Les entreprises
stratégiques et les PME de pointe et de service
Rôle des Intercommunales de développement économique
Henry
Dehareng
Adjoint de Direction au
Développement économique à l'IDETA
Introduction
Les 10 et 11 décembre
1993 était adopté par les chefs d'Etat et de gouvernement lors du Conseil
Européen de Bruxelles le " Livre Blanc " abordant les difficiles questions de "
Croissance , compétitivité et emploi " à l'aube du XXIe siècle.
Quelques jours
auparavant, le Président de la Commission Européenne, Jacques DELORS, faisait au
Parlement Européen un discours d'où émanait la question essentielle : "
Saurons-nous créer du travail pour lutter contre le chômage ? ".
Trois éléments de cette
allocution me paraissent entrer parfaitement dans le cadre de mon travail qui
est de traiter du rôle des entreprises de pointe et des PME dans un tel
contexte.
1 ) " Il faut créer
du travail parce qu'il y a des besoins. Je suis donc partisan d'une économie de
besoins et non pas d'une économie de répartition de la pénurie ".
Première ligne de
force - L'émergence de besoins nouveaux entraînant une recherche à
satisfaire la demande, je traduirais cela pour l'entreprise par la création de
nouveaux marchés visant à la satisfaction des besoins, circonstance
indispensable pour le développement des PME.
2 ) " L'élément
primordial, c'est essentiellement notre capacité à maîtriser le progrès
technique, à nous porter vers l'avenir dans une période de grandes mutations
scientifiques et technologiques ".
Ceci se traduirait dans
l'entreprise de pointe par de " nouveaux produits - nouveaux services - nouvelle
compétitivité " en soulignant le rôle primordial de l'innovation et de la
CREATIVITE.
3 ) " Aller vers un
modèle de développement nouveau, une société active qui se prenne en charge, qui
retrouve l'optimisme ".
Ceci ferait appel dans
l'entreprise aux notions de " culture, ressources humaines, cadre stable de
développement, partenariats ".
Pour activer un tel
programme, il faut adopter le comportement d'une société dont les êtres ont
intégrer l'expression suivante" Il faut marcher en pensant " car pour ne
pas subir le changement inhérent à toute activité humaine, il faut le diriger,
d'où l'importance de la pensée créative.
L'Europe nouvelle en
gestation arrivera-t-elle à faire le pas dans la bonne direction ?
Je vais dans mon travail
rechercher et témoigner des circonstances que je considère comme des étapes
favorables à la construction de ce nouveau réseau harmonieux qui fera naître, se
développer et se transformer les entreprises.
On y trouvera trois axes
principaux :
-
Les Régions devant
l'Union Européenne
* Le développement
local des régions défavorisées.
* Les nouveaux pôles transfrontaliers
* Les structures publiques - Intercommunale de Développement Economique
-
l'Entreprise face à
ses nouveaux partenaires et à des comportements nouveaux de créativité et
d'innovation - les programmes futurs
-
Réflexion sur le rôle
de l'entreprise et de la PME
* " Témoignage - espoir ".
J'espère que ces éléments
pourront contribuer à la réflexion du rapport de synthèse de la Commission
présidée par le Professeur THIRY.

1/ Le développement
local - les régions - les nouveaux pôles - les structures publiques.
La situation des régions
défavorisées a des causes profondes, auxquelles il s'agit d'apporter des
solutions structurelles.
Toutes connaissent des
difficultés communes :
-
l'insuffisance des
infrastructures de base (transport - énergie - eau - protection -
environnement - télécommunication)
-
la faible
qualification du personnel et de retard de la recherche et du développement
technologique.
-
l'inadaptation des
marchés financiers locaux aux besoins des PME en matière de crédit.
Pour y remédier, la
Communauté a défini des priorités économiques et sociales, au travers
d'objectifs de développement appliqués dans des programmes qui améliorent la
cohésion économique et sociale. Ces programmes financés par les Fonds
structurels de la Communauté constituent une base indispensable aux activités
économiques et donc un soutien indirect aux entreprises.
On y trouve des mesures
favorisant la croissance comme :
La sélection de ces
mesures est assurée par les autorités nationales ou régionales et adoptées par
la Commission. Les acteurs socio-économiques qui souhaitent bénéficier d'un
soutien des Fonds structurels s'adresseront à ces autorités.
C'est dans ce cadre de "
L'Europe au service du développement régional " que le programme Objectif 1 -
adaptation économique des régions en retard de développement fut obtenu pour le
Hainaut par la Ministre-Président de la Région Wallonne, Monsieur Guy Spitaels.
En effet, la Province du
Hainaut a été classée au sein de la liste des régions en retard de développement
pouvant bénéficier des aides accordées en raison de son très faible niveau de
Produit Intérieur Brut par habitant. Le problème réside dans une faiblesse
des activités économiques déployées et un manque de dynamisme des PME pour se
reconvertir ou diversifier leurs activités.
Une des raisons du
désintérêt des investisseurs potentiels pour le Hainaut réside dans la
faiblesse de l'activité tertiaire marchande en général et d'encadrement de haut
niveau pour les entreprises en particulier.
C'est pour cette raison
que les intercommunales de développement économique hennuyères ont été mandatées
par la Région pour assurer la coordination des projets.
Quelle action concrète et
créatrice d'emplois une Intercommunale comme Ideta peut-elle mener dans la
région du Hainaut occidental ?
Je voudrais ici faire un
relevé des actions pour lesquelles IDETA a un rôle pilote et de partenariat.
Les réalisations ne
manquent pas : elles peuvent se déployer dans des domaines aussi divers que
l'aide aux entreprises, le tourisme, l'urbanisme, ...
Un des grands buts
d'Ideta est de renforcer l'infrastructure industrielle de la région grâce à
l'extension des zones industrielles et ce grâce à des expropriations en vue de
la vente de terrains à de nouvelles entreprises, soit grâce à la réalisation de
halls-relais qui pourront abriter des entreprises, créant ainsi de nouveaux
emplois sans parler de l'aide à l'innovation technologique aux PME (animation
économique).
Un deuxième secteur
d'activités est celui de l'urbanisme et de l'aménagement du territoire. Comme
réalisations concrètes dans ce domaine, on peut mentionner des programmes
communaux de développement rural, qui trouvent leur pendant à l'intérieur des
villes dans des études d'urbanisme. Pour donner un exemple : la ville de Tournai
a confié à Ideta l'étude de l'aménagement d'une partie du centre ville.
La campagne n'est pas non
plus négligée : une action est menée en vue de l'aménagement de parcs naturels,
tel le parc naturel des Plaines de l'Escaut qui se réalise dans le cadre du
programme transfrontalier Interreg.
Aujourd'hui, nous
développons des activités de transport multimodal sur la métropole franco-
belge. Nous espérons de cette façon entrer dans le grand monde de la logistique
et d'attirer de cette façon une multitude de nouvelles PME de services.
Dans ce cadre, il est
utile de souligner l'importance pour une région frontalière comme celle du
Hainaut occidental du rôle joué par la proximité d'une ville comme Lille et la
région Nord Pas de Calais, qui peut jouer un rôle d'embrayeur dans une région où
l'arrivée du T.G.V. et du tunnel sous la Manche laissent augurer d'un renouveau
économique important grâce à l'ouverture de nouveaux marchés. La proximité d'une
ville comme Villeneuve d'Ascq avec son université et ses centres de recherche
représente aussi un atout non négligeable.
Toutes ces actions sont
créatrices d'emplois : et ce dans des domaines et à des niveaux très variés :
que ce soit dans le domaine commercial, industriel, dans le tourisme, ou dans la
recherche : un potentiel de cadres ou de main d'oeuvre couvrant différentes
qualifications est nécessaire.

2/ L'entreprise face à
ses nouveaux partenaires et à des comportements nouveaux de créativité et
d'innovation
Si le mot " créativité
" peut donner la sensation suffisamment forte de ce que l'entreprise doit
aujourd'hui porter dans sa fibre, je me trouve bien désarmé pour traduire en
deux pages ce " matériau composite " qui fait sa nouvelle structure et
qui lui permettra de " s'européaniser ". On l'appelle innovation.
Est-il encore possible de
mesurer d'une façon concrète l'impact sur les PME des programmes européens à
travers l'avalanche de publications euphorisantes sur le sujet, donnant remèdes
et conseils ?
Je me sens plus en mesure
d'apprécier la valeur réelle des actions engagées grâce au message de personnes
ou d'organismes dont je voudrais citer quelques avis.
-L'innovation est
" une remise en cause permanente, et pas seulement du domaine de la
technique et du produit. Elle est remise en cause de l'organisation, du
marché de la gestion des hommes mais aussi de la logistique et de l'image
projetée. L'innovation sera encore le fruit d'une collaboration
inter-entreprises car l'acte de création se fait en effet le plus souvent au
niveau de l'assemblage de technologies différentes et pas à celui de
l'optimalisation de l'une d'entre elles ".
D.Collinet, Président
U.W.E
- " La
technologie, fer de lance de l'innovation ".
L'utilisation de l'outil technologique et l'exploitation de ses possibilités
est indispensable pour pouvoir préserver la position concurrentielle.
Rapport annuel de
l'Association belge des banques.
- Les projets
susceptibles de contribuer au développement de " l'usine du futur "
Seul remède pour réconcilier automatisme et souplesse de fonctionnement :
maintenir la présence et compétence humaine dans le travail. La
réhumanisation de la technologie s'imposera peut-être dans les usines de
demain.
11ème conférence
interministérielle du réseau Eurêka.
- La Wallonie
doit innover et entreprendre, promouvoir son image, créer un réseau mondial
de collaborations commerciales et intellectuelles. L'an 2000 marquera
l'entrée dans l'ère de la créativité et de l'excellence.
W.Legros, Vice Recteur
de l'Université de Liège.
C'est sans doute dans la
convergence des idées maîtresses émanant de ces différents avis, que nous
trouverons le profil réactualisé d'une PME performante.

3/ Réflexion sur le rôle
de la PME.
Pour encore mieux
comprendre les éléments qui composent ce nouveau profil il est bon d'avoir bien
en tête la façon selon laquelle un investisseur fait le choix du pays pour
l'implantation d'une unité de production.
En suivant l'ordre établi
par un grand consultant, on trouvera la proximité des marchés comme premier
critère de localisation stratégique. Les coûts de travail ainsi que la qualité
et la disponibilité des travailleurs interviennent en deuxième rang devant dans
l'ordre : l'infrastructure de transport, les incitants financiers, l'offre en
matière de sites et enfin les langues.
La Wallonie se trouve en
position favorable en ce qui concerne le critère géographique, mais
prépare-t-elle suffisamment ses travailleurs à tirer profit de cette opportunité
et à pouvoir naturellement correspondre aux attentes de l'investisseur ? Une
conclusion du cercle économique de la Fondation Roi Baudouin attire l'attention
sur ce qu'elle a appelé les deux leviers permettant d'attirer les centres de
décision. Il s'agit de la valeur humaine et des capitaux à risque.
Si plus spécialement, on
veut aborder le thème de la PME de service, l'évolution des habitudes et
l'émergence de nouveaux comportements dans l'entreprise a favorisé "
l'externalisation " de certains services et a fait progresser le nombre de PME
de services. Les entreprises de production ont joué de plus en plus la
flexibilité et l'emploi est devenu un instrument d'ajustement. Elles ont
recherché la réduction de leurs frais généraux et se sont recentrées sur leur
métier de base. Elles donnaient à la PME de services l'occasion d'exploiter cet
espace de marché.
Si on voulait adopter ce
schéma dans l'avenir, entre grandes entreprises de production et PME de
services, ne serait-il pas nécessaire d'avoir une vision des domaines porteurs
et d'exploiter plus fortement l'idée dans nos grandes entreprises.
Durant ces deux dernières
années, j'ai eu l'occasion de participer en tant que responsable du maître
d'ouvrage - IDETA, à la création d'une nouvelle unité d'encre écologique pour un
groupe industriel américain. La région finançait en 15 années les bâtiments. Ce
groupe industriel très spécialisé a réellement amené une nouvelle technologie.
Nous pensons qu'un grand nombre de PME de proximité vont trouver de nouvelles
pistes de développement au contact de cette entreprise.
Le cas du Ministère de
l'industrie française qui a recensé les 100 technologies clés de l'an 2000 est à
suivre et par cet exercice de prospective la détection aura des retombées
positives pour l'industrie des cinq à dix prochaines années.

Conclusion
Dans ma note
préliminaire, je notais le sens donné par le dictionnaire au mot " entreprise ".
C'est la mise en exécution d'un projet.
En 1984, la Direction
générale des politiques régionales (DG XVI) de la Commission de l'Union
européennes lançait le programme des Centres européens d'entreprise et
d'innovation. Aujourd'hui une centaine de centres confirment l'utilité du
concept.
Je me réjouis d'avoir la
responsabilité de développer une telle action sur le territoire de notre
intercommunale. Une telle aventure vient profondément dimensionner par son côté
très concret et proche de la PME, le travail de responsable du développement
économique d'un axe à vocation forte pour les années à venir. Je pense que le
projet qui interpelle les acteurs sur toutes les facettes de l'entreprise sera
suivi avec beaucoup d'intérêt par les grandes sociétés de la région et je suis
sûr de leur profond attachement à la réussite de nouvelles PME. D'autre part, un
tel développement doit pouvoir donner à de futurs entrepreneurs la proximité
avec la vraie problématique de la gestion d'un plan industriel tout en étant
peut-être encore dans leurs études universitaires.
Le concept donne une
chance à chacun de s'impliquer dans un maillage européen et international sans
limite dans le cadre des nouvelles technologies et moyens de communication.
La force de la PME, c'est
donc : Il faut se mouiller ! Il faut se battre. Il faut partager. Il faut gagner
! C'est très Européen !

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