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Proposition pour lancer un débat
sur un projet de Constitution wallonne
Intervention de Monsieur
Jean-Claude
Van Cauwenberghe
En tant que Citoyen
wallon
Rapporteur de la Commission "Constitution wallonne"
de l'Institut Jules Destrée
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Namur, le 3 juillet 1997
La Commission « Constitution
wallonne » a travaillé à l'élaboration d'un
projet de
Constitution wallonne à partir de 1993. Ce projet est arrivé à maturité.
Il est présenté ici avant d'être
adressé au Parlement wallon, afin d'ouvrir un débat dans la société wallonne.
Sa présentation comporte un double
aspect : la philosophie du projet, d'un part ; son contenu de l'autre.
I. La philosophie du projet de
constitution wallonne
Un texte à géométrie politique
variable
Les auteurs de ce projet ont situé leur
travail dans la perspective de compléter la Constitution belge et d'user de l'autonomie
constitutive régionale wallonne qu'elle accorde. Cette perspective générale
« légitimiste » par rapport à l'approche flamande n'empêche cependant pas
que soient mentionnées des dispositions qui anticipent une nouvelle réforme de l'Etat ou
une révision de la Constitution belge (vote des étrangers, statut bi-régional de
certaines communes). Par ailleurs, au cas où la Wallonie serait amenée à évoluer hors
du cadre belge, la Commission a réfléchi à des dispositions finales, lesquelles ne sont
pas reprises dans le texte. Une procédure a été envisagée.
Un texte d'affirmation wallonne
Il est conçu dans un but d'affirmation
wallonne conciliant un passé, un patrimoine et un destin collectif. Il ne faudrait pas
pour autant le confondre avec un projet wallon. Au contraire, le projet de constitution
régionale doit être considéré comme un élément d'un projet wallon global.
Un texte de pédagogie civique wallonne
Réaffirmant des droits et devoirs de
citoyen, rappelant le contour et les composantes institutionnelles de la Wallonie telles
qu'elles résultent de la structure fédérale de l'Etat, cette constitution régionale
par sa propre lisibilité doit donner une vue plus précise de nos institutions et de leur
mode de fonctionnement démocratique.

II. Présentation du texte
Le présent projet de Constitution wallonne
comprend 45 articles (+ 6 articles de préambule).
Il s'articule en cinq chapitres :
a) Préambule
b) Titre I : Dispositions générales
Titre II : Des droits et des devoirs
Titre III : Des organes régionaux et de l'autonomie régionale
Titre IV : Des normes régionales wallonnes
Préambule
- D'une part, la Constitution fait référence
à une série de textes fondamentaux.
- En termes de Droits de l'homme et
démocratiques, les grandes références universelles sont mentionnées (Déclaration des
Droits de l'Homme et du Citoyen 1789 - Déclaration universelle des Droits de l'homme des
nations Unies 1948,...).
- Conformément à la situation
institutionnelle de la Wallonie (Région wallonne), la Constitution s'inscrit
explicitement dans le respect de la Constitution belge, ainsi que des Traités organisant
l'Union européenne.
- Des textes de valeur historique démontrent
que dans l'identité wallonne, l'attachement à la démocratie est une valeur affirmée,
revendiquée et ce de façon précoce. Les principaux y sont cités : Charte de Huy
(1066), Paix de Fexhe (1316), Déclaration des Droits de l'homme et du Citoyen des gens de
Franchimont (1789).
- D'autre part, l'exercice de définition
même des Wallons et de la Wallonie est réalisé :
- les Wallons sont les habitants de Wallonie,
quelles que soient leurs origines ;
- la Wallonie entend les faire participer à
un projet collectif favorisant la justice sociale, la démocratie et l'essor économique
dans un esprit d'ouverture fraternelle et solidaire aux autres peuples.
- le respect des droits et l'idéal
démocratique sont au cur des valeurs de dignité, de liberté que la Wallonie
défend au nom de son identité et de sa culture.
- Enfin, un symbole wallon est
réaffirmé : celui du Coq créé par Pierre Paulus, rouge sur fond jaune, patte
droite levée. La Constitution s'inscrit ainsi dans la continuité : ce Coq de Paulus
avait déjà été adopté par l'Assemblée wallonne en 1913.

Titre I : Dispositions
générales
Le cadre général de la Constitution
wallonne est posé suivant l'affirmation d'un double principe d'autonomie politique et
culturelle.
- les limites de l'autonomie et l'usage de
cette autonomie :
article 1 : « le régime politique de la Wallonie est réglé par la
Constitution fédérale, les lois qui l'exécutent particulièrement en ce qui concerne
l'autonomie Constitutive, et la présente Constitution ».
Dans le cadre de l'autonomie wallonne, la répartition des pouvoirs doit être organisée
selon un principe de subsidiarité (définition des modalités d'application dans un
décret).
- la défense du patrimoine culturel et
l'aspect linguistique intra-wallon : les institutions de la Wallonie doivent assurer
la défense du patrimoine wallon sous toutes ses formes, et notamment en ce qui concerne
les langues endogènes. Comme la Région wallonne comprend deux régions linguistiques
(française et allemande), la Constitution sera établie aussi en allemand.

Titre II : Des droits et des
devoirs
- Les droits énoncés sous ce titre
concernent classiquement les enfants, l'éducation, la liberté d'entreprendre, la
liberté d'association, l'égalité hommes-femmes ou le droit à l'expression
collective,...
S'y ajoutent quelques particularités : le droit à la protection et à l'information
de l'usager et du consommateur, les mêmes droits politiques, économiques, culturels et
sociaux assortis des mêmes charges et devoirs pour les étrangers résidant en Wallonie
depuis une durée déterminée par décret.
- Les institutions publiques wallonnes doivent
exercer leurs compétences dans le respect de ces droits garantis par la Constitution;
toute victime de la violation de l'un de ces droits peut exercer un recours devant les
instances compétentes.
- Par ailleurs, les institutions publiques
wallonnes s'interdisent toute référence explicite à des symboles religieux ou
philosophiques.

Titre III : Des organes régionaux
wallons et de l'Autonomie régionale
- Quelques dispositions générales
introduisent le sous-chapitre consacré au Parlement wallon et celui consacré au
Gouvernement wallon :
- Ces dispositions rappellent que Namur est la
Capitale wallonne « siège du Parlement et du Gouvernement wallon » et
retiennent la faculté d'implanter en tout autre lieu de Wallonie les autres institutions.
- Du point de vue des circonscriptions
électorales, la présente Constitution propose que la Wallonie constitue une
circonscription électorale unique et envisage de l'étendre le cas échéant aux communes
pour lesquelles un statut bi-régional serait élaboré.
- En ce qui concerne le Parlement
wallon :
- Des dispositions classiques sont
reprises : règlement (par décret), publicité de séances, durée de la session,
indemnités, droit d'enquête...
- Par ailleurs, le principe de l'association
des sénateurs fédéraux et des députés européens sans voix délibérative et les
dispositions de l'autonomie constitutive (nombre de membres) sont rappelées.
- Le problème de la présence d'élus
germanophones (ayant d'abord prêté serment en allemand) face à la nécessité par
ailleurs de délibérer sur des compétences transférées de la Communauté française
est rencontrée : ceux-ci ne votent pas dans ce cas.
- En ce qui concerne le Gouvernement
wallon : les membres du Gouvernement wallon sont élus par le Parlement, ils
désignent le Ministre-Président en leur sein et prêtent serment entre ses mains. Les
délibérations sont généralement collégiales. La responsabilité devant le Parlement
est à la fois d'ensemble et individuelle. Des dispositions sont prises aussi, relatives
aux motions de confiance, de méfiance (à prendre par décret à majorité spéciale).

Titre IV : Des normes régionales
wallonnes
- Le principe de l'exercice conjoint
Parlement-Gouvernement du pouvoir décrétal est rappelé, ainsi que leur droit
d'initiative respectif. La sanction et la promulgation incombe au Gouvernement.
- L'article 40 anticipe le transfert de
compétences résiduaires en stipulant que « le Parlement et le Gouvernement wallons
exercent toutes les compétences non expressément attribuées à l'autorité fédérale
ou à d'autres niveaux de pouvoirs ».
- La portée du décret, qui - comme c'est
rappelé - a force de loi comporte une précision dans le cas de compétences dont
l'exercice a été transféré à la Région wallonne. Son application limitée à la
Région de langue française.
- Les modalités de révision de la présente
Constitution sont prévues : déclaration de révision par le Parlement suivie de sa
dissolution; le nouveau Parlement élu statue alors sur les points soumis à révision
mais ne peut délibérer qu'à la condition de présence de deux tiers de ses membres.