Conception et importance
relative des politiques actives d'emploi en Wallonie
Une analyse
Benoît Mahy
(1)
Premier Assistant aux Facultés
des Sciences économiques et sociales de l'Université de Mons-Hainaut
Introduction
Le chômage s'est
particulièrement développé en Région wallonne au cours de ces 20 dernières
années, pour atteindre un taux de 24,5% en avril 1995. En dépit d'une reprise
observée à la fin des années 80, il ne s'est alors que faiblement résorbé.
Ces deux faits semblent
indiquer que le chômage présente une dimension structurelle et est victime de
persistance en cas de reprise conjoncturelle.
Différents types de
politiques économiques peuvent être envisagés pour répondre à ces
dysfonctionnements :
-
les politiques de
relance macroéconomique visent à développer la demande d'input-travail, en
stimulant la demande de biens et services ou en modifiant les coûts relatifs
des facteurs de production;
-
celles axées sur la
redistribution du temps de travail permettent d'engager, à volume de travail
donné, davantage de travailleurs;
-
les politiques
actives relèvent d'une volonté de mettre au travail des demandeurs d'emploi
en améliorant le fonctionnement du marché du travail. Partant d'un constat
de l'existence d'une demande de travail insatisfaite (emplois vacants),
elles visent alors à créer les conditions d'une meilleure rencontre entre
offre et demande sur le marché du travail.
L'objectif de cette
contribution est tout d'abord de présenter les politiques actives envisageables.
Nous évoquerons les enjeux que peuvent rencontrer ces politiques, la façon dont
elles peuvent le faire et le type d'évaluation que l'on peut mener à leur égard.
A un niveau plus
empirique, nous traiterons ensuite des principaux résultats obtenus dans le
cadre de pareilles politiques menées en Wallonie et envisagerons certains
facteurs explicatifs des constats opérés.
Dans une troisième
partie, conclusive, nous prolongerons notre réflexion en proposant un certain
nombre de réflexions normatives, traitant entre autres de l'importance relative
à accorder aux différents types de politiques actives.

1. Politiques actives
d'emploi : typologie, enjeux et évaluation
Quatre grandes manières
d'améliorer le fonctionnement du marché du travail sont habituellement évoquées
:
Cette possible
amélioration peut représenter trois enjeux importants :
-
résorber le chômage
existant et favoriser la croissance : une parfaite rencontre entre emplois
vacants et demandeurs d'emploi pourrait tout d'abord représenter un gain
total de l'ordre de 20.000 emplois
(2) en
Wallonie et une croissance économique au prorata des nouvelles activités
ainsi réalisées;
-
lutter contre
l'inflation : une meilleure efficacité dans la recherche d'emploi du
demandeur au travers de ces politiques devrait permettre d'intensifier la
concurrence existant sur le marché du travail et de réduire par là
d'éventuelles tensions inflationnistes;
-
réduire la
persistance du chômage : cette efficacité supérieure devrait encore freiner
la persistance du chômage en cas de reprise conjoncturelle, les demandeurs
d'emploi formés étant alors mieux à même de répondre aux besoins accrus de
main-d'oeuvre.
Les différentes
politiques actives peuvent renforcer le fonctionnement du marché du travail en
agissant sur l'efficacité dans la recherche d'emploi du demandeur, qui doit
passer par 3 étapes lorsqu'il veut obtenir un emploi (Layard, Jackman et Nickell
(1991)) :
-
collecter de
l'information sur les offres d'emploi. L'intensité de l'information
collectée résulte d'un arbitrage du demandeur, d'une part entre le bénéfice
attendu d'un éventuel nouvel emploi pondéré par la probabilité d'être
sélectionné pour celui-ci (étapes 2 et 3), d'autre part du coût de cette
recherche, principalement fonction de facteurs psycho-sociologiques donnés
ou agissant durant la période de chômage. Une amélioration des conditions
d'indemnisation (durée ou allocation) de chômage peut ainsi permettre au
demandeur de rester dans un cadre de recherche suffisamment motivant;
-
poser sa candidature
pour des propositions d'emploi. Le demandeur le fera s'il considère que le
gain net obtenu dans le cadre de cet emploi est supérieur au coût provoqué
par le fait que, choisissant l'emploi, il ne pourra ensuite que plus
difficilement prospecter pour un autre emploi plus intéressant. Le "salaire
de réserve" est le seuil minimal d'acceptation de l'emploi que se fixe le
demandeur. Il est influencé à la hausse par les allocations de chômage et
l'importance des offres d'emploi potentielles. Différents facteurs
individuels peuvent aussi le déterminer : en ce qui concerne par exemple le
niveau d'études, un universitaire qui considère avoir de meilleures chances
d'accéder à de meilleurs emplois se fixera alors un salaire de réserve
supérieur;
-
être retenu pour
l'emploi : la probabilité d'être retenu sera aussi influencée par des
facteurs individuels qui jouent sur le signal coût/productivité qu'offre le
travailleur à l'employeur potentiel.
En synthèse, on
remarquera donc que l'efficacité dans la recherche d'emploi, qui conditionne la
meilleure rencontre entre emplois vacants et demandeurs d'emploi et donc la
probabilité d'emploi, sera fonction de facteurs propres à l'individu, à son
environnement socio-économique ou encore à sa durée de chômage en tant que
telle, dans la mesure où ces facteurs agissent sur l'une ou l'autre des étapes
de la recherche.
Les diverses politiques
actives vont aussi constituer un facteur pouvant agir positivement sur l'une ou
l'autre de ces étapes :
-
les services de
conseil et de placement vont assurer une meilleure collecte d'information et
encadrer le chômeur, mieux soutenu dans sa prospection;
-
la formation va
pouvoir améliorer le signal coût/productivité (employabilité) de celui-ci et
le redynamiser moralement;
-
la création d'emplois
publics peut refamiliariser le demandeur aux conditions de travail,
renforcer son moral et le remotiver dans la collecte d'information;
-
les subsides à
l'embauche permettent l'amélioration du rapport coût/productivité du
demandeur.
Elles peuvent aussi
présenter des effets pervers:
-
la création d'emplois
publics peut augmenter le salaire de réserve des demandeurs engagés dans ces
programmes, freinant par là leur volonté de poser leur candidature pour des
emplois "normaux";
-
la formation peut
augmenter le salaire de réserve et freiner le temps consacré à a recherche
d'emploi et à la collecte d'information.
L'action des politiques
actives peut faire l'objet de divers types d'évaluation, dont microéconométrique
(3). L'objet
principal de ce dernier type d'évaluation est tout d'abord d'estimer le gain
d'efficacité qu'a permis la politique active, au sens où elle a permis au
demandeur de mieux s'insérer sur le marché du travail. Outre cet objectif
d'efficacité est aussi envisagé l'aspect équitable de la politique, au sens où
celle-ci a (ou non) ciblé des catégories de demandeurs dont les probabilités
d'emploi sont plus faibles a priori. L'analyse d'une cohorte de 10000 chômeurs
wallons nous a tout d'abord permis d'estimer des probabilités conditionelles
d'emploi évoluant en fonction de la durée de chômage. Selon nos estimations,
être âgé de plus d'un an réduirait les probabilités de réinsertion de 2,6%, être
une femme les réduirait de 50%, être diplômé d'enseignement supérieur de type
court et long ou d'enseignement secondaire les augmenterait respectivement de
43%, 49% et 13% (par rapport aux diplômés d'enseignement primaire), avoir déjà
connu un emploi antérieur les augmenterait de 21%. Nous pouvons donc retenir
comme catégories de demandeurs d'emploi plus défavorisées les plus âgés, les
femmes, les moins diplômés ou ceux n'ayant pas connu d'emploi précédent.
L'allongement de la durée
de chômage peut avoir un effet ambigu sur la probabilité d'insertion, la
réduisant dans la mesure où elle démotive les demandeurs dans leur collecte
d'information et réduit leur productivité, l'augmentant lorsqu'elle réduit le
salaire de réserve du demandeur. Selon nos estimations, l'augmentation de la
durée de chômage aurait un effet positif durant les 3 premiers mois, négatif
(mais de moins en moins) à partir du quatrième.
Dans l'évaluation des
politiques actives wallonnes, nous nous intéressons donc plus spécialement aux
dimensions d'efficacité et d'équité.
Avant de présenter les
politiques ayant fait l'objet d'évaluation, il est encore utile de préciser un
certain nombre d'effets qui peuvent fausser l'estimation de l'efficacité :
-
l'effet de "poids
mort" (deadweight) traduit le fait que certains demandeurs bénéficiant de la
politique auraient pu trouver un emploi sans celle-ci. Pour corriger ce
problème, nous avons utilisé un groupe de demandeurs "témoins", soit
d'individus qui auraient pu mais n'ont pas eu accès à la politique;
-
l'effet de
substitution signifie que des demandeurs peuvent avoir été réinsérés au
détriment d'autres, que l'effet global sur l'emploi peut donc être
surévalué;
-
l'effet de
déplacement suppose que l'utilisation de politiques actives peut se faire au
détriment de l'activité de certaines firmes, freiner leur développement et
donc leur capacité d'absorber de la main d'oeuvre supplémentaire.

2. Evaluation des
politiques actives d'emploi wallonnes
2.1. Présentation
En matière de politique
active d'emploi, les régions du Benelux se singularisent par l'importance
considérable accordée aux programmes de création d'emplois publics. L'O.C.D.E.
(1993) relevait ainsi que " Les programmes de travaux publics en faveur des
chômeurs étaient autrefois une composante importante de la politique du marché
du travail des pays de l'O.C.D.E., mais aujourd'hui, leur rôle est généralement
modeste"..."Toutefois, dans certains cas, notamment dans les pays du Benelux, la
création directe d'emplois est devenue une solution permanente pour les
travailleurs pour lesquels aucune autre solution ne semble possible".
Les dépenses consacrées
aux programmes de création d'emploi représentent plus de la moitié de celles
consacrées à l'ensemble des politiques actives. Elles étaient en 1990 six fois
plus importantes en Belgique et en Wallonie que dans les autres pays de
l'O.C.D.E.. Nous nous sommes dès lors attachés à évaluer plus particulièrement
les programmes de création d'emploi qui ont existé durant la période 1983-90
(4), appelés
"Chômeurs Mis au Travail", "Cadres Spéciaux Temporaires", "Troisième
Circuit de Travail", "Stage des Jeunes", "Aide aux P.M.E."
et "Agents Contractuels
Subventionnés". Sans pouvoir entrer ici dans le détail des programmes, il
est utile de faire quelques remarques d'ensemble sur ceux-ci, qui peuvent
influencer tant leur efficacité que leur équité:
-
ils ne touchent pas
les mêmes secteurs d'activité, mais des secteurs qui peuvent être marchands
(P.M.E., St.J.) ou non marchands (autres programmes). L'efficacité estimée
devrait être supérieure pour les programmes de type marchand; mais c'est
aussi dans le cadre de ces programmes que les effets pervers (substitution
et déplacement) faussant l'évaluation devraient être les plus importants,
-
ils ciblent
différentes catégories de demandeurs, certaines dont les probabilités
d'insertion sont (très) faibles - le T.C.T. s'adresse aux chômeurs de très
longue durée, le St.J. aux jeunes demandeurs d'emploi n'ayant pas connu
d'emploi antérieur, l'A.C.S. aux chômeurs de moyenne durée -, d'autres non -
les autres programmes ciblent les demandeurs d'emploi dans leur ensemble -.
Les premiers programmes peuvent dès lors mieux rencontrer l'objectif
d'équité;
-
les périodes
d'engagement diffèrent, d'assez courtes (C.M.T., St.J.) à très longues
(indéterminée pour le contrat T.C.T.). Une période indéterminée devrait
nuire à l'efficacité dans la recherche, en limitant la collecte
d'information et en renforçant le salaire de réserve;
-
les programmes
peuvent poursuivre d'autres objectifs que la seule réinsertion. Ils peuvent
être d'utilité collective ou servir à la dynamisation du secteur privé.
Les disparités entre
programmes devraient donc entraîner des niveaux d'efficacité différents entre
eux : ceux adressés aux secteurs marchands pourraient permettre d'avantage
d'insertion, des catégories ayant des perspectives de réinsertion faibles
pourraient moins bien profiter de programmes pourtant plus équitables, des
périodes d'engagement plus longues pourraient freiner le demandeur dans sa
recherche.
Nous allons à présent
aborder les résultats effectivement observés.
2.2. Evaluation
Il n'est pas dans notre
objectif de détailler ici l'ensemble des résultats obtenus pour l'ensemble des
six programmes analysés. Sur base de six échantillons de 10000 trajectoires
observées sur le marché du travail, nous avons principalement estimé, par voie
microéconométrique, la probabilité d'obtenir un emploi à la mième période pour
les demandeurs engagés dans chacun de ceux-ci, conditionnelle au fait que les
demandeurs n'avaient pas trouvé d'emploi à l'entame de cette mième période. Nous
avons estimé ces probabilité d'emploi à partir d'un certain nombre de variables
influençant l'efficacité dans la recherche : l'âge du demandeur, le taux de
chômage dans son arrondissement de résidence, le sexe, le niveau d'études, la
nationalité, l'aptitude, l'état civil, la profession ou le secteur d'activité.
Enfin, une variable binaire a été introduite pour mesurer l'influence que peut
avoir exercé le fait d'avoir été engagé dans le programme.
Nous considèrerons ceux
obtenus dans le cadre du stage des jeunes, qui illustrent assez bien les
résultats obtenus en matière d'efficacité dans le cadre de l'ensemble des 6
autres programmes.
Les probabilités d'accès
à l'emploi des 5000 jeunes stagiaires comparées à celles de 5000 jeunes témoins
sont reprises au graphique suivant.
Graphique 1. Probabilités
d'emploi observées de 10000 St.J. et jeunes témoins wallons.
A la lecture du
graphique, on peut observer que les jeunes stagiaires ont des probabilités
d'emploi assez faibles dans le temps jusqu'au onzième mois, moment où une
augmentation sensible de l'insertion apparaît jusqu'au quatorzième mois. A
contrario, les jeunes témoins connaissent des perspectives d'insertion
décroissantes dans le temps, mais supérieures à celles des StJ durant les dix
premiers mois.
L'on remarque encore que,
sur l'ensemble de la période, les jeunes témoins semblent mieux se réinsérer
quoiqu'ils soient d'un niveau d'éducation moyen inférieur et donc a priori moins
productifs que les autres.
En tenant compte des
différents facteurs explicatifs précédemment évoqués et dont les impacts estimés
sont repris en annexe,
nous avons estimé une probabilité d'emploi des jeunes témoins supérieure
d'environ 25% à celle des jeunes stagiaires.
En termes d'efficacité
dans la recherche d'emploi, tout se passe en fait comme si être engagé dans un
programme freinait l'efficacité du demandeur, entre autres dans la mesure où le
salaire de réserve pourrait être plus important ou que l'accès à l'information
de l'existence de nouveaux emplois serait limité. Et la pointe observée à la fin
du stage (sans pouvoir distinguer si le demandeur est engagé dans la firme dans
laquelle il a suivi le stage) ne permet pas de rattraper le deficit d'insertion
rencontré durant la période précédente.
Ce résultat sanctionnant
la moins bonne insertion rencontrée dans le cadre du programme StJ a été aussi
observé pour les cinq autres programmes analysés, dont nous avons pourtant déjà
pu remarquer les dissimilitudes qui existaient entre eux. Selon les programmes,
le déficit d'insertion se situerait entre 20% et 60%. S'il doit être nuancé en
tenant compte du fait que l'emploi proposé dans le cadre de ce programme n'est
pas assimilé à un emploi normal et que d'autres objectifs y sont poursuivis, il
semble cependant remettre en question l'idée selon laquelle ces programmes sont
de véritables politiques actives, au sens ou elles faciliteraient l'insertion du
demandeur sur le marché "normal" du travail. En privilégiant l'objectif
d'emploi, une redistribution des politiques actives vers moins de place accordée
aux programmes de création d'emploi pourrait devoir être privilégiée.
Dans le cadre de la
dernière partie de cette contribution et en guise de conclusion, nous allons
proposer une réorientation dans l'importance relative à accorder aux différentes
politiques, sur base des expériences vécues dans les autres pays de l'O.C.D.E.
et synthétisées dans Calmfors (1994). Nous accompagnerons cette démarche de
quelques propositions normatives relatives aux modes d'application des
politiques.

3. Recommandations
En faisant observer
préalablement que les évaluations en matière de politiques actives peuvent
apporter des résultats contrastés et sans prétendre connaître une répartition
"optimale" des politiques, il nous semble cependant pouvoir tout d'abord
proposer deux pistes visant un meilleur dosage des politiques actives en Région
wallonne :
-
l'intensification des
services de conseil et de placement semble à privilégier, dans la mesure où
ce type de politique paraît le plus prometteur en termes d'insertion, même
si elle génère d'importants effets de substitution. Elle permet de ne pas
stopper le demandeur dans sa recherche, comme ce peut être le cas des
programmes de formation ou de création d'emploi. Elle favorise ainsi
spécifiquement les rencontres offre-demande et augmente la compétitivité sur
le marché du travail;
-
les programmes de
formation semblent aussi plus utiles que ceux de création directe d'emploi
en matière de réinsertion, dans la mesure où ils permettent d'avantage
d'améliorer les capacités et de ne pas augmenter les salaires de réserve des
individus. Il faut cependant signaler que ces considérations tirées de
résultats observés sur différents marchés du travail pourraient tenir à
d'autres facteurs que la nature des politiques de formation, que ce soit
l'importance des salaires versés dans le cadre des programmes, le fait que
la politique soit étroitement ciblée ou non, le niveau favorable ou non de
la conjoncture économique ou la capacité du groupe ciblé à mieux profiter du
programme.
Outre ces propositions
d'importance plus marquée à accorder à d'autres politiques actives que celles de
création d'emploi, les modes d'application de ces politiques pourraient aussi
être améliorées :
-
les niveaux
d'indemnisation accordés dans ces programmes ne doivent pas être excessifs
(ne pas se situer au niveau de celles d'un emploi normal à temps plein),
sous peine de voir un salaire de réserve beaucoup trop élevé des demandeurs
d'emploi. Les politiques actives ne doivent pas attirer les gens par les
rémunérations qu'elles proposent, mais par les perspectives qu'elles offrent
en termes d'insertion aux yeux des demandeurs. Des rémunérations adéquates
devraient sans doute représenter des montants correspondants aux allocations
de chômage et aux frais inhérents au programme;
-
alternativement, il
pourrait être utile de favoriser la pratique du temps partiel dans les
programmes, afin de permettre aux demandeurs d'acquérir des qualifications
tout en n'étant pas bloqués dans leur recherche d'emploi;
-
en termes de ciblage,
il est souhaitable de réinsérer des individus peu privilégiés sur le marché
du travail. Mais il n'est sans doute pas efficace d'axer les programmes sur
ces seules personnes, sous peine de leur coller l'image d'individus à
problèmes aux yeux des employeurs potentiels. Et le ciblage peut aussi
offrir d'importantes sources d'inéquité entre travailleurs.
En ce qui concerne le
moment du ciblage (courte, moyenne ou longue durée), cibler des chômeurs de très
longue durée permet de limiter les effets pervers (particulièrement de
substitution) des programmes. Mais il est aussi probable que ces chômeurs
pourront tirer moins facilement parti des programmes proposés, ceux-ci devenant
alors peu efficaces. Layard, Nickell et Jackman (1991) proposent en ce sens de
cibler prioritairement des chômeurs de moyenne durée, soit d'environ 6 mois.
Il est encore utile de
rappeler que ces pistes d'amélioration, évoquées en termes d'importance relative
et de fonctionnement des politiques actives et allant dans le sens d'une
meilleure rencontre entre emplois vacants et demandeurs d'emploi sur le marché
du travail, s'inscrivent dans un cadre plus général où d'autres politiques
visant la création d'emplois gardent un rôle primordial.

Bibliographie
- CALMFORS L.,
"Politiques actives du marché du travail et chômage - Cadre d'analyse des
aspects cruciaux de la conception des mesures", Revue économique de l'O.C.D.E.,
n° 22, printemps 1994, p. 5-52.
- GOURIEROUX C., "Un modèle de recherche optimale d'emploi", in DROESBEKE,
FICHET ET TASSI, "Analyse statistique des durées de vie", Economica, 1989, p.
249-63.
- KIEFER N., "Economic Duration Data and Hazard Functions", Journal of Economic
Litterature, june 1988, p. 646-679.
- LAYARD R., NICKELL S. and JACKMAN R., "Unemployment - Macroeconomic
Performance and the Labour Market", Oxford University Press, 1991, 618 p.
- MAHY B., "Politique et recherche d'emploi : évaluation microéconométrique",
Reflets et Perspectives de la vie économique, Février 1994, pp. 87-102.
- MINISTERE de l'EMPLOI et du TRAVAIL, "Le marché du travail en Belgique", mars
1993, 113 p.
- O.C.D.E., "Politiques actives et marché du travail : évaluation des effets
macro- et micro- économiques", Juillet 1993, chapitre 2.
Annexe : Estimations paramétriques des semi-élasticités entre probabilités
conditionnelles d'emploi de jeunes
|
Coefficients |
t - ratios |
Non participation au Stage des Jeunes |
0,255 |
6,437 |
Age |
-0,052 |
-5,363 |
Taux de chômage par arrondissement |
-0,146 |
-2,493 |
Sexe
Femme
Homme |
Référence
0,526 |
Référence
10,434 |
Niveau d'études
Primaire
Secondaire inférieur
Secondaire supérieur
Supérieur "court"
Supérieur "long"
Universitaire
Autres |
Référence
-0,004
0,169
0,518
1,056
0,674
0,266 |
Référence
-0,050
2,052
4,751
5,102
4,852
2,357 |
Nationalité
Belge
CEE
Hors CEE |
0,052
0,014
Référence |
0,348
0,087
Référence |
Aptitude
Normale
Réduite
Tès réduite |
0,825
0,818
Référence |
1,641
1,548
référence |
Etat civil
Célibataire
Marié
Autre |
Référence
0,013
0,041 |
Référence
0,260
0,286 |
Profession
Professions libérales
Ingénieurs, architectes, chimistes
physiciens, vétérinaires, biologistes
Médical (Pharmacien, médecins)
Enseignement
Juristes, journalistes, artistes
Techniciens, dessinateurs
Autres
Managers
Employés de bureau
Vendeurs, agents commerciaux
Agriculteurs, pêcheurs, forestiers
Transporteurs, conducteurs
Ouvriers, artisans
Habillement
Mécaniciens
Electriciens
Menuisiers
Maçons
Alimentation
Manutentionnaires, manoeuvres
Autres ouvriers
HORECA
Services, sports et activités récréatives
Nettoyeurs, concierges
Autres |
-0,431
-0,198
0,163
-0,050
0,046
-0,157
-0,218
Référence
-0,029
0,027
0,116
-0,202
0,125
0,132
-0,007
-0,124
0,145
-0,061
0,136
-0,178
-0,347
-0,300 |
-2,419
-2,144
1,628
-0,380
0,516
-1,589
-0,990
Référence
-0,239
0,157
0,457
-1,546
1,563
1,264
-0,061
-0,860
0,824
-0,427
0,859
-1,666
-1,442
-2,374 |
Secteurs d'activité
0. Agriculture, sylviculture et pêche
1. Energie et eau
2. Extraction
3. Industries transformatrices des métaux
4. Autres industries manufacturières
5. Bâtiment et génie civil
6. Commerce, restauration,...
7. Transport et communications
8. Institutions de crédit
9. Autres services
10. Activités non définies |
0,363
-0.533
Référence
-0.218
-0,333
-0,475
-0,427
-0,376
-0,137
-0,494
-0,539 |
1,258
-2,360
Référence
-1,142
-1,826
-2,363
-2,830
-2,120
-0,836
-3,477
-3,873 |
Notes
1. Groupe de Recherche en Economie Appliquée; Université de Mons-Hainaut; Place
du Parc, 20; 7000 Mons Tél. : 065373281, Fax. : 065373054
2. Sur base de 3849 emplois vacants transitant par les services publics et en
suspend en avril 1995 et de l'hypothèse selon laquelle ils pourraient
représenter 20% du total des emplois vacants wallons.
3. Nous ne présenterons pas ici d'explication détaillée des modèles
macroéconométriques - qui supposent différentes relations entre probabilités
d'emploi, facteurs individuels et durée de chômage - ni des façons de les
estimer. A ce sujet, nous renvoyons le lecteur à Gouriéroux (1989), Kiefer
(1988) ou Lancaster (1990).
4. Si des modifications dans les programmes ont été apportées durant la période
1990-95, celles-ci pourraient ne pas devoir entraîner d'enseignements très
différents de ceux que nous avons obtenus ici. Le programme TCT a été remplacé
par le PRIME, alors que les primes accordées dans le cadre du programme ACS
tiennent à présent compte de la durée de chômage du demandeur engagé dans le
cadre du programme. Les programmes CMT et CST ont été supprimés.

|