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Les travaux d'infrastructure, outil privilégié d'une politique de relance et de développement durable à l'échelle européenne, mais aussi régionale

Francis Carnoy (1)
Conseiller économique à la Fédération belge des Entrepreneurs de Travaux de Voirie

 

PLAN DE LA NOTE:

1. Rôle des infrastructures

2. Identification des nouveaux besoins

2.1. Aspects quantitatifs
2.2. Aspects qualitatifs

- Entretien et amélioration du patrimoine existant
- Aménagement et embellissement du territoire
- Amélioration de la sécurité routière
- Autres besoins sociaux et environnementaux

3. Intensité en emploi des travaux d'infrastructure

4. Arguments complémentaires

4.1. Effet-retour pour les finances publiques
4.2. Atteindre la mobilité durable

5. Conclusion

 

1. Rôle des infrastructures

Le rôle des infrastructures dans la production et le développement économique a récemment été mis en lumière par des travaux de A. MARFOUK (U.L.B.) (2), du Prof. R. PREUDHOMME (Université Paris XII) (3) et de la KREDIETBANK (4). "L'existence d'une articulation positive entre le niveau des investissements publics et le potentiel économique d'un pays, sa productivité et, plus généralement, sa compétitivité ne semble pas faire de doute", résume le CCE , en précisant que la portée précise de cette relation se révèle cependant difficile à établir par la voie de l'analyse économique appliquée.

Les infrastructures de communications, par leur utilité collective (mobilité des biens et des personnes) et leurs effets d'entraînement (productivité des agents économiques, rentabilité des investissements), constituent une condition nécéssaire (mais non suffisante) de création de la valeur ajoutée et donc du PIB et de l'emploi.

Le plus brillant avocat des infrastructures est sans conteste Jacques DELORS. Le "Livre Blanc" se fonde, e.a., sur l'importance des externalités positives des réseaux de transport. Ces externalités sont de plusieurs types:

1. Effet conjoncturel: effets multiplicateurs à court terme (croissance, emploi) de l'investissement public (construction et entretien du réseau) sur l'activité de construction;

2. Effets d'entraînement à moyen-long terme (génération de revenus en faveur de la collectivité et de l'Etat) dus à l'amélioration des conditions de croissance: réseaux plus performants mis à la disposition d'usagers plus nombreux (gains de temps, échanges accrus de personnes, biens et services).

3. développement régional, tourisme, accessibilité culturelle et sociale, etc.

 

2. Identification des nouveaux besoins

2.1. Aspects quantitatifs

La Belgique est dotée d'un réseau de communications (route, rail, voie d'eau) en grande partie achevé. La réalisation d'un nombre limité de nouveaux tronçons routiers (de même que ferroviaires et hydrauliques) est cependant encore nécessaire:

- achèvement de chaînons manquants pour rentabiliser des investissements déjà consentis;
- désenclavement de zones mal désservies;
- contournements d'agglomération.

Le Mémorandum 1995 du Conseil économique et social de la Région wallonne (C.E.S.R.W.) aux Pouvoirs exécutifs contient un certain nombre de propositions en la matière.

Cet aspect quantitatif (extension de réseau ou accroissement de capacité) n'est pas à sous-estimer. L'évolution de la mobilité des personnes est une tendance "lourde", structurelle qui, bien au-delà des influences conjoncturelles, repose sur des facteurs démographiques, sociologiques, économiques et géographiques. Une croissance de la mobilité d'environ 40% d'ici 2005 est attendue. Quant au trafic international routier (personnes et marchandises), l'étude "European Community Motorways Network Perspectives, 2010 Horizon" réalisée par un groupe d'experts internationaux pour la Commission européenne, décrit des scénarios de croissance qui varient pour la période 1989-2010 entre 100% et 156%. Ces prévisions sont d'autant plus crédibles que l'on sait que, de 1985 à 1993, en huit années à peine, l'intensité de la circulation routière en Belgique a augmenté de 62% sur autoroute.

Il faudrait encore évoquer la création et l'extension des infrastructures de télécommunications: câbles téléphoniques, "autoroutes" de l'information, fibres optiques, etc.

 

2.2. Aspects qualitatifs

Il s'agit de plus en plus de reconsidérer la politique de travaux publics sous un angle qualitatif (ce que souligne aussi le C.E.S.R.W.). La F.B.E.V. identifie un certain nombre de besoins:

  • 2.2.1. Entretien et amélioration du patrimoine existant

Les moyens actuels consacrés aux infrastructures publiques en Belgique sont insuffisants pour assurer la seule conservation du patrimoine existant. L'insuffisance d'entretien des infrastructures n'est pas sans conséquences (cfr ci-après). A fortiori, leur adaptation pour améliorer la mobilité et la sécurité des usagers, et leur intégration dans l'environnement sont négligés.

Exemple: le réseau routier en Wallonie: la F.B.E.V. évalue sa valeur de construction "à neuf" à 1.826 milliards (région, provinces et communes). Or, 2% au moins de cette valeur (déduction faite des expropriations et terrassements) devraient être consacrés chaque année pour la conservation et l'entretien du réseau, soit environ 37 milliards, c'est-à-dire près du triple des moyens actuels (sans compter la remise à neuf préalable à partir de son état présent).

La Belgique consacre aujourd'hui à ses investissements publics deux à trois fois moins que la moyenne européenne. Ce sont en effet les investissements publics qui ont le plus souffert des restrictions de dépenses publiques au cours de la décennie '80. Venant de 4% du PIB en moyenne durant les années '70, ils sont tombés à 1,5% en 1992. Ce sont les investissements routiers qui ont connu l'effondrement le plus net (- 60% de 1980 à 1990).

Le récent rapport de la Commission pour l'inventaire du patrimoine de l'Etat (rapport Maldague), soutenu par le Bureau du Plan (1993), s'inquiète lui-même de la dépréciation de ce patrimoine (chute de la valeur d'inventaire). Conséquence: le stock de capital public s'est mis à diminuer dangereusement (processus de vieillissement).

Or, toute détérioration du stock de capital public, spécialement dans le domaine de l'infrastructure, est préjudiciable à un triple égard:

1. elle amplifie le passif net de l'Etat: le manque d'entretien s'accumule sous forme de "dette cachée";

2. elle compromet la productivité des agents économiques et la rentabilité de l'investissement privé;

3. elle reporte sur l'usager une série de coûts indirects: inconfort, surconsommation des véhicules, insécurité, dégâts aux véhicules et aux biens transportés, etc.

Outre le Bureau du Plan et la Commission Maldague, le Conseil Supérieur des Finances et le Conseil Central de l'Economie ont tiré le signal d'alarme. Faute de remise en état et d'entretien, nos infrastructures atteindront un niveau de dégradation tel qu'une reconstruction quasi totale (un nouveau "plan Marshall") s'avérera nécessaire, à un coût nettement plus élevé.

  • 2.2.2. Aménagement et embellissement du territoire

Le type d'organisation spatiale influence la "génération" des déplacements. Un usage plus rationnel de l'espace peut donc freiner la croissance du trafic. Les plans (régionaux et communaux) d'aménagement du territoire peuvent constituer un outil partiel de maîtrise de la mobilité. Toutefois, il ne faut pas en surestimer l'impact. La structure actuelle du territoire est en effet très peu réversible. On peut infléchir les évolutions à venir de l'aménagement du territoire, mais il est impossible d'effacer ce qui est urbanisé. Cette non-réversibilité impose en priorité une action sur l'infrastructure de transport, à savoir:
- la hiérarchisation fonctionnelle du réseau;
- des aménagements physiques conformes à la fonction attribuée pour promouvoir la sécurité routière, la mobilité et/ou la qualité du cadre de vie (espace public).

En ville, la dégradation de l'espace public a amplifié l'insécurité et l'exode démographique. La réhabilitation de l'espace public doit soutenir la rénovation urbaine. Un cadre de vie de qualité (embellissement du territoire) est une condition nécessaire pour réussir la rénovation urbaine, comme la rénovation rurale.

Enfin, on peut améliorer l'intégration des infrastructures dans l'environnement sur un plan plus technique: récupération des eaux usées, revêtements silencieux, dispositifs antibruit, dispositifs de protection des faune et flore, etc. Même des grandes infrastructures (autoroutes, TGV) peuvent être "intégrées" dans leur environnement naturel et humain par des techniques appropriées.

  • 2.2.3. Amélioration de la sécurité routière

La Belgique est un des plus mauvais élèves d'Europe en matière de sécurité routière, avec un nombre de victimes dépassant de 60% la moyenne des cinq pays voisins. Le facteur humain n'est pas seul en cause. Il est vain de croire qu'on obtiendra la sécurité sur les routes en se limitant à interdire, sanctionner, verbaliser. Seul un éventail de mesures en matière d'éducation-répression, de véhicule et d'infrastructure peut rendre le trafic plus sûr.

La configuration de la route et de ses abords influence fortement le comportement des usagers. Lors de la conception ou du réaménagement de la voirie, il est donc possible d'induire le comportement adéquat (principe de lisibilité) et d'anticiper les erreurs de conduite (principe d'ergonomie).

La hiérarchisation fonctionnelle du réseau permet d'adapter la configuration de la voirie suivant la fonction attribuée. Plusieurs applications en matière de sécurité en découlent: traversées d'agglomération, gestion modulée des vitesses en agglomération, traitement des points noirs et sections noires (encore très nombreux en Belgique), etc.

D'autres aspects encore ont toute leur importance: l'entretien des revêtements, les équipements de sécurité et de signalisation (verticale et horizontale), l'éclairage, les pistes cyclables, les abords d'écoles, etc.

 

  • 2.2.4. Autres besoins sociaux et environnementaux

Il existe une série d'autres besoins environnementaux (au sens large) tels que:

  • Collecte et épuration des eaux usées: 110 milliards à investir d'ici 2005 en Wallonie pour respecter les normes européennes, dont 40 pour le renouvellement et l'extension de l'égouttage.

  • Production et distribution d'eau (sécurisation et renouvellement des équipements, démergement): en principe 40 milliards à investir d'ici 2015.

  • Traitement des déchets: ouverture de décharges agréées, création de centres de recyclage, de parcs à conteneurs et aires de compostage.

  • Réaménagement de friches industrielles, décontamination de sols.

  • Lutte contre le bruit (talus, écrans, nouveaux revêtements).

  • Création d'espaces verts, aires de sport, etc.

 

3. Intensité en emploi des travaux d'infrastructure

La construction est un secteur très intensif en emploi. Par rapport aux services marchands, à l'industrie manufacturière ou à l'énergie, c'est dans la construction que le stock de capital net par tête est, de loin, le plus faible. D'autres indicateurs renforcent ce diagnostic. La part des frais de personnel dans la valeur ajoutée brute est de 75% dans la construction contre 65% dans l'ensemble des secteurs (Centrale des Bilans, 1991). Avec 5,9 % du P.N.B., la construction occupe 6,4 % de l'emploi du pays (1991).

 

Effet emploi direct

Un milliard BEF de production en travaux de construction occupe en moyenne 338 salariés (1991, hors TVA, source INS) (6). Parmi les différentes branches de la construction, ce sont les travaux de voirie (routes et voies ferrées) qui sont les plus intensifs en main-d'oeuvre avec 363 salariés par milliard BEF de travaux. Il n'en a pas toujours été ainsi: cela résulte de la réduction de la taille des marchés publics, axés sur les petits chantiers d'entretien et d'adaptation, par rapport aux grands chantiers routiers des temps passés, plus mécanisés et axés sur l'investissement neuf. La croissance récente du marché des bâtiments non résidentiels (bureaux et commerces) avec des immeubles de conception plus industrialisée que par le passé, a évidemment soutenu cette modification dans la hiérarchie des coefficients d'emploi.

 

Effet emploi indirect

Selon les calculs de la Confédération Nationale de la Construction (C.N.C.), le secteur de la construction génère en activités complémentaires (prestations de secteurs connexes engendrées par les activités des entreprises de construction) une valeur ajoutée supplémentaire équivalente à 44% de la sienne propre, voire près de 70% en tenant compte des activités pré- et post-construction (bu- reaux d'études, signalisation routière, équipements et abords de voirie...). Diagnostic confirmé par l'analyse du tableau input/output de l'économie belge qui donne un multiplicateur d'activité de la construction de 1,5 (calculs Bureau du Plan et C.N.C.) - chiffre élevé vu la forte imbrication de l'industrie de la construction dans le tissu économique régional (7). On arrive ainsi à 507 emplois directs et indirects concernés par 1 milliard BEF (1991, hors TVA) de demande adressé au secteur de la construction.

 

Sensibilité marginale de l'emploi

Les calculs ci-dessus s'appliquent en phase statique. En raison des caractéristiques techniques et économiques de l'organisation de la production, l'effet marginal sur l'emploi d'une impulsion nouvelle de la demande de travaux est sensiblement moindre que son apport moyen. Pour évaluer la création d'emplois supplémentaires résultant d'une relance des activités (commandes supplémentaires), il convient de calculer l'élasticité de l'emploi à la production: Le Conseil Central de l'Economie (1995) obtient une élasticité à court terme de 0,56, et la Confédération Construction Wallonne (C.C.W.) obtient une élasticité s'échelonnant à raison de 0,4 la première année, 0,3 la deuxième et 0,1 la troisième. Finalement, l'emploi salarié total lié à chaque milliard BEF de travaux de construction supplémentaires se situe, selon les sources et compte tenu des précautions méthodologiques, entre 260 et 330 unités (moyenne construction, davantage donc en travaux de voirie).

 

4. Arguments complémentaires

4.1. Effet-retour pour les finances publiques

Dans une étude effectuée en 1982, le Ministère des Travaux publics indique que, lors de travaux routiers "moyens" effectués par un entrepreneur belge (avec personnel et inputs belges), l'Etat récupère 74% du montant investi. Ce retour fiscal tient compte, pour les entrepreneurs, sous-trai- tants et fabricants de matériaux, des cotisations ONSS, taxes, impôts et TVA, ainsi que du retour au Trésor des salaires nets via le pouvoir d'achat. Le non-paiement d'allocations de chômage est considéré comme retour au Trésor.

Dans le même sens, une étude de la Fédération nationale (française) des Travaux publics (Paris, 1983) évalue à 39% le retour fiscal direct d'un investissement (TVA, cotisations sociales, taxes et impôts payés par l'entreprise). Compte tenu du retour indirect (prélèvements sur les rémunérations et sur les consommations intermédiaires de l'entreprise), le retour fiscal total perçu par l'Etat et les organismes sociaux à la suite d'un investissement moyen en travaux publics s'élève à environ 82% de la mise initiale, y compris l'économie réalisée par le non-versement d'allocations de chômage.

On notera que, si le multiplicateur joue en faveur de l'Etat lorsque ce dernier investit, par contre, dans l'hypothèse inverse où l'Etat réduit les investissements publics, le multiplicateur agit en sens inverse et entraîne une baisse du revenu national ainsi que la perte d'une série de recettes (outre l'accroissement des dépenses de chômage).

 

4.2. Atteindre la mobilité durable

Les problèmes liés au trafic routier sont régulièrement dénoncés: congestion, pollution, bruit, insécurité. Ces "coûts externes" de la route sont évalués entre 100 et 200 milliards BEF/an pour la Belgique. Certains en déduisent que "la route ne couvre pas ses coûts" et qu'il convient de réduire davantage les investissements routiers. Cette déduction est erronée:

1. L'apparition des coûts externes a été accélérée (voire partiellement provoquée) par l'effondrement des investissements routiers depuis 1980 (non-adaptation et non-sécurisation du réseau), alors que la demande de déplacements progressait.

2. Le secteur routier rapporte 308 milliards de rentrées fiscales annuelles (1990), à comparer aux 87 milliards de dépenses consacrées à la route (investissement, entretien et exploitation pour les routes de l'Etat, des régions, provinces et communes). La balance reste positive même en y incluant la part de l'infrastructure routière dans la charge des intérêts de la dette publique, soit 17 milliards par an (source: FEB).

3. Les "coûts externes" (indirects) doivent être comparés aux bénéfices indirects (cfr supra). La littérature existante (y compris l'O.C.D.E. ) (8) ne permet pas d'affirmer que les coûts dépassent les bénéfices.

4. La problématique concerne aussi les autres modes de transport. L'Etat et les Régions interviennent à hauteur de 83 milliards/an (chiffre 1994) pour couvrir les déficits d'exploitation (hors investissements) des sociétés SNCB, De Lijn, TEC et STIB. Il est urgent, dans le cadre du débat sur la mobilité durable, de dresser l'inventaire des coûts et bénéfices (directs et indirects) de tous les modes ("comptes transport").

5. Les alternatives au transport privé et les mesures connexes (télétravail, car-pooling, plans- transport d'entreprises, télématique, road-pricing, aménagement plus rationnel du territoire), bien que souvent justifiées, ne suffiront pas à contenir la croissance attendue de la mobilité. Le transfert de 10% de la capacité de la route vers le rail et la voie d'eau entraînerait l'obligation d'augmenter de 50% la capacité de ces autres modes.

6. Une augmentation excessive du coût du transport routier conduirait à relever le coût moyen du transport (tous modes confondus) et serait porteur d'effets pervers (inflation, perte de compétitivité, suppressions d'activités, enclavement rural...). Les effets bénéfiques de la libre circulation dans le marché unique européen seraient directement affectés.

7. Les coûts externes peuvent être réduits par une infrastructure adaptée ou par le progrès technologique (moteurs "propres", revêtements silencieux, télématique routière, etc.).
L'internalisation technique des coûts externes (réduction des nuisances à efficience constante) est plus efficace que leur internalisation fiscale.

8. Il est évident que dans plusieurs "vecteurs" de déplacements, les transports non-routiers possèdent des avantages spécifiques: transports à longues distances, transport de pondéreux, navettes urbaines, etc. Il faut promouvoir la spécialisation des différents modes selon les caractéristiques des flux à traiter, et organiser leur combinaison (multimodalité, intermodalité) selon les avantages de chacun. Pour être "durable", une politique doit être supportable financièrement. La bilan économique et social de la route en fait un partenaire nécessaire de la mobilité durable (système de transport offrant le meilleur service collectif au moindre coût global: économique, social, budgétaire, écologique).

 

5. Conclusion

Un large faisceau d'arguments de nature économique, environnementale et sociale, plaident donc en faveur d'une politique plus volontariste d'investissements publics.

Un comité d'académiques belges a récemment confirmé que les travaux publics sont bien indiqués comme outil d'une politique de relance privilégiant l'emploi. La F.B.E.V. ajoute que la forte composante keynésienne du chômage plaide a fortiori pour une politique de relance de la demande dans l'esprit du Livre blanc. En outre, les travaux publics entraînent des retours fiscaux et parafiscaux significatifs.

Le rationnement des investissements favorables au développement économique et à la qualité de la vie est un mauvais calcul à long terme et conduira à affaiblir la position économique (voire politique) de la Belgique, sachant que les pays voisins investissent au moins deux fois plus que nous en infrastructures. Le retour à une croissance plus généreuse serait freiné aujourd'hui par le sous- investissement du secteur public, selon le Conseil Central de l'Economie (1994). Déjà dans son avis du 2/12/93, le C.C.E. indiquait la nécessité de "porter remède aux coûts économiques, sociaux et environnementaux du sous-investissement (public) actuel".

Il est urgent, dit aujourd'hui le C.C.E. (9), que "le marché belge de la construction se réalimente à des sources d'activité prometteuses mais trop peu encore valorisées aujourd'hui dans leurs dimensions économiques et sociales" (rénovation urbaine, protection de l'environnement, entretien et sécurisation des réseaux...).

 

 

Notes

1. lic. sc. géog., lic. sc. écon., conseiller économique de la Fédér. belge des entrepreneurs de travaux de voirie (FBEV).
2. "L'impact de l'infrastructure sur le développement régional". A. Marfouk, Département d'économie appliquée (Dulbéa), ULB.
3. Cité par F. Carnoy: "L'utilité des infrastructures: un apport économétrique", hebdomadaire Construction, 15 avril 1994.
4. "Investissements publics et croissance économique". Bulletin hebdomadaire n 30, 15 octobre 1993.
5. "Investissements publics, potentiel économique et construction". Avis de la Commission Consultative Construction du Conseil Central de l'Economie, Bruxelles, 29 juin 1994.
6. Compte non tenu de la sous-traitance. Un taux de sous-traitance nul conduirait, toutes choses égales par ailleurs, à un coefficient moyen d'emploi direct de 455 travailleurs.
7. L'input de la construction est alimenté à raison de 65 % de biens et services d'origine nationale: le secteur fait largement appel à la production locale et possède un relativement faible contenu en importations (directes ou indirectes): de l'ordre de 25 % seulement.
8. "Entretien et réhabilitation des routes" (pp. 69-77). OCDE, 1994.
9. CONSEIL CENTRAL DE L'ECONOMIE: "Stratégies pour le secteur de la construction - Une lecture générale du rapport final de 'L'étude stratégique sur le secteur de la construction' réalisée à la demande de la Commission des Communautés européennes". Commission consultative de la Construction, Bruxelles, 3 mai 1995.

 


 

 

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