Bibliothèques, Centres
de documentation, instruments de reconversion
Robert
MAHIEU
Inspecteur à la Direction
générale du Ministère de la Communauté française
1.
Introduction
Bibliothèques publiques,
Centres de documentation ont pour but de recenser, structurer, mettre
l'information à la portée de tous.
Concept
d'information
La prolifération de
l'information déjà constatée depuis de nombreuses années est un phénomène qui
prend de plus en plus d'acuité en raison d'une convergence de facteurs:
accumulation naturelle des connaissances, multiplication des supports, nouveaux
outils de saisie, accroissement de la population productrice d'informations,...
Il est donc nécessaire de
gérer cette information au mieux. Une gestion cohérente implique la maîtrise de
2 problèmes:
-
l'enregistrement de l'information
(stockage de tout ce qui est utile, avec possibilité d'ajouts, de mises à
jour, mais aussi de suppressions).

L'information permet une
recherche de plusieurs types:
-
Bases de données
bibliographiques: la réponse à la question posée est fournie par la
référence au document.
-
Banque de données: la
réponse est obtenue directement.
-
Système expert:
"manipulation" de connaissances, qui permettent par un dialogue avec
l'ordinateur de fournir une réponse à un problème complexe.
Importance
économique et stratégique que représente l'information:
1.1. Création de banques
de données accessibles à tout public
Le développement de
MINITEL en France montre bien l'évolution vers ces nouvelles technologies. Plus
de 2.000.000 de MINITEL sont installés en France.
Toutes les informations
accessibles sont interactives:
-
banques;
-
messagerie
électronique;
-
vente par
correspondance;
-
consultation de
catalogues-réservations;
-
banques de données
très professionnelles, mais aussi grand public.
Ex.: monde de la presse:
Parisien Libéré, Nouvel Observateur, Libération.
Quel type d'information
trouve-t-on dans un service comme "MINITEL"?
-
Information pure:
résumés, grands titres,flashes
-
Petites annonces
classées
-
Messagerie
électronique
-
Jeux

C'est donc le
développement d'une nouvelle culture qu'il faut intégrer dans la culture
traditionnelle. Les enfants et adolescents sont formés à cette culture, il faut
les encourager à y chercher l'information éphémère, mais aussi les mettre en
garde contre cette éphémérité. Donc, rechercher d'autres supports pour
l'information critique, qui doit être décortiquée et réutilisée.
Ex.: information
professionnelle.
1.2. Information
professionnelle
Ce type d'information se
trouvera dans:
La démarche idéale sera
de prendre connaissance de l'information dans les banques de données et ensuite,
de pouvoir se procurer les documents qui y font référence. Cette démarche
implique l'intervention d'intermédiaires entre le chercheur et le document. La
croissance de l'information est exponentielle, il faut des professionnels pour
la recenser, l'indexer, la stocker. La France seule édite plus ou moins 30.000
titres d'ouvrages par an, la Belgique francophone: 3.000.
L'information
professionnelle passe également par la recherche en langue étrangère, par la
voie de banques de données commerciales.
On a donc besoin de
personnes qualifiées pour cette recherche, de documentalistes, de
bibliothécaires. Ces personnes auront donc un rôle similaire à l'écrivain public
d'autrefois. En effet, la consultation des bases de données est complexe: les
accès sont souvent différents, les langages d'interrogation aussi et
l'utilisation de thésaurus pas évidente. Il faut donc gagner du temps pour
diminuer les coûts, donc faire appel à des professionnels de la documentation.
Il y a dans le domaine de
l'information un effort important à faire dans la voie de formation et de
recyclage. Si la "culture informatique" est à développer, elle doit s'inscrire
dès le premier niveau de scolarité, afin de familiariser les enfants à l'outil
informatique. L'utilisation de terminaux rebute encore trop de personnes.
Des formations d'adultes
devraient se multiplier également, afin de ne pas "être asservis" à
l'informatique, mais en être "des utilisateurs" intelligents. L'expérience de la
Province de Namur est à cet égard intéressante: les agents provinciaux qui le
souhaitent pourront prendre un mois sabbatique, afin de s'initier à
l'informatique, mais aussi de créer, grâce à cette formation, des ébauches de
solutions ou pourquoi pas, des réalisations dans leur propre travail. Expérience
donc à suivre dans laquelle les personnes sur le terrain sont directement
impliquées et où, chose rare dans notre pays, on passe allègrement par-dessus la
hiérarchie!

2. Formation des
professionnels de l'information
L'informatique et les
nouvelles technologies amènent à repenser le travail du bibliothécaire et du
documentaliste, de même que la gestion d'une bibliothèque.
Sans vouloir entrer dans
les détails techniques, on peut se limiter à dire que les professionnels de
l'information, débarrassés d'un certain nombre de tâches routinières, pourront
s'attacher davantage aux critères de sélection d'ouvrages ou d'articles,
développer davantage les indexations pour permettre une recherche plus aisée et
surtout être à la disposition du lecteur ou du chercheur.
Le contact humain sera
amplifié, le rôle le plus important est d'affiner la demande pour trouver
l'information adéquate parmi la masse de plus en plus importante des
informations. Rôle d'intermédiaire, de conseiller et aussi de formateur, d'aide
à la recherche.
Les bibliothécaires
repliés sur leurs fonds et garants de la conservation d'ouvrages vont céder la
place à des "informateurs" initiés aux nouvelles technologies en les utilisant
intelligemment.
En d'autres termes, les
dépositaires de livres doivent être remplacés par des fournisseurs
d'information.
3. Besoins des
utilisateurs
Les utilisateurs actuels
ou potentiels des bibliothèques publiques ou des centres de documentation sont
en général catalogués dans la catégorie "grand public". Il est difficile de
définir cette notion qui ne peut se distinguer par des classes sociales ou des
professions particulières. Il est plus aisé d'essayer de déterminer les besoins
par les demandes des utilisateurs.

3.1. On distingue
classiquement deux types de demandes:
-
demandes
documentaires personnelles (pour un pari, un jeu, un hobby, ...) qui peuvent
être également des demandes pratiques déguisées.
-
demandes
documentaires professionnelles, en majorité émanant de l'enseignement.
Une étude française en
1983 sur les banques de données de base signalait que sur 536 demandes
documentaires, 403 étaient des demandes professionnelles. Près de 60% de
celles-ci venaient d'étudiants, 10% d'enseignants, 20% de centres documentaires
et d'établissements scolaires
Le reste appartenait aux
professions libérales, aux associations, au secteur tertiaire et aux
institutions publiques.
3.2.
Documents: Ces demandes peuvent être satisfaites par une multitude de documents
qui peuvent varier par leur périodicité (journal, revue, ouvrage, encyclopédie)
ou par le support médiatique (écrit, cassette, dia, photo, film,...).
3.3.
Neutralité de l'information: On a constaté que le milieu de l'enseignement était
assez fasciné par la presse. De plus, certaines personnes sollicitent des
journaux comme Le Monde, par souci de neutralité de l'information. D'autres ne
s'attacheront qu'au journal de leur opinion politique, comme "garant" de vérité.
C'est pourquoi, il est
important de créer des lieux-relais où tout type d'information soit stockée, que
ce soit l'information "orientée" ou l'information dite neutre. De plus, on voit
mal comment, même actuellement, on pourrait se passer d'intermédiaires.
Trop d'éléments complexes
interviennent pour cerner la demande: le maniement de la langue, l'extension du
vocabulaire, les capacités sémantiques et les capacités logiques.

4. Formation des
utilisateurs
D'une étude réalisée
auprès des Normaliens à l'Ecole Normale Supérieure de St-Cloud, il apparaît
qu'en règle générale, les futurs professeurs n'utilisent pas ou utilisent mal
les services d'une bibliothèque. Ce qui implique qu'ils n'auront eux-mêmes pas
la possibilité de communiquer le réflexe de la bibliothèque à leurs élèves.
Voici quelques constats
de cette étude:
-
les étudiants en
général ignorent les principes de classement des documents;
-
ils ne savent pas
lire une notice de catalogue;
-
nombreux sont ceux
qui ne connaissent pas l'existence de bibliographies, d'index;
-
méconnaissance des
moyens pour faire une recherche documentaire et souhait d'une formation à
cet égard.
Un aspect assez positif a
cependant été déduit: les étudiants sont d'autant plus sensibilisés au fait de
fréquenter une bibliothèque dans le cadre de leurs études qu'ils ont fréquenté
une bibliothèque publique étant enfant ou adolescent.
On voit donc que la
création et la maintenance de telles institutions est un facteur favorable à une
réussite professionnelle. Il est tout aussi évident que la formation des
utilisateurs au sein des institutions qui dispensent l'information doit faire
l'objet d'attentions particulières.
(Octobre 1987)

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