le sien pour la
gouvernance de la Wallonie;
– inscrire l'Institut Jules-Destrée et, de ce fait, la Wallonie dans des
réseaux européens et mondiaux de la prospective ou valorisant des études
et recherches à vocation prospective;
– créer en Wallonie des réseaux d'acquisition et de développement de la
prospective territoriale;
– faire reconnaître la Wallonie dans les milieux internationaux de la
prospective comme une région porteuse d'intelligence collective et y
montrer que la prospective wallonne est une dynamique en acquisition.
Cette introduction va successivement aborder les questions suivantes.
Dans un premier temps, elle situera la prospective à l'intérieur du
concept de gouvernance. Ensuite, l'introduction tentera de présenter des
définitions ‑ communes et à partager ‑ de la prospective et de ses
méthodes. Enfin, elle resituera la démarche prospective dans la dynamique
wallonne et particulièrement dans celle du Contrat d'Avenir pour la
Wallonie, avant de préciser les missions menées par l'Institut
Jules-Destrée et de décrire brièvement le Système régional wallon de
Prospective. Des conclusions posent les fondements de
la prospective wallonne en termes de forces et de faiblesses pour
poser la question de savoir où voulons-nous aller ensemble ?

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La
gouvernance peut être appréhendée comme un processus de coordination
d'acteurs, de groupes sociaux, d'institutions qui produisent des
compromis, des consensus politiques et sociaux permettant d'atteindre
des buts propres – discutés et définis collectivement –, dans des
environnements fragmentés et incertains. Cette façon de voir le concept
permet d'échapper à une vision par trop économiste et de le rendre
opératoire pour aborder clairement la question de la place de l'Etat
dans la gestion du territoire. Cette gouvernance n'apparaît pas comme
une contrainte supplémentaire pour la gestion publique mais constitue un
cadre, une dimension de plus où faire porter l'action. C'est ce que, en
France, le Rapport Bailly a bien valorisé.
La
gouvernance s'attache ainsi à inventer de nouvelles pratiques de
démocratie, attentives aux lieux et aux personnes, et à mettre en
place une pédagogie de l'adaptation à un monde complexe, en
développant :
– la recherche de réponses locales à une économie
globale;
– la capacité à faire fonctionner ensemble des acteurs publics et
privés, aux niveaux local et global;
– la promotion de territoires dynamiques et ouverts;
– les réponses aux exigences de démocratie et de participation des
citoyens;
– la mise en place d'ordonnancements sociaux qui fonctionnent
faiblement à l'autorité;
‑ la valorisation du "potentiel de
développement des hommes
[1].
Jean-Paul Bailly distingue quatre phases distinctes de la bonne
gouvernance allant de la phase de sensibilisation à celle de l'action.

Cette
gouvernance, en tant que méthode de résolution de problèmes par la
négociation et la coopération des acteurs [2] est incarnée en Wallonie par le Contrat d'Avenir. Directeur des services
territoriaux à l'OCDE, Bernard Hugonnier
estimait que, dans le cadre d'une bonne gouvernance, toutes les grandes
décisions devraient s'appuyer sur une réflexion prospective
[3].
Le PDG de la RATP souligne d'ailleurs lui-aussi
que l'utilité de la démarche prospective réside dans sa capacité de
nourrir le débat politique, d'accompagner l'ensemble du processus de
décision et de contribuer à forger les concepts et les pratiques de
nouvelles formes de "gouvernance" [4]
.
Dans
cette nouvelle gouvernance, la place du décideur prend toute son ampleur.
Maître des Horloges, il est celui qui harmonise l'action
collective, l'organise, fait les choix stratégiques et assume les
responsabilités de ces choix [5].
Ainsi, ni les dispositifs, ni les processus, ni les experts de la
prospective ne sauraient en rien affaiblir ou se substituer au rôle des
décideurs qui restent les vrais maîtres de l'action et au centre de
l'enjeu [6].
Non seulement, parce que la responsabilité leur en incombe mais aussi
parce que, ainsi que l'indiquait le professeur Jean
Leca, compte tenu des intérêts multiples et changeants [qui]
introduisent sans préavis de nouveaux standards d'action, de
ceux-ci le "décideur politique" a une connaissance bien meilleure et plus
performante que les spécialistes de la connaissance [7].
Jacques Lesourne aborde cette question lorsqu'il explique l'intérêt de la
prospective stratégique. L'ancien professeur au Conservatoire national des
Arts et Métiers distingue clairement l'homme d'action que
représente le décideur et l'homme de réflexion
qu'est le prospectiviste. Le premier doit mobiliser toute son énergie pour
l'aboutissement total de sa décision : il n'écrit pas, il réunit, il
négocie et vit sur des postulats. Le second doit être capable de traduire
en termes de recherches les préoccupations de l'homme d'action. Il est
toutefois en profond décalage avec le décideur et ne peut lui être utile
que si un pacte déontologique les lie. Par cet accord, l'homme d'action
doit accorder à l'homme de réflexion le temps, les moyens et la liberté
dont le second a besoin [8].
Du reste, la prospective s'accommode depuis longtemps de cette proximité
avec la politique, en ne cherchant pas à se conformer à la rude ascèse
intellectuelle du monde académique et en ne refusant de tenir des
propos de nature normative [9].
On
voit donc le rôle important que la prospective peut jouer dans la
gouvernance, telle que la voit Jean-Paul Bailly :
Une
prospective qui, au lieu de prétendre apporter des solutions
définitives élaborées par quelques-uns, accompagne le processus de
construction et de mise en œuvre de décisions stratégiques qui, parce
qu'elles favorisent l'appropriation par le plus grand nombre,
débouchent effectivement sur l'action
[10].
Ainsi, la prospective et la gouvernance favorisent la mise en place de
modèles de décision qui renforcent la légitimité du décideur en
l'appuyant, non plus sur une expertise scientifique ou technocratique
individuelle mais sur un réseau d'acteurs qui réduit l'incertitude et
favorise l'appropriation.
Deux
modèles de décision
"CHOIX TRANCHANT"
(décision traditionnelle) |
"ENCHAINEMENTS DE RENDEZ-VOUS"
(décision en incertitude) |
Un
moment unique, un acte |
Une
activité itérative enchaînant
des décisions de second rang |
Prise par un acteur légitime |
Engageant un réseau d'acteurs diversifiés selon les responsabilités |
Clôturée par l'autorité scientifique ou politique |
Réversible, ouverte à de nouvelles informations ou
à de nouvelles formulations de l'enjeu |
Michel CALLON, Pierre
LASCOUMES, Yannick BARTHE, Agir dans un monde incertain, Essai
sur la démocratie technique,
p. 307, Paris, Seuil, 2001.

Aucun expert, aucun centre d'étude, aucun
thinktank, aucune cellule ad hoc n'a la capacité de
prévoir l'avenir, ni du monde, ni de la Wallonie. Toute forme de
prédiction est une imposture, l'avenir n'est pas écrit, mais reste à
faire, proclame avec raison un des plus grand théoricien de la
prospective, le professeur Michel Godet [11].
Par contre, la question du rapport d'une société avec le futur appelle
au moins quatre réflexions immédiates.
–
L'avenir, ainsi que l'indique Jacques Lesourne, apparaît être le
fruit du hasard, de la nécessité et de la volonté. Si le premier
facteur prend les prévisions à contre-pied alors que le second semblait
les conforter, le concept de volonté exprime une capacité d'agir sur
l'histoire, un désir d'action qui rejette aussi nettement le
déterminisme que la fatalité.
–
L'importance du nombre des acteurs – variable déterminante mais
indéterminée –, leur grande disponibilité d'action dans de nombreux
domaines, leur capacité d'agir sur l'histoire font en sorte que, quelle
que soit la pertinence d'un travail de prévision, celui-ci ne couvre
jamais l'ensemble des futurs possibles. L'avenir apparaît dès lors comme
ouvert, comme un champ en friche qu'il est possible de cultiver.
–
L'analyse historique constitue une pièce majeure de la prospective par
le regard rétrospectif qu'elle permet sur le présent et par les points
d'appuis qu'elle détermine en vue du travail prospectif. Cet outil est
évidemment utilisé en considérant que l'avenir ne peut être ni la simple
reproduction du passé ni son extrapolation : ni au départ de ses
tendances, ni dans ses contingences, ni de manière linéaire, ni de
manière cyclique.
–
Le concept de prospective permettra donc d'envisager non pas des
probabilités recherchées par des exercices de prévision, mais des futurs
possibles, des futuribles, en vue d'éclairer les acteurs et les
décideurs sur les stratégies à mettre en place. Relevant les
opportunités et les menaces du chemin à parcourir, la prospective a
pour vocation concrète de concevoir un futur désiré ainsi que les moyens
nécessaires pour le rendre possible.
Ainsi, forts des données des prospectivistes, les décideurs pourront mieux
construire, affiner ou réorienter leur projet (projet :
pro-jacio = je jette dans le temps, je
projette, image d'une situation, d'un état que l'on pense atteindre).
Cette étape constituera celle du passage de la description d'un ensemble
de futurs possibles à la définition d'un avenir souhaitable.
Tirant les conclusions comme rapporteur de la séance sur la prospective
territoriale métropolitaine et régionale à l'OCDE le 12 décembre 2000, la
prospectiviste française Fabienne Goux-Baudiment estimait que l'impératif
de la prospective était aujourd'hui de poser les concepts. Ceux-ci
intégrant tant l'objet des disciplines portant sur l'avenir que l'espace
concerné par cet objet.

 |
La prévision |
Activité ayant pour objet de mettre en évidence certaines relations
entre les événements, à partir desquels il est possible de calculer le
degré de probabilité des différentes évolutions possibles de ces
événements. La prévision part généralement de prémisses chiffrées
(c'est le cas de la prévision économique ou technologique)
[12].
On
le voit, c'est méthodologiquement que la prospective se différencie
du scientisme de la prévision qui construit des modèles théoriques et
essaie de les appliquer pour construire l'avenir
[13].
Ainsi, comme le répète Hugues de Jouvenel, ce n'est pas parce que l'on
parle du futur qu'on est dans la prospective. Le rapport entre la
prospective et la prévision est un rapport difficile. La seconde semble en
effet avoir miné le chemin de la première tandis que la prospective tente
de renouveler la prévision [14]
.

 |
L'anticipation |
Modèle d'un futur construit sur la base de la logique [15].
L'anticipation n'a de sens que pour éclairer l'action, répète Michel
Godet [16].

 |
La planification |
Processus qui fixe (pour un individu, une institution, une
collectivité territoriale ou un Etat), après études et réflexion
prospective, les objectifs à atteindre, les moyens nécessaires, les
étapes de réalisation et les méthodes de suivi de celles-ci
[17].

 |
Etudes et recherches à vocation prospective |
Selon
John McHale, les études et recherches à
vocation prospective constituent une discipline qui inclut toutes les
formes d'études du futur, de l'extrapolation tendancielle (la manière
la plus facile et la plus utilisée) jusqu'à l'utopie
[18].
Par
un cheminement différent depuis la guerre, les futures
studies nord-américaines trouvent
aujourd'hui une convergence avec la prospective sous l'appellation de
foresight, au point que l'on puisse
désormais traduire l'une par l'autre [19].
Enfin, Fabienne Goux-Baudiment posait aussi la question des espaces
envisagés pour la prospective. La question n'est pas innocente lorsque
l'on parle des régions belges –particulièrement la Flandre et la Wallonie
– dont on sait que l'ampleur de leur souveraineté d'Etat en
font davantage des espaces nationaux que des
espaces territoriaux.

Le philosophe français Gaston Berger, considéré comme le fondateur de
la prospective, soulignait que, à bien des
points de vue, la prospective ressemble à l'histoire.
L'une et l'autre portent sur des faits qui, par
essence, ne sont jamais donnés : le passé n'est plus, l'avenir n'est
pas encore, tous deux sont hors de l'existence. Comme l'histoire
aussi, la prospective ne s'attache qu'aux faits humains. Les
événements cosmiques ou les progrès de la technique ne l'intéressent
que par leurs conséquences pour l'homme. Nous ne prétendons pas que
l'homme soit "la mesure de toutes choses". Dans les études
prospectives, c'est lui, du moins, qui donne l'échelle
[20].
Hugues de Jouvenel regrettait pourtant qu'en général ceux qui
s'intéressent à l'histoire ne s'intéressent pas à l'avenir et ceux qui
s'intéressent à l'avenir ne s'intéressent pas à l'histoire
[21].
C'est sur le passé que portent les études des historiens, mais – comme
l'indique Jean Chesneaux, – c'est l'avenir
qui en fonde la portée, la raison d'être [22].
Pour interpréter ce qu'écrit l'auteur d'Habiter le temps, on
pourrait noter que c'est parce que, à un moment donné, la société wallonne
s'est donné un avenir, qu'elle a pu prendre en considération son passé.
Ainsi, à la question de l'anachronisme d'une histoire de la Wallonie en
1973, l'équipe du professeur Léopold Genicot répondait que la Wallonie se
constituait en nation consciente et cohérente
[23]
et, par là, marquait déjà sa volonté d'agir sur l'histoire. Cette
historicité passe par la prise en compte sociale du présent et doit
déboucher sur le futur. Radical, Jean Chesneaux
écrit que le passé ne mérite attention que s'il s'ouvre vers l'avenir,
à travers les incontournables contraintes du présent [24].
C'est à cette quête d'avenir qu'invite la présente démarche, de manière à
passer de l'historicité à la temporalité, concept dont Michel Quévit
disait avec raison qu'il est au centre de la démarche prospective
[25].
L'historicité – la relation entre passé et présent –
doit s'ouvrir sur la temporalité, sur la relation plus complexe que le
présent établit à la fois en direction de l'amont et de l'aval, du
passé et de l'avenir
[26].
Il ne
s'agit pas ici de faire une dissertation sur le temps. Celui-ci, nous le
savons, est relatif. Fernand Braudel mettait en évidence la différence
entre le temps des historiens et celui des sociologues, moins
impérieux, moins concret aussi, jamais au cœur de leurs problèmes et de
leurs réflexions [27].
Que dire du reste du temps des décideurs politiques ? Ne prête-t-on pas à
Jean Gol de s'être exclamé que trois mois, pour un ministre, c'est une
éternité ? Par contre, à l'heure du développement durable, chacun se rend
compte que la décision ou la non-décision
d'aujourd'hui engage une responsabilité et une précaution par rapport au
temps long à la fois dans le bien-être et les droits des générations
futures ainsi que dans la compétition des territoires dans lesquels
vivront ces générations.
Chaque
territoire est libre de choisir son futur, mais dans la compétition
qui règne aujourd'hui entre eux, l'avantage n'ira pas au plus timoré.
Il est donc nécessaire de s'aider de la prospective normative et des
espaces de liberté qu'elle nous offre pour rechercher les voies les
plus performantes, c'est-à-dire innovantes et offensives, d'un avenir
souhaitable et possible
[28].
C'est
donc une culture politique du temps qu'il nous faut construire en
Wallonie, pour rompre avec le positivisme linéaire, l'immédiat auquel nous
invite généralement la presse, internationale comme belge, écrite comme
télévisée, accroissant encore l'incertitude du futur en le limitant à un
regard fugace et par trop limité. Ainsi, on entrera dans la prospective
lorsque, avec Gaston Berger, on commencera à considérer l'avenir non
plus comme une chose déjà décidée et qui, petit à petit, se découvrirait à
nous, mais comme une chose à faire [29].

Rarement affirmée comme une science, souvent présentée comme une
discipline, une forme de pensée voire un art, la prospective est
certainement ce que le Dr Julio Dias, conseiller du maire de
Lisbonne, qualifiait en portugais de movida : une mise en
mouvement intellectuelle et politique [30].
Loin de vouloir déterminer ce que sera demain – ce qui ne semble donné
à personne – la prospective exprime davantage un regard critique,
un esprit non conformiste, en quête de solutions alternatives
[31].
Dès lors, la prospective apparaît comme une méthode de changement,
un travail participatif et pédagogique [32],
un processus cognitif permettant d'explorer ce qui pourrait advenir et
ce qui pourrait être fait.
Parmi les nombreuses définitions amenées ou construites, la définition
de la prospective présentée par Fabienne Goux-Baudiment a la mérite de la
rigueur.
La prospective (littéralement : regarder devant)
est une discipline des sciences humaines qui s'appuie sur les
fondements de l'économie, de la sociologie et des sciences politiques
pour maîtriser les dynamiques temporelles (tendances,
évolutions) et les changements qui en découlent (impacts
structurels).
Exploratoire,
elle aide à dessiner les futurs possibles, généralement sous la forme
de scénarios.
Normative,
elle est un outil d'intelligence collective qui permet de
définir une vision du futur. Cette vision génère des objectifs à
atteindre pour une organisation donnée, entreprise, Etat ou
collectivité territoriale. Elle peut se décliner en projet
d'entreprise ou de territoire, matérialisé par des politiques bien
définies.
La prospective peut faire l'objet d'études,
fondées sur des réflexions exploratoires, ou d'exercices, qui
s'appuient sur une pluralité de modalités pour créer une intelligence
collective. Les exercices sont l'outil privilégié de la prospective
normative
[33].
Bâtie au travers d'une longue réflexion menée par six
groupes de travail parallèles, au cours des premiers mois de l'année 2000,
la définition de la prospective inscrite dans la charte fondatrice de la
Société wallonne de l'Evaluation et de la Prospective a pour elle la
qualité de l'appropriation par les acteurs wallons qui ont tenté d'en
comprendre la signification.
La
prospective est une démarche rigoureuse, généralement réalisée de
façon transdisciplinaire et en réseau. Elle permet de déceler les
tendances d’évolution, d'identifier les continuités, les ruptures et
les bifurcations des variables (acteurs et facteurs) de
l'environnement ainsi que de déterminer l’éventail des futurs
possibles. La prospective permet ainsi d'élaborer des stratégies
cohérentes et d'améliorer la qualité de la décision à prendre. Elle
est une des techniques nécessaires à la
proactivité, attitude de celui qui anticipe l’événement dans
ses réflexions, agit pour provoquer les changements souhaités et
saisit les opportunités nouvelles.
Tout comme l’étude de l’histoire (la rétrospective),
la prospective permet de jeter un regard enrichi sur le présent. Cette
démarche systématique a pour objectif d’anticiper les effets des
mutations, d'aider à définir des stratégies et de les adapter. Elle se
fonde sur un travail d’écoute et d'analyse de la société pour y
déceler les éléments de permanence et de fugacité, les signaux et les
tendances permettant de déterminer non le futur mais des futurs
possibles. Elle requiert de déterminer les paramètres sur lesquels les
politiques peuvent agir ou, par approche systémique, de mettre en
évidence les liens et dépendances entre éléments de nature ou
d’évolution différents.
Trois dimensions majeures de la prospective
contribuent à mieux éclairer les enjeux cruciaux du devenir :
sa vision sociétale de la réalité, sa maîtrise de la dimension du
temps, sa globalité dans l’examen des mutations économiques, sociales,
politiques et culturelles et leurs répercussions dans l'espace. La
prospective ouvre ainsi les champs du possible. Ce futur ouvert,
esquissé mais non déterminé, permet l'identification des enjeux, la
possibilité des choix en ouvrant l'espace du débat. La prospective
crée donc une nouvelle liberté d'action et renforce ainsi la confiance
des acteurs. Dans la vie publique, cet éventail des possibles donne du
sens à la démocratie.
En permettant d’identifier les scénarios probables et
les logiques d’intervention possibles des acteurs en vue de provoquer
les orientations souhaitées, la prospective permet d’introduire dans
le débat public une logique d’anticipation (la veille des problèmes de
société par exemple) et de préméditation (l’identification des actions
déterminantes), plutôt que de remédiation.
Une réflexion prospective commune ouvre de nouvelles
dimensions à l’autonomie des acteurs qui y participent, donc à
l’efficacité collective d’une collectivité, privée ou publique. Tout
comme ce qui concerne l'évaluation, la démocratie participative
nécessite de la part du citoyen un apprentissage critique des méthodes
utilisées en prospective, la publicité des travaux réalisés et le
décryptage des enjeux et des résultats de ceux-ci
[34].
On
le voit, la prospective est d'abord une action participative et
collective. Comme l'a indiqué Michel Godet lors de l'exercice portant sur
Pays basque 2010 [35],
la prospective, c'est réfléchir librement et ensemble. Ce n'est pas
un pur exercice intellectuel de collecte d'informations, de conjectures
académiques et de prévisions futurologiques. Son objet est d'apporter aux
responsables et aux instances décisionnelles les éléments dont ils ont
besoin pour prendre de bonnes décisions. Le travail prospectif s'appuie
donc à la fois sur une ouverture d'esprit et sur une organisation
scientifique.

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La prospective territoriale |
Fabienne Goux-Baudiment a beaucoup travaillé tant sur les concepts que
sur les pratiques de la prospective territoriale, que la responsable
de proGective définit comme une branche de la
prospective générale qui a pour objet l'identification des devenirs
possibles et/ou souhaitables d'un territoire. Elle se développe autour
de plusieurs caractéristiques fondatrices :
–
elle s'exprime à travers des démarches collectives au sein desquelles
le processus est aussi important que le résultat ;
– elle s'appuie sur un appareil méthodologique distinct en cours de
constitution ;
– elle est pilotée par un plusieurs acteurs locaux ;
– stratégique (donc normative), elle cherche à devenir plus
opérationnelle, à la fois comme moyen d'aide à la décision et comme
outil de pilotage de projet ;
– globale (et non sectorielle), elle porte sur l'ensemble du
territoire physique et humain;
– elle s'exerce au bénéfice de l'intérêt général, dans une perspective
de moyen et de long termes [36]
.

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Les futuribles |
Pour le prospectiviste, l'avenir ne saurait être déterminé. Au
contraire, c'est là que réside la marge de manœuvre et que peut se
déployer la capacité d'action : l'avenir est ouvert à des futurs
possibles, les futuribles.
Nullement
naïf au point de croire pour autant que tout est possible, le
prospectiviste devra ainsi identifier l'éventail des futurs possibles.
Et, comme celui-ci se déforme continuellement – des futuribles
disparaissent alors que d'autres émergent – il faudra le faire non
pas une fois pour toutes mais de manière permanente
[37].

Loin d'une réflexion en chambre et coupée des réalités, la
prospective constitue un instrument performant d'aide à la décision
et à l'élaboration de stratégies. On l'a vu, Jacques Lesourne fait du
dialogue entre prospective et décision l'axe principal de l'action.
Pour le professeur Lesourne, chaque fois qu'il y a une réflexion
prospective, il y a une décision à prendre [38].
C'est ainsi que la prospective permet au décideur d'arrêter de jouer
à coup forcé et lui rend la capacité et la marge nécessaires à
l'action, notamment :
–
en contribuant à une meilleure compréhension du monde contemporain et
de ses avenirs possibles;
– en identifiant des idées et des faits porteurs d'avenir;
– en contribuant à l'accroissement de l'intelligence collective du
territoire;
– en permettant de mesurer les facteurs d'inertie.
C'est ce que souligne Christian Stoffaës,
patron de la prospective chez EDF :
Il
y a des points communs entre les actes de "conduire l'armée" (selon la
racine étymologique de la stratégie); ou bien une entreprise ou une
nation; une association, un syndicat ou un parti politique; la vie
d'une famille ou la carrière d'un individu : comme il en est de la
prose, chacun fait de la stratégie, parfois sans le savoir… Mais il
vaut mieux en faire méthodiquement plutôt qu'implicitement : c'est la
fonction de la prospective que de fournir l'assistance d'une
méthodologie rationnelle et osons le dire scientifique à la
préparation de la stratégie en avenir incertain
[39].
Ainsi, la prospective accroît-elle la faculté collective de poser les
problèmes du futur, de penser l'impensable (to
think the
unthinkable [40])
et permet la proactivité, agir pour provoquer
les changements souhaités.
L'exercice de la prospective a pour objet premier de
nous acculturer au futur. A force d'en parler, de l'imaginer, d'en
analyser les ressorts, celui-ci entre peu à peu dans les esprits. Au
départ pur concept, il s'enrobe de chair au fur et à mesure des
travaux et finit par faire partie du raisonnement, prolongement
naturel de l'immédiat vers le moyen-long
terme.
Cette proximité avec le futur montre combien nos peurs
peuvent être handicapantes. Car le futur est non seulement un espace
vierge qu'il nous appartient de peupler, mais aussi un espace de
liberté qui s'offre à notre volonté : nous pouvons agir sur lui, le
modifier, le modeler à notre convenance (dans les limites de certaines
contraintes). Débarrassés de cette frilosité, nous devenons plus
positifs, plus constructifs, plus proactifs
[41].
Dès lors, en matière de gestion publique, on se situera fort heureusement
aux antipodes de la formule bien connue en politique belge du Z'azis,
et puis ze réfléssis,
chère à l'ancien premier-ministre Achille Van
Acker (1898-1975). La réflexion prospective
est au service direct de l'action, car il s'agit d'une réflexion ouverte,
prédisposée à l'innovation, à l'imagination et à la créativité. Dans une
société wallonne que certains beaux esprits n'ont pas hésité à qualifier
de peuple sans passé à l'avenir incertain
[42], la démarche prospective
organisée et concertée de l'ensemble des acteurs apparaît comme l'outil
privilégié de structuration de la pensée collective. Il s'agit d'un atout
décisif pour situer la Région wallonne dans son environnement et la faire
agir dans un monde de grande complexité. Jacques Lesourne, qui enseigna
aussi les théories de la décision, définit l'action comme une
succession de décisions qui atteignent un objectif. Un autre
personnalité d'envergure, Michel Crozier, souligne, quant à lui, que
les héros sont ceux qui savent avoir l'énergie
pour prendre des décisions et pour les applique [43].

On dispose actuellement, grâce notamment à l'école française de
prospective (The French
School of la prospective, comme on
l'appelle aux USA), d'une excellente boîte à outils pour aborder la
prospective [44].
On
ne saurait songer ici ni à étudier, ni même à passer en revue les
multiples méthodes utilisées en prospective.
L'idée fondamentale, qui pourtant n'a fait que très difficilement l'objet
d'un consensus lors de la mise au point de la charte de la Société
wallonne de l'Evaluation et de la Prospective, est
que la prospective consiste en une approche globale, systémique,
interdisciplinaire et holistique. Son champs
est aussi large que possible et consiste à appréhender le monde et son
évolution dans toute leur complexité. Le parallélisme avec la discipline
historique aide à comprendre cette exigence puisque, chacun aujourd'hui
peut l'admettre, il n'est d'histoire que totale.
Edgar Morin nous éclaire sur ce global, relations entre tout et
parties, qui est ici déterminant :
Le global est plus que le contexte,
c'est l'ensemble contenant des parties diverses qui lui sont liées de
façon inter-rétroactive ou
organisationnelle. Ainsi, une société est plus qu'un contexte : c'est
un tout organisateur dont nous faisons partie. Le tout a des qualités
ou des propriétés qui ne se trouveraient pas dans les parties si elles
étaient isolées les unes des autres, et certaines qualités ou
propriétés qui ne se trouveraient pas dans les parties si elles
étaient isolées les unes des autres, et certaines qualités ou
propriétés des parties peuvent être inhibées par des contraintes
issues du tout
[45].
Il y
a complexité, nous dit Morin, lorsque les différents éléments constituant
ce tout (l'économique, le politique, l'affectif, le mythologique, etc.)
sont inséparables et qu'il y a tissu interdépendant (complexus
signifie tissé ensemble), interactif et
inter-rétroactif entre l'objet de la connaissance et son contexte,
les parties et le tout, les parties entre elles. La complexité, c'est, de
ce fait, le lien entre l'unité et la multiplicité
[46].
Pour
Pierre Gonod, la complexité est, avec l'interdisciplinarité (comme produit
collectif, processus d'organisation sociale des acteurs inséparable du
processus intellectuel) et la systémique (analyse des systèmes, théorie et
pratique de la modélisation), le troisième pilier de la prospective
[47]
.
Lorsqu'on s'interroge sur les qualités du "bon prospectiviste" ou d'une
bonne équipe de prospective, on mesure la nécessité de disposer autant de
créativité que de rigueur et surtout d'allier profondeur d'analyse et
largeur de vue, transdisciplinarité et expertise [48].
On y ajoute également le détachement des contingences et échéances
politiques nécessaires à assurer l'indépendance de la réflexion
prospective. Jacques Lesourne estime, quant à lui, que le critère
fondamental de qualité en prospective, c'est l'honnêteté intellectuelle [49].
Enfin, la qualité de la prospective repose fondamentalement sur la
capacité d'établir des liens entre les acteurs, de construire des réseaux
sociétaux ainsi que de mettre en place des dynamiques collectives et
participatives.
La crédibilité, l'utilité et la qualité d'un exercice
de prospective territoriale passent par le respect strict de certaines
conditions : en particulier, il ne faut absolument pas sous-traiter
complètement à l'extérieur la réflexion sur son avenir.
Dans une étude, quelle que soit sa qualité, le rapport
final compte moins que le processus qui y conduit. D'où l'importance
qu'il y a, à s'appuyer sur les capacités d'expertise locale, et à
profiter de l'exercice de prospective pour enclencher une dynamique de
changement, au moins dans les esprits. C'est moins une étude de
prospective qu'il s'agit de réaliser qu'un processus de réflexion
participative qu'il convient d'initier. En effet, c'est en suscitant
une réflexion globale au niveau local que l'on fera naître le désir
d'un rapprochement des idées et d'une mise en cohérence autour d'un,
ou plutôt de plusieurs projets pour le territoire
[50].
Le
professeur Michel Godet insiste constamment dans ses travaux sur cet
aspect collectif, donnant du sens à l'action et générant l'appropriation
par les acteurs des enjeux et des projets, créant ainsi une mobilisation
de l'intelligence. Certes, le patron du Laboratoire d'Investigation en
Prospective, Stratégie et Organisation (LIPS)
relève que cette mobilisation collective porte davantage sur les menaces
et opportunités de l'environnement que sur les choix stratégiques qui,
eux, peuvent rester confidentiels. Pour Michel Godet, l'appropriation
intellectuelle et affective constitue un point de passage obligé pour que
l'anticipation se cristallise en action efficace
[51].
En mettant en évidence les trois composantes du triangle grec, il décrit :
–
logos : la pensée, la rationalité, le discours, c'est-à-dire ici
l'anticipation, la réflexion prospective;
– épithumia : le registre des désirs
(nobles ou non), qui génèrent l'appropriation et la mobilisation
collective, y compris l'utopie, objet virtuel du désir et
source où l'action puise son sens [52];
– erga : les actions, les
réalisations, qu'expriment la volonté stratégique et l'action.
Le mariage de la passion et de la raison, du cœur et de
l'esprit est – écrit Michel Godet – la clef du succès de l'action et
de l'épanouissement des individus [53].

La
prospective déploie dans son travail une quantité très importante de
méthodes diverses : ateliers de prospective, outils d'analyse stratégique,
instruments de simulation, analyses structurelles (Mic-Mac,
etc.), stratégies d'acteurs (Mactor), analyse
morphologique, méthode Delphi, Abaque de Regnier,
etc.

Les
critères de choix des outils de la prospective territoriale
–
la durée, plus ou moins longue, du travail envisagé et la possibilité
ou non d'avoir des partenaires;
– la qualité, la fiabilité et l'exhaustivité des résultats à produire;
– la présence ou pas d'une équipe, même sommaire, ou d'un réseau de
compétences coordonnées;
– l'existence, ou pas, d'un système permanent de "veille historique et
prospective";
– la possibilité, ou pas, de mobiliser les acteurs et décideurs
eux-mêmes;
et
surtout :
– la disponibilité (en qualité et quantité, coût et fiabilité), des
sources statistiques à une échelle pertinente et à une date récente;
– les ressources, et donc les moyens financiers et humains
disponibles, en quantité et durée (qui peuvent être extrêmement
variables);
– l'horizon utilisé : 2100 n'est pas 2000 [54].

Evoquons deux outils permettant de comprendre le type de démarches qui
peuvent être menées, notamment sur le plan régional : la méthode des
scénarios et les arbres de comptétences.
 |
La méthode des scénarios |
Méthode qui visualise souvent la prospective, la méthode des
scénarios apparaît comme l'exercice de prospective par excellence,
même si, aujourd'hui, on la considère parfois dépassée car trop lourde
ou manipulatrice. En fait, peut-être a-t-on quelque peu confondu un
scénario avec un modèle de simulation ou l'utiliser pour prévoir alors
qu'il est là pour provoquer celui à qui on le présente, pour le
forcer à remettre en questions les hypothèses choisies
[55].
Comme l'indique Michel Godet, cette méthode nécessite une bonne
connaissance du terrain et une capacité en temps pour pouvoir suivre
un long cheminement si l'on explore tous les modules définis, ce qui
n'est pas toujours nécessaire [56].
Qu'est-ce
qu'un scénario ?
Un scénario est un ensemble formé par la description
d'une situation future et du cheminement des événements qui permettent
de passer de la situation d'origine à la situation future.
On distingue en fait deux grands types de scénarios :
– exploratoires : partant des tendances passées et
présentes et conduisant à des futurs vraisemblables,
– d'anticipation ou normatifs : construits à partir d'images
alternatives du futur, ils pourront être souhaités ou au contraire
redoutés. Ils sont conçus de manière
rétroprojective
[57].

L'utilisation que la méthode des scénarios et de ses résultats sera
toutefois fonction à la fois des objets de la prospective stratégique
envisagée (niveau exploration, orientation, actions) et du type
d'environnement considéré.
Utilisation de la méthode des scénarios |
|
Exploration
prospective |
Orientation
stratégique |
Actions
stratégiques |
Environnement
continu
prééminence
des tendances |
Choix d'un
Scénario
"tendanciel" |
Intériorisation du scénario et infléchissement favorable de son
contour |
Déclinaison
de la vision
dans le cadre
du scénario |
Environnement
discontinu
ruptures possibles mais pressenties |
Quelques scénarios contrastés et vraisemblables |
Pari délibéré sur l'avenir avec prééminence du souhaitable |
Stratégie panachée en avenir
multi-scénarios |
Environnement invisible /
impondérable bouleversements insoupçonnables |
Une
quasi-infinité de situations difficilement formalisables |
Règles génériques de conduite pour gérer au mieux les surprises |
Un
tronc commun "prudent" complété, chemin faisant, de modules
auxiliaires |
D'après Jacques Arcade, septembre 1998 - Paris, Futuribles 27 avril 2000.

 |
Les arbres de compétences |
Travail considérable s'il se veut exhaustif, il dessine et analyse,
en phases passé, présent, avenir, les compétences d'une région comme
on le ferait pour une entreprise. Il s'agit donc de construire un
diagnostic rétrospectif avant d'en faire un diagnostic prospectif.

Les équipes et les expériences de prospective se sont multipliées
depuis la réflexion Interfuturs,
menée de 1975 à 1979 à l'initiative de l'OCDE :
Facing the future :
mastering the
probable and managing
the umpredictable [58].
Au delà, on a reconnu la pertinence des travaux du programme
FAST (Forecasting
and Assessment in the Field of Science and
Technology – Prospective et Evaluation de la Science et de la
Technologie), sous la direction de Riccardo Petrella, puis de la
Cellule de Prospective de la Commission européenne, dirigée par Jérôme
Vignon et mise en place en 1989 à l'initiative de Jacques Delors [59],
ou encore de ceux de l'Office d'Analyse et de Prévision de l'Unesco,
animé par Jérôme Bindé
[60].
Sur
le plan régional, il faut épingler les travaux menés à partir de 1989 par
Hugues de Jouvenel et Maria-Angels Roque sur
la Catalogne – probablement la première étude globale à l'échelle
d'une région dont ait pu disposer la prospective régionale européenne,
pour citer le président délégué de l'Institut Català
d'Estudis Mediterranis,
en 1994 [61].
Nous relèverons également les travaux entamés depuis 1987 par le Conseil
régional du Limousin – Limousin 2007, puis Limousin 2017,
conduit par Benoît Lajudie [62]
–, ou encore ceux, plus sectoriels, menés en Région Ile-de-France à
l'initiative de l'Institut d'Aménagement et d'Urbanisme [63].
Du reste, de nombreuses régions françaises disposent désormais d'une
direction de l'évaluation et de la prospective, même si, comme le
signalait Guy Loinger ‑ responsable de
l'Observatoire international de Prospective régionale ‑
rares sont les régions européennes qui ont intégré la
prospective comme démarche fondamentale [64].
Toutefois, à l'instar du Nord - Pas-de-Calais, une Mission Prospective,
proche du Conseil régional [65],
leur permet de préparer de manière volontariste les plans régionaux, les
contrats de plan Etat-Région et de s'inscrire
dans le chantier plus vaste de la prospective territoriale initiée par la
Datar (Délégation à l'Aménagement du
Territoire et à l'Action régionale), à partir de son Service Etudes et
Prospective.
Avec
son programme France 2020, lancé en 1997, la
Datar veut en effet mieux appréhender les mutations qui
rétroagissent sur le territoire français, définir les enjeux pour
l'action publique et constituer un outil d'aide à la décision.
L'horizon de ce programme est la France de 2020 et le continent européen.
Un conseil scientifique composé de 18 membres, choisis pour leur
compétence en matière de prospective et d'aménagement du territoire, suit
et évalue les travaux [66].
A cet effet, la Datar a organisé une série de
groupes de prospective pour aborder les grandes questions que pose le
futur des territoires et des projets de la France de 2020. La démarche
connaît actuellement sa troisième génération de groupes de réflexion.
Pour Jean-Louis Guigou, la Datar passe ainsi
de la prospective cognitive à la prospective stratégique
[67]
.
L'ensemble de ces initiatives, se situant à des niveaux de compréhension
et de décisions différents (mondial, européen, étatique, régional),
ont pour vocation un travail complémentaire en
réseau dans lequel chacun nourrit l'autre de ses données, analyses et
scénarios.

La Wallonie contemporaine a longtemps et largement manqué d'une
capacité de renouveau. Prisonnière d'une logique de déclin économique,
culturel et donc politique, elle s'est largement inscrite jusqu'il y a
peu dans le scénario décrit par le professeur au collège de France,
Alfred Sauvy, pour le Conseil économique wallon en 1962 : un pays
de vieilles gens aux vieilles idées dans de vieilles maisons.
Si
la prospective remonte aux écrits de Gaston Berger, début des années 1960,
on peut s'interroger sérieusement sur le désir, la volonté ou la capacité
des élites wallonnes, tant de cette époque que des périodes qui ont suivi,
d'oser un regard vers un horizon battu par une tempête permanente que rien
ne semblait en mesure d'apaiser.
Les
efforts de pro-activité (agir pour provoquer
les changements souhaités) ont été timides. Ils ont presque
essentiellement trouvé leur origine dans le
renardisme ainsi que dans les projets de fédéralisme et de réformes
de structure qui y étaient associés. Au delà du rapport Sauvy, on notera
deux efforts tangibles : d'une part, celui du Dossier pour un
gouvernement wallon, publié en 1970 par Emile
Nols et Georges Vandersmissen; d'autre
part, celui du Groupe Bastin-Yerna, édité en
1971 sous le titre Quelle Wallonie ? Quel socialisme ? Aucune de
ces deux réflexions ne relevaient de la prospective.
Il
faut noter que, dix ans plus tard, la Commission "Avenir économique de la
Belgique" de la Fondation Roi Baudouin s'est inspirée des travaux de
prospective menés par l'OCDE sous la direction de Jacques Lesourne pour
publier, en 1981, un travail de prospective économique. Construit à partir
d'interviews de quarante personnalités, cette étude de prospective sera
toutefois contestée par plusieurs membres de cette même Commission. Il
n'est pas inutile de relever ici qu'une des objections fondamentales
présentée dans une note de minorité par Georges
Vandersmissen était que le rapport se refusait
de considérer la dimension régionale des problèmes économiques
évoqués. Et le directeur de la Fondation André Renard d'ajouter qu'il
déplorait cette absence d'approche car il s'agit d'un facteur objectif
dont la prise en compte est indispensable avant de définir des stratégies
de politiques économiques applicables en Belgique
[68].
Peut-être interpellé par les travaux d'Interfuturs,
l'Institut Jules-Destrée s'est également intéressé à la prospective fin
des années 1970. Ainsi, sous la direction de Jacques Lanotte, l'Institut
Jules-Destrée a mené à bien la coordination d'un travail entamé en 1976,
portant sur l'avenir culturel de la Communauté française Wallonie -
Bruxelles et en a assuré l'édition en 1979. L'ensemble des contributions
se voulait une réflexion prospective sur diverses pratiques
culturelles, à partir de quelques situations, ou d'expériences,
révélatrices de tendances naissantes dans la communauté [69].
Pour le directeur de l'Institut, l'idée était donc bien de dégager
l'avenir culturel, en le reliant intensément à la société et aux
groupes qui la composent. L'Institut Jules-Destrée est également à
l'origine, en 1978, d'un projet de travail portant sur la prospective
économique de la Wallonie. Accueilli avec réserve par le partenaire
escompté, il ne pourra être mené à bien pour des raisons budgétaires
[70].
Au
début des années 1980, et surtout à partir de 1985, l'Institut
Jules-Destrée s'est attaché à créer une dynamique collective wallonne
résolument tournée vers l'avenir. Le premier volet de cette démarche
s'intitulait Culture, Wallonie, An 2000, et l'enjeu portait sur
La place et la fonction de la culture dans la société wallonne de l'an
2000. Il s'agissait d'articuler travail et temps libre, de poser le
problème de l'impact de la troisième Révolution industrielle sur la
société wallonne, en étudiant principalement les perspectives 2000 en
matières économiques et sociales, ainsi que les enjeux culturels. La
dynamique des congrès La Wallonie au futur s'est inscrite dans la
durée à partir de l'affirmation de 1987, Vers un nouveau paradigme,
et s'est poursuivie jusqu'aujourd'hui, notamment au travers de l'exercice
Wallonie 2020 [71].
De
manière comparative, Fabienne Goux-Baudiment note que c'est à la fin des
années 1980 que, en France, les Conseils régionaux ou les Conseils
économiques et sociaux régionaux initient des exercices pionniers de
prospective territoriale. C'est le cas particulièrement de la
Haute-Normandie [72],
de Rhône-Alpes [73],
du Limousin [74],
de la Région Ile de France[75]
et du Nord - Pas-de-Calais [76],
avec des ampleurs différentes.
La
directrice de proGective réserve précisément l'appellation de "prospective
régionale" à toute démarche prospective mise en œuvre par des Conseils
régionaux ou des Conseils économiques et sociaux régionaux [77].
Ce qui frappe dans La Wallonie au futur, c'est sa démarche en
bottom up, où cette idée
signifie ‑ et le sens en est différent en France ‑ que c'est véritablement
la société civile qui prend l'initiative de la prospective, et non le
Conseil régional. Ainsi, en Wallonie, la démarche prospective se situe
déjà dans la logique rêvée d'une initiative de la société civile en appui
des pouvoirs publics, dans l'intérêt régional [78].
Cette idée est d'ailleurs développée par Raymond Barre, un des décideurs
politiques qui a poussé le plus loin la prospective dans son espace de
travail :
Car
pour être efficace la prospective doit s'émanciper des seuls cénacles,
des seuls élus politiques et des hauts fonctionnaires, pour animer la
société locale tout entière et l'aider à mieux se situer dans
l'effervescence du temps présent.
Il s'agit aujourd'hui d'élaborer tous ensemble un
projet de développement global à la mise en œuvre duquel les uns et
les autres contribuent ensuite au travers de multiples projets
concrets, qu'ils soient matériels (équipements, innovations
techniques…) ou immatériels (apprentissages, ingénierie de projet,
diffusion du savoir,…)
[79].

Pour définir un projet mobilisateur et porteur de sens, il faut en
comprendre le sens avant de le partager. C'est une occasion pour que
la citoyenneté prospective puisse s'exprimer
[80].
La
Wallonie se situe aujourd'hui, de manière évidente, à un point de
bifurcation : ce moment constitue pour les acteurs un tournant
stratégique. En s'inscrivant en tant que nette rupture par rapport aux
blocages politiques, culturels et sociaux de la société wallonne, ainsi
qu'en se donnant les moyens et le temps d'une action concertée et durable,
le Contrat d'Avenir pour la Wallonie semble avoir modifié la donne
séculaire ou, à tout le moins, peut constituer une opportunité pour un tel
changement.
En
effet, en s'efforçant de mobiliser les acteurs sociétaux au travers d'une
démarche de contractualisation, en marquant sa détermination à faire table
rase des politiques obsolètes, des idées reçues, et des pratiques
politiques et budgétaires anciennes, le Contrat d'Avenir pour la Wallonie
s'est posé en vecteur de changement culturel face à la logique de déclin
de la Région. En manifestant sa volonté de rompre avec ce qu'il a
identifié comme étant un mauvais scénario, le Gouvernement wallon s'est
déjà inscrit dans une démarche pro-active. En
décidant d'intégrer une dynamique d'évaluation systématique au pilotage de
son contrat-projet, il se donne les moyens
d'un ajustement possible de ses actions en vue d'atteindre les impacts
attendus de sa politique.
La
prospective peut ainsi constituer ainsi non seulement un outil au service
d'un projet régional en construction permanente, mais aussi un facteur
dynamique de ce projet. Ainsi que le souligne le professeur Fabrice
Roubelat, dans le cadre d'un changement de paradigme, la prospective,
en tant que processus s'appuyant sur des réseaux d'hommes, contribue ainsi
à modifier les représentations collectives dans l'organisation et son
environnement. La prospective apparaît ainsi non seulement comme un
processus de réflexion, mais aussi, à travers la création de sens, comme
un processus d'action [81]
.

C'est à l'occasion de l'ouverture du quatrième congrès La Wallonie
au futur; le 9 octobre 1998, que le président de l'Institut
Jules-Destrée, Jean-Pol Demacq, a annoncé la volonté de cette
institution de mettre en place, de manière structurelle, un centre
indépendant de prospective pour la société wallonne
[82].
Cette initiative a été proposée au Gouvernement wallon le 27 juillet
1999, lors d'un entretien avec le
ministre-président Elio Di Rupo, afin qu'elle puisse être mise
en œuvre dans le cadre du partenariat pluriannuel qui lie l'Institut
Jules-Destrée au Gouvernement wallon depuis 1994.
Réuni à l'Hôtel de Ville de Charleroi le 21 décembre 1999, le Conseil
d'Administration de l'Institut Jules-Destrée a souligné son attachement à
la démarche de contractualisation que constitue le Contrat d'Avenir pour
la Wallonie, a proposé d'y prendre sa part à la fois en apportant sa
contribution à la mise en place d'un Réseau des Acteurs wallons porteurs
de Projets et en confirmant la décision de proposer au Gouvernement wallon
la mise en place d'une cellule de prospective régionale indépendante.
En réseau avec ses homologues régionaux européens – et particulièrement
français , avec le Service des Etudes et
de la Statistique du Ministère de la Région wallonne, ainsi qu'avec la
Cellule de Prospective de la Commission européenne, cette cellule serait
chargée d'une mission de veille et d'éveil de la société wallonne, dans sa
démarche prospective [83].
C'est
le 31 mars 2000 que, à l'occasion de la journée d'étude organisée sur la
prospective et le développement régional, le Ministre-président a annoncé
sa décision de confier cette mission à l'Institut Jules-Destrée. Pour Elio
Di Rupo, outre des prérogatives spécifiques du Gouvernement wallon,
le rôle de la cellule indépendante de prospective
sera d'assurer des missions de prospective plus générales :
–
la veille et la détection de signaux porteurs de sens ;
– l'animation de la réflexion générale sur l'avenir de la Région
wallonne ;
– une activité de recherche prospective, directement ou en partenariat ;
– une fonction de conseil pour le gouvernement wallon
dans les matières retenues et ce, dès la mise en place de la cellule
[84].
Le 5
juin 2000, le nouveau Ministre-président Jean-Claude Van Cauwenberghe
confirmait cette volonté d'engager la Wallonie dans la prospective. C'est
dans cette perspective que fut rédigée la nouvelle convention de travail
qui, depuis 1994, lie l'Institut Jules-Destrée à la Région wallonne dans
un certain nombre de domaines.
L'Institut Jules-Destrée dispose des deux premiers atouts majeurs pour
s'interroger sur les futuribles de la Wallonie. Le premier est sa capacité
de réponse à la première question méthodologique des chercheurs qui
travaillent dans le domaine de la prospective stratégique ‑ qui
suis-je ? ‑, c'est-à-dire le capital de la recherche entreprise de
longue durée par l'Institut Jules-Destrée sur l'identité de la Wallonie.
On pense bien sûr, à ce qu'écrivait Fernand Braudel dans L'identité de
la France :
Voilà donc l'histoire invitée à quitter les quiétudes
du rétrospectif pour les incertitudes de la "prospective". Mais
n'est-ce pas le mouvement naturel de la réflexion historique que de
passer, comme le disait Joseph Chappey,
"d'un vrai historique apparent à un vrai historique caché", ou à un
historique à venir ? Quand je me pose des questions sur l'identité de
notre pays, observé par priorité à travers de l'épaisseur de son
passé, n'est-ce pas à propos de la France de demain que je me
tourmente et m'interroge ? Les forces contradictoires d'hier et
d'aujourd'hui, accrochées les unes aux autres, ne cessent d'engendrer,
d'être une histoire profonde sur laquelle la France dérive. Ces forces
seront encore là demain sur lesquelles tout se construit, tout, à
l'occasion, peut se détruire, sans que l'on en devine toujours les
vraies raisons et, moins encore, l'heure exacte
[85].

Le
deuxième atout de l'Institut Jules-Destrée consiste en son capital de
connaissance scientifique et de documentation, c'est-à-dire sa
connaissance non seulement des domaines politiques, économiques, sociaux,
culturels de la Wallonie, mais aussi des données sur l'élaboration d'un
projet wallon sur le long terme, depuis la fin du
XIXème siècle. L'Institut Jules-Destrée dispose d'autres atouts non
moins importants. Ainsi, comme l'indique Fabrice Roubelat, la
prospective stratégique peut être définie comme une activité d'animation
de réseaux visant à remettre en cause, à travers une réflexion collective
sur les futurs possibles, les représentations des différents acteurs qui
forment l'entreprise et son environnement, en vue d'orienter la stratégie
de l'organisation [86].
Le travail mené depuis 1987, dans le cadre du congrès La Wallonie au
futur, atteste de la capacité de l'Institut Jules-Destrée à réaliser
ce type de tâche d'animation de réseau, grâce surtout au capital de
confiance dont il dispose dans les milieux scientifiques, mais aussi à son
pluralisme philosophique et politique affirmé et vécu.

Il
nous faudra toutefois souligner que c'est moins une étude de
prospective qu'il s'agit de réaliser qu'un processus de réflexion
participative qu'il convient d'initier. En effet, c'est en suscitant une
réflexion globale au niveau local que l'on fera naître le désir d'un
rapprochement des idées et d'une mise en cohérence autour d'un, ou plutôt
de plusieurs projets pour le territoire [87].
Ainsi, cette dynamique devra permettre, de manière prioritaire, de mieux
associer les universités – fort absentes en tant que telles de la
réflexion sur le projet de Contrat d'Avenir pour la Wallonie – à
l'élaboration d'un nouveau paradigme pour la Région. Cette dynamique
permettra également de valoriser les compétences de ces institutions
scientifiques que l'interdisciplinarité et la résolution collective de
problèmes dynamisent plus que tout autre mise en réseau.
L'expérience montre qu'une cellule ou une mission de prospective ne
saurait fonctionner dans le long terme qu'en bénéficiant d'une
indépendance réelle d'actions, de méthodes et de champs de recherches,
permettant la créativité voire l'impertinence [88].
L'objectif est moins d'être une boussole qu'un détecteur de mines, un
fanal éclairant les zones d'ombre, pour reprendre les formules de
Jérôme Vignon [89].
Le directeur de l'Advisory Unit auprès du
secrétaire général de l'OCDE, le professeur Wolfgang
Michalski, indiquait, sur base de sa propre expérience, la
difficulté d'une relation entre une cellule de prospective, quelle qu'elle
soit, et les pouvoirs publics. D'une part, expliquait-il, si une telle
organisation essaie de dire aux pouvoirs publics ce qu'ils aiment
entendre, c'est du gaspillage des deniers publics. D'autre part, il
indiquait la nécessité pour le prospectiviste de se comporter envers les
décideurs comme un poisson-pilote envers le requin : si on est trop
près du requin, on se fait manger; si on est trop innovant, le
gouvernement aura de la peine à vous suivre [90].
Evoquant l'idée de scénario de l'inacceptable cher à Jacques
Chaban-Delmas, Jacques Lesourne insiste également sur cette question en
soulignant que les scénarios les plus probables sont d'ailleurs
toujours dits inacceptables par les commanditaires de la prospective [91].
La question de l'appropriation de la prospective – et donc la difficulté
de créer une relation constructive entre interlocuteurs wallons – doit
pouvoir être surmontée par la mise en place d'une relation effective de
confiance, faite de rencontres régulières, organisées entre les ministres
du gouvernement eux-mêmes et les responsables de la prospective.
Le
positionnement de l'Institut Jules-Destrée s'inscrit dès lors dans la
logique d'un partage de l'information récoltée et produite, tel que
l'illustre Jacques Lesourne en faisant référence au Commissariat général
au Plan. D'un côté cet organisme est au service du gouvernement et peut,
dans la discrétion, étudier pour ce dernier des problèmes et proposer des
suggestions. De l'autre, il fait travailler des commissions sur de vastes
sujets et rend publics leurs rapports afin que les élites et les relais
d'opinion prennent conscience des changements nécessaires
[92].

Ainsi que l'indique Michel Quévit, la démarche
prospective est fondamentalement stratégique. C'est pourquoi,
explique l'administrateur délégué du RIDER 2, la finalité de la
prospective consiste d'abord à être orientée vers l’action et non à
théoriser des problèmes, bien qu’elle fasse appel à des instruments
méthodiques rigoureux voire même très sophistiqués.
Cette finalité stratégique de la prospective pose
d’emblée la question de ses rapports, et avec l’action régionale – en
tant qu’outil d’aide à la décision, et avec la gouvernance régionale
dont elle est évidemment un instrument privilégié. Mais, cette
articulation conduit à devoir clarifier le statut spécifique et
l’autonomie du Système Régional de Prospective :
‑ La prospective n’est pas la stratégie mais elle
l’éclaire, la prépare et lui donne un référent pour la définition des
orientations stratégiques de la société, ici en l’occurrence la
société wallonne. A ce titre, elle doit rester "interpellante"
vis-à-vis des acteurs de cette société.
‑ Le SRP ne peut être en
aucun cas l’instrument du seul pouvoir institutionnel car la
prospective s’adresse à toutes les composantes de la Wallonie en tant
que collectivité territoriale et non seulement en tant qu’entité
politique
[93].

On
doit, avec Michel Quévit, déduire de cette réflexion que le Système
régional wallon de Prospective est au service du projet de société de la
Wallonie, comme élément de la construction du discours stratégique de la
Wallonie sur elle-même et sur son avenir Ce sont les questions du qui
"suis-je ?" et "que vais-je faire ?", posées plus haut par Michel Godet.
L'enjeu du SPR est donc bien précisé : il
s'agit bien d'identifier les besoins latents et réels de la population et
d'articuler ces besoins aux grandes mutations sociétales pour construire
un regard commun. Ainsi que l'affirmait avec raison l'ancien Délégué de la
DATAR, Jean-Louis Guigou, s'il n'y a pas de vision commune, il n'y a
pas d'action commune [94].
Ni
structure, ni bureau d'études, le Système régional wallon de Prospective
constitue dès lors un cadre organisé d'échanges entres des réseaux
d'acteurs au travers de mécanisme d'animation, de concertation et de
légitimation impliquant tous les acteurs au projet régional. Son
objectif consiste à construire le consensus régional sur base de la
maîtrise de la connaissances des grandes
mutations et de leurs implications sur le devenir de la société globale
par les citoyens dont il a appuyé la sensibilisation et l'expression des
besoins sociétaux. Comme l'indique Michel Quévit, dans cette optique,
la démarche du SPR est un corollaire de celle
du Contrat d'Avenir pour la Wallonie initiée par l'actuel Gouvernement
wallon, qui se fonde sur une réelle démarche participative et
contractuelle entre le Gouvernement wallon et les représentants de la
société wallonne [95].

Le
dispositif du Système régional wallon de Prospective est organisé autour
de quatre composantes opérationnelles de base bien décrites par Michel
Quévit dans la note déjà mentionnée :
–
un dispositif de prospective autonome reliée
à la société civile et à la dynamique des acteurs impliqués dans la
construction du discours stratégique régional;
– un lieu de concertation permanente avec les services du
Ministre-président du Gouvernement wallon;
– un pôle de prospective servant d'appui logistique à la démarche
globale du Système régional wallon de Prospective;
– l'insertion du Système régional wallon de Prospective dans les réseaux
européens de prospective.

1. Le travail de prospective que nous devons développer en Wallonie
s'inscrit dans la filiation de la prospective française telle
qu'initiée par Gaston Berger. Il s'agit de cette prospective dont
Fabienne Goux-Baudiment écrit qu'elle n'est pas un simple catalogue
méthodologique, qu'elle tire toute sa force et son originalité
de la philosophie profondément humaniste qui l'anime, celle qui
aide donc à réfléchir sur les buts que l'on souhaite atteindre, sur
les finalités de l'action, sur le bien commun, l'intérêt général… [96]
Cette prospective ne peut être que collective, participative,
rigoureuse, honnête dans ses attendus comme dans ses constructions.
Elle se veut totale, globalisante, systémique.
Cette
référence n'exclut pas d'y inscrire les apports, de plus en plus nombreux
et nécessaires, du foresight, notamment
asiatique et océanique, mais aussi européen [97].
Dans
tous les cas, les méthodes utilisées doivent être pragmatiques,
c'est-à-dire accorder la priorité à l'action et à la pratique. Elles
doivent toujours rester au service du projet défini. Comme le répète
Hugues de Jouvenel, une imperfection opérationnelle est meilleure
qu'une perfection qui ne l'est pas.
Dans
tous les cas, on se convaincra que l'essentiel du travail prospectif
réside dans la qualité du questionnement [98].

2. Le
travail de prospective qui s'entame en Wallonie ne peut être ni détaché ni
du temps, ni coupé de l'espace. Il s'inscrit à la fois dans les temps long
et court de l'histoire de la Wallonie ainsi que dans un présent difficile
mais exaltant. Il s'inscrit aussi dans des espaces en émergence, une
région qui est plus qu'une région, dans un Etat fédéral qui se vide de sa
souveraineté, dans une Europe qui se recompose et ne connaît pas les
limites de son espace final, dans un monde dont les composantes se
rapprochent et les interdépendances s'accroissent et qui, par là, se
rétrécit. Ces dynamiques nouvelles, chargées d'historicité et de
temporalité, ouvrent l'avenir et constituent donc une chance pour
l'action pensée.

3. En
terme de fondements, cette prospective wallonne
en construction dispose à la fois de bases faibles et de bases fortes,
sous les quatre aspects de l'expertise, du cadre dans lequel elle
s'inscrit, des désirs et besoins sociétaux ainsi que de l'intelligence
collective.
3.1. Il n'existe pas de tradition d'expertise ni de centre d'excellence
en matière de prospective en Wallonie, ni d'ailleurs à Bruxelles – à
l'exception bien entendu des milieux de la Commission – et, semble-t-il,
pas en Flandre non plus. Un certain nombre d'expériences ont été
entamées ou menées qui, jamais n'ont pu se poursuivre de manière durable
et atteindre un niveau de résultat suffisant. On peut citer le Conseil
central de l'Economie, la Fondation Roi Baudouin ou plusieurs études
sectorielles menées par des services universitaires ou non (ADRASS,
LENTIC, etc.). Des experts internationaux,
particulièrement français, ont pu toutefois initier ou structurer
méthodologiquement ou simplement participer à des dynamiques internes
performantes, notamment en matière de veille prospective (Forem,
GRD de Louvain, etc.).
3.2. La nouvelle gouvernance, prônée au niveau global, mais d'abord
engagée au niveau local constitue un cadre réel de déploiement de la
prospective. En ce qui concerne la Wallonie, le Contrat d'Avenir pour la
Wallonie a construit un environnement structuré pour cette nouvelle
gouvernance. Déjà l'évaluation a commencé à y prendre place. Ce cadre
constitue un terrain particulièrement favorable pour la mise en œuvre
d'une prospective collective et participative qui devrait permettre
l'ajustement des politiques dans la présente législature et surtout, la
préparation de la prochaine génération de contrat.
La prospective wallonne devrait permet également de rencontrer deux
difficultés par l'actuelle contractualisation régionale wallonne. D'une
part, malgré les politiques croisées entre la Communauté Wallonie -
Bruxelles et la Région wallonne, le Contrat d'Avenir pour la Wallonie
connaît toutefois les mêmes limites que la Région pour insuffler des
actions dans des secteurs éminemment stratégiques pour le redéploiement
wallon dont la compétence lui échappe comme l'enseignement, la culture,
voire la recherche. D'autre part, cette contractualisation reste encore
trop soumise à la logique politique respectable mais fatalement
réductrice entre la majorité et l'opposition au Parlement wallon. Dans
ces deux cas, le Système régional wallon de Prospective devrait pouvoir
créer les lieux nécessaires à assurer la cohésion régionale.
3.3.
Les désirs et besoins sociétaux de la Wallonie apparaissent
particulièrement importants. Non seulement, comme tout territoire du
monde, la Wallonie est confrontée aux enjeux
globaux de la transition et de la mutation en cours mais en plus, on le
sait, elle semble sortir progressivement, depuis 1986, d'une situation
de long déclin. Le renouveau reste toutefois nettement marqué, par les
"friches industrielles culturelles", c'est-à-dire les valeurs et les
croyances de la vieille industrialisation. Avec la renaissance wallonne
dont on peut aujourd'hui percevoir des prémisses, le regard des acteurs
wallons peut désormais se faire plus lointain pour rétroagir sur le
quotidien. Il s'agit ainsi, comme le soulignait le prospectiviste
allemand Oliver Schlake, de traduire le
présent dans une vision de l'avenir pour induire à partir du futur
désiré des actions à prendre au présent [99].
3.4. La dynamique d'intelligence collective et de création d'une vision
commune qui s'est poursuivie pendant quatorze ans au travers des congrès
La Wallonie au futur et de son nouveau paradigme constitue une
expérience tangible de pré-prospective
régionale wallonne. Comme l'a montré Michel Quévit, ces exercices ont
permis de construire un discours stratégique à partir des acteurs et
contribué à faire naître une société wallonne – qui n'existait pas au
début des années quatre-vingt – et d'y inscrire la culture du consensus.
Une pédagogie du futur y a été élaborée à partir de la société civile,
avec une capacité d'interpellation des décideurs économiques, sociaux
et politiques. De même, des réseaux d'acteurs y ont été mobilisés
durablement. Il s'agit assurément de fondations importantes pour les
initiatives futures en matière de prospective.

4.
Les parties prenantes, la prospective wallonne, le Système régional wallon
de Prospective, les services du Gouvernement wallon, le Pôle de
Prospective de l'Institut Jules-Destrée doivent désormais s'attacher à
identifier les enjeux pour y déceler les tendances, les ruptures, les
bifurcations. Fidèle à la mission qui lui a été confiée, l'Institut
Jules-Destrée met en place, avec plusieurs partenaires, des réseaux de
prospectives nouveaux, internes et externes à la Wallonie, permettant de
répondre à cette demande d'identification d'enjeux, en positionnant sa
réflexion bien au-delà, en terme d'horizon, de toutes les réflexions
menées jusqu'ici dans ce pays. Car la vraie question collective à résoudre
pour la Wallonie est la même que celle que Jacques Lesourne a posée
partout dans le monde durant sa longue carrière de prospectiviste, de
Tokyo à New-York : comment penser ce qu'on
va devenir ? ou, à la manière de Lawrence
L. Lippitt : Where
do we want to go
together ? [100]
En
examinant attentivement le Système régional wallon de Prospective, une
question fondamentale vient à l'esprit : celle de l'articulation entre les
acteurs de la prospective régionale. C'est assurément de la qualité du
dialogue construit entre eux que dépendra le fonctionnement du système et
dès lors, qu'une impulsion sera donnée à la prospective wallonne. Pour le
Gouvernement wallon, il s'agira d'être un interlocuteur attentif du
Système régional wallon de Prospective et un partenaire complice du Pôle
de Prospective afin de pouvoir dépasser tant les contingences de la
réactivité constante à laquelle doit faire face un Gouvernement. Pour le
Pôle Prospective de l'Institut Jules-Destrée, il s'agira de prouver ce que
l'on répète dans les milieux internationaux de la prospective, à savoir
que les thinktanks indépendants ont une
véritable capacité de production intellectuelle et de vision prospective [101].
S'ils l'ont, s'ils peuvent l'avoir, ce n'est pas – on l'aura maintenant
compris – par un génie intrinsèque quelconque. Tout au contraire, j'ai la
conviction qu'ils ne peuvent ou ne pourront acquérir cette capacité de
production prospective que, d'une part, par la modestie dont ils pourront
faire preuve dans leurs productions propres et, d'autre part, par
l'ampleur de leur écoute ainsi que par la qualité de leur questionnement
envers l'ensemble des acteurs de la société.
On se
souviendra des vers d'Antonio Machado qu'Edgar Morin évoquait dès les
premières pages de La Méthode : Caminando
no hay camino, se
hace el camino al
andar (Marcheur il n'est pas de chemin,
en marchant se construit le chemin)
[102].
Assurément, la Wallonie ne manque pas de fondements pour la prospective
qu'elle construira collectivement. Elle devra, elle aussi, poursuivre ou
inventer son propre chemin

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[1]
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la Commission spéciale du Plan, dans Prospective, débats, décision
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dans Futuribles, Octobre 1998, p. 28.
[2]
Ces derniers termes renvoient à l'essai de définition de la gouvernance
par Philippe C. Schmitter, professeur à
l'Institut universitaire européen de Florence et à l'Université de
Standford : la gouvernance est une
méthode ou un mécanisme de résolution d'une vaste série de problèmes ou
de conflits, par laquelle/lequel les acteurs parviennent régulièrement à
des décisions mutuellement satisfaisantes ou contraignantes, à travers
la négociation et la coopération lors de la mise en œuvre de ces
décisions. Philippe C. SCHMITTER,
Réflexions liminaires à propos du concept de gouvernance, dans
Corinne GOBIN et
Bennoît RIHOUX éd., La démocratie
dans tous ses états, Systèmes politiques entre crise et renouveau,
p. 51-59, Louvain-la-Neuve, Academia-Bruylant,
2000.
[3]
Conclusions du séminaire de l'OCDE, Les avancées de la prospective
territoriale, Paris, OCDE, 11-12 décembre 2000.
[4]
Jean-Paul BAILLY, Président directeur général de la RATP, Rapporteur de
la Commission spéciale du Plan, dans Prospective, débats, décision
publique, Avis du Conseil économique et social, reproduit
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[5]
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[6]
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[7]
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[8]
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[9]
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[10]Prospective,
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[11]
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[12]
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[13]
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[20]
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[21]
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[22]
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[23]
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dans Le Soir, 12 octobre 1973, p. 3.
[24]
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cit., p. 169.
[25]
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[26]
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[27]
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[28]
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2000.
[29]
Cité par Hugues de JOUVENEL, La démarche prospective, Un bref guide
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[30]
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Séminaire de l'OCDE, Les avancées de la prospective territoriale,
11 décembre 2000.
[31]
Fabienne GOUX-BAUDIMENT, Donner du futur aux territoires, … p.
265.
[32]
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de service public, aux Assises de la Prospective, Paris,
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[33]
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[34]
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adoptée lors de son Assemblée générale du 29 avril 2000
[35]
Pierre SEIN, Prospective, Réfléchir librement et ensemble, dans
Sud-Ouest basque, 10 juin
1992, p. 1. – voir aussi Michel GODET, Prospective et dynamique des
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[36]
Fabienne GOUX-BAUDIMENT, Une nouvelle étape du développement de la
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pontificale grégorienne de Rome, Facultés des Sciences sociales, 2002.
[37]
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[38]
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1999.
[39]
Christian STOFFAËS [directeur à la
présidence et direction générale d'EDF], La prospective dans une
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draft p. 6/9.
[40]
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Paris, Université Dauphine, 8 décembre 1999.
[41]Fabienne
GOUX-BAUDIMENT, Donner du futur aux territoires, Guide de prospective
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[42]
Thierre
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[43]
Au colloque organisé en l'honneur de Jacques Lesourne, le 11 janvier 000
au Conservatoire national des Arts et Métiers à Paris.
[44]
Voir notamment Michel GODET, Manuel de prospective stratégique, 2
vol., Paris, Dunod, 1997 – Hugues de
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dans Futuribles, Novembre 1999, p. 47-68. – Philippe
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[45]
Edgar MORIN, Les sept savoirs nécessaires à l'éducation du futur,
p. 37, Paris, Seuil, 1999. Edgar Morin rappelle le principe de Pascal :
Toutes choses étant causées et causantes, aidées et
aidantes, médiates et immédiates, et toutes
s'entretenant par un lien naturel et insensible qui lie les plus
éloignées et les plus différentes, je tiens impossible de connaître le
tout sans connaître particulièrement les parties. PASCAL, Pensées,
Paris, Garnier-Flammarion, 1976.
[46]
Edgar MORIN, Les sept savoirs…, p. 39. – voir aussi E. MORIN,
La méthode, 1. La nature de la nature, Paris, Seuil, 1977.
[47]
Voir les développements utiles de Pierre GONOD,
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[48]
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[49]
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[50]
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[51]
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[52]
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[56]
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[57]
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[58]
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[59]
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[60]
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[61]
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[62]
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[63]
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[64]
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[65]
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[66]
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[67]
Jean-Louis GUIGOU, Prospective et territoires, Exposé fait aux
Assises de la Prospective, Paris, Université Dauphine, 8-9 décembre
1999. –
GUIGOU Jean-Louis, Aménager la France de
2020, Mettre les territoires en mouvement, Paris, DATAR- La
Documentation française, 2000. – Programme de prospective Territoires
2020, 2000-2003, Paris, Datar, 2000, 16
p.
[68]
Commission Avenir économique de la Belgique de la Fondation Roi
Baudouin, L'avenir économique de la Belgique, préface d'André
MOLITOR, p. 154, Bruxelles, Fondation Roi Baudouin, 1981.
[69]
INSTITUT JULES DESTREE, Fonds Institut Jules Destrée, Correspondance
1978-1979, 1979 (Lettre de Jacques Hoyaux à Bernard
Gillain du 14 février 1979).
[70]
INSTITUT JULES-DESTREE, Fonds Guy
Galand, Entretien avec G.
Vandersmissen à la Fondation André Renard le
10 octobre 1978 (note du 7 novembre 1978).
[71]
Philippe DESTATTE, Prospectives territoriales, réformes
institutionnelles et gouvernance : le cas de la Wallonie,
Intervention au séminaire de l'OCDE Les avancées de la prospective
territoriale, Paris, OCDE, 11-12 décembre 2000, 12
p.
– Philippe DESTATTE, C'est quand qu'on va où ? La Wallonie : un futur
pour un présent, dans Wallonie, ma région, Avril 2001, p.
73-79. – Philippe DESTATTE, Les questions ouvertes de la prospective
wallonne ou quand la société civile appelle le changement, dans
Territoires 2020, Revue d'études et de prospective de la DATAR, n°3,
Juin 2001, p. 139-153.
[72]
Drakkar 2000, Rouen, Conseil économique et social de
Haute-Normandie, 1987.
[73]
Prospective : vivre en 1995-2000, Dans quel cadre ? Dans quelles
conditions ?, Lyon, Préfecture de la Région Rhône-Alpes, Service
d'Etude du SGAR, 1987.
[74]
Etude prospective Limousin 2007, Limoges, Conseil région du
Limousin - Préfecture de Région, Editions du Limousin, 1988.
[75]
Ile de France 2000, Vers un projet régional, Paris, Conseil
régional, 1988.
[76]
Jean-François STEVENS, Lille, Eurocité : l'Europe à portée de main,
Lille, Centre d'Etudes et de Prospective du SGAR,
1989.
[77]
Fabienne GOUX-BAUDIMENT, Donner du futur aux territoires, … p.
36.
[78]
Fabienne GOUX-BAUDIMENT, Ibidem, p. 26.
[79]
Raymond BARRE, préface à l'ouvrage de Fabienne GOUX-BAUDIMENT, Donner
du futur aux territoires, Guide de prospective territoriale à l'usage
des acteurs locaux, p. 6, Lyon, Certu,
2000.
[80]
Jean-Claude THEBAULT, La prospective au
service de la construction européenne, aux Assises de la
Prospective, Paris, Université Dauphine, 9 décembre 1999.
[81]
Fabrice ROUBELAT, La prospective
stratégique, Des hommes et des organisations en réseaux, dans
Jacques THEPOT e.a.,
Décision, Prospective, Auto-organisation,
Mélanges en l'honneur de Jacques Lesourne, p. 303, Paris,
Dunod, 2000. – Voir également sur cette
question l'avis rendu par le Conseil économique et social de la
République française sur le Rapport de Jean-Paul Bailly au nom de la
Commission spéciale du Plan, Prospective, débat, décision publique, dans
Futuribles, Octobre 1998, p. 27-51.
[82]
Jean-Pol DEMACQ, La Wallonie au futur, de
la prospective de 1987 à la réalité d'aujourd'hui, dans La
Wallonie au futur, évaluation, innovation, prospective, p. 83,
Charleroi, Institut Jules-Destrée, 1999.
[84]
Elio DI RUPO, Une cellule indépendante de
prospective pour la Wallonie, dans Philippe DESTATTE dir.,
Evaluation, prospective et développement régional, p. 308,
Charleroi, Institut Jules-Destrée, 2001.
[85]
Fernand BRAUDEL, L'identité de la France, Espace et histoire, p.
20, Paris, Arthaud-Flammarion, 1986.
[86]
Fabrice ROUBELAT, La prospective
stratégique, Des hommes et des organisations en réseaux, dans
Jacques THEPOT e.a.,
Décision, Prospective, Auto-organisation,
Mélanges en l'honneur de Jacques Lesourne, p. 286, Paris,
Dunod, 2000.
[87]
Michel GODET, De la rigueur pour une indiscipline intellectuelle,
Intervention aux Assises de la Prospective, Paris, 8-9 décembre
1999, p. 21.
[88]
Marie-José AVENIER dir., Ingénierie des
pratiques collectives, La Cordée et le Quatuor, p. 41,
Paris-Montréal, L'Harmattan,
2000.
[89]
Marie BRANDELEER, Prospective,
Apprivoiser le futur, dans Tendances, 25 juin 1998, p. 24.
[90]
Wolfgang MICHALSKI, au colloque organisé au
Conservatoire national des Arts et Métiers en l'honneur de Jacques
Lesourne, à Paris, le 11 janvier 2000.
[91]
Jacques LESOURNE, conclusions du colloque
organisé au Conservatoire national des Arts et Métiers à Paris, le 11
janvier 2000. – Aux Assises de la Prospective, en décembre 1999,
Arie de Geus,
ancien Group PLanning
Coordinator de la Royal DutchShell et
Visiting Professor
à la London Business Scholl avait posé la
question How to
think the
unthinkable ?
[92]
Jacques LESOURNE, Un art difficile pour
l'entreprise : réfléchir pour agir dans La Prospective
stratégique d'entreprise : de la réflexion à
l'action ,
draft, p. 7, Paris,
Dunod, Février 2001.
[93]
Michel QUEVIT, Un système régional de
prospective pour la Wallonie, Principes, cadre et dispositif
organisationnel, p. 3, Namur, Institut Jules-Destrée, 9 mars 2001, 6
p.
[94]
Jean-Louis GUIGOU, Prospective et territoires, aux Assises de
la Prospective, Paris, Université Dauphine, 9 décembre 1999.
[95]
Michel QUEVIT, Un système régional de
prospective pour la Wallonie, Principes, cadre et dispositif
organisationnel, p. 3, Institut Jules-Destrée, 9 mars 2001, 6 p.
[96]
Fabienne GOUX-BAUDIMENT, Donner du futur aux territoires, … p.
24.
[97]
Michael KEENAN, Ian MILES & François FARHI,
Creating Vision in the Regions : A Framework for Organising Regional
Foresight, Paper presented to the World Futures Studies Federation,
XVII World Conference, Brasov, Romania,
September 2001, 11 p. – The Role of Foresight in the selection of
research policy priorities, Seville 13-14 May 2002, Conference
proceedings, IPTS-JRC, July 2002 -
European Commission, Report EUR 20406 EN.
[98]
Cette problématique a été très abordée lors d'un exercice organisé lors
du forum professionnel de la World Future Society le 26 juillet 2000.
C'est probablement mon impertinence wallonne qui m'avait fait poser
cette question lors de l'atelier Consultants :
the fonction of internal futures
advising and doing
the supporting
futures research, animé par John
Mahaffie, vice-président de
Coates & Jarratt,
à titre d'exemple de questionnement du futur : "Can
you imagine a future within people
are making futures
studies without consultants ?"
[99]
Oliver Schlake : Translating present in
future, leading to actions in present, World Future Society,
Houston, Texas, 26 juillet 2000.
[100]
Lawrence L. LIPPITT, Exploring the
"Magic" of Creating the Future, Exposé fait à Futures Focus 2000,
World Futures Society,Houston, 25
juillet 2000.
[101]
Hugues de JOUVENEL, Concepts et méthodes de veille et de prospective,
Futuribles, 25 janvier 2000. – C'est Jean-Paul Bailly qui le soulignait
: S'agissant plus précisément de la prospective, ceci veut dire que
l'Etat a naturellement vocation à constituer un pôle de prospective de
premier plan, mais qui, désormais ne peut plus prétendre être un pôle
exclusif, car il lui faut tenir compte d'acteurs multiples qui
revendiquent une part plus active. Son rôle serait donc davantage
d'encourager les grands acteurs socio-économiques – entreprises,
collectivités, groupes sociaux… – à s'associer à une réflexion
multipolaire, déployée selon une diversité de lieux et de structures
(publiques ou privées) : universités, grands établissements de recherche
scientifique ou technique, entreprises ou fondations indépendantes. Il
convient à ce propos, de saluer la prochaine création d'une Fondation
Paul Delouvrier, qui s'efforcera de mieux
anticiper les ruptures de la société. Force est de reconnaître qu'il
s'agit d'une initiative plutôt isolée en France. Pourtant, l'exemple
d'autres pays, comme les Etats-Unis ou l'Allemagne, montre que les
fondations constituent des institutions originales dont l'apport peut
être fécond et le rayonnement important. C'est pourquoi le Conseil
économique et social estime qu'il serait utile qu'une réflexion soit
menée sur la place et le rôle actuels et futurs des fondations dans
notre pays. Jean-Paul BAILLY, Président directeur général de la
RATP, Rapporteur de la Commission spéciale du Plan, dans Prospective,
débats, décision publique, Avis du Conseil économique et social,
reproduit dans Futuribles, Octobre 1998, p. 43.
[102]
Edgar MORIN et Jean-Louis LE MOIGNE,
L'intelligence de la complexité, p. 16 ,
Paris-Montréal, L'Harmattan,
1999.
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