Rapport de la Commission
3 :
Stratégies d'initiative économique
Bernard
Thiry
Professeur d'Economie à
l'Université de Liège et Directeur du CIRIEC
Monsieur le
Ministre,
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Les sept contributions de
la Commission 3 “Stratégies d'initiative économique” ont pour auteur des
personnes issues de milieux fort différents, les unes appartiennent au monde
universitaire, les autres à des institutions publiques, d'autres encore à des
entreprises ou associations d'entreprises privées, publiques ou mixtes.
Nonobstant cette diversité d'origine se dégagent 4 lignes de force communes aux
différentes contributions qui ont été confirmées par les débats.
1. La
déstructuration de l'économie wallonne suite dans une large mesure à la
disparition ou à l'amaigrissement des grandes entreprises qui se sont recentrées
sur leurs activités de base place au premier plan des préoccupations les PME
dont les besoins en termes d'encadrement et de soutien sont spécifiques.
2. L'initiative
économique ne se décrète pas. L'heure n'est plus à la planification économique.
Le rôle des pouvoirs publics a été redéfini tout en restant fondamental en
matière d'initiatives économiques. Un consensus s'est établi autour de l'idée
qu'il convient de définir la stratégie des pouvoirs et agents encadrants à
partir de la réalité sur le terrain et non l'inverse; en quelque sorte une
stratégie “bottom-top”. A cet égard la contribution de M. J. GAZON (Université
de Liège) a été particulièrement éclairante. Il appartient aux pouvoirs et
agents encadrants de faciliter et de stimuler les initiatives notamment en
termes de politiques d'environnement, d'accompagnement, de soutien et de
partenariat. C'est dans le cadre de ces politiques que doivent être resituées
les actions des invests en termes de capital à risque et de fonds d'amorçage et
celles des intercommunales de développement économique qui ont fait l'objet
respectivement des contributions de M. B. BOLLY (Meusinvest) et M. H. DEHARENG (IDETA),
ainsi qu'évidemment les aides de l'Union Européenne dans le cadre des fonds
structurels et en particulier les objectifs 1 et 2.
3. Les choix
stratégiques et les instruments analysés dans le cadre de la Commission
privilégient les politiques de structuration de l'offre plutôt que la politique
keynésienne de relance par la demande conformément aux cahiers des charges de la
Commission. Cela ne signifie évidemment pas qu'une politique keynésienne de
relance par la demande ne serait pas pertinente en particulier au plan de
l'Union Européenne.
4. Enfin plusieurs
contributions ont mis en évidence l'importance des actions transnationales
notamment avec les régions limitrophes (Eurégion Meuse-Rhin, Nord- Pas de
Calais, Pôle européen de développement, ...).
A ces 4 lignes de force,
il convient d'ajouter une analyse de l'utilisation des fonds structurels dans le
cadre des objectifs 1 et 2 qui a fait l'objet de plusieurs contributions dont
celles de MM. WANG (Ministère de la Région wallonne) et LEPAGE (RIDER- UCL). Ces
2 contributions et le débat ont mis en évidence que compte tenu du risque voire
de la quasi certitude de non renouvellement de l'accès aux fonds “objectif 1”,
il faut maximiser l'efficacité des aides obtenues. Par ailleurs, celles-ci ne
sont pas définitivement acquises; il faut respecter des critères et procédures
et de toute évidence il convient d'éviter le piège du sous-régionalisme.

En ce qui concerne plus
spécifiquement l'objectif 1, certaines formes d'aides sont déjà épuisées et des
transferts devraient peut-être être opérés. Il y a en matière d'aides une
concurrence entre pouvoirs subsidiants. Un taux d'aide minimum de 30% est
nécessaire pour être réellement attractif. Par ailleurs, des taux de prime par
emploi de l'ordre de 2 millions de francs et un investissement moyen de 6
millions et demi sont peut-être des montants excessifs.
Quant à l'objectif 2,
l'attente d'une décision définitive suscite l'impatience. La situation actuelle
est dommageable pour les entreprises qui attendent les aides prévues. Les
crédits disponibles sont par ailleurs déjà entièrement attribués et les membres
de la Commission se sont étonnés de l'attitude doctrinale de certains services
de la Commission qui remettent en cause certains mécanismes prévus dans le cadre
des fonds “objectif 2” sous prétexte qu'ils y voient une forme déguisée
d'initiative industrielle publique.
L'analyse de
l'utilisation des fonds structurels “objectifs 1 et 2” suscite un regret et une
crainte. Certains regrettent en effet le manque de sélectivité et de cohérence
dans les aides, non enracinées sur les spécificités du tissu économique wallon.
D'autre part, complémentairement à ce regret, on peut craindre que dans le
contexte actuel de croissance de la mobilité des entreprises, on assiste
ultérieurement à une délocalisation des initiatives économiques aidées quand les
fonds auront été utilisés.
Enfin, les travaux de la
Commission ont également mis en évidence deux dimensions plus spécifiques.
D'une part, une réflexion
relative à l'articulation recherche-activité économique a fait l'objet de la
contribution de M. A. LESAGE (Union Wallonne des Entreprises). Cette
articulation s'est indiscutablement améliorée au cours des dernières années,
mais il reste encore des progrès importants à réaliser. En la matière, une
collaboration est nécessaire entre tous les acteurs politiques, économiques,
sociaux, scientifiques, etc. Malgré les difficultés budgétaires bien connues des
pouvoirs publics, on peut également estimer souhaitable de doubler l'effort en
matière de recherche et de développement technologique.
D'autre part, le rôle que
l'Economie sociale peut jouer dans le cadre des stratégies d'initiative
économique a fait l'objet d'une contribution spécifique par M. G. HAINE. L'Economie
sociale ne doit pas être confondue avec l'économie non marchande comme l'atteste
la création récente de la Société wallonne de l'Economie sociale marchande ainsi
que la modification du droit des sociétés commerciales qui a créé la société à
finalité sociale.
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Il est évidemment
difficile de synthétiser en quelques minutes la richesse des contributions et
des débats dont la Commission 3 a été le cas. J'ai essayé d'en retirer les
éléments les plus pertinents et j'espère que ceux-ci seront utiles pour la
réflexion et l'action de tous ici présents. Je vous remercie.

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