Les liaisons possibles
entre les champs culturels et les champs économiques en matière de
développement local
Jean-Loup
Blanchy
Ingénieur agronome
Attaché à la FRW
On peut distinguer grosso modo
sur le terrain deux types d'approche du développement économique :
-
d'une part celle des
milieux plus spécifiquement économiques (Etat, Région, Administrations,
Intercommunales,...). Elle porte généralement des effets à court terme.
Exemple : accueil d'entreprises offrant un volume d'emploi important,
assistance à des projets économiquement cohérents et d'une ampleur jugée
suffisante. Cette approche est réalisée de façon souvent cloisonnée par
rapport aux filières de formation notamment;
-
d'autre part, une
approche qui est plutôt celle des milieux de l'éducation permanente. C'est
l'émergence, parfois naïve et maladroite, d'une volonté locale de prendre
son destin en charge. Limitée dans ses moyens, soumise à des pièges divers,
elle est porteuse de changements parce qu'elle interpelle à la fois Monsieur
Tout le Monde et les pouvoirs publics. Elle vise la satisfaction des besoins
immédiats mais ses résultats se situent dans le long terme.
Par ces petites actions
de création, de promotion, de formation, elle amorce un processus dont cette
fois les locaux tentent d'avoir le contrôle. En Wallonie rurale l'exemple le
plus significatif de ce mouvement est sans doute l'Entre-Sambre-et-Meuse dont
les ...ESEM et consorts ont essaimé avec des résultats concrets en terme
d'emplois créés et ... ça continue.
Interpellée par les
besoins locaux, la question qui se pose toutefois à l'éducation permanente est
de savoir jusqu'où elle peut s'investir dans un processus de développement sans
se disperser, sans s'égarer, en conservant son efficacité. L'absence de ponts
avec les structures économiques conduit souvent celle-ci à s'investir jusqu'au
terme du processus à savoir la création d'emplois avec des moyens financiers et
humains souvent fort limités.
Des expériences comme
celles du Foyer Culturel d'Antoing ou du CRABE en Brabant wallon sont sans doute
des éléments de réponse parle souci qu'ont ces associations de rendre les
processus lancés le plus rapidement possible autonomes.

Opportunité d'une action
qui dépasse le cadre strictement économique, tout en se pliant aux exigences de
celui-ci, condition nécessaire de réussite, qui dépasse aussi le cadre d'une
idéologie strictement partisane permettant ainsi d'associer un maximum de
ressources en hommes et en moyens.
Opportunité d'une
approche qui sur le plan local tente l'articulation de politiques cloisonnées et
tente de les adapter au besoin du terrain, qui par son caractère
pluridisciplinaire tente de cerner avec compétence la globalité d'une processus
de développement.
Opportunité encore d'une
démarche qui plutôt que de se poser en alternative ou en concurrence avec des
outils existants toujours imparfaits tente de les impliquer dans un processus.
Opportunité toujours
d'une démarche qui comprend en fonction d'un objectif défini l'analyse réaliste
du contexte, et des moyens à mettre en œuvre et met en vis-à-vis les coûts
évalués en termes économiques et sociaux.
Opportunité enfin de
rencontre comme celle organisée par l'Institut Jules Destrée qui permet de
partager ce que l'on fait, de se poser les questions toujours indispensables du
pourquoi on le fait, du comment on le fait et des résultats que l'on obtient ou
n'obtient pas, et de voir aussi comment d'autres s'en sortent avec chacun ses
réussites et ses échecs.
En conclusion, je crois
avoir essayé de faire passer ma conviction que l'éducation permanente est
interpellée par le champ économique. Sa présence à ce niveau peut d'ailleurs
être constatée aux quatre coins de la Wallonie rurale. Sa capacité à relever,
avec pragmatisme et sans espoirs fous, le défi du développement local sera
fonction des moyens à sa disposition et de sa capacité à définir sur le terrain
une méthodologie cohérente d'action.
Et de montrer par là
comme d'autres l'on fait en Wallonie et à l'étranger qu'avec la volonté locale
et un encadrement adapté il est possible d'amorcer un autre développement -
complémentaire au parachutage dans les pôles industriels d'entreprises motivées
parfois surtout par des aides financières - complémentaire à une politique
d'aides économiques diverses qui, faute d'encadrement adapté, risquent d'être
détournées de leur objectif initial ou rester inaccessibles.

|