Marc Installé
Secrétaire général adjoint
CESRW
Les intervenants précédents ont présenté le
rôle de différents acteurs : le gouvernement, l'administration, les partis
politiques.
Au regard de mon expérience dans une organisation
syndicale et actuellement au CESRW, je souhaiterais, à titre personnel, mentionner le
rôle des interlocuteurs sociaux, plus particulièrement au travers du dialogue social.
Les acteurs économiques et sociaux ont construit
un ensemble de relations sociales très élaborées, entre eux d'abord – ce sont les
organes paritaires qui existent au niveau de l'entreprise, d'un secteur professionnel ou
au niveau interprofessionnel – ensuite avec des instances gouvernementales dans un
cadre tripartite – nous parlons alors de concertation.
Au niveau wallon, le dialogue social au niveau
interprofessionnel se déroule au Conseil économique et social de la Région wallonne. En
son sein, acteurs patronaux et syndicaux émettent des avis à la demande ou d'initiative
sur les politiques qui concernent le monde économique et social. Ces prises de positions
des interlocuteurs économiques et sociaux présupposent tout un travail préalable
d'analyse et d'évaluation des politiques menées et des politiques proposées. Elles
incluent également la recherche d'accords entre interlocuteurs sociaux pour donner aux
avis rendus plus de poids. Ce faisant, les interlocuteurs sociaux contribuent à enrichir
la démocratie.
Cette fonction consultative qui se déroule au CESW
trouve son prolongement dans la concertation tripartite avec le gouvernement. Cette
concertation donne l'occasion aux interlocuteurs sociaux et au gouvernement d'expliquer
leurs points de vue respectifs et de rechercher, voire de négocier, des accords plus
globaux sur des priorités de politique économique et sociale. La déclaration commune
entre le gouvernement wallon et le CESRW de décembre 1995 en est un bel exemple
puisqu'elle fixait un ensemble de priorités politiques que, de commun accord, les
signataires s'engageaient à concrétiser.
L'intitulé de cet atelier – à savoir
"les infrastructures structurantes" – convient-il au dialogue social ?
Dans la mesure où les organes de ce dialogue social et de la concertation sont
indissociables des acteurs qui les constituent (peut-on les appeler utilisateurs ?),
je préfère les qualifier de "structures". Et j'aimerais ajouter que lorsque
ces "structures" font défaut, le développement économique et social est
hypothéqué.
Il faut donc que la Wallonie et toutes ses
composantes soient convaincues du rôle rempli par le dialogue social et la concertation.
Est-il nécessaire d'ajouter que, pour atteindre
ses objectifs, le CESRW doit être assuré :
-
d'une réelle autonomie par rapport au pouvoir
politique. Le CESRW est constitué de représentants d'organisations patronales et
syndicales représentatives qui assurent la pleine direction. Ceci implique bien sûr que
le Conseil ne peut, comme vous le préconisez pour les infrastructures structurantes,
"être piloté" par le gouvernement;
-
d'une reconnaissance de son rôle par les autorités
politiques régionales. Elles doivent donner l'assurance que les propositions et avis des
interlocuteurs sociaux seront pris en compte et feront l'objet d'une concertation. Mais
cette reconnaissance va de pair avec les moyens permettant le bon fonctionnement du
dialogue social institutionnalisé, ce qui est acquis en Wallonie où le budget régional
contribue au financement du CESRW.
Cette conception de la démocratie économique et
sociale est étroitement liée à la légitimité reconnue aux interlocuteurs sociaux
comme acteurs du développement économique et social dans un système démocratique.
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