Allocution d'ouverture
Jean-Louis
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Bourgmestre de la Ville de
Namur
Président de NEW - Namur - Europe - Wallonie
Me
pardonnerez-vous, Mesdames, Messieurs, de déroger aux règles de
préséance pour saluer, avant les éminents participants, les
organisateurs de ce Congrès?
Ils se sont fixé
l'objectif le plus ambitieux qui soit : être concrets. Je m'efforcerai donc de
respecter dans mes propos cette courageuse option.
Quoique la problématique
du développement des Villes soit le plus souvent abordée à propos des
métropoles, les Villes intermédiaires sont aujourd'hui confrontées à des enjeux
décisifs dans le cadre de l'intégration européenne face auxquels elles sont à
priori bien moins outillées que leurs grandes rivales.
Faible capacité de
lobbying politique et économique, manque d'instruments performants de gestion
coordonnée, clientélisme des circuits de décision qui fonctionnent dans une
sorte d'illusion d'autarcie communale, faible perception des multiples
interactions sectorielles et des interdépendances régionales, pauvreté - voire
absence - d'une analyse globale quelque peu distanciée sont autant de handicaps
qui pèsent sur leur développement.
Le Grand Namur, au
lendemain de la fusion des communes, ne faisait pas exception à la règle.
Héritière de nombreuses
structures de type villageois gravitant autour d'un centre bourgeois assez
imperméable à l'innovation, elle doit une bonne part de son essor à la volonté
d'ouverture des fédéralistes au combat desquels nous devons d'être aujourd'hui
capitale régionale.
La fusion, qui a fait de
Namur une ville de plus de 100.000 habitants, et l'installation des institutions
wallonnes sont deux facteurs prépondérants de dynamisation de l'activité locale
dont les mots-clés sont "ouverture" et "communication".
Mais il s'agit là de
conditions nécessaires, non de conditions suffisantes.
Namur s'est dotée voici
bientôt trois ans d'une structure de sensibilisation aux enjeux de développement
et de soutien aux initiatives publiques et privées dont le nom "NEW", "Namur-Europe-Wallonie",
illustre bien le projet.
Il s'agit d'une structure
fédérative, au service de la région namuroise, postulant explicitement que la
création d'un pôle d'activité à Dinant, Couvin et Philippeville ne prend toute
sa dimension qu'intégrée à une stratégie plus large, significative à l'échelle
des régions d'Europe.
Le caractère identitaire
de cette démarche est également important en ceci que la qualité de l'image que
nous allons promouvoir par l'intermédiaire de NEW constituera incontestablement
une part non-négligeable de la valeur ajoutée de nos produits.
La création du label
Namur-Région-Capitale participe de cette logique et constitue un bon exemple des
efforts que nous consentons en matière de communication.
L'inscription d'un
voilier namurois à la transat 6.50 en solitaire en est une des expressions.
Mais NEW est aussi, et
peut être avant tout, un centre d'aide à la décision.

Il y a quelques années,
considérant que les villes, et la mienne en particulier, devaient reprendre
l'initiative sur le terrain de l'activité économique, je me suis trouvé
confronté au cruel constat qu'il fallait piloter en aveugle.
Ni les entrepreneurs, ni
les décideurs politiques ne disposaient d'un tableau de bord de l'économie
namuroise.
Non seulement le secteur
public était sans prise sur la vie économique, mais le privé, constitué
essentiellement de PME, se confinait souvent dans les limites étroites que
permettaient une visibilité approximative.
Une des missions
prioritaires dès lors assignée à NEW a été la création et la mise à jour
d'indicateurs de l'activité économique qui permettent aux décideurs d'intégrer
leur réflexion à une vision d'ensemble et, le cas échéant, d'infléchir leurs
projets en fonction de stratégies plus amples.
Un autre axe de travail,
tout aussi important à mes yeux, consiste à faire entrer le monde dans la tête
des Namurois et Namur dans le monde.
Il va de soi que la
taille de Namur et de ses entreprises ne donne pas naturellement accès aux
échanges internationaux.
La participation à un ou
des réseaux de villes offre cette opportunité pour peu que l'on cible ses choix
sur base d'affinités sociales, politiques, économiques et culturelles.
NEW s'est donc vu confier
la tâche d'exploiter les potentialités dont étaient porteuses des relations
anciennes mais peu suivies avec, par exemple, Québec, Lafayette et Poitiers.
Sur fond de francophonie,
d'échanges culturels et de sympathie mutuelle, nous trouvons là des ouvertures
privilégiées pour des relations scientifiques et commerciales dimensionnées à
notre mesure.
Le marché américain est
une abstraction pour nos producteurs. Mais la Louisiane, francophile, qui compte
approximativement le même nombre d'habitants que la Région wallonne et dont la
capitale, Lafayette, est jumelée avec Namur, constitue une excellente tête de
pont.
Je citerai enfin la
réflexion en cours sur les télécommunications. Il nous paraît évident qu'il
faille promouvoir, dans le paysage économique essentiellement tertiaire qui est
le nôtre, une rentabilisation optimale des nouvelles technologies de la
communication.
Mais nous devons tout à
la fois veiller à faire l'économie de coûteux doublons. La présence de deux
téléports à 25 kilomètres de distance relèverait de la même logique ridicule qui
a vu fleurir les piscines dans le moindre faubourg, il y a 10 ou 15 ans.
Pour résumer mon propos,
je dirai que le défi que nous tentons de relever en nous dotant d'instruments
adéquats, est de faire de Namur et de son hinterland une "région intelligente",
à l'instar de ce que l'on appelle aujourd'hui les "bâtiments intelligents".
Bâtiments intelligents
dont l'installation fait d'ailleurs partie de nos projets, de manière à disposer
de réelles infrastructures d'accueil pour les promoteurs qui s'intéressent à
notre région.
Voilà, très brièvement
comme l'on m'en avait prié, la présentation des outils dont nous attendons
qu'ils nous aident à répondre valablement aux opportunités de développement qui
passent à notre portée.
Dans le contexte de ce
Congrès, vous n'aurez pas été sans remarquer qu'il s'agit bien d'une démarche
éducative au sens qui lui est donné ici.
A cet égard, je voudrais
remercier l'Institut de l'Enseignement supérieur de Namur, l'Institut technique
Henri Maus, l'Ecole provinciale d'Agriculture de Ciney et l'Institut technique
de la Communauté française de Dinant qui contribuent précieusement à cet effort.
Il me reste à vous
souhaiter bon travail et à remercier également l'Institut Jules Destrée d'avoir
songé que La Wallonie au Futur pouvait s'écrire à Namur.
(Octobre 1991)

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