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Hommage à Albert Romain
militant wallon, co-fondateur
de l'Institut Jules-Destrée
prononcé par Jean-Pol Demacq,
Président de l'Institut Jules-Destrée
Namur, 31 mars 2001 |
Albert Romain
est décédé
le 25 octobre 2000.
Il était né le 11 juillet 1910. |
Cest une bien triste nouvelle
que je dois vous rappeler aujourdhui. Un compagnon de très longue date
de notre institution nous a en effet quittés récemment. Depuis le 25 octobre dernier,
Albert Romain nest plus. Certes, en 1975, il avait pris la
décision de ne plus militer activement dans les milieux wallons, mais il restait attentif
à tout ce qui a trait à la défense de la Wallonie, de sa Wallonie, et suivait avec
beaucoup dintérêt les activités de l'Institut Jules Destrée, de son Institut,
puisquil en fut lun des fondateurs.
En 1975, alors que ses amis
sétaient réunis pour fêter ses 65 ans, il avait pris la décision darrêter
un engagement quotidien wallon qui remontait aux années où il fréquentait le Collège
Saint-Michel à Bruxelles.
Membre du comité de la Ligue
wallonne dIxelles dès 1926, membre de lAvant-Garde wallonne, Albert Romain
sera, pendant les dix années qui précèdent la Seconde Guerre mondiale, un militant
assidu à lAigle blessé de Waterloo. Il ne manque pas non plus les conférences de
labbé Mahieu. Cest à ces occasions que se nouent des liens damitiés
étroits avec François Simon, la famille Semal, Maurice Bologne et Aimée Lemaire
Lorsque la Seconde Guerre mondiale
éclate, Albert Romain vient dentamer sa vie professionnelle comme fonctionnaire aux
Vicinaux. Mais cest laction wallonne qui le passionne; opérant sous le nom de
Latin, il participe aux activités clandestines de la Wallonie libre, est chargé de la
diffusion et de la distribution du journal clandestin La Wallonie libre et diffuse
aussi Wallonie indépendante et Wallonie catholique. Il sera reconnu comme
Résistant par la presse clandestine en 1952. Il participe activement aux travaux du
Conseil économique wallon, spécialement au sein de la section Transport (1943-1944).
Lors du fameux congrès national
wallon de Liège des 20 et 21 octobre 1945, Albert Romain ne cache pas ses
préférences : cest en faveur de la thèse du rattachement à la France
quil vote, à linstar de François Simon et de Charles Plisnier. Né à
Bruxelles le 11 juillet 1910, Albert Romain aimait raconter que cette date navait
pas été choisie au hasard : je suis né le 11 juillet pour être présent le 14,
jour de la fête nationale française !
Proche de Fernand Schreurs, Albert
Romain participe aux contacts entre fédéralistes wallons et flamands et est lun
des signataires du Manifeste des Intellectuels wallons et flamands, aussi appelé Accord
Schreurs-Couvreur (1952). Albert Romain contribue dailleurs à la rédaction
dun projet complet de Constitution fédérale et à la fondation du Collège
wallo-flamand (octobre 1954). Dès 1961, il devient membre du comité de la régionale de
Bruxelles du Mouvement populaire wallon.
Président de la section
dIxelles de la Wallonie libre pendant plus de trente ans, membre du directoire
Wallonie libre de 1949 à 1975, Albert Romain écrit régulièrement dans Wallonie
libre, sous le pseudonyme de lArnauge. Ce pseudonyme révèle bien sa
personnalité. LArnauge signifie, dans le dialecte de Gembloux, garçon turbulent,
espiègle... Ses espiègleries provoqueront dailleurs la démission médiatisée de
J-J. Merlot puis de Simon Paque des instances de Wallonie libre (1965).
Tout au long de ces années de
militance, Albert Romain se pose comme le défenseur de la reconnaissance dune
nationalité wallonne et dune nationalité flamande, et, Wallon de Bruxelles,
soppose à linstitution dun sous-État fédéré, à
Bruxelles.
Médaille dor de Wallonie
libre (1963), Albert Romain était aussi membre du Comité permanent du Congrès national
wallon (1961-1971) lorsque, au début des années soixante, il participe à la relance de
la Société historique pour la Défense et l'Illustration de la Wallonie. Aux côtés de
Maurice Bologne, dAimée Lemaire, Louis Bertaux, Germaine Bertaux, Jacques Hoyaux et
Christiane Bailly, Arille Carlier, Guy Galand, Émile Lempereur, Albert Calay, et
Charles-François Becquet, il contribue à la relance et au dynamisme de lInstitut
Jules-Destrée, dont il peut, dès lors, être considéré comme un des refondateurs.
Jusquà ses derniers jours, Albert Romain conservera sa confiance à lInstitut
Jules-Destrée et à ses activités. En contact téléphonique régulier avec Madame
Bologne, il avait demandé à Philippe Destatte de le visiter à Ixelles le 27 mai 1998.
Malgré ses 88 ans, il avait longuement exprimé sa satisfaction de voir l'Institut
Jules-Destrée poursuivre l'action entamée par ses fondateurs, particulièrement dans le
domaine de la recherche historique. Quelques jours avant son décès, Albert Romain avait
d'ailleurs encore livré à Paul Delforge, par téléphone, des informations relatives à
son action wallonne. Albert Romain était aussi Administrateur de la Fondation Bologne,
fonction qu'il a occupée jusqu'à sa mort.
Ceux qui l'ont connu garderont le
souvenir d'une personnalité très aimable qui savait toutefois dénoncer avec une
virulence réelle ceux qui faiblissaient ou trahissaient la cause qu'ils avaient
épousée. Ce petit Monsieur d'apparence était, en réalité, un grand homme et un grand
Wallon.