Les relations
internationales de la Communauté française Wallonie-Bruxelles et de
la Région wallonne.
Jacques
HOYAUX
Ancien ministre
Sénateur honoraire
Président d'honneur de l'Institut Jules Destrée
1.
Description de la situation au plan institutionnel
Dans un premier temps,
voyons quels sont les textes qui régissent la matière:
1.1. Textes
constitutionnels
Art. 66 al. 2: Le Roi "nomme
aux emplois d'administration générale et de relation extérieure, sauf les
exceptions établies par les lois".
Art. 68: "Le Roi....
fait les traités de paix, d'alliance et de commerce. Il en donne connaissance
aux Chambres aussitôt que l'intérêt et la sûreté de l'Etat le permettent, en y
joignant les communications convenables. Les traités de commerce et ceux qui
pourraient grever l'Etat ou lier individuellement des Belges n'ont d'effet
qu'après avoir reçu l'assentiment des Chambres...".
Art. 59bis paragr .2: "Les
conseils de Communauté, chacun pour ce qui le concerne règlent par décret:
-
les matières
culturelles;
-
l'enseignement, à
l'exclusion de ce qui a trait à la paix scolaire, à l'obligation scolaire,
aux structures de l'enseignement, aux diplômes, aux subsides, aux
traitement, aux normes de population scolaire;
-
la coopération
entre les Communautés ainsi que la coopération culturelle internationale..."
Art. 107 quater: " La
Belgique comprend trois régions: la Région wallonne, la Région Flamande et la
Région bruxelloise. La loi attribue aux organes régionaux qu'elle crée et qui
sont composés de mandataires élus, la compétence de régler les matières qu'elle
détermine, à l'exception de celles visées aux articles 23 et 59bis, dans le
ressort et selon le mode qu'elle établit. (...)"

1.2. Législation
spéciale. Loi du 8 août 1980
Art. 16: "Paragr.
1er. L'assentiment à tout traité ou accord relatif à la coopération dans les
matières visées à l'art. 59bis paragr.2, 1 et 2; et paragr. 2bis de la
Constitution et aux articles 4 et 5 de la présente loi est donné soit par le
Conseil de la Communauté française, soit par le Conseil flamand, soit par ces
deux conseils s'ils sont l'un et l'autre concernés.
Paragr. 2. Les traités visés au paragr. 1er sont présentés au Conseil compétent
par l'exécutif de la Communauté".
Art. 81: " Dans les
matières qui relèvent de la compétence du conseil, son exécutif est associé aux
négociations des accords internationaux, le Roi restant le seul interlocuteur
sur le plan international dans le respect de l'art. 68 de la Constitution".
Notre propos n'est pas
d'évoquer les diverses interprétations données à ces textes, nous considérons
plutôt la pratique. De même nous ne ferons que rappeler le souci du PSC et du
PRL de créer un organisme commun pour la communauté et la région en matière de
relations internationales.
1.3. Institutions
Commissariat général aux
relations internationales de la Communauté française. (CGRI).
Décret du 19/12/1979 et du 01/07/1982.
Représentation extérieure.
Délégation générale aux affaires multilatérales et francophones. Paris.
Centre culturel Wallonie-Bruxelles. Paris.
Délégation Wallonie-Bruxelles au Québec (plus le délégué de la région).
Délégation auprès des organisations internationales. Genève.
Centre de la communauté française (Centre Wallonie-Bruxelles). Kinshasa.
Délégation en Louisiane.
Direction
d'Administration au Ministère de la région wallonne.
Sont aussi à prendre en
considération:
le protocole du 8 septembre 1986 entre le Ministre des Relations extérieures et
le Ministre-Président de l'Exécutif de la Communauté française.
L'avis officiel:
Recrutement d'attachés de la Communauté française. Moniteur du 21 Juillet 1987.

2. Exemples d'actions
concrètes
2.1. Communauté
-
accords signés de
manières autonomes et exécutés par la communauté Acadie, Bénin, Colombie,
Québec, Ville de Rome, Chine (domaine de la santé), Tunisie (domaine de la
santé).
2.2. Région
-
déclaration commune
Wallonie-Québec (13 décembre 1988) d'où projets conjoints "nos intervenants
économiques et technologiques, secteurs prioritaires ayant participé à
l'augmentation du volume d'affaires: matériaux composites, automatisation,
transports publics, logiciels, aéronautique..."
--> 2 octobre 1986.
Protocole d'accord entre le Québec et la Région wallonne sur l'accès aux banques
de données et - à la même date - établissement d'une collaboration dans le
domaine de l'optique.

2.3. Europe.
L'Exécutif wallon établit
la programmation des projets qu'il introduit auprès du Fonds européen de
Développement régional via la Représentation permanente de la Belgique.
La Région wallonne est
représentée au Comité de politique régionale et au Comité de gestion du FEDEP.
la Région wallonne est
représentée dans les délégations belges qui participent à des Conférences
ministérielles - Conseil de l'Europe - se rapportent aux compétences régionales
(aménagement du territoire, environnement, pouvoirs locaux...).
Parmi les modalités
d'action vers l'extérieur, notons:
-
missions
d'accompagnement d'entreprises à l'étranger et journées techniques de
contact,
-
participations
collectives à des foires internationales,
-
réalisation d'études
d'identification de projets dans les pays en développement,
-
sensibilisation,
encouragement, formation à l'action extérieure des entreprises et des
centres de recherche (mise à disposition de spécialistes en commerce
extérieur dans les PME, interface étudiant/entreprise à l'occasion des
mémoires de fin d'études, intervention dans le financement des cartes de
visite audio-visuelles, création d'associations en participation à
l'exportation basées sur le principe du partage des risques),
-
stimulation de
coopérations industrielles et notamment l'accord conclu le 17 juin 1986
entre le C.D.I. (Centre pour le développement Industriel), permet des
accords ACP-CEE de LOME et la Région wallonne (il s'agit du premier accord
avec une organisation multilatérale).
Concertation, voire
collaborations, entre l'organe de la Communauté et la Direction d'Administration
de la région: exposition Wallonie-Bruxelles - présences dans des foires -
préparation de commissions mixtes - services rendus à la région par les
délégations de la Communauté.

3. Objectifs
-
accroître les
compétences et les moyens de la communauté et de la région en matière de
relations internationales et les hisser au même niveau de façon indiscutée:
droit d'être représentés à l'étranger et auprès des organisations
internationales (jus legationis), droit de négocier et de conclure des
traites (jus tractati).
Communauté et Région
doivent devenir des personnalités juridiques internationales à part
entière pour qu'elles assument pleinement leurs fonctions.
Par ailleurs,
rééquilibrage du personnel diplomatique national et institutionnalisation des
contacts entre Relations extérieures et Exécutifs.
Pour mémoire,
communautarisation de l'Education nationale, d'où transfert à la Communauté
française de l'activité "relations internationales", et tout spécialement:
-
participation à la
Conférence (Conférence des Ministres de l'Education);
-
direction de l'APEFE
en concertation avec la Région wallonne pour les activités dans
l'agriculture, l'infrastructure et l'industrie par exemple.
Transférer les
compétences et les budgets de coopération au développement à la communauté et à
la région, de même pour le commerce extérieur.
Actuellement, il y a des
interférences: participation à l'ACCT; aux sommets des chefs d'états
francophones. A titre exemplatif pour la communauté: octroi de bourses et envoi
- au Bénin - de professeurs visiteurs; pour la région, collaboration avec le
"Centre pour le développement industriel, centre issu des accords ACP-CEE.
Il s'agit - à l'avenir -
de confier l'ensemble des compétences de coopération au développement à la
communauté et à la région.
(Octobre 1987)
Notes
(1)
Confeges: Conférence des Ministères de la Jeunesse et des Sports des pays
francophones
(2) Avoir conscience de son appartenance française
n'implique - ipso facto - aucune option institutionnelle précise. Etre un
partenaire au plan international peut présenter des avantages si l'autonomie est
large, assurée et la détermination militante.

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