Conférence - Consensus La Wallonie au Futur Namur - 1994 Où en est
et où va |
![]() |
La situation en Communauté française
|
Monsieur le Rapporteur général,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
En ce qui concerne la situation en Communauté française au sujet du pilotage et de lévaluation du système scolaire, tous les experts internationaux et nationaux signalent quil sagit dune des faiblesses de notre enseignement. La Belgique connaît donc - et en particulier la Communauté française - une faible culture de lévaluation dans et sur lenseignement. De plus, des réticences se manifestent pour donner un minimum de dimension scientifique à sa gestion. Lindépendance des réseaux scolaires et la concurrence entre les réseaux - et à lintérieur de chaque réseau - nest pas étrangère à cela. Les pouvoirs organisateurs nacceptent pas facilement une meilleure transparence.
En Communauté française, il ny a pas eu suffisamment dincitation à construire ou à développer des instruments de pilotage. Mais létat desprit des responsables et des enseignants est à modifier. Tout cela ne favorise pas une évaluation externe et interne de lenseignement et des établissements scolaires. Sommes-nous capables, en Communauté française, voire en Région wallonne, de modifier cet état desprit ? Poser la question, cest certainement permettre de trouver une réponse rapidement.
La Communauté française arrive au terme dune seconde phase dexpansion quantitative du nombre détudiants (la prolongation de lobligation scolaire, lexpansion de lenseignement supérieur). Nous sortons dune période defforts avec un essoufflement certain. Le personnel enseignant doit faire face à beaucoup de difficultés : il est en souffrance.
Les enseignants ont été recrutés en majorité à la fin des années 60, cest un corps qui vieillit. Un corps qui a dû gérer pas mal de réformes, avec du dévouement, de la générosité. Ces enseignants, qui ont une situation parfois incertaine sur le devenir (et qui ont choisi le métier pour une sécurité professionnelle), qui voient leur statut social diminuer sont soit impuissants, soit révoltés, soit résignés. De plus, les moyens de la Communauté française ne sont pas importants vu les charges des traitements dans le budget de lEnseignement.
Or, il sagit de relever des défis nouveaux pour la Wallonie : une meilleure école pour tous après une école pour tous est le défi le plus urgent.
Pour les scientifiques - en pensant au Professeur Gilbert de Landsheere -, lamélioration qualitative est basée sur la formation des maîtres, la formation initiale mais surtout la formation continue. Lamélioration qualitative des produits éducatifs est basée sur lexistence doutils efficaces dinformation et de monitoring. Pourtant tout nest pas négatif en Communauté française et le Professeur de Landsheere a rappelé combien la Communauté française a participé aux travaux de lassociation pour lévaluation du rendement scolaire. Malheureusement, les maîtres ne sont pas bien informés de ces recherches et surtout de leurs résultats. Il faut rappeler létude internationale sur le niveau de lecture en quatrième primaire (bons résultats) et à la fin du premier degré de lenseignement secondaire (résultats extrêmement médiocres pour les étudiants de la Communauté française).
Si lon veut améliorer le pilotage de notre système scolaire, il faut que le Ministère de lEducation prenne cela en charge en travaillant avec dautres partenaires : les réseaux scolaires, les associations de parents, les universités, les organisations syndicales, les agents du monde économique, des représentants de la société civile, les étudiants, etc. La plupart de ces acteurs se retrouvent au Conseil de lEducation et de la Formation, Conseil qui, avec très peu de moyens, a travaillé intensément depuis 1990 et qui peut devenir un organe centralisateur du pilotage du système éducatif. Il faudrait pouvoir élargir ses membres à des représentants de la Région wallonne.
Mais le Ministère peut parfaitement remplir ce rôle avec, comme le signale le rapport de lOCDE, trois services : un réel service de statistiques et dindicateurs de lenseignement, un service de programmation de la Recherche et Développement dans lenseignement et un service dévaluation et de prospectives pouvant sappuyer sur les travaux des deux premiers pour fournir régulièrement aux praticiens, aux décideurs, des états de la situation.
Sans ces moyens notamment, nous nous retrouverons dans quelques années avec cet enjeu pour la Wallonie dune meilleure école pour tous qui aura été un échec. Comme le disait Philippe Destatte, bâtir un pays, cest construire son éducation.
Cette conférence-consensus mapparaît donc extrêmement importante dans la mesure où, si vous pouvez arriver à présenter à lopinion publique - et, au delà, à ceux qui la représentent - limportance de ces enjeux pour notre jeunesse et pour notre devenir wallon, ces journées nauront pas été inutiles.
Je vous remercie.
(Mars 1994)
![]() |
Page mise à jour le 23-08-2004 |
|
![]() |
||
Tous droits réservés © Institut Jules-Destrée |