
Le millénaire qui vient de s’écouler a vu la population mondiale être
multipliée par vingt-deux, passant d’environ 270 millions d’individus
en l’an mil à plus de six milliards en l’an deux mille. Cette
progression extraordinaire ne s'est pour autant pas effectuée de
manière continue. Après des siècles d'une stabilité malthusienne
caractérisée par de forts niveaux de mortalité et de natalité, la
transition démographique s'amorce en Europe à partir de 1700/1750
grâce à une baisse lente et irrégulière de la mortalité. Dans un
deuxième temps, la forte diminution de la mortalité après 1820, alors
que la fécondité restait élevée, a considérablement accéléré le
processus, provoquant ce que divers auteurs ont appelé une "explosion
blanche" qui explique la déferlante des émigrants et des colons
européens sur le reste du monde au cours du XIXème siècle. A partir de
1950 environ, l'introduction massive des médicaments occidentaux dans
les pays en voie de développement y a permis une diminution
spectaculaire de la mortalité alors que la fécondité y restait
incontrôlée. Depuis 1950, pratiquement la totalité de la croissance
démographique mondiale (de 2,5 à 6 milliards d'êtres humains !) n'est
due qu'au Tiers-Monde. En l’an mil, l’espérance de vie au niveau
mondial se situait probablement autour de 24 ans, en 1820, elle était
d’environ 26 ans avant de croître d’une manière sans précédent : 31
ans en 1900, 49 en 1950 et 66 ans en 1999 [1].
La croissance démographique et l'augmentation de l’espérance de vie de
la population mondiale devraient se poursuivre dans les cinquante
années à venir, quoiqu'à un rythme plus modéré.
La nouveauté "démographique" de la fin du
second millénaire et du début du troisième, c’est le vieillissement de
la population. Ce terme recouvre deux notions distinctes. Le
vieillissement désigne d’abord un phénomène individuel, celui des
incidences de l’âge, dans ses dimensions biologique et psychologique,
depuis la naissance jusqu’à la mort. Il s’agit d’un processus dont les
étapes sont difficiles à marquer. Les seuils retenus (l’âge de 60 ou
de 65 ans) relèvent plus de représentations sociales que d’une
réalité physiologique qui évolue au gré des progrès de l’espérance de
vie
[2].
Pris sous l’angle de la population et non plus de l’individu, le
vieillissement signifie l’augmentation de la part relative des
personnes âgées (vieillissement au sommet) dans la population, en
général associée à une réduction de la proportion de jeunes
(vieillissement à la base). Cette dimension collective avait déjà été
formalisée par Alfred Sauvy à la fin des années vingt
[3],
mais le baby boom – la reprise de la natalité après la Deuxième
Guerre mondiale dans les pays occidentaux – avait fait mettre la
question entre parenthèses jusque dans les années soixante-dix,
période où la tendance à la baisse de la fécondité s’est généralisée.

La population mondiale, qui a atteint six milliards d’individus en
1999, continuera à croître au cours des cinq prochaines décades.
D’après les dernières évaluations et prévisions de la Division de la
Population des Nations Unies (Département des affaires économiques et
sociales)
[5],
la population mondiale, qui croît actuellement à un rythme de 1,2 %
par an (soit 77 millions d’individus, dont 50 % assurés par six pays
seulement : Inde, Chine, Pakistan, Nigeria, Bangladesh, Indonésie)
pourrait atteindre en 2050, suivant que l’on retienne l’hypothèse
basse, moyenne ou haute, 7,9 milliards, 9,3 milliards ou 10,9
milliards d’individus [6].
Cette croissance, quoique ininterrompue depuis le début du XXème
siècle, qui a vu passer la population mondiale de 1,6 milliard à 6,1
milliards (à raison de 80 % depuis 1950) connaît aujourd’hui un
fléchissement. Si l’on retient la variante médiane de fécondité de 2,1
enfants par femme, la population mondiale devrait atteindre 7
milliards d’individus en 2012, 8 milliards en 2026 et 9 milliards en
2043. C’est la baisse de la fécondité – l’indice synthétique de
fécondité mondiale a été ramené de 4,9 naissances par femmes à 2,7
naissances entre la période 1965-1970 et la période 2000-2005 – qui
est à l’origine de cette diminution de croissance
[7].
Étapes importantes pour la population mondiale
Population |
Année |
|
|
Effectif mondial atteint |
1 milliard en |
1804 |
2 milliards en |
1927 (123 ans plus tard) |
3 milliards en |
1960 (33 ans plus tard) |
4 milliards en |
1974 (14 ans plus tard) |
5 milliards en |
1987 (13 ans plus tard) |
6 milliards en |
1999 (12 ans plus tard) |
Effectif que la population mondiale pourrait atteindre |
7 milliards en |
2012 (13 ans plus tard) |
8 milliards en |
2026 (14 ans plus tard) |
9 milliards en |
2043 (17 ans plus tard) |
Source :
Nations Unies (2001) [8]
Dans les cinquante prochaines années, la croissance démographique se
localisera uniquement dans les pays en développement dont la
population passerait de 4,9 milliards à 8,2 milliards à l’échéance de
2050 (hypothèse moyenne). Parmi ces pays, les 48 Etats les moins
développés verraient leur population tripler (658 millions à 1,8
milliard). Par contre, la population des pays les plus développés se
stabiliserait autour de 1,2 milliard, mais 39 de ces Etats
connaîtraient une diminution de leur population à l’échéance 2050
(Japon et Allemagne : - 14 %, Italie et Hongrie : - 25 %, Fédération
de Russie, Ukraine, Géorgie de –28 à –40 %). Alors que plus de 32% de
la population mondiale vivaient dans ce que l’on appelle les pays
développés en 1950, ce chiffre est tombé à moins de 20% en 2000 et ne
devrait pas dépasser les 13% au milieu du XXIème siècle.

Si, dans les prochaines décennies, certaines parties de la planète
verront leur population continuer à croître tandis que d’autres
subiront une diminution, toutes connaîtront un vieillissement de
leurs structures démographiques, résultat de la baisse de la fécondité
et de l’allongement de l’espérance de vie.
Au niveau mondial, d’après les dernières prévisions des Nations Unies
[9],
le nombre des personnes de plus de 60 ans fera plus que tripler,
passant de 606 millions à plus de 2 milliards d’ici cinquante ans. La
croissance du nombre des plus de 80 ans sera plus forte encore,
passant de 69 millions en l’an 2000 à 379 millions en 2050. Dans les
pays développés, la part des 60 ans et plus grimpera de 20 %
aujourd’hui à 33 % en 2050. Dans les pays les moins développés, cette
même proportion des 60 ans et plus ira de 8 % en 2000 à 20 % en 2050.
L’espérance de vie à la naissance quant à elle devrait progresser de
12 ans dans les pays les moins développés et de 7 ans dans les pays
développés, évoluant respectivement de 63 à 75 ans et de 75 à 82 ans.

Si
l’accélération du vieillissement de la population constitue une
tendance lourde, les diversités régionales n’en sont pas moins très
grandes. Le caractère plus au moins accentué du vieillissement et son
intensité sont largement déterminés par la structure des âges des
populations, elle-même fonction de l’étape atteinte par les
populations dans leur transition démographique. Ainsi on peut
déterminer trois grands groupes de pays :
– à une extrémité, l’Europe, les Etats-Unis, le
Canada, le Japon, quelques pays asiatiques ou latino-américains, en
transition démographique avancée; on y trouve plus de 10% de
personnes âgées (65 ans et +) et moins de 25 % de jeunes (- de 15
ans)
– à l’autre extrémité, une septantaine de pays, dont la moitié en
Afrique qui n’ont encore connu que de faibles et récents changements
au niveau de la fécondité; on y trouve encore plus de 40 % de jeunes
et entre 3 et 5 % de personnes âgées;
– enfin, entre ces deux extrêmes, une quarantaine de pays,
essentiellement d’Asie et d’Amérique latine, qui sont en phase de
transition démographique plus ou moins avancée; on y trouve entre 22
et 35 % de jeunes et entre 3 et 10 % de personnes âgées.
Pour l’Europe dans son ensemble, c’est dès le troisième quart du
XIXème siècle que la part relative des personnes âgées commence à
augmenter : 5,2 % en 1870, 6,1 % en 1900, 7,3 % en 1940, 8,3 % en
1950, 11,9 % en 1970, 16 % aujourd’hui. Suivant les dernières
prévisions des Nations Unies, elle devrait atteindre 21 % en 2020 et
28 % en 2050. Même au niveau européen, le vieillissement ne s’est pas
effectué partout au même rythme, il a été fonction de la date de
démarrage de la transition démographique, qui a varié selon les pays
et les régions. L’Europe du Sud – dont le vieillissement est plus
tardif que celui de l’Europe du Nord – a rattrapé son retard et
apparaît aujourd’hui comme la région la plus vieille d’Europe et du
monde.
L’Amérique du Nord, l’Australie et la Nouvelle-Zélande restent jeunes
(moins de 5 % de personnes âgées et plus de 30 % de moins de 20 ans)
jusque vers 1925. Le vieillissement au sommet débute vers 1930, il
reste lent puis s’accélère à partir de 1970.
Le Japon quant à lui a connu un vieillissement d’une rapidité
exceptionnelle. Il compte 5 % de personnes âgées en 1950, 7 % en 1970,
9 % en 1980 et 17 % en 2000. La part des personnes âgées devrait
atteindre 26 % en 2020 et 32 % en 2050.

Proportions de moins de 20 ans, proportions de plus de 65 ans et âges
moyens dans dix régions du monde en 1975, 2000 et 2025
[12]
Grande région |
% de moins de 20 ans |
% de plus de 65 ans |
Ages moyens |
1975 |
2000 |
2025 |
1975 |
2000 |
2025 |
1975 |
2000 |
2025 |
Afrique du Nord |
55 |
47 |
34 |
3,8 |
4,0 |
7,0 |
23,1 |
25,6 |
31,9 |
Afrique Sub-Sahara |
55 |
54 |
46 |
3,1 |
3,3 |
3,7 |
22,7 |
22,8 |
24,6 |
Amérique centrale |
57 |
45 |
33 |
3,7 |
4,5 |
8,4 |
22,1 |
26,1 |
32,9 |
Amérique du Sud |
50 |
40 |
31 |
4,4 |
5,6 |
9,8 |
24,9 |
28,5 |
34,4 |
Asie de l’Est |
47 |
32 |
24 |
4,7 |
7,7 |
14,2 |
26,0 |
32,6 |
39,6 |
Asie de l’Ouest |
52 |
45 |
37 |
4,3 |
4,8 |
7,3 |
24,1 |
26,3 |
31,0 |
Asie Sud et Centre |
52 |
43 |
32 |
3,6 |
4,6 |
8,0 |
23,7 |
27,0 |
33,3 |
Océanie |
41 |
33 |
28 |
7,5 |
10,0 |
14,8 |
29,9 |
33,7 |
37,6 |
Amérique du Nord |
35 |
28 |
24 |
10,3 |
12,5 |
19,0 |
33,1 |
36,7 |
40,8 |
Europe |
32 |
24 |
20 |
11,4 |
14,7 |
21,0 |
34,6 |
38,9 |
43,8 |
Pays pauvres |
55 |
53 |
45 |
3,1 |
3,1 |
4,0 |
22,5 |
23,0 |
26,3 |
Pays intermédiaires |
41 |
41 |
31 |
4,0 |
5,4 |
9,4 |
24,4 |
28,4 |
34,4 |
Pays développés |
33 |
25 |
21 |
10,7 |
14,4 |
20,9 |
34,0 |
38,6 |
43,1 |
Le monde |
47 |
39 |
31 |
5,6 |
6,9 |
10,4 |
26,7 |
29,8 |
34,6 |
Sources : Nations Unies, 1999
Sur le reste de la planète, il faut attendre les années 1970 pour
assister aux premiers reculs, variables selon les régions, de la
fécondité et de la mortalité qui vont créer une certaine
diversification régionale des structures d’âge et du vieillissement
qui va s’intensifier dans les prochaines décennies. L’Asie de l’Est se
distingue par un fort vieillissement à la base qui se poursuivra
jusqu’en 2025 et un vieillissement au sommet déjà visible en 2000 mais
qui s’accentuera. En 2025, ses structures d’âge seront pratiquement
celles de l’Europe en 2000. Dans le reste de l’Asie et en Amérique
latine, le processus de vieillissement est engagé, mais sera moins
brutal. Pour l’Afrique sub-saharienne, le processus est beaucoup plus
lent. Le déclin de la fécondité est très récent et plus lent
qu’ailleurs. D’ici 2025, la part des jeunes aura commencé à reculer,
mais celle des vieux n’aura que peu augmenté. En Afrique, comme sur
les autres continents, cette évolution sera loin d’être homogène. De
plus l’incertitude quant au devenir démographique de cette région est
plus grande qu’ailleurs
[13]
en raison du caractère récent de la baisse de la fécondité et de
l’impact possible du SIDA sur la structure des âges.
Le vieillissement de la population mondiale constitue donc un fait de
civilisation sans précédent. Ce "tremblement démographique" ou "nouvel
ordre démographique international" [14]
se caractérisera dans les prochaines décennies par une augmentation
spectaculaire du nombre de personnes âgées dans le monde et parmi
celles-ci, la progression du nombre de personnes de plus de 80 ans
sera particulièrement élevée. Les pays en développement seront ceux
qui verront le nombre de personnes âgées augmenter de la manière la
plus forte (61 % des personnes âgées vivent dans ces pays en 2000, ils
seront plus de 70 % en 2025). Ces "vieux" sont et seront, en majorité,
de vieilles femmes, car les femmes vivent plus longtemps que les
hommes, et l'écart d'espérance de vie entre les deux sexes n'a cessé
de se creuser au cours du XXème siècle. Le processus de transition
démographique d’une société jeune à une société plus mûre est beaucoup
plus rapide dans les pays en développement que cela n’a été le cas
dans les pays développés. Il a fallu 115 ans à la France (1865-1980)
pour que la proportion de la population âgée (65 ans et plus) passe de
7 à 14 %, le processus a pris 26 ans au Japon (1970-1996), il prendra
18 ans en Jamaïque (2015-2033) et 15 ans en Tunisie (2020-2035)[15].
Par ailleurs, si dans les pays développés, c’est l’augmentation
du nombre relatif des personnes âgées au sein de la population qui
sera la plus importante et dont les conséquences seront les plus
lourdes (financement de la sécurité sociale, pension), dans les pays
en développement, c’est l’accroissement en chiffres absolus du nombre
de personnes âgées et le taux d’accroissement qui seront prépondérants
(pauvreté, santé, logement, etc.).

Si le début du vieillissement démographique des pays riches remonte à
la fin du XIXème et aux premières décennies du XXème siècle, la prise
de conscience de ce phénomène et les inquiétudes qu’il engendre ne
datent, pour Peter Laslett
[16],
que du début des années 80, même si en France, avec le Rapport
Laroque [17]
et en Wallonie avec le Rapport Sauvy [18],
par exemple, la problématique du vieillissement démographique est à
l’ordre du jour dès le début des années soixante.
C’est en 1982 que se tient à Vienne la Première Assemblée mondiale
sur le vieillissement
[19].
Y fut adopté un Plan d’action international sur le vieillissement,
premier plan directeur pour la réflexion mondiale sur le
vieillissement qui structure depuis vingt ans les politiques
successives. A l’intersection de l’action humanitaire et de
l’action en faveur du développement, ce plan énumère soixante-deux
recommandations regroupées dans sept domaines intéressants les
personnes âgées : santé et alimentation; protection des consommateurs
âgés; logement et environnement; famille; protection sociale; maintien
du revenu et emploi; enseignement. La faiblesse de ce document, c’est
que ses recommandations étaient surtout adaptées aux besoins et aux
scénarios du monde développé dans lequel le vieillissement
démographique était déjà une réalité. Aujourd’hui, l’accroissement
spectaculaire du nombre de personnes âgées dans le monde et le
vieillissement accéléré des populations des pays en développement ont
fait apparaître de nouveaux énoncés et de nouveaux concepts. Il a
fallu attendre ces dernières années pour que le thème du
vieillissement s’installe au cœur des débats et pour voir se
multiplier initiatives et programmes faisant du vieillissement un axe
d’intervention prioritaire. Le 16 décembre 1991 sont promulgués les
Dix-huit Principes des Nations Unies pour les Personnes âgées
(résolution 46/91) [20].
Le 16 octobre 1992 (résolution 47/5) [21],
l’Assemblée générale adopte la Proclamation sur le vieillissement
dans laquelle elle décide de célébrer en 1999 l’Année
internationale des Personnes âgées, dont le thème sera "Une
société pour tous les âges" (résolution 52/80).
Ces diverses initiatives prises sur la problématique du
vieillissement, ainsi que d’autres programmes d’actions convenus à
l’échelle mondiale lors de la dernière décennie
[22],
ont contribué à la formulation par les Nations Unies du cadre
conceptuel de la "société pour tous les âges", dont les quatre grands
axes sont : la situation des personnes âgées, l’épanouissement de
l’individu tout au long de sa vie, les relations inter-générations,
les liens entre le vieillissement de la population et le développement
[23].
Ce cadre conceptuel de la société pour tous les âges interroge sur les
moyens de mieux tirer profit du vieillissement de la population et de
s’adapter à ses conséquences. Les plans d’action initiés au niveau
international, ont permis de se rendre compte que la situation des
personnes âgées demeurait au cœur des préoccupations de nombreux
pays, mais qu’il fallait élargir le champs de la réflexion pour donner
plus de place aux perspectives à long terme, à la prévention des
problèmes susceptibles de surgir tout au long de la vie, et à placer
dans un contexte plus large les adaptations nécessaires à l’échelle
des familles, des communautés et des pays. Une vision plus globale du
vieillissement s’étendant sur toute la durée de la vie et à l’échelle
de la société, est plus conforme à la réalité du XXIème siècle (ex. :
apprentissage tout au long de la vie, mode de vie sain, souplesse dans
le domaine professionnel, perfectionnement des compétences). Les
initiatives visant à renforcer les liens entre les générations
apparaissent aussi comme indispensables pour les collectivités locales
comme pour le tissu social dans son ensemble. Les compétences et les
aspirations propres à chaque âge peuvent être modulées pour le plus
grand bénéfice de chacun, des personnes âgées elles-mêmes, de leur
famille et de leur communauté.
Les liens entre vieillissement de la population et développement
constituent le dernier axe fondamental du cadre conceptuel de la
"société pour tous les âges". La communauté internationale devient
particulièrement attentive aux incidences macro-économiques du
vieillissement de la population sur divers secteurs comme les marchés
du travail et du capital, les retraites, les prestations de services
et les systèmes d’aide traditionnel pour mieux définir les
orientations politiques futures, en tenant compte des effets des
mutations technologiques et culturelles. Il s’agit de s’interroger sur
la manière de mettre l’apport des personnes âgées au service des
intérêts de la société et contester l’argument selon lequel le
vieillissement constitue un frein au développement.

La deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement, qui s’est
tenues à Madrid du 8 au 12 avril 2002, s’était vue assigner une triple
mission : examiner les résultats de la première assemblée, adopter un
Plan d’action international sur le vieillissement révisé et un projet
de stratégie intégré tenant compte des changements qui se sont
produits depuis vingt ans, ainsi que des nouvelles questions
politiques qui ont fait irruption dans le paysage social, culturel et
économique mondial (progrès technologiques, mondialisation,
effondrement de l’Union soviétique et des divisions est/ouest,
diminution de la dimension de la famille nucléaire, multiplication des
familles comptant quatre ou cinq générations, épidémie de sida,
émergence du rôle des ONG, etc.).
Le Plan d’action révisé adopté à Madrid retient trois orientations
prioritaires, elles-mêmes subdivisées en thématiques pour chacune
desquelles objectifs et mesures à prendre sont définis. La première
orientation, assurer le développement dans un monde vieillissant,
s’articule autour de huit thèmes :
– participation active des personnes âgées à la
société et au développement;
– emploi et vieillissement de la population active;
– développement rural, migration et urbanisation ;
– accès aux connaissances, à l’éducation et à la formation;
– solidarité entre générations;
– lutte contre la pauvreté;
– sécurité des revenus, protection sociale et prévention de la
pauvreté;
– situations d’urgence.
La deuxième orientation, promotion de la santé et du bien-être des
personnes âgées, retient six thèmes :
– promotion de la santé et du bien-être tout au long
de la vie;
– accès universel et équitable aux services de santé;
– les personnes âgées et le sida;
– formation des personnels de santé;
– besoins des personnes âgées en matière de santé mentale;
– les personnes âgées et les handicaps.
La troisième orientation prioritaire, créer un environnement
favorable et porteur, se concentre sur quatre thèmes :
– logement et cadre de vie;
– soins aux personnes âgées;
– mauvais traitement et violences;
– l’image que l’on donne des personnes âgées
[24].
La nécessité de penser le vieillissement progressif de la planète dans
le contexte plus large du développement, en tenant compte du cycle
complet de vie, et à l’échelle de la société est aujourd’hui reconnue
comme l’est celle pour la communauté internationale d’établir un
scénario porteur d’avenir qui fasse du vieillissement de la population
une source de développement futur. Prendre acte des défis que doivent
relever les pays en développement, les pays développés et les pays en
transition dans un monde vieillissant permet une meilleure adéquation
des politiques à promouvoir
[25].
Dans les pays en développement où le nombre de personnes âgées est en
rapide augmentation, c’est la pauvreté qui menace le plus la sécurité
sociale et économique, dans la mesure où elle ne permet pas aux
personnes âgées et à leurs familles de dépasser le stade de la
satisfaction des besoins fondamentaux. Il s'agit donc de fournir aux
personnes âgées les structures leur permettant de jouer un rôle utile
et productif dans la société, de protéger et de renforcer la famille
et la communauté, tout en mettant en place un système de garantie des
moyens d’existence et d’appui pour ceux qui ne sont plus capables de
se suffire à eux-mêmes. Pour ces pays, la question est posée de
l’élargissement de la couverture des régimes de sécurité sociale –
dont ne bénéficie qu’une fraction infime de la population. Il s'agit
aussi d'éviter d'y reproduire les problèmes que connaissent les pays
développés en la matière [26].
Dans les pays dits "en transition", soit essentiellement les pays
d'Europe de l'Est, les personnes âgées ont été les premières victimes
de la refonte des programmes sociaux issus des réorientations
économiques. Elles sont passées d’une situation de sécurité absolue à
une insécurité totale du fait de la disparition des filets de sécurité
sociale et des retards et/ou dévaluation des pensions de retraite.
L’aggravation du chômage et du sous-emploi a par ailleurs empêché la
solidarité familiale de jouer son rôle.
Dans les pays développés, la pauvreté des personnes âgées a pu être
combattue par les régimes de pension et de sécurité sociale et les
services de protection en faveur des plus défavorisés. Les personnes
âgées y sont confrontées à un large éventail de problème : emploi,
retraite, lutte contre l’isolement, incapacités physiques et mentales.
Les familles doivent faire face au coût croissant des soins médicaux
résultant de l’allongement de la vie, posant à la société et aux
pouvoirs publics les questions de la réforme de la sécurité sociale,
des régimes de retraite et des établissements de santé publique.

Si, au niveau de la communauté internationale, la problématique du
vieillissement de la population est envisagée dans une perspective
extrêmement large et transversale, lorsqu’elle est abordée à l’échelle
des sociétés occidentales, la problématique se limite souvent à deux
thèmes : les retraites et la dépendance. Josée Landrieu, dans le
chapitre consacré à la question du vieillissement au sein de l’ouvrage
Expertise, débat public : vers une intelligence collective
[27],
regrette l’appauvrissement du débat où sont régulièrement confondus
vieillissement de l’individu, vieillissement démographique et
vieillissement social. Selon cette prospectiviste française, les
représentations données du vieillissement de l’individu – qu’il soit
perçu comme un processus biologique et physiologique naturel ou comme
un processus de dégradation de l’utilité sociale – ne tiennent jamais
compte des jugements des personnes elles-mêmes, pour qui le
vieillissement est aussi question de solitude, de manque de
reconnaissance, de difficulté à s’impliquer dans un processus créatif.
Le calcul du vieillissement démographique sur base d’indicateurs
presque exclusivement du registre économique et non humain est biaisé,
laissant croire que l’allongement de la durée de vie entraîne
automatiquement un vieillissement démographique. Or cette association
est contestable en raison du recul de l’âge biologique du
vieillissement, des progrès de l'espérance de vie "en bonne santé".
Pour Josée Landrieu, il résulte de cette confusion une représentation
très pauvre du processus social du vieillissement réduit à trois
dimensions, biologique, démographique et économique; l’humain et le
politique disparaissant.
Il est indéniable que ce qui interpelle en priorité les sociétés
occidentales, qu’elles soient européennes ou non, ce sont les
conséquences économiques et sociales que peuvent avoir l’accroissement
du nombre et de la proportion des personnes âgées :
‑ sur l’évolution des dépenses de retraite,
‑ sur l’évolution des dépenses de santé,
‑ sur l’évolution de l’épargne et la composition des patrimoines qui
sont largement détenus par les personnes âgées et pourraient l’être
davantage encore,
‑ sur la consommation des ménages, la demande, et par conséquent,
sur la dynamique de croissance économique
[28].

Depuis plusieurs années déjà, les instances internationales
[29]
ont attiré l’attention sur l’impasse dans laquelle le vieillissement
démographique – défini comme l’augmentation de la proportion des
personnes âgées dans la population totale – allait conduire les
systèmes de protection sociale de bon nombre de pays occidentaux. La
situation devient plus préoccupante à mesure que s’approche le moment
où arrivera à l’âge de 60 ans la première des trente générations
nombreuses du baby boom (2006) alors que les générations moins
nombreuses du baby krack entreront dans le monde du travail.
Au niveau européen, par exemple, une étude réalisée pour la Commission
européenne, intitulée Le vieillissement démographique dans l’Union
européenne
[30],
montre quel pourrait être l’effet propre – c’est-à-dire l’impact de la
seule modification de la composition des âges, toutes choses étant
égales par ailleurs – du vieillissement démographique, d’une part sur
le financement des dépenses de santé, d’autre part sur les systèmes de
retraite. Ainsi, si le vieillissement correspond au scénario central
d’Eurostat, l’équilibre de la branche maladie ne pourrait être obtenu
qu’en augmentant de moitié le taux de cotisation ou en réduisant d’un
tiers le taux de remboursement (période 1995-2045). L’effet du
vieillissement sur les systèmes de retraites serait plus important. Du
seul fait du vieillissement, le rapport du nombre d’actifs au nombre
de retraités devrait être approximativement divisé par deux au cours
des cinquante années à venir. Cinq actions pourraient être combinées
pour restaurer l’équilibre financier d’un système de retraite par
répartition déficitaire :
– augmenter le taux de cotisation-vieillesse prélevée
sur les actifs de manière à maintenir le parallélisme entre
évolution des salaires nets moyens et l’évolution des retraites
moyennes;
– diminuer le rapport entre la pension moyenne servie aux retraités
et le salaire net perçu par les actifs, de manière que demeure
inchangé le taux de cotisation vieillesse;
– faire en sorte que demeure constant le rapport entre le nombre
d’actifs et celui de retraités, en relevant l’âge moyen de cessation
d’activité;
– augmenter l’effectif de la population active grâce à l’élévation
des taux d’activité à certains âges;
– recourir à l’immigration.
Espérance de vie à la naissance dans 34 pays 1950 - 2000 (en années)
Région / Pays |
Vers 1950 |
2000 |
Masculin |
Féminin |
Masculin |
Féminin |
|
|
|
|
|
PAYS DEVELOPPES |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Europe occidentale |
|
|
|
|
Autriche |
62,0 |
67,0 |
74,5 |
81,0 |
Belgique |
62,1 |
67,4 |
74,5 |
81,3 |
Danemark |
68,9 |
71,5 |
74,0 |
79,3 |
France |
63,7 |
69,4 |
74,9 |
82,9 |
Allemagne |
64,6 |
68,5 |
74,3 |
80,8 |
Norvège |
70,3 |
73,8 |
75,7 |
81,8 |
Suède |
69,9 |
72,6 |
77,0 |
82,4 |
Royaume Uni |
66,2 |
71,1 |
75,0 |
80,5 |
|
|
|
|
|
Europe orientale et méridionale |
|
|
|
|
Tchèquie |
60,9 |
65,5 |
71,0 |
78,2 |
Grèce |
63,4 |
66,7 |
75,9 |
81,2 |
Hongrie |
59,3 |
63,4 |
67,0 |
76,1 |
Italie |
63,7 |
67,2 |
75,9 |
82,4 |
Espagne |
59,8 |
64,3 |
75,3 |
82,5 |
|
|
|
|
|
Autres |
|
|
|
|
Australie |
66,7 |
71,8 |
76,9 |
82,7 |
Japon |
59,6 |
63,1 |
77,5 |
84,1 |
Etats-Unis |
66,0 |
71,7 |
74,2 |
79,9 |
|
|
|
|
|

PAYS EN DEVELOPPEMENT |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Afrique |
|
|
|
|
Egypte |
41,2 |
43,6 |
61,3 |
65,5 |
Ghana |
40,4 |
43,6 |
56,1 |
58,8 |
Mali |
31,1 |
34,0 |
45,5 |
47,9 |
Afrique du Sud |
44,0 |
46,0 |
50,4 |
51,8 |
Ouganda |
38,5 |
41,6 |
42,2 |
43,7 |
Congo (Brazzaville) |
37,5 |
40,6 |
44,5 |
50,5 |
|
|
|
|
|
Asie |
|
|
|
|
Chine |
39,3 |
42,3 |
69,6 |
73,3 |
Inde |
39,4 |
38,0 |
61,9 |
63,1 |
Kazakhstan |
51,6 |
61,9 |
57,7 |
68,9 |
Corée du Sud |
46,0 |
49,0 |
70,8 |
78,5 |
Syrie |
44,8 |
47,2 |
67,4 |
69,6 |
Thaïllande |
45,0 |
49,1 |
65,3 |
72,0 |
|
|
|
|
|
Amérique latine |
|
|
|
|
Argentine |
60,4 |
65,1 |
71,7 |
78,6 |
Brésil |
49,3 |
52,8 |
58,5 |
67,6 |
Costa Rica |
56,0 |
58,6 |
73,3 |
78,5 |
Chili |
57,8 |
61,3 |
72,4 |
79,2 |
Mexique |
49,2 |
52,4 |
68,5 |
74,7 |
Venezuela |
53,8 |
56,6 |
70,1 |
76,3 |
Source : Kevin KINSELLA, Victoria
VELKOFF, An Aging World 2001, U.S. Census Bureau, Series
P95/01-1, p. 26,
U.S. Government Printing Office, Washington, DC, 2001.

Age de la retraite dans 24 pays (1995)
Pays |
Masculin |
Féminin |
Age légal |
Age observé |
Age légal |
Age observé |
Australie |
65 |
61,8 |
60 |
57,2 |
Autriche |
65 |
58,6 |
60 |
56,5 |
Belgique |
65 |
57,6 |
60 |
54,1 |
Canada |
65 |
62,3 |
65 |
58,8 |
Danemark |
67 |
62,7 |
67 |
59,4 |
Finlande |
65 |
59,0 |
65 |
58,9 |
France |
60 |
59,2 |
60 |
58,3 |
Allemagne |
65 |
60,5 |
65 |
58,4 |
Grèce |
62 |
62,3 |
57 |
60,3 |
Islande |
67 |
69,5 |
67 |
66,0 |
Irlande |
66 |
63,4 |
66 |
60,1 |
Italie |
62 |
60,6 |
57 |
57,2 |
Japon |
60 |
66,5 |
58 |
63,7 |
Luxembourg |
65 |
58,4 |
65 |
55,4 |
Pays-Bas |
65 |
58,8 |
65 |
55,3 |
Nouvelle-Zélande |
62 |
62,0 |
62 |
58,6 |
Norvège |
67 |
63,8 |
67 |
62,0 |
Portugal |
65 |
63,6 |
62,5 |
60,8 |
Espagne |
65 |
61,4 |
65 |
58,9 |
Suède |
65 |
63,3 |
65 |
62,1 |
Suisse |
65 |
64,6 |
62 |
60,6 |
Turquie |
60 |
63,6 |
55 |
66,6 |
Royaume Uni |
65 |
62,7 |
60 |
59,7 |
Etats-Unis |
65 |
63,6 |
65 |
61,6 |
Source : Kevin KINSELLA, Victoria
VELKOFF, An Aging World 2001, U.S. Census Bureau, Series
P95/01-1, p. 109,
U.S. Government Printing Office, Washington, DC, 2001.

Taux d'emploi 1990 - 2000 dans l'Union européenne
(Population en emploi civil sur population d'âge actif 15-64 ans)
|
1990 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Belgique |
54,4 |
56,3 |
57,0 |
57,3 |
58,9 |
60,9 |
Danemark |
75,4 |
74,0 |
75,4 |
75,3 |
76,5 |
76,4 |
France |
59,9 |
59,2 |
58,8 |
59,4 |
59,8 |
61,1 |
Allemagne |
64,1 |
64,3 |
63,8 |
64,7 |
65,4 |
66,3 |
Irlande |
52,3 |
54,4 |
56,1 |
59,8 |
62,4 |
62,5 |
Italie |
53,9 |
50,6 |
50,5 |
51,8 |
52,5 |
53,4 |
Pays-Bas |
61,1 |
65,4 |
67,5 |
69,4 |
70,9 |
72,9 |
Norvège |
73,1 |
75,3 |
77,0 |
78,3 |
78,0 |
77,8 |
Espagne |
51,1 |
48,2 |
49,5 |
51,2 |
53,8 |
56,1 |
Suède |
83,1 |
71,6 |
70,7 |
71,5 |
72,9 |
74,2 |
Royaume Uni |
72,4 |
69,9 |
70,8 |
71,2 |
71,7 |
72,4 |
Source : Perspectives de l'emploi de
l'OCDE, 2001.

Le tableau suivant synthétise les ajustements à opérer en matière de
retraites dans quelques pays européens pour compenser l’effet du
vieillissement durant la période 1995-2045. Ainsi au niveau de
l’Europe des Quinze, en retenant le scénario central d’Eurostat, il
faudrait soit multiplier par 1,49 le taux de cotisation vieillesse,
soit diminuer de 43 % les ressources nettes des retraités par rapport
à celles des actifs, soit élever l’âge de la cessation d’activité de
9,9 ans, soit enfin, augmenter la taille de la population active de 75
% (élévation du taux d’activité ou immigration).
Ajustements à opérer en matière de retraites dans
quelques pays européens
pour compenser l’effet du vieillissement durant la période 1995-2045
[31]
|
1ère action |
2ème action |
3ème action |
4ème et 5ème actions |
Pays |
Coefficient multiplicateur du taux de la cotisation-vieillesse
en 2045 |
Abaissement (%) des ressources nettes des retraités en 2045 par
rapport à celles des actifs |
Elévation entre 1995 et 2045 de l’âge de cessation d’activité
(en années) |
Augmentation (en %) de la taille de la population active |
|
Compensant l’effet du vieillissement durant la période 1995-2045 |
Allemagne |
1,49 |
42 |
10,6 |
73 |
Espagne |
1,80 |
54 |
10,2 |
117 |
France |
1,51 |
44 |
9,6 |
80 |
Irlande |
1,96 |
54 |
10,7 |
118 |
Italie |
1,49 |
45 |
11,3 |
81 |
Royaume-Uni |
1,45 |
39 |
8,5 |
65 |
Suède |
1,24 |
26 |
5,8 |
35 |
Union européenne |
1,49 |
43 |
9,9 |
75 |
Source : Scénario central d’Eurostat

Les conclusions de cette étude menée au niveau européen ont le mérite
de renseigner sur l’ampleur de la question et sur les mesures très
radicales à adopter. Deux mesures retiennent plus particulièrement
l’attention. L’élévation de l’âge de la retraite semble la plus
efficace lorsque les retraites sont gérées par répartition, mais cette
mesure nécessite que le marché de l’emploi soit favorable à un tel
maintien de l’activité. L’autre mesure avancée consiste à adopter des
systèmes de retraite plus ou moins fondés sur la capitalisation. La
substitution d’un système à un autre apparaît pourtant comme un faux
débat, les modes de financement par répartition et par capitalisation,
étant plus complémentaires qu’opposés.
D’autres travaux ne se contentent pas de mesurer l’effet pur du
vieillissement démographique (toutes choses égales par ailleurs), mais
font varier une quantité de paramètres (taux de croissance, taux de
chômage, taux d’intérêt, etc.), puis à partir d’une batterie
d’hypothèses sur chacune de ces variables, procèdent à des simulations
à l’aide de modèle macro-économiques. La France se distingue
particulièrement par les recherches menées dans ce domaine. Les
rapports Charpin
[32],
Teulade [33],
Taddéi [34]
ou d’autres études menées par le Conseil économique et social
[35],
s’ils s’accordent tous sur l’ampleur de l’enjeu et de la nécessité
d’une réforme du système de retraite, diffèrent par l’ampleur et
l’urgence des mesures qu’ils préconisent et qui sont fonction de
l’optimisme plus ou moins grand à l’égard de la croissance économique
et de l’emploi [36].
La limite évidente de ces travaux d’essence prévisionnelle, c’est
qu’ils supposent une reproduction à l’identique d’un système
socio-économique de référence, faisant l’impasse sur les
discontinuités et les ruptures qui pourraient intervenir
[37].
Cette limite a été soulevée dans l'essai de prospective sur les
retraites en France à l’horizon 2040 réalisé par Futuribles
[38].
Cette étude, menée à l’aide de la méthode des scénarios, intègre les
facteurs de discontinuité et de rupture possibles, et présente six
scénarios contrastés à l’horizon 2020 et cinq à l’horizon 2040. Elle
montre combien le spectre des futurs possibles est ouvert, même à
l’échéance de vingt ans, et comment le problème de la retraite se
posera de manière d’autant plus aiguë que la croissance économique ne
sera pas durable et que les réformes tarderont à être mises en place.
Les scénarios à l’horizon 2020 sont élaborés en croisant deux
dimensions, celle des acteurs de la protection sociale, leur capacité
et volonté de réforme eu égard à la plasticité du contexte
socioculturel (au fil de l’eau, social-démocrate, libéral); celle du
contexte économique plus ou moins favorable (expansion, stagnation).
Ces six scénarios (les Trente Glorieuses revisitées, la guerre
des âges, l’économie sociale de marché, la république des pauvres, la
régulation marchande, la société à deux vitesses), sont ramenés à cinq
macro-scénarios à l’horizon 2040 qui se veulent des sortes d’idéaux
type, plutôt que des descriptions circonstanciées d’alternatives
exclusives (le despotisme éclairé, le modèle britannique, le modèle
américain, le modèle suédois, le communautarisme égalitaire).
De cet exercice de prospective, les auteurs ont retenu cinq chantiers
majeurs (mettre en place un plan d’urgence, renforcer la flexibilité
négociée, accroître l’équité, refonder le cycle de vie, préparer
l’avenir à long terme) et sept enseignements majeurs :
– le vieillissement démographique pourrait être plus
prononcé et plus brutal qu’on ne l’anticipe habituellement;
– le coût des retraites augmentera très fortement, leur financement
sera d’autant plus problématique que la croissance économique ne
sera pas nécessairement au rendez-vous; le plein emploi de la
population d’âge actif paraît, à l’horizon 2020, improbable; la
pratique très répandue des cessations anticipées d’activité
professionnelle ne saurait être radicalement renversée en quelques
années; le surcoût lié à certains risques (retraite, santé) ne
saurait être compensé par les économies réalisées sur d’autres
risques (par exemple, la politique familiale), d’abord parce que les
montants en cause ne sont pas de même ampleur, ensuite parce que les
économies que l’on pourrait être tenté de faire sur certains postes
se traduiraient par des hypothèques;
– la probable conjonction du sous-emploi et du vieillissement risque
de mener à une faillite du système et/ou à une exacerbation des
tensions entre catégories sociales ainsi qu’entre générations;
– plus de la moitié de la population active devra, à système
socio-économique inchangé, être remplacée dans les vingt ans à
venir;
– le risque de dépendance va s’ajouter au problème de financement
des retraites lié au vieillissement démographique;
– les chocs seront d’autant plus violents que non anticipés. Les
éléments de calendrier sont fondamentaux. Point ne suffit
d’anticiper les évolutions si ces anticipations ne conduisent pas à
l’adoption, en temps voulu, des mesures adaptées;
– la réduction des prestations risque d’être beaucoup plus brutale
que prévue
[39].

A côté de ces perspectives et de ces prospectives, à juste titre
alarmantes quant au financement futur de la protection sociale et qui
en appellent à la prise rapide de mesures adaptées
[40],
certains auteurs développent une vision globale résolument optimiste,
voir idyllique, face au vieillissement démographique.
Dans l’article Il sera une fois…la révolution grise. Jeux et enjeux
autour d’une profonde mutation sociale
[41],
Michel Loriaux a synthétisé la liste des griefs de l’économie
classique à l’égard d’une population vieillissante tels qu’ils ont été
formulés par Jean-Claude Chesnais (corrélation entre déclin économique
et déclin démographique, pénurie de ressources humaines, diminution
du dynamisme collectif, diminution de la demande, ralentissement du
rythme d’innovation, réduction de la solidarité inter-générationelle,
réduction de la compétitivité, fléchissement de l’investissement,
conservatisme politique…) [42]
et leur a apporté un contre argument positif.
Plus récemment, le sociologue Robert Rochefort, directeur du Centre de
Recherche pour l’Etude et l’observation des conditions de vie, dans
son ouvrage Vive le Papy boom !
[43],
développe tous les bienfaits que l’on peut attendre de l’arrivée à
l’âge de soixante ans des générations nombreuses du baby boom.
Il y conçoit le vieillissement non comme une menace mais comme une
chance susceptible de déboucher sur de nouvelles solidarités. Pour
lui, grâce au recul du seuil d’entrée dans la vieillesse, l’arrivée en
masse des plus de 60 ans ne signifiera pas qu’il y a plus de personnes
âgées dans la société, mais que se créera un groupe d’âge
intermédiaire nouveau par son importance et son positionnement; la "senioritude".
L’effet du vieillissement sur le financement des retraites débouchera
sur le recul de l’âge effectif de départ à la retraite. La diminution
du pouvoir d’achat des futurs retraités pourra être compensée par la
généralisation d’une double pension dans les foyers, résultat de
l’arrivée massive des femmes sur le marché de l’emploi ces trente
dernières années. Le pouvoir d’achat global ne devrait donc pas en
être trop affecté. La réforme du régime des retraites s’imposera aussi
sur le plan sociétal. On ne peut imaginer une famille de quatre
générations, dans laquelle une seule serait dans l’emploi. Il faut
passer du schéma de référence actuel de la succession des générations
à celui de cohabitation intergénérationnelle. Au niveau de la
consommation, l’arrivée des papy boomers ne devrait pas
provoquer de récession. En effet, la sous-consommation est
principalement liée à un effet de génération et non à un effet d’âge.
Robert Rochefort évoque encore les implications dans la vie
associative. On pourrait imaginer un glissement progressif entre la
vie active et la vie professionnelle (temps partiel activité/bénévolat
avant la phase de retraite). Un seul point sombre au tableau : la
concentration du capital économique dans les mains des plus âgés.

Face au vieillissement, il convient d’établir des rapports sociétaux
qui restent pour une grande part à inventer : quelle place pour la
population active qui va devoir soutenir par son travail une part de
la population de plus en plus grande et âgée ? Quelle place pour les
personnes âgées qu’il est souhaitable d’intégrer dans le
fonctionnement de nos sociétés comme une force et non comme un poids ?
Comment utiliser l’expérience des aînés systématiquement reléguée une
fois la pension arrivée ? Comment maintenir les aînés en santé le
plus longtemps possible ? Comment aider par des dispositions adéquates
en matière de structure d’accueil ou autres, la décision des couples
d’avoir des enfants ?
[44]
Pour faire face à nos difficultés de financement de la protection
sociale ou pour compenser les carences de main-d’œuvre, quelques
pistes alternatives peuvent à ce stade être avancées en jouant sur une
meilleure exploitation des réservoirs de main-d’œuvre nationale,
notamment au niveau de la population féminine et de ses taux
d’activité, en améliorant la formation professionnelle des chômeurs,
en préparant mieux les jeunes à leurs carrières futures, en permettant
aux aînés d’occuper des rôles productifs dans la société, que ce soit
à travers une plus grande flexibilité des cycles de vie ou par
l’exercice de secondes carrières et d’activités bénévoles dans les
secteurs de l’économie sociale ou de la vie associative, qui
contribuent de plus en plus au développement de nos sociétés
[45].

[1] Angus
MADDISON, L’économie mondiale : une perspective millénaire,
p. 27-31, Etudes du Centre de Développement, Paris, OCDE, 2001.
[2]
Patrice BOURDELAIS, L’Age de la vieillesse, Paris, Odile
Jacob, 1993.
[3]
Alfred SAUVY, Journal de la Société statistique de Paris, n°
12, décembre 1928, n°1, janvier 1929. Un recueil très complet des
articles de Sauvy a été publié dans La vieillesse des nations,
Paris, Gallimard, 2000.
[4]
Population, environnement et développement. Rapport concis,
Division de la Population, Département des Affaires économiques et
sociales, Nations Unies, New-York, 2001, p. 7
[5]
World Population Prospects, The 2000 Revision, Highlights,
Population Divison, Departement of Economic and Social Affairs,
United Nations, New-York, 2001.
[6]
Jean-Claude CHESNAIS, Vers une récession démographique planétaire,
dans Thierry DE MONTBRIAL et Pierre JACQUET dir., Rapport annuel
mondial sur le système économique et les stratégies, p. 51-63,
IFRI, Paris, Dunod, 1999.
[7]
Population, environnement et développement. Rapport concis, …,
p. 6-9.
[8]
Population, environnement et développement. Rapport concis, …,
p. 8.
[9]
World Population Prospects, The 2000 Revision, Highlights,
Population Divison, Departement of Economic and Social Affairs,
United Nations, New-York, 2001.
[10]
Kevin KINSELLA & Victor VILFOFF, An Aging World 2001, US
Census Bureau, Series P95/01-01, p. 10, Washington, US Governement
Office, 2001.
[11]
Thierry EGGERICKX, Dominique TABUTIN, Le vieillissement
démographique dans le monde, Historique, mécanismes et tendances,
Document de travail n° 14, Université catholique de Louvain,
Département des Sciences de la Population et du Développement,
Novembre 2001.
[12]
Thierry EGGERICKX, Dominique TABUTIN, Le vieillissement
démographique dans le monde…, p. 17.
[13]
Dominique TABUTIN, Les transitions démographiques en Afrique
sub-sahariennes : spécificités, changements et … incertitudes,
dans Actes du Congrès international de la population,
Beijing, UIESP, vol. 1, p. 219-247.
[14]
Vers la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement. Rapport
du Secrétaire général, Commission du développement social
constituée en comité préparatoire de la deuxième Assemblée mondiale
sur le vieillissement, Première session, New-York, 26 février-2 mars
2001, Conseil économique et social, Nations Unies, E/CN.5/2001/PC/2,
p. 13.
[15]
Quatrième opération d’examen et d’évaluation de l’application du
Plan d’Action international sur le vieillissement, Nations
Unies, Division des politiques sociales et du développement social,
14 mars 2000,
http://www.un.org/esa/socdev/ageing/age4rfr2.htm .
[16]
On commença à tenir vraiment compte du vieillissement vers 1980,
lorsque les nouveaux progrès de l’espérance de vie résultèrent
largement d’une réduction de la mortalité des personnes âgées. Ce
fait était moins apparent au début du 20ème siècle, bien que
l’augmentation de l’espérance de vie des personnes âgées ne fut pas
négligeable. Dans les années 1950 et 1960; le baby-boom, en freinant
le processus de vieillissement, en a retardé la prise de conscience,
P. LASLETT, La lente émergence du troisième âge, dans J-P
BARBET et J. DUPAQUIER dir., Histoire des populations de
l’Europe, t. 3, Les temps incertains 1914-1998 , p. 262, Paris,
1999.
[17] P.
LAROQUE (Prés.), Politique de la vieillesse, Paris, la
Documentation française, 1962.
[18]
Alfred SAUVY, Roland PRESSAT, Le problème de l’économie et de la
population en Wallonie, dans Revue du Conseil économique
wallon, janvier – avril 1962, n° 54-55, p. 2-51.
[19]
Rapport de l’Assemblée mondiale sur le vieillissement, Vienne, 26
juillet – 6 août 1982, New-York, Nations Unies.
[21]
L’Assemblée générale décide de célébrer en 1999, en bénéficiant des
ressources du budget-programme de l’exercice biennal 1998-1999 et de
contributions volontaires, l’Année internationale des Personnes
âgées, eu égard à la maturité démographique de l’humanité et à ce
qu’on peut en attendre en matière d’attitudes et d’aptitudes plus
responsables dans le domaine social, économique, culturel et
spirituel, en particulier pour la paix mondiale et le développement
au 21ème siècle., Nations Unies, Division des politiques
sociales et du développement social, 2 septembre 1998,
http://www.un.org/french/esa/socdev/iyop/iyoppoa.htm .
[22] La
Déclaration de Rio sur l’Environnement et le Développement de la
Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement
en 1992, la Déclaration de Vienne et le Programme d’action de la
Conférence mondiale sur les droits de l’homme en 1993, le Programme
d’action de la Conférence sur la population et le Développement au
Caire en 1995, la Déclaration et le Programme d’action du Sommet
mondial pour le développement social à Copenhague en 1995, la
Déclaration et le Programme d’action de Beijing de la quatrième
conférence mondiale sur les femmes en 1995, le Programme pour
l’Habitat et la Déclaration d’Istanbul sur les établissements
humains de la Deuxième Conférence des Nations Unies sur les
établissement humains en 1996.
[23]
Vers la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement. Rapport
du Secrétaire général, Commission du développement social
constituée en comité préparatoire de la deuxième Assemblée mondiale
sur le vieillissement, Première session, New-York, 26 février-2 mars
2001, Conseil économique et social, Nations Unies, E/CN.5/2001/PC/2,
p.22-23.
[24]
Stratégie internationale sur le vieillissement pour 2002. Projet de
texte présenté par le Président, Commission du développement social
constituée en comité préparatoire de la deuxième Assemblée mondiale
sur le vieillissement, Reprise de la Première session, New-York, 10
– 14 décembre 2001, Conseil économique et social, Nations Unies,
E/CN.5/2001/PC.L.9.
[25]
Vers la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement. Rapport
du Secrétaire général, Commission du développement social
constituée en comité préparatoire de la deuxième Assemblée mondiale
sur le vieillissement, Première session, New-York, 26 février-2 mars
2001, Conseil économique et social, Nations Unies, E/CN.5/2001/PC/2,
p.24.
[26]
Le Courrier de l’UNESCO de janvier 1999, intitulé Troisième
âge : la nouvelle vague, consacre plusieurs articles au problème
du défi du vieillissement dans le Tiers-Monde.
[27]
Josée LANDRIEU, Avant-propos, dans Fabienne GOUX-BAUDIMENT,
Edith HEURON, Josée LANDRIEU coord., Cerisy : Prospective (II)
Expertise, débat public : vers une intelligence collective, p.
61-62, La Tour d'Aigues, Editions de l’Aube, 2001.
[28]
Hugues de JOUVENEL, Le vieillissement démographique français : un
défi majeur, dans Cahiers de l’AURIF n°121, p. 55-67.
[29]
Averting the Old Age Crisis : Policies to protect the old and
promote growth, Banque mondiale, New-York, Oxford University
Press, 1994.; Le vieillissement dans les pays de l’OCDE. Un défi
fondamental pour la politique, Paris, OCDE, 1997, Orazio
P. ATTANASIO, Giovanni L. VIOLANTE, Pension reform and
demographic trend : is funding the solution ?, dans
Governance, equity and global markets (Proceedings of the Annual
Bank Conference on Development Economics in Europe, June 21-23
1999), p. 303-315, Paris, La Documentation française, 2000.
[30]
Gérard. CALOT, Jean-Claude CHESNAIS, Alain CONFESSON, Alain PARANT,
Jean-Paul. SARDON, Le vieillissement démographique dans l’Union
européenne à l’horizon 2050, dans Futuribles , Collection
Travaux et Recherches de Prospective, n° 6, octobre 1997,
Paris.
[31]
Gérard CALOT, Jean-Paul SARDON, Vieillissement démographique et
protection sociale, dans Futuribles, n° 244, juillet-août
1999, p. 34.
[32]
Commissariat général au Plan, L’avenir de nos retraites,
Paris, La Documentation française, 1999.
[33]
Conseil économique et social, L’avenir des systèmes de retraite,
avis présenté au nom de la section des Affaires sociales par M. René
Teulade, 12 janvier 2000.
[34]
Conseil d’Analyse économique (rapport réalisé par M. Dominique
Taddéi), Pour des retraites choisies et progressives, Paris,
La Documentation française, 2000)
[35]
Conseil économique et social, Les perspectives
socio-démographiques à l’horizon 2020-2040 (rapporteur Chantal
Lebatard), Paris, Les Editions des journaux officiels, Avis et
rapport du Conseil économique et social, 1999.
[36]
Excepté le rapport Taddéi, ces travaux ont été présentés et analysés
dans la revue Futuribles, pour le Rapport Charpin,
Futuribles, n° 242, Mai 1999, p. 43-53; pour le Rapport Teulade,
Futuribles, n° 252, avril 2000, p. 5-22; pour le rapport du
Conseil économique et social, Futuribles, n° 250, février
2000, p. 23-34. Futuribles consacre régulièrement articles et
numéros spéciaux à la problématique du vieillissement démographique
et à ses implications sur la sécurité sociale. Pour la Belgique, le
Bureau du Plan travaille sur ces problématiques et a organisé en
décembre 1997 un colloque sur le thème du vieillissement
démographique et du financement de la sécurité sociale,
Vieillissement démographique et financement de la sécurité sociale :
un défi soutenable ? Actes du Colloque organisé par le Bureau
fédéral du Plan à Bruxelles, les 2 et 3 décembre 1997, Bruxelles,
Bureau du Plan, 1999. Il faut signaler également la publication de
nombreux Cahiers du CREPP (Centre de Recherche en Economie Publique
et en Economie de la Population de l’Université de Liège) sur le
sujet : Philippe COMPAGNIE, Financement des retraites belges : un
essai de simulation (CREPP 96/09), André MASSON, Equité ou
solidarité intergénérationnelle (CREPP 97/01), Pierre PESTIEAU,
Philippe VAN PARIJS, Repenser (radicalement ?) la solidarité avec
les plus âgés (CREPP 97/02), Pascal BELAN, Pierre PESTIEAU,
Privatisation des systèmes de retraite : une évaluation critique
(CREPP 97/06), Alain JOUSTEN, Pierre PESTIEAU, Sécurité sociale
et départ à la retraite (CREPP 2000/02), Pierre PESTIEAU, Erik
SCHOKKAERT, Frans SPINNEWYN, Bismarck contre Beveridge :
l’efficacité et la durabilité politiques des systèmes de retraite
(CREPP 2000/03), Françoise LANNOY, Barbara LIPSZYC, Le
vieillissement en Belgique : données démographiques et implications
économiques (CREPP 2000/04), Olivier PADDISON, Pierre PESTIEAU,
Croissance et système de retraite dans une société duale (CREPP
2000/05), Pierre PESTIEAU, Longévité et activité (CREPP
2001/01), Raphaël DESMET, Sergio PERELMAN, Pierre PESTIEAU, Le
revenu des personnes âgées : la fin de l’âge d’or ?
(CREPP2001/09).
[37]
Hugues de JOUVENEL, Le vieillissement démographique, dans
Futuribles, n° 244, juillet-août 1999, p.4.
[38]
Benjamin DELANNOY, Hugues de JOUVENEL, Alain PARANT, Les
retraites en France à l’horizon 2040. Un essai de prospective,
dans Futuribles, n° 268, octobre 2001, p. 5-28, Hugues de
Jouvenel (sous la direction de), Un essai de prospective sur les
retraites en France à l’horizon 2040, Futuribles international,
Collection Travaux et recherches de prospective, Paris, 2001.
[39]
Benjamin DELANNOY, Hugues de JOUVENEL, Alain PARANT, Les
retraites en France à l’horizon 2040. Un essai de prospective,
dans Futuribles, n° 268, octobre 2001, p. 26.
[40]
Dans son ouvrage La dynamique de la retraite, Une menace pour
l’Europe, Paris, Economica, 1997, Didier Pène montre que l’on
ne peut comprendre la faiblesse de la croissance économique, le
fonctionnement de l’économie internationale et des marchés
financiers, la vie politique et même l’évolution de notre système de
valeur, si l’on ne les analyse pas à travers le vieillissement
démographique et sa conséquence, l’essor irrésistible de la retraite
et des dépenses de santé. Pour lui, la résolution du problème de
la société de la retraite repose sur un cocktail de mesures au
dosage complexe : retraite par capitalisation, aménagement du temps
de travail, immigration adéquate, reprise de la natalité,…
[41]
Michel LORIAUX, Il sera une fois… la révolution grise. Jeux et
enjeux autour d’une profonde mutation sociale, dans
Populations âgées et révolution grise. Chaire Quetelet ’86,
Institut de démographie, Université catholique de Louvain,
Louvain-la-Neuve, CIACO, 1990, p. 3-32.
[42]
Jean-Claude CHESNAIS, Les conséquences des tendances actuelles de
la fécondité dans les Etats-membres du Conseil de l’Europe,
Comité d’experts sur les tendances de la fécondité, Strasbourg,
Conseil de l’Europe, 1984.
[43]
Robert ROCHEFORT, Vive le papy boom !, Paris, Odile
Jacob, 2000.
[44]
Voir le dosssier La question du vieillissement, dans Fabienne
GOUX-BAUDIMENT, Edith HEURGON et Josée LANDRIEU, Expertise, débat
public : vers une intelligence collective, Prospective d'un
siècle à l'autre, II, p. 61-170, La Tour d'Aigues, L'Aube,
2001.- Marc DEBUISSON, Thierry EGGERICKX, Michel POULAIN,
Perspectives démographiques de la Wallonie 1995-2000, dans
Tendances économiques, SES, MRW, n°12, avril 1997, p.16.
[45]
Michel LORIAUX, Les enjeux démographiques des migrations vers
l’Europe, Communication présentée au colloque international
"Penser les migrations de demain vers l’Europe", organisé à l’ULB le
29 et 30 mars 2000, p.11-12.
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