Discours d'ouverture
Jean-Pol
DEMACQ
Président de l'Institut Jules
Destrée
Monsieur le
Bourgmestre, Monsieur le Ministre Ylieff, Monsieur le Président
d'Honneur de l'Institut Jules Destrée, Messieurs les Parlementaires,
Monsieur l'Administrateur au Conseil de l'Europe, Monsieur le
Rapporteur général, Mesdames et Messieurs les Rapporteurs, Mesdames
et Messieurs les Participants, chères Amies, chers Amis,
Je veux, avant toute
chose, remercier la Région wallonne pour le précieux soutien qu'elle nous a
apporté, permettant à l'équipe de l'Institut Jules Destrée de réaliser le
montage audiovisuel qui vient de vous être présenté et qui illustre, de manière
imagée et vivante, le champs qu'entend parcourir et ensemencer notre défi de
l'éducation.
Quatre ans déjà se sont
passés depuis qu'en octobre 1987, nous nous sommes réunis une première fois pour
essayer de définir un projet de société global pour cette Wallonie qui nous est
si chère.
Le moment était opportun.
Ce premier congrès survenait - hasard des circonstances - en pleine crise de l'Etat
central et à moins de deux mois des élections législatives du 13 décembre 1987.
Celles-ci allaient déboucher sur une longue période de vide politique, sur fond
de négociations et de missions d'information. Alors que la crise allait se
poursuivre jusqu'aux premiers jours de juin 1988, dès le 3 février, l'Exécutif
wallon s'était mis en place, faisant ainsi progresser sensiblement le processus
fédéraliste. Le Président de l'Exécutif wallon, Guy Coëme, avait d'ailleurs
annoncé, le 16 avril 1988, son intention de prendre des initiatives si le
gouvernement central continuait à être bloqué.
Je voulais rappeler cet
élément car il n'est pas sans rapport avec les événements que nous avons vécus
durant toute cette semaine, et qui se sont précipités ces dernières vingt-quatre
heures.
Le Congrès des 17 et 18
octobre 1987 a permis de dégager l'interactivité des différentes dimensions de
la vie en société et la conviction, fondamentale, que le projet économique de la
Wallonie était indissociable de ses projets technologique, scientifique,
culturel, éducatif et - bien évidemment - institutionnel. Ainsi, les quatorze
ateliers et les deux carrefours de base, appréhendant l'ensemble des champs
nécessaires pour construire l'avenir wallon, avaient répondu au défi du
Rapporteur général, le Professeur Michel Quévit, en montrant - et la presse en
fut le relais formidable - que la Wallonie était encore capable de se forger une
identité susceptible de rassembler toutes les composantes de sa population
autour d'un projet de société novateur.
Assurément, ainsi que l'a
montré le Rapporteur général, les travaux de ce premier congrès avaient mis en
évidence la prédominance grandissante des investissements immatériels et tout
particulièrement des ressources humaines dans le développement futur de nos
sociétés industrialisées. Au delà de ce constat, le Congrès s'était prononcé
pour une réponse plus adéquate aux besoins qualitatifs de notre population. Des
pistes étaient élaborées pour le monde des décideurs politiques :
- nécessité d'une
stratégie de développement régional pour le tissu productif wallon,
- exigence d'une
politique efficace de la science et de la technologie sur les deux axes des
entreprises et des programmes de recherches européens,
- appel à une adaptation
de notre système éducatif à un avenir déjà perçu comme un défi en matière de
savoir et de capacité d'apprendre,
- impératif du
développement de notre identité propre, vécue comme un humanisme lié à la fois à
l'enracinement et à l'universalité.
Cette réflexion que, dans
ma conclusion, j'avais qualifiée d'interdisciplinaire, de vivante, de
décloisonnante, de pluraliste et de globale, avait permis de promouvoir l'image
d'une Wallonie comprise et reconnue, non pas dans sa conception strictement
territoriale, mais surtout dans sa dimension sociétale et universelle.

Il ne s'agissait pas d'en
rester là. Dès le mois de décembre 1987, les rapporteurs auxquels s'étaient
joints le Professeur Riccardo Petrella, patron du Programme FAST aux Communautés
européennes, et plusieurs de mes collaborateurs, se réunissaient ici à Namur. En
février 1988, ils avaient dressé un premier inventaire des priorités d'actions
pour l'échéance 1993 qui portait sur chacun des ateliers. Ce document fut
d'ailleurs repris en annexe des actes du premier Congrès. De manière non
innocente, les ateliers 3 "L'Avenir de l'Enseignement" et 4 "La formation de
demain" étaient fusionnés.
Les priorités définies
pour ce nouvel atelier étaient particulièrement pertinentes à un moment où l'on
ne parlait pas encore dans nos rues de revendications qualitatives et de
refinancement de l'enseignement.
Notre objectif
prioritaire portait sur l'élaboration d'un projet éducatif cadre pour la
Wallonie. Il s'agit d'une sorte de charte à laquelle chacun puisse adhérer sans
devoir renoncer à ses spécificités essentielles.
Le deuxième point
consistait en la mise sur pied d'une conception et d'une politique profondément
rénovées de la formation initiale et continuée des enseignants.
Troisièmement, le Comité
scientifique, sous l'impulsion du Professeur De Landsheere, demandait la
construction d'un réseau stable de centres de recherche en éducation qui aurait
notamment pour mission de répondre aux demandes des décideurs et de les informer
sur l'état des connaissances objectives relatives aux objets à propos desquels
ils doivent se prononcer.
La quatrième priorité
était de disposer d'universités qui possèdent de nouveaux moyens réels
d'expansion. Enfin, nous considérions comme impérative la coordination de
l'enseignement avec la formation scolaire et post-scolaire dans un projet
d'ensemble, cohérent et solide, basé sur un décloisonnement entre les
entreprises et la formation spécifique offerte sur le marché de l'emploi, ou
plutôt du chômage.
L'effervescence politique
et institutionnelle du printemps et de l'été 1988 absorbèrent l'attention de nos
rapporteurs qui décidèrent, début 1989, à l'initiative du Professeur Georges
Neuray, de choisir comme vecteur des travaux du nouveau congrès le thème de
l'éducation. Moteur d'une société en pleine mutation, la notion d'éducation
apparaissait en effet suffisamment dynamique pour faire l'objet d'une approche à
partir de chacun des dix ateliers que nous avions identifiés et sélectionnés.
Dès lors, les rapporteurs
se mirent à l'ouvrage pour se constituer chacun un réseau que nous voulions
ouvert sur le monde économique et social, faisant appel aux compétences de
chercheurs issus de toutes nos institutions, de praticiens ou d'utilisateurs
avertis. Nous donnions ainsi à la notion d'Education sa conception large qui va
de la culture familiale et locale à celle des médias, et des industries
culturelles..., en passant par celle des entreprises, ou des administrations, et
qui intègre, d'autre part, tous les types de formations offerts à une
population.
Au fil des travaux en
réseau et des réunions régulières du Comité scientifique, l'Education s'est
imposée comme une composante essentielle pour la Wallonie de demain, non
seulement pour soutenir son devenir économique, social et culturel tel qu'il a
été identifié dans le congrès précédent, mais également, comme l'a exprimé le
Professeur Quévit, pour l'induire et le promouvoir au travers de politiques
concrètes et participatives.
Chaque réseau a d'abord
déterminé deux ou trois axes essentiels pour couvrir le champs qu'il devait
balayer. Ces approches ont été passées au crible du Comité scientifique lors de
ses réunions du début 1991. Il restait à lancer à nouveau la démarche dans le
public. Ce fut chose faite au printemps, avec la diffusion de la Présentation de
la Problématique du Congrès, grâce à la complicité de la Presse que je voudrais
ici remercier pour sa particulière et efficace attention à notre égard.
Juillet constituait la
deuxième échéance : celle de la remise aux rapporteurs des contributions des
membres de leur réseau. Il leur restait à élaborer leur rapport, ce qui fut fait
en août. Ces documents ont été largement diffusés avant le congrès et ont fait
l'objet, hier, d'exposés, d'affinements et de corrections par des participants
toujours motivés, malgré les complications pratiques que constituaient la
décentralisation des ateliers dans dix villes wallonnes, et la difficulté de
gérer cet éparpillement pourtant intellectuellement parfait et psychologiquement
séduisant. Les synthèses d'ateliers et le rapport général ont fait l'objet des
travaux nocturnes du Comité scientifique et de mes collaborateurs, les uns et
les autres, consignés pour la circonstance.

Monsieur le Rapporteur
général,
Mesdames et Messieurs les Rapporteurs,
Mesdames et Messieurs les Membres des réseaux,
Mesdames et Messieurs les Participants,
Soyez remerciés de votre
engagement à nos côtés pour ce beau travail qui donnera, je le pense, un contenu
substantiel à notre volonté commune de bâtir le pays wallon et de préparer un
avenir aux générations futures.
Deux mots encore.
Le premier pour vous dire
mon plaisir de voir rencontrée aujourd'hui une préoccupation exprimée par
Mesdames Marianne De Boeck et Anne-Marie Straus qui intervenaient,en 1987,
respectivement comme Secrétaire général de l'Union wallonne des Entreprises et
comme Directeur de cabinet du Ministre de l'Economie wallonne, Arnaud Decléty,
préoccupation de voir le monde des entreprises participer à nos travaux. C'est
chose faite aujourd'hui, puisque de nombreux responsables de PME ou
représentants de grandes entreprises sont parmi nous. L'éducation des futurs
cadres et travailleurs les interpelle, mais ce sont eux aussi qui dégageront
d'une manière ou d'une autre les moyens de cette formation.
Je voudrais saluer
ensuite les nombreux représentants du Ministère de la Région wallonne qui se
sont associés à cette démarche. Non seulement parce que nous sommes partenaires
dans cette passionnante aventure, mais aussi, parce que - nous l'avons dit - la
Région wallonne est confrontée à l'animation de structures administratives
valorisant l'esprit d'initiative et la responsabilité de ses membres, et que, je
le crois profondément, par la volonté qui règne dans cette administration, elle
est en train de relever avec force son propre défi.
Je souhaite à chacun
d'entre vous un fructueux travail, un travail qui contribuera sans nul doute au
redéploiement de notre beau Pays wallon. Je vous remercie de l'avoir tellement
bien compris !
(Octobre 1991)

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