Fondateur de la spin-off NANOCYL, qui produit et vend des nanotubes de
carbone dans le monde entier, le Professeur Jànos B. NAGY est auteur de
plus de cinq cents publications scientifiques, coauteur d'un ouvrage sur
les zeolites et coéditeur de trois livres. Membre fondateur du Comité pour
les Droits de l'Etre humain en Europe centrale, Docteur Honoris Causa de
l'Université de Szeged, il est également membre extérieur de l'Académie
hongroise des Sciences et membre honoraire de l'Académie hongroise des
Ingénieurs. Il a également reçu le titre de citoyen d'honneur de Namur en
2002.
En
choisissant le Professeur Jànos B.Nagy comme Wallon de l’année 2004, le
jury et le Conseil d’administration de l’Institut Jules-Destrée ont voulu
rendre hommage à un grand scientifique qui a su porter ses recherches
jusqu'à la création d'une spin-off prometteuse pour la modernisation de la
technologie et de l'économie wallonnes.
Pour rappel, le Prix
Bologne-Lemaire de la Wallonne ou du Wallon de l’année a été instauré en
1976 à l’initiative de la Fondation Maurice Bologne-Lemaire, dont l’objet
est l’octroi d’un prix annuel à une personne qui, par son action sociale,
économique, politique ou culturelle aura le mieux servi les intérêts de la
société wallonne.
Le prix n’ayant plus
été attribué de 1991 à 1995, le Conseil d’administration de l’Institut
Jules-Destrée, en accord avec la Fondation Bologne-Lemaire, a décidé en
juillet 1996 de rendre vigueur à cette initiative et de décerner à nouveau
ce titre à une personnalité. Un jury a donc été constitué sous la
présidence de Jacques Lanotte, ancien directeur de l’Institut
Jules-Destrée et directeur général des Affaires culturelles du Hainaut. Ce
jury est composé d’administrateurs de l’Institut Jules-Destrée et de la
Fondation Bologne-Lemaire, actuellement présidée par l’ancien sénateur et
ancien juge à la Cour d’Arbitrage, l’économiste Yves de Wasseige.
Le nouveau prix, d’un
montant de 1250 €, a été décerné en 1997 (Wallon de l’année 1996) au
comédien et scénariste Jean-Claude Derudder. L’objectif était tant de
saluer l’œuvre corrosive et provocante de cet acteur flamboyant, que de
rappeler l’importance de la culture comme force de réflexion, de
résistance et de changement. Quant au prix 1997, il a été décerné aux
frères Luc et Jean-Pierre Dardenne pour leur œuvre cinématographique et
documentaire en général, et pour leur long métrage La Promesse, en
particulier. En 1998, le prix a été attribué à Michel Foucard, président
du Groupe Technord et vice-président de l'Union wallonne des Entreprises,
pour son engagement dans le domaine de la qualité et de la citoyenneté des
entreprises wallonnes. En 1999, c’est Philippe Suinen, directeur général
des Relations extérieures de la Région wallonne, et administrateur délégué
de l’Agence wallonne à l’Exportation qui reçoit le prix pour son action
dynamique. En 2000, le prix a été attribué à Thérèse Snoy, secrétaire
générale d’Inter-Environnement Wallonie au titre de l’implication de la
société civile dans la nouvelle gouvernance régionale. En 2001, c’est le
pongiste Jean-Michel Saive qui recevait le prix, témoin de l’importance du
sport dans notre société ainsi que des valeurs qu’il peut véhiculer. En
2002, le prix était décerné au dramaturge wallon Jean Louvet pour
l’ensemble de son œuvre. En 2003, Robert Halleux, spécialiste
mondialement reconnu de l’histoire des sciences, des techniques et de
l’industrie a été lauréat.
Les noms de Maurice
Bologne et de son épouse, Aimée Lemaire, fondateurs en 1938 de l’Institut
Jules-Destrée, président et directrice des travaux de 1960 à 1975, grands
Résistants, sont particulièrement bien choisis pour illustrer cette
volonté des Wallons d’honorer ceux qui œuvrent à donner à leur région une
image de qualité, de dynamisme et de défense des valeurs humaines et
démocratiques.
Les nanotubes et Nanocyl
Créée en 2002,
Nanocyl est une spin off des Facultés Notre-Dame de la Paix à Namur. Elle
a été fondée au départ des recherches effectuées par le professeur Jànos
B.Nagy et son équipe sur un nouveau matériau prometteur, les nanotubes de
carbonne. Découverts au début des années 1990, ceux-ci sont de minuscules
cylindres creux de carbone pur d'un diamètre de l'ordre du nanomètre, soit
un milliardième de mètre. Ils sont plus résistants mais bien plus légers
que l'acier, ils ont une conductivité électrique cent fois supérieure à
celle du cuivre et une conductivité thermique double de celle du diamant.
Ils sont biocompatibles, souples et creux. Mais ils ont des défauts qui
ont freiné leur entrée dans le monde industriel : ils sont difficiles à
fabriquer et ils s'utilisent comme additifs plutôt que comme matériaux
pur. Autrement dit, ils communiquent leurs propriétés à la matière à
laquelle ils sont mélangés. Ce qui nécessite de convaincre divers secteurs
industriels de leur utilité.
Lorsque Nanocyl a
démarré en 2002 au sein de l'Université namuroise, elle produisait
quelques grammes de nanotubes par jour. Le prix de revient était de 500
euros le gramme, ce qui rendait ses applications dans le secteur
industriel très difficiles, excepté dans le domaine spatial et militaire.
La première tâche des actionnaires de l'entreprise et de son premier
administrateur délégué, Dominique Jozeau, a donc été de sortir
l'entreprise de l'Université et de développer des capacités de production
qui permettent d'abaisser radicalement le prix de revient du matériau. Des
conditions financières et techniques devaient donc être levées.
Défi financier et
technique
Le développement du
nouveau réacteur de production et l'installation de l'entreprise dans son
usine pilote de Sambreville a représenté un investissement de deux
millions d'euros, première étape d'un programme d'investissement de cinq
millions d'euros. Cet investissement a été rendu possible par une
augmentation de capital passé de 500.000 à quatre millions d'euros et un
prêt de 900.000 euros consenti par Fortis Banque. La Région wallonne par
le biais de la DGTRE, a continué à soutenir le développement de
l'entreprise en lui accordant une avance récupérable de 1,5 million
d'euros.
Pour relever le défi
technique de développer un prototype de système de production
semi-industrielle permettant l'abaissement des coûts, Jànos B.Nagy,
premier président de l'entreprise, avait rapidement pris contact avec le
professeur Paul Pirard, responsable du laboratoire de génie chimique de
l'Université de Liège. La méthode retenue par les chimistes liégeois est
dite du dépôt catalytique en phase vapeur. C'est sur base de ce prototype,
qui a fait l'objet de plusieurs brevets dont l'Université de Liège a cédé
l'exclusivité d'exploitation à Nanocyl, qu'a été construit le nouveau
réacteur inauguré à Sambreville début mars 2005.
Grâce au nouveau
réacteur, la production est passée de quelques grammes à 15 kilos de
nanotubes par jour qui fait de l'entreprise namuroise un des principaux
producteurs mondiaux du secteur, particulièrement dans la catégorie des
nanotubes multiparois. Le coût oscille aujourd'hui entre quelques
centaines et mille euros par kilo (et non plus par gramme comme en 2002).
L'entreprise occupe aujourd'hui 17 personnes.
Nanocyl joue
également un rôle important en matière de recherche puisqu'elle est partie
prenante dans cinq projets européens soutenus par le sixième
programme-cadre et qu'elle a noué des accords avec plusieurs universités
européennes.
Le futur de
l'entreprise passe maintenant par un nouvel abaissement des coûts de
production et par un développement de ses marchés. Aujourd'hui, les
nanotubes namurois sont déjà utilisés dans le développement d'une nouvelle
génération d'écrans plats, dans la mise au point de fils électriques aux
propriétés ignifuges renforcées et dans la fabrication de files
synthétiques à haute résistance pour des blindages.
En 2004, Frost &
Sullivan avait décerné à Nanocyl la distinction "Entrepreneurial Company
of the year". Ce prix décerné chaque année aux Etats-Unis, est reconnu
mondialement aussi bien par les acteurs du monde industriel que par les
investisseurs et les médias. Il récompense l'entreprise qui a réussi à
créer un produit à la fois révolutionnaire et porteur d'un large potentiel
commercial. Cette distinction salue également la qualité et l'efficacité
de la stratégie adoptée par la société primée.
(d'après Athena,
Avril 2005)
Jànos B.Nagy
Diplômes
universitaires
Candidatures en Sciences Chimiques à l'Université Catholique de Louvain
(1961-1963)
Licences en Sciences Chimiques à l'Université Catholique de Louvain
(1963-1965)
Docteur en Sciences de Université Catholique de Louvain (1970)
Carrière scientifique
1965-1967 : Boursier de Fonds National des Etudes.
1967-1971 : Assistant, Université Catholique de Louvain.
1971-1972 :
Post-doctorat, State University of New-York, Stony Brook USA.
1972-1973 : Assistant-chercheur, Université Catholique de Louvain
1974-1976 : Premier assistant, FUNDP, Namur.
1976-1982 : Chef de Travaux, FUNDP, Namur.
1982-1990 : Chargé de cours associé, FUNDP, Namur.
1990 : Professeur, FUNDP, Namur.
1995 : Directeur du nouveau Laboratoire de Résonance Magnétique
Nucléaire.
2001 : Professeur ordinaire
2002 : Fondation de la société spin-off NANOCYL
Prix scientifiques
1970 : Prix Jean Stas de l'Académie Royale des Sciences.
1970 : Prix Pierre Bruylants des Chemici Lovanienses.
1988 : Officier de l'Ordre de Léopold II .
1999 : Docteur Honoris Causa de l’Université de Szeged (Hongrie).
2005 : Membre d'honneur de l'Académie des Ingénieurs Hongroise
Membres de sociétés
scientifiques
Académie des Sciences Hongroise
Société Royale de Chimie
American
Chemical Society
Royal Society
of Chemistry
Materials Research Society
Société Scientifique de Bruxelles
Eurocat (associated)
Honorary
member of Hungarian Group of Zeolites
Plus de 500 publications parues ou acceptées, plus de 315 communications à
des congrès internationaux, co-auteur de 3 livres scientifiques…
Connaissances
linguistiques
Excellente-bonne:
Hongrois, Français, Anglais, Italien et Néerlandais
Moyenne-faible: Espagnol, Allemand, Russe et Japonais
Collaborations
scientifiques
Au
niveau de la Région wallonne
1) SYNATEC
n° 0014526
2) BINANOCO
Au niveau du FNRS
1) Crédit équipement FRFC
2) Plusieurs crédits aux chercheurs
Au niveau national
1) Pôles d’Attraction
Inter universitaires n° 4/10 sur le «Systèmes à dimensionalité réduite»
Au niveau
international
1) Projet TMR européen NAMITECH, «Nanotubes for Microstructure
Technology»
2) Projet RTN européen NANOCOMP «Large scale synthesis of carbon
nanotubes and their composite materials»
3) Collaboration CGRI-Hongrie, Université de Szeged, «Les nanotubes de
carbone et les composites inorganiques»
4) Collaborations CGRI-France, Tournesol, ENSCM de Montpellier,
«Catalyse sur des matériaux microporeux»
5) SmithKline
Beecham, «Caractérisation des supports de médicaments»
Collaborations
industrielles
Air
Liquide, France «RMN en phase solide et adsorbée»
Agfa-Gevaert, «Nanoparticules d’halogénures d’argent»
Rhone-Poulenc, «Les nanoparticules organiques»
Neste, Finlande «Simulation des spectres RMN-13C des fractions d’huiles»
Projet FIRST Université avec TotalFina-Elf, « Les matériaux composites
polymères- nanotubes de carbone»