Rapport de l'atelier
n°11 :
Logement et qualité de la vie
Rapporteur
Jacqueline MILLER
La notion de
la qualité de la vie a été approchée, pour l'essentiel, sous trois
aspects: logement, santé, cadre de vie.
La dimension du logement
Le logement, c'est plus
que l'endroit où on "loge"; c'est la protection, la sécurité, la possibilité
d'avoir "un territoire à soi", d'accéder à l'autonomie, de s'isoler sans
solitude.
Choisir un logement, c'est aussi choisir un cadre de vie, et la salubrité du
bâti ne suffit pas à garantir la qualité du logement.
Cadre de vie privée aussi
lieu premier par lequel nous sommes inscrits dans l'espace sociétal: espace
physique et socio-économique d'un immeuble, d'une rue, d'un quartier, d'une cité
ou d'un village.
D'où la nécessité pour
les années à venir d'arriver à une qualité du logement qui traduise dans la
réalité le "droit au logement", en garantissant à la population l'accès à des
logements décents, et que le logement ne soit plus réduit à ses seules
dimensions physiques et privées.
Sans oublier l'impact
favorable d'une politique dynamique du logement, non seulement sur l'industrie
de la construction, mais également sur la relance générale de l'économie.
La Belgique compte
aujourd'hui plus de 800.000 pauvres et les inégalités entre groupes sociaux face
au logement s'accentuent.
Une société duale est en
train de naître, dont le coût social et culturel est incompatible avec la
logique globale actuelle de la production et de la consommation.
La résolution de ces
contradictions passe par un nouvel âge de l'artisanat, de la culture et du
développement qui nous fera passer d'une "société de travail" à un société "à
l'oeuvre".

La dimension santé
Il convient de
s'inquiéter des distorsions constatées entre l'évolution démographique,
l'augmentation du nombre de médecins généralistes, l'évolution de la
consommation médicale, les disparités régionales en matière de lits d'hôpitaux.
Il conviendrait notamment
de mettre en place des structures d'accueil correspondant au vieillissement de
la population qui sera maximal en 2005.
L'ensemble des
dysfonctionnements constatés confirme la nécessité d'une approche et d'une
démarche nouvelles en matière de santé.
Pour arriver à une
véritable humanisation de l'hôpital en tant que milieu de travail, ne
conviendrait-il pas de recourir à la pratique des "cercles de qualité" en vue
d'une meilleure qualité des soins, de l'accueil, du comportement social et
humain du personnel hospitalier?
Sur le plan des
médecines, une synthèse entre les approches différentes de la santé s'avère
nécessaire.
De nouveaux concepts en
matière de santé se font jour, fondés sur l'autonomie de l'individu et lui
suggérant de devenir le véritable gérant de sa santé. Permettant aussi à
l'utilisateur de soins et de services de se réapproprier la compréhension et la
gestion de sa santé.
La santé pourrait être
définie comme "la capacité de l'individu à maintenir son équilibre face à son
environnement".
La Wallonie devrait être
armée pour jouer un rôle de pionnière et prendre la tête d'une évolution basée
sur une conception nouvelle de la santé.
Le cadre de vie
Environnement ou cadre de
vie, cela s'organise, se désorganise éventuellement, se réorganise sur des bases
nouvelles ou anciennes en fonction des évolutions de la société.
Les villes sont la
vitrine de notre dynamisme économique, social et culturel. Partout en Europe,
elles se rénovent, plutôt mieux et plus vite qu'en Wallonie. Une plus grande
prise de conscience de la nécessité et des avantages d'une politique de
rénovation est encore nécessaire, parmi tous les acteurs concernés: pouvoirs
locaux, secteur de la construction, organismes financiers, secteur privé au sens
large.
Il est constaté, d'autre
part, que démentant les pronostics de l'immédiat après-guerre, les villages
wallons ne sont pas "morts", que l'exode rural s'est atténué puis inversé au
cours des vingt dernières années. Faut-il y voir l'amorce d'un nouveau mode
d'occupation de l'espace, privilégiant la "sécurité résidentielle" et
transformant l'ensemble de la région en un espace d'interdépendance économique
plus large?
Quoi qu'il en soit, il
appartient notamment au pouvoir régional de veiller à ce que l'esprit de la
rénovation - et les fonds publics qui y sont consacrés - ne soient pas détournés
des objectifs prioritaires que constituent les quartiers et localités vraiment
dégradés du sillon industriel, et servent à leur amélioration, avec et au profit
des habitants concernés.
(Octobre 1987)

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