Variantes de réduction
des cotisations sociales employeurs et de modalités de financement
alternatives (1/4)
Francis
Bossier
Expert au Bureau du Plan
en collaboration
avec
Th. Bréchet, M. Englert, L. Masure, M. Saintrain, C. Streel, F.
Vanhorebeek
1.
Introduction
Le présent document
constitue la synthèse d'une étude demandée au Bureau fédéral du Plan par les
partenaires sociaux réunis dans un groupe de travail du Conseil Central de l'Economie.
L'étude porte sur les effets macroéconomiques d'opérations de redéploiement de
la pression fiscale et parafiscale consistant en une réduction de cotisations
patronales de Sécurité sociale compensée au niveau budgétaire par d'autres types
de prélèvements.
Diverses modalités tant
de réductions que de compensations ont été testées. Aucune combinaison n'a
encore fait l'objet de simulations, dans l'attente d'une discussion au sein du
groupe de travail. Il est cependant clair que les dispositifs les plus
intéressants à tester devraient combiner les modalités de réductions de
cotisations patronales les plus “rentables” pour l'emploi et les modalités de
compensation budgétaire les moins destructrices d'emploi pour autant que
l'impact budgétaire global ex post soit équivalent; dans la mesure où une
compensation budgétaire ex ante est assurée, un impact budgétaire global ex post
légèrement positif doit être attendu grâce au meilleur emploi engendré par ces
combinaisons.
La note est organisée
comme suit. Le point deux fournit un aperçu des différentes modalités des
réductions des cotisations sociales et de financement de ces réductions. Le
point trois est consacré à la présentation synthétique des résultats de ces
différentes variantes. Enfin, le point quatre reprend, sans les commenter, les
résultats détaillés variante par variante.
2. Aperçu des modalités
des exercices variantiels
2.1. Réductions des
cotisations sociales employeurs
Deux modalités de
réduction des cotisations sociales ont été simulées, portant toutes sur un
montant ex ante de 30 milliards la première année d'introduction de la mesure.
a. Réduction
linéaire des cotisations sociales : les différents secteurs bénéficient
d'une réduction identique de cotisation employeur, exprimée en point de
pourcentage, en l'occurrence 1,3 point dans cette modalité. Cette baisse de
cotisation revient à baisser le coût salarial des entreprises de près de 1
%.
b. Réduction de
cotisation ciblée sur les bas salaires. Le critère d'octroi de la réduction
est indépendant de l'appartenance à un secteur. On note toutefois que ce
type de ciblage revient à avantager les secteurs à forte intensité de
main-d'oeuvre, au détriment des secteurs à technologie très capitalistique.
La baisse de cotisation octroyée varie dans ce cas de 0,06 à 2,57 points.
Afin de cerner les
différences de comportement entre secteurs à l'oeuvre dans la variante de
réduction linéaire, les exercices suivants ont été réalisés :
-
Réduction de
cotisation concentrée sur les branches des services marchands, branches
abritées de la concurrence internationale et caractérisées par une
technologie intensive en main d'oeuvre. La baisse de cotisation atteint dans
ce cas-ci 2,5 points.
-
Réduction de
cotisation concentrée sur l'industrie, c'est-à-dire les secteurs exposés à
la concurrence internationale et à technologie intensive en capital. Ces
secteurs bénéficient d'une baisse de cotisation atteignant plus de 4 points
(ce qui correspond à une réduction de coût salarial de près de 3 %).
La réduction, en point de
taux, qui est calculée la première année, est maintenue les années suivantes.
Etant donné l'évolution des masses salariales, ce type d'approche revient à
accroître chaque année la réduction de cotisation, exprimée en milliards (la
réduction atteint au maximum 38 milliards la dernière année).
2.2. Modalités de
financement
Deux groupes de modalités
de financement sont considérés :
- les variantes de
financement portant sur la taxation indirecte;
- les variantes de financement relatives à des taxes directes et assimilées.
Ce premier groupe de
modalités de financement se compose de trois variantes :
- hausse de la T.V.A.;
- hausse de la cotisation Energie;
- introduction d'une taxe CO2/énergie.
a. Relèvement du
taux normal de T.V.A. Celui-ci est relevé de 20,5 à 22 % la première année
d'introduction de la mesure. Le taux réduit est maintenu inchangé. La
majoration du taux normal devrait permettre de relever, ex ante, le
rendement de la T.V.A. de 30 milliards environ la première année de la
simulation. Notons que cette variante ne prend pas explicitement en compte
les détournements de trafic que pourrait entraîner la majoration du taux de
T.V.A. (voir à ce sujet le point 4.2.1).
b. Accroissement
de la “cotisation énergie” selon les modalités définies en 1993. Cette taxe,
qui ne concerne quasiment que les ménages est levée sur les produits
suivants: électricité, gasoil de chauffage, gaz naturel, essences. La
cotisation énergie représente actuellement environ 9 milliards de francs.
Assurer le financement d'une mesure de réduction des cotisations sociales de
30 milliards exigerait donc que les taux de cette taxe soient plus que
quadruplés.
c. Introduction
d'une taxe CO2/énergie selon les modalités décrites par la directive de juin
1992 de la Commission Européenne : taxe assise pour moitié sur le contenu
énergétique des produits et pour moitié sur le contenu en carbone. La
première année d'introduction, cette taxe s'élève à 0,21 Ecus/GJT et à 2,81
Ecus/tonne de CO2. L'électricité est taxée sur le carbone pour les imputs
(sauf énergies renouvelables, hydraulique et nucléaire) et sur l'énergie
pour l'output
(1). Ex
ante, un tel niveau d'imposition permet d'assurer le financement d'une
mesure de réduction des cotisations sociales de 30 milliards la première
année.

Le second groupe de
modalités de financement se compose de quatre variantes :
Trois variantes portent
sur le relèvement de la taxation disrecte :
- hausse de la fiscalité
des revenus mobilier;
- introduction d'une Cotisation Sociale Généralisée (C.S.G.);
- introduction d'une Cotisation Compensatoire des Sociétés (C.C.S.).
Une quatrième variante ne
prévoit pas de relèvement de la taxation directe, mais introduit une mesure de
réduction des prestations sociales.
a. Relèvement de
la fiscalité portant sur les revenus mobiliers. Afin d'assurer le
financement de 30 milliards la première année, le taux de précompte devrait
être majoré de 5,1 points. Notons que la majoration du taux ne s'accompagne
pas d'une modification de l'assiette servant de base au calcul du précompte.
Par ailleurs, cette variante ne tient compte explicitement ni des risques de
délocalisation de l'épargne et des transactions découlant de la mesure, ni
d'un impact éventuel sur les taux d'intérêt (pour une discussion de cette
hypothèse, se référer à l'analyse détaillée des résultats à la section 4).
b. Introduction
d'une cotisation sociale assise sur une assiette élargie, selon deux
modalités:
- Introduction d'une
Cotisation Sociale Généralisée (C.S.G.), modalité de financement qui
s'appuie sur une assiette très large (salaires, revenus des indépendants,
des sociétés, revenus mobiliers, loyers, allocations familiales, pensions
élevées). Le taux de la C.S.G. est fixé à 0,47 %, de manière à produire un
rapport ex ant de 30 milliards. Deux modalités de la C.S.G. ont été testées.
La première s'ajoute purement et simplement aux autres formes de
prélèvement. La seconde remplace divers prélèvements de sécurité sociale.
- Introduction d'une
Cotisation Complémentaire des Sociétés (C.C.S.). Cette mesure de financement
est basée sur un accroissement du prélèvement pesant sur les revenus des
sociétés. Deux variantes sont à nouveau présentées. La première n'introduit
aucune modification dans le modèle utilisé, alors que la seconde intègre des
corrections sur les effets en matière de marge.
c. Baisse de 30
milliards des prestations sociales : cette baisse est, à ce stade des
travaux, concentrée sur les soins de santé.

3. Synthèse des
résultats
Pour faciliter l'analyse
des résultats, les variantes ont été classées en trois groupes. Le premier
groupe comprend les mesures de réduction des cotisations patronales à la
Sécurité sociale sous différentes modalités. Les variantes de financement de ces
réductions de C.S.E. sont reprises dans les deux autres groupes, l'un relatif
aux variantes de financement par les taxes indirectes, l'autre relatif aux
variantes de financement par les taxes directes et assimilées.
La présente section est
consacrée à une présentation synthétique des résultats. Les résultats détaillés
seront repris dans la section 4.
L'analyse synthétique
présentée ci-après est axée, pour chacun des trois groupes de variantes, sur
trois tableaux : le premier a trait aux indicateurs macroéconomiques de base qui
correspondent aux objectifs classiques de la politique économique; le deuxième
concerne l'emploi, notamment en termes d'élasticité au coût salarial et de coût
(gain) budgétaire par emploi créé (détruit); le troisième résume les impacts sur
la répartition des revenus à l'aide de plusieurs indicateurs.
3.1. Premier groupe :
les variantes de réduction des cotisations sociales employeurs
Deux variantes de
réduction des C.S.E.sont testées ici : une réduction généralisée à tous les
secteurs et à toutes les catégories de salariés (réduction linéaire), et une
réduction ciblée sur les catégories “bas-salaires” (cfr. encadré). Pour mieux
comprendre les effets sectoriels en oeuvre dans le cas d'une réduction linéaire,
deux simulations techniques supplémentaires ont également été réalisées. Elles
consistent en une réduction des cotisations sociales employeurs d'une part
uniquement dans les secteurs industriels, d'autre part uniquement dans le
secteur des services marchands.
L'impact sur les
principaux indicateurs macroéconomiques est donné dans le tableau 1. Les effets
sur l'emploi et l'activité, les prix, les finances publiques sont commentés
ci-après (avec l'analyse des effets sur les revenus).
Tableau 1. Synthèse
des résultats des variantes de réduction de Cotisations Sociales Employeurs
(différences par rapport à la base en t et t+4) : les indicateurs
macroéconomiques de base
|
Réduction linéaire |
Analyse sectorielle |
Réduction pour bas salaires (d=2) |
|
Réduction dans industries manufacturières |
Réduction dans secteur des services |
|
|
t |
t + 4 |
t |
t + 4 |
t |
t + 4 |
t |
t + 4 |
PIB (en %) |
0,13 |
0,21 |
0,15 |
0,32 |
0,13 |
0,14 |
0,18 |
0,15 |
Multiplicateur de l'activité |
0,33 |
0,56 |
0,41 |
0,91 |
0,36 |
0,35 |
0,47 |
0,38 |
Emploi total (en milliers) |
5,3 |
11,2 |
2,1 |
10,2 |
7,6 |
12,3 |
16,2 |
26,8 |
Prix de la consommation privée
(en %) |
-0,12 |
-0,13 |
-0,09 |
-0,19 |
-0,16 |
-0,09 |
-0,14 |
-0,07 |
Déflateur du PIB (en %) |
-0,21 |
-0,28 |
-0,25 |
-0,42 |
-0,17 |
-0,15 |
-0,20 |
-0,17 |
Coût salarial par unité produite (en %) |
-0,99 |
-0,96 |
-1,10 |
-1,13 |
-0,96 |
-0,85 |
-0,74 |
-0,48 |
Solde courant et en capital des Administrations publiques : |
|
ex ante, en milliards |
-30,0 |
-36,7 |
-30,0 |
-34,7 |
-30,0 |
-37,8 |
-30,6 |
-37,9 |
ex post, en milliards |
-22,3 |
-23,4 |
-23,8 |
-21,8 |
-21,2 |
-24,1 |
-15,3 |
-11,9 |
en % du PIB |
-0,28 |
-0,24 |
-0,30 |
-0,22 |
-0,26 |
-0,25 |
-0,19 |
-0,12 |
Solde courant et en capital ex post en milliards : |
|
du Pouvoir central |
5,1 |
15,5 |
4,9 |
16,5 |
5,9 |
15,8 |
7,5 |
16,3 |
de la Sécurité sociale |
-27,8 |
-39,8 |
-29,1 |
-38,8 |
-27,3 |
-40,6 |
-23,1 |
-29,5 |
Solde extérieur courant en milliards |
-4,8 |
-10,8 |
-5,9 |
-12,3 |
-4,5 |
-9,4 |
-5,8 |
-8,8 |
en % du PIB |
-0,06 |
-0,11 |
-0,07 |
-0,12 |
-0,0,5 |
-0,10 |
-0,07 |
-0,09 |

Emploi et activité
La réduction linéaire des
cotisations sociales employeurs dans l'ensemble de l'économie se traduit par la
création de 5 300 emplois la première année et de 11 200 emplois après cinq ans.
Cette création d'emplois trouve son origine d'une part dans la réduction de coût
salarial initiée par les réductions de C.S.E. et, d'autre part, dans le soutien
à l'activité économique engendré par la mesure. Cet effet de relance, représenté
par le P.I.B. et le multiplicateur d'activité du tableau ci-dessus, augmente
graduellement sur la période de simulation en raison des inerties inhérentes aux
délais d'embauche et à l'accroissement des capacités de production. La
décomposition sectorielle entre industrie et services marchands montre que cet
effet de relance est particulièrement soutenu dans l'industrie, essentiellement
en raison de l'accroissement des parts de marchés à l'exportation induit par la
diminution des coûts de production dans les secteurs exposés ainsi que part
l'importance des flux inter-sectoriels générés par la mesure.
Le ciblage de la
réduction des C.S.E. sur les catégories de “bas salaires” se traduit par une
efficacité accrue de la mesure considérée. La création d'emplois, toutes
catégories salariales confondues, s'élève à 26 800 en fin de période. Le coût
budgétaire ex post par emploi créé atteint ici 0,4 million de francs,
contre 2,1 millions en l'absence de ciblage. Le fait que ce coût soit, à court
terme, le double de ce qu'il est après quatre années montre bien l'importance de
laisser aux mesures considérées un délais suffisant pour engendrer tous leurs
effets. Notons que les résultats pour le ciblage sur les “bas salaires” sont
fortement tributaires de l'hypothèse retenue pour l'élasticité-prix de cette
catégorie d'emplois, le postulat étant que celle-ci est plus forte que pour les
autres catégories de salariés (cf. infra pour une discussion de
cette hypothèse; on suppose ici que l'élasticité-prix des “bas salaires” est
deux fois supérieure à celle des autres salariés).
Tableau 2. Synthèse
des résultats des variantes de réduction de Cotisations Sociales Employeurs
(différences par rapport à la base en t et t+4) : les indicateurs relatifs à
l'emploi
|
Réduction linéaire |
Analyse sectorielle |
Réduction pour bas salaires (d = 2) |
|
Réduction dans industries manufacturières |
Réduction dans secteur des services |
|
|
t |
t + 4 |
t |
t + 4 |
t |
t + 4 |
t |
t + 4 |
Emploi total, en % |
0,17 |
0,35 |
0,07 |
0,32 |
0,25 |
0,38 |
0,52 |
0,84 |
Emploi salarié marchand, en % |
0,17 |
0,39 |
0,08 |
0,39 |
0,23 |
0,40 |
0,50 |
0,92 |
Coût salarial horaire marchand ex post (en %) |
-1,02 |
-1,08 |
-0,99 |
-1,10 |
-1,06 |
-1,09 |
-1,08 |
-1,17 |
Elasticité ex post de l'emploi marchand au coût salarial |
-0,17 |
-0,33 |
-0,07 |
-0,30 |
-0,24 |
-0,36 |
-0,50 |
-0,74 |
Coût budgétaire ex ante par emploi créé, en millions |
5,7 |
3,3 |
14,0 |
3,4 |
3,9 |
3,1 |
1,9 |
1,4 |
Coût budgétaire ex post par emploi créé, en millions |
4,2 |
2,1 |
11,1 |
2,1 |
2,8 |
2,0 |
0,9 |
0,4 |
Prix
Les mesures considérées
ont toutes pour effet de modérer l'évolution du niveau général des prix. La
réduction des C.S.E. initie une baisse des coûts de production des entreprises.
Cette baisse varie donc suivant l'intensité en main d'oeuvre de chaque secteur
(les services sont donc particulièrement “avantagés”). Cette baisse autorise non
seulement un accroissement de l'emploi, mais également une amélioration des
marges bénéficiaires pour les entreprises (tableau ci-dessous). Cet
accroissement des marges est surtout sensible dans les services marchands,
tandis que les secteurs exposés profitent au maximum de la réduction de leur
coût de production pour améliorer leur position concurrentielle et accroître
leurs exportations. Cet arbitrage sectoriel est bien reflété par l'ampleur
respective des impacts sur le niveau général des prix et le P.I.B. Ce dernier
est principalement accrû grâce aux regains d'activité concentrés dans les
secteurs industriels, et ce au prix d'une limitation drastique de
l'accroissement des marges.
Le ciblage sur les “bas
salaires” se traduit, en moyenne dans l'économie, par une réduction plus faible
du coût salarial par unité produite en raison des créations d'emplois plus
soutenues. L'indice des prix à la consommation connaît par conséquent un repli
plus modéré qu'avec la réduction linéaire.

Finances publiques
Les impacts ex post
des mesures considérées sur les finances publiques vont dépendre du nombre
d'emplois créés (recettes de cotisations sociales et d'impôts directs, réduction
des prestations chômage), du surcroît d'activité (recettes de taxation indirecte
et impôt des sociétés) ainsi que de l'évolution des prix (dépenses indexées). Il
ressort que la réduction des cotisations sociales ciblée sur les “bas salaires”
(avec l'hypothèse que l'élasticité-prix des “bas salaires” est deux fois
supérieure à celle des autres salariés) offre le taux “d'auto-financement” le
plus élevé (69 %) puisque le déficit des Administrations Publiques ne s'aggrave
que de 11,9 milliards après cinq ans pour une mesure s'élevant ex ante à
37,9 milliards; comparativement, la réduction linéaire des C.S.E. ne s'auto-finance
qu'à 36 % après cinq ans. Calibrées à 30 milliards ex ante, les mesures
considérées ici se traduisent donc, après quatre ans, par une dégradation du
solde courant et en capital des Administrations Publiques de l'ordre de 0,2 % du
P.I.B. dans le cas linéaire, et de 0,1 % dans le cas ciblé.
Tableau 3. Synthèse
des résultats des variantes de réduction de Cotisations Sociales Employeurs
(différences par rapport à la base en t et t+4) : les revenus
|
Réduction linéaire |
Analyse sectorielle |
Réduction pour bas salaires (d = 2) |
|
Réduction dans industries manufacturières |
Réduction dans secteur des services |
|
|
t |
t + 4 |
t |
t + 4 |
t |
t + 4 |
t |
t + 4 |
Masse salariale en % du Revenu national (point de %) |
-0,35 |
-0,28 |
-0,38 |
-0,28 |
-0,36 |
-0,31 |
-0,24 |
-0,10 |
Revenu disponible réel des ménages (en %) |
0,19 |
0,18 |
0,17 |
0,21 |
0,24 |
0,17 |
0,24 |
0,14 |
Comportement de marge des entreprises (hors agriculture) : |
|
Taux de marge (EBE. corrigé pour les indépendants en % de la valeur ajoutée
au c.f.) : en point de % |
0,57 |
0,48 |
0,49 |
0,37 |
0,69 |
0,61 |
0,40 |
0,22 |
Coûts de production (en %)
Prix de production au
c.f. (en %) |
-0,60
-0,28 |
-0,59
-0,27 |
-0,45
-0,37 |
-0,57
-0,45 |
-0,71
-0,21 |
-0,59
-0,10 |
-0,64
-0,27 |
-0,33
-0,15 |
Glissement des revenus disponibles des agents (en point de % du PIB) |
|
Ménages |
0,12 |
0,09 |
0,14 |
0,09 |
0,09 |
0,07 |
0,10 |
0,07 |
Entreprises |
0,17 |
0,17 |
0,18 |
0,16 |
0,18 |
0,19 |
0,10 |
0,07 |
Etat |
-0,29 |
-0,26 |
-0,31 |
-0,24 |
-0,28 |
-0,27 |
-0,21 |
-0,14 |
Reste du monde |
0,01 |
0,00 |
-0,01 |
-0,02 |
0,02 |
0,01 |
0,02 |
0,01 |
Glissement en % de la perte de l'Etat |
|
Ménages |
41 |
35 |
45 |
39 |
32 |
26 |
45 |
49 |
Entreprises |
57 |
66 |
58 |
69 |
61 |
71 |
48 |
47 |
Globalement, les
variantes considérées modifient la répartition du revenu disponible entre
ménages, entreprises et état. Les glissements qui s'opèrent reflètent l'ensemble
des effets analysés ci-dessus, dans une perspective nominale (c'est-à-dire
compte tenu des mouvements des prix). On constate (cf. tableau ci-dessus)
que, logiquement, ces variantes de réduction des C.S.E. sans modalité de
financement ont pour conséquence de réduire la part du revenu national affectée
à l'état (transfert vers les autres agents). La position des deux autres agents
s'améliore subséquemment, mais essentiellement au bénéfice des entreprises, à
l'exception de la configuration “bas salaires” au sein de laquelle les ménages
sont davantage favorisés du fait des fortes créations d'emplois.

3.2. Deuxième groupe :
les variantes de financement par les taxes indirectes
Le deuxième groupe de
mesures se compose de trois variantes de financement alternatif de la Sécurité
sociale via une hausse des taxes indirectes : T.V.A., élargissement de la
taxe énergie et mise en oeuvre d'une taxe CO2/énergie. L'impact sur les
principaux indicateurs macroéconomiques est donné au tableau ci-dessous.
Tableau 4. Synthèse
des résultats des variantes de financement par les taxes indirectes (différences
par rapport à la base en t et t+4) : les indicateurs macroéconomiques de base
|
TVA |
Cotisation énergie |
Taxe CO2 / énergie |
t |
t + 4 |
t |
t + 4 |
t |
t + 4 |
PIB (en %) |
-0,10 |
-0,23 |
-0,14 |
-0,13 |
-0,07 |
-0,14 |
Multiplicateur de l'activité |
0,26 |
0,60 |
0,39 |
0,40 |
0,17 |
0,38 |
Emploi total (en milliers) |
-2,30 |
-9,30 |
-1,30 |
-3,20 |
-0,80 |
-3,90 |
Prix de la consommation privée
(en %) |
0,32 |
0,62 |
0,66 |
0,56 |
0,28 |
0,24 |
Déflateur du PIB (en %) |
0,34 |
0,53 |
0,34 |
0,31 |
0,21 |
0,20 |
Coût salarial par unité produite (en %) |
0,26 |
0,53 |
0,22 |
0,15 |
0,11 |
0,11 |
Solde courant et en capital des Administrations publiques : |
|
ex ante, en milliards |
31,20 |
37,50 |
30,00 |
31,60 |
32,20 |
35,90 |
ex post, en milliards |
24,50 |
32,10 |
22,80 |
27,30 |
28,60 |
40,40 |
en % du PIB |
0,31 |
0,33 |
0,28 |
0,28 |
0,36 |
0,41 |
Solde courant et en capital ex post en milliards : |
|
du Pouvoir central |
21,20 |
35,60 |
20,10 |
30,30 |
26,70 |
41,70 |
de la Sécurité sociale |
3,20 |
-4,60 |
0,90 |
-5,90 |
0,30 |
-3,90 |
Solde extérieur courant en milliards |
4,30 |
18,90 |
8,60 |
14,10 |
7,60 |
20,50 |
en % du PIB |
0,04 |
0,18 |
0,10 |
0,14 |
0,09 |
0,21 |
Les mesures simulées
permettent de prélever ex ante 30 milliards ; les impacts dépressifs de
cette ponction sur les revenus des ménages et entreprises se traduisent par des
pertes d'emploi allant de 3 000 (augmentation de la cotisation énergie) à 9 300
(hausse de la T.V.A.) après cinq ans. L'ampleur de ces pertes d'emplois
s'explique par la combinaison des effets sur les prix et sur le volume de
l'activité.
La hausse de la T.V.A.,
avec ses effets directs sur l'indice des prix et l'indexation salariale, offre
sans ambiguïté le plus mauvais compromis puisque P.I.B. et prix à la
consommation y sont les plus dégradés. Les impacts sur l'activité et l'emploi
des deux mesures sur l'énergie sont assez similaires. Dans la mesure où
l'augmentation de la cotisation énergie ne concerne pas les entreprises, les
pertes d'emplois constatées sont uniquement redevables aux effets induits
(notamment via la forte ponction sur le revenu des ménages). Par contre,
bien que la taxe CO2/énergie s'applique à tous les agents, les pertes d'emplois
sont limitées par l'incitation qu'elle introduit à substituer du capital
consommateur d'énergie à de la main d'oeuvre (substitutions entre les facteurs
de production).
Le gain budgétaire par
emploi détruit (tableau ci-après) s'avère assez contrasté entre ces trois
simulations puisqu'il va du simple au triple, de la variante T.V.A. (3,5
millions) à la taxe CO2/énergie (10,4 millions). La cotisation énergie offre une
efficacité proche de la taxe sur les énergies fossiles (8,5 millions).
En terme d'impact sur les
prix, les résultats des simulations sont également assez tranchés entre les
variantes, avec toutefois une typologie différente. La hausse de la T.V.A. et de
la cotisation énergie sont les mesures les plus inflationnistes (avec un effet
plus graduel pour la T.V.A., lié aux délais d'ajustement). Les mécanismes en
oeuvre sont néanmoins différents.

La première mesure
enclenche une spirale prix-salaires qui s'auto-alimente via
l'alourdissement du coût salarial par unité produite tandis que la seconde
mesure, bénéficiant de l'effet indice santé (la hausse des prix énergétique ne
se répercute pas dans l'indexation salariale), épargne les coûts salariaux tout
en dégradant le niveau général des prix. La taxe CO2/énergie, en impliquant
l'ensemble des agents économiques, offre une toute autre physionomie. Les coûts
de production s'élèvent tandis le coût salarial par unité produite est épargné;
l'évolution des prix de production permet, dans un contexte macroéconomique peu
inflationniste, d'épargner les marges bénéficiaires des entreprises (-0,07
point). L'impact global sur l'indice des prix à la consommation est donc assez
limité.
Les résultats en termes
de Finances publiques sont largement tributaires des évolutions de prix dans les
trois variantes. La hiérarchie qui ressort n'est donc pas très surprenante, la
mesure la plus inflationniste et la plus dépressive (hausse de la T.V.A.)
accusant un manque à gagner budgétaire important (5,4 milliards en t+4)
proche de celui de la cotisation énergie (4,3 milliards). Ces deux mesures
permettent de dégager une marge budgétaire de l'ordre de 30 milliards ex post.
La taxe CO2/énergie bénéficie par contre d'un environnement plus favorable
(moindre destructions d'emplois, peu d'inflation induite) et permet d'améliorer
le solde des Administrations publiques de 40 milliards ex post, avec un
bonus de 4,5 milliards engendré par les impacts macroéconomiques (faible
accroissement des dépenses grâce à l'indice santé).
Tableau 5. Synthèse
des résultats des variantes de financement par les taxes indirectes (différences
par rapport à la base en t et t+4) : les indicateurs relatifs à l'emploi
|
TVA |
Cotisation énergie |
Taxe CO2 / énergie |
t |
t + 4 |
t |
t + 4 |
t |
t + 4 |
Emploi total (salarié et indépendant) en % |
-0,08 |
-0,29 |
-0,04 |
-0,10 |
-0,03 |
-0,12 |
Emploi salarié marchand en % |
-0,08 |
-0,32 |
-0,05 |
-0,11 |
-0,03 |
-0,14 |
Coût salaire horaire marchand ex post (en %) |
0,22 |
0,57 |
0,10 |
0,11 |
0,06 |
0,09 |
Gain budgétaire ex ante par emploi détruit en millions |
13,3 |
4,0 |
23,1 |
9,8 |
39,7 |
9,2 |
Gain budgétaire ex post par emploi détruit en millions |
10,4 |
3,5 |
17,6 |
8,5 |
35,2 |
10,4 |
Les glissements de
revenus afférents à ces trois simulations (tableau ci-dessous) montrent bien le
transfert opéré en faveur de l'état (accroissement de sa part dans le revenu
national de 0,3 à 0,4 point). La contribution du reste du monde est
particulièrement importante dans la variante CO2/énergie du fait d'un repli
significatif des importations d'énergie; c'est également la variante pour
laquelle la contribution relative des ménages est la plus faible.
Tableau 6. Synthèse
des résultats des variantes de financement par les taxes indirectes (différences
par rapport à la base en t et t+4) : les revenus
|
TVA |
Cotisation énergie |
Taxe CO2 / énergie |
t |
t + 4 |
t |
t + 4 |
t |
t + 4 |
Masse salariale en % du Revenu national (point de %) |
-0,04 |
-0,03 |
0,11 |
0,09 |
0,05 |
0,05 |
Revenu disponible réel des ménages (en %) |
-0,40 |
-0,63 |
-0,65 |
-0,63 |
-0,29 |
-0,42 |
Comportement de marge des entreprises (hors agriculture) : |
|
Taux de marge (EBE. corrigé pour les indépendants en % de la valeur ajoutée
au c.f.) : en point de % |
-0,40 |
-0,42 |
-0,21 |
-0,16 |
-0,08 |
-0,07 |
Coûts de production (en %) |
0,11 |
0,28 |
0,16 |
0,14 |
0,26 |
0,25 |
Prix de production au c.f. (en %) |
0,04 |
0,06 |
0,16 |
0,12 |
0,20 |
0,17 |
Glissement des revenus disponibles des agents (en point de % du PIB): |
|
Ménages |
-0,19 |
-0,23 |
-0,14 |
-0,18 |
-0,11 |
-0,18 |
Entreprises |
-0,20 |
-0,20 |
-0,14 |
-0,12 |
-0,06 |
-0,09 |
Etat |
0,33 |
0,36 |
0,28 |
0,28 |
0,35 |
0,41 |
Reste du monde |
0,07 |
0,07 |
0,01 |
0,02 |
-0,17 |
-0,15 |
Glissement en % du gain de l'Etat
|
|
Ménages |
58 |
64 |
51 |
65 |
33 |
43 |
Entreprises |
62 |
56 |
51 |
43 |
18 |
22 |

3.3. Troisième groupe :
les variantes de financement par les taxes directes et assimilées
Le troisième groupe
comprend quatre variantes :
- une variante de baisse
du revenu disponible des ménages via une diminution des prestations de la
Sécurité sociale,
- et trois variantes de taxation directe affectant le revenu disponible des
agents, ménages et/ou entreprises:
- une variante de
relèvement de la fiscalité des revenus mobiliers,
- deux variantes d'élargissement de l'assiette des cotisations sociales :
* une variante de
cotisation compensatoire des sociétés (C.C.S.) frappant les revenus des
entreprises (ce qui en terme de mécanismes macroéconomiques équivaut dans le
modèle à une hausse de l'impôt des sociétés),
* une variante d'instauration d'une cotisation sociale généralisée (C.S.G.)
frappant tous les revenus des ménages et des entreprises.
Les différentes mesures
sont calibrées de manière à produire un rapport ex ante de 30 milliards
pour les finances publiques.
L'impact de ces
dispositifs sur les indicateurs macroéconomiques de base est présenté dans le
tableau ci- dessus.
Tableau 7. Synthèse
des résultats des autres variantes de financement (différences par rapport à la
base en t et t+4) : les indicateurs macroéconomiques de base
|
Précompte mobilier |
CCS affectée à la SS (2) |
CSG affectée à la SS (3) |
Baisse des prestations sociales |
t |
t + 4 |
t |
t + 4 |
t |
t + 4 |
t |
t + 4 |
PIB (en %) |
0,0 |
-016 |
-0,03 |
-0,12 |
-0,15 |
-0,15 |
-0,16 |
-0,15 |
Multiplicateur de l'activité |
0,0 |
0,43 |
0,08 |
0,36 |
0,39 |
0,40 |
0,43 |
0,41 |
Emploi total (en milliers) |
0,1 |
-4,3 |
-0,4 |
-3,2 |
-2,7 |
-4,5 |
-3,0 |
-4,7 |
Prix de la consommation privée
(en %) |
-0,01 |
-0,07 |
0,01 |
-0,02 |
0 |
-0,08 |
-0,01 |
-0,09 |
Déflateur du PIB (en %) |
-0,01 |
-0,13 |
0,02 |
-0,01 |
-0,04 |
-0,12 |
-0,05 |
-0,13 |
Coût salarial par unité produite (en %) |
-0,1 |
-0,4 |
0,02 |
0,01 |
0,08 |
-0,03 |
0,09 |
-0,03 |
Solde courant et en capital des Administrations publiques : |
|
ex ante, en milliards |
30,0 |
36,8 |
30,0 |
33,1 |
29,7 |
35,9 |
30,0 |
34,9 |
ex post, en milliards |
31,8 |
39,9 |
30,5 |
35,6 |
24,3 |
32,0 |
23,8 |
31,1 |
en % du PIB |
0,40 |
0,41 |
0,38 |
0,36 |
0,30 |
0,33 |
0,29 |
0,32 |
Solde courant et en capital ex post en milliards : |
|
du Pouvoir central |
31,4 |
34,0 |
-0,4 |
-7,7 |
-4,6 |
-13,5 |
-5,6 |
-13,9 |
de la Sécurité sociale |
0,4 |
5,7 |
31,0 |
42,3 |
29,0 |
45,8 |
29,5 |
45,4 |
Solde extérieur courant en milliards |
0,7 |
18,4 |
1,4 |
13,0 |
7,5 |
18,4 |
8,4 |
19,2 |
en % du PIB |
0,01 |
0,20 |
0,02 |
0,13 |
0,10 |
0,20 |
0,11 |
0,21 |
Notes
1.
Notons que, selon la directive de la Commission, la taxe est progressive : elle
est en effet accrue de l’équivalent de 1 $ par baril chaque année pour atteindre
10 $ après 7 ans. Cette partie de la directive n’est pas retenue pour notre
variante.
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