Impact de la formation
sur la trajectoire professionnelle des chômeurs
Olivier
Plasman
Chercheur à l'Université libre
de Bruxelles (DULBEA)
Introduction
Pour combattre le chômage
et en particulier le chômage de longue durée, les pays européens ont développé
différents systèmes de formation professionnelle. De nombreuses études (Pedersen
et Westergard-Nielsen, 1993, Plasman R., 1994)
(1) ont évalué
l'impact de ces politiques de formation sur les probabilités de quitter les
rangs des chômeurs de longue durée, posant la question de l'efficacité de
celles-ci. Notre étude s'inscrit dans cette perspective en s'attachant à décrire
l'effet de la formation sur les trajectoires professionnelles en Communauté
française de Belgique.
L'étude que nous
présentons ici a été effectuée dans le cadre de l'évaluation ex-post des actions
de formation cofinancées par le Fonds Social Européen (objectifs 3 et 4).
Au cours de cette
évaluation, nous avons réalisé une enquête auprès de 1000 stagiaires ayant suivi
une formation en 1991. Cette enquête visait tant à déterminer les
caractéristiques socio-professionnelles des stagiaires que leurs parcours
professionnels après la formation.
Notre exposé se divisera
en deux parties; dans la première, nous décrirons l'enquête, la méthode
d'échantillonnage employée et les premiers résultats de celle-ci. Dans la
seconde partie, après nous être rapidement rendus compte des limites des taux de
placement pour estimer l'impact d'une formation sur le devenir du stagiaire,
nous nous sommes attelés à construire, à l'aide de la grille-calendrier contenue
dans le questionnaire, la trajectoire individuelle de chaque stagiaire. Nous les
avons ensuite regroupées en quelques types homogènes nous permettant d'une part
de dégager les trajectoires d'insertion de celles d'enlisement dans le chômage
et d'autre part d'analyser les caractéristiques des stagiaires selon la
trajectoire parcourue. Enfin nous avons tenté de mieux cerner le facteurs temps
dans les processus d'insertion

Section I. Description
de l'enquête
I.1. L'enquête
L'enquête que nous avons
effectuée devait nous permettre de recueillir des données sur les
caractéristiques socio-professionnelles des stagiaires, sur leur parcours
professionnel avant et après la formation et sur la formation suivie. Elle
comportait 122 questions dont une grille-calendrier nous permettant de suivre
mois après mois la situation professionnelle du stagiaire interrogé. On trouvera
en annexe un exemplaire de cette grille. Ajoutons enfin qu'elle a été réalisée
par entretien direct enquêteur- stagiaire, le plus souvent au domicile du
stagiaire.
I.2. L'échantillon
La population de
référence était constituée par les 34.100 stagiaires ayant suivi une formation
cofinancée par le Fonds Social Européen en 1991. L'échantillon a été sélectionné
à partir de la méthode du sondage aléatoire stratifié fondée sur un tirage
simple au sein de strates préalablement définis afin de correspondre à la
population de référence.
Quatre critères sont à la
base des strates : le type d'opérateur (privé ou institutionnel), le sexe des
stagiaires, la répartition des stagiaires par objectif et le lieu d'implantation
des opérateurs.
I.3. Description
générale de l'échantillon
La ventilation des
stagiaires par âge est la suivante; 46,5 % des stagiaires de l'échantillon sont
des chômeurs de longue durée et 53,5 des jeunes à la recherche d'un premier
emploi.
Tableau I.1:
Description de l'échantillon par objectif, sexe et nationalité
Opérateurs |
Nombre d'enquêtes |
Obj. 3 (en %) |
Obj. 4 (en %) |
Femmes (en %) |
Belges (en %) |
Total |
1000 |
46,5 |
53,5 |
44 |
81 |
44 % des stagiaires interrogés sont des
femmes et 81 % des stagiaires de l'échantillon sont belges.
Tableau I.2 : Niveau d'études :
répartition des stagiaires selon leur niveau d'instruction
Diplôme |
Total |
Dem. d'emploi (1) |
Sans
Primaire
Sec. Inf.
Techn./prof. Inf.
Total Inf. |
10,4
19,6
11,6
18,8
60,4 |
-
43,1*
7,6
21,3
71,9 |
Techn./prof. Sup
Sec. Sup.
Sup. non Univ.
Sup. Univ.
Total Sup. |
11,5
11,2
7,6
2,6
10,5 |
15
5,8
5,4
1,9
7,3 |
Autres
Sans réponse |
4,7
1,7 |
0
0 |
(1) Source : INS,
Enquêtes sur les Forces de Travail, 1991.
(*) Etudes primaires, terminées ou non.
La proportion des
stagiaires de l'échantillon n'ayant pas dépassé le niveau d'études inférieur est
de 60,4 %, le chiffre correspondant pour l'ensemble des demandeurs d'emploi du
Royaume est de 71,9 %. Dans l'ensemble, les stagiaires de notre échantillon ont
donc atteint un niveau d'études supérieur à celui de la population globale des
demandeurs d'emploi.
En ce qui concerne
l'activité des stagiaires un mois avant la formation (tableau I.3), 50,7 % des
stagiaires de l'échantillon étaient au chômage un mois avant la formation
cofinancée par le FSE, 8,1 % bénéficiaient de l'aide du CPAS (Centre Public
d'Aide Sociale) et 7,5 % étaient des inactifs. Dans la catégorie "Autres
activités" on trouve des stagiaires ayant un travail un mois avant la formation
ou ressortissant de l'Assurance Maladie Invalidité.

Tableau I.3: Activités
des stagiaires un mois avant la formation
Activités |
Chômage |
CPAS |
Inactivité |
Form./ Etudes |
Autres |
Total |
Echantillon |
50,7 |
8,1 |
7,5 |
15,8 |
17,9 |
100 |
Le tableau I.4 nous
décrit les différents domaines des formations suivies par les stagiaires.
Tableau I.4: Domaines
de la formation cofinancée (en % du total des formations, par opérateur et par
sexe)
Echantillon |
Hommes |
Femmes |
Secrétariat (13,2 %)
Informatique (12,9 %)
Bâtiment (9,6 %) |
Bâtiment (16,1 %)
Mécanique (14,8 %)
Informatique (12,3 %) |
Secrétariat (20,5 %)
Informatique (13,7 %)
Autres (13,5 %) |
Globalement, ce sont les
formations en secrétariat (13,2 %), en informatique (12,9 %) et en bâtiment (9,6
%) qui étaient les plus importantes. Toutefois, il nous a semblé intéressant
d'examiner les différents domaines de formation par opérateur et également par
sexe.
Au total, 20,5 % des
femmes (soit une stagiaire sur cinq) bénéficiaient d'une formation en
secrétariat! Les stagiaires masculins, par contre, bénéficient d'une gamme plus
étendue de formation; bâtiment, bois-électricité, mécanique. En conclusion, on a
l'impression que les formations dont bénéficient les stagiaires masculins sont
plus techniques que celles des stagiaires féminins. Il semble également que la
ségrégation professionnelle que l'on constate sur le marché du travail se
retrouve dans les formations, les femmes étant cantonnées dans des formations
orientées vers des activités traditionnellement féminines (secrétariat, aide
familiale, aide soignante).

Section II. Les
trajectoires des stagiaires.
L'étude des trajectoires
des stagiaires va être envisagée en deux étapes : la première étape décrit la
situation des stagiaires, un mois, trois mois, six mois, neuf mois et un an
après leur formation (angle statique). Nous présentons les résultats reprenant
les taux de placement, la ventilation par statut des sans-emplois, la
ventilation par statut des stagiaires ayant trouvé un emploi. Cette façon de
procéder ne nous dira rien sur le passage du chômage à l'emploi ou encore sur
l'enchaînement des différents types d'emploi. C'est pourquoi, dans une seconde
étape, nous nous sommes attachés à décrire la trajectoire de chaque individu de
manière à établir des typologies de trajectoires et à mieux cerner le public
qu'elles concernent.
II.1. Le suivi des
stagiaires
Le premier tableau
indique l'évolution des taux de placement (rapport des individus en emploi sur
l'échantillon total) ventilés par sexe, niveau de diplôme, durée de chômage et
selon l'existence d'un passage par l'emploi avant la formation. Pour l'ensemble
des catégories, le taux de placement progresse jusqu'au douzième mois. Un
fléchissement se produit au douzième mois pour les femmes, pour les stagiaires
ayant plus d'un an de chômage avant la formation ainsi que pour les stagiaires
ayant au plus le diplôme du secondaire inférieur. Ce fléchissement indique une
insertion plus précaire pour ces catégories. Les femmes ont un taux
d'insertion plus élevé que les hommes à partir du troisième mois. Cette
insertion plus rapide peut s'expliquer par une sur-sélection des stagiaires
féminins (le niveau de diplôme des femmes entamant une formation est d'ailleurs
plus élevé que celui des hommes). Il conviendra par la suite du nuancer cette
position favorable des femmes en prenant en compte la qualité de cette
insertion. La possession d'une expérience professionnelle influence nettement le
taux de placement, supérieur dès le départ pour ceux qui ont travaillé avant la
formation. Une expérience professionnelle avant la formation assure une
insertion plus rapide et plus durable (Il est évident que cette variable en
cache d'autres comme l'âge, les qualifications...). L'absence d'expérience
professionnelle et d'un diplôme plus élevé que le secondaire inférieur
constitue un handicap à l'insertion dans l'emploi que la formation ne
suffit pas à effacer.
Tableau II.1.Taux de
placement et caractéristiques des stagiaires
|
Taux de placement |
|
1 mois |
3 mois |
6 mois |
9 mois |
12 mois |
Total |
23,30 |
30,45 |
34,04 |
34,90 |
34,90 |
Femmes |
23,90 |
31,87 |
37,05 |
38,25 |
37,05 |
Hommes |
27,70 |
26,60 |
31,90 |
34,27 |
33,33 |
+ 1 an ch. |
17,92 |
23,12 |
35,26 |
34,10 |
31,79 |
Déjà travaillé |
24,86 |
33,33 |
37,98 |
38,80 |
38,80 |
Jamais travaillé |
20,69 |
26,29 |
28,02 |
28,88 |
28,88 |
Sec. Inf. |
18,43 |
25,76 |
28,79 |
29,04 |
27,27 |
Sec. sup. et plus |
32,51 |
39,50 |
44,33 |
46,31 |
49,75 |
Source : Enquête
stagiaire 91, calculs DULBEA.
Les taux de placement des
personnes possédant un diplôme du secondaire supérieur sont également plus
élevés. Excepté lors du sixième mois, les stagiaires ayant plus d'un an de
chômage ont un taux de placement inférieur à l'échantillon total. Dès à présent
nous pouvons donc émettre l'hypothèse que la formation n'efface pas les
handicaps que constituent l'absence d'expérience professionnelle, le faible
niveau de diplôme et la durée de chômage.
Le deuxième tableau
ventile les stagiaires non insérés selon leur statut et selon les quatre
catégories reprises ci-dessus. Toutes catégories confondues, c'est le chômage
qui domine les statuts des "sans-emploi", suivi par la catégorie "autres". Cette
catégorie regroupe les stagiaires au service militaire, les militaires de
carrière, les inactifs (sans travail et n'en cherchant pas), les petits
"boulots", les "autres situations" et les sans réponses. Pour l'échantillon
total, le chômage diminue tout au long de la période, excepté au douzième mois
où il augmente légèrement (+ 1,84 %). Cette augmentation est due à une
diminution du CPAS (assistance sociale) et des formations, le taux de placement
ne diminuant pas entre le neuvième et le douzième mois. Les évolutions des
statuts "CPAS" et "formation" sont plus fluctuantes, avec une tendance générale
à la baisse. La part du chômage chez les hommes est moins importante que chez
les femmes jusqu'au neuvième mois, ceci s'explique notamment par une part plus
importante de la formation. Notons que la proportion de femmes dépendantes du
CPAS ainsi que des stagiaires qui n'ont jamais travaillé (excepté pour le
douzième mois) et surtout des stagiaires possédant au plus le niveau d'étude
secondaire inférieur est importante. Si nous comparons la situation un an après
la formation avec la situation un mois avant la formation (tableau I.3.), on
note une diminution de la part des stagiaires dépendants du CPAS (8,1 % un mois
avant la formation et 5,18 % un an après). Précisons également que si les
inactifs représentent 7,5 % de l'échantillon un mois avant la formation, ils ne
regroupent plus que 2 % un an après la formation.
Celle-ci a donc un effet de relance de la recherche d'emploi.
Donc, si les différentes
catégories reprises ici n'ont pas un comportement identique par rapport aux taux
de placement, elles ne se situent pas non plus dans les mêmes statuts
lorsqu'elles sont sans emploi. Les graphiques ci-dessous indiquent plus
clairement ce résultat et permettent de détailler les taux de placement selon le
type de contrat.
L'insertion se fait
principalement par l'emploi salarié, l'emploi indépendant jouant un rôle mineur,
et par contrat à durée indéterminée (C.D.I.). Les contrats à durée déterminée
(C.D.) sont plus importants chez les femmes ce qui indique une insertion plus
précaire de celles-ci. Remarquons également que la part des contrats à durée
déterminée ne diminue que fort peu au cours de l'année considérée, signalant la
faible part des transformations de C.D. en C.D.I. que nous aurons l'occasion de
confirmer dans la deuxième partie de l'analyse des trajectoires.

II.2. Les trajectoires
des stagiaires.
A l'aide de la grille
retraçant le parcours du stagiaire mois par mois après la formation, jusqu'en
mai 93, nous avons pu retracer la trajectoire individuelle de chaque stagiaire.
Une fois la grille dépouillée nous sommes en présence de quasi autant de
trajectoires différentes que de stagiaires. Notre première étape consistera à
établir une classification des trajectoires, autrement dit à les regrouper en
quelques types homogènes permettant par exemple de dégager les trajectoires
d'insertion de celles d'enlisement dans le chômage. Notre deuxième étape
consistera à analyser les caractéristiques des stagiaires selon la trajectoire
parcourue.
II.2.a.
L'élaboration d'une typologie des trajectoires.
La construction d'une
typologie des trajectoires s'appuie sur la méthodologie présentée par Desmarez
et Martinez dans "contribution à l'étude des trajectoires professionnelles :
l'exemple des diplômés du supérieur non universitaires" publié dans le dossier 1
du point d'appui "Travail Emploi Formation" : "Méthodes d'analyse de l'insertion
professionnelle et du marché du travail". Le but est de réunir les trajectoires
les plus proches l'une de l'autre. Pour parvenir à ce regroupement, il faut dans
un premier temps définir le critère à utiliser pour déterminer la proximité ou
l'éloignement de deux trajectoires, c'est-à-dire la distance entre deux
trajectoires. Prenons deux trajectoires composées de 7 situations : (CD =
contrat à durée déterminée, Ch = chômage, CI = contrat à durée indéterminée).
CD CD CD Ch Ch Ch CD
Ch Ch CI CI CI CI CI CI
Pour transformer la
première trajectoire en la deuxième, il faut remplacer deux CD par deux Ch, deux
CD par deux CI et trois Ch par trois CI. Pour établir une distance entre les
deux trajectoires, il faut établir une distance entre chacun de ces statuts.
Cette distance sera établie sur la base de la fréquence du passage d'un statut à
l'autre calculée sur l'ensemble des trajectoires des stagiaires. Ainsi, au plus
la fréquence de passage d'un statut à l'autre est élevée, au moins la distance
entre ces deux statuts sera grande. La distance entre deux trajectoires sera
égale à la somme des distances entre les statuts pris mois par mois. Nous
pourrons ainsi construire une matrice des distances qui reprendra la distance de
chaque trajectoire par rapport aux autres. Ensuite, nous appliquerons à cette
matrice la méthode de classement de Ward qui permet de construire des types de
trajectoires tel que la distance entre chaque trajectoire est minimale et que la
distance entre les différents types soit maximale (pour une description de la
méthode voir : Jean-Marie Bouroche et Gilbert Saporta : "L'analyse des données",
que sais-je ?,PUF, Paris, 1980).
L'analyse des
trajectoires portera sur l'ensemble des stagiaires ayant terminé leur formation
en 1991, l'ayant menée à terme et ayant une grille de trajectoire complète. Il
nous a semblé important d'avoir une période d'observation suffisamment longue
(18 mois) pour effectuer notre analyse de trajectoire.
Nous arrivons ainsi à une population de 123 hommes et 106 femmes. Les
trajectoires sont composées d'une situation tous les trois mois pendant dix-huit
mois.
II.2.b. Les tableaux
de transition.
Les tableaux ci-dessous
indiquent pour chaque statut la fréquence de transition vers un autre statut.
Les statuts en ligne sont les statuts d'origine, ceux en colonne sont les
statuts vers lesquels la transition s'est effectuée. Ainsi, le chiffre en
deuxième ligne, troisième colonne indique la fréquence des passages d'un statut
de C.D. à celui de C.I. Une première remarque s'impose : la permanence des
statuts, quel que soit le statut pris en considération, c'est la stationarité
qui est la plus fréquente.
Tableau II.3 :
Transitions hommes
Fréquences de passage d'un statut à l'autre (%) |
|
Indép. |
CD |
Cl |
Ch. |
CP |
For. |
Ac |
Autres |
SM |
Indép. |
100 |
0,00 |
0,00 |
0,00 |
0,00 |
0,00 |
0,00 |
0,00 |
0,00 |
CD |
0,00 |
69,23 |
3,85 |
20,51 |
0,00 |
3,85 |
1,28 |
0,00 |
1,28 |
Cl |
0,00 |
0,00 |
90,43 |
8,70 |
0,00 |
0,00 |
0,00 |
0,00 |
0,87 |
Ch. |
0,31 |
3,13 |
3,76 |
84,01 |
0,00 |
4,70 |
0,94 |
1,25 |
1,88 |
CP |
0,00 |
7,69 |
0,00 |
0,00 |
92,31 |
0,00 |
0,00 |
0,00 |
0,00 |
For. |
1,27 |
3,80 |
6,33 |
17,72 |
1,27 |
64,56 |
1,27 |
3,80 |
0,00 |
AC |
0,00 |
0,00 |
5,00 |
10,00 |
0,00 |
0,00 |
85,00 |
0,00 |
0,00 |
Autres |
0,00 |
4,44 |
4,44 |
11,11 |
0,00 |
6,67 |
0,00 |
73,33 |
0,00 |
SM |
0,00 |
3,70 |
7,41 |
7,41 |
0,00 |
3,70 |
0,00 |
0,00 |
77,78 |
Indép : indépendant; CD :
contrat à durée déterminée; CI : contrat à durée indéterminée; Ch : chômage; CP
: CPAS; For. : formation; AC : autre contrat de travail; SM : service militaire.
Source : Enquête
stagiaire 91, calculs DULBEA.

Tableau II.4 :
Transitions femmes
Fréquences de passage d'un statut à l'autre (%) |
|
Indép. |
CD |
CI |
Ch. |
CP |
For. |
AC |
Autres |
Indép. |
0,00 |
0,00 |
0,00 |
0,00 |
0,00 |
0,00 |
0,00 |
0,00 |
CD |
0,00 |
76,06 |
5,63 |
15,89 |
1,41 |
1,41 |
0,00 |
0,00 |
CI |
0,00 |
0,00 |
93,38 |
5,15 |
0,00 |
0,74 |
0,00 |
0,74 |
Ch. |
0,00 |
3,77 |
3,77 |
82,88 |
0,00 |
7,88 |
1,03 |
0,68 |
CP |
0,00 |
20,00 |
0,00 |
13,33 |
66,67 |
0,00 |
0,00 |
0,00 |
For. |
0,00 |
0,00 |
3,53 |
15,29 |
0,00 |
77,65 |
2,35 |
1,18 |
AC |
0,00 |
12,50 |
12,50 |
12,50 |
0,00 |
62,50 |
0,00 |
0,00 |
Autres |
0,00 |
4,76 |
19,05 |
4,76 |
0,00 |
9,52 |
0,00 |
61,90 |
Indép : indépendant; CD :
contrat à durée déterminée; CI : contrat à durée indéterminée; Ch : chômage; CP
: CPAS; For. : formation; AC : autre contrat de travail; SM : service militaire.
Source : Enquête
stagiaire 91, calculs DULBEA.
On notera également que
les stagiaires passent plus fréquemment d'un C.D. vers le chômage (16 % pour les
femmes et 21 % pour les hommes) que vers les C.I.. Ceci confirme l'hypothèse
émise lors de l'analyse des taux de placement : les contrats à durée
déterminée ménent rarement aux contrats à durée indéterminée, ils
constituent une trajectoire propre comme nous le confirmerons par la suite.
C'est sur base de ces tableaux de transitions que vont être calculées les
distances entre les trajectoires.
II.2.c. Les
typologies des trajectoires
Nous avons appliqué à la
matrice des distances reprenant la distance de chaque trajectoire par rapport
aux autres la méthode de classement de Ward. Nous avons décidé de nous arrêter à
5 types pour les hommes et 6 pour les femmes au vu de l'homogénéité de ces
groupes.
La première trajectoire
typique est une trajectoire d'insertion directe ou progressive par le
C.I.. Il s'agit de trajectoire ne comportant que des C.I. ou débutant
par des périodes de chômage ou de formation et débouchant sur des périodes
de C.I. ou encore des périodes de C.I. interrompues par une période de
chômage ou de formation.
Le deuxième type
désigne les trajectoires d'insertion incertaine transitant par des
périodes de C.D..
Le troisième type
regroupe les trajectoires de chômage récurrent composées de périodes
de chômage interrompues par des périodes d'emploi ou de formation
successives.
Le quatrième type
comprend les trajectoires d'enlisement dans le chômage, ce type
comporte des trajectoires composées uniquement de périodes de chômage ou de
périodes de chômage interrompues par des périodes de formation, service
militaire (pour les hommes) et une période de C.D. ou C.I..
Le cinquième type
décrit des trajectoires chaotiques formées de succession de statuts
divers, tels les autres contrats, les réponses autres, succession de
périodes de formation, de chômage et de C.D., succession de période de
CP....etc.
Le sixième type ne
concerne que les femmes et peut être décrit comme une trajectoire
d'enlisement dans la formation, trajectoires composées majoritairement
de périodes de formation entrecoupées par des périodes de chômage .
Ces différents types de
trajectoires constituent un continuum allant de l'insertion à l'enlisement dans
le chômage, le passage d'un type de trajectoire à l'autre se réalisant
progressivement. Le tableau ci-dessous décrit la répartition de ces différents
types de trajectoires en indiquant pour chacun d'eux la figure centrale.

Tableau II.5 : Les
trajectoires typiques
Trajectoires type |
Hommes |
Femmes |
Insertion progressive |
18,7 % 7ci |
18,9 % 7 ci |
Incertion incertaine |
6,5 % cd-cd-ch-cd-cd-cd-cd |
14,2 % cd-cd-cd-cd-cd-ch-ch |
Chômage récurrent |
20,3 % ch-ci-ci-ch-ch-ch-ch |
8,5 % ch-ch-ac-ac-ac-ac-ch |
Enlisement dans le chômage |
28,5 % 7 ch |
37,7 % 7 ch |
Trajectoires chaotiques |
26 % cd-sm-sm-sm-cd-ch-ci |
9,4 % for-ch-cd-ch-ch-ci-ci |
Enlisement dans la formation |
- |
11,3 % 7 for |
Source : Enquête
stagiaire 91, calculs DULBEA
Les résultats présentés
ici permettent de nuancer quelque peu les indications fournies par les taux de
placement et mettre en question ce taux comme indicateur pertinent de
l'insertion dans l'emploi. Premièrement, on remarque aisément qu'un C.I. peut se
placer dans une trajectoire de chômage récurrent ou bien encore dans une
trajectoire chaotique. Deuxièmement, si l'analyse en terme de taux indique une
insertion plus rapide des femmes, l'étude des trajectoires indique que la
supériorité des femmes se marque surtout en terme d'insertion incertaine.
Troisiémement une distinction apparaît également en ce qui concerne le chômage:
le chômage récurrent est plus important chez les hommes, l'enlisement dans le
chômage étant plus important chez les femmes.
Le statut prend tout
son sens lorsqu'il est intégré dans une trajectoire et en ce sens, la
situation de formation doit également être replacée au sein d'une trajectoire si
on veut en comprendre l'effet : une formation n'a pas la même conséquence si
elle s'insère dans une trajectoire d'insertion incertaine ou dans une
trajectoire de chômage récurrent.
II.2.d.
Caractéristiques des individus poursuivant ces trajectoires.
La dernière étape de
l'analyse que nous allons aborder consiste à déterminer quelles sont les
caractéristiques discriminantes qui permettent de différencier les individus
suivant une trajectoire particulière, il s'agit de prendre en compte ce qu'on
appelle communément les variables passives, c'est-à-dire celles qui n'ont pas
contribué à la construction des trajectoires types. Six variables vont être
étudiées, quatre liées à l'histoire de l'individu : le diplôme obtenu, l'âge,
l'activité avant la formation, l'expérience professionnelle et deux liées à la
formation : le domaine de formation, le type d'opérateur de formation.
1. Trajectoires de
femmes
Les tableaux ci-dessous
vont indiquer pour chacune des variables les valeurs les plus fréquentes, les
plus caractéristiques des individus attachés aux trajectoires types.
Tableau
II.6.:Caractéristiques des femmes selon les trajectoires types
|
Insertion par le CI |
Insertion incertaine |
Chômage (*) |
Trajectoire chaotique |
Age |
plus de 50 % ont moins de 26 ans |
importance de la tranche d'âge entre 26 et 30 ans (40 %) |
plus de 50 % ont moins de 26 ans |
plus de 51 % ont moins de 22 ans |
Activité avant
la formation |
65 % sont au chômage avant la formation et 10 % ont un emploi |
53 % sont au chômage et 40 % au CPAS, 6,7 % ont un emploi |
65 % sont au chômage, 20 % au CPAS et 12,2 % à la maison |
59,1 % sont au chômage et 13 % à la maison |
Diplôme
obtenu |
50 % ont au plus le niveau secondaire supérieur et 10 % ont un diplôme du
supérieur non-universitaire |
73 % ont au plus le niveau secondaire inférieur (importance des certificats
de qualification) |
60 % ont au plus le niveau secondaire inférieur (importance des certificats
de qualification) |
50 % ont au plus le niveau secondaire inférieur, mais 27,3 % ont un
certificat de qualification de 6ème technique ou professionnelle |
Expérience
professionnelle |
70 % ont eu au moins une expérience professionnelleavant la formation |
74 % ont eu au moins une expérience professionnelle avant la formation |
59,2 % ont eu au moins une expérience professionnelleavant la formation |
59,1 % ont eu au moins une expéreince professionnelle avant la formation |
(*) Pour des raisons de
taille d'échantillon (106 individus), nous avons regroupé les trajectoires
chaotiques avec les trajectoires d'enlisement dans la formation ainsi que le
chômage récurrent et l'enlisement dans le chômage.
Source : Enquête
Stagiaires 91, calculs DULBEA
Le tableau II.6 va nous
permettre de définir le profil des femmes suivant chaque trajectoire, le tableau
II.7 nous permettra de combiner ce profil avec les caractéristiques des
formations, l'hypothèse étant que la trajectoire poursuivie est fonction des
caractéristiques personnelles combinées aux caractéristiques de la formation.

Tableau II.7 :
Formation suivie par les femmes et trajectoires
|
Insertion par le CI |
Insertion incertaine |
Chômage (*) |
Trajectoire chaotique (*) |
Domaine de
Formation |
40 % sont des formations en secrétariat, traitement de texte. Les formations
en Horeca et de remise à niveausont surreprésentées |
33 % sont des formations dans le secteur de la santé. Les formations en
langueet en bâtiment sont surreprésentées |
26 % sont des formations en secrétariat. Les formations en textile et en
activités commerciales sont surreprésentées |
22,7 % sont des formations en secrétariat et 22,7 % en informatique
(surreprésentées). Les formations en aide-familiale, activités commerciales
et remise à niveau sont surreprésentées |
Type
d'opérateur |
Les asbl ont formé 50 % (+) (**) des stagiaires suivant cette trajectoire,
le Forem 25 % (+)et le Fonds des Handicapés 15 %(+) |
33 % sont formés par le Forem (+) et 26 % par les CAPS (+) |
40 % sont formés par la PS (+) et 30,6 % par les asbl (-) (***) |
50 % sont formés par les asbl +), 22,7 % par la PS (+) et 22,7 % par le
Forem |
(*) Pour des raisons de
taille d'échantillon (106 individus), nous avons regroupé les trajectoires
chaotiquesavec les trajectoires d'enlisement dans la formation ainsi que le
chômage récurrent et l'enlisement dans le chômage
(**) le (+) signifie que
la proportion de stagiaires formés par ces opérateurs est supérieure dans cette
trajectoire à la proportion dans l'échantillon total.
(***) le (-) signifie que
la proportion de stagiaires formés par ces opérateurs est inférieure dans cette
trajectoire à la proportion dans l'échantillon total.
Source : Enquête
Stagiaires 91, calculs DULBEA
2. Trajectoires
d'hommes
Tableau II.8.:
Caractéristiques des hommes selon les trajectoires types
|
Insertion par le CI |
Insertion incertaine * |
Chômage récurrent |
Chômage |
Trajectoire chaotique |
Age |
53 % ont moins de 30 ans |
50 % ont moins de 24 ans |
plus de 52 % ont moins de 24 ans |
Cette trajectoire concerne des stagiaires plus âgés que les deux précédentes
: 25,7 % ont entre 28 et 32 ans. Les moins de 24 ans représentent 44 % de
cette trajectoire |
Les moins de 24 ans représentent 53,1 % de cette trajectoire et ceux de 25
ans, 15 % |
Activité avant
la formation |
73 % sont au chômage avant la formation et 8,7 % ont un emploi |
50 % sont au chômage et 37,5 % ont un emploi |
64 % sont au chômage, 16 % aux études ou en formation |
68 % sont au chômage, 5,7 % au CPAS et 17,1 % aux études ou en formation |
25 % sont au chômage, 25 % au CPAS et 28,1 % aux études ou en formation |
Diplôme
obtenu |
30,4 % ont au plus le niveau d'étude primaire, 13 % ont le secondaire
supérieur ou le technique professionnel supérieur et 13 % ont un diplôme de
l'enseignement supérieur non-universitaire |
72,5 % ont un diplôme de l'enseignement tecgnique professionnel inférieur ou
supérieur, 12,5 % ont un diplôme ee l'enseignement supérieur
non-universiatire et 12,5 % universitaire |
64 % ont au plus le niveau secondaire inférieur. Les certificats de
qualifications professionnelles ou techniques sont fortement représentés |
48 % ont au plus le niveau d'étude primaire, 14,4 % le secondaire supérieur
ou le technique professionnel supérieur. Les niveaux secondaires inférieurs
représentent 21,4 % |
37,5 % ont au plus le niveau d'étude primaire, 31,2 % sont issus du
secondaire ou du professionnel, technique inférieur et 15,6 % des niveaux
supérieurs |
Expérience
professionnelle |
69,6 % ont eu au moins une expérience professionnelle avant la formation |
62,5 % ont eu au moins une expérience professionnelle avant la formation |
52 % ont eu au moins une expérience professionnelle avant la formation |
65,7 % ont eu au moins une expérience professionnelle avant la formation |
50 % ont eu au moins une expérience professionnelle avant la formation |
(*) Cette catégorie est
très peu représentée chez les hommes, les caractéristiques décrites sont donc à
prendre comme indicatives.
Source : Enquête
Stagiaires 91, calculs DULBEA
Le tableau II.9.
ci-dessous reprend les deux variables concernant les formations suivies.

Tableau II.9. :
Formation suivie par les hommes et trajectoires
|
Insertion par le CI |
Insertion incertaine |
Chômage récurrent |
Chômage |
Trajectoire chaotique |
Domaine de
formation |
26,1 % sont des formations en informatique (+). Les formations en bâtiment,
métal, transport, activités commerciales et gestionnaires d'entreprise sont
surreprésentées |
50 % sont des formations en métal. Les formations en électronique sont
surreprésentées |
20 % sont des formations en bâtiment et 24 % en informatique, les remises à
niveau sont surreprésentées |
31 % sont des formations en bâtiment. Les formations en textile et en bois
sont surreprésentées |
21,9 % sont des formations en Horeca (+) et 22,7 % en informatique
(surreprésentées). Les langues, les activités commerciales et remise à
niveau sont surreprésentées |
Type
d'opérateur |
Les asbl ont formé 45 % (+) des stagiaires suivant cette trajectoire. Le
Forem 36,4 % (+) |
12,5 % sont formés par des Cefa (+), 37,5 % par la PS (+) et 37,5 % par le
Forem (+) |
32 % sont formés par les asbl (-), 28 % par la PS (+) et 24 % par le Forem
(-) |
37 % sont formés par les asbl (-), 31 % par le Forem (+) et 20 % par la PS
(+)*** |
53 % sont formés par les asbl (+) et 25 % par les Cefa (+) |
(**) le (+) signifie que
la proportion de stagiaires formés par ces opérateurs est supérieure dans cette
trajectoire à la proportion dans l'échantillon total.
(***) le (-) signifie que la proportion de stagiaires formés par ces opérateurs
est inférieure dans cette trajectoire à la proportion dans l'échantillon total.
Source : Enquête Stagiaires 91, calculs DULBEA
3. Trajectoires
d'hommes et trajectoires de femmes: les différences.
Les populations qui
poursuivent une trajectoire donnée n'ont pas les mêmes caractéristiques selon
leur sexe. Une première distinction tient dans l'intensité de la relation qui
unit les diverses variables prises en compte et la trajectoire parcourue, les
variables qui sont le plus liées aux trajectoires sont l'âge et le domaine de
formation chez les hommes et l'âge et l'activité avant la formation chez les
femmes. Notons également que la relation entre la trajectoire parcourue et le
dernier diplôme obtenu est très faible chez les femmes. Ces remarques sont
renforcées par la comparaison des tableaux II.6. et II.8. Les écarts de niveau
d'éducation entre trajectoires sont moins importants chez les femmes que chez
les hommes, indiquant un rôle moindre du diplôme dans la détermination des
trajectoires chez les femmes. Les trajectoires chaotiques concernent un public
moins jeune chez les femmes. La part des stagiaires possédant une expérience
professionnelle et se situant dans une trajectoire d'insertion chaotique est
plus élevée chez les femmes que chez les hommes, la même remarque peut être
faite à propos des trajectoires incertaines. Ces trajectoires chaotiques qui
semblent réservées à un public jeune, sans expérience professionnelle chez les
hommes sont suivies chez les femmes par une main-d'oeuvre plus âgée et plus
expérimentée, plus ancienne sur le marché du travail, mais également moins
"marginalisée" : 25 % des hommes poursuivant cette trajectoire étaient au CPAS
avant la formation pour 0 % des femmes, 28,1 % des hommes étaient aux études
pour 4,5 % des femmes.
Si, dans la première
partie de la présentation des résultats de l'enquête, on a souligné la
distribution sexuellement différenciée des domaines de formation, il faut
mentionner ici qu'une même formation ne conduit pas à la même trajectoire
selon le sexe. Ainsi, si les formations en informatique sont bien
représentées dans les trajectoires d'insertion chez les hommes, elles occupent
une place importante dans les trajectoires chaotiques chez les femmes.
Identiquement, les formations en activités commerciales ont été fréquemment
suivies par les hommes parcourant une trajectoire d'insertion ou chaotique et
par les femmes engagées dans une trajectoire de chômage. Inversement, les
formations en Horeca sont fréquentes dans les trajectoires d'insertion chez les
femmes et dans les trajectoires chaotiques chez les hommes. Le sexe semble
être une caractéristique première qui influence les trajectoires et qui
intervient sur les autres facteurs pour en moduler les effets.

II.3.Trajectoires et
durées
Les différentes
trajectoires types dégagées nous ont fourni des indications sur le mode
d'insertion professionnelle (directe, chaotique,non-insertion etc....). La durée
d'insertion, la longueur de la période d'attente avant l'insertion, ainsi que la
durée d'occupation sous chaque statut sont des facteurs qui ont joué un rôle
important dans la détermination de nos trajectoires types. Nous allons cerner
plus précisément le facteur temps dans les processus d'insertion en étudiant la
durée d'attente avant l'insertion, la durée moyenne d'occupation dans un emploi
et la durée moyenne des contrats à durée déterminée, qui comme nous l'avons vu
précédemment, constituent un mode d'insertion important. Par l'étude des
trajectoires types nous avons montré l'importance des facteurs exogènes à la
formation pour le tracé du parcours professionnel du stagiaire, nous allons
reprendre ces mêmes facteurs pour tester leur influence sur les durées
d'insertion.
II.3.a. Calcul des
durées
Pour établir les durées
nous nous sommes basés sur le tableau chronologique. Rappelons que pour chaque
stagiaire nous disposons d'une grille chronologique reprennant mois par mois de
janvier 91 à décembre 93, les statuts d'occupation. La grille permet la
combinaison de trois informations par mois (par exemple : salarié, contrat à
durée déterminée, à temps partiel). Au départ de ces grilles nous avons
construit une trajectoire par stagiaire reprennant mois par mois, à partir du
mois suivant la fin de la formation co- financée, le statut principal
(2) . Ensuite
nous avons associé à chaque statut sa durée d'occupation
(3) . Nous
obtenons ainsi des trajectoires comme ci-dessous :
c - f - d - c - d
- s |
4 - 5 - 3 - 3 - 2
- 7 |
s |
24 |
p -f - c |
4 - 6 - 14 |
|
(c=chômage, f=formation,
d=contrat à durée déterminée, s=salariés, p = CPAS)
La première
trajectoire décrit un parcours débutant par 4 mois de chômage, suivi de 5
mois de formation, trois mois de contrat à durée déterminée, trois mois de
chômage, deux mois de contrat à durée déterminée et 7 mois de contrat salarié.
Le stagiaire qui a suivi la deuxième trajectoire a occupé un emploi
salarié pendant 24 mois. La troisième trajectoire est composée de quatre
mois de cpas, six mois de formation et quatorze mois de chômage. Nous avons
construit pour chaque stagiaire une trajectoire décrivant son parcours depuis la
fin de la formation jusqu'en décembre 1993. Les dates de fin de formation
variant fortement, les longueurs de trajectoires varient également.
A partir de ces
trajectoires quatre durées différentes par stagiaire seront calculées et
étudiées, premièrement, la durée d'attente entre le fin de la formation et la
première insertion dans un emploi quel qu'il soit, deuxièment la durée
moyenne des périodes en emplois troisiémement, la durée moyenne des
contrats à durée déterminée et quatrièmement la durée moyenne d'insertion.
Pour calculer la durée
d'attente avant l'insertion, il était nécessaire d'étudier des trajectoires
de longueur identique. Afin de garder un échantillon assez grand nous avons
sélectionné les trajectoires supérieures à dix-huit mois, parmi ces trajectoires
nous avons analysé les séquences qui reprennaient les dix-huits mois après la
fin de la formation. Si après dix-huit mois le stagiaires n'est pas inséré dans
l'emploi, nous ne pouvons pas lui calculer un temps d'attente avant l'insertion.
Nous avons donc calculé nos durées uniquement pour les individus qui ont été
insérés au moins un mois dans un emploi, sur une période de dix-huit mois après
la fin de la formation. La population concernée représente un quart de notre
échantillon de départ (273 stagiaires).
Les durées moyennes
des périodes en emploi et
les durées moyennes des contrats à durée déterminée ont été calculées sur
une période de deux ans après la fin de la formation et à partir des périodes
d'emploi pour lesquelles nous connaissions la durée (une période d'emploi ou de
contrat à durée indéterminé terminant la trajectoire n'a donc pas été prise en
considération). La durée moyenne d'insertion a été calculée sur une
période de 24 mois à partir des stagiaires ayant une trajectoire de 24 mois au
moins.
Donc pour chaque
stagiaire nous avons calculé une durée d'attente avant l'insertion, une durée
moyenne des emplois, une durée moyenne des contrats à durée déterminée et une
durée totale d'insertion .
II.3.b. Analyses des
durées
1. Insérés et non
insérés
Pour analyser les durées,
nous reprennons les variables qui ont été utilisées lors de l'analyse des
trajectoires types, à savoir : le sexe, l'âge, le dernier diplôme obtenu,
l'expérience professionnelle, l'activité avant la formation et le domaine de
formation. Nous utliserons des méthodes de comparaisons de moyennes et la
méthode ANOVA.
Afin d'étudier la période
d'attente avant l'insertion nous avons dû selectionner les stagiaires ayant
connu au moins une insertion avant les 18 mois. La première série de tableaux
ci-dessous compare la composition du groupe sélectionné avec les autres
stagiaires (non encore insérés avant 18 mois) selon nos six variables.

Tableau II.10.
:Stagiaires insérés ou non insérés avant 18 mois selon l'activité avant la
formation
|
Insérés avant 18 mois |
Non insérés avant 18 mois |
Chômage |
59,0 |
49,3 |
CPAS |
8,4 |
12,3 |
Maladie |
1,1 |
1,5 |
Inactif |
8,4 |
11,3 |
Formation |
7,7 |
17,7 |
Emploi |
13,2 |
3,0 |
Autres |
2,2 |
4,9 |
|
100 % |
100 % |
Sources : Enquêtes
stagiaires 91, calculs DULBEA
Les différences se
marquent particulièrement par l'importance des personnes en dehors du circuit
chômage-travail (Cpas , inactifs) dans le groupe des non insérés après 18 mois,
d'une part, et d'autre part par l'importance des personnes travaillant juste
avant la formation dans le groupe des stagiaires ayant connu au moins une
insertion avant 18 mois.
Tableau II.11. :
Stagiaires insérés et non insérés avant 18 mois selon le sexe, l'expérience
professionnelle et l'âge.
|
Sexe * |
Age ** |
Expérience prof. *** |
|
Insérés |
Non insérés |
Insérés |
Non insérés |
Insérés |
Non insérés |
1 |
59 |
58,6 |
52,4 |
53,2 |
61,5 |
59,1 |
2 |
41 |
41,4 |
33,0 |
28,1 |
38,5 |
40,9 |
3 |
- |
- |
14,7 |
18,7 |
- |
- |
|
100 % |
100 % |
100 % |
100 % |
100 % |
100 % |
(*) 1 = hommes, 2 =
femmes
(**) 1= moins de 25 ans, 2 = entre 26 et 35 ans, 3 = plus de 36 ans
(***) 1 = a déjà travaillé avant la formation, 2 = n'a jamais travaillé avant la
formation
Source : Enquête Stagiaires 91, calculs DULBEA
La composition sexuelle
des deux groupes est identique, la composition par âge indique une population
plus âgées chez les non insérés, le groupe des sans expérience professionnelle
est plus important chez les non insérés (+ 2 %)
Tableau II.12. :
Insérés et non insérés avant 18 mois selon le diplôme et le domaine de formation
|
Diplôme * |
Domaine de formation ** |
Insérés |
Non insérés |
Insérés |
Non insérés |
1 |
21,1 |
42,8 |
35,8 |
30,0 |
2 |
32,0 |
34,3 |
0,0 |
6,0 |
3 |
26,3 |
15,4 |
11,2 |
6,4 |
4 |
15,0 |
6,0 |
12,8 |
22,0 |
5 |
5,6 |
1,5 |
13,9 |
17,2 |
6 |
- |
- |
7,0 |
1,2 |
7 |
- |
- |
4,8 |
8,0 |
8 |
- |
- |
14,4 |
9,2 |
|
100 % |
100 % |
100 % |
100 % |
(1) 1 = hommes, 2 =
femmes
(2) 1 = moins de 26 ans, 2 = entre 26 et 35 ans, 3 = plus de 35 ans
(3) 1 = au plus le diplôme primaire, 2 = secondaire inférieur technique ou
général, 3 = secondaire supérieur, 4 = enseignement supérieur universitaire et
non-universitaire, 5 = autres
(4) 1 = a déjà travaillé avant la formation, 2 = n' a jamais travaillé avant la
formation
(5) 1 = chômage, 2 = CPAS, 3 = maladie, 4 = inactif, 5 = formation , 6 =
emplois, 7 = autres
(6) 1 = bâtiment, bois, électricité, mécanique, métal, soudure, 2 =
électronique, robotique, 3 = alimentation, Horeca, transport, 4 = secrétariat,
langues, 5 = informatique, 6 = manoeuvre, agriculture, 7 = activité commerciale,
gestionnaire d'entreprise, 8 = autres
La distribution selon le
diplôme diffère d'un groupe à l'autre: les stagiaires possédant au plus le
niveau primaire représentent deux cinquièmes des non insérés, pour un cinquième
des insérés, le groupe des diplômés du supérieur universitaire ou non-
universitaire est deux fois plus important chez les insérés avant 18 mois.
Remarquons pour les domaines de formation, l'importance des langues et
sécrétariat parmi les non insérés avant 18 mois (plus d'un cinquième).
Les deux groupes se
distinguent donc par le niveau de diplôme, l'âge, l'insertion dans le circuit
chômage-emploi et l'expérience professionnelle.

2. Période
d'attente avant l'insertion.
Rappelons avant de
commencer l'analyse que le groupe étudié est relativement favorisé par rapport à
l'insertion dans l'emploi puisqu'il est composé de personnes ayant connu au
moins une insertion avant 18 mois, ce qui représente plus ou moins un quart de
notre échantillon de stagiaires.
Comparaison des moyennes.
Le tableau suivant
compare les durées moyennes d'attente avant la première insertion dans l'emploi
parmi différents groupes construits selon nos six variables. La durée moyenne
d'attente avant l'insertion pour l'ensemble des stagiaires insérés avant le
dix-huitième mois est de trois mois et demi.
Tableau II.13. :
Moyenne d'attente avant l'insertion selon le sexe, l'âge, le diplôme,
l'expérience professionnelle, l'activité avant la formation et le domaine de
formation
|
Sexe (1) |
Age (2) |
Diplôme (3) |
Expérience
professionnelle (4) |
Activité avant
Formation (5) |
Domaine de
formation (6) |
1 |
3,5 |
3,5 |
4 |
3 |
3,5 |
3 |
2 |
3 |
3 |
3 |
4 |
3,5 |
4,5 |
3 |
- |
4 |
3,5 |
- |
2,5 |
3 |
4 |
- |
- |
2,5 |
- |
3 |
3 |
5 |
- |
- |
3 |
- |
3 |
4 |
6 |
- |
- |
- |
- |
2,5 |
3 |
7 |
- |
- |
- |
- |
3,5 |
3,5 |
8 |
- |
- |
- |
- |
- |
3 |
(1) 1 = hommes, 2 =
femmes
(2) 1 = moins de 26 ans, 2 = entre 26 et 35 ans, 3 = plus de 35 ans
(3) 1 = au plus le diplôme primaire, 2 = secondaire inférieur technique ou
général, 3 = secondaire supérieur, 4 = enseignement supérieur universitaire et
non-universitaire, 5 = autres
(4) 1 = a déjà travaillé avant la formation, 2 = n' a jamais travaillé avant la
formation
(5) 1 = chômage, 2 = CPAS, 3 = maladie, 4 = inactif, 5 = formation , 6 =
emplois, 7 = autres
(6) 1 = bâtiment, bois, électricité, mécanique, métal, soudure, 2 =
électronique, robotique, 3 = alimentation, Horeca, transport, 4 = secrétariat,
langues, 5 = informatique, 6 = manoeuvre, agriculture, 7 = activité commerciale,
gestionnaire d'entreprise, 8 = autres
Le tableau nous indique
que les moyennes varient selon le diplôme : quatre mois d'attente en moyenne
pour ceux qui ont au plus le diplôme primaire et deux mois et demi pour les
diplômés du supérieur universitaire ou non-universitaire. L'absence d'expérience
professionnelle allonge la période d'attente moyenne d'un mois, les stagiaires
qui travaillaient avant la formation ont une période d'attente courte de deux
mois et demi (les stagiaires dépendant de l'INAMI ont également une période
d'attente courte de deux mois et demi). En ce qui concerne les domaines de
formation, on remarque la moyenne de quatre mois et demi pour les formations en
électronique et de quatre mois pour les formations en informatique. Mais, malgré
ces variations de moyennes, les écarts restent faibles : deux mois d'écart entre
l'attente la plus courte et la plus longue.

3. Durées moyennes
des emplois et durées moyennes des contrats à durée déterminée.
En calculant ces durées
moyennes, nous nous sommes basés sur les emplois dont nous connaissions la durée
exacte, il s'agit donc toujours d'emploi d'une durée inférieure à 24 mois. Les
durées décritent ici rendent compte du phénomène des successions d'emploi de
courte durée.
Comparaison des moyennes
Le tableau suivant
compare les durées moyennes des emplois selon les six variables prises en
considération. La durée moyenne des emplois est de huit mois et demi (sur
une période de 24 mois).
Tableau II.14. :
Durées moyennes des emplois selon le sexe, l'âge, le diplôme, l'expérience
professionnelle, l'activité avant la formation et le domaine de formation
|
Sexe (1) |
Age (2) |
Diplôme (3) |
Expérience
professionnelle (4) |
Activité avant
Formation (5) |
Domaine de
formation (6) |
1 |
8 |
8 |
7,5 |
9 |
9 |
7,5 |
2 |
9 |
8,5 |
9 |
8 |
8 |
8,5 |
3 |
- |
9,5 |
8 |
- |
8,5 |
8,5 |
4 |
- |
- |
10 |
- |
7 |
9 |
5 |
- |
- |
9,5 |
- |
8 |
8,5 |
6 |
- |
- |
- |
- |
10 |
7,5 |
7 |
- |
- |
- |
- |
- |
7,5 |
8 |
- |
- |
- |
- |
- |
8,5 |
(1) 1 = hommes, 2 =
femmes
(2) 1 = moins de 26 ans, 2 = entre 26 et 35 ans, 3 = plus de 35 ans
(3) 1 = au plus le diplôme primaire, 2 = secondaire inférieur technique ou
général, 3 = secondaire supérieur, 4 = enseignement supérieur universitaire et
non-universitaire, 5 = autres
(4) 1 = a déjà travaillé avant la formation, 2 = n' a jamais travaillé avant la
formation
(5) 1 = chômage, 2 = CPAS, 3 = maladie, 4 = inactif, 5 = formation , 6 =
emplois, 7 = autres
(6) 1 = bâtiment, bois, électricité, mécanique, métal, soudure, 2 =
électronique, robotique, 3 = alimentation, Horeca, transport, 4 = secrétariat,
langues, 5 = informatique, 6 = manoeuvre, agriculture, 7 = activité commerciale,
gestionnaire d'entreprise, 8 = autres
L'écart maximum entre les
durées moyennes est de trois mois et demi, il est observé lors de la répartition
par activité avant la formation, la durée la plus longue se situe dans la
catégorie “autres”. L'écart observé lors de la répartition par diplôme est de
deux mois et demi, la durée moyenne des emplois occupés est de 7 mois et demi
pour les stagiaires possédant au plus le diplôme de l'enseignement primaire et
de 10 mois pour les diplômés du supérieur universitaire ou non-universitaire.
Les écarts sont moins prononcés dans les autres catégories : 9 mois de durée
moyenne pour les femmes, 8 mois pour les hommes, 8 mois pour les personnes
n'ayant jamais travaillé avant la formation, 9 mois pour les stagaires ayant
dèjà occupé un emploi. Pour les domaines de formation, la durée moyenne est la
plus élevée chez les stagiaires ayant suivi une formation en sécrétariat-langue
(9 mois).
Les résultats des tests
de normalité et d'égalité de variance nous permettent d'utiliser la méthode
ANOVA afin d'afiner nos comparaisons entre sous-populations. La procédure de
comparaison de variance ANOVA permet de tester l'hypothèse d'égalité de moyenne
entre plusieurs sous-population d'un échantillon. Cette méthode se base sur la
comparaison entre la variance interne à chaque sous-population et la variance
entre les sous- populations.

Tableau II.15. : Durées moyennes
d'emplois et sous-population-test ANOVA
Variables |
F * |
Degré de signification |
Sexe |
1.4107 |
0.2357 |
Age |
1.2519 |
0.2872 |
Diplôme |
1.8749 |
0.1143 |
Expérience professionnelle |
1.2375 |
0.2667 |
Activité avant formation |
1.1318 |
0.3430 |
Domaine de formation |
0.4240 |
0.8871 |
F * : Variance moyenne
inter sous-population / variance moyenne intra sous-population
Les ratios F proches de 1
et les degrés de signification ne permettent pas de conclure à des moyennes
significativement différentes dans nos diverses sous-populations. Seul le
facteur diplôme a un ratio F proche de 2.
Les deux tableaux
suivants s'attachent à décrire les variations de durées moyennes des contrats à
durée déterminée entre nos sous-populations.
Tableau II.16. :
Durées moyennes des contrats à durée déterminée selon le sexe, l'âge, le
diplôme, l'expérience prof., l'activité avant la formation et le domaine de
formation
|
Sexe (1) |
Age (2) |
Diplôme (3) |
Expérience
professionnelle (4) |
Activité avant
Formation (5) |
Domaine de
formation (6) |
1 |
7 |
7 |
6,5 |
7,5 |
7,5 |
6 |
2 |
8 |
7,5 |
8 |
7 |
8,5 |
8 |
3 |
- |
8,5 |
6,5 |
- |
5,5 |
7 |
4 |
- |
- |
4,5 |
- |
6 |
7 |
5 |
- |
- |
9 |
- |
8 |
8 |
6 |
- |
- |
- |
- |
7 |
8 |
7 |
- |
- |
- |
- |
- |
6,5 |
8 |
- |
- |
- |
- |
- |
7,5 |
(1) 1 = hommes, 2 =
femmes
(2) 1 = moins de 26 ans, 2 = entre 26 et 35 ans, 3 = plus de 35 ans
(3) 1 = au plus le diplôme primaire, 2 = secondaire inférieur technique ou
général, 3 = secondaire supérieur, 4 = enseignement supérieur universitaire et
non-universitaire, 5 = autres
(4) 1 = a déjà travaillé avant la formation, 2 = n' a jamais travaillé avant la
formation
(5) 1 = chômage, 2 = CPAS, 3 = maladie, 4 = inactif, 5 = formation , 6 =
emplois, 7 = autres
(6) 1 = bâtiment, bois, électricité, mécanique, métal, soudure, 2 =
électronique, robotique, 3 = alimentation, Horeca, transport, 4 = secrétariat,
langues, 5 = informatique, 6 = manoeuvre, agriculture, 7 = activité commerciale,
gestionnaire d'entreprise, 8 = autres
L'écart de 3,5 mois entre
les diplômés de l'enseignement supérieur universitaire ou non- universitaire et
les diplômes classés “autres” est l'écart maximum observé parmi nos différentes
sous-populations. Les autres sous-populations connaissent des écarts très
faibles : 0,5 selon la possession d'une expérience professionnelle et de 2 selon
le domaine de formation. Les tests ANOVA (voir tableau ci-dessous) nous
conduisent à la même conclusion : très peu de différence significative.

Tableau II.17. :
Durées moyennes de contrat à durée déterminée et sous-populations-test ANOVA
Variables |
F * |
Degré de signification |
Sexe |
2.0960 |
0.1491 |
Age |
0.8097 |
0.4464 |
Diplôme |
2.5315 |
0.0416 |
Expérience professionnelle |
0.5571 |
0.4562 |
Activité avant formation |
0.7803 |
0.5649 |
Domaine de formation |
0.5517 |
0.7943 |
A l'instar du test ANOVA
précédent, seul le facteur diplôme a un ratio F éloigné de 1. Cette variable
semble avoir un effet sur la durée d'insertion dans l'emploi.
4. Durées moyennes
d'insertion dans l'emploi.
A l'instar des autres
durées, nous avons calculé une durée d'insertion par stagiaire, nous étudions
ici la durée totale pendant laquelle un stagiaire a été en emploi après sa
formation, qu'il s'agisse d'une période continue ou de plusieurs périodes
successives et ceci sur une période de 24 mois après la formation.
Tableau II.18. :
Durées moyennes d'insertion selon le sexe, l'âge, le diplôme, l'expérience
professionnelle, l'activité avant la formation et le domaine de formation
|
Sexe (1) |
Age (2) |
Diplôme (3) |
Expérience
professionnelle (4) |
Activité avant
Formation (5) |
Domaine de
formation (6) |
1 |
13,5 |
13 |
11,5 |
14,5 |
13,5 |
13 |
2 |
14,5 |
14,5 |
14 |
13 |
13 |
12 |
3 |
- |
14,5 |
14 |
- |
14,5 |
13,5 |
4 |
- |
- |
17,5 |
- |
11,5 |
14,5 |
5 |
- |
- |
15 |
- |
16,5 |
13,5 |
6 |
- |
- |
- |
- |
18,9 |
11,5 |
7 |
- |
- |
- |
- |
- |
12,5 |
8 |
- |
- |
- |
- |
- |
14 |
(1) 1 = hommes, 2 =
femmes
(2) 1 = moins de 26 ans, 2 = entre 26 et 35 ans, 3 = plus de 35 ans
(3) 1 = au plus le diplôme primaire, 2 = secondaire inférieur technique ou
général, 3 = secondaire supérieur, 4 = enseignement supérieur universitaire et
non-universitaire, 5 = autres
(4) 1 = a déjà travaillé avant la formation, 2 = n' a jamais travaillé avant la
formation
(5) 1 = chômage, 2 = CPAS, 3 = maladie, 4 = inactif, 5 = formation , 6 =
emplois, 7 = autres
(6) 1 = bâtiment, bois, électricité, mécanique, métal, soudure, 2 =
électronique, robotique, 3 = alimentation, Horeca, transport, 4 = secrétariat,
langues, 5 = informatique, 6 = manoeuvre, agriculture, 7 = activité commerciale,
gestionnaire d'entreprise, 8 = autres
La durée moyenne
d'insertion est de 13,5 mois pour l'ensemble de l'échantillon. L'écart de
durée le plus important est provoqué par la répartition selon l'activité avant
la formation (7 mois, notons la durée d'insertion de 16,5 mois des stagiaires
travaillant avant la formation et de 11 mois pour les inactifs avant la
formation) suivi par la répartition par diplôme (6 mois). Les écarts selon les
variables sexe et âge sont très faibles. En ce qui concerne les domaines de
formation, on notera que la période d'insertion la plus courte est le fait des
stagiaires ayant suivi une formation “manoeuvre” ou “agriculture”
Tableau II.19. :
Durées moyennes d'insertion et sous-populations-test ANOVA
Variables |
F * |
Degré de signification |
Sexe |
1.8858 |
0.1708 |
Age |
1.8515 |
0.1589 |
Diplôme |
3.3308 |
0.0110 |
Expérience professionnelle |
3.3494 |
0.0863 |
Activité avant formation |
2.8789 |
0.0149 |
Domaine de formation |
0.3956 |
0.9045 |
F* : Variance moyenne
inter sous-population / variance moyenne intra sous-population
Les tests ANOVA nous
permettent de rejetter l'hypothèse d'une égalité de moyenne entre nos
sous-populations distribuées selon le diplôme et selon l'activité avant la
formation, le ratio F est nettement supérieur à 1 dans les deux cas, indiquant
une grande différence entre la variance moyenne inter-groupe et intra-groupe.
L'ensemble des tests que nous avons effectué et les tableaux de comparaison de
moyenne indiquent l'importance, déja soulignée lors de l'analyse des
trajectoires types, pour la trajectoire postérieure à la formation des facteurs
diplômes et expérience professionnelle, facteurs extérieurs à la formation.

Conclusion
Le premier angle
d'analyse nous a permis de mettre en évidence l'évolution du taux de placement
pendant une période d'un an au bout de laquelle un tiers des stagiaires sont en
emploi. Nous avons pu montrer que l'évolution du taux de placement dépend des
caractéristiques des stagiaires : la qualification , contenue dans la possession
d'une expérience professionnelle et dans le niveau de diplôme, le sexe, la durée
de chômage.
Les taux de placement qui
regroupent tous les individus en emploi recouvrent des situations diverses ,la
catégorie "sans-emploi" coiffe également une grande variété de statuts allant du
chômage au CPAS. La ventilation par ces différents statuts indique le rôle
dominant du contrat à durée indéterminée dans l'insertion et celui très faible
de l'emploi indépendant, mais souligne un rôle plus important du contrat à durée
déterminée chez les femmes. La mise en relation du statut après la formation et
de l'activité avant la formation, du niveau de diplôme et de l'expérience
professionnelle indique que ces caractéristiques jouent un rôle important dans
la détermination de la situation post- formation.
L'angle dynamique nous a
permis de nuancer les résultats obtenus par la première démarche : un statut
recouvre des situations différentes selon les trajectoires où il s'insère. Le
tableau de fréquence nous enseigne déjà que les trajectoires sont dominées par
la permanence des statuts : on passe plus fréquemment d'un statut de
contrat à durée indéterminée (CDI) à un statut de contrat à durée déterminée
(CD) que d'un statut de chômeur à celui de CD. Ce tableau nous indique également
que la fréquence de passage du CD vers le CDI
est plus faible que le passage du CD vers le chômage, le CD ne
constituant dès lors pas une filière vers le CDI, mais une trajectoire propre
constituée de périodes de CD et de chômage. La fréquence de sortie du CPAS
est faible, manifestant un enlisement dans ce statut. Il convient de
nuancer cette dernière observation en rappelant que la formation conduit
beaucoup de stagiaires à sortir du CPAS, les trajectoires CPAS après les
formations concernent donc le noyau dur des CPAS.
Six types de trajectoires
ont été identifiés : les trajectoires d'insertion par le CDI, les trajectoires
d'insertion incertaine par le CD, les trajectoires de chômage récurrent, les
trajectoires d'enlisement dans le chômage, les trajectoires chaotiques et les
trajectoires de formation (uniquement chez les femmes).
Les stagiaires ne se
répartissent pas de façon uniforme parmi ces trajectoires, les trajectoires
chaotiques et d'enlisement dans le chômage dominent chez les hommes, les
trajectoires d'enlisement dans le chômage et de formation dominent chez les
femmes.
Différents facteurs
influencent la poursuite d'une trajectoire déterminée et l'importance respective
de chaque facteur varie selon le sexe. L'âge est un élément important pour les
deux sexes. A chaque trajectoire type correspond une combinaison particulière
de caractéristiques personnelles et de caractéristiques de la formation. Les
trajectoires d'insertion sont liées à des diplômes plus élevés (surtout chez les
hommes), à la possession d'une expérience professionnelle et la poursuite d'une
formation en informatique, bâtiment ou activités commerciales chez les hommes et
en secrétariat ou Horeca chez les femmes.
L'analyse des durées
moyennes d'insertion montre également le rôle important des facteurs diplôme et
expérience professionnelle et la faible influence du domaine de formation sur
les durées d'insertion, les durées moyennes d'emploi ou des contrats à durée
déterminée.
Les domaines de
formation ne suffisent donc pas à déterminer les trajectoires, c'est
uniquement combiné avec les caractéristiques des individus qu'ils orientent les
trajectoires futures. L'effet d'une formation dépend donc fortement de la
trajectoire dans laquelle elle intervient. Une prise en compte, que
malheureusement notre questionnaire n'a pas prévu, de la trajectoire antérieure
à la formation s'avère nécessaire pour bien comprendre l'effet des formations
sur les différents types de publics. A ce stade, nous émettrons simplement
l'hypothèse que la formation est un élément positif de la trajectoire d'un
individu qui possède déjà des éléments favorisés sur le marché du travail
(niveau d'études élevé, sexe masculin, expérience professionnelle), elle
jouerait un rôle de relance de la trajectoire. Par contre la formation ne
suffirait pas à redresser la trajectoire des publics défavorisés. Ce n'est pas
ici la qualité de la formation qui est en cause, mais bien plus la sélectivité
des processus d'insertion professionnelle et d'engagement au sein des
entreprises : la présence d'une formation, quelle qu'elle soit au sein d'un
curriculum vitae n'efface pas les autres éléments qui y figurent.

Bibliographie
Alaluf, Mateo, "Formation professionnelle et emploi, transformation des acteurs
et effets de structures", TEF, Dossier n 3, Fevrier 1993.
Bouroche, Jean-Marie, Saporta, Gilbert, L'analyse des données, Que sais-je, PUF,
Paris, 1980.
Desmarez, Pierre, Martinez, Esteban, "Contribution à l'étude des trajectoires
professionnelles : l'exemple des diplômés du supérieur non universitaire" in
"Méthode d'analyse de l'insertion professionnelle et du marché du travail", TEF,
Dossier n 1, Avril 1991.
Gélot, Daniel, Sipres, Nathalie, "Itinéraires des chômeurs de longue durée" in
Berbard Gazier (ed), Emploi nouvelles donnes, Grands Débats, Economica, Paris,
1993, pp 88-105
Paul, Jean-Jacques, "Analyser les trajectoires professionnelles : quelques
jalons" in Berbard Gazier (ed), Emploi nouvelles donnes, Grands Débats,
Economica, Paris, 1993, pp 171-183.
Pedersen J.P., Westergard-Nielsen, N., “Chômage : ce que montrent les données
individuelles longitudinales” Revue économique de l'OCDE N 20, printemps 1993,
P. 71 à 127.
Plasman, Robert, “Les politiques du marché du travail : analyse et comparaison
européenne”,Thèse de doctorat, Faculté des Sciences Sociales, Politiques et
Economiques, Université Libre de Bruxelles, Bruxelles, 1994.
Rea, Andrea, "Les politiques d'insertion professionnelle des jeunes
(1981-1990)", Courrier hebdomadaire du CRISP, n 1306 - 1307, Bruxelles, 1991.
Vanheerswynghels, Adinda, "Diplômes et emplois. L'insertion professionnelle des
jeunes diplômés de l'enseignement technique et professionnel secondaire
supérieur du Brabant Wallon", TEF, Dossier 5, décembre 1993.
Notes
1.
Pedersen J.P., Westergard-Nielsen, N., “Chômage : ce que montrent les données
individuelles longitudinales” Revue économique de l’OCDE N 20, printemps 1993,
P. 71 à 127.
Plasman R., Les politiques du marché du travail : Analyse et comparaison
européennes, thèse de doctorat, Faculté des Sciences Sociales, Politiques et
Economiques,Université Libre de Bruxelles.
2. Nous avons sélectionné parmi les trois statuts déclarés
chaque mois, celui qui était le plus pertinent pour décrire l’état d’insertion
par rapport à l’emploi. Parmi l’emploi, la trajectoire construite permet de
distinguer entre un contrat à durée déterminée ou un contrat à durée
indéterminée si l’emploi est salarié. Parmi le non emploi, on peut distinguer
les personnes inscrites au chômage de celles inscrites dans un CPAS ou celles
inactives ou encore des hommes au service militaire. Parmi les personnes
inscrites au chômage on distingue les stagiares en formation des autres.
3. Nous reprennons ici la méthode utilisiée par Adinda
Vanheerswynghels dans “Diplômes et Emplois”,Point d’Appui Travail Emploi
Formation, dossier n 5,décembre 1993.

|