Rapport de l'atelier n°1
:
Devenir économique de la Wallonie
Rapporteur:
Albert SCHLEIPER
La Wallonie
est aujourd'hui la résultante d'un projet de société remarquablement
généreux et d'une réaction relativement passive à l'amplitude des
chocs internationaux subis depuis 1972. Certains aspects historiques
et interactifs de cette double composante, qui sont bien mis en
évidence par Jean Mayeur ainsi que par les indicateurs de
l'évolution économique wallonne présentés par Francis Carnoy, posent
la question de la qualité des décisions prises et à prendre par les
responsables des secteurs privés et publics.
A l'heure où, comme le
souligne Philippe Busquin, la Wallonie doit se préparer à entrer dans le grand
marché européen et où elle est mise à rude épreuve par la concentration
capitalistique mondiale, son devenir économique sera largement dépendant de la
manière dont il pourra être géré tant au niveau politique qu'aux niveaux
stratégiques et opérationnels non seulement par un petit groupe de décideurs
mais également par l'ensemble des acteurs.
Pour assurer cette
gestion, deux types de démarches ont été examinées. De la démarche
macroéconomique, présentée par Francis Biesmans, il faut retenir que la relance
de la demande doit être particulièrement sélective et s'appuyer davantage sur
l'émergence d'activités économiques nouvelles que sur la consommation. C'est à
une démarche qualifiée de méso-économique que la Commission a consacré une
grande partie de ses travaux. Cette démarche revient à mettre en oeuvre un outil
de gestion très prometteur: l'analyse des filières. Il est particulièrement apte
à prendre en compte l'extrême complexité de tout développement actuel et à
intégrer les éléments humains, technologiques, financiers et commerciaux qui
doivent être mis en présence pour produire des résultats valables. C'est Alain
Lesage qui a présenté les principaux concepts de l'analyse de filière à la
lumière de laquelle René Winand a proposé et recommandé certains segments des
axes scientifiques et technologiques suivants:
- technologies de
l'information et de la formation,
- techniques aérospatiales,
- sciences de la vie et des biotechnologies,
- énergie et eau,
- matières premières,
- transformation initiale et ultime des métaux,
- industrie chimique,
- bâtiment et génie civil,
- alimentation,
- textile,
- bois.

Pour que ces segments
débouchent sur une activité économique complète, il faut bien sûr l'imagination
des acteurs qui sera d'autant plus féconde qu'elle se trouvera en interaction
dans la dynamique des filières; il faut également l'apport financier suffisant
au moment opportun. Cet apport a été examiné par Francis Cantillion.
A la question "comment
établir une collaboration plus efficace entre organismes financiers et
composants de l'activité économique?", il voit comme réponse l'accroissement du
pouvoir d'autonomie et de décision des sièges régionaux des organismes
financiers. Ce qui permettrait d'ailleurs de monter des opérations locales dont
l'originalité et la pertinence échapperaient à un pouvoir trop centralisé. Ce
qui vient de se passer avec le "Sporting de Charleroi" est un bel exemple de ce
type d'opération. Par contre, l'ouverture de l'Europe à partir de 1992
renforcera certainement le rôle de Bruxelles en tant que place financière
internationale et c'est une chance à ne pas manquer pour la Wallonie. Cette
réflexion, qui paraît fondamentale pour la plupart des participants à l'Atelier
est illustrée par la problématique du TGV que présenta Michel Laffut et qu'il
situa dans le cadre d'un appel à une réflexion plus large sur l'ensemble des
transports en commun, bel exemple de filière par excellence.
De cette dense après-midi
de travail, il ressort clairement une volonté de regarder avec confiance, de
mettre au point un outil: l'analyse des filières, susceptible de rendre compte
de toute la finesse et de tout le métier nécessaire pour gérer aujourd'hui, et
de renforcer à la fois l'autonomie des décideurs wallons et la solidarité non
seulement avec les autres régions d'Europe mais également avec les pays en
développement.
Comme Jacques Viesville,
cité par Philippe Busquin, nous avons parlé d'une
"Région de
l'intérieur
Entre la colère et la peur
Entre la raison et le coeur
Quand l'habitude est à l'opacité du désarroi
Je prétends qu'il est assez d'espace
Pour croire en la différence
Assez de décombres pour renaître des cendres
Et assez d'hommes pour renverser la vapeur du destin."
(Octobre 1987)

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