L'identité wallonne:
hypothèques et faux papiers
Jean-Marie
KLINKENBERG
Docteur en Philosophie et
Lettres - Professeur à l'ULg - Directeur du Centre d'Etudes québécoises
Introduction
Parler de la Wallonie,
c'est bien souvent se mettre en quête d'une définition.
Selon les cas, en effet,
ce qui est désigné par ce nom récemment apparu dans l'histoire peut être un
ensemble linguistique, une région économique, un proto-Etat, ou un pur concept
géographique. Contrairement à ce que l'on observe dans le cas d'autres noms de
collectivités, Wallonie ne déclenche pas chez celui qui l'entend l'évocation
d'une imagerie homogène, ne provoque pas la référence à une évidence massive,
indiscutée.
Ce qui est en cause ici
est donc l'identité wallonne.
Après avoir discuté du
concept d'identité collective, nous passerons en revue quelques uns des modèles
identitaires jusqu'ici proposés pour la Wallonie. Notre analyse montrera
qu'aucun de ces modèles n'est apte à rendre compte de la situation présente de
la Wallonie (d'où notre titre).
La réflexion sur
l'imaginaire wallon est donc aussi urgente que la critique économique ou
institutionnelle.
Ainsi que nous le
montrerons plus loin, toute identité se manifeste dans un discours. Discours
étant pris au sens large: est un discours un texte littéraire, un éditorial, un
traité d'histoire, mais aussi un emblème, un monument, un film. Nous avons
choisi de privilégier ici l'expérience verbale, d'abord pour des raisons
accidentelles (c'est ce terrain que nous explorons depuis de nombreuses années),
mais aussi pour des raisons objectives: il est de fait que, depuis le XIXè
siècle et singulièrement depuis le protestantisme, c'est aux écrivants
(écrivains au sens strict, mais aussi critiques, mémoralistes, intellectuels)
qu'a incombé la plus grosse part du travail de définition des identités en
Europe. Notre examen sera nécessairement cursif: on manque encore non seulement
d'une bonne analyse, mais même d'un recensement fouillé des textes marquants
dans les débuts sur l'identité wallonne, de L'Originalité wallonne de
Jules Sotiau au Manifeste pour la culture wallonne.

1. L'identité collective
1.1. Dangers
Identité. Terme dangereux
s'il en est. Même si le concept a fait l'objet de définitions rigoureuses dans
les sciences sociales et en anthropologie, on doit reconnaître qu'il n'est pas à
l'abri de tout soupçon. Alors que "identité" désigne en principe un processus
banal de l'activité cognitive (on ne peut connaître un objet qu'en le
différenciant de son contexte et en lui attribuant, par contraste, des
propriétés absentes de ce contexte), certains discours ont tôt fait d'occulter
la démarche de différenciation et d'appréhender les qualités de l'objet non
comme un fait existentiel, mais bien comme une essence. Essence par définition
immuable, mise à l'abri qu'elle est des contingences. Essence par définition
inanalysable, et ne pouvant par conséquent déterminer que des appartenances et
des non-appartenances totales. Le renouveau même du concept dans les sciences
humaines, où il accompagne le retour d'un sujet triomphant (cfr Oriol ou Igonet,
1984), a de quoi inquiéter. Car on peut attribuer cette thématique à une
nouvelle culture qui s'élabore sous nos yeux. Culture narcissique - pour
reprendre l'expression de Chr. Lasch - liée aux nouvelles conditions
économiques. Après la parenthèse des golden sixties (qui, déjà, ne furent guère
d'or pour la Wallonie), la scène que constituent les pays développés a en effet
bien changé: l'emprise des individus sur leur existence y faiblit (ou tout au
moins l'idée que cette emprise est possible est mise en doute). Les disciplines
qui faisaient profession d'expliquer certains phénomènes apparaissent
aujourd'hui comme impuissantes à rendre compte des formes nouvelles qu'ils
prennent. Le statut de la rationalité dans les sciences sociales est dès lors
mis en cause, comme aussi la dimension collective et historique des phénomènes
qu'elles étudient. D'où le retour du sujet - sujet appréhendé en dehors des
idéologies qui, prétendûment, le réduiraient -, et la remise à l'honneur du
temps personnel, débranché de toute historicité. Dans cette culture,
l'insignifiance de l'existence et l'anxiété qui en découle est compensée par une
attention exclusive au moi. Cette idéologie narcissique correspond assez bien à
l'implantation de la doctrine néo-libérale ou - pour utiliser un terme prêtant
moins à confusion - libertariste: au constructivisme, le libertarisme oppose une
conception de l'homme comme totalement investi du droit de disposer de lui-même.

1.2. Précautions
Qui voudrait parler de
l'identité wallonne devrait se garder des dangers dont on vient de parler. Et
pour cela, deux précautions doivent être prises.
1.2.1. La première:
assumer explicitement la dimension pragmatique de l'identité. L'homme, en effet,
ne vit pas que d'analyses. Il doit aussi agir, et des discours aussi mystifiants
aux yeux d'un rationaliste que la poésie ou le slogan lui sont un puissant moyen
d'action. Ces discours peuvent en effet non seulement créer de nouvelles
dispositions psychologiques, mais aussi engendrer des concepts nouveaux, et donc
jouer un rôle herméneutique. Le discours de l'identité peut ainsi servir le
décryptage de la réalité, en fonction de certains objectifs.
1.2.2. La deuxième
précaution est du même ordre que la première. Afin de ne pas hypostasier les
propriétés de l'objet identifié, tout discours sur l'identité se doit de prendre
en considération non seulement les traits qui constituent cette identité, mais
encore le processus d'identification: celui qui sélectionne les traits
définitoires et leur donne un sens. Autrement dit, il faut se poser la question:
qui parle? et d'où parle-t-on? Seule la prise en considération de ce processus
permet de voir que l'identité est une pratique sociale: le contenu d'une
identité peut varier en fonction des intérêts d'un groupe, elle peut être
instable, en ce qu'elle reflète les tensions entre les différentes fractions du
groupe, elle peut être plurielle si plusieurs fractions élaborent leur vision du
groupe (ce que nous verrons d'ailleurs bien dans le cas de l'identité wallonne).
Pour Kirsch (1987: 31), "L'identité collective doit être resituée dans le
processus de vie sociale. Cela signifie que l'on ne peut postuler que toute
identité de groupe doit prendre la forme de l'identité nationale au sens
contemporain. Cela signifie aussi la reconnaissance du caractère historiques des
identités, c'est-à-dire de leur caractère transitoire, elles ont eu un début et
on peut penser qu'elles auront une fin. Cela signifie en outre la possibilité
d'exister de plusieurs identités superposées, concurrentes ou non, à certains
endroits et à certains moments. Cela signifie enfin la possibilité de
l'intensité variable de l'identité collective dans le temps. L'identité
collective peut faire l'objet d'élaborations nouvelles et peut s'inscrire dans
des projets de groupes, de classes ou de fractions: en ce sens, l'identité peut
faire l'objet de luttes de classements entre groupes et à l'intérieur de groupes".

1.3. Naissances de
l'identité
Ces précautions prises,
nous pouvons préciser qu'une identité collective est l'aboutissement d'un
processus symbolique complexe, que nous pouvons schématiser en trois phases:
1.3.1. Il faut tout
d'abord un substrat objectif, condition nécessaire, mais non suffisante: ce peut
être un cadre de vie commun, certains comportements (allant du culinaire et du
vestimentaire au religieux ou au politique), certaines situations sociales, etc.
1.3.2. Il faut ensuite
une sélection de certains de ces traits, dès lors assumés comme autant de signes
de démarcation. Ce que Bernier, parlant du nationalisme, nomme la "mobilisation
de la trame de la vie quotidienne"(1983: 120). Ce processus de mobilisation
relativise le substrat objectif, lequel peut être flou et largement diversifié
(sans cependant pouvoir être inexistant).
1.3.3. Mais cette
définition - qui fait monter à la conscience les traits du substrat qui
pouvaient jusque là rester inconscients - ne suffit pas encore. Pour que
l'identité puisse orienter collectivement l'action, elle doit se manifester
largement aux yeux de cette collectivité; autrement dit, elle doit être
communicable, ce qui suppose une certaine forme d'institutionnalisation.
Bourdieu (1980: 65) note ainsi que, dans la pratique, les traits objectifs de
l'habitus "sont l'objet de représentations mentales, c'est-à-dire d'actes de
perception et d'appréciation, de connaissance et de reconnaissance, où les
agents investissent leurs intérêts et leurs présupposés, et de représentations
objectales, dans des choses (emblèmes, drapeaux, insignes, etc. )ou des actes,
stratégies intéressées de manipulation symbolique qui visent à déterminer la
représentation (mentale) que les autres peuvent se faire de ces propriétés et de
leurs porteurs. Autrement dit, les traits que recensent les ethnologues ou les
sociologues objectivistes dès qu'ils sont perçus et appréciés comme ils le sont
dans la pratique, fonctionnent comme des signes, des emblèmes et des stigmates".

2. Les identités
wallonnes
2.1. Une formalisation
faible
Nous pouvons maintenant
aborder le problème de l'identité wallonne.
La première constatation
qu'on peut faire est que les débats autour de cette identité ont le plus souvent
eu lieu autour de substrat objectif et non du processus de formalisation. Or, ce
substrat est, comme on vient de le voir, non pertinent en soi. Un Maurice Piron
a pu tenir la gageure de peindre Les Wallons dans la "Revue de psychologie
des peuples" (reproduit in Piron, 1978: 151-156) sans tomber dans la
caricature qu'implique trop souvent ce type d'exercice. Et sans doute est-ce là
une des meilleures et des plus compendieuses approches du substrat objectif
d'une identité wallonne. Mais force lui était de déclarer aléatoire toute
tentative de définition d'une originalité wallonne. Difficulté portée au compte
d'un "individualisme foncier", qui devient ainsi un élément de la
formalisation...
Le fait que les débats
portent sur le substrat n'est qu'un effet de la faiblesse de la représentation.
M. Otten (1981: 11) fait
pertinemment observer que si la littérature d'aujourd'hui manifeste la nécessité
de dire la région, comme source de rêve ou objet de désir, "ce travail de
l'imaginaire n'a de sens que s'il s'appuye sur les virtualités d'un substrat
mythique, légendaire, artistique, où la communauté puise l'intuition de son
identité"mais que, sur ce plan "la Wallonie ne peut faire fond sur aucune
tradition". C'est qu'une identité, pour jouer son rôle moteur, doit
manifester une grande consistance. Le modèle mobilisateur qu'elle offre doit
être à même de surdéterminer tous les discours variés qui s'y inscriront. (Les
critiques de la littérature québécoise l'ont bien senti, qui ont mis en avant la
notion de "texte national"). La puissance du modèle va nécessairement de pair
avec sa souplesse: il doit en effet pouvoir absorber les modifications apportées
par l'histoire, ne pas voler en éclat au moindre changement de la structure
sociale. Il lui faut donc comporter les mécanismes de son propre aménagement.
Au vrai, il est peut-être
optimiste de parler de représentation faible. Un pessimiste aurait sans doute
affirmé l'occultation totale de l'identité. Occultation par le silence d'abord.
Analysant cette variation sur le thème de l'identité que fut, en 1980, la grande
somme intitulée "La Belgique malgré tout", R. Andrianne note
pertinemment que "La Wallonie, même pour ceux qui y sont nés (la majeure
partie du corpus), ne semble pas hanter l'imaginaire des écrivains. Ceux
qui en parlent (3 sur 69) en donnent une image passéiste" (1983: 139).
Occultation, aussi, par
la dénégation, quand on attire l'attention sur le côté nivelant, ou mythique, de
l'identité: "A l'officielle qui nous découvrit d'immémoriales racines belges
(...) tend ainsi à se substituer une autre mythologie historique qui entend nous
trouver de tout aussi immémoriales racines wallonnes" (Quaghebeur, 1980:
510). Propos qui ne manque pas de pertinence lorsqu'on considère ce que nous
nommerons plus loin le modèle populiste, mais qui aboutirait sans doute à jeter
le bébé avec l'eau du bain s'il proposait aux intellectuels l'idéal d'une
identité coupée de l'histoire exclusivement liée qu'elle serait au travail de
l'écriture. Or, c'est bien à ce processus qu'on assiste actuellement, si du
moins on considère ce que l'on peut approximativement désigner comme la "grande
littérature": après une cinquantaine d'années où prévalut le modèle
franco-centrique, on a pu assister, dans les années 70, à ce qui paraissait bien
être une réflexion sur l'identité du francophone belge. Les discours élaborés
alors l'ont été autour de la notion de belgitude: la Belgique comme creux, comme
négativité ou questionnement. Mais loin d'amener l'intellectuel à s'interroger
sur son insertion, ce débat - d'ailleurs aujourd'hui dépassé - semble l'avoir
confirmé dans sa solitude: l'exil est bon, car le créateur est nécessairement un
exilé de l'intérieur. Il n'avait donc pas exactement la portée que, dans notre
optimisme, nous lui avions donnée d'abord (Klinkenberg, 1981).

2.2. Populisme
La première identité
attribuée à la Wallonie peut être qualifiée de nationale et de populiste. C'est
sur elle que nous nous attardons le plus, car c'est ici que le discours
mobilisateur s'est fait le plus élaboré.
Pour comprendre sa
constitution, il faut remonter aux débuts de l'ère industrielle, qui a vu se
créer les Etats-nations et le concept de nationalisme tel qu'il s'est incarné
jusqu'à la seconde moitié du XXè siècle. Le capitalisme moderne amène au pouvoir
une bourgeoisie commerçante qui, gênée par les frontières féodales, créera les
grands ensembles que seront les Etats modernes. Ces entités territoriales
doivent bien entendu être légitimées. Elles le seront par une idéologie de
l'unité qui sera le nationalisme. Dans la cas wallon, cette idéologie fut belge.
Elle ne pouvait pas ne pas l'être: la bourgeoisie au profit de laquelle
s'élaborait le nouvel Etat était transculturelle. Et c'est en l'espace de neuf
ans à peine (de 1830 à 1839)que s'élabore l'idéologie du nationalisme qui
aboutira à la célèbre définition de "l'âme belge" (cfr Klinkenberg, 1980). On
sait ce qu'il est en général advenu des cultures régionales au cours de
l'élaboration des nationalismes: elles ont fait l'objet d'un travail
d'"infériorisation". Travail qui n'est pas encore bien connu aujourd'hui: car ce
n'est pas d'une disqualification pure et simple des cultures régionales qu'il
faut parler, mais bien plutôt d'une nouvelle distribution des rôles entre nation
et région. Cette dernière (qui n'a statut de "région" que par contraste avec le
nouveau statut de la nation) pouvait d'autant moins être niée en Belgique que la
répartition quantitative des groupes linguistiques ne permettait pas au discours
de l'unité de se déployer comme en France, par exemple. Il fallait donc trouver
un statut à la région, ou plus exactement un sous-statut. Elle deviendra alors
le réservoir de ces caractéristiques qui ont permis l'élaboration de la Nation,
mais prises à l'état pur, antérieurement à leur réalisation dans l'Etat et à
leur expression dans l'ère industrielle. Pour prendre un exemple précis, on
pourra dire que le "bon sens" - attribué à la nationalité belge et qui explique
ses bonnes performances économiques - tire sa source de vertus populaires,
vécues avant toute industrialisation, et destinées à survivre dans un fonds où,
sans cesse, l'évolué pourra aller se ressourcer.
Telle sera la Wallonie
qui se modèle au XIXè siècle: terre d'âge d'or, précisément peuplée de ceux que
l'évolution économique est en train de rejeter hors du champ de l'histoire:
artisans, boutiquiers; en elle s'incarnent toutes les nostalgies. La naissance
de cette idéologie épouse donc étroitement les modifications de la
stratification sociale, ainsi que le note M. Quévit: "L'avènement de cette
bourgeoisie s'est fait aux dépens des élites locales qui, soit ont emboîté le
pas et suivi le mouvement unitaire et national, soit se sont cloisonnées dans un
provincialisme étroit. Dès lors d'une manière paradoxale, tandis que se
développait la valeur d'unité nationale, l'attachement aux autonomies
provinciales et le sentiment d'appartenance sous-régionales qui y correspond,
demeureront très puissant en Wallonie". Mais on l'a vu, le paradoxe n'est
qu'apparent: c'est dans le terreau de l'ère industrielle qu'est née l'émotivité
préromantique qui a permis d'exprimer ces sentiments.
Rien n'illustre mieux
l'évolution et les fonctions du populisme wallon que le "principautarisme"
liégeoise, érigé par nombre de ceux qui le professent en modèle possible pour la
culture wallonne. Mais nous aurions pu prendre nos exemples ailleurs. Ainsi dans
les oeuvres de Louis Delattre (qui brodent autour de la vision amusée des
petites choses, que l'on attribue volontiers au tempérament wallon) ou dans les
trignollades confectionnées à jet continu depuis 1938 par un Arthur Masson,
pétantes de bonne santé morale.
Cette idéologie principautaire, en voie de constitution depuis l'extrême fin du
XIXè, a récemment connu une de ses plus notables expressions "de pain du
Millénaire en bières Notger ou Tchantchès, commémorations et jubilés vivifient
périodiquement l'image du Liégeois éternel, gai, frondeur et vif au travail, ami
de la France et détenteur du meilleur de l'esprit wallon"(Leboutte, 1983).
Discours habité de petitesse gentille et de grandeur passée, peuplé
d'impertinences au grand coeur, d'artisans modestes mais fiers de leurs
traditions; ardeur et douceur: cité Ardente et Petite France de Meuse.

Constitution d'une
idéologie, disons-nous. En fait, c'est plutôt de reconstitution qu'il faut
parler. Car la source de cette imgagerie est à rechercher plus haut. On la doit
essentiellement aux romantiques français - Dumas, Hugo, Michelet, Gautier,
Sainte-Beuve. Ceux-ci, outre qu'ils trouvaient en terre liégeoise les contrastes
propres à leur plaire - nature accidentée, ruelles ombreuses et tortueuses,
scènes industrielles titanesques, présence vivante de l'Histoire - se plaisent à
relayer la francophilie qu'ils rencontraient chez leurs interlocuteurs de la
bourgeoisie avancée. On sait que la francophilie de cette classe a profondément
marqué les premières années de l'Etat belge. Mais une fois déçus les espoirs de
rattachement à la France, il restait à cette frange de l'opinion à élaborer une
idéologie compensatoire. Et de français, le patriotisme liégeois se fit belge.
N'étaient-ce pas les Liégeois qui avaient tenu le jeune royaume sur les fonds
baptismaux? Et la Constitution élaborée n'était-elle pas l'héritière du
libéralisme principautaire? Syncrétisme parfaitement résumé dans l'exclamation
de M. Polain: "Soyons Belges, c'est encore être Liégeois!" L'idéologie
principautaire est dès lors mise sur la touche. Mais au tournant du siècle, les
conditions matérielles du discours culturel se modifient progressivement.
Sur le plan politique et
économique, le personnel liégeois est évincé au profit de la classe dominante
bruxelloise qu'il a contribué à former: d'où un repli liégeois, sensible en
littérature dès le début du siècle. Il s'exprime surtout chez Glesener qui
publie en 1890 et en 1905 "Aristide Truffaut" et "Le coeur de
François Remy", mais qui donnera encore, après les nouvelles paysannes de
l'Ombre des sapins (1934), celles d'Entre les coteaux bleus(1937), où
il fait vivre une fois de plus les boutiquiers, les artisans et les filles de
Liège. Le repli va s'accentuer avec la fin de la grande période classique des
lettres belges. Alors que jusqu'en 1920, la part y est faite belle à une
rhétorique et à une mythologie nordique (créatrices de la seule image acceptable
de la Belgique littéraire sur le marché des biens culturels), les
bouleversements sociaux obligent l'intellectuel francophone à structurer son
système de valeurs.
Deux solutions sont dès
lors théoriquement possibles pour le francophone belge. Soit le départ (d'où la
fuite d'un Michaux). Soit, pour ceux qui restent, l'obligatoire schizophrénie:
wallons de corps et, pour certains, d'engagement, les voilà français de plume
(inconfort bien exprimé par les contorsions d'un Charles Plisnier).
Pour les Liégeois, il en
est une troisième. Ou plutôt - et la nuance est importante - une manière de
vivre la seconde de manière moins déchirante: l'idéologie principautaire lui
offre le luxe de vivre son tropisme vers Paris sans le condamner à l'exil
intérieur et la sécurité d'une "position préparée à l'avance". Cette idéologie
se construit patiemment dans l'oeuvre poétique et romanesque de nombre d'auteurs
dont tous ne sont pas Liégeois (par exemple Maurice Des Ombiaux, qui donne en
1932 "Liège qui bout" et "Liège à la France" en 1934). C'est
qu'elle s'offre en effet comme un modèle à toute la Wallonie, à laquelle elle
entend donner une âme et une capitale spirituelle. Oeuvre de notables, elle veut
présenter, toutes contradictions gommées, une image positive du "bon peuple"
liégeois, réputé ardent, mais assoiffé d'ordre. Celui d'Outre-Meuse en est,
évidemment, le modèle achevé. Nous retrouvons une fois de plus ici le mythe
inventé pour les besoins de la bourgeoisie romantique, assoiffée d'arcardiennes
bergeries et qui nommait Peuple dans le livre ce qu'elle appelait populace dans
la rue. Ce peuple anachronique, ce " bon géant, naïf et infaillible,
ignorant tout mais plusavant et vertueux que les savants, ogre gentil,
débonnaire et vertueux" (C. Roy), on le trouve dans "Le Volontaire
liégeois", de D. Horrent (1930), il s'anime dans "Autour du perron" et "Petite
France de Meuse" de Ch. Delchevalerie (1932 et 33). L'inflation d'oeuvres
"liégeoises", de H. Colleye (Liège est fine et belle, 1933) à Jules
Bosmant et à Olympe Gilbart est, dans les années 30, étonnante. Le regain
universel des nationalismes y est pour quelque chose. Beaucoup de revues sont en
tout cas vouées à l'auto-célébration, comme l'éclectique "Wallonie en fleur"
de C. Fabry (1923-1928).
Cet assez long détour
dans l'histoire des sensibilités est riche d'enseignements. Il montre en effet
les dangers qu'il y a d'ériger le populisme décrit en identité wallonne, dangers
presque inévitables: au fur et à mesure que progresse lentement le nationalisme
belge, c'est cette identité qui tend à s'y substituer: parce qu'elle est déjà
constituée, parce qu'elle s'exprime par de nombreuses voix et sur des modèles
multiples. Même si le courant qui la fonde n'a pas donné de grand mythe
fondateur, elle a la consistance de ce qui existe déjà.
Or il est trop évident
que ce discours populiste n'est porteur d'aucun avenir. Il ne nous donne pas de
clés pour comprendre notre présent, sur lequel il ne nous permet donc pas
d'agir. L'analyse de la naissance et de son développement dit assez qu'il n'a pu
jusqu'ici jouer qu'un rôle compensatoire.

2. 3. Folklorisme
Parce qu'elle est à peu
près la seule à énoncer une identité, la littérature moyenne, dont relèvent tous
les témoins que nous avons cités, ne pouvait pas ne pas rencontrer le folklore.
Et c'est ici le lieu de dénoncer une nouvelle ambiguïté des identités wallonnes.
Autrefois diffusé par des
voies principalement orales et constituant, avec l'enseignement religieux, le
seul horizon idéologique de larges couches de la population, le folklore a connu
chez nous une mutation capitale. Loin d'être encore le médium obligatoire par
lequel passent les grandes représentations, il est devenu un objet parmi tous
ceux que manipulent les mass media; il est devenu, entre autres choses, élément
de pittoresque parmi ceux qu'offre la vitrine aux loisirs. Très souvent, la
pratique folklorique a donc cessé d'être un moyen de participation à l'être d'un
groupe pour devenir un spectacle à consommer, au même titre que le match de
football ou l'émission télévisée; c'est le cas, par exemple, de la plupart des
carnavals. En retour, la socialisation planétaire pousse certains à retourner au
folklore local, dans lequel ils pensent trouver un remède à l'uniformisation. De
là le regain d'intérêt, s'essoufflant un peu ces dernières années, pour les
anciens métiers (tisserand, montreur de marionnettes), pour les collectivités à
taille humaine (des artistes et intellectuels colonisant telle impasse
populaire, tel village), pour les manifestations de groupe où les différences
s'abolissent, pour des arts d'exécution simple et ayant le goût du vieux temps
(groupes instrumentaux pratiquant la vielle ou l'épinette, danses folkloriques).
Regain d'intérêt d'autant plus pertinent que la Wallonie a la chance de disposer
d'un patrimoine sinon original (l'originalité, en matière de folklore, étant à
ranger au rayon des illusions), du moins porteur d'une certaine marque
d'unicité, que lui donnent des usages locaux encore vivaces, des traditions plus
assoupies que mortes, et, surtout, un dialecte à l'individualité
linguistiquement bien marquée, ainsi que des variétés linguistiques françaises
perçues comme originales par les locuteurs (cfr Lafontaine, 1987).
Sans nier la qualité de
ce mouvement de "néoarchaïsme" (selon le terme d'Edgar Morin), on doit au moins
noter deux de ses ambiguïtés: d'une part, quoique fondé sur des "valeurs
populaires", il reste le plus souvent le fait des couches intellectuelles ou
moyennes de la population; d'autre part, il représente plus une fuite qu'une
solution réelle aux problèmes qui sont à l'origine de ce désir de remonter aux
sources. D'où, sans doute, l'échec de nombreuses tentatives "d'animation", qui
sont parfois comparables aux décourageantes expéditions des missionnaires
d'autrefois. Mais de là, aussi, leur réussite lorsque la pratique du cramignon,
l'apparition de ménétriers ou la mise sur pied de spectacles d'amateurs ne sont
que des composantes d'actions plus vastes mobilisant les collectivités: dans
plusieurs villes de Wallonie, on se souviendra sans doute de l'animation qui
règna dans certains quartiers populaires lorsque se précisèrent (puis se
réalisèrent) certaines menaces de massacres urbanistiques. On le voit donc, si
le retour au folklore peut constituer un élément important de la vie culturelle
wallonne d'aujourd'hui, il ne saurait prétendre à être la panacée. Il ne faut en
tout cas pas - c'est un risque que perçoivent certains jeunes animateurs -
qu'une certaine commercialisation du folklore aide la Wallonie à accepter son
statut de "réserve": réserve de main-d'oeuvre, réserve de vieux consommateurs,
réserve touristique où il ne restera plus aux autochtones vêtus de sarrau qu'à
scander Marèye clap'sabot pour l'esbaudis-sement de bénéluxiens plus
dynamiques et d'Européens à devises fortes.

2.3. Socialisme
Une dernière identité
wallonne est directement liée à l'industrialisation (directement: l'identité
populiste l'était, a-t-on dit, indirectement). Ce sont surtout des observateurs
contemporains qui ont insisté sur ce point, de M. Quévit à J. Fontaine. Citons
T. Michel, le jeune cinéaste de Hiver 60: "Nous avons été marqué
par 150 ans d'aventures industrielles. Il y a trois siècles, nous n'existions
pratiquement pas. Notre bagage émotionnel commence avec cet héritage, les mines,
les verreries, etc. Les terrils étaient ma plaine de jeux, la lumière était
cachée par les fumées noires et la pluie aussi était crasseuse, le visage des
gens marqués par le travail (...). Notre génération est celle qui a les moyens
de dire et de montrer cela, au moment où cela nous échappe... Ce monde se
termine. Notre identité se situe là, dans ce questionnement par rapport à cette
conscience paradoxale" (in AA. VV, 1985: 22).
Nous aurons à revenir sur
ce paradoxe. Mais notons dès à présent que la liaison entre une personnalité
wallonne et les bouleversements culturels provoqués par l'industrialisation
n'est pas neuve. Un récent colloque d'historiens consacré aux grandes grèves de
1886 n'avait-il pas pris pour titre La Wallonie née de la grève ?
Par ailleurs, nombre
d'événements historiques dont l'interprétation semble aujourd'hui aller de soi
peuvent également être lus grâce à cette clé. Ainsi, la crainte des francophones
devant la montée de la revendication flamande n'a pas seulement été le fait de
fonctionnaires désireux de conserver leurs places en Flandre. Il a pu y avoir la
conscience d'une disparité dans les sensibilités politiques et culturelles. Un
Jules Destrée, par exemple, a pu être déçu de voir que, malgré une majorité
laïque obtenue en Wallonie grâce à une alliance entre l'aile radicale du
libéralisme et le mouvement ouvrier socialiste, la majorité catholique
continuait à s'imposer au pays, à la faveur du poids relatif de la Flandre.
C'est pour la même raison qu'après les élections de juin 1911 - lesquelles
débouchèrent sur un gouvernement catholique homogène - une grève éclata dans le
Borinage. L'histoire doit ainsi faire la part d'un important courant de
sensibilité, disons fédéraliste et démocratique, qui ne date pas d'hier,
puisqu'on alla jusqu'à manifester cette sensibilité le 7 septembre 1913 au
Conseil provincial de Mons, devant Albert 1er.
Cette sensibilité put se
traduire en divers langages: sur le mode personnaliste avec Elie Baussart,
autant que sur le mode laïciste, avec certains libéraux. Mais il est à noter que
cette nouvelle identité fondée sur le lien entre industrialisation et culture
n'a pas donné lieu à des discours marquants, rapidement repris et diffusés par
la collectivité.

Ceux dont les intérêts ne
seraient pas servis par cette identité socio-économique verront une explication
simple à cette discrétion. Ils affirmeront que le discours "ouvriériste" mutile
la réalité de la Wallonie, en la ramenant au seul cadre urbain qui s'est créé
dans le sillon Sambre-Meuse, alors qu'il existe une autre Wallonie, celle de
l'axe Bruxelles-Arlon, et qui ne serait, elle, que bourgades résidentielles,
villes de service, campagne... Explication illusoire, évidemment, puisqu'elle
explique par le substrat une absence qui est d'un autre ordre.
C'est en effet sur le
plan de la formalisation qu'il faut envisager la faiblesse de ce nouveau
discours. Et c'est, sans doute une fois encore, un ensemble de facteurs
socio-historique qui l'explique. La conscience populiste étudiée a en effet été
l'apanage d'une intelligentia dont les premières attitudes ont été défensives:
même s'il faut apporter les nuances sur lesquelles nous avons d'abord attiré
l'attention, il s'agissait d'abord d'oeuvrer pour cette langue française dont la
suprématie était menacée par les revendications flamandes. Grosso modo, c'est
ainsi dans une classe sociologiquement identique à celle qui fut le siège de
l'idéologie unitariste belge que s'est développé le premier discours
anti-unitariste francophone. Un ensemble important d'arguments furent d'ailleurs
transférés tels quels d'un discours dans l'autre. Ce discours, plus formalisé,
étant énoncé dans des milieux plus aptes à en assurer la diffusion, on conçoit
que le discours économique et social ait eu des difficultés à se développer au
point d'investir l'imaginaire des créateurs. Non seulement ce deuxième discours
servait des intérêts différents du premier, mais encore devait non pas naître
mais se développer plus tardivement, et dans des milieux syndicaux progressistes
d'abord, dans les milieux intellectuels ensuite. Or les conditions objectives
principales de ce discours (non point nécessairement la crise, mais déjà la
seule perte du monopole industriel) sont apparues à une époque où le lien
s'était distendu entre la diffusion culturelle et les milieux syndicaux. On sait
que la guerre 40-45 a tourné une page de l'histoire du mouvement ouvrier: les
cercles d'éducation populaire, le théâtre des maisons du peuple, voire le
théâtre d'agitation (théâtre étudié par Perin, 1979) ont été balayés, et bien
peu remplacés par un théâtre-action, dont le faible rayonnement est d'ailleurs
orchestré.
On le voit, l'hypothèque
qui pèse sur l'avènement d'un discours de l'imaginaire industriel n'est pas à
proprement parler le paradoxe noté par T. Michel: rien n'interdit à une identité
de s'enraciner dans un substrat en pleine mutation; rien n'interdit à un propos
porteur d'avenir de s'articuler à un univers qui va disparaître. Le problème est
plutôt du côté de la rareté de voix susceptibles de le formuler.

3. Conclusion
Il nous faut sans doute
ici nuancer les termes polémiques de notre titre: en matière d'identités, et
puisque celles-ci profitent toujours à quelqu'un, il n'y a pas de faux. Mais au
moins peut-on choisir son point de vue. Et, au nôtre, les identités jusqu'à
présent données à la Wallonie sont des hypothèques. Soit qu'elles fassent fond
sur un substrat dont les liens avec les problèmes actuels de la Wallonie sont
inexistants, soit que les moyens que leur formalisation s'est donnée restent
inadéquats. Si la culture est un ensemble de représentations qui doit permettre
de se situer dans notre monde et d'y agir collectivement, alors on voit mal en
quoi ces identités seraient porteuses d'une culture nouvelle. Hypothèse plus
lourde que celle du silence, celle qui invoque la Haute Responsabilité du clerc
et son Rôle Critique pour le dispenser de prendre ses responsabilités ici et
maintenant, et de l'empêcher de jouer un rôle critique ici et maintenant, celle
qui parle de la subversion par l'écriture pour mieux consolider le pouvoir
symbolique.
Mais des pistes sont
ouvertes depuis plusieurs années déjà. Il n'est pas du pouvoir d'une assemblée,
aussi libre fût-elle, de créer le texte fondateur, celui qui subsume les
différentes facettes d'une identité, et donne le branle à un grand discours
collectif, qu'il féconde et finalise. Mais il est de notre responsabilité de
réfléchir aux fonctions et au fonctionnement des identités wallonnes. C'est un
signe d'importance qu'une anthropologue étudiant l'identité collective en
Belgique francophone et au Québec souligne le fait que le Manifeste pour la
culture wallonne "évite la définition essentialiste de la culture et de
l'appartenance". C'est un signe que le mot même d'identité, avec ce qu'il
suppose de statique, ait été contesté au profit de celui d'identification,
destiné à faire apparaître au grand jour le rôle pragmatique des appartenances
(J/Dubois, in AA. VV., 1985: 21-22), c'est un signe que l'appartenance soit
désormais traitée en termes de responsabilité.

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