Voici vingt-cinq ans, dans Interfuturs
[1],
Jacques Lesourne estimait que l'intégration du prolétariat interne
des sociétés occidentales était un fait acquis, notamment par le
développement constant des classes moyennes. Pour le prospectiviste
français, l'heure était venue de prendre en charge le problème du
prolétariat externe : plus de cent vingt pays avec une
population rapidement croissante, représentant déjà les trois quarts
de l'humanité, à l'égard desquels les nations industrielles ont une
responsabilité collective [2].
Ainsi, l'équipe de Jacques Lesourne avait fait l'hypothèse qu'un
consensus social aurait pu se mettre en place dans les pays
développés pour prendre en charge une partie du développement du
Tiers-Monde par une coopération économique accentuée.
En 1994, Paul Bairoch a mis en évidence le caractère récent de
l'inégalité entre les nations qui, selon l'économiste, trouve son
origine dans la Révolution industrielle du XIXème siècle. Ainsi, au
travers des siècles et des espaces, les civilisations ‑ à leur apogée
‑ avaient atteint des niveaux comparables : Rome au Ier siècle, les
califats arabes au Xème, l'Inde au XVIIème et l'Europe au début du
XVIIIème
[3].
A cette dernière époque, l'écart de niveaux entre les différentes
sociétés paysannes du monde était de l'ordre de 30 %. En 1870
toutefois, l'écart calculé en revenu par habitant, entre la nation la
plus riche et la plus pauvre en termes de revenu, est passé au ratio
de 1 au ratio de 11. En 1995, il est passé de 1 à 50
[4]
.
En 1999, Daniel Cohen confirmait la conclusion d'Interfuturs, en
soulignant que l'histoire du [XXème] siècle est celle d'une
formidable réduction des inégalités au sein des nations industrielles
et d'un élargissement tout aussi considérable des inégalités entre les
nations elles-mêmes
[5].
Dans Richesse du monde et pauvreté des nations, Cohen avait
d'ailleurs relevé le risque majeur d'un nouveau protectionnisme, qui
serait érigé par certains pays nantis à l'encontre des pays en
développement :
Pour ces pays, le commerce mondial n'est pas une figure de
rhétorique : c'est une promesse que soit annulé ce qui apparaîtra
peut-être comme une parenthèse de l'histoire de l'humanité : deux
siècles au cours desquels les nations du monde ont laissé se
creuser les écarts de prospérité et de puissance sans aucun
précédent dans l'histoire du monde. Le "grand espoir du XXIème
siècle pourrait être d'abord qu'il permette de resserrer les
inégalités entre les nations : on a vu que c'était un espoir
raisonnable
[6].
Pourtant, comme l'indique Michel Albert, plus nous parlons de
mondialisation, plus notre indifférence s'accroît à l'égard des pays
en déficit de développement. Le "trade not aid" se substitue de
plus en plus à la politique des transferts publics au Tiers-Monde.
Ceux-ci, il y a vingt ans, ne devaient pas être inférieurs à 1% du PIB
des pays riches. Michel Camdessus constatait, le 22 octobre 1998,
que ce ratio est tombé de 0,3 à 0,2 % depuis cinq ans, atteignant le
taux le plus bas depuis un demi-siècle
[7].
Le séminaire sur la "Prospective africaine", organisé à Paris en
octobre 2000 mettait en évidence que, entre les Accords de Lomé (1975)
[8]
et ceux de Cotonou (23 juin 2000), la part de l'Europe dans les
exportations africaines est restée supérieure à 40 % alors que, entre
1976 et 2000, la part des exportations africaines en Europe baisse de
plus de la moitié, passant de 6,7 % (1976) à 3 % (1998). Le Centre de
Recherche en Economie du Développement (CERED) relevait que, comme il
n'y a pas eu de changement significatif des spécialisations, ce sont
l'érosion des préférences et la baisse de l'aide qui ont marqué les
relations entre l'Europe et l'Afrique durant cette période
[9].
De son côté, Oxfam estime que les barrières douanières imposées par
les pays les plus influents coûtent, aux pays les plus pauvres,
environ 700 milliards de dollars par an, ce qui constitue quatorze
fois le montant de ce qu'ils reçoivent en aide internationale
[10].
Le Rapport mondial sur le développement humain 2001 met en
évidence les résultats désastreux, en termes de croissance, de
l'Afrique subsaharienne : le revenu moyen, déjà très faible, a baissé
de 1 % entre 1975 et 1999. Ainsi, au Mali et à Madagascar, il atteint
respectivement 753 et 799 dollars (en PPA 1999) contre 898 et 1.258
dollars en 1975 [11].
Un simple regard sur l'écart de revenus entre les différentes régions
supranationales ‑ tel que mis en évidence par le Programme des Nations
Unies pour le Développement en 2001 ‑, montre l'ampleur de la
prolétarisation mondiale, pour reprendre la formule de Jacques
Lesourne.

Les perspectives de l'OCDI, présentées dans Global Trends 2015
confirment la durabilité de cette évolution.

Ainsi, depuis 1965, le PIB des pays en développement s'est accru à une
moyenne de 2,2 % par an. Depuis 1990, ces pays ont connu une
croissance moyenne de 1,9 % contre 1,6 % pour les pays de l'OCDE.
Toutefois, l'Afrique sub-saharienne n'a connu aucune croissance par
habitant entre 1965 et 1999
[14].
Le constat de Michel Albert est partagé, alors que le drame reste
d'actualité. Analysant les perspectives de l'Afrique, et s'inscrivant
dans la longue période, Philippe Hugon relevait en 2000 la tension
entre, d'une part, le taux d'épargne estimé à 13 %, un taux
d'investissement de 18 %, les besoins considérables d'investissement
du continent et, d'autre part, la faiblesse des perspectives de flux
privés et la tendance à la baisse des flux publics, […] liée
principalement à la baisse de l'aide au développement
[15].
Ce besoin de financement a été mis en évidence lors du séminaire de
Prospective africaine organisé au ministère français de la
Coopération technique et de l'Aide au Développement au départ de
l'étude du CERED. Il est clair que, quels que soient les paramètres,
même en considérant une augmentation de la production supérieure à son
accroissement démographique, l'Afrique est dans l'incapacité
d'autofinancer les investissements nécessaires à son développement
[16].

1989 constitue un tournant dramatique dans le rapport entre pays du
Nord et pays du Sud. Loin d'ouvrir une ère de paix permettant au
Tiers-Monde de toucher les dividendes de la fin de la Guerre froide,
l'effondrement du Rideau de fer induit le reflux massif de l'aide
publique au développement, qui a perdu son utilité géopolitique
[17].
Comme l'indique Sylvie Brunel, à partir de l'expérience du terrain
:
l'intervention américaine en Somalie, en décembre 1992, qui
s'achève quelques mois plus tard dans la débandade, la violence et
le chaos – dont ce pays n'est toujours pas sorti aujourd'hui –
semble sonner le glas des espérances humanitaires. Non, le monde
ne recueille pas les dividendes de la paix. Non, l'ingérence ne
met pas fin aux tragédies de certains peuples. La société
mondialisée, loin de niveler les différences, creuse au contraire
le fossé qui éloigne les exclus des consommateurs
[18].
[…]
L'espoir de transformer le monde par la seule force de sa bonne
volonté est mort sur les plages de Mogadiscio, un jour de décembre
1992
[19].
Tant pour les gouvernements que pour les organisations
non-gouvernementales, la période actuelle est celle de la fin des
illusions
[20].
Un regard sur les chiffres est donc nécessaire. L'analyse des flux
d'aide en provenance des pays membres du Comité d'Aide au
Développement de l'OCDE, soit vingt-deux pays, fait apparaître une
nette diminution de l'aide publique nette versée au développement
entre 1990 et 1999 : elle est passée de 0,34 % à 0,24 % de leur PNB
global. Cela signifie que, par habitant de ces pays donateurs, l'aide
est passée de 77 dollars (valeur 1998) en 1990 à 66 dollars en 1999.
Dans ce dernier montant, l'aide aux pays les moins avancés ne
représente que 19 dollars par habitant [21]
.
Si on analyse l'aide fournie par quelques pays, on obtient le tableau
suivant :
Pays |
Aide totale 1999
(millions de dollars) |
% du PNB
1990 |
% du PNB
1999 |
Aide par habitant
1990 |
Aide par habitant
1999
(en dollars) |
Japon |
15.323 |
0,31 |
0,35 |
84 |
106 |
Etats-Unis |
9.145 |
0,21 |
0,10 |
55 |
33 |
France |
5.363 |
0,60 |
0,39 |
134 |
99 |
Allemagne |
5.515 |
0,42 |
0,26 |
112 |
69 |
Royaume Uni |
3.401 |
0,27 |
0,23 |
55 |
57 |
Pays-Bas |
3.134 |
0,92 |
0,79 |
183 |
203 |
|
|
|
|
|
|
Norvège |
1370 |
1,17 |
0,91 |
269 |
298 |
Danemark |
1733 |
0,94 |
1,01 |
248 |
331 |
|
|
|
|
|
|
Belgique |
760 |
0,46 |
0,30 |
98 |
77 |
|
|
|
|
|
|
CAD-OCDE |
56.378 |
0,34 |
0,24 |
77 |
66 |
Source : Données extraites du Rapport
mondial sur le développement mondial 2001,
PNUD, 2001, p. 190.
A
part le Japon et le Danemark, l'aide est en reflux sur la période
[22].
Ce reflux n'est pas confirmé par habitant en ce qui concerne le
Royaume Uni, les Pays-Bas et la Norvège.
La Banque mondiale met, elle aussi, en évidence l'érosion de l'aide
publique au développement :

L'aide publique au développement (APD) a diminué, ce qui a
contribué à l'écart entre l'aide disponible et les besoins des
pays pauvres. La Guerre froide terminée, l'APD a fortement chuté
au cours des années 90, a brièvement rebondi face à la crise
financière de 1997 en Asie de l'Est et s'est à nouveau contractée
au cours des deux dernières années. Exprimée en dollars corrigés
de l'inflation, elle était en 2001 de 20 % inférieure à son niveau
de 1990
[24]
.
Parallèlement, et toujours selon la même source de la Banque mondiale,
les transferts nets de capitaux privés à long terme aux pays en voie
de développement ont chuté en 2001 ‑ pour la cinquième année
consécutive ‑ ,pour atteindre un chiffre estimé à 234 milliards de
dollars. Ce montant constitue une baisse de 30 milliards de dollars
par rapport à 2000 et de plus de 100 milliards par rapport au chiffre
record de 1997.

Les auteurs du 2001 State of the Future ont relevé cinq
facteurs qui déterminent la pauvreté :
– la participation : les gens doivent être concernés
dans la recherche des solutions à leurs problèmes;
– l'accès aux ressources : la terre, le capital, l'information;
– le degré d'isolation : géographique, culturel et en matière de
télécommunication;
– la stabilité : environnementale, économique et politique;
– le management du risque : la mort d'un membre de la famille, une
maternité non-désirée, ou un désastre naturel qui peut jeter la
famille dans la pauvreté [25].
La fin de la Guerre froide n'a pas signifié la fin de la guerre dans
le Tiers-Monde. Le conflit semble plutôt s'y être décentralisé
[26].
Ainsi, l'Afrique subsaharienne a connu, dans la dernière décennie, une
aggravation des conflits qui ont pris des proportions jamais
atteintes auparavant, même lors de l'avènement des indépendances
nationales [27].
Pour François Gaulme, il s'agit également d'une conséquence de la fin
de la Guerre froide qui concourait dans l'ensemble – et malgré des
exceptions très localisées – au maintien d'une paix générale. Il
s'agit aussi du phénomène local de l'affaissement de l'Etat
post-colonial [28].
Alors qu'on considère que les famines totalement naturelles sont
devenues exceptionnelles, quand elles surviennent, c'est souvent
parce que les conflits empêchent d'y répondre : si le désastre
initial était bien causé par la nature, la famine, elle, est le
résultat de l'action des hommes
[29].
Il suffit de dresser la liste des derniers drames alimentaires pour
comprendre cette corrélation :
– Kurdistan (1991) ;
– Bosnie et Somalie (1992-1993) ;
– Rwanda (1994 et 1996) ;
– Kosovo (1999) ;
– Grands Lacs (1997-2001) ;
– etc.
De plus, le cadre de violence, de conflit et de chaos dans lequel se
déroulent les interventions humanitaires les rend d'autant plus
difficiles et complexes. Cette situation se complique encore par
l'enjeu que constitue, pour les chefs locaux, le contrôle de
l'approvisionnement des populations, ainsi que par l'impunité de leurs
méfaits face à la communauté internationale. Il importe de mettre au
point des programmes de sécurité au sein des organisations
non-gouvernementales, pour tenter de développer une analyse globale
du problème, à l'instar du projet Humanitarian Safety and
Projection Network. Comme l'indique Pierre Gallien, directeur de
ce projet ‑ lui-même blessé en 1995 au Burundi par des éclats de
grenades lancées contre son ONG ‑, la sécurité du personnel
humanitaire est un enjeu collectif qui interroge les organisations
humanitaires sur leurs principes mêmes d'intervention
[30]
.
L'examen de la production agricole mondiale sur une longue période
montre que la courbe des disponibilités dépasse celle de
l'accroissement démographique. Alors que, en une génération, la
population mondiale a doublé, la production de céréales a été
multipliée par plus de trois, passant de 600 à environ 1.900 millions
de tonnes par an. La moitié de cette production ne bénéficie toutefois
pas directement à l'humanité puisque 25 % sont perdus par des procédés
inadéquats de conservation, les destructions des rongeurs, etc. 20 %
sont utilisés pour nourrir le bétail [31]
et 5 % sont conservés pour les semences [32].
Tandis que la FAO projette une production de 2.300 millions de tonnes
pour 2010, on peut considérer la poursuite de l'augmentation de
quantités disponibles par personne, la difficulté n'étant assurément
pas de produire au niveau mondial mais bien de consommer. A ce sujet,
Philippe Chalmin rappelle que les changements géopolitiques et
économiques de l'ex-URSS pourraient rendre aux plaines russes et
ukrainiennes leur potentiel d'exportateur net du début de la fin du
XIXème siècle [33].
L'agronome Philippe Collomb souligne lui-aussi les progrès réalisés
pour vaincre l'insécurité alimentaire régnant depuis quarante ans et
le fait que les ressources alimentaires ne manquent pas à l'échelle
globale [34].
Il estime que, compte tenu des connaissances scientifiques et
techniques actuelles, des gains de productivité considérables peuvent
encore être réalisés, si l'on considère le différentiel entre les
rendements obtenus dans des conditions optimales et les rendements
moyens :
L'insécurité alimentaire semble donc plus résulter d'un défaut
d'application des techniques connues, par manque d'accès aux
moyens de production ou de diffusion des savoirs, que d'une
défaillance de l'état général des connaissances et des techniques
[35].
Ainsi, comme l'explique Sylvie Brunet, la production agricole s'est
ralentie dans les pays développés car ils adaptent cette production à
la demande solvable, c'est-à-dire au monde des consommateurs :
Qu'il y ait environ 800 millions de personnes qui souffrent de
malnutrition dans le monde ne change rien à la donne puisque ces
personnes-là sont trop pauvres pour acheter de la nourriture
[36].
Ainsi, Philippe Chalmin rappelait le paradoxe de l'aide alimentaire :
elle est inversement corrélée aux prix demandés : plus ils sont
élevés, moins on est généreux et plus ils sont bas, plus on aime son
prochain !
[37]
Le creusement du fossé sanitaire constitue un révélateur meurtrier de
cette tendance. Dans ce domaine également, les faits ont tué les
illusions. Le déplacement, la concentration et l'accroissement de la
population mondiale mais aussi l'usage systématique des antibiotiques
dans l'élevage ont accru les risques d'émergence et de réémergence des
maladies. D'autres causes sont mises en avant, comme le changement de
l'environnement chimique ou la résistance aux méthodes de
stérilisation
[38].
L'essentiel des nouveaux médicaments commercialisés dans le monde
depuis vingt-cinq ans l'est pour répondre aux maladies du Nord. Très
peu sont destinés au traitement des maladies tropicales. Faut-il
rappeler la catastrophe majeure que constitue la pandémie du
Sida, aux effets démographiques, économiques, sociaux et politiques
[39].
Il suffit de souligner que, en Afrique, le coût d'un préservatif
permettant de lutter contre le Sida représente une journée de salaire,
pour mesurer la gravité de ces interrelations [40].

Enfin, de nouvelles maladies menacent le Sud, notamment les pandémies
grippales et le fièvres hémorragiques. D’autres risques
infectieux font également leur "grand retour" comme, par exemple, la
tuberculose, la méningite, etc.
[42].
Ce sont toutes les causes structurelles de la misère du Tiers-Monde
qu'il faudrait recenser, comme l'ont fait Howard Handelman ou Daniel
Cohen : l'exploitation de la femme, l'exploitation des campagnes par
les villes, les fondamentalismes religieux, le mercantilisme, la
corruption, l'exploitation de la nation tout entière par les élites
économiques ou, plus spécifiquement pour l'Afrique, le mode de vie
basé sur l'exploitation et l'esclavage de la femme, les centrales
d'Etat, etc.
[43].
Certains ‑ y compris parmi les grands prospectivistes ‑, estiment que
l'aide au Tiers-Monde ne sert souvent qu'à soutenir des régimes
corrompus, à démolir les structures économiques ou les habitudes
alimentaires en place [44].
Comme l'indiquent Adrien Akanni-Honvo et Abel Mayeyenda en abordant la
question de la lutte contre la famine, le problème est d'abord
institutionnel. Ni les Etats, seuls, ni les marchés, ni les
interlocuteurs internationaux n'ont la bonne réponse sur la faim.
Elle peut provenir des actions collectives à la fois des Etats, du
marché et des interlocuteurs internationaux
[45].
La lutte contre la famine implique une capacité réelle de
participation à l'action collective internationale. Or, si les pays en
voie de développement sont aujourd'hui au cœur de l'interdépendance,
ils sont écartés tant des mécanismes de gestion des institutions
financières que des bénéfices qu'ils pourraient retirer de la
mondialisation des échanges. Ainsi que le relevait la Fédération
internationale des Droits de l'Homme (FIDH) lors de l'Uruguay Round,
seuls douze des vingt-neuf pays les moins avancés disposent de
missions à Genève. La FIDH a d'ailleurs appuyé la proposition de
financement, par l'OMC, d'un programme d'assistance technique aux pays
en voie de développement en ces matières [46].

Une vraie question consiste à se demander où se situent les pays en
développement dans la logique de la gouvernance mondiale. En ce qui
concerne l'Afrique, l'avis est tranché entre Gertrude Mongella ‑ qui
voit le continent exclu de la mondialisation
[47]
‑ et l'ancien président Amadou Toumani Touré, qui estime que les chefs
d'Etat africain ont su s'inscrire dans un certain nombre de principes
liés à l'avènement de la bonne gouvernance :
– l'instauration et l'enracinement du système démocratique, prenant
en compte les réalités socioculturelles des Etats ;
– la mise en place d'un gouvernement axé sur un dialogue social
permanent et sur la recherche d'un consensus politique ;
– l'avènement d'une justice accessible à tous, crédible et
indépendante ;
– le respect des droits de l'Homme et la lutte contre l'impunité ;
– le bannissement de l'exclusion et l'association de toutes les
compétences à la gestion des affaires publiques ;
– la conduite d'une politique économique concertée
au niveau des instances internationales (système des Nations Unies,
etc.) sur des thèmes essentiels comme la dette, l'intégration, les
femmes, l'enfant, les identités culturelles et surtout la lutte
contre la pauvreté
[48].
Du côté de la communauté mondiale, ou en tous cas de l'ensemble des
gouvernements des Etats du monde riche, il faut bien considérer, avec
Lester R. Brown – qui cite un rapport récent de la Banque mondiale –,
que l'on s'est inscrit depuis vingt-cinq ans dans une tendance à
l'indifférence et à l'incapacité d'agir. Les incantations sont
nombreuses en effet, du discours d'Henry Kissinger à la Conférence
mondiale sur l'alimentation en 1974, à ceux des Sommets des
Nations-Unies du tournant du siècle [49].
En 1995, le Sommet des Nations Unies sur le Développement social avait
défini comme objectif de diminuer de moitié la pauvreté extrême à
l'horizon 2015. Depuis ce moment, on n'a pas rempli le tiers
engagements globaux définis. En ce qui concerne l'Afrique
subsaharienne, ce n'est seulement qu'un sixième de l'objectif qui a
été atteint [50]
!
Lors du Sommet du Millénaire organisé par les Nations Unies en
septembre 2000, les chefs d'Etat et de gouvernement ont adopté la
Déclaration du Millénaire pour le développement et la lutte contre la
pauvreté, s'engageant à défendre collectivement, à l'échelon
mondial, les principes de la dignité humaine, de l'égalité et de
l'équité. En matière d'éradication de la pauvreté, les chefs d'Etat et
de gouvernement se sont fixé de nouveaux objectifs à l'horizon 2015 :
– réduire de moitié la proportion des êtres humains
ayant moins d'un dollar par jour pour vivre;
– diviser par deux la proportion des individus souffrant de la faim;
– réduire de moitié la proportion de personnes privées d'accès à
l'eau potable;
– parvenir à la scolarisation de tous les enfants du monde, au moins
jusqu'à la fin de l'école primaire;
– assurer l'égalité des populations féminine et masculine face à
l'éducation;
– réduire des trois-quarts les taux de mortalité maternelle;
– diminuer des deux-tiers les taux de mortalité des enfants de moins
de cinq ans ;
– mettre un frein à la propagation du virus HIV et du sida, ainsi
que du paludisme et des autres grandes maladies, et commencer de les
faire diminuer leur propagation;
– réduire des deux-tiers le taux de mortalité infantile ;
– procurer à toutes les femmes l'accès à des soins de gynécologie et
d'obstétrique;
– mettre en œuvre, d'ici 2005, des stratégies nationales de
développement durable, afin de pouvoir inverser le phénomène de
dégradation des ressources environnementales [51].
Ces objectifs sont particulièrement ambitieux. Ils le sont d'autant
plus que, d'ores et déjà, le PNUD – pourtant généralement optimiste –
considère que plus de la moitié des pays pour lesquels des données
sont disponibles seront incapables de réaliser les objectifs envisagés
s'ils s'en tiennent à leur niveau actuel de développement. Rien que
sur la question épineuse de la dette du Tiers-Monde, le séminaire
"Prospective africaine" estimait nécessaire une réduction de 65 % en
moyenne de la valeur actuelle nette de la dette pour rendre celle-ci
soutenable dès 2004
[52].

Ainsi, d'une part, plus de quatre-vint dix pays ‑ abritant 62 % de la
population mondiale ‑ ne seront pas à même de réduire la mortalité des
enfants de moins de cinq ans au deux tiers d'ici 2015 : 11 millions de
ces enfants meurent chaque année alors qu'il existe des prophylaxies
ou des réponses aux fléaux qui les frappent. D'autre part, près d'un
milliard de personnes ne disposent toujours pas d'accès à l'eau
potable
[54].
L'analyse contenue dans le Rapport 2001 du PNUD est accablante :
Une grande partie d'entre eux font partie du groupe des pays les
moins avancés d'Afrique subsaharienne. Si 50 d'entre eux sont bien
partis pour respecter le critère retenu en matière d'eau potable,
83 autres (soit 70 % de la population mondiale) sont plus en
retard, ou carrément loin derrière. Et si 62 pays semblent en
mesure de réduire la mortalité maternelle des trois-quarts, 83
autres, là encore, sont à la traîne ou franchement distancés.
Concernant la pauvreté monétaire, plus de 40 % de la population
mondiale vivent aujourd'hui dans des pays qui sont en bonne voie
pour atteindre l'objectif fixé. Cependant, ces personnes sont
concentrées dans 11 pays, parmi lesquels la Chine et l'Inde,
tandis que 70 autres pays sont loin derrière ou risquent de se
laisser distancer. Et même si ces pays ne représentent qu'un tiers
de la population mondiale, on trouve parmi eux plus de la moitié
du groupe des pays en développement. Compte non tenu de la Chine
et de l'Inde, seuls 9 pays, soit 5 % de la population mondiale,
seraient en fait a priori en mesure de réduire de moitié
l'incidence de la pauvreté extrême chez leurs habitants. C'est
peut-être pour la mortalité des enfants de moins de cinq ans que
la situation est la plus préoccupante : 66 pays sont sur la bonne
voie, mais 83 autres – environ 60 % de la population de la planète
– semblent mal ou très mal partis. Dans 10 pays, ce taux de
mortalité est même en progression
[55].
Parallèlement, la Banque mondiale a émis des doutes sur la capacité de
la plupart des pays moins avancés à atteindre la réalisation des
objectifs de développement du Millénaire. Nicholas Stern estimait,
déjà avant la Conférence internationale de Monterrey sur le
financement du développement, que les pays riches devaient apporter
leur soutien aux pays pauvres en ouvrant davantage leur marché et en
accroissant leur aide. La Banque mondiale relevait que, à ce moment,
cinq pays donateurs seulement étaient en conformité avec l'objectif
fixé par la communauté internationale de consacrer au moins 0,7 % de
leur PIB à l'aide au développement. La Banque mondiale estimait que
l'aide devait augmenter de 40 à 60 milliards de dollars par an pour
que les objectifs du Millénaire puissent être atteints, dans
l'hypothèse où les résultats s'améliorent dans les pays en
développement
[56].
Compte tenu du chiffre de 57 milliards d'aide actuelle donné début
2002 par James D. Wolfensohn, président de la Banque mondiale
[57]
, cet effort consiste à doubler l'aide accordée au Tiers-Monde.

Dans son rapport au Club de Rome de 1985, Bertrand Schneider avait
déjà souligné l'imbrication des nations, qu'elles soient pauvres ou
riches :
L'interdépendance entre pays du Nord et pays du Sud s'est incarnée
dans des situations économiques, stratégiques et militaires si
nombreuses qu'elle apparaît désormais comme une donnée majeure
[58]
.
C'est ce que Horst Köhler exprimait d'une autre manière au Fonds
monétaire international, à savoir qu'il n'y aura pas de bon futur
pour le riche, s'il n'y a pas de perspective de meilleur futur pour le
pauvre. Il ajoutait que cela ne se ferait pas tout seul mais que
nous devrons y travailler [59].
On voit mal, en effet, – et sans encore porter la question sur le plan
moral – comment on pourrait, aujourd'hui ‑ mondialisation ou pas ‑,
dissocier l'avenir des différents pays de la planète. Ce n'est
d'ailleurs pas uniquement pour des questions de valeurs que l'Union
européenne, son Conseil, sa Commission considèrent que l'exercice de
la solidarité avec les pays en développement apparaît comme un
enjeu politique majeur [60].
Un analyste comme Philippe Hugon [61]
a une approche systémique du problème de la faim et intègre donc tant
les asymétries internationales que les aspects organisationnels et
institutionnels du problème. Il estime que la démocratie, par les
contre-pouvoirs qu'elle induit et la transparence de l'information qui
la caractérise, constitue la meilleure prévention contre les risques
de famine. La politisation du malheur par les campagnes
journalistiques contraint les gouvernants à la bonne gouvernance en
matière de prévention et de régulation des famines. Ainsi, la famine
serait-elle donc la résultante d'une sous-institutionnalisation. La
violence, les conflits, la privatisation des droit et l'insécurité
sont autant de signes de cette sous-institutionnalisation
[62].
C'est ce lien entre la démocratie et le développement que défend aussi
l'économiste indien Amartya Sen, prix Nobel d'économie en 1998, selon
lequel il n'y a jamais eu de famine dans un pays gouverné par un
pouvoir démocratique. L'analyse fine de l'évolution de certains pays
jadis frappés par la malnutrition montre que les facteurs
déterminants du développement humain sont d'ordre immatériel et non
financier ou matériel : attention accordée à la santé publique;
alphabétisation moyenne et féminine; droit des femmes, notamment au
travail extra-familial; niveau et liberté d'information; paradigmes de
la contrainte ou de la participation [63].

Cette démocratisation constitue une tendance de la fin du XXème
siècle. Les prospectivistes du Millenium Project relèvent, avec
l'appui du Rapport annuel de la Freedom House, que, en 1999, 85 Etats
du monde (soit 44 %) étaient libres, c'est-à-dire que leurs habitants
disposaient d'une large gamme de droits politiques et de liberté
civile. En vingt-cinq ans, le nombre des pays de cette catégorie a
plus que doublé
[65].
Philippe Hugon note également que la valorisation des ressources
humaines (éducation, santé, fécondité contrôlée, nutrition) n'est pas
seulement une fin mais un moyen essentiel de croissance
[66]. C'est
la même approche, adaptée à l'espace social africain, que valorise
Daniel Sala-Diakanda, qui a établi un plan destiné à rendre l'espoir
aux pays les plus défavorisés, en ciblant ce que le professeur à
l'Université de Yaoundé appelle une "politique des sexes" et qui fait
jouer à la femme africaine une part déterminante de l'action de
redéploiement du continent :
– relèvement du niveau d'éducation, en particulier
agricole, des populations rurales, y compris féminines – ce qui
permettra d'améliorer la santé des membres de la famille, d'une
part, et la productivité agricole, d'autre part;
– promotion de la recherche agricole et des transferts
technologiques, afin d'augmenter les rendements tout en préservant
les cultures traditionnelles;
– diffusion élargie de l'éducation sexuelle et les soins médicaux, y
compris auprès des adolescentes;
– mise en place de mécanismes qui garantissent une véritable
solidarité inter-générationnelle face à l'inversion de la pyramide
des âges;
– approfondissement de la coopération régionale politique,
économique et sociale, fondée en particulier sur la construction des
infrastructures pertinentes et le commerce inter-régional;
– abolition de toutes les lois et pratiques discriminatoires en
matière d'héritage, de propriété foncière et d'accès au crédit;
– élaboration d'une législation encourageant l'efficience de
l'exploitation agricole et organisant l'équitable répartition des
terres;
– révision du rôle respectif des hommes et des femmes dans le
processus de production agricole;
– vigoureuse mobilisation des ressources internes afin de réaliser
la triple transition que constituent la transition démographique et
épidémiologique (réduit le nombre d'enfant par famille, améliore
leur santé et élève leur niveau scolaire), la transition agricole
(mise en place d'une agriculture intensive et performante), et la
transition environnementale (maintien de la couverture végétale)
[67].
Comme le souligne Philippe Collomb, la sous-alimentation chronique
va de paire avec une faible scolarisation; c'est pourquoi la mise en
place de politiques adaptées de promotion de l'éducation constitue la
clé du développement rural. L'ancien prospectiviste à la FAO
estime que deux générations seront nécessaires pour atteindre
l'objectif de productivité agricole :
– la première génération devra disposer d'une
éducation de base, nécessaire à un primo-développement agricole
(utilisation d'intrants, etc.) ;
– la deuxième génération devra être en mesure d'utiliser des
informations économiques et des innovations technologiques, et
impliquera donc l'accès à la formation [68].
L'état du système éducatif induit une marginalisation durable des pays
du Tiers-Monde. Or, dans les quarante-huit pays les moins avancés, le
taux de fréquentation scolaire n'atteint que 36 %
[69].
Dans la plupart des études de prospectives portant sur le continent
africain ‑ notamment les National Long Term Perspectives Studies,
réalisées avec le PNUD ‑, l'éducation apparaît comme le facteur-clé de
l'avenir [70].
On ne saurait nier les efforts déjà entrepris dans ce domaine mais le
chantier reste immense, particulièrement pour mettre en place un
enseignement primaire généralisé, puisque les budgets consacrés à
l'éducation ne peuvent suivre le rythme de la croissance démographique
[71].
Cet objectif a, lui aussi, un coût. Ainsi, la Banque mondiale estime
que la généralisation de l'enseignement primaire d'ici 2015 exigera un
investissement de l'ordre de 10 à 15 milliards de dollars par an.
Cette estimation rejoint d'ailleurs celle faite par l'Unicef (9,1
milliards de dollars par an) [72].
Cela signifie que, en Afrique, même si on vise l'horizon 2020 pour une
scolarisation primaire intégrale, il faudrait y consacrer plus de la
moitié des recettes publiques des pays concernés
[73].
Les réponses au problème du largage du Tiers-Monde se situent dans une
conception nouvelle de l'économique et de la redistribution sociale à
l'échelle planétaire. Le concept complet de développement humain et
social durable, équitable et participatif, avancé comme principe
de la politique de développement de l'Union européenne dans la foulée
de l'accord de Cotonou, est intéressant
[74].
Tout comme l'économiste Herman Daly, ce concept montre qu'une économie
soucieuse du long terme peut solliciter notre environnement et nos
ressources naturelles dans une moindre mesure, mais bien davantage nos
ressources morales [75].
Ainsi, au delà de l'avalanche des indicateurs, des chiffres et des
objectifs non atteints de la réponse à la misère du monde, au-delà de
l'exploitation du Nord par le Sud, il semble que l'on assiste
cruellement, depuis quelques décennies, au largage éthique du monde
dit développé.

[1]
INTERFUTURS, Face aux futurs : pour une maîtrise du vraisemblable
et une gestion de l'imprévisible, Paris, OCDE, 1979.
[2]
Michel ALBERT, Interfuturs vingt ans après, … p. 315.
[3] Paul
BAIROCH, Mythes et paradoxes de l'histoire économique, p.
152-154, Paris, La Découverte, 1994. – Cité dans Daniel COHEN,
Richesse du monde, pauvretés des nations,
p. 31 , Paris, Flammarion, 1997.
[4]
Daniel COHEN,
Richesse du monde, pauvretés des nations,
p. 31.
[5]
Daniel COHEN, L'avenir des inégalités mondiales, dans Thierry
de MONTBIAL et Pierre JACQUET, dir. , Rapport annuel mondial sur
le système économique et les stratégies, p. 65, Paris,
Ifri-Dunod, 1999.
[6]
Daniel COHEN, Richesse du monde, pauvretés des nations, p.
143.
[7]
Michel CAMDESSUS, Conférence du 22 octobre 1998 à l'Université de
South Orange, cité dans Michel ALBERT, Interfuturs vingt ans
après…, p. 316.
[8]
Jean-Jacques GABAS, Les accords de Lomé et la sécurité
alimentaire, dans Géopolitique de la faim, Edition 2000…,
p. 387-402.
[10]
Jerome C. GLENN et Theodore J. GORDON, 2001 State of the Future,
Global Challenges, p. 150, Washington, American Council for The
United Nations University, 2001. – Voir aussi la description du
protectionnisme des pays développés par Michel NORRO, La
mondialisation et les pays en développement, dans Jacques
DELCOURT et Philippe de WOOT, Les défis de la globalisation,
Babel ou Pentecôte ?, p. 98sv, Louvain-la-Neuve, Presses
universitaires de Louvain, 2001.
[11]
Rapport mondial sur le développement humain 2001, Mettre les
nouvelles technologies au service du développement humain, p.
13, New-York, PNUD - Paris & Bruxelles, De Boeck et Larcier, 2001.
http://
www.undp.org/hdr2001/french/
16.02.02.
[12]
Rapport mondial sur le développement humain 2001…, p. 17.
[13]
Global Trends 2015, CIA's Long Terme Growth Model,
Washington, ODCI, 2000.
[14]
Nicholas STERN, Ian GOLDIN & Halsey ROGERS dir., The Role and
Effectiveness of Development Assistance, Lessons from the World Bank
Experience, A Research Paper from the Development Economics Vice
Presidency of the World Bank, p. xi , Washington, The World Bank,
Mars 2002.
http://econ.worldbank.org/
[15]
Philippe HUGON, Prospective de l'Afrique subsaharienne …, p.
25-26. Philippe Hugon se base sur les perspectives d'Adrien
Akanni-Honvo dans Un Bilan de la prospective africaine, CERED/CERNEA,
Paris X-Nanterre, 1999.
[17]
Too often during the Cold War, aid allocations were driven by
geopolitical aims rather than by poverty-reduction goals. Given to
the diversity of motives, it is not surprising that some of this aid
failed to have the direct effect of spurring growth and reducing
poverty. Nicholas STERN, Ian GOLDIN & Halsey ROGERS dir.,The
Role and Effectiveness of Development Assistance, Lessons from the
World Bank Experience, A Research Paper from the Development
Economics Vice Presidency of the World Bank, p. xi, Washington,
The World Bank, Mars 2002. http://econ.worldbank.org/ – Sylvie
BRUNEL, Vingt ans de lutte contre la faim : du volontarisme au
principe de réalité, dans Géopolitique de la faim, Edition
2000, p. 5, Paris, Puf, 1999.
Sylvie Brunel est conseillère stratégique à Action contre la faim.
[18]
Sylvie BRUNET, La naissance d'un humanitaire responsable,
dans Géopolitique de la faim, Edition 2000…, p. 303.
[19]
Sylvie BRUNEL, La naissance d'un humanitaire responsable…, p.
306.
[20]
Sylvie Brunel écrit :
La seule chose qui soit morte, maintenant que l'humanitaire est
entré dans sa maturité responsable , ce sont les illusions de sa
jeunesse :
– illusion qu'il suffisait de débarquer quelque part auréolé de sa
bonne volonté de secouriste pour être accueilli en bienfaiteur de
l'humanité… et aussi pour être utile,
– illusion que les citoyens pouvaient à eux seuls améliorer le monde
en se passant des Etats et des hommes politiques, bien évidemment
"tous pourris" : au contraire, c'est par la force de l'engagement
citoyen et son relais sur l'action politique que le mouvement
associatif peut aboutir à des réformes durables,
– illusion enfin que la civilisation occidentale avait un modèle de
progrès universel à proposer au reste du monde, se transformer en
propagandiste acharné de techniques considérées comme amélioratrices
de la qualité de vie suffisant dès lors à diffuser du développement
.
Sylvie BRUNEL, La naissance d'un humanitaire responsable,
dans Géopolitique de la faim, Edition 2000…, p. 306.
[21]Rapport
mondial sur le développement humain 2001, Mettre les nouvelles
technologies au service du développement humain,
p. 190, New-York, PNUD - Paris & Bruxelles, De Boeck et Larcier,
2001. http://
www.undp.org/hdr2001/french/
16.02.02.
[22] Sur
l'ensemble des vingt-deux pays du CAD de l'OCDE, la Suisse, le
Luxembourg, l'Autriche, l'Irlande, l'Espagne et le Portugal
maintiennent ou accroissent leur aide en % du PNB.
[23]
CAD - OCDE, Système de notification de la dette extérieure à la
Banque mondiale et estimations des services de la Banque mondiale
La Banque mondiale prévoit une reprise mondiale de l'économie et
fait appel aux pays riches d'augmenter l'aide au développement,
Washington, The World Bank Group, Communiqué de presse, 13 mars
2002.
-
http://Inweb18.worldbank.org/news/…/
15.03.03.
[24]
La Banque mondiale prévoit une reprise mondiale de l'économie et
fait appel aux pays riches d'augmenter l'aide au développement,
Washington, The World Bank Group, Communiqué de presse, 13 mars
2002.
-
http://Inweb18.worldbank.org/news/…/
15.03.03.
[25]
Jerome C. GLENN et Theodore J. GORDON, 2001 State of the Future,
Global Challenges, p. 153, Washington, American Council for The
United Nations University, 2001.
[27]
François GAULME, Afrique, Une aggravation sans précédent des
conflits, dans Thierry de MONTBRIAL et Pierre JACQUET,
Rapport annuel mondial sur le système économique et les stratégies (Ramses),
p. 286, Paris, Ifri-Dunod, 1999.
François Gaulme est chargé de cours à l'Institut d'Etudes politiques
de Paris.
[28]
François GAULME, Afrique, Une aggravation sans précédent des
conflits…, p. 286.
[29]
Sylvie BRUNEL, Existe-t-il encore des famines "naturelles" ?
dans Géopolitique de la faim, Edition 2000…, p. 161-166.
[30]
Pierre GALLIEN, La sécurité : une composante essentielle de
l'action humanitaire, dans Géopolitique de la faim, Edition
2000…, p. 269-271.
[31]
Rappelons qu'il faut approximativement six calories "végétales" pour
produire une calorie "animale".
[32]
Sylvie BRUNEL, Accroître les capacités productives de la planète
: une nécessité, dans Géopolitique de la faim, Edition 2000…,
p. 314.
[33]
Philippe CHALMIN, Géopolitique des ressources naturelles :
prospective 2020, dans Thierry de MONTBRIAL et Pierre JACQUET,
Rapport annuel mondial sur le système économique et les
stratégies (Ramses), p. 98, Paris, Ifri-Dunod, 2000.
Philippe Chalmin est conseiller économique chez EULER-SFAC.
[34]
Alors que, en 1960, 80 % de la population du monde vivaient dans des
pays où les disponibilités alimentaires étaient notoirement
insuffisantes (moins de 2100 calories par jour et par personne),
aujourd'hui, moins de 10 % de la population du monde se trouve dans
le cas. Philippe COLLOMB, Quelle sécurité alimentaire pour
les pays en développement en 2050 ?, dans Jérôme BINDE dir,
Les clés du XXIème siècle…, p. 135. Philippe Collomb est
ingénieur agronome, directeur exécutif du CICRED et a participé à la
prospective globale de la FAO pour le Sommet mondial de
l'alimentation (1996).
[35]
Philippe COLLOMB, Quelle sécurité alimentaire pour les pays en
développement en 2050…, p. 135.
[36]
Sylvie BRUNEL, Accroître les capacités productives de la planète
: une nécessité…, p. 315. Sylvie Brunel note que, selon Pierre
Le Roy (Agriculture et alimentation mondiales : des raisons
d'espérer ? Crédit mutuel, 1996), la limitation de l'offre
résultant de la politique européenne (terres mises en jachères)
s'élèverait à 20 millions de tonnes par an, soit deux fois la
totalité des importations alimentaires de toute l'Afrique
subsaharienne !.
[37]
Philippe CHALMIN, Géopolitique des ressources naturelles :
prospective 2020…, p. 99. –
200 millions de malnourris vivent en Afrique où ils représentent
40 % de la population. 530 millions vivent en Asie du Sud, où ils
représentent 20 % de la population.
[38] Luc
MONTAIGNIER, De quoi souffrirons-nous au XXIème siècle ?, La
science face aux maladies émergentes et réémergentes, dans
Jérôme BINDE dir, Les clés du XXIème siècle…, p. 91-93.
[40]
Philippe HUGON, Prospective de l'Afrique subsaharienne…, p.
43.
[41]
Jerome C. GLENN et Theodore J. GORDON, 2001 State of the Future,
Global Challenges…, p. 184.
[42]
Georges DUCEL, Les nouveaux risques infectieux, dans
Futuribles, novembre 1995, p.5-32.
[43]
Howard HANDELMAN, The Challenge of Third World Development,
Upper Saddle River (New Jersey), Prentice Hall , 2000. – Daniel
COHEN, Richesse du monde, pauvretés des nations, p. 18-27, ,
Paris, Flammarion, 1997.
[44]
Michel GODET, Manuel de prospective stratégique, t. 1, …, p.
162.
[45]
Adrien AKANNI-HONVO et Abel MAYEYENDA, Analyse empirique des
déterminants de la famine en Afrique au Sud du Sahara,
Intervention au 40ème congrès de la Société canadienne de Science
économique, Montréal 17-18 mai 2000, p. 8. -
http://www.crde.umontreal.ca/scse/ textes 21.03.02.
[47]
Gertrude MONGELLA, L'économie du futur en Afrique, dans
Jérôme BINDE dir. , Les clés du XXIème siècle…, p. 484.
Gertrude Mongella est ambassadrice de Tanzanie et ancienne
secrétaire générale de la IVème Conférence des Nations Unies sur les
Femmes à Pékin en 1995.
[48]
Amadou Toumani TOURE, Prévention et résolution des conflits : les
clés du futur, dans Jérôme BINDE dir., Les clés du XXIème
siècle…, p. 478. Amadou Toumani Touré est ancien président du
Mali.
[49]
Lester R. BROWN, La faim dans le monde : un problème qui
s'aggrave, dans Linda STARKE éd., L'état de la planète 2001,
p. 55-80, Paris, Worldwatch Institute- Economica, 2001.
[50]
Jerome C. GLENN et Theodore J. GORDON, 2001 State of the Future,
Global Challenges…, p. 154.
[51]
Rapport mondial sur le développement humain 2001…, p. 24.
[53]
Rapport mondial sur le développement humain 2001…,
p.23.
Note du PNUD : Cette analyse ne tient pas compte des pays de l'OCDE
à revenu élevé. L'abréviation PMA renvoie aix pays les moins
avancés.
[54]
La plupart des pays ne pourront pas atteindre les objectifs fixés
par les Nations Unies pour 2015, Note d'information du PNUD,
Mexico, 10 juillet 2001, p. 1.
http://www.undp.org/hdr2001 . 31.01.01.
[55]
Rapport mondial sur le développement humain 2001…, p. 25.
[56]
La Banque mondiale prévoit une reprise mondiale de l'économie et
fait appel aux pays riches d'augmenter l'aide au développement,
Washington, The World Bank Group, Communiqué de presse, 13 mars
2002.
-
http://Inweb18.worldbank.org/news/…/
15.03.03.
[57]
La Banque mondiale chiffre le coût de réalisation des "objectifs de
développement pour le millénaire" à 40 à 60 milliards de dollars
d'aide supplémentaire par an, Communiqué de presse , Washington,
Banque mondiale, 20 février 2002. -
http://1nweb18.worldbank.org/news/ … 21.03.02.
[58]
Bertrand SCHNEIDER, La Révolution aux pieds nus, Rapport au Club
de Rome, p. 12, Paris, Fayard, 1985.
[59]There
will not be a good future for the rich if there is no prospect of a
better future for the poor. This will not happen by itself. We need
to work for it
Horst KöHLER, The IMF in a Changing World, Remarks given at
the National Press Club, Washington DC, FMI, 7 août 2000, p. 2. -
http://www.imf.org/external/np/speeches/2000/080700.htm
[61]
Philippe HUGON, L'économie de l'Afrique, coll. Repères,
Paris, La Découverte, 1999. – Philippe HUGON, Guy POURCET, Suzanne
QUIERS-VALETTE, L'Afrique des incertitudes, p. 37-38, Paris,
Puf, 1995.
[62]
Adrien AKANNI-HONVO et Abel MAYEYENDA, Analyse empirique des
déterminants de la famine en Afrique au Sud du Sahara…, p. 8.
[63]
André-Yves PORTNOFF, Liberté et développement, A propos du livre
d'Amartya Sen, Un nouveau modèle économique, Développement, justice,
liberté, [Paris, Odile Jacobs, 2000] dans Futuribles, n°
258, Novembre 2000, p. 57 et 61.
[64]Jerome
C. GLENN et Theodore J. GORDON, 2001 State of the Future, Global
Challenges, p. 81, Washington, American Council for The United
Nations University, 2001.
[65]
Jerome C. GLENN et Theodore J. GORDON, 2001 State of the Future,
Global Challenges…, p. 81.
[66]
Philippe HUGON, Prospective de l'Afrique subsaharienne…, p.
43.
[67]
Daniel SALA-DIAKANDA, Dynamiques démographiques et sécurité
alimentaire : quelle stratégie pour le XXIème siècle ? dans
Jérôme BINDE, Les clés du XXIème siècle, p. 153-154.
[68]
Philippe COLLOMB, op. cit., p. 147.
[70]
Philippe HUGON et Olivier SUDRIE, Un bilan de la prospective
africaine, vol. 1, p. 14, Paris, Ministère des Affaires
étrangères, 2000.
[71] En
Afrique subsaharienne, le taux d'alphabétisation des adultes a
doublé en trente ans en passant de 27 à 55 % entre 1966 et 1996.
Ivan URSINOV, Les défis de l'éducation, dans Hugues de
JOUVENEL dir., L'an 2000, et après…, Futuribles, Hors
série, Janvier 1999, p. 78-79.
[72]
La Banque mondiale chiffre le coût de réalisation des "objectifs de
développement pour le millénaire" à 40 à 60 milliards de dollars
d'aide supplémentaire par an, Communiqué de presse , Washington,
Banque mondiale, 20 février 2002. -
http://1nweb18.worldbank.org/news/ … 21.03.02.
[73]
Philippe HUGON, Prospective de l'Afrique subsaharienne…, p.
43.
[74]
Déclaration du Conseil et de la Commission sur la politique de
développement de la Communauté, 10 novembre 2000, p. 3
[75]
Cité par Christopher FLAVIN, Planète riche, planète pauvre,
dans Linda STARKE éd., L'Etat de la planète 2001…, p. 25.
Herman Daly est professeur d'économie à l'Université du Maryland. –
voir aussi Ethan B. KAPSTEIN, Does globalization have an ethical
problem, dans Jean-Marc COICAUD et Daniel WARNER, Ethics and
international affairs : Extent and limits, p. 248-263,
Tokyo - New-York - Paris, United Nations University, 2001.