Quels moyens pour quelle
politique pour l'accueil des handicapés
Alain SZUCS
Directeur de l'Ecole-Clinique
provinciale de Montignies-Sur-Sambre
La politique
des handicapés revêt divers aspects et il serait difficile, dans une
courte intervention, de signaler quels sont les aides et services
octroyés aux handicapés: les allocations des handicapés, le
reclassement social des handicapés, les interventions dans la
rémunération des handicapés, le Fonds spécial d'assistance, les
avantages spéciaux accordés aux handicapés. Je me limiterai donc à
la politique de l'accueil de ceux-ci.
Avant même d'aller plus
loin dans la synthèse de l'exposé, il importe de définir deux types d'accueil à
savoir: le maintien en milieu familial, l'inscription dans une institution
d'hébergement et ce, quel que soit le type d'accompagnement.
Le contexte de
l'hébergement en institution sera abordé en premier lieu dans l'ensemble des
structures existantes et subventionnées par le Fonds de Soins
Médico-Socio-Pédagogiques pour handicapés.
Il importe dès lors sans
être partisan du retour au passé de préciser, au travers d'un bref historique,
en quoi consiste le Fonds 81, d'en déterminer les objectifs, d'en évaluer la
portée. La question que l'on est en droit de se poser est: faut-il une refonte
complète de cette législation?
L'étude des diverses
structures d'accueil sera plus simple, plus lisible à mon sens si elle est
illustrée par un exemple trop peu connu encore dans la région: l'Ecole-clinique
provinciale.
L'Ecole-clinique
provinciale est en fait une institution médico-pédagogique comportant une
petite clinique agréée en classe S orthopédie.
Les structures d'accueil s'adressent bien évidemment à une population spécifique
de handicapés et de malades chroniques non contagieux de 0 à 21 ans (rappel des
divers types de handicaps).
Vous découvrirez ici la
volonté d'un accueil précoce qui peut s'organiser dans le sens d'une aide à
domicile ou d'une prise en charge en institution. Cette aide peut aller de
l'accompagnement psychologique aux parents jusqu'à un suivi médical et
paramédical pour les enfants. Ne faut-il pas à cet instant proche de la
naissance défendre un objectif de prévention? Ce point suppose d'ailleurs toute
une réflexion de notre part.
L'accueil mis en place et
découvert lors des points précédents est-il nécessaire et efficace? La réponse
est-elle dans les structures d'hébergement attachées à une institution
d'enseignement spécial ou dans une recherche d'intégration dès le plus jeune
âge?
Il n'en reste pas moins
vrai que la présence des multi-déficients dans nos rangs et ce, suite au progrès
de la médecine, devra faire l'objet d'une attention et de dispositions bien
particulières. Par ailleurs, ces mêmes structures disponibles aujourd'hui avec
la volonté que vous connaissez de modifier le régime d'hébergement pour les
caractériels et les débiles, en les dirigeant vers l'enseignement ordinaire
voire un service hospitalier, risque d'apporter pas mal de désagréments au
travers de la délinquance et de prise en charge par la protection de la
jeunesse.
Enfin, la natalité étant
ce qu'elle est dans nos régions, compte tenu aussi du vieillissement de la
population handicapée hébergée, il nous faudra penser à une modification de
l'accueil tourné essentiellement vers les enfants et les adolescents, vers des
centres pour adultes et handicapés du 3ème âge. Quels types d'institutions,
de structures, de mesures d'accompagnement doit-on imaginer et avec quels moyens
les faire fonctionner?
La dénatalité engendrera
vraisemblablement des économies qui devraient être distribuées dans une
politique d'accueil cohérente de par la prise en charge, selon la gravité du
handicap, selon le souhait d'autonomie et d'indépendance.
Quid, dès lors de nos
handicapés dont la famille assume l'accompagnement à domicile ou dans des
structures ouvertes, ces familles ne sont-elles pas en droit d'obtenir une aide
plus rapide lorsqu'elle existe, de revendiquer une redistribution plus
judicieuse des aides et des allocations... Ces mêmes handicapés ne devront-ils
pas bénéficier dans nos villes et communes de facilités de déplacement par la
mise à disposition de véhicules adaptés, l'aménagement des trottoirs et sites
fréquentés, répondant par là à des critères sévères d'accessibilité...
Car enfin, le degré de
civilisation d'une nation est jugé à la façon dont elle prend en charge les
moins bien nantis.
(Octobre 1987)

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