La
province : une institution à redéfinir?
La santé et le social -
(1996)
Christian Lalière
Directeur général de l'Association
intercommunale hospitalière de la Basse-Sambre
1. Importance du
district dans l’organisation socio-sanitaire
Les communautés locales
ont pour but d’assurer un environnement permettant l’épanouissement le plus
complet possible de leurs citoyens.
Les pouvoirs communaux et
les CPAS, confrontés au réalisme économique financier, éprouvent la nécessité
d’améliorer le rapport coût-performance de leurs activités médico-sociales.
Par ailleurs, les
restrictions budgétaires successives au niveau des organismes centraux amènent
les pouvoirs locaux à orienter l’action socio-sanitaire davantage de l’intra-muros
vers l’extra-muros. Dans nos communes, nous sommes obligés de constater
que plusieurs facteurs limitent fortement la mise en place d’une réelle
organisation de l’action socio-sanitaire coordonnée.

A. Première
constatation.
Prédominance massive de l’aspect curatif institutionnel sur l’aspect préventif
ou extra-hospitalier en matière d’organisation socio-sanitaire.
B. Deuxième
constatation.
L’action socio-sanitaire reste beaucoup trop individualisée et est vécue de
manière actuellement ponctuelle. Manque d’analyse des systèmes de vie de
l’individu et surtout généralisation trop accentuée des méthodes tenant peu
compte des aspects relatifs.
C. Troisième
constatation. Manque généralisé d’une politique recherche-action et peu de
participation des citoyens à la mise en place des services curatifs ou
préventifs et à l’évaluation de leur efficacité.
D. Quatrième
constatation. Insuffisance de l’évaluation des actions, manque de rigueur
méthodologique et de continuité dans l’action socio-sanitaire.
E. Cinquième
constatation. Manque généralisé de coordination socio-sanitaire et
augmentation des coûts par la multiplication irrationnelle d’intervention
souvent similaire, reculant l’efficacité en se suivant dans le temps et portant
sur le même objet.
F. Sixième
constatation. Peu d’utilisation rationnelle des diverses ressources du
milieu (concurrence entre services, manque d’information,...).
G. Septième
constatation. L’équipement socio-sanitaire est inégalement distribué et sa
répartition repose très rarement sur une étude approfondie des besoins de la
population.
H. Huitième
constatation. Hyper-spécialisation des agents sanitaires qui utilisent des
méthodes ne tenant pas assez compte des besoins de la population et souvent trop
peu adaptées à toutes les situations de la population (ex : Quart Monde,
handicapés, etc.)
I. Neuvième
constatation. L’environnement (écosystème) dans lequel vit l’homme a été
très peu envisagé en matière d’action socio-sanitaire et pourtant les variables
environnementales sont capitales pour l’épanouissement social et sanitaire de
l’individu.

C’est surtout cette
dernière constatation avec l’obligation d’une nécessaire coordination qui
obligera l’action socio-sanitaire à délimiter sur le plan géographique et
démographique son champ d’application en tenant compte bien sûr des contingences
socio-économiques et administratives, autrement dit des phénomènes de réseaux.
Les agents et services
socio-sanitaires relevant surtout de l’organisation extra-hospitalière
travaillent dans ce secteur géographique bien déterminé. Ils ont un contact
privilégié permanent avec des populations déterminées qu’ils connaissent bien.
C’est donc à cette dimension de la niche écologique que doivent être prises les
mesures de coordination de l’action socio-sanitaire par des systèmes de "contrat
préférentiel de collaboration".
Cette action directe et
limitée à la "niche écologique" permet de rencontrer les réalités du terrain
bien au delà de la seule coordination fonctionnelle. Elle permet notamment une
meilleure connaissance des paramètres variables qui influencent la pénétrabilité
des milieux et qui sont utiles à une bonne adéquation entre milieu, objectifs,
méthodes, moyens et à l’évaluation de l’action.
-
Analyse des données
épidémiologiques, sociologiques, culturelles, etc.
-
Rôle prépondérant des
services existants et des médecins généralistes, des enseignants, etc.

Ce type d’action permet
notamment :
-
d’optimaliser la
couverture des besoins par une meilleure utilisation des ressources du
milieu;
-
de programmer le
développement de l’offre de services de façon à combler les carences aussi
bien qu’à éviter le double emploi;
-
de promouvoir une
réelle répartition des services touchant à la promotion de la santé, sur
base d’entités fonctionnelles au sein desquelles les différents niveaux
d’intervention puissent s’articuler de façon harmonieuse depuis les soins de
santé primaires, destinés à l’ensemble de la population jusqu’aux unités
spécialisées dans la prise en charge d’un public cible restreint.
Cette manière d’agir
suppose donc l’existence d’un système de santé basé sur des entités
fonctionnelles communautaires ou districts socio-sanitaires pouvant prendre des
proportions variables en fonction du terrain, de la densité de population, type
d’habitat, problèmes socio-économiques, attitudes culturelles et plus
globalement en fonction des facteurs locaux de l’écologie physique et humaine.
En 1980, en 1985 et en
1988, des travaux de terrain dans la niche écologique de la Basse-Sambre ont
permis, sur base d’un modèle opérationnel de définir le district socio-sanitaire
comme une entité sociologique et démographique particulière dans un espace
géographique limité au sein duquel la majorité de la population trouve de fait
et pour l’essentiel, réponse à des besoins de vie et peut effectivement
participer aux décisions locales.
En 1989 et 1990,
l’Observatoire de Santé pour la province de Namur a permis de préciser davantage
ce modèle grâce aux travaux du Professeur Descy.

2. Remarque sur la
place du district dans la coordination socio-sanitaire
Idéalement, le district
socio-sanitaire peut s’articuler autour de deux actions de base :
1. la coordination
des soins et services dans le milieu de vie des citoyens;
2. la coordination de
la prévention socio-sanitaire et l’intégration sociale.
Le district
socio-sanitaire permet donc à la fois de tenir compte des aspects relatifs
locaux mais il permet aussi au citoyen de s’impliquer dans une réelle politique
sanitaire de recherche-action.
Par ailleurs, sur le plan
de la coordination socio-sanitaire, le district constitue le premier niveau de
coordination sur base d’une collaboration étroite avec les administrations
communales, les CPAS, dont l’analyse permanente des besoins sociaux et de santé
est requise par l’art. 47 de la loi organique de 1976.
Au premier niveau, le
district socio-sanitaire permet la participation active des professionnels de
l’action sociale et sanitaire, des organismes de santé physique, mentale et
sociale, des enseignants, des aménageurs, des décideurs et surtout des citoyens.
Le second niveau de
coordination pourrait être celui de la province lui-même directement rattaché à
l’espace régional par une coordination interprovinciale.
Cette vision de l’action
sanitaire engendre une remise en cause fondamentale de la politique de santé
qui, tout en gardant un financement global centralisé, permet la réelle mise en
place d’un système décentralisé où la volonté est de donner aux citoyens un rôle
réel sur l’organisation de leur système local de santé.
Ce système local de santé
doit être la clef de voûte du district socio-sanitaire qui tient compte des
particularités locales pour :
-
organiser les
relations entre médecine ambulatoire et hospitalière, entre public, privé et
professionnels du terrain, entre social et sanitaire;
-
établir une
évaluation (sanctions - récompense) sur les résultats sanitaires obtenus
plutôt que sur les processus de prise en charge;
-
responsabiliser les
acteurs de terrain (prestataires) et les bénéficiaires.
Cette volonté de
construire un système de santé décentralisé ne peut s’imaginer qu’au travers
d’unités territoriales suffisamment petites pour que le citoyen perçoive
directement les conséquences des décisions.

3. Importance de la
coordination dans la prévention socio-sanitaire : quelques grands principes
Principe 1
La coordination ne peut
réellement s’envisager que dans une optique globale de l’action sanitaire et où
la santé se rapproche davantage de la notion de qualité de la vie.
Dans cette optique, la
notion de santé ne peut être séparée des notions d’environnement physique et
social et va surtout essayer de privilégier les actions de prévention,
d’éducation et de promotion de la santé (voir travaux de l’OMS).
Du fait même de son
optique globale surtout préventive, l’action sanitaire ne relève plus uniquement
de techniciens qualifiés mais devient le problème de tous (importance du
partenariat et de la pluridisciplinarité).

Principe 2
Le coordination a intérêt
à être basée sur un secteur local tenant compte des aspirations et des
particularités des différents groupes de vie et plus exactement des diverses
niches écologiques, d’où l'importance de définir la notion de district
socio-sanitaire sur lequel va réellement porter la coordination : Une entité
sociologique et démographique particulière dans un espace géographique limité au
sein duquel la majorité de la population trouve de fait et pour l’essentiel
réponse à des besoins essentiels de vie et peut effectivement participer aux
décisions locales.
Cette structure somme
toute assez formelle du district a intérêt à s’articuler autour d’une mini
équipe de base, unité ou service de recherche-action en prévention
socio-sanitaire de type petit observatoire local de la qualité de la vie.

Principe 3
Le coordination a intérêt
à s’inscrire dans un schéma de planification.
Ainsi, dans la
Basse-Sambre, l’habitude est d’utiliser un modèle schématique de tableau à
double entrée inspiré d’un travail réalisé par Mme Reginster et M. Leclercq de
l’Université de Liège, appliqué pour la population cible "petite enfance" au
niveau de la commune de Sambreville et plus particulièrement développé au plan
de la promotion de la santé (contrat ville - enfance - santé).
En fait, dans ce tableau,
nous situons, en abscisse, les divers niveaux de prévention et, en ordonnée, les
divers modes d’action, ce qui, inévitablement, permet, à chaque croisement, de
préciser les objectifs à atteindre.
En inscrivant la
coordination dans un schéma par un système d’objectifs prioritaires, chaque
partenaire peut mieux se situer dans le processus général de coordination
collective. Ainsi, les intervenants et les organismes locaux échappent à une
organisation formelle de la coordination. Le principe du système par objectifs
prioritaires nécessite une entente, un compromis mutuel de partenaires
respectant les intérêts et les spécificités de chacun. Par ailleurs, la mise sur
pied d’un schéma de planification par système d’objectifs prioritaires favorise
une approche progressive (enquêtes, discussions, concertation et fixation des
objectifs intégrant le facteur temporel).
Principe 4
La coordination a
toujours intérêt à être basée sur une volonté permanente de recherche-action
incluant les utilisateurs et les citoyens, structurée de manière formalisée tout
en gardant une flexibilité suffisante ne perturbant pas le dialogue et
s’appuyant nécessairement sur des collaborations interministérielles (passage du
fédéral au communautaire).
Cette coordination va
bien évidemment promouvoir la gestion intercommunicative des soins de santé –
Rôle des soins et services à domicile (fiche de liaison – actions concertées
entre communes, CPAS, médecins indépendants, groupe de patients – cercles de
réflexion sur la santé).
Cette coordination
suppose donc un rôle d’avis d’un Conseil de Coordination qui, par son action
permanente et son aspect de proximité, favorise le rôle des usagers intégrés
dans leur milieu de vie habituel.
Principe 5
La coordination a intérêt
à se situer dans une action écologique d’optimalisation de l’environnement
social et physique et dans l’optimalisation des ressources déjà existantes sur
le terrain.
Ce principe met en oeuvre
la volonté d’agir aux endroits divers de vie de la population au sein même de la
niche écologique de la personne, afin de mieux analyser les systèmes de vie de
l’individu. Ce principe vise aussi à éviter une généralisation trop accentuée de
méthodes d’action socio-sanitaires ne tenant pas compte des aspects relatifs
locaux.
En plus de l’amélioration
des services offerts aux usagers, ce principe vise à une utilisation plus
rationnelle des ressources locales.
Par l’optimalisation des
ressources, chaque organisme garde une spécificité mais la coordination permet
d’adopter plus efficacement les services aux besoins et demandes de la
population. L’optimalisation suppose l’amplification et la redéfinition de
réseaux existants. Cette optimalisation vise au réalisme des objectifs et à la
nécessaire rationalisation financière.

Principe 6
Pour être, à terme,
opérationnelle, la coordination exige la mise en place d’un système
d’évaluation.
Comme décrit auparavant,
la coordination interlocale, à notre sens indispensable, préalable à toute
demande de subventionnement vise à ouvrir un réel partenariat (présence
d’administrateurs au sein des Conseils) et vise à optimaliser les ressources
privées et publiques en les mettant en synergie par systèmes de contrats ou
conventions (systèmes écrits).
Mais toute programmation,
pour être efficiente dans une organisation méthodologique rigoureuse, doit être
axée sur une évaluation permanente et une analyse fonctionnelle des besoins
basée sur des paramètres ou indicateurs objectifs.
Toute procédure
d’évaluation doit viser à l’analyse régulière des processus et des résultats.
Principe 7
La coordination, à côté
de son aspect "multicritère", doit aussi s’inscrire dans un schéma bipolaire.
Ainsi, la coordination au
niveau du district sera de type horizontal visant à l’avancement des processus
du bas vers le haut, ce qui est favorable pour le citoyen, mais la coordination
verticale est hautement nécessaire. Ainsi, la coordination doit prévoir une
action venant de la Région vers le district en pouvant y remonter. A cet effet,
la coordination du district doit s’accompagner d’une coordination provinciale
programmée, évaluée (Observatoire de Santé) et collaborant avec d’autres
services provinciaux existants.

4. Remarque finale
Cette courte discussion
sur la coordination du système local de santé a comme motivation profonde de
montrer la nécessaire transformation de la politique de santé encore beaucoup
trop basée sur une vision centralisée, constructiviste et normative.
La notion de santé
proximale met à l’avant de la réflexion l’importance du district socio-sanitaire
dans une nouvelle vision de la santé.
Si nous voulons donner
aux citoyens un rôle réel sur l’organisation de leur système local de santé,
nous devons prévoir une action sanitaire globale, intégrée, proche et
volontairement articulée sur des unités territoriales suffisamment petites pour
que le citoyen perçoive directement les conséquences des décisions prises. La
province trouvera aussi dans ce projet une place logique de coordonateur
directement dépendant du pouvoir régional.
Il est souhaitable que le
législateur prenne rapidement des mesures décrétales, en vue de favoriser cette
politique de santé proximale.
Les quelques pages qui
suivent (en annexe) tracent un projet de décret que nous soumettons bien
volontiers à la réflexion des élus intéressés.
Si ce projet paraît
utopique aux yeux de certains, nous les invitons à nous rencontrer dans notre
action locale journalière.

Ouvrages de référence
-
BEP, Projet de
programme pour la Basse-Sambre, Namur, Bureau économique de la Province,
Direction Etudes et Aménagement du Territoire, 1975.
-
BRONFENBRENNER,
The ecology of human development, Cambridge-Mass, Harvard
University, 1975.
-
CHOMBART DE LA LAUWE,
La vie quotidienne des familles ouvrières, Paris, Editions du CNRS,
1977.
-
DESCY J.,Les
districts socio-sanitaires, un lieu de rencontre des travailleurs sociaux et
des travailleurs sanitaires, Université catholique de Louvain, Congrès à
Liège, 1991.
-
LALIERE Ch.,
Fondements théoriques et méthodologiques de l’approche socio-préventive
coordonnée, Cours donné à l’Institut de Pédagogie curative de
l’Université de Fribourg (non publié), 1988.
-
LALIERE Ch., Pour
une approche fonctionnelle de la coordination socio-sanitaire. Un modèle
opérationnel : le district socio-sanitaire de la Basse-Sambre, 1988.
-
LALIERE Ch.,
Expérience-pilote de prévention socio-sanitaire coordonnée et intégrée en
Basse-Sambre, Un programme de recherche-action de l’IDEF, document n°1,
1981.
-
LALIERE Ch., Un
observatoire de Santé dans chaque province ? Pour quoi faire ?, Congrès
à Liège, 1993.
-
VALENDUC-DEWEZ,
Evolution démographique de l’entité fossoise, CPAS de Fosses-la-Ville,
1980.
-
VALENDUC-DEWEZ,
Evolution socio-économique de l’entité fossoise, CPAS de Fosses-la-Ville,
1980.
-
VALENDUC-DEWEZ,
Opinion de la population sur les problèmes sociaux, CPAS de
Fosses-la-Ville, 1980.
-
VAN BOXEL A.,
Monographie de Sambreville, Sambreville, Centre de Recherche-Action en
prévention socio-sanitaire, asbl IDEF Programme recherche-action n°2, 1981.
-
VAN BOXEL A.,
Enquête sur la garde des enfants à Sambreville, Sambreville, Centre de
Recherche-Action en prévention socio-sanitaire, asbl IDEF, Programme
recherche-action n°2, 1981.

Annexe
Avant-projet de décret
de création de districts socio-sanitaires projet type – Réflexions
Chapitre I.
Dispositions générales
Article 1. La
programmation, l’organisation et la coordination des politiques sociales et de
santé se fera sur base de l’établissement de districts socio-sanitaires.

Article 2. Le
district socio-sanitaire peut être défini comme une entité sociologique et
démographique particulière dans un espace géographique limité au sein duquel la
majorité de la population trouve de fait et pour l’essentiel réponse à des
besoins de vie et peut effectivement participer aux décisions locales.
-
la constitution
cohérente d’un espace géographique limité fera correspondre les limites du
district socio-sanitaire aux limites administratives d’une ou plusieurs
communes sauf exception dûment motivée notamment pour les centres urbains;
-
le choix des limites
territoriales du district doit tenir compte des travaux scientifiques
permettant de déterminer des localités "centre" et intégrant les facteurs,
géographiques, physiques, socio-économiques, historico-culturels,
d’accessibilité (sanitaires, communication);
-
le district
socio-sanitaire concerne donc l’ensemble des acteurs publics et privés du
terrain local et agissant en matière de politique socio-sanitaire;
-
le district constitue
de ce fait le premier niveau de coordination de l’action socio-sanitaire et
est articulé autour d’un espace de santé proximale assurant une meilleure
cohérence de la politique de santé au niveau local (ou intercommunal) et de
lutte contre l’exclusion sociale; cette structure se définira comme un
système local coordonné de santé globale;
-
le district favorise
la coordination horizontale au premier niveau;
-
le second niveau de
l’organisation socio-sanitaire sera la programmation et l’évaluation de
l’action socio-sanitaire coordonnées par l’observatoire de santé de la
province englobant le district concerné.

Chapitre II :
Missions
Article 3. Le
district socio-sanitaire est une entité organisationnelle et fonctionnelle
destinée à rendre cohérente la politique de santé et toute aide primaire à
l’individu et au groupe visant à l’amélioration permanente du cadre et de la
qualité de la vie (grande importance liée aux aspects sociologiques et
écologiques).
Le district
socio-sanitaire vise à la promotion intensive, localisée, coordonnée et intégrée
de la promotion de la santé, de l’éducation de la population à la qualité de la
vie et la lutte contre les diverses formes d’exclusion.
Le district
socio-santaire vise à la promotion de la recherche opérationnelle, de la
coopération et de la coordination de l’action socio-sanitaire en milieu de vie;
il vise aussi à promouvoir l’attitude intégrée de l’organisation sanitaire.

Article 4. Outre
la mission globale de coordination de la politique de santé, le district devra
mener des missions spécifiques qui seront programmées par le centre de
coordination pour la prévention sanitaire et l’intégration sociale.
Ces missions plus
spécifiques viseront à :
-
dégager, par une
approche globale de l’environnement, par l’étude des besoins, les facteurs
de développement des populations;
-
favoriser l’étude et
l’analyse méthodologique rigoureuse des données géographiques,
épidémiologiques, socioéconomiques culturelles, sanitaires;
-
favoriser une
politique constante de recherche-action avec les populations concernées :
-
mise en
commun des données (inventaires sociaux et sanitaires, états des
lieux physiques);
-
coordination
de l’action préventive et de l’action socio-sanitaire en milieu de
vie;
-
restitution
des résultats et travaux à la population (analyse offre - demande
en matière de santé);
-
analyse de
projets et des capacités du district, études d’incidence;
-
fixation en
commun des objectifs et actions méthodologiques coordonnées;
-
mise en
relation de toutes les institutions (partenariat);
-
d’établir une cellule
d’évaluation de base de l’action (observatoire local pour la qualité de la
vie) afin d’assurer le suivi de la réalisation des objectifs et des moyens
en matière d’aide socio-sanitaire tout en respectant les divers niveaux
d’autonomie publique locale et dans le respect du libre choix et de la libre
circulation des bénéficiaires de l’action sanitaire.

Article 5. Les
missions seront réalisées par tous les acteurs concernés par leurs moyens
propres, sur base d’un schéma directeur de la coordination socio-sanitaire
dûment défini contractuellement, par écrit et dûment transmis à l’Administration
de la Santé. Cette structure locale de base s’appuiera sur un Conseil local de
coordination et pourra se compléter suivant les besoins et les attentes propres
à chaque sous-région.

Chapitre III :
Programmation et subventionnement
Article 6. Ces
districts sont crées à l’initiative du Ministre régional de la Santé et des
Affaires sociales sur proposition d’une étude locale, après avis obligatoire de
l’Observatoire de Santé de la province concernée par le district. Une Commission
régionale de programmation sera créée.
Article 7. Une
large concertation préalable entre tous les acteurs concernés aura lieu après
une pré-programmation réalisée par les observatoires de santé provinciaux.
Article 8. Le
district devra être opérationnel dans un délai de cinq ans à dater de la
promulgation du présent décret et ce, afin de permettre aux divers acteurs de
mettre en place une optimalisation progressive et contractuelle des ressources
locales.
Article 9. Les
districts devront concerner des groupements de population en aucun cas
supérieurs à 250.000 habitants.
Article 10. Les
districts sont agréés sur base du dossier d’établissement retenu par la
Commission régionale de programmation et pour une durée de cinq ans.
Article 11. La
Région wallonne prévoira de subvenir au financement de la coordination de la
politique de santé et l’intégration sociale axée sur le district et appelé
Système local de Santé.
La coordination du
Système local de Santé recevra une somme annuelle de 2 francs par habitant pour
le fonctionnement administratif du centre de coordination, de l’observatoire
local et du conseil local de coordination.
Article 12. Pour
être agréé, le district devra être inscrit dans une province disposant d’un
Observatoire de la Santé lui-même subventionné en partie par la Région wallonne
sur base d’un coordonnateur mi-temps et d’une subvention annuelle de
fonctionnement de 500.000 francs.
Cet Observatoire de la
Santé pourra être organisé soit sous la forme d’asbl ou de service provincial.
Chapitre IV :
Fonctionnement
Article 13. Pour
être agréé, le district socio-sanitaire devra clairement établir qu’il possède
au moment de la demande un système local de santé comprenant au moins :
1. Un centre de
coordination pour la prévention sanitaire et l’intégration sociale (cellule
de programmation);
2. Un observatoire
local de la qualité de la vie (cellule d’évaluation);
3. Une couverture du
district par un centre de coordination de soins et services à domicile;
4. Un conseil local
de coordination regroupant au moins :
-
des
représentants des administrations communales concernées;
-
des
représentants des centres publics d’aide sociale;
-
des
représentants des organismes de promotion sanitaire, de protection
et d’aide sociale du terrain;
-
des
représentants des prestataires de soins (médecins, infirmières,
kinésithérapeutes);
-
des
représentants des organismes de santé;
-
des
représentants des organismes d’éducation et de l’aménagement du
cadre de vie d’expert;
-
des délégués
de la province.
5. Un schéma
directeur (planification des objectifs) pour au moins une des trois tranches
de la population (enfance, adultes, grand âge) et cernant d’une part, les
niveaux de l’action sanitaire et d’autre part les divers acteurs. Ce schéma
directeur devra décrire l’historique de la concertation, l’analyse
scientifique ayant permis de préciser la zone géographique concernée, les
objectifs fixés en commun et les procédures d’optimalisation des ressources.
Ainsi, le schéma précise les acteurs désignés à la réalisation des objectifs
et, ce, dans un souci permanent de diminuer le double emploi. Cependant, de
manière plus précise, la coordination des systèmes de santé extra
hospitaliers se fera en collaboration étroite avec le centre de coordination
de soins et services à domicile. La coordination des CPAS correspond dans le
présent décret aux missions leur confiées par le Loi organique de 1976.
6. La description des
procédures d’évaluation.

Article 14. Le
système local de santé peut être géré par une asbl ou une intercommunale.
Article 15. Le
système local de santé du district sera placé sous l’avis d’une Assemblée locale
de santé et d’un Conseil local de coordination.
L’Assemblée locale se
réunit au moins deux fois par an et elle est présidée par le bourgmestre de la
commune concernée; dans le cas où plusieurs communes sont associées, les
bourgmestres se partagent la durée des mandats. L’Assemblée est renouvelée tous
les 6 ans. Le Conseil local de coordination est composé de représentants élus
par l’Assemblée locale et respecte les groupes décrits à l’article 13-4. Le
Conseil élit un Président en son sein. Les mandats sont renouvelés tous les 6
ans.
Article 16. La
création de districts socio-sanitaires permet de rationaliser, d’intégrer et
d’optimaliser les missions confiées par le législateur aux divers organismes
publics et privés dits de "proximité" :
-
les administrations
communales;
-
les intercommunales
d’action sociale, de santé et d’aménagement du territoire;
-
les centres publics
d’aide sociale;
-
l’ONE;
-
les centres de santé
mentale;
-
les services liés à
l’aide à la jeunesse;
-
les services d’action
en milieu ouvert;
-
les centres d’aide et
d’information sexuelle, conjugale et familiale;
-
les centres de
coordination de soins et services à domicile;
-
les services d’aide
précoce aux enfants handicapés;
-
les services
d’accompagnement des personnes handicapées adultes;
-
les centres de santé
intégrés;
-
les services de
gardiennes encadrées;
-
les centre PMS;
-
les services IMS;
-
les centres
socioculturels;
-
les services sociaux
des mutuelles.
En aucun cas, la
promulgation de ce décret ne remet en question les divers lois et décrets
définissant les services cités dans l’article 16.

Chapitre V :
Groupement
Article 17. Afin
de tenir compte des fortes disparités démographiques des divers districts
socio-sanitaires de la Région wallonne et sans préjudice de la politique de
santé proximale, le ministre peut permettre le groupement entre districts
socio-sanitaires. En aucun cas, cependant, le groupement ainsi constitué ne
pourra couvrir plus de quatre districts de base et sa population ne peut
dépasser 500.000 habitants.
Article 18. Le
groupement doit pouvoir permettre des procédures de rationalisation afin
d’utiliser un seul Centre de coordination, un seul observatoire local.
Le groupement pourra
utiliser en commun les mêmes procédures d’évaluation mais en tous cas, chaque
district devra obligatoirement constituer une Assemblée locale de santé et un
Conseil local de coordination sur base d’un schéma directeur.
Ce texte est extrait de
La province : une institution à redéfinir ? Actes du séminaire organisé en
collaboration par
l'Association francophone des Provinces et l'Institut Jules Destrée - Namur, 30
janvier 1996.