"Wallonie 2020", Institut Jules Destrée, Cinquième congrès La Wallonie au futur

 

Wallonie 2020 - Deuxième phase : Des futurs souhaitables aux futurs possibles

Rapport du groupe 5
Rapporteur : Bernard Fierens - Animatrice : Fabienne Goux-Baudiment

22 novembre et 23 décembre 2002

 La première phase de l’exercice de prospective Wallonie 2020, préparatoire au 5ème Congrès "La Wallonie au Futur", avait fait apparaître quatre nœuds de futur, c’est-à-dire quatre problématiques interdépendantes, structurelles, prospectives et suffisamment partagées :

1. Solidarité, société, cultures :

Comment concilier la tendance à l’individualisme qui pousse au délitement de la société mais qui, en même temps, rend nécessaire plus de société ?

2.Ajustement des sphères publiques :

Comment ajuster les institutions et les opérateurs publics pour que, dans une société en transition où l’individu est en changement accéléré, l’Etat constitue une autorité collective audacieuse et reconnue ?

3.Apprendre et entreprendre :

L’inadéquation des processus d’apprentissage par rapport à l’évolution de la société pose les questions du développement de la créativité, de l’autonomie, de la capacité d’entreprendre et d’être responsable.

4. Stratégie et proactivité :

Comment concevoir une vision proactive de son avenir sur le long terme ? Un projet collectif fédérateur pérenne et mobilisateur constitue une exigence ; or sa conception, et par là sa réalisation, tardent.

 La seconde phase de la démarche prospective devait permettre de définir les souhaitables et les possibles à l’horizon de 2020. A cet effet, le groupe s’est réuni les 22 novembre et 23 décembre 2003. La synthèse des conclusions de ses réflexions est reprise ci-après.

Retour haut de page

"Wallonie 2020", Institut Jules Destrée, Cinquième congrès La Wallonie au futur  
1.Détermination des souhaitables

Il s’agissait de déterminer quelles pourraient être les solutions par rapport à ces nœuds de futurs, en basant sa réflexion sur un triple critère de vraisemblance, de pertinence et de cohérence, et en veillant à choisir un seul souhaitable.

L’inventaire des propositions formulées par les participants est repris ci-après.

S1 :

- Conscientiser la société à son coût de gestion impliquant des choix

- Comprendre les enjeux de société

- Education de la société civile et alter-mondialisation (mondialisation + Développement durable)

Retour haut de page

S2 :

- Responsabilisation du citoyen

- Libérer les initiatives de façon à développer une culture de la prise de risque et de l’acceptation (voire de l’encouragement ?) de l’échec

- Enseignement – formation - reconnaissance

- Libérer l’enseignement de ses contraintes économiques et institutionnelles

Retour haut de page

S3 :

- Affirmation de valeurs positives (média, culture)

- Faciliter le partage de la culture commune

- Projet Image autoproductive (autoréalisateur, marketing)

- Mettre la culture au centre de la vie sociale wallonne (= ciment culturel)

Retour haut de page

S4 :

- Faire renaître un projet de vie collectif, intergénérationnel, citoyen et local

- Rendre sens au projet citoyen en réduisant les inégalités, en priorité au niveau intergénérationnel

- Gestion de la Wallonie (territoire et hommes) en bien commun (et non collectif) d’intérêt national, européen, mondial

- Nouveau pacte de solidarité en fonction des gens avec une redéfinition des missions des acteurs possibles

Retour haut de page

S5 :

- Permettre, encourager et organiser la formation sur toute la durée de vie

- Logique d’une société de la connaissance et d’un accès pour et à tous

- Valoriser les formations et apprentissages quels qu’ils soient (en opposition à la hiérarchisation des savoirs)

- (Re)valorisation des métiers manuels (source de créativité et d’esprit d’entreprise)

Retour haut de page

S6 :

- Maîtrise approfondie des connaissances de base (lire, compter, écrire)

- Pédagogie de "vie solidaire » plutôt que gagnant individuel

- Modification des valeurs personnelles

- Apprentissage à l’école, créativité et autonomie responsables

- Pédagogie de la réussite – apprendre à apprendre – motivation à apprendre

- L’éducation en priorité par rapport à la formation

- Faire des acteurs intelligents

Retour haut de page

S7 :

- Adaptation de l’enseignement : décloisonner l’enseignement, restaurer l’autorité des enseignants, harmoniser le triangle élèves – parents - enseignants

- Impliquer le milieu du travail dans l’enseignement (de l’industrie à la santé)

- Penser l’éducation et la formation à partir de l’enfant ( de l’adulte)

- Réadapter les matières, conscientiser les enfants dès leur plus jeune âge

- Valoriser l’enseignement en favorisant l’initiative des enseignants

Retour haut de page

S8 :

- Unité des institutions pour se positionner positivement

- S’inscrire dans un cadre beaucoup plus large (transversalité de l’action politique)

- Cohérence entre les "politiques" et l’administration

- Fonctionner en concertation avec les régions voisines

Retour haut de page

S9 :

- Optimisme stratégique : s’assurer de façon permanente de l’adéquation entre projet et adhésion au projet par les citoyens

- Favoriser culture, réflexion et décision

- Projet-citoyen incluant le Développement durable

- Des responsables politiques aux comportements transparents et qui soient responsables de leurs décisions (confiance citoyens – élus)

- Cadre prospectif pour l’action avec ouverture et "benchmarking"

- Pédagogie ludique contre la peur

- Donner aux acteurs politiques la liberté et l’intelligence d’imaginer

- Se fixer un projet mobilisateur wallon défini en objectifs

Retour haut de page

S10 :

- Faire de la Région wallonne une région partenaire, fiable, respectée et de qualité

- Stratégie européenne à long terme avec évaluations et remise à plat à l’échelle européenne

- Penser l’Europe et se penser dans l’Europe

Retour haut de page

S11 :

- De nouveaux pactes fondateurs wallons

- Rendre à l’Etat son autorité "naturelle", en ce qu’elle émane des citoyens plutôt que de la leur imposer

- Conscientisation et participation des citoyens à tous les niveaux

- Participation du citoyen en tant qu’autorité naturelle

- Participation citoyenne (au-delà du droit de vote)

- Réappropriation par le citoyen de la sphère publique

Retour haut de page

S12 :

- Un Etat ouvert et au service des citoyens

- Décloisonnement (= facilitation) vers de nouvelles dimensions de gestion (sortir du "classique")

- Supprimer la paralysie de l’Etat en introduisant d’autres opérateurs (par opposition aux partis)

- Obligation pour l’Autorité d’ "écouter"

- Introduire des règles incitatives dans la fonction publique

- Transparence et accessibilité des institutions et instruments publics par l’introduction de la participation

Retour haut de page

S13 :

- Prise en compte d’autres échelles comme l’Europe et le "Gouvernement" mondial

- Subsidiarité aux différents niveaux : mondial, européen, national, régional, et local, et qui soit centrée sur l’Europe et la Région wallonne

Retour haut de page

"Wallonie 2020", Institut Jules Destrée, Cinquième congrès La Wallonie au futur  
2.Détermination des possibles

 Il s’agissait d’identifier les évolutions qui formeront le cadre de la Wallonie en 2020, permettant de dégager les "possibles".

Les différentes propositions émises par les participants sont reprises ci-dessous.

P1 :

- Dualité

- Double dualité individu versus société, et nantis versus exclus

- Accroissement des dualismes sociétaux – perte du sens collectif

Retour haut de page

P2 :

- Plus grande exclusion conduisant à une société duale sans solidarité

Retour haut de page

P3 :

- Une Wallonie globalement riche, mais individualiste et inégalitaire

Retour haut de page

P4 :

- Une Wallonie "assistée" avec aggravation des différences sociales

- La société wallonne sera de plus en plus éclatée et globalement appauvrie

- Affaiblissement des points de vue économique, social, etc, qui entraînera un accroissement du fossé entre riches et pauvres

- Grande banlieue de Bruxelles

Retour haut de page

P5 :

- Perpétuation des clivages sous-régionaux

- Stratification en sous-régions moins pauvres et plus pauvres (ou moins riches et plus riches)

- Sous-régionalisme aux points de vue social et culturel

- Un territoire discontinu

- Des moyens financiers réservés aux centres urbains aux dépens des zones rurales

- Esprit de concurrence au lieu de synergies

Retour haut de page

P6 :

- Défaut de ressources humaines (quantité et qualité)

- L’insuffisance de formation entraînera la disparition des secteurs d’activités entraînant des besoins primaires non satisfaits

- Enseignement inapproprié en balance avec des programmes de formation de rattrapages manipulables

- Enseignement en décalage avec la réalité

- Système scolaire en décadence avec émergence des autodidactes grâce aux facilités d’accès à l’information

- Société peu qualifiée

- Manque de refinancement de l’enseignement, entraînant un relais par le privé, les entreprises et l’associatif

Retour haut de page

P7 :

- L’appauvrissement du système éducatif entraînera une dépendance vis-à-vis des autres régions et/ou pays

- Le niveau de l’ignorance et de l’exclusion sera amplifié et un pourcentage limité de la population wallonne participera à l’économie et la culture européenne et mondiale

Retour haut de page

P8 :

- Accès à la culture et au savoir à 2 vitesses, entraînant une dualité élite-exclus

- Société techno-scientifique où l’être humain est au second plan

- Dualité entre ceux qui savent et les exclus de la connaissance

- Perte de l’esprit d’entreprendre

Retour haut de page

P9 :

- La communication "marketing" (image sans fond) a pris le pas sur une réelle participation citoyenne

- Logique de système avec autoritarisme de fait

Retour haut de page

P10 :

- Une Wallonie soumise aux conditions de la globalisation-mondialisation

- Domination écrasante de l’économique

Retour haut de page

P11 :

- Dualisation et concurrence clientélistes des sous-régions wallonnes entre elles, tandis que globalement la Wallonie devient une région en lent mais inexorable déclin

- S’adapter au déclin de Bruxelles

- Remise à plus tard du RER Wallonie-Bruxelles

- Stratégie dispersée incohérente

- Opposition entre contraintes stratégiques et évolutions institutionnelles (RW-CF, etc)

Retour haut de page

P12 :

- Une région qui ne porte plus son avenir

- Perte d’autonomie décisionnelle et soumission à une politique supra-régionale

- Communauté française Wallonie-Bruxelles met fin à la Wallonie

- Absence de perspectives

- Région médiane de l’Europe des Régions sans (ou avec) une stratégie (peu) performante

- Stagnation générale

- En l’absence d’un projet mobilisateur wallon, les forces vives wallonnes s’exporteront et/ou agiront pour le compte d’autres mais sans pouvoir influencer durablement leur propre destin

Retour haut de page

P13 :

- Réduction du pouvoir fédéral et régional

- L’autorité publique sans moyen est soumise au marché (OMC, …) et la Région subit

- Démobilisation des politiques pour des projets citoyens (augmentation de l’économique)

- La solidarité relève du privé

- Conflit entre le secteur privé et l’Associatif pour compenser la réduction des services publics

- Au mieux on survit, le quotidien étant maîtrisé et le niveau 2000 de confort pour la population sera plus ou moins préservé

Retour haut de page

P14 :

- Asphyxie de l’Administration

- Perte de la notion de service à autrui

- Renoncement du citoyen à s’engager

- Disparition de l’Associatif bénévole

Retour haut de page

P15 :

- Référendum sur l’avenir de la Wallonie organisé à Bruxelles

Retour haut de page

P16 :

- Disparition du Fédéral et régionalisation de la sécurité sociale

Retour haut de page

P17 :

- Absence de véritable leader

Retour haut de page

P18 :

- Accroissement de la dichotomie entre politique et population

- Des exécutifs en cascade aux dépens du législatif

Retour haut de page

"Wallonie 2020", Institut Jules Destrée, Cinquième congrès La Wallonie au futur  
3.Détermination des axes stratégiques

Il s’agissait de formuler des souhaitables contraints par les possibles, en vue de dégager les axes stratégiques.

A cette fin, le groupe s’est interrogé quant à savoir quel serait l’impact (positif, négatif, ou neutre) des "possibles" sur les différents "souhaitables" ? En d’autres termes, les "possibles" influencent-ils (+, -, 0) la réalisation des "souhaitables" ?

L’examen des différents "possibles" identifiés sous le premier "souhaitable", conduit à observer que la connotation apparemment négative de la plupart des "possibles" n’est pas un frein aux "souhaitables" car, au plus le "possible" sera perçu comme négatif, au plus la volonté de tendre vers le "souhaitable" induira-t-elle une réaction d’autant plus intense. A titre d’exemple, si l’on examine le "possible" P14, on relève le fait que la "disparition de l’associatif bénévole" n’induirait pas automatiquement de ne pas être conscient du coût de ses services collectifs. Il s’ensuit qu’il y a un énorme travail de conscientisation à mener ! Mais il n’y a pas d’antinomie. En fait, nos "possibles" nous indiquent la représentation que nous avons de la société d’aujourd’hui, à politique inchangée ; tandis que les "souhaitables" identifient nos utopies : ils n’existent pas aujourd’hui.

La question se pose néanmoins de savoir si certains de ces souhaitables seraient à redéfinir pour les rendre opérationnels !

Cela conduit le groupe à observer qu’il a travaillé sur un référentiel de valeurs plutôt que sur des faits objectifs qui auraient conduit, par exemple, à estimer qu’il y aura dans 20 ans un accroissement du P.I.B. de 3%, un taux de chômage de 15%, etc…, et en s’interrogeant sur le fait de savoir si cela influencerait positivement, négativement, ou de façon neutre les "souhaitables".

Sur recommandation de l’animateur, le groupe décide dès lors de changer sa cotation et de ne plus mentionner que les éléments qui auraient une influence positive ou négative de façon flagrante. Par soucis de simplification, il est également décidé de fusionner les "souhaitables" S6 et S7.

Afin de mettre en exergue les "souhaitables" dont la réalisation sera fortement tributaire des "possibles", les résultats de la cotation sont sommés par type de "souhaitables" : il en résulte que les "souhaitables" S1 (-12), S4 (-11) et S3 (-9) posent problèmes, que S2 (-6), S9 (-5) et S11 (-5) ne sont pas neutres, et que les autres se situent dans les écarts-types et ne sont donc pas significatifs (S10 est faiblement dépendante, S13 est parfaitement autonome et se fera de toute manière).

Le groupe recommence dès lors les 4 premières évaluations pour regarder si les dépendances se justifient bien. Il en résulte que S1 devient (-3), S2 devient (-5), S3 devient (-2) et S4 devient (-5). En conclusion, les "souhaitables" qui freinent le plus sont S2, S4, S9 et S11.

La détermination des axes stratégiques apparaît dès lors clairement du graphique de synthèse mettant en évidence les différentes catégories de "souhaitables" :

- Les souhaitables émergeants

- Les souhaitables dépendants

- Les variables autonomes

- Les variables relais

"Wallonie 2020", Institut Jules Destrée, Cinquième congrès La Wallonie au futur  
 Troisième phase
Wallonie 2020

Retour haut de page

Wallonie-en-ligne, portail interactif de l'Institut Jules-Destrée, Centre d'étude et de recherche non gouvernemental en Wallonie

Page mise à jour le 07-04-2017

Congrès permanent La Wallonie au futur - Index des congrès

Institut Jules-Destrée : Pôle Recherche, Pôle Information, Pôle Citoyenneté, Pôle Prospective

Tous droits réservés © Institut Jules-Destrée