Rapport de l'atelier n°7
:
Les pratiques culturelles
Rapporteur
Jacques FUMIERE
L'atelier
s'est posé la question de savoir quelles étaient en fait les
pratiques culturelles d'aujourd'hui. L'analyse du présent est
capitale, car nous devons nous construire en fonction de notre
identité, et non selon un mythe, américain ou japonais par exemple.
Quel type de citoyenneté devons-nous proposer?
Notre culture n'est
certainement pas en repli, elle est internationale. Ce qui lui manque le plus,
justement, c'est d'intégrer l'élément wallon à cette culture, d'en faire la
liaison. Notre dépendance culturelle n'est pas l'effet d'une crise. Elle est
institutionnelle. Ayons le courage de constater que nous l'avons construite.
Après un tour d'horizon
de différentes expériences (animation culturelle, chanson, dialecte, musée,
documentation, théâtre, cinéma, etc...) l'atelier a constaté qu'on négligeait
trop souvent les artistes créateurs; qu'il fallait que la Wallonie puisse
exporter ses idées, en s'intégrant aux réseaux documentaires internationaux; que
les décisions culturelles étaient prises à Bruxelles. Nous n'avons comme
politique culturelle que celles des autres, et sans une remise en question
totale de notre organisation sociétaire, nous ne pourrons livrer que des combats
retardataires.
Notre potentialité
culturelle est vivace mais pousse sur un terrain réfractaire et son exploitation
dans tous les secteurs est plus que fragmentaire.
Ni dans l'enseignement,
ni dans les secteurs de communication, encore moins dans les industries
culturelles, nous n'avons engagé de politique durable.
Les pouvoirs politiques
déterminent des orientations qui ne durent que la durée de leur mandat et la
création wallonne immobilisée dans ses carcans administratifs et ses divergences
mesquines négocie péniblement sa survivance.

Vouloir une nouvelle
citoyenneté plus participative et surtout plus humaine devrait être le ferment
d'une prise de conscience collective d'appartenance à une communauté, qui
s'oppose à la reproduction de rapports centralisateurs et autoritaires.
L'atelier a constaté
l'urgence d'une décision en matière de politique culturelle, car la culture
scientifique est en train de tout balayer, et la culture de masse commence à
gagner ses lettres de noblesse.
En conclusion, l'atelier:
-
s'insurge contre le
rabotage des matières culturelles dans l'enseignement, et y souhaite
l'introduction d'urgence de la Culture wallonne.
-
souhaite la
participation au pouvoir de décision des artistes créateurs; ceux-ci ne
doivent pas attendre "d'être constitués pour se constituer", mais commencer
à briser le carcan culturel belge;
-
souhaite une plus
grande intégration de la Wallonie aux grands modes de communication; avec
notamment une politique cohérente de traduction;
-
désire qu'on
redéfinisse l'actualité des inégalités sociales, et qu'on s'interroge sur
l'évolution des formes de culture populaire;
-
se demande si une
politique culturelle propre ne passe pas par l'indépendance.
L'autonomie culturelle =
l'autonomie tout court?...
(Octobre 1987)

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