L'informatique dans
l'enseignement secondaire
Jean-Marie
MOULARD
Licencié en Sciences psycho-
pédagogiques
Agrégé de l'Enseignement secondaire supérieur
Postgradué en pédagogie des adultes
Instituteur
Conseiller pédagogique de la Ville de Charleroi
Note de
synthèse relative à l'informatique dans l'enseignement secondaire de
la Ville de Charleroi et à l'initiation des élèves de l'Enseignement
professionnel à la programmation sur ordinateur.
L'informatique a fait son
entrée dans l'enseignement, et ce à tous les niveaux. Dans l'enseignement
secondaire général et technique, l'informatique est approchée de manière
systématique au moins à partir du troisième degré. Mais dans l'enseignement
professionnel, à de très rares exceptions près, rien n'a été prévu. Pourtant,
chacun s'accorde à reconnaître qu'il serait dangereux d'organiser un
enseignement à deux vitesses et d'exclure les sections professionnelles du
phénomène informatique.
C'est pourquoi le
Département de l'Instruction publique de la ville de Charleroi a organisé une
initiation à la programmation sur ordinateur à l'intention des classes de lère
B. La formation comprend seize périodes réparties en quatre matinées. Le but:
être capable de programmer avec un langage LOGO.
1. Qu'est ce que le LOGO
?
Il fait partie de la
famille des langages informatiques. Quelques instructions simples permettent aux
jeunes élèves de faire preuve de recherche personnelle, de création en élaborant
de petits programmes. La démarche est différente de celle suivie dans
l'enseignement assisté par ordinateur (EAO). Ici, l'élève programme l'ordinateur
au lieu d'être programmé par lui. Dans notre cas, le LOGO a uniquement un aspect
graphique: on crée sur l'écran des dessins à l'aide d'une petite "tortue" à qui
on donne des instructions élémentaires.
Deux particularités du
LOGO: langage procédural (ordres groupés) et feedback immédiat.

2. Que font les élèves
de 1°B en LOGO?
2.1. 1ère séance.
Redécouverte des
principales primitives: avance, recule, lève crayon, gomme crayon ...
Dessin de figures simples
(carré...).
2.2. 2ème séance:
Etude de la primitive
"répète" (ex. dessin de créneaux).
2.3. 3ème séance:
Travail en programmation
(carrés, triangles).
Pas de notion de variable
en lère B (on demande de dessiner un carré, mais sans en donner la longueur du
côté). Les variables interviendront en 2èmeP.
2.4. 4ème séance:
Dessin imposé: chat,
bateau, maison (structures: triangles, carrés, cercles). Dessin libre.
3. Quel est l'impact sur
les élèves?
Cette action pédagogique
a amené les démarches suivantes:
-
redécouverte
contrôlée, compréhension d'un système, découverte de primitives.
-
enseignement
traditionnel: procédure "répète" imposée aux élèves.
-
individualisation au
niveau de la gestion du temps: démarches personnalisées (ex.: trois façons
pour tracer un carré).
-
travail sur un projet
commun: découverte de stratégies particulières.

4. Méthode de travail
(les habiletés demandées).
-
une analyse au niveau
supérieur (étude d'un programme entier). Disséquer une figure (analyser est
un fait rare en lère B) afin de faciliter la construction des
sous-procédures.
-
gestion de l'écran.
Chaque sous-programme est analysé.
-
on veut faire
découvrir par les élèves qu'ils sont capables de faire autre chose que
d'appliquer des directives, qu'ils sont capables de réaliser des programmes.
-
on met l'élève en
présence d'un langage nouveau face auquel il n'a pas connu l'échec: il n'y a
donc pas d'inhibition au départ. La notion de "faute" a disparu et permet de
libérer de réelles potentialités.
Cette action pédagogique
rejoint ainsi un des principes chers à la réforme de l'enseignement
professionnel: la réconciliation de l'élève avec l'école.
5. Et après les 16
heures?
-
le professeur de
mathématique revient sur les formes géométriques, sur la notion d'angle ...
-
transhabileté de la
méthode: tous les actes de la vie sont marqués par la pensée procédurale
(ex.: description d'un itinéraire).
-
l'analyse d'un
paysage (sur l'écran) peut aider l'élève pour une description en langue
maternelle (premier plan, plan moyen, arrière-plan).
-
éducation physique:
problèmes gauche-droite (le professeur travaille "en miroir").
-
16 heures devant un
micro-ordinateur n'apportent pas de miracle, c'est un moment de vie, mais
qui peut apporter aux élèves un certain dynamisme provoqué par l'aura de
l'informatique.
Il entre dans les
intentions de la Ville d'intensifier cette action et de l'étendre aux classes
suivantes (2ème P...) car ses gestionnaires sont conscients qu'en l'an 2000,
tous les citoyens seront confrontés au fait informatique et devront le
maîtriser.
(Octobre 1987)

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