Le sport à l'école et
dans l'école
Christian
BURSSENS
Instituteur - Responsable du
Secrétariat "Sport à l'école" de la Ville de Charleroi
Voilà
plusieurs décennies, l'enfant trouvait à faire du sport dès son plus
jeune âge. Terrains vagues, prairies, places publiques, rues étaient
le théâtre de rencontres homériques et interminables.
Les occasions étaient
fort nombreuses et le gosse trouvait aisément à s'initier à de nombreuses
disciplines, voire acquérir l'A B C du métier. Lorsqu'il envisageait de
rejoindre un club, il avait fait un choix et arrivait nanti de certains acquis.
Que reste-t-il de tout
cela maintenant?
On a bâti sur les
prairies et terrains vagues, les places publiques sont devenues des parkings, la
circulation est si intense que l'on court de grands dangers à jouer sur la rue.
Où le gosse peut-il
découvrir un sport, mieux plusieurs sports si ce n'est à l'école?
Mais il faut savoir que
les horaires sont fort chargés et la place réservée à l'éducation physique, déjà
réduite, s'est encore rétrécie suite à certaines décisions gouvernementales.
Rares, très rares même sont les élèves qui bénéficient à l'heure qu'il est de
deux heures d'éducation physique par semaine.

Des pouvoirs
organisateurs ont cherché ou cherchent des solutions. Charleroi a mené dès 1984
une opération promotion sport à l'école. Elle s'est matérialisée par
l'organisation de journées, de tournois, de passages de brevets, stages
d'initiation, de perfectionnement, écoles de sport étant entendu que ces
activités se déroulent pour la très grosse majorité en dehors du temps scolaire
le mercredi après-midi ou le samedi.
D'autre part, les
autorités communales auraient voulu, dans le cadre des humanités sportives au
Centre scolaire de la Garenne introduire une spécificité football, ce qui fut
refusé par les instances ministérielles.
La vaste campagne de
vulgarisation, menée au sein de nos établissements communaux a porté ses fruits:
la participation est devenue beaucoup plus importante et la qualité est
également au rendez-vous: le sport a fait une percée spectaculaire dans
l'enseignement communal de Charleroi, est devenu une réalité.
D'autre part, dans le
cadre du projet éducatif de la Ville, plusieurs disciplines sportives figurent
au programme de certaines écoles maternelles: des petits - 3 ans - s'initient à
la gymnastique sportive - engins adaptés à leur âge, à leur grandeur et se
familiarisent au milieu aquatique; d'autres - 4 à 6 ans - ont pris goût au
baby-basket, un sport qui nous est venu de France et au baby-tennis de table
pratiqué sur des mini-tables.
La Ville voudrait encore
offrir "un plus" à ceux, à celles qui fréquentent ses écoles: leur permettre de
participer à des activités sportives ou culturelles supplémentaires.
Si quelques solutions se
dessinent, l'éventuelle réussite passera par la disponibilité de professeurs,
d'animateurs, d'animatrices acceptant de travailler en dehors du temps scolaire
proprement dit.
Une expérience est
actuellement en cours au sein d'une entité hennuyère. Quatre heures de cours - 4
fois 1 heure: le lundi, le mardi, le jeudi et le vendredi - sont ajoutées à
l'horaire normal et les élèves ont le choix entre deux options: sports et
activités culturelles, le tout étant dirigé par des gens dont le premier
objectif est d'initier - de donner ainsi l'occasion aux élèves de faire un choix
; le second, étant de les aider à se perfectionner.
Les gosses bénéficient
finalement de six heures d'activités sportives ou culturelles.
Les premiers résultats
sont très encourageants: les gosses se sentent concernés, participent par
plaisir, se découvrent des aptitudes qu'ils aiment à développer. Ils sont, dans
la très grosse majorité devenus plus sociables et progressent au niveau
scolaire.

On pourrait par ailleurs
ouvrir nos écoles en dehors du temps scolaire et y mettre en place des centres
d'activités, ouverts aux élèves des établissements intéressés, voire à d'autres
enfants venus de l'extérieur.
Ces centres d'activités
culturelles et sportives (menées parallèlement) pourraient être dotés d'une
infrastructure minimum et la gestion devrait être confiée à des animateurs
ouverts, compétents et responsables, capables, après une initiation à plusieurs
disciplines, de diriger le gosse vers celle qui lui conviendrait le mieux. Ils
deviendraient des centres de rencontres privilégiés, nos écoles retrouvant du
même coup une vitalité certaine.
Outre les bâtiments
scolaires, on peut également penser à nos plaines de jeux - une dizaine pour
l'entité de Charleroi, lesquelles ne vivent réellement que quelques semaines par
an: quatre ou cinq à la période des grandes vacances et deux - au mieux - à
celles de Pâques.
A l'heure qu'il est,
quelques établissements de chez nous travaillent épisodiquement avec certains
organismes comme les sections locales du PAC (Présence et action Culturelles) et
proposent généralement des séances de cinéma qui connaissent un succès certain
auprès des gosses. Très intéressés, motivés aussi, ceux-ci répondent
favorablement et cela prouve qu'ils sont donc demandeurs.
Ouvrir les écoles, les
plaines de jeux; ce serait permettre à nos jeunes d'occuper sainement leurs
loisirs, ce qui ne pourrait avoir que d'heureuses retombées, tant sur leur
comportement en général que sur leur travail scolaire.
(Octobre 1987)

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