Problématique générale
et mise en oeuvre de la formation permanente au Centre universitaire
de Charleroi et aux institutions associées
Claude De Wolf
Ingénieur civil, Secrétaire général
adjoint du Centre interuniversitaire de Formation permanente - CIFOP.
1. Définir
la formation permanente
Selon la formulation du
Conseil de l'Europe (Marly-le-Roi, juin 1967), l'éducation permanente est un
concept englobant la formation totale de l'homme selon un processus qui se
poursuit la vie durant. Elle implique un système complet, cohérent et intégré,
offrant les moyens propres à répondre aux aspirations d'ordre éducatif et
culturel de chaque individu et conforme à ses facultés.
Cette définition met en
évidence les éléments essentiels de l'éducation permanente: la formation totale,
pas seulement l'aspect professionnel, selon un processus, il ne s'agit donc pas
d'étapes séparées mais reliées entre elles, offrant une réponse à des besoins
individuels, et non pas à ceux de la société.
Selon cette définition,
le système scolaire devrait être une organisation d'éducation permanente
d'enfants, de jeunes et d'adultes: de la petite enfance au troisième âge. Dans
la pratique actuelle, on considère que la formation permanente c'est l'extra-scolaire.
Dès lors, il existe, d'une part, la scolarité qui concerne essentiellement la
jeunesse et pour laquelle un fort investissement et une institutionnalisation
ont été opérés et, d'autre part, la formation permanente, quelque peu délaissée
aux plans financier et institutionnel.
De plus, on voit
apparaître une diversité de termes concernant la formation extra-scolaire:
formation permanente, éducation permanente, éducation continuée, formation des
adultes, formation professionnelle continue, éducation post-scolaire, éducation
populaire,... Chacune de ces expressions désignant soit un champ spécifique de
la formation soit un système éducatif dans sa totalité. La difficulté vient du
fait que les mêmes termes sont utilisés indifféremment pour désigner des
réalités éducatives très différentes.
Notre propos n'est pas
ici l'étude, certes intéressante, de la terminologie, mais de préciser la
signification du terme "formation permanente" dans le cadre du CUNIC et des
institutions associées.
Pour paraphraser Hergé,
on pourrait dire que la formation permanente concerne les jeunes de 7 à 77 ans
et se développe dans l'extra-scolaire et/ou l'horaire décalé. Les objectifs
poursuivis, les méthodologies appliquées et les évaluations mises en oeuvre sont
spécifiques au public visé en ce sens qu'ils sont directement liés aux divers
rôles et aux diverses fonctions que les individus en formation seront amenés à
remplir à l'issue de celle-ci.

2. Pourquoi la formation
permanente ?
La formation permanente
s'est instituée en réponse à une crise du système éducatif traditionnel et comme
accompagnement des transformations technologiques et sociales de notre société.
Les initiatives les plus diverses se sont développées en vue d'une adaptation
des individus à un monde en perpétuelle mouvance, alors que le scolaire avait
plus de difficulté à s'insérer dans cette mouvance ou subissait plus de
contraintes l'empêchant de s'adapter rapidement aux nouvelles situations.
Les transformations
structurelles et conjoncturelles, telles l'automatisation des processus de
production, l'informatique, la robotique, l'organisation du travail, le chômage,
les reconversions et les licenciements, appellent l'élaboration de réponses
spécifiques notamment en termes de formation des travailleurs.
3. La formation
permanente pour qui et par qui?
La formation permanente
s'est organisée dans les milieux les plus divers, à l'usage d'un public
spécifique ou très large: les partis politiques, les églises, les mouvements
philosophiques, les syndicats, les entreprises, les différents mouvements
sociaux et scientifiques ont développé des activités dans des objectifs très
diversifiés de promotion sociale, de démocratie culturelle, d'accroissement des
capacités, de développement personnel, de pratique de loisirs actifs,...
Plus d'un millier
d'organismes existent dans la communauté française, il est illusoire de vouloir
en faire le tour ici.

4. Et la formation
permanente au CUNIC et dans ses institutions associées?
Fondé en 1974 dans une
perspective résolument pluraliste, le CUNIC est le dernier né des Centres
universitaires belges, bénéficiant du soutien actif de toutes les université de
la Communauté française Wallonie-Bruxelles, de nombreuses universités étrangères
et des principaux établissements d'enseignement supérieur de l'agglomération.
Le Centre universitaire
de Charleroi poursuit les trois objectifs suivants:
-
mettre un maximum de
formations universitaires à la disposition de la population, la grande
agglomération carolorégienne,
-
développer des
programmes spécifiques de formation pré- ou post-universitaire pour répondre
aux besoins personnels et sociaux de progression et d'épanouissement, en
synergie avec les institutions associées
-
constituer des
cellules d'information, de conseil et de recherche aptes à féconder les
efforts de reconversion de toute une communauté.
Le CUNIC remplit en outre
une importante fonction de coordination et de promotion du développement
universitaire à Charleroi (cfr l'exposé de M. Schleiper "Possibilités et limites
des initiatives interuniversitaires en matière de formation universitaire et
post-universitaire").
Des liens très étroits de
collaboration unissent le CUNIC à d'autres institutions carolorégiennes
spécialisées dans la formation des adultes
-
L'Institut
polytechnique de Charleroi (IPC) oriente essentiellement ses activités vers
des gradués universitaires désireux de développer leurs compétences dans les
sciences appliquées;
-
Le Centre
universitaire de formation permanente (CIFOP) participe à la formation
continuée des cadres, dirigeants d'entreprises et professions libérales, en
organisant des cours, colloques, séminaires et congrès au niveau post-gradué
et post-universitaire;
-
L'Institut des
Affaires publiques (IAP) organise la formation permanente et le
perfectionnement des agents des services publics de tous niveaux;
-
L'Institut européen
interuniversitaire de l'Action sociale (IEIAS) a pour objet de promouvoir,
assurer et diffuser les connaissances et la recherche scientifique des
Universités du 3ème âge et du temps disponible du Hainaut (cfr M. Mayence "
Les apports du 3ème âge à la société - acquis et perspectives-").
-
L'Association pour le
Développement d'Actions collectives de Formation pour l'Université ouverte à
Charleroi (FUNOC) s'adresse en priorité aux adultes de faible niveau de
scolarité soucieux de poursuivre leur développement personnel et leur
insertion sociale par des voies appropriées à leur bagage initial.
L'objet n'est pas de
décrire ici toutes les activités de ces institutions. Signalons cependant qu'en
1986,
-
8 programmes
universitaires en horaire décalé furent suivis par 563 personnes,
-
65 programmes
spécifiques furent organisés pour plus de 8.000 participants,
-
30 cellules de
conseil et de recherche fonctionnent avec la participation de 200
spécialistes et experts.
Le développement de ces
nombreuses activités n'est possible que par l'existence de collaborations
étroites avec les universités, les institutions de formation, les associations
scientifiques et culturelles,les entreprises, les pouvoirs publics,...

5. La formation
permanente accueille quel public?
Les jeunes de 7 à 77 ans
! La chose est claire, pour la limite supérieure, pour les activités développées
par les Universités du 3ème âge et du temps disponible. Pour ce qui concerne la
limite inférieure, le CIFOP organise depuis 2 ans, le mercredi après-midi, des
cours de langues pour les enfants de 6 à 11 ans. Ces activités ont fait suite à
une recherche méthodologique, financée par la Communauté française, concernant
l'enseignement du néerlandais à l'école primaire. Les activités n'ayant pas pu
se poursuivre dans le cadre scolaire le CIFOP, à la demande des parents
d'élèves, a repris le programme dans le cadre de la formation permanente.
6. Tout va-t-il pour le
mieux dans le meilleur des mondes de la formation permanente?
Certes non! Les
principaux obstacles que rencontre la formation permanente à Charleroi sont au
nombre de 3:
-
une inadéquation des
moyens, en particulier des moyens financiers, par rapport aux besoins de la
population de la région;
-
un
sous-dimensionnement des moyens de recherche et de développement qui rend
extrêmement ardu, sinon impossible, l'exploitation d'initiatives originales
et réussies (cfr les cours de langues pour enfants de 6 à 11 ans)
-
une absence de
reconnaissance officielle du rôle et des fonctions effectivement assurées
par le CUNIC et ses institutions associées. Une proposition de loi déposée
en janvier 1986 par MM Le Hardy de Baulieu, Busquin, Petitjean et Dutry,
ayant pour objet la reconnaissance du Centre universitaire, est toujours
sans suite.
(Octobre 1987)

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