Rapport de l'atelier
n°13 :
L'agriculture et le développement rural
Rapporteur:
Georges NEURAY
Demain,
l'agriculture sera moins encore qu'aujourd'hui, une source d'emploi
pour les jeunes des régions rurales.
Si le prix de l'énergie
et surtout celui du pétrole reste bas, aucun produit agricole ne pourra servir
de base à des synthèses chimiques. Dans nos régions, l'agriculture continuera
donc à fournir essentiellement des produits alimentaires dont la demande décroît
à cause des modifications des habitudes alimentaires (on mange en moyenne moins
qu'auparavant) et de la diminution de la population.
Les choix de la politique
agricole commune, notamment vis-à-vis des oléagineux, dont la production
communautaire est déficitaire, peuvent jouer un rôle dans le développement de
certaines cultures; mais on n'assistera pas à des retournements de tendance et
c'est ainsi que J.P. Champagne évalue à 50% la réduction que subira la
population active en agriculture d'ici la fin du siècle. Dans la zone
Condroz-Hesbaye, les entreprises agricoles seront devenues de véritables PME
supportant un endettement accru.
Non seulement le nombre
d'agriculteurs sera réduit mais les surfaces agricoles diminueront également; on
peut s'attendre à la poursuite de l'abandon de nombreuses terres marginales.
Il serait souhaitable de
mettre en place une politique coordonnée de boisement. Une concertation dans ce
domaine est d'autant plus nécessaire que la suppression de nombreux espaces
ouverts va modifier considérablement le paysage rural, il sera plus fermé et par
conséquent moins attrayant, ce qui peut avoir des répercussions sur d'autres
activités économiques.
La production de bois se
développera et l'importance des filières de transformation devrait s'accroître;
surtout si l'Europe freine les importations de bois exotiques pour protéger les
forêts tropicales.
La poursuite de la
réduction de la main-d'oeuvre agricole oblige les jeunes ruraux à se tourner
vers d'autres activités, et par conséquent, il faut mettre en place toute une
stratégie du développement.
La Fondation rurale a
acquis dans ce domaine une expérience considérable et son effort porte à la fois
sur la formation des agents de développement dont le rôle est décisif, sur les
décideurs du monde rural et sur l'ensemble des habitants. "Il faut que les
acteurs ruraux puissent se donner les moyens de vivre la vie de qualité qu'ils
choisissent".
Ce sont évidemment les
jeunes qui vont être les acteurs privilégiés du développement de demain. On
constate chez eux une volonté de rester ruraux mais il faut leur fournir les
moyens de créer leur emploi. A partir de cas vécus, la Fondation rurale décrit
les aides à leur fournir au niveau de la formation, du financement et de la
gestion.
Parmi les activités qui
peuvent se développer dans les zones rurales, le secteur des loisirs, dont on
connait l'importance économique, soulève des réticences compréhensibles de la
part des populations locales, mais ne reste-t-il pas un domaine particulièrement
intéressant? Ne serait-il pas utile de faire le bilan global de certains
équipements? Dans cette optique, le respect de l'environnement et des paysages
ne constitue pas une contrainte mais bien un atout.
Un des handicaps du monde
rural résulte des distances qui séparent les groupes et qui les isolent; c'est
pourquoi très normalement l'informatique et les télécommunications doivent
trouver dans le monde rural un terrain de choix.
Les techniques modernes
de communication ne suppriment cependant pas le besoin de se rencontrer et de se
déplacer. Les moyens de transport en commun se sont raréfiés dans les campagnes.
Le vicinal est centenaire, rétréci et rabougri, il porte largement son âge dans
les régions rurales. La cure d'amaigrissement ne suffira pas à lui rendre la
jeunesse, il faut trouver de nouveaux moyens permettant de sauvegarder la
mobilité de la population rurale.

Synthèse des débats en
atelier.
1. Le groupe constate que
le monde rural et l'agriculture en Wallonie s'inscrivent dans un contexte de
dualité:
d'une part, la zone qui
s'étend de part et d'autre du sillon Sambre et Meuse, la Hesbaye et le Condroz,
s'inscrit dans un développement compétitif au plan européen et se situe dans les
zones de populations denses offrant des marchés et surtout de multiples
infrastructures, d'autre part de Sud-est qui cumule les inconvénients d'une zone
déshéritée sur le plan agricole (climats et sols) et d'une désertification qui
se poursuit depuis des décennies.
Le groupe estime que sans
hypothéquer la compétitivité de la zone la plus favorisée, il convient d'assurer
une politique qui tende à réduire les écarts de revenus entre les deux zones.
Dans les régions défavorisées, une aide directe aux revenus des agriculteurs
doit être mise en place, parallèlement à l'encouragement d'initiatives
nouvelles. La pluriactivité, combinaison d'une activité agricole et d'une autre
activité, qui dans les régions du sud-est, constitue une solution intéressante,
ne doit pas être pénalisée, comme elle l'est actuellement, par des dispositions
réglementaires ou des discriminations lors de l'attribution de certaines aides.
2. Pour l'ensemble de la
Wallonie, la commercialisation agricole reste un problème à l'horizon 1992. Il
convient d'assurer la consolidation des circuits existants. Les multiples
initiatives de diversification de la production, notamment vers des produits
haut de gamme, devraient toujours s'appuyer sur eux, pour faire apparaître les
synergies indispensables à la réussite.
3. La formation en milieu
rural pose des problèmes difficiles, sans compter les suppressions d'écoles
rurales, des formations spécifiques, tels l'agriculture, l'hôtellerie ou le
tourisme n'y sont pas dispensées. Il en résulte des charges supplémentaires pour
les familles. Le problème est encore accentué par la suppression de nombreuses
dessertes de transport publics.
Le groupe constate que les formations scolaires traditionnelles sont muettes sur
le concept d'entreprise et sur les modalités de son fonctionnement. L'échec,
toujours possible, d'une initiative se solde par une faillite qui pèse pendant
longtemps sur la réputation de celui qui l'a subie.
4. Le tourisme devrait
pouvoir compter sur une beaucoup meilleure promotion. La Wallonie en général,
les zones rurales en particulier, ne sont pas suffisamment connues à l'étranger
alors qu'il existe déjà des points attractifs importants, qui pourraient encore
être améliorés et que les nombreux centres d'intérêts plus modestes, diffus dans
le tissus rural, pourraient être multipliés.
5.Le développement
informatique et télématique représente un atout remarquable pour les régions
rurales, car il permet de surmonter les distances et de désenclaver les isolés.
Le développement des réseaux et les initiatives publiques en la matière
devraient se faire prioritairement en faveur des zones à faible densité de
population.
(Octobre 1987)

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