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Identités, ouvertures et institutions politiques

Michel Molitor
Professeur au Département de Sociologie de
l’Université catholique de Louvain-la-Neuve Vice-recteur
 

Au début des travaux de cette commission, il est utile de rappeler brièvement notre objectif et nos procédures de travail. Ces deux journées ont pour objectif de départ l'évaluation de l'impact des idées formulées par la Wallonie au futur ces dix dernières années et d'élaborer de nouvelles propositions. Nous nous inscrivons donc très clairement dans une dynamique d'animation de l'espace public wallon.

Les travaux de notre commission reposent sur un rapport préparatoire commun à tous les carrefours. Ce document se compose d'une synthèse des travaux précédents et surtout des résultats d'une enquête conduite par l'Institut Jules Destrée auprès de diverses catégories de responsables wallons ainsi qu'auprès de jeunes. Cette enquête met en évidence une évaluation contrastée à la fois des propositions élaborées par les colloques de l'Institut Jules Destrée, de l'action politique menée en Wallonie ces dernières années et des enjeux qui structurent -ou devraient structurer- le débat et l'action politiques.

Notre travail sera organisé selon une double dynamique :

a. l'apport ou les réactions des acteurs de la société civile ou des témoins qui ont accepté de nous rejoindre quant à la pertinence des enjeux révélés par l'enquête, les projets élaborés ou les actions menées.

Ce sera pour l'essentiel l'objet de notre travail durant les deux heures qui viennent. Il sera facilité par les interventions des trois personnes qui réagiront aux questions que nous leur avons posées et qui amorceront le débat.

b- L'interpellation des responsables politiques, sociaux ou économiques à partir du produit de ce débat.

Ce sera l'activité de demain. Elle sera amorcée par l'interrogation des rapporteurs. Leur rôle ne sera donc pas de faire la synthèse exhaustive de l'ensemble de nos échanges, mais de faire émerger les questions dominantes à propos des thèmes débattus.

Le thème de notre carrefour est : Identités, ouvertures et institutions politiques. Nous avons pensé que nous pourrions l'aborder à partir de trois questions :

  • la première concerne la conduite politique de la Wallonie : Comment évalue-t-on les institutions politiques issues de la régionalisation et destinées à animer politiquement la société wallonne ?
  • la seconde concerne la culture politique. La constitution d'un espace politique nouveau, la création d'institutions politiques nouvelles ont-elles été à l'origine d'une transformation de la culture politique ?
  • la troisième concerne l'appartenance ou l'identité. Nous avons choisi de traiter ce thème à partir d'une question relative au sentiment de responsabilité des Wallons par rapport à leur région.

Ces questions ou ces thèmes ressortissent de diverses manières de l'enquête conduite par l'Institut Jules Destrée.

 

1. Les institutions

La très grande majorité des personnes répondant à l'enquête (les "témoins") estiment que les institutions doivent être considérées comme des moyens et non comme des fins en soi. Autrement dit, la question prioritaire est celle du meilleur usage des institutions plutôt que de leur perfectionnement. Si celui-ci est certainement utile, on ne peut pas utiliser ce prétexte comme une manière de se dérober à un effort d'utilisation optimale des institutions existantes.

 

Trois exigences sont mises en avant :

  • La cohérence de l'action économique, politique, sociale et culturelle qui répond à une double condition : la qualité des institutions elles-mêmes et le projet commun . Sur ce dernier point, on est particulièrement imprécis : autant ce référent semble important, autant son contenu est vague.

Remarque personnelle : ce qu'on appelle le "projet commun" ou "projet wallon" est-il autre chose qu'une exigence partagée de plus de démocratie et d'un meilleur développement ? Si l'on est d'accord sur cette idée et notamment sur ce "plus" et ce "meilleur", il faut en mesurer toutes les implications...

  • l'inscription européenne (selon diverses modalités : relations transfrontalières, zones régionales européennes, avec ou sans Bruxelles ?)
  • la qualité de l'administration wallonne. Un bon test du fonctionnement des nouvelles institutions se vérifie à la qualité du service public.

Une question reste controversée : la relation à Bruxelles. L'alliance (sous diverses formes) est incontournable pour certains, problématique pour d'autres. Comment construire des solidarités efficaces qui permettent de porter les projets des uns et des autres et / ou de renforcer des projets communs ?

 

2. La culture politique

La régionalisation comme création d'un espace politique nouveau comme la création d'institutions destinées à l'animer constituent des changements majeurs. Ont-ils été l'occasion d'un réel renouvellement de la culture politique ? Le rapport s'interroge sur :

  • l'existence de clivages dans la société politique wallonne et la nécessité de les dépasser afin de multiplier les échanges et les coopérations.
  • les habitudes de clientélisme et leurs effets pervers.
  • les stratégies bureaucratico-politiques "d'occupation du terrain" liées à la permanence d'institutions aux finalités obscures ou désuètes.
  • la réponse des services publics aux demandes des usagers et aux exigences de qualité.
  • l'existence d'une culture de l'évaluation démocratique.
  • la démocratie participative.

 

3. L'identité ou l'exercice de la responsabilité citoyenne

La question de l'identité est abordée par le rapport. Elle est jugée essentielle pour certains, crispante et vaine pour d'autres. Pour les premiers, ce qui est appelé l'imaginaire collectif, le sentiment d'appartenance (fondé sur une appréciation positive de la Wallonie) sont des composantes très importantes du "projet wallon". Pour ceux-là, l'identité est un sentiment à renforcer sinon à créer. Pour les autres, l'identité est une mauvaise réponse à une question mal posée. Ce n'est pas en produisant de l'identité que l'on crédibilisera les institutions politiques de la société wallonne et renforcera le sentiment d'appartenance, mais en démontrant leur efficacité, leur capacité à fonctionner de manière ouverte et tolérante.

Ceux qui insistent sur l'importance d'une identité wallonne forte y voient une manière de renforcer le sentiment d'appartenance à la Wallonie, une forme de citoyenneté. Les autres pensent que cette stratégie est contre productive et comporte des risques de dérives. N'y a-t-il pas d'autres voies ?

On pourrait discuter de celle-ci : la citoyenneté est le droit à l'appartenance. La démocratie repose sur la responsabilité des citoyens d'un pays, mais c'est la citoyenneté qui leur confère l'appartenance leur permettant de se sentir responsable de ce pays. Aujourd'hui, pour encourager les Wallons à s'impliquer activement dans la vie de leur région (à y exercer leur citoyenneté), ne doivent-ils pas d'abord être convaincus de la qualité de ses institutions, de la volonté active de démocratisation de la vie publique, de la solidarité organisée et garantie par ces mêmes institutions. Le "projet wallon" pourrait-il être autre chose que la volonté de constituer une démocratie exemplaire ?

 

 

 

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