Renouveau dans les
médias
Guy
BEAUCLERCQ
Étudiant 2e
licence journalisme et communication ULB
La
privatisation de TF1 ne laisse désormais personne indifférent. En
France, le paysage audio-visuel change de visage. Du public au
privé, la télévision publique ne fait qu'un pas. Il est bon pour mon
propos de rappeler maintenant sur quel(s) critère(s) se définissent
la télévision publique d'une part et la télévision privée de
l'autre. En fait, en matière de radio-télévision, existent 3 grands
systèmes:
-étatique (impôts); on
paie en tant que contribuable,
-service public (redevance); on paie en tant que propriétaire d'un poste,
-privé (publicité); on paie en tant que consommateur d'un produit.
Quelles seront dès lors
les conséquences, notamment au niveau des programmes, de l'introduction de la
Cinq (attribuée aux magnats de la presse que sont Hersant et Berlusconi), de M6
(attribuée au Groupe Bruxelles Lambert et à la Lyonnaise des Eaux) et de la
privatisation de la première chaîne française (rachetée par Bouygues)?
On risque d'assister à
une concurrence effrénée pour la publicité, parce que le marché publicitaire
n'est pas extensible à l'infini! Concurrence, dont les programmes vont se
ressentir, notamment par une évolution vers ce qu'ils sont aux Etats-Unis,
c'est-à-dire une concentration de l'information sur les journaux télévisés ainsi
qu'une concentration des programmes sur la fiction: feuilleton, série, cinéma.
En Belgique, nul n'ignore
que le système en matière de radio-télévision est celui du service public.
Quelques dates à ce propos:
-18/06/1930 Institut
national belge de Radiodiffusion
-18/05/1960 INR devient R.T.B. -BRT
-12/12/1977 RTBF
-28/12/1979 BRT , Nederlandse uitzendingen.
Ces Instituts exercent un
monopole (de fait) en matière de radio-télévision belge. Cependant, il faut
noter les décrets du 9/09/1981, côté wallon et du 8/05/1982, côté flamand,
autorisant désormais les radios libres; surtout écoutées par un public jeune et
"branché".
Par ailleurs, la Belgique
est l'un des pays européens où les réseaux câblés en coaxial ont connu dans les
années 70 le plus bel essor! Actuellement, environ 80% des ménages possédant un
poste de télévision sont raccordés au câble. Le développement de la
télédistribution a provoqué une multiplication des programmes disponibles
(chaînes françaises, hollandaises, anglaises et RTL) et la naissance d'une
concurrence, notamment avec RTL, espèce de chaîne commerciale belge installée à
l'étranger. En outre, RTL-télévision a obtenu le 4 mars 1983 un faisceau
hertzien entre Bruxelles et le Grand Duché de Luxembourg; faisceau qui la place
sur un pied d'égalité technique avec la RTBF
Après l'adoption par le
Parlement du projet de loi concernant RTL-TVI, l'éventuelle introduction de la
publicité commerciale à la RTBF, conséquence de cette concurrence, ne laisse
aujourd'hui aucun francophone indifférent. Une enquête, effectuée récemment par
le Centre Liégeois d'Etude de l'Opinion (CLEO), révèle l'attitude de la
population wallonne à l'égard de l'introduction de la publicité commerciale à la
RTBF Quelle est-elle?
Il semble d'abord que la
publicité à la télévision (quelle que soit la chaîne) soit bien acceptée par 60%
de la population wallonne! L'introduction de la publicité commerciale à la
RTBF-Télévision recueille une proportion de 58% d'avis favorables, alors qu'à la
RTBF-radio, les pourcentages d'opinions favorables tombent à 52%. L'opposition à
l'introduction de la publicité commerciale provient surtout de la Province de
Liège, où le public déclare s'intéresser davantage au financement de la
radio-télévision.
Ainsi donc, le paysage
audio-visuel belge risque de légèrement se modifier à l'avenir! Je dis
légèrement car enfin les spots publicitaires "non-commerciaux" ne trompent plus
personne! Ne nous en plaignons pas trop, puisque les Wallons eux semblent prêts
à franchir le cap. Qu'en serait-il d'une privatisation?
La question
mérite d'être posée...
(Octobre 1987)

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