La communication: un
secteur économique à part entière mais particulier
Henri
INGBERG
Direction
générale du département Jeunesse et Loisirs du Ministère de la
Communauté française Wallonie-Bruxelles
1. Tout
compte fait
Le domaine de la
communication, tout ce qui permet de produire et d'échanger de l'information,
occupe une place sans cesse croissante dans le produit national brut. Il s'agit
de secteurs diversifiés au point d'en paraître disparates: téléphone,
informatique, télématique, presse, publicité, disque, cassette, livre, radio
télévision, cinéma...
Des fluctuations de
croissance peuvent être déterminées dans chacun de ces secteurs sans pour autant
que nos statistiques nous permettent une approche globale du phénomène. Ces
statistiques sont encore élaborées en séparant par exemple les dépenses de
loisirs et les activités professionnelles. Ainsi aucun rapport n'est établi
entre le nombre de banques de données dont nous pouvons disposer dans la
Communauté française et l'usage du moniteur de télévision alors que celui-ci
devient de plus en plus un outil de communication polyvalent au-delà de sa
fonction distractive.
Comment ne pas voir que
l'introduction de l'informatique dans la composition et l'édition de l'imprimé
modifie aussi bien le fonctionnement de la presse que celui de l'édition
littéraire. Les réseaux télématiques permettent à la fois une centralisation
accrue dans la rédaction et une décentralisation pour la confection de modules
correspondant aux préoccupations particulières de chaque région touchée. Les
micro-ordinateurs sont des outils d'information et de formation autant que des
instruments ludiques.
Les fonctions
s'entrecroisent. On sent bien le bouillonnement dans l'évolution de la
communication. La connaissance chiffrée de ce qui est en train de se passer, en
restant fragmentaire, nous échappe et nous permet mal de définir des stratégies.
Si ce n'est de manière parfois impressionniste ou à coups d'options
volontaristes. Ces démarches volontaristes, même si elles se fondent sur des
analyses partielles, ont l'avantage de réagir par rapport à l'événement. Il
suffit à chacun de regarder autour de soi: neuf magnétoscopes sur dix
proviennent d'Asie du Sud-Est et huit ordinateurs sur dix nous viennent des
Etats-Unis. Quand on globalise le secteur relativement flou des nouvelles
technologies, l'Europe des douze fournit seulement 10% du marché mondial et ne
couvre que la moitié de son propre marché. Dans le domaine de l'électronique, on
a constaté que la part de l'Europe dans la production mondiale était de 32% en
1978 pour 26% en 1983.
La CEE a voulu réagir en
lançant des programmes destinés à assurer la cohérence de l'Europe et à utiliser
au mieux ses ressources dans un marché éparpillé, ESPRIT et EUREKA dans le
domaine des nouvelles technologies, RACE dans le secteur des télécommunications
ou MEDIA dans le domaine de la télévision et du film sont autant de projets pour
lesquels des moyens indispensables ont été dégagés.
Dans le cadre du
programme "ESPRIT", cinq secteurs ont été sélectionnés: la micro-électronique,
la technologie de logiciels, les systèmes bureautiques, la production intégrée
par ordinateur et le traitement avancé de la formation. Ce sont aussi 2.900
participants, des entreprises, des universités, des instituts de recherche
travaillant sur 220 projets conjoints
(1).
Le programme "EUREKA"
lancé en avril 1985 commence à donner des résultats encourageants. 58 nouveaux
projets ont été enregistrés lors de la dernière conférence ministérielle de
Madrid. Ces 58 projets représentent une masse d'investissement de 709
millionsd'ECU. Le total des 165 projets retenus jusqu'ici correspond à 4
milliards d'ECU d'investissements. Parmi les nouveaux projets retenus, 9
concernent les technologies de l'information pour un coût de 62 millions d'ECU
et de 2 les télécommunications et l'audiovisuel pour un chiffre de 55 millions
d'ECU.
Mentionnons en
particulier le programme CERISE qui avait le label EUREKA lors de la conférence
ministérielle de Londres en juin 86; ce projet regroupant une firme française et
RTL-Productions s'intéresse aux images de synthèse et compte associer
prochainement une société espagnole. Il s'agit de créer un pôle de développement
capable de soutenir la concurrence avec le Japon et les Etats-Unis.
Dans le programme "MEDIA"
qui en est à ses premières phases, l'accent a été mis sur les secteurs suivants:
production low-budget, fabrication de nouvelles images, techniques de doublage
et de sous-titrage, nouvelles normes techniques en matière de télévision...
La Communauté française
pourrait y jouer un rôle moteur dans le dessin animé où nous avons acquis un
capital important de savoir-faire. Un comité belge réunissant nos professionnels
forme le noyau d'un regroupement européen en voie de constitution.
Ces initiatives
européennes montrent l'enjeu que représentent les nouvelles technologies de
communication dans le développement de nos sociétés contemporaines.

2. Réseaux techniques et
réseaux d'influence
L'interpénétration des
différents domaines de la communication se traduit physiquement par le projet de
mise en place de RNIS (Réseau numérique à intégration de services). Nous avons
la chance de disposer en Belgique d'un réseau de câble particulièrement dense
puisqu'en 1983, 89,7% des Belges possesseurs de récepteurs de télévision étaient
abandonnés à la télédistribution(2)
Le câble utilisé
jusqu'ici est coaxial et permet la transmission de programmes de radio et de
télévision. La transmission par fibre optique devra permettre à l'avenir de
transporter sur un seul câble aussi bien les conversations téléphoniques que les
données informatiques en passant par des programmes sonores et visuels. Notre
pays s'avance progressivement dans cette technique qui est expérimentée à
plusieurs endroits, les ressources du câble coaxial restant suffisantes pour
offrir dans les prochaines années davantage de canaux et de services.
Depuis plusieurs années
on parle de "contrats du siècle" pour les achats par la Régie des TT. Il s'agit
notamment des achats de centraux téléphoniques. En réalité, ces décisions dont
une partie a été prise par le Gouvernement aboutissent à un morcellement des
achats pour une meilleure répartition par région et par firme. Le débat
politique qui entoure ces décisions est fondé sur le fait que les firmes qui
participeront à ces contrats auront la possibilité de mener une politique de
recherche-développement. Si elles en sont exclues, elles perdent la capacité de
renouvellement qui est indispensable pour toute ouverture sur l'avenir. C'est
bien un débat vital pour les entreprises qui est en train de se passer. Le fait
que les ACEC aient obtenu à présent des décisions plus favorables que celles qui
avaient été prises auparavant représente une amélioration même si elle n'est pas
encore suffisante pour leur permettre de rester en pointe face à la dimension
européenne et internationale.
L'assèchement des
investissements de l'Etat pose un problème crucial dans le domaine des
communications. Seule l'ampleur des commandes de l'Etat permet à l'industrie
d'atteindre un volume critique de production qui la rend concurrentielle. C'est
une situation qui prévaut aussi bien aux Etats-Unis qu'au Japon. Restreindre le
rôle de l'Etat sans ouvrir par exemple le secteur des télécommunications à
l'investissement direct par le privé risque de nous entraîner à la
sous-traitance d'entreprises étrangères.

3. Le tout télé
La télévision
polarise les soubresauts les plus spectaculaires - dans tous les sens du terme -
du monde de la communication. L'importance de la télévision apparaît notamment
dans la récente enquête sur les loisirs des Wallons réalisée par la Direction
des Affaires sociales du Ministère de la Communauté française.
Chaque jour les hommes
bénéficient de 3h. 22' de loisirs pour 2h. 29' pour les femmes actives. Les
hommes consacrent quotidiennement 1h. 43' à la télévision et les femmes 1h. 20',
ce qui place la télévision loin en tête dans le classement des loisirs.
La télévision a longtemps
provoqué la polémique politique. Il s'agissait de savoir dans quel sens se
faisait l'information et qui en avait le contrôle. La télévision focalisait
l'attention du monde politique soucieux de maîtriser ce moyen de contact
exceptionnel avec le grand public. Ambition névrotique qui heureusement provoque
des effets boomerangs inattendus: c'est au moment où Giscard pensait maîtriser
la télévision qu'elle lui a échappé avec la Présidence. Les positions
idéologiques dans ce domaine ont été très tranchées: les libéraux se sont
déclarés en faveur d'une privatisation alors que les socialistes restaient eux
partisans d'un service public assoupli. L'histoire des pays européens a amené
progressivement à la coexistence parfois forcée des deux systèmes.
Ce statut quo récent et
fragile risque d'être battu en brèche dans les prochaines années par des
télévisions internationales par satellite qui envoient d'ores et déjà leurs
programmes et font preuve de plus de dynamisme dans leur présence que les
services publics étouffés par des aides budgétaires de plus en plus restreintes.
Il est vrai qu'on parle de capitaux se chiffrant par dizaine de milliards, ce
qui fait passer les problèmes de contrôle politique au deuxième plan puisqu'il
s'agit avant tout de rentabiliser des investissements extrêmement lourds et
risqués.
La privatisation
transforme les programmes en compléments indispensables du matériel. On vend et
on achète les productions, les vedettes de la variété et de l'information. On y
recycle les stars de cinéma dans la télévision pour utiliser leur statut de
vedettes. On médiatise des champions sportifs pour les utiliser comme
présentateurs attractifs d'émissions sportives. La bataille en cours dans les
chaînes françaises est très instructive puisqu'on s'aperçoit que chaque point
d'audience représente un accroissement ou une diminution des recettes
publicitaires. D'où la tentation de s'attaquer aux sociétés pratiquant la mesure
d'audience, telles que Médiatrie, lorsque les sondages faits ne correspondent
pas aux attentes des responsables des chaînes. Dans ce tourbillon gigantesque,
la demande de programmes s'accroît considérablement amenant une augmentation des
prix pouvant aller jusqu'à 25% en un an pour les films diffusés à la télévision.
Certains pourraient s'en féliciter en estimant que les films présentés sont
mieux rémunérés et que cela permet de réinvestir dans la production. Mais il
faut souligner que les chiffres grimpent pour les oeuvres cinématographiques qui
ont déjà obtenu une belle carrière en salle, ce qui représente la majorité. Les
oeuvres qui n'ont connu qu'un succès limité se trouvent donc encore plus
marginalisé dans la course au passage à la télévision.
Tous ces éléments sont
cités très rapidement pour indiquer que les programmes, comme le matériel, sont
entrés dans le domaine de la compétition commerciale. Pour en revenir plus
directement à la Wallonie, après quelques années d'observations, un organe tel
que la SRIW commence à investir dans le domaine des industries culturelles. Nous
n'en sommes pas encore à avoir une politique coordonnée dans ce secteur, mais il
y a prise de conscience de l'importance économique qu'il a acquis. Certains
pourraient craindre que le prix de cette reconnaissance du sérieux économique de
la communication et de la télévision en particulier n'entraîne une perte de
substance culturelle. Le rang existe bien mais la concurrence effrénée peut
provoquer un phénomène de saturation et forcer à un effort d'originalité pour
autant que les structures économiques des chaînes soient de force équivalente
sinon la hausse des enchères à l'achat de programmes peut entraîner la perte du
concurrent le moins riche; sauf s'il parvient à se trouver un espace original
même si marginal.

La télévision
vient d'être régionalisée par décret dans la Communauté française
Wallonie-Bruxelles en officialisant la création d'une chaîne privée qui
bénéficie de la publicité commerciale. Nous pouvons considérer qu'il ne s'agit
que d'une étape dans la bataille commerciale des télévisions puisque l'entrée
des chaînes étrangères, qu'elles soient nationales comme la cinquième chaîne en
France ou à vocation internationale comme MTV, aboutira à ouvrir le marché
publicitaire et à remettre en question le poids du monopole publicitaire octroyé
jusqu'ici à la seule chaîne TVI.
La situation actuelle
représente un stade intermédiaire qui permettra peut-être aux quotidiens de
presse, membres d'Audiopresse, de tenter leur opération d'ouverture et de
diversification. Le décret ouvre en outre la possibilité de créer des chaînes
régionales sans qu'on distingue jusqu'ici les investisseurs susceptibles de le
faire. Le maintien des télévisions locales et communautaires permet d'envisager
des perspectives de développement à condition que les affrontements idéologiques
très durs dans ce secteur s'estompent et qu'on fasse un usage positif de cette
originalité de la Communauté française Wallonie-Bruxelles et plus spécifiquement
encore de sa partie wallonne.
L'industrie du disque
a connu des avatars divers. Pendant des années elle s'est trouvée en chute
libre, notamment à cause du piratage et de la copie privée sur cassettes. Le
chiffre d'affaires est passé toutefois de 2.211.000.000 de francs en 1984 à
2.210.000.000 en 1985 et les premiers chiffres de 1986 confirment cette
tendance. Le redressement de l'industrie provient essentiellement du disque
compact dont les ventes ont progressé de 80% en 1985 pour passer à 429.000
exemplaires malgré un coût à l'unité plus élevé. Le compact disc représente déjà
10% du chiffre d'affaires de l'industrie. La vente des 45 tours qui était de
11.447.000 en 1984 est tombée à 8.800.000 d'exemplaires en 1985. Même évolution
pour les 33 tours qui passent de 6.300.000 en 1984 à 5.600.000 en 1985. Il
s'agit du cas typique d'une industrie en voie de restructuration. La percée du
compact disc représente un rétablissement important menacé par l'arrivée du DAT
(Digital Audio Tape) ou cassette digitale en provenance du Japon et qui pourrait
de nouveau provoquer les mêmes phénomènes de piratage et de copie privée.
Il faudrait encore parler
du secteur du livre, de celui du câble, du satellite, de la presse ou de la
publicité dont le développement est directement lié à ce qui se passe dans le
secteur de la télévision et de la radio.

4. Cultiver l'industrie
Les différentes
catégories d'industries de la Culture et de la Communication que nous
connaissons valent d'être identifiées en mentionnant brièvement leur évolution
dans nos régions.
La radio n'a
évolué que faiblement et essentiellement par la création de radios privées de
caractère commercial dans la FM. Nous assistons à une tentative d'investissement
par la presse écrite dans ces radios, définies initialement comme locales, avec
une réussite fluctuante. On peut estimer que la pesanteur économique amènera à
la constitution de réseaux de radios dont quelques-unes auront la maîtrise de la
programmation et des ressources publicitaires, ce qui leur permettra de
"franchiser" les autres. A moins que la franchisation se fasse vis-à-vis de
réseaux étrangers, français notamment, qui disposent d'un marché plus large.
Le film
représente en principe une industrie bien que le secteur de la production
dépende pour une large part de l'intervention et du soutien des pouvoirs
publics. Les secteurs de la distribution et de l'exploitation relèvent du
domaine économique privé mais connaissent aussi des difficultés importantes
amenant à une réduction des salles et une réduction des distributeurs. Selon
l'INS, les salles commerciales sont au nombre de 433 au 31.12.86, ce qui
correspond à une diminution de sept salles par rapport à l'année précédente. Le
nombre de spectateurs est passé à 17.866.696 en 1986 soit 140.575 de moins par
rapport à 1985. Les sièges offerts passent de 116.304 à la fin de 1985 à 109.763
à la fin 86. Seules les recettes continuent à être équivalentes moyennant un
renchérissement des places. Manifestement l'industrie du film est en difficulté.
Cela se traduit notamment par le fait que les films produits récupèrent d'ores
et déjà 60 à 70% de leurs recettes par la télévision et la vidéo; le circuit de
film qui reste culturellement important et significatif joue de plus en plus un
rôle d'annonce et de vitrine. Cette déstructuration du parc des salles est
particulièrement perceptible en Wallonie où la disparition d'une telle vitrine
nous mettrait encore davantage à la remorque des grands succès américains. Pour
mémoire, l'an passé il y a eu plus de films américains diffusés en France que de
films français, ce qui est significatif pour la seule industrie
cinématographique européenne qui avait conservé une bonne position. Quant à nos
films, cela fait longtemps qu'ils ne parviennent plus à tenir significativement
l'écran. Comme pour la télévision, la diffusion n'est de plus en plus assurée
qu'au Top 50 des films, le reste n'étant visible que dans les sections
particulières des festivals.

5. Gérer l'avenir
L'insertion dans le
domaine économique d'industries culturelles dont les rapports avec les pouvoirs
publics avaient été jusqu'ici étroits se traduit notamment par le changement de
profil des décideurs de ces industries; c'est particulièrement frappant en
télévision. On passe d'une télévision gérée par des professionnels à des
télévisions "managées" par leurs propriétaires et qui peuvent provenir de la
presse, du secteur bancaire, de l'électricité et de la distribution de l'eau,
des boissons gazeuses, et de la sidérurgie ou des travaux publics. Les
entreprises de communication lorsqu'elles sont privées font partie de holdings
et ce sont les gestionnaires de ces holdings qui donnent leurs orientations aux
industries culturelles.
Ce sont donc les
décideurs économiques qui interviennent de manière prépondérante. Le côté
positif de ce glissement du profil du gestionnaire est une attention
particulière donnée au fonctionnement de l'outil.
La reconnaissance du
domaine de la communication comme secteur économique à part entière comporte
toutefois des dangers: méconnaissance du caractère particulier d'une industrie
culturelle qui comporte un fort pourcentage d'investissement immatériel sous
forme d'idées et de programmes. La réussite ne résulte pas du bon équilibre de
paramètres purement quantitatifs. La répétition, sous forme de clones
programmatiques, de ce qui a produit un jour un succès amène successivement
l'épuisement du filon et l'obligation de refaire un travail de découvertes.
L'enjeu devient donc pour
une région de savoir si elle peut faire partie d'un secteur où la découverte est
possible. Nous retrouvons, comme dans le domaine des systèmes de transmission,
l'enjeu essentiel que représente la capacité d'intervenir en matière de
recherche et de développement.
On voit toute
l'importance du maintien d'une industrie de la bande dessinée à Marcinelle au
travers du conflit qui a agité la reprise des activités des éditions Dupuis.
C'est que chacun sentait, même confusément, qu'il y avait un risque de
déperdition grave à laisser la conception quitter la région. Mais il est évident
aussi que cette capacité d'invention et de présence doit se donner des ambitions
à l'échelle européenne au moins en faisant preuve d'originalité et de
personnalité.
Par exemple, si
l'Exécutif de la Communauté française donne l'autorisation à une chaîne de
télévision à péage étrangère diffusant des films par abonnements de distribuer
ses programmes dans notre Communauté en échange d'un accord sur la fabrication
des décodeurs, encore faut-il que nous offrions par la fabrication de ces
décodeurs un outil original qui présente quelque chose de plus par rapport à ce
qui existe sur le marché.
C'est ainsi qu'apparaît
la responsabilité des pouvoirs publics à: servir de tremplin par rapport à
certaines initiatives, réguler un marché de manière telle qu'il place nos
professionnels en position solide sur le plan international, éviter de nous
acculer à la sous-traitance et à la livraison de produits semi-finis, garantir
que l'accès aux ressources, notamment publicitaires pour les chaînes de
télévisions internationales, s'accompagnent d'un investissement par ces mêmes
chaînes dans la réalisation des programmes avec les professionnels de notre
communauté et de nos régions.
Les chaînes privées à
vocation internationale cherchent à rentrer dans notre réseau cablé qui leur
permet d'atteindre facilement un public significatif pour elles. En échange de
l'autorisation, l'Exécutif de la Communauté française demande des accords de
collaboration avec les professionnels de nos régions pour un montant de plus de
10 millions par an et par chaîne. C'est un marche-pied permettant aux sociétés
offrant des services et aux producteurs de se positionner. Mais ce que nous
pouvons offrir au travers de ces contrats suffit à peine à couvrir les montants
prévus. Des achats sont devenus possibles, encore faut-il que la qualité et la
quantité de l'offre suive. Les pouvoirs publics ont la possibilité de la
stimuler notamment en détaxant les investissements dans la production
audiovisuelle.
6. Le couple
culture-économie
La communication entre de
plein pied dans l'économie. Elle commence à être prise au sérieux puisqu'il
semble que c'est une qualité qui s'attache davantage au secteur économique qu'au
secteur culturel. Mais ce serait une erreur de la gérer de manière arithmétique
et quantitative alors que les percées technologiques comme l'invention de
nouveaux programmes ne peuvent résulter que d'un élan de la part de partenaires
privés, soutenus par la volonté d'ouverture sur l'avenir des pouvoir publics.
Notre intérêt économique
correspond directement à la volonté d'affirmer notre personnalité culturelle
dans le concert international. Il n'y a pas de contradiction, il y a
complémentarité. Complémentarité entre le régional et l'international.
Complémentarité entre le culturel et l'économique.
(Octobre 1987)
Notes
(1)
Le Soir, mardi 4 août 1987.
(2) Annuaire audiovisuel, édition 86, Ministère de
la Communauté française Wallonie-Bruxelles.

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