L'accroissement de l'interdépendance a un impact
direct sur la souveraineté des Etats-nations. Ainsi, nous pensons,
avec Kimon Valaskakis, que la marge de manœuvre des gouvernements
nationaux est réduite de manière tangible par la pression de la
concurrence internationale dans un marché devenant mondialement
quasi-unique et où la compétitivité est une exigence pour les
entreprises :
Le maintien de la compétitivité interdit
la générosité dans tout système ouvert si cette générosité n'est pas
accompagnée d'une plus grande productivité. Si les gagnants dans la
nouvelle arène mondiale veulent améliorer le sort de leurs perdants
nationaux, ils devront le faire collectivement par des clauses
sociales respectées par tous. En l'absence de telles clauses
sociales, le nivellement par le bas se poursuivra et augmentera les
inégalités à un point où la cohésion sociale, facteur indispensable
pour la survie des sociétés, sera sérieusement remise en cause [1].
De même, le poids de nombreuses sociétés privées
mondiales a atteint, en termes de pouvoir et de capacité
économiques, celui de certains Etats-nations. Ces sociétés ont la
capacité de peser lourdement sur le gouvernement, les populations et
les orientations fondamentales de ces pays. Ainsi que l'écrit Elie
Cohen, lorsqu'une firme peut imposer sa volonté à un Etat, on
sort du cadre westphalien, la théorie classique des relations
internationales ne suffit plus
[2].
Identifiant quatre tendances qui structurent le nouvel âge du
capitalisme – la mondialisation, le retour des droits de
propriété, la mise en retrait de l'Etat et la révolution des
technologies de l'information et de la communication – l'auteur de
L'Ordre économique mondial, relève toute la complexité de
la grande transformation :
Gérer le nouvel ordre économique mondial
suppose de bien comprendre les interactions entre ces quatre
dimensions structurantes, dans un contexte où les Etats-nations ont
perdu des marges de manœuvre, sans que les organisations régionales
ou internationales aient vraiment pris le relais
[3].
Le constat fait par James Rosenau à la conférence de
la World Future Society à Minneapolis, en juillet 2001, était que
les Etats sont encore là pour longtemps mais ils ne peuvent plus
rien contrôler dans de nombreux secteurs
[4].
Il est en effet clair que, face au rôle de plus en plus prégnant des
grands acteurs de la scène mondiale, une tendance lourde s'affirme :
les gouvernements des Etats-nations ont moins d'instruments de
contrôle [5].
Elie Cohen souligne lui-aussi que, en matière de finances, les
Etats-nations ont transféré leurs pouvoirs de régulation à des
institutions régionales ou internationales [6].
Que constitue ce cadre westphalien, comment les
Etats-nations y évoluent-ils aujourd'hui, particulièrement en
termes de souveraineté, comment une nouvelle régulation politique
pourrait-elle se mettre en place pour répondre à l'accroissement de
l'interdépendance : nous aborderons ces questions successivement.

Les Traités de Westphalie de 1648 ont mis en place un
ordre mondial basé sur la souveraineté des Etats-nations [7],
ordre garanti par le principe de non-ingérence
[8].
Ce traité, négocié de 1643 à 1648 en Westphalie –
Osnabrück pour les protestants, Münster pour les catholiques ‑ est
garanti par la France et la Suède : il établit la paix qui met fin à
la Guerre de Trente ans, redessine la carte de l'Europe, définit un
nouveau statut pour l'Allemagne – qui se désagrège sous la forme
d'une confédération – et révise le mécanisme des relations
internationales
[9].
Ainsi, les Traités de Westphalie consacrent la déchéance des
Habsbourg d'Autriche et l'impuissance de l'Empire par rapport aux
trois cent-cinquante Etats qui le composent; ils limitent également
l'autorité impériale à la Bohème, l'Autriche et la Hongrie. La
supériorité territoriale (Landeshoheit) de tous les Etats de
l'Empire est reconnue par rapport à leur relation à l'Empereur. Cela
implique le droit de conclure des traités d'alliance entre eux et
avec des puissance étrangères (jus foederationis), afin
d'assurer conservation et sûreté réciproques, pour autant que ces
traités ne soient pas dirigés contre l'Empire ou l'empereur. La Paix
de Westphalie permet aux princes de conserver le droit d'imposer
leur religion à leurs sujets. En fait, c'est la pleine souveraineté
des gouvernants allemands à l'intérieur des frontières de leur Etat
qui est ainsi reconnue, au détriment d'un Empire disloqué dans ses
propres limites et totalement muselé dans ses prérogatives
législatives et diplomatiques [10].
Ainsi, comme le souligne Thierry de Montbrial, les
Traités de Westphalie marquent l'émergence de la souveraineté
absolue des Etats comme un principe fondamental du droit
international
[11].
Un autre principe qui en a dérivé est celui de la non-intervention
dans les affaires dites intérieures d'un Etat, c'est-à-dire
le principe de non-ingérence. Ce principe a été structurant pendant
de nombreux siècles, avec toutefois des latitudes : que l'on songe à
la Sainte-Alliance de 1815 par laquelle les monarques de la Russie
orthodoxe, de l'Autriche catholique et de la Prusse protestante
s'engagèrent à gouverner suivant les enseignements des Saintes
Ecritures : ils s'attribuèrent ainsi le droit d'intervenir
contre tous les soulèvement nationaux et libéraux. Que l'on songe
également à l'engagement des Alliés en Russie, aux côtés des groupes
blancs antibolcheviques, en 1918 et 1919. En fait, les coups de
canifs dans les principes westphalien ont été nombreux mais balisés
par deux objectifs : d'une part, la volonté de respecter l'existence
de la plupart des autres Etats ‑ sinon de toutes leurs frontières ‑
et, d'autre part, celle d'empêcher la domination d'un Etat
particulier par un réseau d'équilibres et d'alliances entre les
puissances [12].
Toutefois, il faut considérer que ce mécanisme a laissé une très
grande souveraineté aux Etats dans l'élaboration de leur politique
internationale car les liens qu'ils ont pu construire étaient
généralement limités voire circonstanciels. Les deux
caractéristiques principales de l'ordre westphalien ‑ le principe de
respect réciproque de la souveraineté et le haut niveau d'autonomie
de chaque Etat dans ses affaires intérieures et extérieures ‑
peuvent aussi être analysées comme un très faible niveau de
gouvernance dans les relations internationales
[13].
Mark W. Zacher relève six piliers sur lesquels repose
le principe de respect réciproque en matière de souveraineté :
– le souhait des gouvernants d'empêcher des
incursions dans leur propre pouvoir;
– l'absence de toute idéologie transnationale en compétition
sérieuse avec les Etats-nations affectant l'affiliation politique
des peuples;
– une tension historique entre les autorités politiques et les
fidélités politiques conduisant à des violences populaires et à
des désordres;
– un bagage commun de valeurs qui crée un respect pour les autres
Etats et leurs règles;
– l'offre des Etats, à l'égard de leurs citoyens, de valeurs
importantes comme la protection de la vie et le bien-être
économique
[14].
Parallèlement, le directeur de l'Institut des
Relations internationales de l'Université de Colombie britannique
identifie six piliers qui soutiennent un haut degré d'autonomie de
l'Etat, tant dans les affaires intérieures que dans les relations
internationales :
– un ratio coût/bénéfice pour l'utilisation de la
force (particulièrement pour les grandes puissances), qui rend un
recours périodique à la guerre assez tolérable, qui pousse les
régimes forts à considérer le recours à la guerre comme inutile,
et qui promeut un haut degré d'autonomie économique;
– des conflits mineurs entre Etats causant peu de dommages
frontaliers et, dès lors, ne requérant pas d'intervention
extérieure pour les limiter;
– de faibles niveaux d'interdépendance économique qui ne
nécessitent pas de collaboration internationale forte pour en
gérer les effets;
– de faibles flux d'informations qui limitent la croissance de
l'interdépendance économique et promeuvent la pluralité
culturelle;
– la prédominance de l'autoritarisme ou du gouvernement non
démocratique qui limite la circulation de l'information et des
populations, supprimant la contrainte morale ou politique
d'utiliser la force à l'égard d'autres pays;
– un haut degré de diversités culturelle, politique et économique
parmi les pays, qui rendent la coordination des politiques
difficile parce que les différences soutiennent une démarche
nationaliste vers l'autonomie, promeuvent des intérêts variés et
gênent la communication [15].
La souveraineté étatique constitue ainsi le principe
fondateur des relations internationale. Le dernier article des
Quatorze Points du programme de paix du président des Etats-Unis
Woodrow Wilson adressé au Congrès américain le 8 janvier 1918 avait
prôné la création d'une association générale des nations en vue de
fournir des garanties mutuelles d'indépendance et d'intégrité
territoriale aux Etats
[16].
Ce texte avait constitué la base de la fondation de la Société des
Nations inscrite dans le pacte de paix du Traité de Versailles. La
SDN n'abolissait en rien le principe de la souveraineté nationale,
chaque Etat se gouvernant et s'administrant en pleine indépendance [17].
Plus de vingt-cinq ans et une guerre mondiale plus tard, la Charte
des Nations Unies, signée à San Francisco le 26 juin 1945, a
confirmé cet ordre international. Ainsi, son article 2 dispose que
cette organisation est fondée sur la souveraineté des Etats, que
leur intégrité territoriale et leur indépendance constituent la base
des relations internationales, et que le lien qu'ils mettent ainsi
en place n'affecte pas leur propre souveraineté à conduire leurs
affaires intérieures comme ils l'entendent :
1. L'Organisation est fondée sur le principe de
l'égalité souveraine de ses membres.
[…]
3. Les Membres de l'Organisation règlent leurs
différends internationaux par des moyens pacifiques, de telle
manière que la paix et la sécurité internationales ainsi que la
justice ne soient pas mises en danger.
4. Les Membres de l'organisation s'abstiennent,
dans leurs relations internationales, de recourir à la menace
ou à l'emploi de la force, soit contre l'intégrité territoriale
ou l'indépendance politique de tout Etat, soit de toute autre
manière incompatible avec les buts des Nations Unies.
[…]
7. Aucune disposition de la présente Charte
n'autorise les Nations à intervenir dans des Affaires qui
relèvent essentiellement de la compétence nationale d'un Etat ni
n'oblige les Membres à soumettre des affaires de ce genre à une
procédure de règlement aux termes de la présente Charte;
toutefois, ce principe ne porte en rien atteinte à l'application
des mesures de coercition prévues au Chapitre VII
[18].
Le 21 décembre 1965, l'Assemblée générale des Nations
Unies a adopté une déclaration sur l'inadmissibilité de toute
intervention dans les affaires intérieures des Etats et sur la
protection de leur indépendance et de leur souveraineté
[19].
Ce document constitue une référence régulière des opposants à toute
intervention dans les Etats souverains [20].
L'ordre westphalien s'est donc maintenu très loin
dans le XXème siècle, probablement aidé en cela par la Guerre froide
: elle a fait des deux blocs les garants vigilants d'un monde que
les deux Grands stabilisaient de fait par la tension globale qu'ils
y apportaient, en même temps que par la force destructrice des
armements dont ils se menaçaient mutuellement.
Dans leur déclaration du Millenium, les Etats membres
des Nations Unies, réunis à New York du 6 au 8 septembre 2000, ont
rappelé les valeurs et principes qu'ils entendaient partager. Ils
ont reconnu que, à côté de leurs responsabilités respectives à
l'égard de leur propre société, les membres avaient la
responsabilité de maintenir les principes de dignité, d'égalité
et d'équité au niveau global. Reconnaissant l'interdépendance
et l'interconnexion, les représentants des Etats-membres ont redit
leur attachement à l'égalité souveraine de tous les Etats, leur
respect pour chaque intégrité territoriale et chaque indépendance
politique
[21].

Le fonctionnement des relations internationales basé
sur la souveraineté des Etats-nations a connu une forte remise en
cause à la fin du XXème siècle. Le concept de souveraineté lui-même
apparaît dans toute sa complexité dans cette période de fort
changement social [22].
Certes, la fin de la souveraineté des Etats-nations n'implique pas
la construction d'un monde sans Etats [23].
Comme l'indiquent à la fois Philippe Moreau Defarges et Yehezkel
Dror, il n'y a pas disparition de l'Etat-nation ‑ qui reste, en soi,
incontournable ‑ mais bien transformation de l'Etat,
notamment par le grignotage du champ de son domaine réservé,
face à la formation d'un espace public mondial. De même, l'Etat
souverain semble incapable de contrôler les flux immenses qui
touchent son territoire : informations, technologies, biens
culturels, marchandises, finances et personnes. A titre d'exemple,
le trafic transfrontalier de l'espace Schengen donne la mesure de
ces échanges en ce qui concerne les personnes : il est de l'ordre de
1,7 milliard d'individus par an, soit des données de 864 millions de
personnes se déplaçant de et vers l'Allemagne, 291 millions pour la
France [24].
Ainsi, la période actuelle constitue celle d'une tension profonde
entre les deux légitimités mutuellement opposables que sont, d'une
part, l'Etat souverain et d'autre part, la société internationale
née de l'interdépendance [25].
Trois types de facteurs ont touché directement la
souveraineté des Etats et déstabilisé l'ordre westphalien.
D'abord, ainsi que l'indiquait James Rosenau en 1990,
l'expansion de l'interdépendance a des implications
substantielles sur le concept de souveraineté
[26].
L'idée même selon laquelle des domaines relèveraient strictement des
matières intérieures n'a plus que difficilement cours. C'est comme
si, écrivait le professeur américain, l'interdépendance avait
mondialement institutionnalisé le principe selon lequel les
frontières territoriales ne constituent plus la base la plus
pertinente pour fonder des accords politiques. Pour le directeur de
l'Institute for Transnational Studies à l'Université de Californie
du Sud, plusieurs éléments liés à l'interdépendance semblent avoir
participé à l'érosion de la souveraineté des Etats-nations :
– l'émergence des droits de l'Homme, comme question
centrale de la politique post-internationale, particulièrement les
Accords d'Helsinski – Acte final de la Conférence sur la Sécurité et
la Coopération en Europe (CSCE) –, tels que signés le 1er août 1975
– l'action d'organisations transnationales comme
Amnesty International;
– l'intégration des économies nationales dans
l'économie mondiale, qui a affaibli le lien entre le territoire
politique et le contrôle économique sur ce territoire, comme par
exemple le marché unique européen de 1992.
Ensuite, la tension s'est faite grandissante entre le
principe de la souveraineté étatique et cet autre principe
fondamental que constitue le droit des peuples à disposer
d'eux-mêmes. A l'intérieur même des Etats, des minorités nationales
sont parvenues à faire reconnaître leur aspiration à former de
nouveaux Etats, au point que le nombre de pays souverains
représentés aux Nations Unies a été multiplié par quatre depuis la
guerre, pour atteindre près de deux cents en 2001. Au cœur de
l'Europe même, deux cas sont éclairants. Le premier est celui de la
Tchécoslovaquie, le second celui de la Yougoslavie. L'une et l'autre
ont interpellé la communauté internationale par leur problématique
interne, de manières bien différentes. On a pu constater que les
revendications d'indépendance qui s'y sont manifestées ont débouché
sur des situations différentes au regard de l'équilibre européen.
Ces situations posent la question de savoir si le droit des peuples
à disposer d'eux-mêmes est supérieur, égal ou inférieur à la
stabilité internationale. Comme l'indique Philippe Moreau Defarges,
cette question pourrait être posée pour les Kurdes, les Québécois ou
les Ecossais
[27].
Jacques Lesourne ajoute, de son côté, quelques interrogations :
La Belgique se séparera peut-être en deux
Etats, Bruxelles devenant alors une sorte de district fédéral. Au
Pays basque, en Catalogne, en Italie du Nord, en Corse, en Irlande,
des modifications politiques ne sont pas à exclure
[28].
Enfin, un nouvelle notion de droit international, le
droit d'ingérence, a fait son apparition au début des années
quatre-vingt dix, qui constitue un processus de correction du
principe de souveraineté
[29].
Ce droit s'est exprimé à plusieurs reprises :
– protection des Kurdes d'Irak au nord du 32ème
parallèle (Résolution 688 du 5 avril 1991 des Nations Unies);
– intervention en Somalie pour défaillance absolue
d'un Etat à l'égard de ses ressortissants (résolution 794 du 3
décembre 1992);
– création du Tribunal pénal international pour
l'Ex-Yougoslavie (résolution 808 du 22 février 1993);
– création du Tribunal pénal international pour le
Rwanda (résolution 955 du 8 novembre 1994);
– intervention de l'Otan au Kosovo, décision
unilatérale des démocraties occidentales remettant en cause la
souveraineté de la Serbie sur une partie de son territoire, après
quatre ans de tergiversations et de sacralisation du principe de
souveraineté dans l'éclatement de l'ex-Yougoslavie.
Ces interventions, malgré toutes les ambiguïtés
qu'elles génèrent, portent atteintes à la souveraineté des Etats
concernés et se basent sur un principe, encore controversé, mais
rappelé par Kofi Annam lui-même : dans aucun pays, le
gouvernement n'a le droit de se dissimuler derrière la souveraineté
nationale pour violer les droits de l'Homme ou les libertés
fondamentales des habitants de ce pays
[30].
Cette idée – appelée désormais la doctrine Annan
[31]
– ne figure toutefois pas dans la Charte des Nations Unies.
Celles-ci n'ont d'ailleurs couvert l'intervention occidentale au
Kosovo que rétrospectivement, par la résolution 1244 du 10 juin
1999.
Cette dynamique d'ingérence relève ainsi directement
de l'interdépendance et de la forme de communauté d'intérêt ou de
valeurs qui peut s'y constituer, au moins ponctuellement, sur une
question précise, chacune des parties prenantes pouvant mettre
chaque autre partie en cause
[32].
On se situe dès lors dans l'optique de Susan Strange, qui propose de
substituer, à l'étude des relations internationales, celle du
système international : cette démarche constitue une bonne
illustration de la sortie de l'ordre westphalien, c'est-à-dire du
passage d'un ordre qui régissait les relations entre
Etats-nations pour entrer dans un monde où l'action publique
internationale est le produit de l'interaction entre Etats, firmes
et organisations internationales [33].
Il reste à chercher comment une nouvelle régulation
politique pourrait se mettre en place afin de répondre à
l'accroissement de l'interdépendance entre les Etats.

Philippe Moreau Defarges a bien posé la question de
la transition entre le système ancien – tendu et déstructuré – et la
recherche d'une nouvelle régulation mondiale :
Cette tension entre légitimités, ainsi
que la cohabitation entre Etats et structures de toutes sortes
appellent non pas un ordre juridique, mais des ordres juridiques
bricolés, enchevêtrés, complémentaires et contradictoires,
combinant, selon des équilibres très variables, traités, codes,
pratiques non écrites… Ces ordres peuvent-ils conduire vers ce que,
semble-t-il, réclame la mondialisation : des normes planétaires ?
[34]
La problématique est déjà ancienne et les pistes de
réponses également. Ainsi, le rapport final de l'exercice de
prospective renommé Interfuturs
[35],
lancé par l'OCDE à l'initiative du Japon et dirigé par Jacques
Lesourne de 1976 à 1979, prenait largement en compte l'augmentation
de l'interdépendance et posait la question des Etats :
L'interdépendance économique, écologique
et culturelle devrait s'accroître au cours de la fin du siècle. Son
intensification aura des effets bénéfiques, mais elle créera des
vulnérabilités nouvelles. Des difficultés résulteront de la
conjonction de cette interdépendance et de la pérennité des
Etats-nations
[36].
Dès Interfuturs, Jacques Lesourne a mis en évidence les deux pistes
de régulation globale permettant de répondre à ce qu'il appelait la
troisième déficience de contrôle : la première est l'Empire, la
deuxième est la coopération vers une organisation hiérarchique du
système mondial par l'intégration politique. En ce qui concerne
l'Empire, le professeur au Conservatoire national des Arts et
Métiers ne voyait plus devant lui, à la fin des années soixante-dix,
que la force de l'URSS et le déclin des Etats-Unis. Certes, comme
l'indiquait alors Daniel Bell, c'est un fait historique qu'il n'y a
plus d'empire politique majeur dans le monde d'aujourd'hui
[37].
Pourtant, America is back [38]
et l'affaiblissement des Etats-Unis, même après – ou surtout après –
le choc du 11 septembre 2001, ne semble plus à l'ordre du jour des
prospectivistes. On a pourtant souvent relevé, au cours des
dernières années, des signaux d'affaiblissement ou de perte de
leadership des Etats-Unis, sans toutefois que ces éléments ne
s'affirment comme une tendance [39].
Déjà, lors de la conférence 2020 Global Architecture Conference,
organisée en 2001 par le Centre for Global Studies de l'Université
de Victoria (Canada), on a constaté, avec une certaine ironie,
que, tandis que, partout, la globalisation diminue le rôle des
Etats-nations, l'un d'entre eux émerge comme la plus puissante
nation qui ait jamais existé : les Etats-Unis. Ainsi, selon le
rapporteur, les Etats-Unis semblent avoir résolu leur propre
difficulté à se mouvoir dans un monde multipolaire [40].

La deuxième piste de régulation politique globale est
celle de la coopération créant des espaces transnationaux porteurs
d'une nouvelle légitimité, espaces auxquels les Etats-nationaux
deviennent subordonnés de manière plus ou moins consentie. La
déficience de contrôle supranational fait peser sur l'humanité les
plus grands risques : ces risques ne s'éloigneront probablement que
lorsque l'intégration politique aura donné le jour à une
organisation hiérarchique du système mondial
[42].
Enfin, dans son effort pour appréhender une ère
post-westphalienne, ses paramètres et sa méthode d'opération du
monde, Kimon Valaskakis a dessiné trois scénarios plausibles :
– le premier, intitulé le marché décide tout,
consiste à décrire un Etat-nation condamné par les forces du marché
et ce que l'ancien ambassadeur du Canada à l'OCDE appelle le
vote-dollar. Ce scénario est rejeté par l'auteur pour deux
raisons : d'une part, à cause de la tension entre riches et pauvres
qui découlerait inévitablement d'un système sans redistribution et
conduirait à l'explosion sociale; d'autre part, parce qu'un
organisme étatique régulateur apparaît nécessaire au bon
fonctionnement de tout marché et que ce système n'existe
actuellement pas en dehors des Etats-nations;
– le second scénario s'intitule la régulation
unilatérale et/ou régionale. On rejoint l'idée déjà évoquée de
leadership, de Pax americana, sur le modèle de la Pax
Romana. Mais Kimon Valaskakis estime – il s'exprime en juin 1999
– que les Etats-Unis, par défaut de puissance, ne sont pas en mesure
d'imposer une telle configuration. Dès lors, l'auteur entrevoit
davantage la mise en place d'un directoire ‑ coalition d'Etats-nations
‑ du type du G-8, du Conseil de Sécurité, de l'Otan (G-19), de
l'OCDE (G-29), etc.;
– le troisième scénario est celui de la régulation
multilatérale mondiale. Il s'agit de l'élaboration d'une
architecture post-westphalienne réunissant des conditions de
légitimité et d'efficacité. Ce nouveau système serait négocié lors
d'un traité de Westphalie II qui réinventerait une nouvelle
configuration en tenant compte des données du troisième millénaire.
Ce troisième scénario, qui demandera un travail énorme, devra
concilier plusieurs principes de base contradictoires :
indépendance-interdépendance, souveraineté-solidarité,
diversité-unicité, économie et politique, etc. Il est à la fois le
plus difficile à réaliser et le plus susceptible, si jamais il voit
le jour, de sortir le monde des zones de turbulences qu'il traverse [43].
En conclusion, Kimon Valaskakis insiste sur la
nécessité de trouver une légitimité pour un gouvernement mondial, ce
qui nécessite de dépasser l'idée d'un directoire imposant son ordre
propre et d'envisager une refonte en profondeur du système
multilatéral, tout en codifiant la gouvernance sur un plan mondial.

Cette gouvernance mondiale est-elle nécessaire,
possible et souhaitable ?
De nombreux paramètres font apparaître que des
problèmes se posent avec une acuité particulière. Le Millenium
Project de l'American Council pour l'Université des Nations Unies
met en évidence, dans son rapport 2001, l'accroissement hallucinant
du nombre de réfugiés et de personnes déplacées. Ceux-ci sont passés
de 8,5 millions en 1980 à environ 41 millions en janvier 2000, soit
près de deux fois le niveau atteint à la fin de la Guerre froide
[44].
Ainsi, en relevant le nombre de conflits locaux dans le monde – 31
selon la CIA –, l'équipe de Jérome C. Glenn note, en citant le
rapport de la National Defense Council Foundation, que le système
bipolaire de la Guerre froide s'est désintégré dans un système de
guerres brûlantes, avec des conflits qui éclatent dans toutes les
parties d'un monde interdépendant [45]
.
Comme le soulignait Jacques Attali dans un débat
prospectif avec Boutros Boutros-Ghali, la prolongation des
tendances actuelles est impossible. L'auteur du Dictionnaire
du XXIème siècle
[46]
regrette que, à la fin de la Guerre froide, lorsque l'ordre mondial
s'est écroulé, l'humanité n'ait pas tenté de réorganiser les
relations internationales, comme elle l'avait fait en 1648, en 1815,
en 1920 ou en 1946. Pour Jacques Attali, on a commis une erreur :
on a cru que l'Occident avait gagné, que ses valeurs s'imposaient
définitivement, et qu'il suffisait de les généraliser pour que tout
aille bien [47]
.
L'ambassadeur du Danemark à Singapour J. Ørstrøm
Møller, auteur de The End of Internationalism, or World
Governance ? estime que la gouvernance mondiale permettant
d'intervenir dans les conflits devrait être basée sur le principe de
démocratie appliqué internationalement
[48].
C'est ce que revendique également le président du CEPII, Michel
Camdessus, lorsqu'il affirme que seul un gouvernement mondial peut
être à la mesure des défis universels immenses à relever, notamment
dans le secteur de la pauvreté. Cet organisme de gouvernance globale
destiné à rendre les arbitrage et se réunissant une fois par an, il
le voit composé de chefs de gouvernements et différent du G7, le Sud
y étant représenté à parité avec le Nord, seule base possible de
légitimité [49].
Dans l'esprit de l'ancien directeur général du Fonds monétaire
international, cette analyse n'est pas synonyme de disparition ou
même de réduction du rôle de l'Etat-nation. Il faut,
disait-il précédemment, accepter cette exigence de la
mondialisation qu'est la responsabilité dans la conduite des
économies nationales [50].
Cette dimension est importante car elle indique que
l'interdépendance joue dans tous les sens – ce que son concept
sous-tend d'ailleurs fort bien. Ainsi, le rôle de l'Etat-nation, y
compris dans ses matières dites réservées, a une influence qui
dépasse largement ses frontières et apparaît, dès lors, comme un
acteur fort de la mondialisation. Michel Camdessus ne sous-estime
toutefois pas la difficulté de la mise en œuvre de cette innovation
:
Prononcez le mot de "gouvernement
mondial" au congrès des Etats-Unis et vous devenez l'ennemi public
numéro un. Or, la simple idée de dire qu'il faut aller vers une
structure où des questions comme celles dont nous venons de parler
seraient plus directement, et d'une manière plus délibérée et
volontaire, pris en charge par la communauté mondiale des Etats,
cette idée-là n'a pas encore trouvé sa légitimité dans l'opinion
publique des grands pays
[51].
Les Etats sont encore appelés à jouer un rôle, mais
différemment, probablement par la mise en place d'une nouvelle
territorialité, construite en réseaux, et élargissant la conception
nationale [52].
De même, la ligne de démarcation entre la souveraineté étatique et
l'intérêt de la communauté mondiale deviendra de plus en plus
disputée. Comme l'avait rappelé le secrétaire général des Nations
Unies, Boutros Broutos-Ghali en 1992, le temps de la souveraineté
absolue et exclusive […] est passé, sa théorie n'a jamais coïncidé
avec la réalité [53].
Des phénomènes comme celui-là ont été vécus – ils le
sont d'ailleurs encore – dans le cadre des régions mondiales, et
particulièrement dans le cadre de la construction européenne. La
souveraineté a dû se partager, malgré les conceptions de la
souveraineté absolue et indivisible théorisée par Jean Bodin.
Jérôme Vignon rappelait à Cerisy tout le poids de la pensée de
l'auteur de La République sur les conceptions politiques
contemporaines, particulièrement françaises, mais pas seulement
françaises
[54].
La question de l'articulation entre la souveraineté
et l'interdépendance constitue une urgence de la gouvernance
mondiale. Certes, on ne peut balayer d'un coup de mondialisation les
bases de la coopération multilatérale que sont les Etats-nations.
Lorsque les populations se déchirent, il n'est pas permis, non plus,
de manquer d'intervenir au nom de la souveraineté nationale ou en
l'absence d'enjeux stratégiques pour les intervenants potentiels.

[1]
Kimon VALASKAKIS, La planète Terre est-elle gouvernable ? dans
Edith HEURGON et Josée LANDRIEU, Prospective pour une gouvernance
démocratique, Colloque de Cerisy, p. 49, La Tour d'Aigues, L'Aube,
2000. – Kimon VALASKAKIS, Tendances à long terme de la gouvernance
mondiale : des traités de Westphalie à Seattle, dans La gouvernance
au XXIème siècle, p. 55-80, Paris, 0CDE, 2002. Kimon Valaskakis est
professeur à l'Université de Montréal.
[2]
Elie COHEN, L'ordre économique mondial, Essai…, p. 18. – Brigitte
STERN, Etats et souverainetés : la souveraineté de l'Etat face à la
mondialisation, dans Yves MICHAUD dir., Université de tous les
savoirs, vol. 3, Qu'est-ce que la société ?, p. 834,
Paris, Odile Jacob, 2000. – Sarah ANDERSON & John CAVANAGH, The Rise of
Corporate Global Power, Washington, Institute for Policy Studies,
2000. http://www.ips-dc.org . 10/02/02.
[3]
Elie COHEN, L'ordre économique mondial, Essai…, p. 66.
[4]
James ROSENAU, The Future of Globalization : Analyses, Visions and
Scenarios, Annual Conference of the World Future Society,
FutureScope 2001, Exploring the 21st Century, Minneapolis, 31 juillet
2001. – James N. ROSENAU, Turbulence in World Politics, A Theory of
Change and Continuity, p. 127sv, Princeton (New Jersey), Princeton
University Press, 1990.
[6]
Elie COHEN, Globalisation financière et gouvernance mondiale…, p.
67.
[7]
Kimon VALASKAKIS, La planète Terre est-elle gouvernable ?…, p.
55-57.
[8]
Sur l'importance du concept de "système westphalien", voir Thomas J.
BIERSTEKER & Cynthia WEBER éd., State Sovereignty as Social Construct,
New-York - Cambridge, Cambridge University Press, 1996, notamment
l'analyse de Daniel DEUDNEYS, Binding sovereigns : authorities,
structures, and geopolitics in Philadelphian systems, p. 190-239. –
Kimon VALASKAKIS, Le début d'une ère post-westphalienne ? dans
Futuribles, Novembre 2001, p. 61-64.
[9]
Trois traités s'inscrivent dans le cadre de ce que l'on a appelé le Traité
de Westphalie :
– le
traité de Munster du 30 janvier 1648 met fin à la guerre entre l'Espagne
et les Provinces Unies ;
– le
traité de Munster du 24 octobre 1648 entre la France et l'Empire ;
– le
traité d'Osnabrück du 24 octobre 1648 entre l'Empire et la Suède.
[10]
William L. LANGER ed., An Encyclopedia of World History, p. 408,
Londres, Toronto, Bombay, Sydney, George G. Harrap & Co, 1954.
[11]
Thierry de MONTBRIAL, Mémoire du temps présent, p. 98, Paris,
Flammarion, 1996. Thierry de Montbrial note qu'exercer la souveraineté,
c'est être la source des décisions auxquelles on se soumet. C'est un
attribut qui appartient à une autorité qui n'en a aucune autre au dessus
d'elle. La souveraineté absolue a été reconnue aux Etats occidentaux après
les traités de Westphalie (1648). En pratique, les rapports interétatiques
sont fondés sur la souveraineté relative : il existe un droit
international supérieur au droit interne et donc limitant les pouvoirs de
l'Etat, étant entendu que toute limitation de la souveraineté doit être
acceptée par les Etats concernés. (Ibidem, p. 198). Voir aussi
Thierry de MONTBRIAL, L'action et le système du monde, p. 403-424,
Paris, Puf, 2002. – Pour une critique de ce modèle westphalien, voir
Stephen D. KRASNER, Sovereignty, dans Foreign Policy,
février 2001, p. 3-4.
http://www.globalpolicy.org/nations/realisme.htm .
13/02/02.
[12]
C'est Franklin D. Roosevelt qui considérait que la Seconde Guerre mondiale
mettrait fin au système fondé sur l'action unilatérale, les alliances
exclusives, l'équilibre des forces et tous les autres expédients qui ont
été essayés pendant des siècles… et qui ont échoué, Discours au
Congrès sur la Conférence de Yalta, 1er mars 1945, cité dans Samuel P.
HUNTINGTON, Le choc des civilisations, p. 26, Paris, Odile Jacob,
1997.
[13]
Mark W. ZACHER, The Decaying Pillars of the Westphalian Temple :
Implications for International Order and Governance, dans James N.
ROSENAU et Ernst-Otto CZEMPIEL, Governance without Government : order
and Change in World Politics, p. 59-61, Cambridge (Mass.),
Cambridge University Press, 1992.
[14]
Mark W. ZACHER, The Decaying Pillars of the Westphalian Temple…, p.
61.
[15]
Mark W. ZACHER, The Decaying Pillars of the Westphalian Temple…, p.
62-63.
[16]
Les Quatorze Points du Président Wilson, dans Michel LARAN et
Jacques WILLEQUET, L'époque contemporaine (1871-1965), Recueils de
Textes d'Histoire publiés sous la dir. de Louis GOTHIER et Albert Troux,
p. 232-234, Liège, Dessain, 1969.
[17]
Raoul COUVREUR, La Société des Nations, Origine, but, organisation,
Action, Œuvre accomplie, Perspective d'avenir, p. 8, Bruxelles, A. De
Boeck, 1932.
[19]
Declaration of the inadmissibility of intervention in the domestic
affairs of states and the protection of their independence and sovereignty,
adopted by the General Assembly at its 20th session, 1408th plenary
meeting, New-York, 21 décembre 1965. (A/RES/2131 (XX) - ST/LEG/SER.C/3
(67.V.3), 1965, p. 135-137.
[20]
Assembly urges repeal of unilateral extraterritorial Laws, General
Assembly Plenary, Press Release GA/9486. 43rd Meeting (AM), 26 octobre
1998. – Importance of State Sovereignty, need to adress human Rights
Violations, Council Reform, discussed in Assembly, 8 octobre 1999.
http://www.un.org/search 10/02/02.
[21]
Jerome C. GLENN et Theodore J. GORDON, 2001 State of the Future,
Appendix D, World Leaders on Global Challenges, p. 1 et 2.
[22]
James N. ROSENAU, Along the Domestic-Foreign Frontier…, p. 219.
[23]
Jan Aart SCHOLTE, Global Civil Society : Changing the World ?…, p.
23.
[24]
Michel FOUCHER, Les nouvelles frontières de l'Union européenne,
dans Revue internationale de Politique comparée, vol. 2, n°3, 1995,
p. 454.
[25]
Philippe MOREAU DEFARGES, Droit et mondialisation, dans
Thierry de MONTBRIAL et Pierre JACQUET, Rapport annuel mondial sur le
système économique et les stratégies (Ramses), p. 220 et 216, Paris,
Institut français de Relations internationales, Dunod, 1999. - Philippe
Moreau Defarges est professeur à l'Institut d'Etudes politiques de Paris
(IEP) et chargé de mission auprès du directeur de l'Institut français de
Relations internationales. – Yehezkel DROR, The Capacity to Govern, A
Report to the Club of Rome, p. 171-172, London-Portland (Oregon),
Frank Cass, 2001. Yehezkel Dror est professeur à l'Université hébraïque de
Jérusalem. –
James
N. ROSENAU, Along the Domestic-foreign Frontier…, p. 219. – Daniel
BACH et Jean-Philippe LERESCHE, A nouveaux espaces, nouvelles
segmentations…, dans Revue internationale de Politique comparée,
vol. 2, n°3, 1995, p. 443sv.
[26]
James N. ROSENAU, Turbulence in World Politics, A Theory of Change and
Continuity, p. 435, Princeton (New Jersey), Princeton University Press,
1990.
[27]
Philippe MOREAU DEFARGES, Droit et mondialisation…, p. 217.
[28]
Jacques LESOURNE, Ces avenirs qui n'ont pas eu lieu…, p. 298. –
Philippe Moreau Defarges revenait sur cette question en juillet 2001 dans
un article relatif à l'Europe : Si demain, la Belgique menaçait
d'éclater ou si l'affaire corse prenait une tournure plus grave, ces
questions relèveraient de l'intérêt commun. Des pressions et des
médiations sont une chose ; mais l'insertion des réalités régionales dans
les institutions européennes en est une autre. Philippe MOREAU
DEFARFES, L'Union européenne ou l'unité dans la diversité, dans
Thierry de MONTBRIAL et Pierre JACQUET, Rapport annuel mondial sur le
système économique et les stratégies (Ramses), p. 139, Paris, Institut
français de Relations internationales, Dunod, 2001.
[29]
Nicole GNESOTTO, La sécurité internationale au début du XXIème siècle,
dans Thierry de MONTBRIAL et Pierre JACQUET, Rapport annuel mondial sur
le système économique et les stratégies (Ramses), p. 205sv, Paris,
Institut français de Relations internationales, Dunod, 1999. - Nicole
Gnesotto est directeur de l'Institut d'Etudes de Sécurité de l'UEO.
[30]
Discours devant la Commission des droits de l'homme à Genève, le
7 avril 1999, dans Le Monde du 9 avril 1999, cité par Nicole
GNESOTTO, La sécurité internationale au début du XXIème siècle…, p.
206.
[31]
Voir aussi Kofi A. ANNAN, Two concepts of sovereignty, dans The
Economist, 18 septembre 1999 : State sovereignty, in its most basic
sense, is being redefined – not least by the forces of globalisation and
international cooperation. States are now widely understood to be
instruments at the service of their peoples, and not vice-versa. At the
same time individual sovereignty – by which I mean the fundamental freedom
of each individual, enshrined in the charter of the UN and subsequent
international treaties – has been enhanced by a renewed and spreading
consciousness of individual rights. When we read the charter today, we are
more than ever conscious that its aim is to protect individual human
beings, not to protect those who abuse them.
http://www.un.org/News/ossg/sg/stories/kaecon.html .
10/02/02.
Voir également le discours de Kofi Annan devant l'Assemblée générale de
l'Onu, le 20 septembre 1999 : Si les Etats enclins à des comportements
criminels savent que leurs frontières ne sont plus une défense absolue –
que le Conseil agira pour empêcher les crimes les plus graves contre
l'humanité – ils ne s'engageront pas sur une telle voie, assurés de leur
impunité. Dominique MOÏSI, Les Nations Unies entre paix incertaine et
justice sélective, dans Thierry de MONTBRIAL et Pierre JACQUET, Rapport
annuel mondial sur le système économique et les stratégies (Ramses),
p. 62, Paris, Institut français de Relations internationales, Dunod, 2001.
- Dominique Moïsi est directeur adjoint de l'Ifri et rédacteur en
chef de Politique étrangère.
[32] Philippe
MOREAU DEFARGES, Droit et mondialisation…, p. 219.
[33]
Susan STRANGE, Mad Money when Markets Outgrew Governments, Ann
Arbor, The University of Michigan Press, 1998.
Cité
dans Elie COHEN, L'ordre économique mondial, Essai…, p. 117.
[34]
Philippe MOREAU DEFARGES, Droit et mondialisation, dans
Thierry de MONTBRIAL et Pierre JACQUET, Rapport annuel mondial sur le
système économique et les stratégies (Ramses), p. 220 et 216, Paris,
Institut français de Relations internationales, Dunod, 1999. - Philippe
Moreau Defarges est professeur à l'Institut d'Etudes politiques de Paris
(IEP) et chargé de mission auprès du directeur de l'Institut français de
Relations internationales.
[35]
Face aux futurs, Pour la maîtrise du vraisemblable et la gestion de
l'imprévisible, Paris, OCDE, 1979.
[36]
Jacques LESOURNE, Ces avenirs qui n'ont pas eu lieu, p. 249, Paris,
Odile Jacobs, 2001.
[37]
Daniel BELL, Reflections at the end of an age, dans J. THEPOT, M. GODET,
F. ROUBELAT, A.E. SAAB, Décision, Prospective, Auto-organisation…,
p. 363.
[38]
Michel ALBERT,
Interfuturs vingt ans après…,
p.
314.
[39]
Michel GODET, Manuel de prospective stratégique, t. 1, …, p.
163-164 –
Michel ALBERT,
Interfuturs vingt ans après…,
p.
314.
– Il y a évidemment une gigantesque littérature sur ce sujet voir cette
question dans James N. ROSENAU, Citizenship in a Changing Global Order,
dans James N. ROSENAU et Ernst-Otto CZEMPIEL, Governance without
Governement…, p. 292sv. – Voir : Samuel P. HUNTINGTON, The US,
Decline or Renawal ? dans Foreign Affairs, 67, Hiver 1988-89,
p. 76-96. – Susan STRANGE, The Persistent Myth of Lost Hegemony,
dans International Organization, 41, Automne 1987, p. 551-574. –
Susan STRANGE, The Retrait of the State, The Diffusion of Power in the
World Economy, Cambridge, Cambridge University Press, 1995. – Paul
KENNEDY, Préparer le XXIème siècle, p. 347sv, Paris, Odile Jacob,
1996.
[40]
2020 Global Architecture Conference, Dunsmuir Lodge, Victoria,
Canada, 29-31 Août 2001, p. 10, Center for Global Studies, University of
Victoria (Colombie britannique, Canada), 2001. -
http://www.commissiononglobalization.org/ - 31/12/01. – Sur cette question voir aussi Immanuel
WALLERSTEIN, Bilan de trente ans de "globalisation", Commentaire
n°20, Fernand Braudel Centre.
http://fbc.binghamton.edu/20-fr.htm .
[41]
Tricky moves for the Bank and the Fund, Will the Bush administration
make life more difficult for the IMF and the World Bank ? dans The
Economist, 15 février 2001. http://www.economist.com . 11/03/02.
[42]
Jacques LESOURNE, cité par Michel ALBERT, Interfuturs, vingt ans après,
…, p. 311-312. – Jacques LESOURNE, Les mille sentiers de l'avenir…,
p. 210-211.
[43]
Kimon VALASKAKIS, La planète Terre est-elle gouvernable ?…, p.
55-57.
[44]
Jerome C. GLENN et Theodore J. GORDON, 2001 State of the Future, Global
Challenges, p. 234, Washington, American Council for The United
Nations University, 2001.
[45]
Jerome C. GLENN et Theodore J. GORDON, 2001 State of the Future, Global
Challenges,… p. 234.
[46]
Jacques ATTALI, Dictionnaire du XXIème siècle, Paris, LGF, 2000.
[47]
Jacques ATALI, Boutros BOUTROS-GHALI, Prêts pour le XXIme siècle ?
dans Jérôme BINDE dir., Les clés du XXIème siècle…, p.
492.
[48]
J. Ørstrøm MØLLER, Is world Governance Feasible and if yes, How could
it look ? Annual Conference of the World Future Society, Future
Focus 2000, Changes, Challenges & Choices, Houston, 23 juillet 2000.
– J. Ørstrøm MØLLER, The End of Internationalism : Or World Governance
?, 2000.
[49]
Michel CAMDESSUS, Trade and Poverty Reduction in the 21st Century,
dans Sustainable Development and the New Economy, Forum 2001, OCDE.
Notes
PhD.
[50]
Audition de M. Michel Camdessus, directeur général du Fonds monétaire
international, Paris, Sénat français, Rapport d'information n°242,
Rapport sur la mondialisation, 5 février 1997,
http://www.senat.fr/rap/r96-242/r96-2424.html .
- 31/12/01.
[51]
Audition de M. Michel Camdessus, directeur général du Fonds monétaire
international, Paris, Sénat français, Rapport d'information n°242,
Rapport sur la mondialisation, 5 février 1997,
http://www.senat.fr/rap/r96-242/r96-2424.html .
- 31/12/01.
[52]
voir les tendances territoriales et globales de James N. ROSENAU,
Citizenship in a changing global Order dans James N. ROSENAU et
Ernst-Otto CZEMPIEL, Governance without Government…, p. 280sv.
[53]
An Agenda for Peace : Preventive Diplomacy, Peacemaking and
Peacekeeping, p. 9, New-York, Nations Unies, 1992, cité dans James N.
ROSENAU, Along the Domestic-Foreign Frontier…, p. 217.
[54]
Jérôme VIGNON, Le couple Europe-Etat : les perspectives d'une
souveraineté partagée, dans Edith HEURGON et Josée LANDRIEU coord.,
Prospective pour une gouvernance démocratique…, p. 179-182. Jérôme
Vignon était alors directeur à la Datar. – Jean Bodin (1529 ou 1530-1596)
Voir Jean TOUCHARD dir., Histoire des idées politiques, t. 1, p.
286-296, Paris, Puf, 1967.