L'internet a été analysé jusqu'à
ses extrêmes possibles par Paul Soriano, président de l'Institut de
Recherches et de Prospectives postales (IREPP), considérant la
convergence de trois phénomènes d'ordre technique (le
développement du Réseau et du génie génétique), économique (la
mondialisation et la conquête de l'existence humaine par la sphère
marchande) et idéologique (la crise des régulations et des
institutions) [1].
Ces éléments fondateurs et outils à la fois de la nouvelle technologie
de l'information avaient déjà conduit, en mars 1998 et sous
l'impulsion d'Olivier Itéanu – avocat parisien et président de l'ISOC
France – un panel d'utilisateurs informés à conclure que la viabilité
de l'internet dépendait des devoirs suivants :
– L'obligation de se soumettre à des règles
internationales précises, garantissant les libertés individuelles et
favorisant la coopération en matière de recherche et poursuite
d'infractions.
– L'obligation de se soumettre à la réglementation édictée par
les États ‑ qui devront le faire ‑ pour en réguler les excès.
– L'obligation de se soumettre à des soins techniques conformes à
une déontologie acceptée par les acteurs de l'internet.
– L'obligation de former ses utilisateurs à une éthique du
comportement, car les utilisateurs sont les premiers responsables
des crimes imputés à Internet
[2].
Particulièrement attentive à ces
enjeux, l'Internet Society [3],
et particulièrement le congrès INET tenu à Stockholm en juin 2001, met
en évidence deux constats qui interpellent tous les acteurs des
NTIC : d'une part, le développement de ces technologies est en
croissance, tant par la qualité des produits fournis que par le nombre
de leurs utilisateurs partout dans le monde; d'autre part, la fracture
numérique est présente dans tous les créneaux d'utilisation des
technologies s'ouvrant sur le monde virtuel, tant sur les plans
techniques que sociétaux.
Le président honoraire et fondateur de l'ISOC, Vint
Cerf, a mis au point avec Robert Khann, en 1972, un protocole de
transfert de données, le "TCP/IP"sur lequel toute l'architecture de
l'internet s'est développée, notamment sur la version 4 de son
programme, l'IPv4, actuellement utilisée partout dans le monde. Il
rappelle ainsi la structure des noms de domaines, s'inquiétant de la
difficulté du multilinguisme adapté à cette nomenclature :
Le système
DNS actuel n'est PAS gouverné par des règles de langue en anglais
mais par un identifiant grammatical simple : il est composé de
toute chaîne de caractères pouvant être écrite avec les lettres de
A à Z, les nombres 0 à 9. Le trait d'union et le point sont les
séparateurs de ces données. Une règle permet d'adapter les lettres
majuscules et minuscules. C'est tout.
Faire en sorte que ces règles
simples fonctionnent avec d'autres chaînes de caractères est très
difficile
[4].
Le Dr Vinton G. Cerf, en tant que
président de l'IPv6 (Internet Protocol version 6 [5])
Forum, se réjouit du développement de cette technologie [6].
L'internet bénéficie d'un nouvel espace d'adresses avec un
renforcement de la sécurité. Des milliards d'outils (ordinateurs,
appareils électroniques en tous genres) pourront être connectés au
réseau par le biais d'une adresse globale personnalisée à chaque
utilisateur et connectée à l'interface du réseau internet par le
nouveau protocole. Les réseaux de travail tels que l'IETF (Internet
Engineering Task Force) continuent leur étude sur cette technologie
afin de permettre l'application de l'IPv6 par le biais de logiciels et
du matériel adéquats. Le professeur Jun Murai (Keo University) au
Japon a construit le projet WIDE pour le développement de l'IPv6
[7].
Un effort de diffusion est actuellement mené afin de faire comprendre
et appliquer cette nouvelle technologie partout où l'internet se
développe, au niveau mondial.
Le développement et la
restructuration du DNS sur le plan mondial (nouvelles extensions,
nouvelle gestion financière, nouvelles répartitions géographiques)
sont des données importantes pour l'internet. La réglementation en est
organisée sur un plan mondial par l'ICANN (Internet Corporation for
Assigned Names and Numbers). Son principal responsable pour la
Commission européenne, Christopher Wilkinson, travaille à incorporer
les approches législatives et économiques des différents Etats du
monde pour adapter la gestion du DNS et de tout son réseau
d'attribution. Cette charge englobe, pour le DNS et en vue du
déploiement croissant de l'internet, les questions d'enregistrement,
de protection des données privées, de transparence de la gestions, de
l'organisation de la base de données des propriétaires de DNS, de la
représentation des intérêts publics et de la participation des
gouvernements. Christopher Wilkinson a également marqué sa
préoccupation à l'égard de la nouvelle extension ".EU", enjeu
politique et économique pour les pays membres de l'Union
[8].
Le secteur de l’informatique
connaît toujours une évolution exponentielle sur le plan technique.
Les processeurs sont de plus en plus perfectionnés (doublement des
performances tous les 18 mois). On évoque souvent, dans la littérature
spécialisée
[9],
le cap de 2010 où l’évolution des circuits intégrés atteindrait son
point de saturation. Il faudrait dès lors s’orienter vers une autre
technologie. La capacité des mémoires de masse augmente régulièrement
alors que le coût au Giga diminue fortement
[10].
Il en est de même pour la mémoire dynamique. Les performances
s’améliorent de manière générale et un simple ordinateur personnel
prend désormais une ampleur réelle en termes de technologie avancée.
La concurrence au niveau des composants a aussi une influence sur leur
prix et leur diminution générale se ressent sur le marché de
l’ordinateur domestique. Dans ces conditions, l’ordinateur devient
accessible au plus grand nombre et devient un produit de consommation.
Le développement du réseau internet, a été un élément essentiel de
déploiement informatique commercial. D’autres éléments, comme la
compression des données et les images en trois dimensions (réalité
virtuelle) qui sont à la pointe du progrès technologique, ouvrent des
pistes insoupçonnables voici peu pour de nombreuses applications
(imagerie médicale, archivage, transmission de données, etc.).
L’hétérogénéité des composants matériels et logiciels tend à ne plus
constituer un obstacle pour la transmission de données. Les
nombreuses potentialités de l’outil informatique découlent non
seulement de l’évolution de l’offre technologique et de l’amélioration
des performances mais aussi d’une baisse constante des prix de
production des micro-ordinateurs.
Hormis les composants techniques qui évoluent
constamment, la pénétration sociale de l’outil informatique dépend
aussi des progrès des logiciels et du cadre conceptuel qui les
accompagne. Aujourd’hui l’offre logicielle connaît une convivialité
accrue (mode conversationnel en plus d’interfaces plus ergonomiques),
d’une facilité d’utilisation qui permet d’utiliser des applications
parfois complexes sans pour autant devoir en maîtriser la technologie.
L’enjeu logiciel est un enjeu primordial pour les nouvelles
technologies de l’information. Une nouvelle discipline est en train de
voir le jour : l’ingénierie du logiciel. Cette ingénierie tend à
standardiser, à normaliser, à structurer davantage la réalisation de
projets informatiques de moyenne et de grande ampleurs. Des critères
de qualité sont formalisés afin d’évaluer des logiciels ou des
systèmes. Les outils d’analyse et de développement se multiplient et
permettent, notamment grâce à la modélisation orientée vers l'objet,
de concevoir des applications très évoluées et de plus mieux adaptées
aux besoins des entreprises. Une certaine rationalisation est
appliquée dans la conception (documentation, standardisation et
normalisation des étapes d’un projet informatique, outils de
maquettage et de prototypage, référentiel, dictionnaire de données,
etc.). Le langage Java ou encore l’outil de modélisation UML (Unified
Modeling Language) sont des exemples frappants de la nouvelle
philosophie qui émerge du domaine informatique. La portabilité, la
notion de réutilisation, l’assemblage de composants représente une
nouvelle manière de penser l’informatique. Ces développements auront
un impact à moyen terme sur le coût du logiciel. Restent cependant
quelques problèmes face à la diversité des outils, face à la
surenchère de l’offre technique et logicielle (renouvellement du
matériel tous les six mois ?) mais aussi face à l'évolution de
l’internet. L’évolution du marché de l’informatique dépendra aussi de
l’issue de la confrontation entre les partisans de standards ouverts
(logiciels libres et gratuits) et ceux des systèmes propriétaires
(logiciels payants).
Les solutions informatiques actuelles sont conçues
dans une approche non seulement informationnelle (stockage,
organisation de l’accès à l’information, etc.) ou opérationnelle
(temps réel, puissance calculatoire, etc.), mais aussi dans une
approche productrice d’informations, communicationnelle (réseaux :
internet, intranets d’entreprise) et intégrée (e-business, systèmes
distribués, etc.). Les systèmes permettent des accès
multi-utilisateurs qui peuvent interroger en même temps les mêmes
bases de données, qui se développent donc le plus souvent en réseau.
Les collecticiels (logiciels de travail en groupe et de coopération)
sont aussi en pleine expansion. Internet reste le modèle en matière de
réseau et cet esprit réseau règne en maître dans l’implémentation des
nouveaux systèmes informatiques (modèle client-serveur et systèmes
distribués). Toutefois, les systèmes de sécurisation se doivent de
progresser encore. C’est la condition sine qua non de la
réussite et du développement des réseaux. Mais le réseau reste un
support : sa valeur ajoutée se situe essentiellement dans le contenu
et les services qui y sont présents. Le webcasting permet de
fournir de l’information pertinente en fonction du profil d’un client.
Dans la masse d’informations disponibles sur l'internet, il s’avère
indispensable de créer des outils de sélection directement adapté aux
utilisateurs. Galeries marchandes virtuelles, catalogues en ligne se
multiplient sur internet. Une réflexion approfondie et des
investissements importants sont en cours pour sécuriser au maximum le
paiement en ligne, ce qui rassurerait le consommateur, relativement
frileux face au paiement électronique par carte de crédit. Par
ailleurs, l’explosion du commerce électronique fait émerger une
question importante relative aux droits d’auteurs (œuvres musicales,
photographiques, littéraires ou intellectuelles).
Conserver l’information et pouvoir
y accéder sont des potentialités énormes offertes par l’outil
informatique (mémoire technique ou commerciale, documentation des
projets, archivage). Le développement du datawarehouse ("hangar
de données") va dans le sens d’une conservation intelligente et
efficace des ces multiples informations. A partir de cette information
accessible, il est alors intéressant de produire de l’information par
déduction, analyse ou études statistiques. Des outils, regroupés sous
le terme de datamining commencent à être utilisés pour
interroger des bases de données importantes [11].
L’automatisation accrue nécessite la formalisation des processus
(enchaînement des tâches réalisées pour remplir une fonction dans
l’entreprise). C’est là qu’apparaît le workflow system qui
permet d’organiser, de maîtriser et de contrôler des processus, par
une assistance à l’utilisateur et non à l’automatisation [12].
Le développement technique dans le
domaine des nouvelles technologies de l'information a atteint une
qualité et une diversité telles que, désormais, ne comptent plus la
difficulté de réalisation mais bien la mode et l'imagination quant aux
usages des outils. La miniaturisation des processeurs permet de
réduire sans cesse la taille des supports informatisés (capacité de
stockage des données) tout en augmentant la capacité d'accès
multimédia (mémoire vive de ces outils). Une simple puce électronique
miniaturisée peut contenir l'ensemble des données (texte, image, son)
des plus grands musées ou bibliothèques du monde [13].
De l'ordinateur portable au téléphone avec écran en passant par les
voitures informatisées et les cartes de connexion par satellite, les
technologies de l'information et de la communication s'imposent dans
tous les domaines de la vie professionnelle ou privée. A la question
de savoir si l'internet va vraiment changer la société ou si ce n'est
qu'une passade temporaire, la réponse des techniciens et des
industriels du secteur est unanime : l'internet sera bientôt aussi
présent et indispensable, dans tous les domaines de la vie, que ne
l'est devenue l'électricité.
Cependant, si l'énergie électrique
ou pétrolière se consomment à l'utilisation, au contraire l'énergie
distribuée par la société de l'information se multiplie en cours du
processus d'échange. Joël de Rosnay remarque également que l'internet
correspond typiquement à une technologie d'intégration (écrit, son
et image sont intégrés et interactifs dans le monde virtuel) et non
plus à une technologie de substitution. […] La société de
l'information fonde ainsi son développement sur la convergence
technologique : convergence entre ordinateurs, réseaux de
télécommunications et protocoles d'échanges entre machines. Le
directeur de la Prospective et de l'Evaluation de la
Cité des
Sciences et de l'Industrie de la Villette résume en trois
concepts le potentiel des réseaux, du cyberespace : l'intercommutabilité,
l'interopérabilité et l'intercréativité. […] Programmation,
pilotage et catalyse sont les modes de gestion adaptés à la société de
l'information [14]
De même, Xavier Dalloz et
André-Yves Portnoff relèvent que
la principale caractéristique des
réseaux numériques est-elle de favoriser, outre la communication, la
coordination et la coopération, que ce soit localement ou à grande
distance. Ce sont donc les vecteurs d'une logique de partenariat [15].
De fait, les outils construits et
l'évolution des technologies, comme par exemple la nouvelle version
des protocoles de connexion par l'internet (la version 6 (IPv6), sont
finalisés. Leur implantation réelle se fera au fil des prochaines
années, puisqu'elles feront appel à une adaptation tant des points
d'accès et des lignes de connexion à haut débit que du matériel
informatique de chaque utilisateur, dans tous les domaines de la vie
sociale. Par ailleurs, un groupe de recherche, présidé par Vint Cerf
et auxquels sont associés des spécialistes de la NASA [16],
travaille à l'internet interplanétaire, afin d'envisager les moyens de
permettre le transport de l'intelligence humaine dans l'ensemble du
système solaire.
Des études approfondies et régulières sont
réalisées sur le développement du réseau au niveau mondial (accès et
publics). La tendance générale est à la hausse dans tous ces
domaines : tant au niveau des connexions possibles dans des régions
non privilégiées jusqu'à présent qu'à celui des publics dans les pays
hautement connectés (minorités, femmes, foyers à revenus limités,
personnes âgées).
Le Rapport mondial sur le développement humain 1999
titre notamment sur les nouvelles technologies et la course mondiale
au savoir, indiquant cet élément surprenant :
Au début des années
quatre-vingt-dix, le rapprochement, puis la fusion de
l'informatique et des communications ont déclenché un essor sans
précédent des différentes formes de communication. Depuis lors, ce
secteur s'est métamorphosé à la faveur de gains de productivité
colossaux, d'une diminution constante des coûts et d'une expansion
échevelée des réseaux informatiques. Si la productivité de
l'industrie automobile avait progressé au même rythme, une voiture
coûterait aujourd'hui trois dollars [17].
De fait, le développement
technologique que nous appréhendons en ce début de XXIème siècle
mérite toute notre attention si nous voulons nous tenir prêts à en
maîtriser les enjeux pour les prochaines génération. Dans The
Futurist de juillet-août 2001, Carter Henderson rejoint le
président de Disney Online, Jake Winebaum : l'internet n'est
inventé qu'à 20 %. Les 80 % restant sont seulement en train d'arriver… [18].
Parmi les technologies en
développement, le Système mondial de Navigation par Satellite (GNSS)
est désormais perçu comme un élément clé de l'infrastructure des TIC :
l'information de position et
l'utilisation intelligente de cette information améliorent
considérablement l'efficacité avec laquelle toutes sortes d'objets et
de données se déplacent dans le temps et l'espace [19].
GALILEO, système européen de positionnement et
de navigation par satellite, a reçu l'aval, le 26 mars 2002, du
Conseil européen de Barcelone : le Conseil des ministres des
Transports a débloqué ce jour les 450 millions d'Euros nécessaires
à son développement :
GALILEO, le
premier système de positionnement et de navigation par satellites
conçu pour des besoins civils, sera plus avancé, plus performant
et plus fiable que le GPS américain, actuellement en situation de
monopole. […]
L'utilité de GALILEO ne se
limite pas au champ de l'économie et des entreprises, elle
touchera l'ensemble de la société. Elle est évidente pour les
services de secours (pompiers, police, urgence médicale, secours
en mer ou en montagne…) qui pourront intervenir plus rapidement
pour porter assistance aux personnes en danger; pour le guidage
des aveugles, pour le suivi de personnes atteintes de la maladie
d'Alzheimer qui souffrent de pertes de mémoire, comme pour
l'orientation des explorateurs, des randonneurs ou des marins de
plaisance [20].
Il est intéressant de considérer
les statistiques des personnes connectées à l'internet dans le monde
(août 2001) [21]:
Parmi les nombreux travaux d'analyses statistiques
du développement de l'internet, nous retiendrons les pistes suivantes
:
L'analyse compare cinq données de mesure
démographique avec trois mesures des ressources internet, détaillées
par continents (avec mention de pays représentatifs). Il se confirme,
de toute évidence, que deux continents (l'Amérique du Nord et
l'Europe) et un pays (les Etats-Unis) produisent et consomment une
part considérable de ces ressources : 80 % des routeurs contôlés par
l'administration centrale du réseau internet et près de 75 % des
fournisseurs d'accès. Par contre, l'Asie, l'Afrique et l'Amérique du
Sud, comprenant plus de 75 % de la population mondiale, ne disposent
pas beaucoup plus que 10 % des ressources internet.
Telegeography Inc. présente des cartes détaillées
de l'infrastructure mondiale de l'internet, permettant de visualiser
comment le cyberespace s'imbrique dans le monde réel : implantation
des câblages sous les océans reliant les quelque 300 relais d'accès.
La carte présentée ici confirme l'analyse proposée en figure 1.1.1. :
la masse prépondérante de ce câblage relie l'Amérique du Nord et
l'Europe.
La technologie des communications s'est développée
de telle sorte que les transferts par satellites ‑ essentiels pour la
téléphonie, par exemple ‑ sont trop lents (1/4 seconde) pour
l'efficacité requise par l'internet. Le câblage intercontinental par
fibres optiques devrait rendre les échanges de communications sur
l'internet mesurables en nanosecondes, balayant les distances et le
temps. National Geographic présente, sur la carte jointe, le détail du
câblage en fibres optiques installé en septembre 2001 : les larges
lignes roses indiquent une capacité de 1000 à 2999 Gigbits, tandis que
les larges lignes grises (+ de 3000 Gigabits) sont prévues pour
décembre 2003. La coloration des pays indique la télédensité : le
nombre de lignes téléphoniques et de téléphones cellulaires par 1000
habitants (en rouge = plus de 1000, en blanc = moins de 100). Les
satellites représentés dans l'orbite (en bas à droite) indiquent la
capacité d'appels simultanés : en mauve = plus de 54000, en blanc =
moins de 22500.
S'agissant des domaines sociétaux
liés aux technologies de l'information et de la communication, Bernard
Lang souligne l'importance de bien distinguer entre les causes et les
effets : selon lui, il est nécessaire d'identifier correctement les
lieux d'action possible (causes : taxation, législation) afin
d'améliorer les problématiques sociétales (effets) ‑ parmi lesquelles
la fracture numérique, le respect de la vie privée et la sécurité
[25].
Comme l'affirme Joël de Rosnay,
le grand défi de l'avenir ne sera
pas technique, il sera humain [26]
.
Depuis le milieu des années 1990,
la fracture numérique s'est développée, à la fois comme un
concept et comme une réalité bien tangible. Aujourd'hui, les pays
industrialisés, avec seulement 15 % de la population mondiale,
rassemblent 88 % de tous les internautes. La Finlande, à elle seule,
en compte plus que l'ensemble de l'Amérique latine
[27]
.
Ainsi, l'Institut français de Relations
internationales a établi un indice de diffusion des TIC par zones
géographiques en prenant en compte une série de six critères :
– le nombre de lignes téléphoniques pour 1000
habitants ;
– le nombre de téléphones mobiles pour 1000 habitants ;
– les dépenses en infrastructures d'information par habitant ;
– la part de la Recherche-développement dans le PIB ;
– le nombre de techniciens pour un million d'habitants ;
– le nombre de scientifiques
pour un million d'habitants
[28].
Une moyenne non-pondérée de chacun des six
critères, ramené à une échelle de 0 à 100 correspondant à la zone la
mieux dotée (dans tous les cas les pays de l'OCDE) a permis d'établir
une moyenne composite de la diffusion des TIC.
Il s'agit en effet d'une
fracture bien réelle et profonde : alors que l'OCDE affiche
l'indice 100, l'Afrique subsaharienne est à 7,3, l'Amérique latine à
19,6 et l'Europe de l'Est à 34,1. Cette fracture se creuse d'ailleurs
encore depuis 1998 par rapport aux pays les moins développés, du moins
dans le domaine de l'accès à l'internet. Ainsi, entre 1997 et 1999, le
nombre d'ordinateurs permettant l'accès à internet par personne a
augmenté de 29 % en Afrique subsharienne, contre 87 % dans les
pays de l'OCDE [30].
Fort de cette analyse, et parmi
d'autres initiatives, le World Economic Forum tente de rassembler les
acteurs des secteurs public et privé, afin de transformer la "fracture
numérique" en "opportunité numérique"
[31].
Les Nations Unies (UN ICT Task Force) et l'Unesco sont
particulièrement attentifs à ces questions et tentent, par de
nombreuses initiatives, de proposer le matériel et l'apprentissage
nécessaire à des populations démunies dans l'espoir d'éradiquer la
pauvreté, comme celles du Bangladesh, du Bhutan et du Nepal
[32].
L'Union européenne a, de son côté, pris un certain nombre
d'initiatives, avec la volonté de s'inscrire dans une démarche
endogène d'appui technologique aux pays en développement
[33].
Confirmant que l'internet est la
première communauté réellement globale, l'ISOC soutient l'idée d'un
"Design universel pour l'internet", afin de veiller à ce que le
contenu de l'internet et la conception de ses technologies soient
suffisamment flexibles pour s'adapter au plus grand nombre
d'utilisateurs possible ‑ parmi lesquels les quelque 750 millions de
personnes moins valides recensées dans le monde. Selon l'ISOC,
l'internet est vraiment pour tous : seule l'éducation peut permettre
d'atteindre ces objectifs
[34].
De même, de nombreux organismes et institutions internationaux ‑ parmi
lesquels la Commission européenne ‑ prennent des mesures économiques,
techniques ou politiques afin de favoriser l'accès des NTIC aux
personnes moins valides (vue, ouie, mobilité notamment)
[35].
Les enfants restent une cible
facile sur le réseau (harcèlement médiatique, économique,
pornographique ou sexuel. Afin de les protéger, de nombreuses mesures
ont été prises et une législation mise en place sous le nom de
Children's Internet Protection Act (CIPA). Des organismes
proposent leur assistance contre ces abus
[36].
A l'instant de la catastrophe du
11 septembre 2001, l'internet a prouvé sa force de réseau et son
utilité humanitaire : alors que, aux Etats-Unis, les réseaux de
communications terrestres et aériennes étaient stoppés, alors que le
réseau téléphonique était coupé ou saturé, les premières nouvelles ont
pu s'échanger, au niveau mondial, par le réseau de l'internet (web et
mail). Le réseau de l'Institut Jules-Destrée lui-même a pu véhiculer
des informations urgentes entre des rescapés de New York et des
familles de Wallonie… Jean-Noël Tronc, Conseiller Technique au Cabinet
du Premier ministre français, en charge des technologies et de la
société de l'information, l'a confirmé dans un message posté le 12
septembre à Vint Cerf : Il se confirme que le web a été le seul
moyen de communication pendant des heures pour ceux parmi nous qui
cherchaient à avoir des nouvelles de NY et de W DC. Les lignes
téléphoniques étaient saturées au-dessus de l'Atlantique [37].
Une enquête faite au sein du Forum sociétal de l'internet a confirmé
ces éléments.
Par ailleurs, il a été démontré
rapidement que les réseaux terroristes avaient eux aussi utilisé le
réseau internet pour transmettre, sous la forme de messages normaux,
des données hautement cryptées contenant leurs plans d'actions. Est-ce
l'une des conséquences de cette sécurisation ? Le 23 novembre 2001, le
réseau de téléphonie somalien (un unique fournisseur d'accès) alimenté
par des sociétés américaines et géré par des sociétés somaliennes
soupçonnées de complicité avec Al-Qaida a été coupé : les Somaliens
dans leur ensemble ont donc été privés de toute connexion (téléphonie,
transferts bancaires, courriel, internet) [38].
En ce début janvier 2002, le Pakistan ‑ craignant des menaces de
guerre en provenance de l'Inde ‑ a fermé l'accès public à l'internet
par les cybercafés ou les centres téléphoniques parce que les
terroristes utilisent ces moyens pour coordonner leurs activités de
manière anonyme [39].
La sécurité générale du réseau est ainsi envisagée sous un nouvel
angle, tout en confirmant son renforcement inéluctable pour l'avenir.
Lors de son congrès d'août 2002 à
Montréal, l'IFIP (International Federation for Information Processing)
a adopté la "Déclaration UNESCO-IFIP du Congrès international 2002 des
Technologies de l'Information", affirmant son engagement à contribuer
à assurer une "digital inclusion" favorisant les jeunes, et plus
particulièrement dans les domaines de l'éducation, de la science, de
la culture et de la communication
[40'].
La nécessité d'établir une gouvernance pour
l'internet est apparue lorsque les échanges commerciaux se sont
développés sur le réseau internet afin de réguler les paiements
électroniques, signature électronique, administration en ligne et
protection des données. Dans ce domaine de l'eCommerce également, la
certification des noms de domaines s'est avérée indispensable à la
sécurisation des échanges en ligne.
Co-auteur d'un ouvrage sur
l'éthique et la gouvernance de l'internet, Jacques Berleur estime que
ces concepts sont indispensables sur le réseau lorsque la protection
des mineurs et la dignité humaine sont mis en cause. Ces questions
concernent le "citoyens" et les "consommateurs" mais touchent surtout
aux questions sociétales dont les perceptions varient d'une culture à
l'autre. Les enjeux éthiques liés à l'accroissement constant de
l'utilisation des NTIC sont considérables et devront être étudiés en
fonction de tous les membres de la société ainsi que du développement
des technologies [40].
Comme y insiste Philippe Quéau, la régulation mondiale d’Internet doit
être traitée par des institutions de compétence et d’envergure
mondiales. C’est à l’opinion publique et à la société civile mondiales
de se mobiliser pour encourager les gouvernements à accélérer ce
processus nécessaire [41].
Concernant la
gouvernance européenne, la Commission de l'Union européenne formule
des recommandations dans son Livre blanc du 25 juillet 2001 :
Cinq principes sont à la base
d'une bonne gouvernance et des changements proposés dans le présent
Livre blanc : ouverture, participation, responsabilité, efficacité et
cohérence. Chacun de ces principes est essentiel pour l'instauration
d'une gouvernance plus démocratique. Ils sont à la base de la
démocratie et de l'état de droit dans les Etats membres, mais
s'appliquent à tous les niveaux de gouvernement, qu'il soit mondial,
européen, national, régional ou local [42].
La Commission soutient que les
technologies de l'information et de la communication ont un rôle
important à jouer. Le Livre blanc sur la gouvernance souligne la
nécessité de créer un espace transnational dans lequel les citoyens
de divers pays peuvent débattre de ce qu'ils considèrent comme les
défis majeurs de l'Union
[43].
C'est à l'initiative du
gouvernement des Etats-Unis que l'ICANN a été créée en octobre 1998
[44].
Sa mission est de succéder aux autorités américaines dans
l'administration de l'internet. L'ICANN doit traiter à ce titre des
questions relatives aux noms de domaines, mais aussi aux adresses IP
(chaînes numériques identifiant chaque machine sur l'Internet) et aux
protocoles permettant aux machines de communiquer entre elles. L'ICANN
est une organisation internationale : ses équipes et ses dirigeants
sont des personnes de tous pays et disposant d'un large éventail de
compétences. Elle est la plus haute autorité internationale pour
toutes les questions liées aux noms de domaines, adresses et
protocoles. Juridiquement, l'ICANN est une société à but non lucratif
fonctionnant selon les lois de l'Etat de Californie [45].
Le Rapport mondial sur le développement humain 2001 insiste sur
un fait essentiel :
Pour garantir la crédibilité de la gouvernance
Internet et pour permettre aux nouveaux arrivants en provenance des
pays en développement de prendre le train en marche, il convient
d'ouvrir un débat public concernant :
‑ la transparence, avec accès au débat et aux
informations pour toutes les parties prenantes;
‑ la représentation, qui doit
englober les gouvernements, les concepteurs de technologies de
l'information et les internautes présents et à venir de toutes les
régions du monde [46].
Une réforme de
l'ICANN est en cours, suite à sa réunion à Accra (Ghana,
10-14.03.2002) : un Forum des utilisateurs européens est en formation,
en partenariat avec le Parlement européen. Le Chapitre Wallonie de
l'ISOC participera à ce Forum.
Le
développement des structures de gouvernement électronique et la
simplification administrative, à tous les niveaux de pouvoirs
citoyens, ont été étudiés par le Chapitre Wallonie de l'ISOC, dans le
cadre de la réunion des chapitres européens de l'ISOC à Namur, le 8
décembre 2001. L'interrogation principale relative à ces programmes en
développement est leur adéquation avec les citoyens qui devraient en
devenir les utilisateurs quels que soient leur approche personnelle
des technologies de l'information et de la communication : il est
donc fondamental d'inclure cette nouvelle relation avec les services
citoyens (législatifs, administratifs) dans un plan d'apprentissage
accessible à tous.
Giuseppe Zilioli constate que, de
manière générale, les gouvernements ont mis du temps à intégrer le
potentiel de l'internet, considérant exclusivement les fonctions de
l'eCommerce et peu celles de l'eGouvernement [47].
Les gouvernements ont pourtant compris la nécessité de modernisation
au même titre que des entreprises : des fonctions basiques des TIC
ont été mises en place sans toujours être adaptées aux besoins
politiques ou administratifs. Une reformulation majeure est
nécessaires dans ce domaine, qui utilise les TIC comme outil modulable
et non comme fin en soi d'une tendance à la modernité. Dans ce but, il
importe de former les utilisateurs des TIC, tant au sein des
structures gouvernementales qu'au niveau citoyen. L'utilisation de ces
outils technologiques exige complémentairement une simplification des
procédures permettant d'ouvrir l'horizon à l'échelle de plusieurs
niveaux de pouvoirs au sein de la démocratie, tels ceux de l'Europe.
La nature même de la gouvernance s'adapte en fonction de la nature
des institutions démocratiques et de leurs relations avec les
citoyens, permettant l'émergence d'un nouveau paradigme pour la
conception des services publics en fonction de la multiplicité des
informations possibles. L'apprentissage de ces outils se fait par la
vie quotidienne et l'éducation. Giuseppe Zilioli considère ainsi que
l'intégration de nouvelles technologies révolutionnaires ne peut se
faire que par la pratique : il se peut donc que l'effet des
changements liés à l'eGovernment et à la simplification administrative
ne puissent être pris mesurés que lorsque la génération actuelle aura
vécu cet apprentissage à l'école, c'est-à-dire dans un minimum de dix
ans.
Chargé de mission auprès du
Ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative à
Paris, George Chatillon ‑ Maître de Conférences à Paris I ‑, constate,
au vu de l'expérience française, qu'il est également difficile
d'établir des communications directes par le biais des NTIC entre les
différents services administratifs ou ministériels rompus aux
anciennes méthodes. Il insiste sur la nécessité de rendre transparente
cette gestion administrative électronique tant côté administration que
côté citoyen utilisateur. Il suggère, comme facteur de succès, une
réforme fondamentale du fonctionnement administratif afin, par une
logique claire, de construire une politique de confiance, d'aider les
personnes ne maîtrisant pas l'outil informatique et de faire admettre
par tous le formulaire informatique en ligne au même titre qu'un
document original traditionnel. Par ailleurs, cette nouvelle
conception de l'administration permet au citoyen, par l'informatique,
d'avoir droit à l'erreur : c'est un changement considérable. Il
importe d'appliquer l'infrastructure du réseau aux procédures
administratives : cette démarche prend du temps car il n'est pas
naturel pour les administratifs d'"aller vers" l'usager". Habitués à
l'auto-protection du langage juridique et des règles administratives,
ils se doivent désormais de les appliquer sur un plan humain, en les
traduisant en langage humain. La fonction citoyenne de ces services ne
peut qu'y gagner. Georges Chatillon conclut que l'Etat français a eu
raison d'associer la modernisation de l'Etat et des services
administratifs en utilisant la simplification électronique par les
réseaux. La hiérarchie s'en trouve bousculée, mais l'accélération de
l'histoire en est remarquable
[48].
L'observation montre que la technologie et
l'humanisme fonctionnent d'autant mieux qu'ils concourent à un projet
commun,
estime le professeur Michaël Dertouzos, scientifique hautement
respecté et visionnaire des TIC. Directeur du MIT (Massachusetts
Institute of Technology), le professeur de Computer Science and
Electrical Engineering a pris à cœur de réapproprier au monde virtuel
la dimension humaine indispensable à son développement harmonieux
construit sur la durée : s'il considère le déploiement informatique
comme inéluctable, il n'en conçoit pas les effets positifs sans leur
association à l'éducation et à la production de contenu, car ils
réclament un changement radical de la pensée et des comportements qui
sont les nôtres depuis des siècles. Il nous faudra beaucoup d'efforts
et de persévérance. Mais cela en vaut la peine. Car alors l'âge de
l'unification reliera en nous la foi et la raison, la nature et
l'homme, pavant la voie pour une quatrième révolution, celle qui,
au-delà des artefacts, aura pour but de nous comprendre nous-mêmes
. [49]
Thierry de Montbrial constate, quant à lui, dans
Les enjeux internationaux des technologies de l'information :
Internet a d'autres effets
intéressants. Certaines communautés dispersées dans le monde
avaient autrefois tendance à s'intégrer dans les lieux où elles se
trouvaient. Aujourd'hui, on constate une forme de "retribalisation"
à travers internet. Le fait de pouvoir conserver des liens
quotidiens entre les membres d'une communauté dispersée
géographiquement permet de l'entretenir et de la garder vivante.
On aboutit à ce paradoxe de la mondialisation, qui est que cette
communication omnidirectionnelle se traduit par un accroissement,
et non par une diminution, de la fragmentation [50].
Le multilinguisme est un objectif essentiel pour le
développement harmonieux des NTIC dans le monde. Toute la pertinence
requise pour cette affirmation peut sans conteste être accordée à M.
Koïchiro Matsuura, directeur-général de l'Unesco, dans son discours du
10 décembre 2001 à Helsinki, à l'occasion du Séminaire sur l'Unesco et
la diversité culturelle :
L'Unesco
entend également encourager résolument la promotion de la
diversité linguistique et le développement d'une éducation
multilingue dès l'enfance. Une éducation multilingue doit
permettre à tous les enfants de devenir de vrais citoyens, non
seulement de leur pays respectif, mais aussi du monde.
Les
regrettables et tragiques événements récents nous ont enseigné
beaucoup de leçons. Aujourd'hui, dans un effort pour aller au-delà
de la simple reconnaissance et de la valorisation de la
diversité, l'Unesco cherche à promouvoir une vision constructive
du pluralisme, parce que nous sommes convaincus que le dialogue
intellectuel est la meilleure garantie de paix pour le plus long
terme.
La Déclaration universelle de
l'Unesco sur la Diversité culturelle souligne l'importance de
l'interaction entre la diversité, les droits de l'Homme et le
développement durable. Accompagnée d'un Plan d'action pour son
application, la Déclaration constitue une contribution essentielle
de l'Unesco pour une "globalisation humanisante" et représente
l'un des textes fondamentaux d'une nouvelle forme de référence
éthique pour le vingt-et-unième siècle
[51].
Sur le plan européen, la preuve est faite désormais
de l'intérêt de l'internet et de l'attention qu'y ont accordée tous
les domaines de la société, créateurs de contenu et utilisateurs. En
1999 déjà, Michel Catinat affirmait ceci :
Internet peut devenir un
instrument d'expression et donc de promotion de la diversité
culturelle européenne. Prétendre le contraire revient à confondre
le support technologique d'internet, actuellement contrôlé par les
Etats-Unis, et le contenu échangé qui dépend des usagers
eux-mêmes. Internet sera européen si les acteurs européens y
mettent du contenu européen [52].
De fait, le Conseil européen qui
s'est tenu à Lisbonne les 23 et 24 mars 2000 a fixé pour l'Europe un
objectif ambitieux : devenir l'économie de la connaissance la plus
compétitive et la plus dynamique du monde. Il a reconnu la nécessité
urgente pour l'Europe d'exploiter rapidement les possibilités offertes
par la nouvelle économie, et notamment l'internet : ainsi a pris forme
le
Plan global d'action eEurope [53].
A l'autre bout du monde, YJ Park,
protagoniste d'un internet culturellement conscient, membre du MINC (Multilingual
Internet Names Consortium) contribue à la coordination d'une
cyber-communauté mondiale représentant toutes les langues dont les
lettres ou caractères différents devraient, à l'horizon 2010, pouvoir
s'intégrer à l'internet [54].
Un outil performant est proposé
par la Commission européenne, direction générale Société de
l'Information : eContent, Programme communautaire pluriannuel
visant à encourager le développement et l'utilisation du contenu
numérique européen sur les réseaux mondiaux ainsi qu'à promouvoir la
diversité linguistique dans la société de l'information. Ce
programme propose notamment d'améliorer l'accès à l'information du
secteur public et de son exploitation, de développer la
production de contenu dans un environnement multilingue et
multiculturel et d'accroître le dynamisme du marché du contenu
numérique. Le programme eContent active sa mise en œuvre en
relation avec les autres programmes communautaires [55].
Global Reach propose les dernières estimations (15
décembre 2001) du nombre de personnes connectées dans chaque région
linguistique (langue maternelle). Le classement est organisé en
fonction des langues plutôt qu'en fonction des pays, puisque des
personnes parlant la même langue construisent leurs communautés
virtuelles indépendamment du lieu où elles vivent. Les données prises
en compte sont : (1) Millions de personnes connectées; (2) Pourcentage
de la population mondiale connectée; (3) Estimation de la population
connectée en 2003; (4) Population mondiale connectée. Sont extraites,
ci-dessous, les principales langues européennes :
|
Internet
access (M) |
% world
online pop. |
2003
(est. in M) |
Total pop.
(M) |
English |
220 |
43.0% |
270 |
860 |
Non-English |
292 |
57.0% |
505 |
5340 |
European Languages
(non-English) |
163 |
31.8% |
290 |
1,089 |
Dutch |
11.1 |
2.2% |
12.8 |
23.6 |
French |
16.8 |
3.3% |
30 |
80.7 |
German |
34.2 |
6.7% |
46 |
97.2 |
Spanish |
34.6 |
6.7% |
60 |
336.5 |
Total European Languages
(excl. English) |
163 |
31.8% |
290 |
1,162.4 |
Total Asian Languages |
129.5 |
25.3% |
270 |
|
TOTAL WORLD |
505 |
|
793 |
6,200 |
Pourcentage
du contenu de l'internet par langue (15.12.01.) [57]
English |
68.4% |
Japanese |
5.9% |
German |
5.8% |
Chinese |
3.9% |
French |
3.0% |
Spanish |
2.4% |
Russian |
1.9% |
Italian |
1.6% |
Portuguese |
1.4% |
Korean |
1.3% |
Other |
4.6% |
Ce graphique indique une forte croissance de
l'utilisation des langues autres que l'anglais, depuis 1996. Les
tendances d'évolution sont proposées jusqu'en 2005, le chinois et le
japonais marquant le plus fort développement d'utilisation en ligne.
"Davantage d'individus ont accès…" (zéro en 1994 -
400 millions en 2000) "à davantage d'informations…" (+/- 200 sites en
1994 - 20 millions de sites fin 2000) "à un coût inférieur" (150.000 $
en 1970 - 0,12 $ en 1999). La vitesse de calcul des microprocesseurs
double tous les 18 mois.
Cinq facteurs clés sont identifiés pour favoriser
l'exploitation des NTIC dans le monde :
‑ l'actualisation permanente des compétences;
‑ le choix et l'application des nouvelles règles mondiales (ex. :
propriété intellectuelle);
‑ la recherche et le développement liés aux TIC et aux
biotechnologies financés principalement par les entreprises;
‑ la mobilité internationale croissante des spécialistes des
technologies sur un marché devenu mondial;
‑ le développement de technopôles d'innovation alliant les
savoir-faire, les capitaux et les opportunités (46 identifiés : 13
aux Etats-Unis, 16 en Europe (dont 2 en France et 1 en Flandres,
Belgique), 9 en Asie, 2 en Amérique du Sud, en Afrique et en
Australie, 1 au Canada et en Israël).
L'ensemble des éléments analysés confirme que le
développement des technologies de l'information et de la communication
est croissant et incontournable. Les fractures sont nombreuses mais un
élément essentiel de la culture et de l'éducation au monde numérique
ne laisse pas de doute : les chercheurs et les scientifiques
maîtrisant ces technologies ont pris conscience de l'importance de
cette évolution. Ainsi, leur mission consiste à trouver une solution à
la diffusion de ces nouveaux outils de communication, compte tenu de
l'espace (pays et régions en voie de développement, qu'il faut
assister sur le plan du matériel adéquat et des connexions
indispensables) et du temps (formation et éducation à promouvoir pour
toutes les générations de citoyens).
Toujours dépendantes du leadership
américain, les technologies de l'information et de la communication
s'implantent partout dans le monde. Les facteurs de leur expansion
tendent à intégrer la diversité des langues et des cultures,
l'importance de la codification des droits et des devoirs des
internautes, favorisant le respect de la citoyenneté nouvellement
ouverte à un horizon international. Comme l'indiquent Anita Rozenholc
et Alain Veyret, le téléenseignement, la télémédecine, la
téléculture, la télémaintenance… sont autant de services qui se
développeront à l'avenir et qui bousculeront nos modes de vie
[60].
Joël de Rosnay insiste sur la richesse des nouveaux réseaux :
La classe,
le professeur et Internet constituent un nouveau système de
communication interactif permettant d'intégrer des données dans
des informations, des informations dans des savoirs, des savoirs
dans des connaissances et des connaissances dans des cultures.
[…]
Le développement des réseaux
interactifs multimédias, auquel nous participons aujourd'hui,
n'est autre que l'ébauche d'un phénomène encore plus profond : la
construction progressive d'une sorte de système nerveux de
l'organisme sociétal construit par l'humanité à la surface de la
planète [61].
Toutes ces tendances, telles que rapidement
évoquées dans ce rapport, indiquent un développement positif possible
des technologies de l'information et de la communication, pour
l'apprentissage de la connaissance, le partage du savoir, la
valorisation des identités sur un plan mondial et la constitution
d'une forme de culture respectant les valeurs humanistes.
[1]
Paul Soriano est président de l’Institut de recherches et de
prospective postales (Irepp) dont les travaux portent sur l’économie
et la société en réseau. Il est membre de l’Internet Society (où il
anime le groupe Tocqueville, Internet et le politique) et de
l’Association pour le commerce et les échanges en ligne (ACSEL). Il
préside par ailleurs le CICV Pierre Schaeffer, centre international
de création dans les arts numériques. Il a publié Lire, écrire,
penser dans la société de l’information aux éditions Descartes &
Cie. et, avec Alain Finkielkraut, Internet : l’inquiétante extase
(Le zéro-un et l’infini), aux éditions Mille et une nuits
(2001) : html et
http://www.irepp.com/index.cfm .
[3]
L'Internet Society, créée par les inventeurs de l'internet ‑ parmi
lesquels Vint Cerf ‑, travaille, à l'échelle mondiale, au
développement de standards, de protocoles, d’une administration et
d’une infrastructure technique de l'Internet (notamment en
supportant l'Internet Engineering Task Force (IETF)). Elle soutient
également l’éducation et la formation à l'Internet, tant en faveur
des pays moins développés que dans le domaine de l'accessibilité ou
encore en regard de tous les problèmes sociétaux liés à l'internet,
par le biais de l'Internet Societal Discussion Forum (ISDF) (qui
remplace l'ISTF, Internet Societal Task Force). La base de données
des liens cités par l'ISTF et l'ISDF est accessible page
http://www.wallonie-isoc.org/ISTF.htm . L'ISOC s’adresse aux
structures et personnes identifiées comme appropriées pour soulever
ces questions et les amener à une conclusion favorable à la
communauté mondiale de l’internet. Le titre de "chapitre" de l'ISOC,
tel le Chapitre Wallonie (
http://www.wallonie-isoc.org/ ), ouvre des perspectives de
recherche et d'échange souvent de haut niveau sur toutes les
thématiques liées au développement des NTIC et, ce, dans un cadre
mondial : en effet, l'ISOC compte une cinquantaine de chapitres
actifs répartis sur les cinq continents et interconnectés par une
série de listes de travail thématiques.
[4]
Message de Vint Cerf à l'ISDEF, 10 décembre 2001.
[8]
Rencontres ISOC Wallonie - ECC organisées à la DG INFSO à Bruxelles
le 7 décembre 2001. – Christopher Wilkinson, membre de
l'ISOC-Wallonie de puis sa fondation et Adviser, Directorate General
Information Society European Commission a été élu vice-président du
GAC (The Internet Domain Name System and the Governmental Advisory
Committee (GAC) of the Internet Corporation for Assigned Names and
Numbers (ICANN) - en septembre 2001 - (
http://www.noie.gov.au/projects/international/DNS/gac/index.htm
).
[9]
Jean-Paul FIGER, Les grandes tendances de l‘évolution de
l’informatique 1950-2010, 1996, publié sur
http://www.figer.com – René
Trégouet, Rapport
sur les NTIC. La pyramide des Pouvoirs et les Réseaux de Savoirs,
avril 1998, publié sur http ://www.tregouet.org/senat/ntic/original/Tome1-LES.html.
– VOLLE, Michel, Economie des nouvelles technologies. Internet,
Télécommunications, Informatique, Audiovisuel, Transport aérien,
Paris, Economica, 1999.
[10]
A titre indicatif, en FF, le coût de stockage de 10.000 caractères
est passé de 100 francs, en 1980, à 1 centime, en 1995.
[12]
L'évolution logicielle a été analysée par Marie-Paule Bouvy pour
l'Institut Jules-Destrée.
[13]
Voir l'étonnante analyse du Dr Kim H. Veltman, (Maastricht McLuhan
Institute), The Future of the Internet, Stockholm, INET
08.06.2001 :
http://www.newuses.net/ .
[14]
Joël de Rosnay, La société de l'information au XXIème siècle,
Enjeux, promesses et defis, dans Thierry de Montbrial et Pierre
Jacquet, dir, L'entrée dans le XXIème siècle, Ramses 2000,
Rapport annuel mondial sur le Système économique et les Stratégies,
Institut français des Relations internationales, Paris, Dunod, p.
145-162, 1999.
[15]
Xavier
Dalloz et André-Yves Portnoff La prolifération numérique :
ressorts et impacts, dans Futuribles, Analyse et prospective,
n° 266, Paris, Juillet-août 2001, p. 34.
[16]
Scott BURLEIGH, Vint CERF, Bob DURST, Adrian HOOKE, Robert RUMEAU,
Keith SCOTT, Eric TRAVIS, Howard WEISS, The Interplanetary
Internet: The Next Frontier in Mobility, INET 2001 Proceedings,
Technology Summit, Internet Society cederom, Stockholm, juin 2001.
[17]
Les
nouvelles technologies et la course mondiale au savoir,
dans Rapport mondial sur le développement humain 1999,
Programme des Nations Unies pour le Développement, Paris -
Bruxelles, 1999, p. 57.
[18]
Carter Henderson, How the internet is changing our lives, dans The
Futurist, Forecasts, Trends and Ideas about the Future, World Future
Society, USA, juillet-aoput 2001, p. 45.
[19]
Société de l'information, Perspectives des technologies de
l'information de l'OCDE, TIC, Commerce électronique et
économie de l'information, Paris, OCDE (Organisation de
coopération et de développement économiques), 2000, p. 195.
http://www.oecd.org/dsti/sti/prod/it-out2000-f.htm
.
[24]
Connecting the Planet, The whole wired world, dans Thomas B.
Allen, The Future is calling,
National Geographic, décembre 2001, p. 76-83.
[25]
Message de Bernard Lang à l'ISDF, 16 décembre 2001.
Bernard Lang est directeur de recherche à l'Institut national de
recherche en informatique et en automatique (Inria), spécialiste des
langages et de l'environnement de programmation, fondateur de l'AFUL
(Association francophone des utilisateurs de Linux et de logiciels
libres) et administrateur de l'ISOC France. – Les prochaines
rencontres de l'ISOC France, sur le thème "L'internet au défi des
usages"permettront, dès début janvier 2002, de faire le point sur
ces enjeux (
http://www.isocfrance.org/
).
[26]
Joël de Rosnay, L'Homme symbiotique,
Regards sur le 3ème millénaire, Paris, Le Seuil, 1995.
[28]
Françoise NICOLAS et Nicolas OCCIS, Technologies de l'information
: une chance pour le développement ? dans Thierry de MONTBRIAL
et Pierre JACQUET, Rapport annuel mondial sur le système
économique et les stratégies (Ramses), p. 94, Paris, Dunod-IFRI,
2001.
[29]
Graphique DM Institut Jules-Destrée, Données IFRI sur base de la
Banque mondiale, juin 2000.
[33]
Developping countries and the ICT Revolution, Final Study,
Luxembourg, European Parliament, Mars 2001, (Working Document for
the STOA Panel). (PE 296.692/Fin.st.)
[37]
Vinton G. Cerf, A note from France regarding the Terrorist's
attack, mail sent on ISTF list, 12.09.01, containing Jean-Noël
Tronc's, mail "with you in this terrible moment, sent to Vint
Cerf, 12.09.01.
[38]
Voir
http://news.bbc.co.uk/hi/english/world/africa/newsid_1672000/1672220.stm
. – Le GAC de l'ICANN, réuni en novembre 2001
(Marina del Rey, California), a reconnu que les événements du 11
septembre "ne sont pas seulement une sérieuse attaque contre les
valeurs de la démocratie, mais ont aussi eu un impact sur
l'infrastructure vitale de la communication internationale. Le GAC
se réjouit de l'initiative de l'ICANN de consacrer cette réunion aux
questions de la sécurité de l'internet. Dans ce cadre, le GAC a
engagé une réflexion considérable sur ces sujets et travaillera avec
l'ICANN pour développer les stratégies futures qui assureront la
sécurité et la stabilité du système de noms et d'adresses de
l'internet.
(
http://www.icann.org/committees/gac/communique-15nov01.htm
).
[39]
Vickram Crishna, CEO, Net Radiophony India Pvt Ltd, Wireless Freedom!
www.radiophony.com,
Message à la liste de l'ISDF, 12.01.02.
[40]
Jacques BERLEUR, Peny DUQUENOY et Diane WHITEHOUSE, Ethics and
the Governance of the Internet, International Federation for
Informaiton Processing (IFIP), Laxenburg (Austria), 1999. – Jacques
Berleur est recteur honoraire des Facultés Notre-Dame-de-la-Paix à
Namur.
[40']
UNESCO-IFIP World Computer
Congress 2002 Youth Declaration,
communiqué par Jacques Berleur, ISOC Belgium (Wallonie) Chair,
IFIP-TC9 Chair, 19.09.2002 - (http://www.ifip.or.at/minutes/ga2002/youth_declaration.pdf).
[46]
Des
initiatives mondiales en faveur des technologies propices au
développement humain,
dans Rapport mondial sur le développement humain 2001, Mettre les
nouvelles technologies au service du développement humain,
Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD, De Boeck
Université, Paris-Bruxelles, 2001, p. 116.
[47]
Giuseppe ZILIOLI (European Commission, Information Society
Technologies), Systems and Services for the Citizen eGovernment
and administrative simplification,Some considerations, 2nd ISOC
Wallonia Workshop, Namur, 08.12.2001.
http://www.wallonie-isoc.org
[48]
Georges CHATILLON, L'administration électronique et les
simplifications administratives, 2nd ISOC Wallonia Workshop,
Namur, 08.12.2001 - Georges Chatillon est assistant à l'Université
de Paris I (Panthéon-Sorbonne).
http://www.wallonie-isoc.org
.
[49]
Michaël Dertouzos, Demain, Comment les nouvelles technologies
vont changer notre vie, Paris, Calman-Lévy, 1999, p. 319-320.
Les travaux du
professeur Michaël
Dertouzos,
décédé en août 2001, sont présentés sur
le site du MIT :
http://the-tech.mit.edu/V121/N39/Obit39.39n.html
;
http://web.mit.edu/newsoffice/nr/2001/dertouzos.html
. Il structure et explique "les cinq piliers de
l'âge de l'information" : 1. L'information est représentée par
des nombres. 2. Ces nombres sont exprimés par des 0 et des 1. 3. Les
ordinateurs transforment l'information par le biais d'opérations
arithmétiques sur ces nombres. 4. Les systèmes de communication
déplacent l'information en déplaçant ces nombres. 5. Les réseaux
informatiques sont une combinaison d'ordinateurs et de systèmes de
communication. Ils sont la base des infrastructures de demain, qui à
leur tour sont la base du marché de l'information.
[50]
Thierry de Montbrial, dir, Séminaire-débat Observation et théorie
des relations internationales , Institut français des Relations
internationales, Nancy, 2001, p. 125.
Thierry de Montbrial, membre de
l'Institut de France, est professeur titulaire de la chaire
d'économie appliquée au
Conservatoire
national des arts et métiers (CNAM) ( ) depuis 1995 et
professeur à l'École
polytechnique - dont il a présidé le département des
Sciences économiques entre 1974 et 1992 - depuis 1974. Chargé de
mettre en place le Centre d'Analyse et de Prévision du ministère des
affaires étrangères, il en a été le premier directeur de 1973 à
1979. A cette date, il a créé l'Institut Français des Relations
Internationales dont il est depuis le directeur. Il dirige également
le rapport annuel
Ramses.
Il est par ailleurs président de la
Fondation
pour la recherche stratégique (FRS) depuis 1993. (
http://www.ifri.org/F/Recherche/Thierry%20de%20Montbrial.htm
).
[52]
Michel Catinat, Entrer dans la société de l'information, dans
Futuribles, Analyse et prospective, Paris, Futuribles, n° 42,
mai 1999, p. 32. Michel Catinat, Conseiller du directeur général de
l'Industrie, Commission européenne, et professeur au Collège de
l'Europe à Bruges.
[54]
YJ Park, Culture-conscius Internet, MINC, Multilingual Internet
Names Consortium, INET 2001, Stockholm, 08.06.01.
http://www.newuses.net/
[55]
Commission européenne, Direction générale Société de
l'Information, eContent, Programme de travail
2001-2001, Harvard Business School, décembre 2000. http://europa.eu.int/comm/information_society/econtent/index_en.htm
.
[59]
Les transformations technologiques d'aujourd'hui : vers la
société en réseau, dans Rapport mondial sur le développement
humain 2001, Mettre les nouvelles technologies au service du
développement humain, Programme des Nations Unies pour le
développement (PNUD, De Boeck Université, Paris-Bruxelles, 2001, p.
27-63. -
Source :
http://www.undp.org/hdr2001/french/ .
[60]
Anita Rozenholc et Alain Veyret, Activités
immatérielles et télétravail, dans Pierre Musso, dir.,
Communiquer demain, Nouvelles technologies de l'information et de la
communication, Datar, La Tour d'Aigues, Editions de l'Aube,
1999, p. 132.
[61]
Joël de Rosnay, La société de l'information au
XXIème siècle, Enjeux, promesses et defis, op. cit.