
Le système monétaire, un chaudron du diable,
précisait le directeur des Etudes économiques et financières de
Paribas en 1985. Michel Develle n'en relevait pas moins que la
prospective trouve dans les phénomènes monétaires et financiers
interna–tionaux
un terrain de
choix bien que difficile car mouvant et incertain
[1].
C'est ce que confirmait Pierre Jacquet en 1993, en considérant que
réfléchir à
l'avenir du système monétaire international est une tâche hautement
spéculative.
Il est en effet avant tout le reflet d'une époque, bien plus
qu'une réflexion théorique rationnelle savamment orchestrée, le
produit d'une évolution souvent perçue après-coup, plutôt que voulue
et orientée, l'espace de réconciliation – et donc de conflit – entre
des politiques macro-économiques élaborées de façon indépendante au
niveau national, plutôt qu'un instrument de coordination de ces
politiques [2].
Ainsi, le directeur adjoint de l'Institut français de Relations
internationales (IFRI) considérait-il que seule une crise ou une
rupture profonde pourrait remettre en cause le système monétaire
international et le refondre dans sa totalité :
aucun nouveau Bretton Woods n'est susceptible de
conduire à un changement brutal de régime [3].
[…] Un nouveau "Bretton Woods" à l'échelle mondiale paraît tout à
fait prématuré tant que les principaux pays ne sont pas davantage
prêts à partager la souveraineté économique et monétaire
[4].
Chronologiquement plus proche de nous, Anton Brender,
dénonce le contresens fondamental que constitue l'idée selon
laquelle finance et croissance mondiale consti–tueraient deux
approches contradictoire de l'économie.
Il faut se rappeler en effet que la finance a été, pour les
économies nationales qui se sont développées au cours du dernier
demi siècle, une des clefs de la croissance. Sans le
développement des systèmes financiers, ce niveau de croissance
n'aurait jamais été atteint. Et je crois qu'à l'échelle de
l'économie mondiale, la finance sera encore, pour les prochaines
décennies, l'une des clefs de la croissance ou, au contraire, de
l'absence de croissance. Le défi qu'il nous faut relever
collectivement, c'est celui de la construction d'un système
financier international. Faute de quoi, il est à craindre que la
croissance de l'économie mondiale sera bien inférieure au niveau
qu'elle pourrait virtuellement atteindre.
Alors pourquoi y a-t-il encore un problème, même si l'on est
d'accord sur ce contresens ? Tout simplement parce que la
finance privée – on l'a peu à peu admis au niveau des économies
nationales, mais on a beaucoup de mal à l'admettre au niveau de
l'économie mondiale – est à elle seule incapable de constituer
un système financier efficace. Je crois que le problème n'est
pas de savoir s'il faut ou non de la finance : le monde a besoin
de finance privée, c'est une des clefs de la croissance. Mais la
finance privée est incapable seule, sans intervention
complémentaire de l'autorité publique, de contribuer à la
croissance, que ce soit au niveau national ou mondial. Il
résulte de tout cela un problème de gouvernance qui peut être
exprimé de la façon suivante : comment organiser l'intervention
publique sans laquelle la finance privée est incapable de faire
fonctionner un système financier international ?
[5].

Les Accords signés par 44 pays du monde à l'issue de
la Conférence de Bretton Woods (New Hampshire), réunie en juillet
1944 à l'initiative du président Franklin D. Roosevelt, avaient
comme objectifs de tenter de mettre fin à la désorganisation
monétaire et financière née de la Seconde Guerre mondiale et
d'éviter de nouvelles crises comme celle de 1929. Ces accords
mettaient en place un système monétaire international fondé sur la
parité de changes fixes pour tenter d'éviter les fluctuations
monétaires de nature à déséquilibrer les marchés. Chaque pays
s'engageant à assurer la convertibilité de sa monnaie et à défendre
la parité de sa propre devise sur le marché des changes, les banques
nationales avaient pour mission d'intervenir, par achat ou par vente
de leur propre devise, pour limiter les fluctuations des taux de
change de manière à ce qu'ils ne s'écartent pas de la parité
officielle de plus ou de moins de 1%. Une exigence d'équilibre des
balances de paiement avait été instaurée, de même qu'une limitation
à 10% des dévaluations par rapport à la parité de la fin de la
guerre, dévaluations désormais considérées comme des pis-aller
exceptionnels. On avait également rétabli le système de 1922 du
Gold Exchange Standard, permettant aux pays de créer de la
monnaie sur la contre-valeur de leur stock d'or, de créances en
monnaies nationales mais aussi en devises étrangères et ce
particulièrement en dollars, qui est lié à l'or au taux fixe de 35
dollars l'once (valeur 1935). La fonction du Fonds monétaire
international, institution supra-nationale créée par ces mêmes
accords et alimentée par des paiements tarifés des pays membres, va
consister à concéder – dans des limites précises – des droits de
tirage à l'égard de tout pays dont les réserves de change sont
insuffisantes mais qui est à même de se procurer la devise d'un
autre pays dont il est débiteur. C'est dans ce cadre que sont
également mis en place la Banque internationale pour la
Reconstruction et le Développement (BIRD) qui deviendra la Banque
mondiale et dans ce cadre encore qu'est conçu l'Accord général sur
les Tarifs douaniers et le Commerce (GATT), dont la première
négociation destinée à abolir les barrières douanières a été conclue
en 1947 [6].

L'expérience de la fuite des capitaux européens vers
les Etats-Unis et vers la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale
avait persuadé les artisans des accords de Bretton Woods, John
Maynard Keynes et Harry Dexter White, que le contrôle du capital
avait un rôle important à jouer dans l'avenir de l'économie
internationale et que ce contrôle devait être exercé d'abord dans
les pays bénéficiaires de cette fuite. Une forte opposition du lobby
des banques américaines à ce principe avait abouti à ce que les
articles de l'accord du Fonds monétaire international (Article 8-2b)
permettent simplement la coopération internationale en matière de
mouvements de capitaux et n'en fasse pas une exigence [8].
Après la guerre et dans le cadre du Plan Marshall, le gouvernement
américain a accepté de donner des renseignements aux pays européens
sur les capitaux entrés aux USA pendant le conflit mais pas sur
l'énorme fuite de capitaux dont l'Europe a été victime après la
guerre.
Le système de Bretton Woods a pu répondre aux besoins
du commerce mondial pendant vingt-cinq ans grâce à une balance de
paiement américaine en déficit constant. Les Etats s'occupaient du
contrôle de leur monnaie et de leur crédit. Le FMI assurait la
convertibilité des monnaies et accordait, avec la Banque mondiale,
des aides et des prêts aux pays en difficultés qui ne pouvaient en
obtenir sur le marché international. On peut considérer, avec Barry
Eichengreen et Peter B. Kenen, que trois facteurs ont donné la fois
la force et la souplesse nécessaires aux institutions nées de
Bretton Woods :
– la capacité et la volonté des Etats-Unis d'octroyer
ou d'interdire des financements pour gagner l'appui ou le soutien
de différents pays, notamment dans le cadre de la Guerre froide;
– la limitation du nombre des pays industrialisés inclus dans le
système financier, très en retrait par rapport au nombre initial
des signataires des accords;
– le repli des pays d'après-guerre par rapport à l'importance des
échanges dans les années vingt, qui a fait privilégier les
politiques intérieures de plein emploi
[9].
La pression sur le dollar, dans le contexte du
"bourbier vietnamien" dans lequel l'armée et la diplomatie
américaines étaient empêtrées, a poussé le gouvernement des
Etats-Unis à supprimer la convertibilité de sa monnaie en or, le 15
août 1971, et à dévaluer le dollar. Cette opération s'est déroulée
dans un premier temps le 18 décembre de la même année (passage
officiel à 38 dollars l'once d'or), puis, dans un second temps, en
février 1973. Comme l'ont justement fait remarquer Jacques Lesourne
et Michel Godet, voici plus de quinze ans, ces événements n'ont pas
ouvert la voie à la crise des années soixante-dix. En fait, les
ruptures monétaires ont constitué non la cause mais la conséquence
des déséquilibres géo-économiques qui se sont accumulés pendant la
croissance – et notamment, parmi ces déséquilibres, le déclin
relatif de l'économie américaine par rapport à ses concurrentes
japonaise et allemande
[10].
Ce sont les accords de la Jamaïque qui, en janvier
1976, ont officiellement supprimé les règles formelles de Bretton
Woods, par un amendement à l'article 4 des dits Accords. Le régime
des taux de change fixe et donc le système de Bretton Woods avaient
vécu. Les mouvements de capitaux ont été libéralisés, chaque banque
centrale a joué selon sa propre dynamique, mais avec une
interdépendance de plus en plus vive, tandis que la gouvernance de
l'économie mondiale était laissée au Fonds monétaire international :
ce dernier voyait sa mission et ses moyens s'accroître alors
qu'il était, en fait, peu armé pour y faire face et que les
événements de 1971 lui avait enlevé sa principale raison d'être
[11].
Un Consensus de Washington
[12]
– marqué par un retour des Etats-Unis à l'avant-plan – va se
construire dans les années 1980 autour du FMI, de la Banque mondiale
et du Trésor américain, consensus que John Williamson, économiste à
l'Institute for International Economics, a décrit sous la forme de
dix commandements :
– la discipline budgétaire doit lutter contre les
déficits, sources d'inflation et de fuites de capitaux;
– la réforme fiscale doit viser la taxation la plus large et la
moins désincitative (large assiette et taux marginaux modérés);
– les taux monétaires doivent être rémunérateurs en termes réels;
– les taux de change doivent être compétitifs pour permettre
d'accumuler des excédents commerciaux;
– les échanges doivent être libéralisés, ce qui suppose un
abaissement des barrières tarifaires;
– l'attractivité d'un territoire doit être améliorée pour
permettre les flux directs d'investissement;
– il n'est d'entreprise bien gérée que privée;
– les subventions aux activités improductives doivent être
éliminées ou réduites au minimum, au profit des missions
éducatives, sanitaires et sociales des Etats;
– l'excès de réglementation paralyse l'initiative économique et
crée une situation inégalitaire entre ceux qui accèdent aux
cercles du pouvoir et ceux qui ne peuvent y prétendre;
– la défense et la promotion des droits de propriété sont
fondamentaux : un cadre légal médiocre, des juridictions
inefficaces peuvent avoir un effet désincitatif sur la création de
richesse [13].

Directeur général de McKinsey France, Yann Duchesne a
identifié cinq grandes discontinuités à l'origine de l'élargissement
spectaculaire du marché mondial depuis les années 1980 au point que,
aujourd'hui, environ 20 % du Produit national brut mondial y sont
générés et consommés. Ces tendances sont les suivantes :
– la déréglementation des marchés, faisant passer la
moyenne mondiale des tarifs douaniers de 40 % (Geneva Round)
à 3 % (Uruguay Round) et les privatisations;
– l'adoption de protocoles standard dans le domaine technologique
‑ avec le développement accéléré du numérique ‑ et de normes
universelles;
– la disponibilité et la mobilité croissantes du capital;
– la baisse rapide des coûts de transport;
– la chute spectaculaire des coûts d'interaction, coûts encourus
pour favoriser le travail en commun des personnes et des
entreprises en vue d'échanger des biens et des services, par
exemple la recherche d'information sur les clients de marchés
étrangers, etc.
[15].
Il convient d'ajouter les données géopolitiques que
constituent la chute du Mur de Berlin, la transition de la Russie et
des Pays d'Europe centrale et orientale vers l'économie de marché,
ainsi que la progressive réouverture de la Chine.
On sait avec Elie Cohen que les transactions
financières ont connu une croissance explosive, sans commune
mesure avec le taux de croissance des échanges réels ni avec celui
du PIB mondial. Le prospectiviste et chercheur au CNRS a donné des
indications précises sur les ordres de grandeur en jeux, effets de
la titrisation et de la désintermédiation, notamment les affolantes
données sur les investissements étrangers des fonds de placement
américains ainsi que les actifs gérés par les investisseurs
institutionnels du G-7
[16]
Ces ordres de grandeur expriment une vérité : aujourd'hui, tout
mouvement dans la sphère financière a des effets immédiats dans
la sphère réelle (effets sur la consommation, sur la croissance
des pays émergents, sur les flux d'investissements, voire sur
les retraites), ce qui n'était pas le cas jusqu'au milieu des
années soixante-dix où l'économie réelle et la sphère financière
étaient relativement autonomes
[17].
Durant les années quatre-vingt dix, ce système ‑ que
Anton Brender qualifie avec Claude Lévi-Strauss de bricolage ‑,
a permis de soutenir la croissance mondiale, malgré des soubresauts
coûteux :
Autrement dit, ce système fonctionne mais avec une très grande
instabilité, et cela parce qu'il résulte d'un bricolage. La
différence entre ce que fait le bricoleur et ce que fait
l'ingénieur, c'est que pour ce dernier, il existe un projet en
fonction duquel sont conçus des matériaux susceptibles de
résister aux différentes tensions auxquelles le système est
soumis. En revanche, quand on bricole, on utilise ce qu'on a
sous la main et on ne se pose pas trop la question de savoir à
quel type de pression tout cela pourra résister. On espère que
cela résistera. C'est le cas tant qu'il n'y a pas de choc très
violent, mais, parfois, des chocs violents se produisent, et le
système saute
[18].
Ce sont ces chocs que la fin des années 1990 nous a
réservés. Au delà des fortes turbulences régulières du marché des
changes, on constate une accélération du rythme des crises, une
augmentation de leur vitesse de transmission et une contamination
de marchés apparemment disjoints, malgré les mesures préventives
adoptées par le G-7 et le FMI pour résoudre ces crises
[19]
: crise mexicaine (1995) – la première crise financière du XXIème
siècle [20]
–, crise thaïlandaise (1997), crise russe (1998), crise du fonds
d'arbitrage LTCM (Long Term Capital Management, 1998). C'est
ce que l'ancien directeur général du FMI appelait les spasmes
d'une laborieuse transition du monde vers son unité économique et
financière, la mondialisation [21].
Michel Camdessus arrivait donc à ce constat :
Autant dire qu'il y a une vulnérabilité qui appelle un
renforcement du système financier, puisque nous savons
maintenant qu'une crise financière, née presque n'importe où,
peut se répandre comme une traînée de poudre
[22]
.
Le FMI a pris un profil plus bas après ces crises. La
problématique de d'équilibre et de sécurité des marché est revenue à
l'avant-scène : il fallait retrouver une nouvelle régulation, telle
que celle que l'on avait connue dans le système de Bretton Woods. Ce
changement de discours a également remis en cause l'idée
d'irréversibilité de la croissance financière et de la capacité des
Etats à légiférer en cette matière, en ce comprise l'idée de taxe –
grains de sable – lancée par l'économiste américain James
Tobin en 1978
[23].
Pour celui qui est devenu Prix Nobel d'économie en 1981, cette taxe
comprise entre 0,1 et 0,3 % serait appliquée à toute transaction
étrangère afin de réduire la spéculation monétaire. Les accords de
Bâle de 1988 [24],
et ceux en préparation pour élaborer un Bâle II
[25]
, tout comme l'ensemble des efforts de mise en place d'un système
contre le blanchissement d'argent (estimé à 500 milliards de $ par
an), tout comme la Convention de Vienne contre les transactions
illicites [26],
ou encore les multiples initiatives prises notamment par le G7 (qui
a créé le Financial Action Task Force "FATF" en 1989), par le
Conseil de l'Europe, par l'Union européenne et par la Banque
mondiale, tous ces éléments servent de base, voire de modèle à une
réglementation globale du système financier.

Elie Cohen a bien montré, en s'appuyant sur huit
conclusions de l'économiste Alan Blinder ‑ par ailleurs ancien
vice-président du Conseil d'Administration de la Réserve fédérale
américaine [27],‑,
et portant sur les crises des années 1990, combien les
institutions de Bretton Woods ont mal vieilli, combien elles ont mal
intégré les effets des politiques qu'elles préconisaient pour les
pays émergents, en donnant des pistes pour les réformes
nécessaire [28].
Ainsi, c'est tout le système du Consensus de Washington qui a
été critiqué et dénoncé car il reposait notamment – selon ses
détracteurs – sur une analyse erronée des ressorts de la croissance
des pays modèles d'Asie de l'Est, parce qu'il imposait un coût
inacceptable aux couches sociales les plus défavorisées et parce
qu'il méconnaissait les dimensions institutionnelles des pays sur
lesquels il portait son attention [29].
Comme l'indique Alan S. Blinder dans son article sous-titré Back
to Bretton Woods, quand un si grand nombre de voitures
sortent de la route, vous commencez à vous demander si ce n'est pas
la chaussée elle-même qui a un problème [30].
Ainsi, à partir du début des années quatre-vingt-dix,
un certain nombre d'experts ont émis l'idée d'un retour à une
stabilité en faisant explicitement référence au système de Bretton
Woods. En 1992, Paul A. Volcker – ancien président du Conseil des
Gouverneurs de la Réserve fédérale et professeur à Princeton –
plaidait en ce sens, tout en estimant que le monde ne serait pas
prêt de s'engager sur cette voie avant longtemps [31].
Le cinquantième anniversaire des accords de Bretton Woods a
constitué l'opportunité d'un rappel de l'importance de la régulation
financière et monétaire internationale. Ainsi, l'Institute for
International Economics a organisé une conférence prospective à
Washington sous le titre de Managing the World Economy, Fifty
Years after Bretton Woods [32].
L'occasion était donnée à un panel d'experts de tirer l'expérience
de l'après-guerre, constitué d'une vingtaine d'années de
coordination des politiques monétaires et d'une vingtaine d'années
de flexibilité et d'instabilité monétaires. La question était ainsi
posée de savoir s'il est désirable pour l'économie mondiale de
disposer de règles du jeu approuvées collectivement pour résoudre
les problèmes d'engagement et de coordination ou s'il est suffisant
d'autoriser des taux de change pour réconcilier des partenaires
déstructurés [33].
John Williamson estimait que, s'il fallait dessiner un nouveau
régime monétaire et financier, il ne faisait pas de doute que
l'expérience démontrait que le système de Bretton Woods constituait
la référence en termes de qualité de fonctionnement, en tous cas
pour ce qui concerne son âge d'or, de 1959 à 1968. Williamson
relevait que quatre facteurs majeurs de ce succès étaient
probablement exogènes :
– les occasions pour l'Europe et le Japon de
rattraper la croissance ;
– la possibilité d'exploiter facilement le premier niveau de
substitution des importations dans les pays en développement;
– l'héritage des faibles taux d'inflation;
– le leadership des Etats-Unis;
– l'absence de grand choc
[34].
Ainsi, Williamson concluait que le non-système des
vingt dernières années n'avait pas été couronné de succès mais que
cette période avait permis d'apprendre beaucoup sur la manière de
construire un meilleur système, tout comme les Nations Unies avaient
jadis appris de l'expérience de la Société des Nations
[35]
.
Cette même année 1994, une quarantaine d'experts se
sont réunis à titre privé sous la présidence de Paul A. Volcker et
l'intitulé de Bretton Woods Commission, pour ouvrir une
réflexion à ce sujet [36].
De même, sous l'égide du Centre d'Etudes prospectives et
d'Informations internationales (CEPII), Michel Aglietta indiquait
que les bouleversements économiques et financiers qui ont marqué
le dernier quart de siècle ne pourront pas apporter un bien-être
supérieur aux populations du monde, s'il n'y a pas d'ordre monétaire
international pour prévenir les crises et pour régler les
indispensables transferts de ressources [37].
Un consensus international sur la question d'un
nouveau régime monétaire international est assurément difficile à
trouver
[38].
On pourrait en préciser le besoin en disant que le système
économique mondial n'est pas encore doté d'un cerveau qui soit à la
mesure des interdépendances commerciales et financières dont on a
essayé de promouvoir le développement [39].
La fin des années quatre-vingt dix a donc vu se multiplier les
initiatives pour appeler les institutions financières
internationales à se réformer. Ainsi, une conférence internationale
s'est réunie à Genève en mai 1999 et a débouché sur un premier
rapport sur l'économie mondiale appelant le FMI à se réformer pour
faire face de manière plus efficace aux crises financières
[40].
C'est probablement animé du même constat et de la même volonté que
le Sommet du G7-G8, réuni en juin 1999 à Cologne, a créé une
dynamique de Nouvelle Architecture financière internationale (NIFA)
articulée autour du Forum de Stabilité financière (FSF) [41]
et du Groupe des Vingt (G20), mis en place en septembre de la même
année. Ce G20 est composé des pays du G7-G8 auxquels ont été ajoutés
les représentants de l'Union européenne, de l'Argentine, de
l'Australie, du Brésil, de la Chine, de l'Inde, de l'Indonésie, du
Mexique, de l'Arabie saoudite, de l'Afrique du Sud, de la Corée du
Sud et de la Turquie. L'objectif consiste à établir un nouveau
mécanisme de dialogue non formel dans le cadre du système des
institutions de Bretton Woods, d'élargir les discussions sur les
principaux enjeux économiques et financiers entre les économies
importantes du point de vue institutionnel et de favoriser la
collaboration en vue d'atteindre une croissance économique mondiale
stable et durable, qui profite à tous [42]
. Il s'agit donc d'assurer un marché plus
ouvert, plus stable et plus transparent [43].
Au lendemain de cette rencontre, lors du colloque organisé par le
Centre d'Analyse économique (CAE) et la Banque mondiale à Paris les
21 et 23 juin 1999, le ministre français de l'Economie avait
souligné la volonté de la France de voir les institutions de Bretton
Woods se maintenir au centre du dispositif des accords
internationaux, dans la mesure où ces institutions constituent
l'expression organisée d'une solidarité internationale
[44].
Depuis septembre 1999 ‑ notamment dans le cadre des
situations observées en Russie et au Nigéria ‑, des amendements et
des propositions de loi ont été introduits au Congrès américain
(Sénat et Chambre des Représentants), destinés à étendre la
définition du blanchiment d'argent et à y assimiler la fraude
commise à l'égard d'un gouvernement étranger, tout comme le
détournement de moyens attribués par des institutions
internationales comme le FMI
[45].
Les Etats-Unis sont au premier rang de cet effort. Edith Weiner
soulignait, à la World Future Society Conference de Houston, que la
finance mondiale s'américanisait, ce qui, disait-elle, était une
bonne chose compte tenu de la transparence et de l'honnêteté des
professionnels américains de la finance [46].
Le professeur Eric Helleiner de l'Université de Trent (Canada)
confirme que dans la plupart des instances, les Etats-Unis
utilisent leur position dominante au sein du système financier
international pour inciter les Etats à travailler ensemble pour
réglementer la finance internationale [47].
Ainsi, le leadership américain s'est avéré crucial dans
l'organisation d'une coopération et d'une coordination dans le cadre
de la finance globale, particulièrement au travers de la dynamique
de lutte contre la drogue dont les Etats-Unis ont fait une question
de sécurité nationale. Ils ont donc induit une dynamique
d'établissement de normes sur les marchés nationaux. La prise de
telles initiatives est moins difficile qu'il n'y paraît. Eric Helleiner
rappelle que la volatilité du capital s'est accrue avec la
globalisation, d'autant que les citoyens de nombreux pays parmi les
plus pauvres ont pu placer leur argent à l'étranger de plus en plus
facilement. Ainsi, pendant la période de crise internationale de la
dette des années quatre-vingt, les avoirs à l'étranger des citoyens
de nombreux pays sud-américains notamment étaient quasi plus
importants que la dette extérieure officielle du pays en crise
[48].
En 2000, le FMI a fait l'objet de débats et de
critiques au sein des plus hautes instances législatives
américaines, notamment sur la capacité de l'institution à
appréhender les crises financières de la fin des années quatre-vingt
dix. Le Rapport du professeur Allan H. Meltzer, de la Carnegie
Mellon University, commandé par la Congrès américain, a confirmé que
la réforme des institutions multilatérale était à l'ordre du jour et
qu'elle aurait à modifier profondément de nombreux mécanismes de la
gouvernance financière mondiale
[49].
Ce rapport, co-signé par l'économiste de Harvard Jeffrey Sachs,
pointe du doigt les disfonctionnements du FMI et souhaite limiter
le rôle de cette institution, d'une part, à la prévention des crises
systémiques et, d'autre part, à une intervention à l'égard des pays
qui sont localement atteints, sans toutefois assumer un rôle de
banquier mondial [50].
Le FMI semble lui-même conscient de la nécessité de
réformer sa maison. Ainsi, trois mois après sa prise de fonction
comme directeur exécutif, Horst Köhler estimait que les appels au
changement étaient justifiés, non seulement parce que
l'environnement dans lequel se meut le Fonds a subi des changements
radicaux – notamment le formidable accroissement du volume des
échanges financiers, porteur de volatilité et donc aussi de crises
–, mais aussi parce que le Fonds a commis des erreurs. En
particulier, le Fonds n'a pas été suffisamment attentif aux
mutations à l'intérieur des marchés financiers globaux et à leurs
répercussions sur le système des taux de change et sur les secteurs
financiers nationaux
[51].
Pour Horst Köhler, le FMI doit assurer ses deux rôles majeurs, d'une
part, de prévention des crises au travers de sa veille et de ses
conseils et, d'autre part, la gestion des crises en ce compris ses
prêts catalytiques. Ainsi, pour son nouveau directeur, le FMI
devrait se positionner naturellement au centre de la discussion sur
le renforcement de l'architecture financière globale, sans pour
autant que le FMI ne devienne une sorte de super-puissance
régulatrice [52].
C'est aussi le type de conclusion que tirent Michel
Aglietta et Sandra Moatti à l'issue de leur importante étude
consacrée au Fonds monétaire international :
Au terme de cette réflexion prospective, il apparaît que le
dilemme prudentiel provoqué par la globalisation financière peut
être surmonté par une internationalisation des dispositifs de
gestion de crise d'une part, de supervision d'autre part. Ce
processus sera évolutif, sous l'effet des forces du marché et de
celles qui redessinent la configuration des pouvoirs politiques
dans le monde. Il n'y aura probablement pas de nouvelle
conférence internationale sur le modèle de Bretton Woods. Pour
assumer le rôle monétaire que ses fondateurs lui confièrent et
qu'il n'a jamais véritablement rempli, le Fonds monétaire
international doit être doté d'une direction politique pourvue
de capacités d'action et reflétant l'intérêt commun de ses
membres à dominer les crises globales [53].
Les réunions des ministres des Finances et
gouverneurs des banques centrales des pays du G20, à nouveau réunis,
d'une part, en octobre 2000 à Montréal et, d'autre part, en novembre
2001 à Ottawa, ont montré que la volonté manifestée à Berlin en 1999
de promouvoir l'adoption de codes et de normes internationaux pour
favoriser la transparence et une régulation du secteur financier
restait entière. Les événements du 11 septembre 2001 ont d'ailleurs
accru la collaboration des pays du G20 dans le domaine de la
répression du financement du terrorisme et de la criminalité
transnationale organisée
[54].

Ancien administrateur principal à l'OCDE et
professeur au Humphrey Institute of Public Affairs (Université du
Minnesota), Ethan Kapstein a relevé quatre caractéristiques du
système économique actuel, qu'il considère en faillite :
– la mobilité du capital a conféré aux flux monétaires un
pouvoir extraordinaire sur l'évolution de l'économie réelle et
des politiques économiques – dans leurs volets fiscal et
monétaire. La finance s'en est trouvée projetée au cœur de
l'économie mondiale : la course à la réduction des coûts, pour
reprendre les termes de Bill Clinton, permet d'attirer les
investissements.
– le travail ne jouit pas d'une mobilité comparable au capital.
Le terme de "mondialisation" désigne avant tout l'absence
d'entraves aux flux financiers ; le travail, également soumis à
des critères de rentabilité, pâtit donc de la mondialisation
sans pouvoir compenser cette contrainte par une circulation
accrue.
– ces deux évolutions entraînent une distorsion croissante entre
travail et capital : les propriétaires d'avoirs financiers
deviennent, dès la décennie 1970, bien plus riches que les
salariés. Le maintien de la cohésion sociale, en France et
ailleurs, s'est effectué au détriment de l'emploi et d'une jeune
génération "sacrifiée".
– les crises financières qui se sont multipliées depuis vingt
ans ont eu des conséquences sociales désastreuses, notamment
pour les plus démunis, souvent dépourvus de couverture sociale
comme en Europe de l'Est et dans les pays en développement
[55].
La nécessité de coordonner, de coopérer et de réguler
dans le domaine de l'accroissement de l'interdépendance constitue
une revendication de nombreux acteurs. Le mouvement puissant qui
regroupe les efforts faits dans ce domaine prend bien la forme d'une
tendance lourde. Celle-ci ne se développe toutefois pas sans
résistance et une approche domesticiste subsiste chez bien
des conseils du prince ‑ et du reste parmi bien des princes aussi.
Ceux-ci et ceux-là estiment que l'économie internationale se
porte bien quand chacune des économies nationales est bien gérée en
fonction de leurs propres intérêts
[56].
Cette thèse l'a emporté dans la première administration Reagan et au
sein du G-5 entre 1981 à 1985, lorsqu'on y soulignait le besoin,
pour chaque pays, de mettre de l'ordre dans sa propre maison [57].
Ainsi, comme le relève Pierre Jacquet, le débat sur le système
monétaire international oppose souvent ceux qui, d'une part,
considèrent que la responsabilité du choix du régime de change
relève de la compétence nationale et ceux qui, d'autre part, ont une
approche systémique de l'économie et des problèmes financiers :
La coopération n'est pas toujours indispensable. Dans
le paradigme du marché parfait, c'est la décentralisation qui
conduit en effet à l'optimum et la coopération apparaît comme
une collusion d'intérêts néfaste au bien-être collectif. La
compréhension du besoin de coopérer s'appuie donc sur les nombreuses
raisons pour lesquelles l'économie internationale s'écarte de ce
paradigme [58]
.
Le débat sur l'avenir de la régulation
[59]
mondiale des marchés financiers est désormais largement ouvert.
Lors de son audition au Sénat français, le 5 février 1997, Michel
Camdessus, alors directeur général du FMI, soulignait que l'Europe
des Quinze détenait 29 % du capital du FMI contre 18 % aux
Etats-Unis d'Amérique [60].
Ce qui devait être de nature à faire s'exprimer plus clairement les
Européens.
L'appropriation par les Européens de ce problème
économique peut donc apparaître aisée. Après avoir quitté le système
de Bretton Woods, nous étions entrés dans un non-système. Pour les
prospectivistes que nous avons écoutés, il s'agit aujourd'hui de
rechercher les conditions d'un nouveau pilotage collectif, ou d'une
nouvelle action collective mondiale, telle que John Maynard Keynes
l'entendait
[61].
La nouvelle donne consisterait à s'approprier l'idée de système
monétaire ‑ tel qu'il a fait ses preuves de 1944 à 1971 ‑, mais
aussi à le dépasser en intégrant le contrôle des flux financiers
considérables qui ont marqué l'entrée dans XXIème siècle. La mise en
place effective de l'Euro et la prise de conscience que cette
monnaie peut engendrer constituent des incitants dynamiques pour
favoriser cette démarche. Encore faut-il s'interroger sur la volonté
et la capacité des Européens à assainir la zone de la nouvelle
monnaie, pour en faire un modèle de transparence et d'honnêteté
sur le plan mondial, pour reprendre les formules d'Edith Weiner.

[1]
Michel DEVELLE, Le système monétaire, Un chaudron du diable,
dans Jacques LESOURNE et Michel GODET dir., La fin des
habitudes, Les mille sentiers de l'avenir, p. 58-76, Paris,
Seghers, 1985.
[2]
Pierre JACQUET, Le système monétaire international en devenir,
dans Michel AGLIETTA
coord.,
Cinquante ans après Bretton Woods, p. 196, Paris, Centre
d'Etudes prospectives et d'Informations internationales (CEPII),
Economica, 1995. – voir aussi Pierre JACQUET, Quelles solutions
aux désordres économiques internationaux, dans Jacques
LESOURNE dir., L'urgence du futur, Existe-t-il des stratégies
économiques de long terme pour la France ?, p. 187-196, Paris,
IHEDN-Economica, 1989.
[3]
Pierre JACQUET, Le système monétaire international en devenir…,
p. 197.
[5]
Anton BRENDER, Marchés financiers, gouvernance et croissance
mondiale, dans Thierry de MONTBRIAL dir., Observation et
théorie des relations internationales, II, Séminaire-débat,
coll. Travaux et recherches de l'Ifri, p. 53-54, Paris,
Institut français des Relations internationales, 2001. Anton
Brender est
directeur des Etudes économiques à la
Compagnie parisienne de Réescompte, professeur à l'Université
Paris Dauphine et ancien collaborateur du Centre d'Etudes
prospectives et d'Informations internationales.

[6]
Voir le chapitre The Evolution of the Monetary System dans
Peter B. KENEN, The International Economy, p. 444-492,
Cambridge - New-York, Cambridge University Press, 4ème éd. , 2000.
– Eric HELLEINER, Explaining the globalization of financial
markets : bringing the states back, dans Review of
International Political Economy, 2, Printemps 1995, 315-341. –
Pierre LEON dir., Histoire économique et sociale du monde,
t.6, Le Second Vingtième Siècle, 1947 à nos jours, p. 256,
Paris, Armand Colin, 1977. – Yves de WASSEIGE, Les mécanismes
de l'économie politique, Laisser faire ou volontarisme, p.
182-191, Bruxelles, EVO, 1994.
[8]
Eric Helleiner a analysé les versions draft de cet accord et a
notamment relevé celle-ci
de White en 1942, dans laquelle les gouvernements étaient tenus
a) not to accept or permit deposits or investment from any member
country except with the permission of the government of that
country, and b) to make available to the government of any member
country at its request all property in the form of deposits,
investments, securities of the nationals of that member country.
Eric HELLEINER, The Politics of Global Financial Reregulation…,
p. 15 et 16 n57.
[9]
Barry Eichengreen et Peter B. Kenen, L'organisation de
l'économie internationale depuis Bretton Woods : un panorama,
dans Michel AGLIETTA coord., Cinquante ans après Bretton
Woods..., p. 14. – voir aussi Barry EICHENGREEN et Harold
JAMES, Monetary and Financial Reform in Two Eras of
Globalization, dans NBER Conference on the History of
Globalization, SANAT_Barbara, 4-6 Mai 2001, 44p.
Revised
Version.
[10]
Jacques LESOURNE et Michel GODET, La Fin des Habitudes, Les
mille sentiers de l'avenir, p. 33, Paris, Seghers, 1985.

[11]
Elie COHEN, L'ordre économique mondial, Essai sur les autorités
de régulation, p. 154-156, Paris, Fayard, 2001. – Alan S.
BLINDER, Eight Steps to a New Financial Order, dans
Foreign Affairs, vol. 78, n°5, Septembre-octobre 1999 -
http://www.foreignaffairs.org/ Search/printable.asp… 28/02/01. –
Voir aussi Michel AGLIETA et Sandra MOATTI, Le FMI : de l'ordre
monétaire aux désordres financiers, Paris, Economica, 2000.
[12]
Lors du Forum économique du FMI du 5 avril 2001, Thomas Dawson,
directeur du Département des Relations extérieures du FMI a
contesté l'idée même de la création de ce consensus comme une
espèce de conspiration entre le FMI et le Trésor US dans les
années quatre-vingt, à un moment où, justement, Dawson travaillait
dans ces deux institutions.
Economic Forum, Governing Global
Finance ; The Role of Civil Society,
5 avril 2001, Transcript prepared from a tape recording, p. 24,
FMI, 2002. -
http://www.imf.org/external/np/tr/2001/tr010405.htm
. -
29/01/02.
[13]
John WILLIAMSON, What Washington means by policy reform in
Latin American adjustment : how much it happened ?, Washington
Institute for International Economics, 1990. cité par Elie COHEN,
L'ordre économique mondial, Essai…, p. 157.
[14]
A plague of finance, Anti-globalists see the "Washington
consensus" as a conspiray to enrich bankers. They are not entirely
wrong, dans The Economist, 27 septembre 2001.
http://www.economist.com
12/03/02.
[15]
Yann DUCHESNE, La mondialisation et son impact sur l'entreprise,
dans
dans Yves MICHAUD dir., Université
de tous les savoirs, vol.3, Qu'est-ce que la société ?,
p. 609-610, Paris, Odile Jacobs, 2000.

[16]
Elie COHEN, Globalisation financière et gouvernance mondiale,
dans Edith HEURGON et Josée LANDRIEU, Prospective pour une
gouvernance démocratique… p. 59-60.
[17]
Elie COHEN, Globalisation financière et gouvernance mondiale…,
p. 60. – Les transactions journalières sur le marché des
changes sont de 1500 milliards de dollars, soit cinquante fois le
volume des transactions réelles sur biens et services contre vingt
fois il y a dix ans. Elie COHEN, L'ordre économique
mondial, Essai…, p. 130.
[18]
Anton BRENDER, Marchés financiers, gouvernance et croissance
mondiale…, p. 63.
[19]
José MONT, Le rôle nouveau du Fonds monétaire international sur
une scène financière internationale en profonde mutation : une
analyse à la lumière de la crise financière mexicaine de 1994-1995,
dans Douzième Congrès des Economistes belges de Langue
française, Les grandes interrogations de l'an 2000 : croissance,
emploi, sécurité sociale, Commission 3, Rapport préparatoire,
p. 285-294, Charleroi, CiFoP, 1996. José Mont était en 1996
conseiller à la Banque nationale de Belgique.
[20]
L'expression est de Michel Camdessus, directeur général du FMI, au
lendemain de la crise mexicaine, cité par Daniel COHEN,
L'avenir des inégalités mondiales, dans Thierry de MONTBRIAL
et Pierre JACQUET, Rapport annuel mondial sur le système
économique et les stratégies, p. 65, Paris, Ifri-Dunod, 1999.

[21]
Audition de M. Michel Camdessus, directeur général du Fonds
monétaire international, Paris, Sénat français, Rapport
d'information n°242, Rapport sur la mondialisation, 5 février
1997,
http://www.senat.fr/rap/r96-242/r96-2424.html . - 31/12/01.
Sur la description des crises, voir E. COHEN, L'ordre
économique mondial, Essai…, p. 129-140. – Peter B. KENEN,
The International Financial
Architecture, What's new ?
What's missing ?,
p. 13-49, Washington, Institute for International Economics,
Novembre 2001.
[22]
Audition de M. Michel Camdessus, directeur général du Fonds
monétaire international, Paris, Sénat français, Rapport
d'information n°242, Rapport sur la mondialisation, 5 février
1997,
http://www.senat.fr/rap/r96-242/r96-2424.html . - 31/12/01.
[23]
voir Barry EICHENGREEN, Towards a New International Financial
Architecture, A Practical Post-Asia Agenda, Washington,
Institute for International Economics, 1999. – Pierre JACQUET,
Gouverner l'économie mondiale…, p. 194 (Encadré 4 : Tobin
or not Tobin). – Voir aussi Olivier DAVANNE,
Instabilité du système financier international, Rapport, p.
45-47 Paris, Conseil d'Analyse économique - La Documentation
française, 1998
[24]
Le Comité mis en place à Bâle développe des normes internationales
de prudence financière en dialogue continu avec la communauté des
financiers.
Michel AGLIETTA, Financial
Fragility, Crises and Stakes of Prudential Control : A Few Lessons
Learned from Recent Experience, dans Governance, Equity and
Global Markets, Proceedings…, p. 567-568.
[26]
Convention against Illicit Traffic in Narcotic Drugs and
Psychotropic Substances, Vienne, 1988.
[27]
Ces huit conclusions sont les suivantes :
– il ne
convient jamais de fixer un taux de change de manière
irréversible,
– un pays émergent doit emprunter le moins possible en devises
étrangères, surtouts si son épargne intérieure est abondante,
– il n'est jamais bon de se hâter en matière de libéralisation des
marchés de capitaux. La libéralisation doit couronner un processus
d'ouverture économique et d'établissement d'un Etat de droit
économique,
– il faut suivre des politiques macro-économiques et financières
raisonnables et solides (normalisation comptable, supervision
bancaire, développement des règles prudentielles, remise en cause
du dogme de l'équilibre budgétaire, voire du retrait de l'Etat),
– l'austérité n'est pas nécessairement la bonne médecine, même en
temps de crise,
– les institutions internationales ne peuvent empêcher des
gouvernements souverains à consacrer des ressources pour protéger
des citoyens ordinaires (la première responsabilité de tout
gouvernement, de toute institution, c'est de protéger les citoyens
ordinaires),
– l'échec du FMI est lié à son incapacité à rééchelonner la dette
privée des pays émergents brutalement exposés aux mouvements
violents de capitaux à long terme.
- les pays qui mènent des politiques macroéconomiques et
structurelles raisonnables doivent se voir garantir une protection
en cas d'attaque contre leur monnaie, par une mise en œuvre de
lignes de crédits préaffectées.
Alan S. BLINDER, Eight steps to a
new financial order, dans Foreign Affairs, vol. 78,
n°5, Septembre-octobre 1999, p. 50-63.
Cité dans Elie COHEN, L'ordre
économique mondial, Essai…, p. 151-154.
Alan S.
Blinder est professeur d'économie à l'Université de Princeton. Il
a également fait partie des conseillers économiques de
l'Administration Clinton.
[28]
Elie COHEN, L'ordre économique mondial, Essai…, p. 154.
[29]
Elie COHEN, L'ordre économique mondial, Essai…, p. 272.
[30]
Alan S. BLINDER, Eight Steps…, p. 2.

[32]
Peter B. KENEN ed., Managing the World Economy, Fifty Years
after Bretton Woods, Washington, Institute for International
Economics, Septembre 1994.
[34]
John WILLIAMSON, Managing the Monetary System…, p. 5.
[35]
John WILLIAMSON & Randall HENNING, Managing the Monetary System,
dans Peter B. KENEN ed., Managing the World Economy… p.
109.

[36]
Looking to the Future, Washington DC, Bretton Woods
Commission, 1994.– Susanne SOEDERBERG, The New International
Financial Architecture : Why the New Builiding ?, Paper
prepard for the British International Studies Association (BISA),
International Relations and Global Development Working Group :
The Global Constitution of Failed States : the consequences of new
imperialisme ?, Avril 18-20, 2001, University of
Alberta, Department of Political Sciences, 2001.
[37]
Michel AGLIETTA coord., Cinquante ans après Bretton Woods,
p. 3, Paris, Centre d'Etudes prospectives et d'Informations
internationales (CEPII), Economica, 1995.
[38]
J. Bradford DELONG, Why we need – and why there will not be – a
New International Financial Architecture, World Affaires
Council Program, 16 mars 1999. -
http://www.j-bradford-delong.net/Comments/WAC_IFA.html -
31/01/01.
J. Bradford
Delong est professeur d'Economie à l'Université de Californie à
Berkeley.
[39]
Anton BRENDER, Marchés financiers, gouvernance et croissance
mondiale…, p. 75. – On trouvera une chronologie de ces efforts
sur le site du Ministère des Finances du Canada : Réforme de
l'Architecture financière internationale, Chronologie,
http://www.fin.gc.ca/activity/finarchref_f.html
- 14/02/02.
[40]
José DE GREGORIO, Barry EICHENGREEN, Takatoshi ITO & Charles
WYPLOSZ, An Independent and Accountable IMF, Geneva Reports on
the World Economy, 1, Genève, International Center for
Monetary and Banking Studies, Londres, Ce,ter for Economic Policy
Research, 2001.

[41]
Le Forum sur la Stabilité financière a été créé en février 1999.
Le FSF réunit le FMI, la Banque mondiale et des intervenants
nationaux, y compris les banques centrales, les ministères des
finances et les organismes nationaux de surveillance du secteur
financier. Sa mission consiste à faire prendre les mesures
adéquates pour renforcer les systèmes financiers nationaux dans
les pays qualifiés de vulnérables. Réforme de l'Architecture
financière internationale, Chronologie…, p. 2.
[43]
Architecture financière internationale, Rapports Fred
Bergsten, Olivier Davanne et Pierre Jacquet, Patrick Artus et
Michèle Debonneuil, Michel Aglietta et Christian de Boissieu,
Paris, Conseil d'Analyse économique, La Documentation française,
1999. – Peter B. KENEN, The
International Financial Architecture : What's New ?
What's missing ?,
Washington, Institute for International Economics, 2001.
[44]
Of course, these institutions should be made to work better.
They should be more transparent and they should remedy the
shortcomings that have come to light in their crisis management,
such as supervision of the financial sector, but, for us, they are
irreplaceable. That is why we want their political governance to
be reinforced. Dominique STRAUSS-KAHN, Closing Speech,
dans Governance, Equity and Global Markets, Proceedings of the
Annual Bank Conference on Development Economics in Europe,
21-23 juin 1999, Paris, La Documentation française, 2000.
[45]
Eric HELLEINER, The Politics of Global Financial Reregulation…,
p. 18.

[46]
An honest market place, Edith WEINER, Trends affecting Business
in the 21st Century, Closing Plenary of the Annual Conference
of the World Future Society, Future Focus 2000, Changes,
Challenges & Choices, Houston, 23 juillet 2000.
[47]
Eric HELLEINER, The Politics of Global Financial Reregulation :
Lessons from the Fight against Money Laundering, New
York, Center for Economics Policy Analysis, Working Paper n°15, p.
6, Avril 2000. – Eric Helleiner est professeur à la Trent
University.
http://www.newschool.edu/cepa
-
31/12/01.
[48]
Eric HELLEINER, The Politics of Global Financial Reregulation…,
p. 14.
[49]
Allan H. MELTZER,
Report of the International Financial
Institution Advisory Commission, Submitted to the US Congress and
US Department of Tresury,
8 mars 2000. – Slimming the Bretton Woods duo, dans
The Economist, 16 mars 2000. http://www.economist.com.
12.03.02. – Reforming the sisters, If America's new
administration would like a challenge, it can try changing the IMF
and World Bank, dans The Economist, 15 février 2001.
http://www.economist.com 11/03/02. – Un autre rapport a été rédigé
parallèlement : Safeguarding Prosperity in a Global Financial
System : The Future International Financial Architecture,
Report of an Independent Task Force sponsored by the Council on
Foreign Relations, Washington, Institute for International
Economics, Septembre 1999. –– voir C. Fred BERGSTEN, Reforming
the International Monetary Found, Before the Subcommittee on
International Trade and Finance, Committee on Banking, Housing and
Urban Affairs, Washington, United States Senate, 27 avril
2000.
Fred Bergstein est directeur de l'Institute
for International Economics et a participé aux deux commissions.
http://www.iie.com/papers/bergsten0400.htm. 01/02/02. – D'autres
analyses critiques du rapport Meltzer
: Pierre JACQUET, Le FMI sur la sellette, Débats autour de
l'architecture financière internationale, dans Thierry de
MONTBRIAL et Pierre JACQUET, Rapport annuel mondial…,
2000, p. 257-258. – J. Bradford DELONG, The Meltzer Report,
http://econ161.berkeley.edu/TotW/meltzer.html . - 31/12/01.
[50]
Sur les diverses propositions de réforme du FMI, voir Elie COHEN,
L'ordre économique mondial, Essai…, p. 159sv.

[52]
This does not mean that I see the Fund as a kind of regulatory
superpower. Horst KöHLER, The IMF in a Changing World…,
p. 4.
[53]
Michel AGLIETTA & Sandra MOATTI, Le FMI, De l'ordre monétaire
aux désordres financiers, p. 220, Paris, Economica, 2000.
[54]
Communiqué des Ministres des Finances et gouverneurs des
banques centrales des pays du G20, le 25 octobre 2000, 7 p. –
Communiqué des Ministres
des Finances et gouverneurs des banques centrales des pays du G20,
les 16 et 17 novembre 2001.
http://www.www.g20.org/news/ - 14/02/02.
[55]
Ethan KAPSTEIN, Un nouveau contrat social pour une nouvelle
phase de la mondialisation, dans Jérôme BINDE, Les Clés du
XXIème siècle, p. 463, Paris, Unesco-Seuil, 2000.

[56]
Pierre JACQUET, Gouverner l'économie mondiale, dans Thierry
de MONTBRIAL et Pierre JACQUET, Rapport annuel sur le système
économique et les stratégies (Ramses), p. 182, Paris, Institut
français des Relations internationales, Dunod, 1999.
[58]
Pierre JACQUET, Gouverner l'économie mondiale…, p. 182. -–
Pierre Jacquet relève et développe quatre de ces "imperfections" :
la répartition inégale du pouvoir,
l'interdépendance, les problèmes d'information ainsi que les
rendements croissants.
[59]
Elie Cohen remarque que la notion de régulation doit être
utilisée avec une extrême prudence car non seulement en économie
le terme recouvre des théories différentes comme l'Ecole de la
régulation, développée autour de Michel Aglietta et de la théorie
de la régulation, au cœur du modèle néo-classique depuis les
travaux de George Stigler (regulation failures) , mais
encore le concept est utilisé par les juristes pour qualifier
le processus de transition du monopole administratif au marché
organisé dans un pays où le terme de réglementation était utilisé
dans un sens normatif précis, les juristes ont choisi le terme de
régulation. Enfin, Elie Cohen rappelle que sous l'intitulé
général d'Etat régulateur ou de fonction régulatrice de l'Etat,
les politologues entendent
décrire l'ensemble des actions qui échappent aux mécanismes de
coordination des marchés, impliquant des autorités publiques.
Elie COHEN,
L'ordre économique mondial, Essai…, p. 218, n1.

[60]
Audition de M. Michel Camdessus, directeur général du Fonds
monétaire international, Paris, Sénat français, Rapport
d'information n°242, Rapport sur la mondialisation, 5 février
1997, http://www.senat.fr/rap/r96-242/r96-2424.html. - 31/12/01.
John
Williamson a dressé un tableau éclairant des rapports de forces au
sein du FMI :
|
Percentage of GWP |
Population |
IMF quotas |
United States |
21 |
4.6 |
17.7 |
Japan |
7 |
2.2 |
6.3 |
European Union
of which,
Euroland |
20
16 |
6.3
4.9 |
30.6
23.6 |
Africa |
2 |
7.9 |
5.2 |
Developing Asia |
26 |
53.5 |
9.6 |
Latin America |
9 |
8.4 |
7.6 |
John
WILLIAMSON, A more focused IMF, Esquisse d'une présentation
à la conférence The Future of the Bretton Woods Institutions :
The European Contribution to the Debate on the New Financial
Architecture, p. 5, The American Council on Germany et
Reinventing Bretton Woods Committee, Paris, 13 septembre 2000. -
http://www.iie.com/papers/williamson
0900-2.htm
.
01/02/02.
[61]
Joseph E. STIGLITZ, La grande désillusion, p. 256 et 290,
Paris, Fayard, 2002.
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