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Actualité de l’histoire
économique et de l’analyse rétrospective en Wallonie |
Jean-Marie
Duvosquel, historien, président de l'Institut
Jules-Destrée |
C'est, d'abord, avec un
réel plaisir que je m’acquitte de mon devoir de président de l’Institut
Jules-Destrée de vous accueillir aujourd’hui. En particulier, je tiens à
remercier tous les participants des trois tables rondes d’avoir, avec un
intérêt manifeste, répondu à l’appel qui leur avait été lancé. En
particulier, je veux saluer la présence de M. le Professeur Toni
Pierenkemper, de l’Université de Cologne, ainsi que de M. le professeur
Denis Woronoff, de l’Université Paris I Sorbonne Panthéon, et les remercier
d’avoir accepté la charge de présenter, aujourd’hui, les exposés
introductifs des deux premières tables rondes.
Ensuite, permettez-moi
d’exprimer ici la gratitude de l’Institut Jules-Destrée envers toutes les
personnes contactées depuis deux ans, qui ont réservé un accueil attentif à
Philippe Destatte, directeur de l’Institut Jules-Destrée, puis à Sven
Steffens, conseiller à l’Institut Jules-Destrée et coordinateur du présent
travail, dans le cadre de la préparation des recherches que nous abordons
ici. Tous ceux-là ont contribué – par leur compétence d’historien,
d’économiste, de sociologue ou de philosophe – à la réflexion sur l’idée
d’une recherche innovante portant sur l’histoire économique de la Wallonie.
Si nos interlocuteurs sont trop nombreux pour les citer nommément, signalons
au passage le fait que beaucoup parmi eux travaillent au sein d’universités
wallonnes, belges et étrangères, gage de l’ouverture intellectuelle et de
l’ouverture vers l’Europe, recherchée par l’Institut Jules-Destrée.
Enfin, mes
remerciements vont à M. le Vice-président du Gouvernement wallon, M. Serge
Kubla, ministre de l’Economie, des PME, de la Recherche et des Technologies,
et à la Direction générale des Technologies, de la Recherche et de l’Energie
de la Région wallonne, qui ont bien voulu soutenir les travaux de l’Institut
Jules-Destrée pendant cette première année consacrée à l’élaboration du
projet de recherche et à l’établissement d’un plan de travail. Notre
gratitude s'adresse aussi à Madame Anne-Marie Straus qui, dans les diverses
fonctions qui ont été les siennes ces dernières années, n'a cessé de marquer
son intérêt pour nos travaux.
Une large partie de
notre réflexion d'aujourd'hui portera sur l'actualité de l'histoire
économique et de l'analyse rétrospective en Wallonie. Certes, s’intéresser à
l’histoire économique de la Belgique n’est pas original en soi. Cette
préoccupation a été largement balisée par plusieurs chantiers parmi lesquels
le plus monumental est certainement "Histoire quantitative et développement
de la Belgique", ouvert et porté par mon collègue de l'Académie, le
professeur Pierre Lebrun de l’Université de Liège et l'équipe
interuniversitaire qu'il a su mettre en place et maintenir pendant plus de
vingt ans.
Considérer le cadre
régional wallon comme espace de recherche en histoire économique reste
singulier. Faut-il rappeler que, ici même au Château de Namur, et voici
quinze ans, lors de l'inauguration par l'Institut Jules-Destrée du Centre
d'Histoire de la Wallonie et du Mouvement wallon, le Professeur Hervé
Hasquin soulignait que tous les anciens complexes étaient abandonnés et que
plus aucun historien n'avait le sentiment de faire de l'histoire
anti-scientifique, quand il s'occupait de l'histoire de la Wallonie
[1]. Voire.
Le travail exploratoire mené dans ce cadre-ci a montré que quelques
interrogations subsistaient…
De même, nous savons
que, jusqu'ici, les attentions de l'histoire économique de la Wallonie ont
davantage porté sur le XIXème siècle que sur le XXème siècle, davantage sur
le secteur secondaire que sur les secteurs primaire et tertiaire, davantage
sur les grandes entreprises que sur les petites et moyennes. De nombreuses
lacunes restent donc à combler mais l'évaluation de la recherche dans ce
secteur n’est pas le propos du projet que l’Institut Jules-Destrée soumet à
votre réflexion, même s'il en a constitué l'amont.
L’initiative d’explorer
l’histoire économique de la Wallonie est le fruit d’une préoccupation
fondamentale de l’Institut Jules-Destrée, celle de contribuer à l’analyse et
à la compréhension de la Wallonie d’aujourd’hui, et, à partir de cette base,
de contribuer à la réflexion sur l’avenir de la région. Ainsi, la recherche
historique peut-elle être considérée comme une manière d’auto-compréhension
d’une société, chaque époque cherchant à comprendre le pourquoi de son
propre "devenir passé". La recherche en matière d’histoire économique peut
ainsi contribuer à la compréhension des modes successifs de création des
richesses matérielles d’une société. En même temps, l’histoire économique a
pour fonction de nourrir une réflexion critique au sens noble du terme et ce
à la lumière d’une reconstitution factuelle rigoureuse et d’une
interprétation argumentée et cohérente.
Une des grandes
questions d’actualité est, bien sûr, celle de la situation économique de la
Wallonie. Quelles sont les évolutions à l’œuvre en Wallonie ? Quels sont les
éléments d’accélération ou de blocage du changement ? Ici se pose la
question de la croissance et des facteurs favorisant celle-ci. Or, un des
facteurs majeurs de la croissance est manifestement l’innovation et,
partant, la capacité d’innovation des entreprises. Si l’on accepte cette
hypothèse de travail, la question suivante s'impose : comment analyser et
comprendre dans son évolution comme dans ses ruptures ce que certains
auteurs appellent le système régional d’innovation wallon ? Dans quel cadre
temporel placer la problématique et de quelle façon relier l’actualité au
passé tout en évitant la faute de l’anachronisme historique ?
Ces différentes
interrogations ont abouti à envisager les processus de transformation de
l’économie wallonne dans la longue durée. En effet, on peut supposer que
seule la longue durée permettra de saisir les mécanismes qui ont été à
l’œuvre et ceux qui le sont encore. Dans le cas présent, il semble justifié
de remonter jusqu’aux débuts de la Révolution industrielle car celle-ci est
marquée, entre autres facteurs, par des vagues successives d’innovations les
plus diverses et, corollairement, par une évolution remarquable et
incessante des savoir-faire de la part des techniciens comme de celle des
artisans, des ouvriers mais aussi des employés. Enfin, comme le montrent les
recherches spécialisées – on pensera notamment aux récents ouvrages
collectifs dirigés par les économistes B.A. Lundvall et Richard R. Nelson [2] –, au
cours des différentes phases d’industrialisation se sont créés, dans les
différents pays industrialisés, des systèmes nationaux et régionaux
d’innovation avec leurs spécificités plus ou moins favorables à l’adaptation
et, éventuellement, à la reconversion. Effectivement, les systèmes nationaux
et régionaux d’innovation sont étroitement liés aux configurations
technologiques dominantes d’une économie nationale ou régionale donnée.
Cette évolution a tendance à sinon déterminer, du moins fortement influencer
la capacité d’adaptation à des technologies nouvelles et concurrentes. A
l’instar d’autres régions européennes de tradition industrielle
caractérisées par l’industrie lourde, la Wallonie est confrontée au défi de
la reconversion. Son système d’innovation est-il à la hauteur de ce défi ?

Enfin, il est apparu
tentant d’intégrer dans la conception du projet la notion de "société de la
connaissance" étant donné que l’information nouvelle et le savoir nouveau
participent pour beaucoup à la définition de l’innovation et des
savoir-faire qui portent les innovations à la réalisation. Ainsi, pourrait
s’opérer, à titre expérimental, un rapprochement entre les notions de
"société industrielle" et "société de la connaissance". Sans pour autant
vouloir confondre les deux ou nier leurs différences, ne serait-il pas
possible de s’interroger sur l’innovation, le savoir-faire et leur histoire
comme éléments préfigurant la société de la connaissance ? Cette option
suscitera des interrogations et des critiques. Laissez-moi la justifier en
développant rapidement les concepts de base du projet tels que ceux-ci se
présentent en ce moment, tout en exprimant d’ores et déjà le souhait que la
discussion permettra de les améliorer.
Le premier concept à
évoquer est celui d’histoire économique régionale. Ainsi, quelle est la
pertinence de l’idée d’étudier l’histoire de l’économie wallonne ? Il n’est
pas question, cela va de soi, de considérer l’ensemble des entreprises en
activité sur le territoire de l’actuelle Région wallonne – dont les
frontières n'ont été institutionnellement fixées que dans les années trente
– comme une entité économique homogène et comme une entité clairement
distincte des autres régions belges ou tranfrontalières. En particulier, les
liens étroits existant, depuis la création de la Belgique, entre Bruxelles,
pôle financier majeur mis en place lors de la Révolution industrielle, et
les provinces wallonnes, s’opposent à une telle vision. Cependant, tout
comme on l’a constaté pour des pays plus étendus, il tombe sous le sens que
l’économie belge aussi forme un ensemble composite au sein duquel il est
possible de distinguer des sous-entitées régionales, voire sous-régionales
avec leurs structures et caractéristiques propres. Par ailleurs, l’évolution
constitutionnelle et institutionnelle de la Belgique a doté les régions
bruxelloise, flamande et wallonne non seulement d’un statut légal mais,
depuis dix ans, aussi de l'essentiel des compétences en matière de politique
économique.
La coïncidence de ces
deux réalités, l’une ancienne, l’autre récente, confère une pertinence
certaine à traiter de l’histoire économique de la Wallonie. Néanmoins, cette
histoire économique wallonne doit rester ouverte et attentive aux multiples
interférences avec l’histoire économique globale – y compris bien sûr de la
colonisation. Le cadre européen paraît particulièrement indiqué comme cadre
de référence étant donné l’intérêt de la comparaison raisonnée entre régions
industrielles telle que René Leboutte, aujourd’hui titulaire de la Chaire
Jean Monnet à l’Université d’Aberdeen, l’a pratiquée. Ce n’est pas un
hasard, si nous avons aujourd’hui, parmi nous M. Toni Pierenkemper et M.
Frank Zschaler, collaborateur du professeur Hubert Kiesewetter, tous deux
représentants d’approches au centre desquelles figure l’histoire économique
régionale
[3].
Nous proposons
d’étendre les notions d'innovation et de savoir-faire au-delà d’une
acception qui les lie à la technologie au sens étroit du terme. En effet, il
apparaît nécessaire de les appliquer au domaine de la production de biens
mais également aux domaines de la gestion économique privée, de la gestion
politique et sociale, ainsi qu’au domaine des services privés et publics.
Cet élargissement suit une logique systémique qui récuse une vision
techniciste de l’économie. L’innovation et le savoir-faire, croyons-nous,
sont l’affaire non seulement de fabricants, d’ingénieurs, de managers,
d’artisans et d’ouvriers mais aussi de nombreux autres acteurs appartenant à
la finance, au commerce, aux services, à la politique, à la représentation
des groupes d’intérêt, à la vie intellectuelle, religieuse et artistique.
Ainsi, l’histoire économique qui est au centre du présent projet,
rejoindrait l’histoire sociale, politique et socio-culturelle.
Lorsqu’on cherche à
définir les notions d‘innovation et de savoir-faire, on se rend compte
qu’elles font partie de courants de recherche relativement spécialisés : de
l’économie de l’innovation, de la sociologie de l’innovation, de l’histoire
de l’innovation, de l’histoire des techniques, de l’histoire de
l’enseignement, de la sociologie du travail, principalement. Soulignons
d’emblée que les questions liées à l’innovation et aux savoir-faire ne sont
guère étudiées ensemble mais plutôt séparément. D’après les historiennes
suisses Margrit Müller et Béatrice Veyrassat, l’innovation est un processus
qui mobilise des connaissances acquises, des expériences et des savoir-faire
dans une recherche incessante de produits nouveaux, de nouveaux procédés, de
nouvelles formes d’organisation de l’entreprise et de l’activité économique
en général
[4]. Cette
définition est proche de celle de l’économiste Joseph Schumpeter, premier
véritable théoricien de l’innovation, qui a proposé de distinguer cinq types
d’innovations : 1° la fabrication d’un bien nouveau, 2° l’introduction d’une
méthode de production nouvelle, 3° la réalisation d’une nouvelle
organisation, 4° l’ouverture d’un débouché nouveau, 5° la conquête d’une
nouvelle source de matière première. Cependant, pour des raisons
méthodologiques, certains économistes soucieux de la quantification,
préfèrent limiter cet éventail aux deux premiers éléments, à savoir aux
nouveaux produits et aux nouveaux procédés. C’est ainsi que le Manuel
d’Oslo de l’OCDE, élaboré en 1992, définit l’innovation
[5]. Du point
de l'histoire économique, la vision schumpéterienne doit être maintenue
parce qu’elle dépasse l’horizon réduit de la technologie au sens étroit et
permet d’être plus en phase avec la complexité de la réalité. Il va de soi
que cette option soulève des questions de sources et de méthodes.
Le terme savoir-faire
est compris comme un ensemble complexe de savoirs pratiques et techniques
dans le sens le plus large du terme ; on peut distinguer au moins trois
types de savoirs pratiques et techniques : – 1° les connaissances
scientifiques orientées vers l’application, – 2° le know-how des
ingénieurs, entrepreneurs, managers et cadres, – 3° la qualification et les
compétences de la main-d’œuvre employée et ouvrière. L’histoire des
sciences, l’histoire des techniques, l’histoire de l’enseignement technique
et professionnel, et, surtout, la sociologie du travail ont exploré un
certain nombre de conséquences des changements du monde du travail à la
suite d’innovations technologiques, organisationnelles et commerciales sur
le savoir-faire. On peut constater deux tendances contradictoires qui,
pourtant, sur le terrain des entreprises, ne s’excluent pas l’une l’autre
parce qu’elle touchent différentes catégories de travailleurs. La première
tendance est celle de la déqualification en raison de la mécanisation et de
la parcellisation du travail, la seconde tendance est celle de la naissance
de qualifications nouvelles et même de haut niveau. Un élément de
l’évolution des savoir-faire qui mérite une attention particulière est la
tendance, manifeste depuis les débuts de la Révolution industrielle, à la
formalisation, codification et, dans une certaine mesure, scolarisation des
nouveaux savoir-faire ; c’est ici que l’on pourrait le mieux établir un lien
avec la société de la connaissance

Le projet propose de
développer une forte composante qualitative sur le plan thématique et sur le
plan des méthodes. Il est tentant d’envisager pour la période depuis 1930/40
des enquêtes d’histoire orale en rapport avec l’enseignement technique et
professionnel, d’une part, avec l’adaptation des travailleurs à certaines
innovations qu’il reste à choisir en fonction de leur exemplarité, d’autre
part. L'enseignement technique à étudier devrait inclure le niveau supérieur
et universitaire.
Associer innovation et
savoir-faire est une manière de répondre à une évidence. Sans le
savoir-faire de toutes les catégories de travailleurs, du scientifique
jusqu’à l’ouvrier, les innovations ne pourraient pas prendre corps. En même
temps, l’association des concepts d'innovation et de savoir-faire fait écho
au couple capital et travail dont il serait fatal de ne pas tenir compte.
Par ailleurs, une
question complémentaire à l’étude de l’innovation et des savoir-faire est
celle des performances économiques induites par ces deux facteurs.
L’outillage théorique et méthodologique des sciences économiques, en pleine
évolution d’ailleurs, permet d’analyser et d‘évaluer avec beaucoup de
finesse des situations contemporaines ; est-ce également possible en ce qui
concerne le passé ? La productivité pourrait, certes, être un indicateur
quantitatif significatif, mais il reste à en déterminer d’autres. Un
paramètre potentiel serait la proportion de la main d’œuvre qualifiée et
hautement qualifiée employée dans les entreprises. Une autre piste pourrait
être l’analyse de produits à l’exportation à haute valeur ajoutée. De toute
manière, il est indispensable de reconstituer, sur base de la littérature
existante ou en exploitant les sources statistiques disponibles, les
performances générales de l’économie régionale dans son ensemble et secteur
par secteur.
Le concept de
société de la connaissance fait figure de concept relativement nouveau
et relativement peu théorisé comparé à celui de société industrielle. Par
conséquent, il est fort sujet à des critiques et n'est donc pas stabilisé.
Lorsqu’on le définit par les seules variables de "tertiarisation de
l’activité économique" et d'"emprise des technologies de l’information et de
la communication sur la production et le travail", on l’utilise quasi en
opposition au concept de société industrielle. Or, les notions d’innovation
et de savoir-faire pourraient constituer un pont entre les deux, et ce
d’autant plus que les industries manufacturières classiques ne diminuent pas
aussi rapidement que certains auteurs l’avaient prédit. Du reste, rien ne
s’oppose à considérer que nous serions entrés dans une nouvelle révolution
industrielle au sein de laquelle le tertiaire et les techniques de
l’information et de la communication ainsi que d’autres techniques nouvelles
jouent un rôle dominant. Les économistes, à l'instar de l'équipe récemment
rassemblée autour de Carlo Vercellone, de l'Université de Paris I, se posent
du reste des questions aussi fondamentales que celle d'un crépuscule du
capitalisme industriel, considérant ainsi que la croissance fordiste a
constitué l'aboutissement du modèle industriel dont Adam Smith avait su
décrire et anticiper les tendances les plus marquantes
[6]. Quelle
que soit l'hypothèse, il n'en demeure pas moins que nous sommes en face
d'une mutation structurelle, une structure de changement de structure telle
que Pierre Lebrun l'a analysée pour la période 1770-1848.
Le présent séminaire
constitue le point culminant de la phase préparatoire du projet d'histoire
économique de la Wallonie que nous avons voulu initier. Il est en lui-même
le résultat d’une première phase exploratoire du travail. Parallèlement à la
campagne de contacts scientifiques, l’Institut Jules-Destrée a procédé à une
enquête de prospection archivistique auprès des centres d'archives, des
collectivités territoriales mais surtout de plusieurs milliers d'entreprises
wallonnes, visant à identifier les gisements d’archives d’entreprises ainsi
que d’autres fonds d’archives utiles à la recherche sur l’histoire
économique de la Wallonie. Les résultats obtenus ont été intégrés dans une
banque de données. Ils concernent un nombre élevé de fonds – près de 1.800
–, couvrant les XIXe et XXe siècles. Enfin, signalons la réalisation en
cours d'une bibliographie spécialisée et sélective, rétrospective dans un
premier temps, courante ensuite.
Permettez-moi de
conclure, en évoquant le déroulement de notre rencontre.
D’abord, ce sera au
tour du ministre Serge Kubla de nous expliquer l’importance qu’il accorde à
l’innovation, au savoir-faire et à la performance dans sa position
stratégique de ministre wallon de l'Economie, des PME, de la Recherche et
des Technologies.
Ensuite, vont se
succéder trois tables rondes. La première aura pour sujet de réflexion
l’importance que l’on peut et que l’on doit accorder aux facteurs innovation
et savoir-faire dans le cadre de l’histoire économique régionale. Ce premier
débat abordera, d’une part, les concepts innovation, savoir-faire, région,
société de la connaissance, et, d’autre part, les enseignements qui se
dégagent à la lecture de la littérature spécialisée. Peut-être sera-t-il
possible d’évoquer les relations entre innovation et savoir-faire. La
deuxième table ronde se penchera sur la question des sources. Elle tentera
d’établir une typologie de sources et d’examiner leur intérêt, leurs limites
et leurs problèmes théoriques et pratiques d’utilisation et
d’interprétation. La troisième et dernière table ronde quant à elle servira
à réfléchir aux thèmes et méthodes innovants qui pourraient être adoptés
lors de la future recherche sur l’économie wallonne. Chaque table ronde sera
ouverte par un exposé introductif dont la durée ne doit pas dépasser quinze
minutes. Ensuite, on écoutera les réactions des intervenants dont chacun
dispose, de manière cumulée, d'un maximum de dix minutes de temps de parole,
de manière à laisser aux autres participants le temps de poser leurs
questions et de faire part de leurs remarques et suggestions.
Enfin, le séminaire se
terminera par les premières conclusions que nous présentera Philippe
Destatte. Ainsi, nous l’espérons, une dynamique de recherche pourra se
développer au delà de la phase exploratoire et donner lieu à une
collaboration étroite et fructueuse entre les universités et l’Institut
Jules-Destrée, comme c'est déjà le cas pour d'autres chantiers. L’enjeu est
de taille. En effet, la recherche porte sur les antécédents du changement de
paradigme au sein de l’économie wallonne. Ce changement de paradigme,
l'Institut Jules-Destrée n'a cessé d'en être un observateur depuis 1987,
particulièrement en capitalisant les travaux du programme FAST de la
Commission européenne, par les apports de Riccardo Petrella, Michel Quévit,
et le Comité scientifique La Wallonie au futur, ainsi que plus
récemment, ceux de Marc Luyckx-Ghisi, ancien collaborateur de la Cellule de
Prospective de la Commission européenne qui vient de rejoindre notre Pôle
Prospective. Ici, la démarche historique rejoint les interrogations propres
à la démarche prospective. L'une et l'autre ne sont-elles pas intimement
liées à la ligne du temps ? L'une comme l'autre n'ont-elles pas comme
vocation – sinon comme devoir – d'être explicatives du présent ?
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Notes |
[1] Interview
d'Hervé Hasquin accordé à l'émission de la RTBF Télévision, Ce
Soir, cité dans Philippe DESTATTE, Questionnement de
l'Histoire et imaginaire politique, dans La Wallonie au
Futur, Vers un nouveau paradigme, p. 308, Charleroi, Institut
Jules-Destrée, 1989.
[2] Bengt-Ake Lundvall (ed.), National
Systems of Innovation. Towards a Theory of Innovation and
Interactive Learning, London-New York, 1995 [19921]. – Richard
R. Nelson (ed.),
National Innovation Systems. A Comparative Analysis, New York –
Oxford, 1993.
[3]
Hubert Kiesewetter,
Region und Industrie in Europa 1815–1995 (Grundzüge der
modernen Wirtschaftsgeschichte, n° 2), Stuttgart, 2000; Toni Pierenkemper, Die
Industrialisierung europäischer Montanregionen im 19. Jahrhundert
(coll. Regionale Industrialisierung, n° 3), Stuttgart, 2002.
[4]
Margrit Müller,
Béatrice Veyrassat,
« Introduction », in : Hans-Jörg Gilomen, Rudolf Jaun, Margrit Müller, Béatrice Veyrassat (dir.),
Innovations. Incitations et résistances – des sources de
l’innovation à ses effets, Zurich, 2001, p. 14.
[5] Patrick Cohendet, « Innovation »,
in : Claude Jessuah,
Christian Labrousse,
Daniel Vitry (dir.),
Dictionnaire des sciences économiques, Paris, 2001, p. 474.
[6] Carlo VERCELLONE
dir. , Sommes-nous sortis du capitalisme industriel ? Paris,
La Dispute, 2003.