Grande activité à Liège dans l’Entre-deux-Guerres
Relance de la Société (1965)
L’exposition sur l’Art wallon organisée à
Charleroi, en 1911, à l’initiative de Jules Destrée est un événement phare
dans la prise de conscience wallonne. Il s’agit de l’aboutissement d’efforts
demeurés longtemps individuels et qui se sont, finalement, groupés autour de
divers périodiques dans les dernières années du
xixe siècle. En
effet, Charles Grandgagnage avait écrit ses Wallonnades et Alfred
Bequet, dans son étude sur Henry Blès, ouvre une nouvelle voie (1863). Jules
Helbig, dix ans plus tard, publie sa première ébauche sur les anciens
peintres de Liège et de la vallée de la Meuse. Aidé par le bourgmestre
Kleyer, il édite en 1903 un magnifique album d’art. À la même époque,
Adolphe Hocquet lance une brochure rendant à Tournai l’un des grands
peintres du xve
siècle, à savoir Roger de le Pasture. À la suite d’un jeune bourgeois
fortuné – Albert Mockel – qui crée une revue littéraire qui s’intitule
fièrement La Wallonie, une génération de jeunes artistes sont épris
d’art neuf, de francité, d’amour pour leur région. En 1893, après la
dissolution volontaire de La Wallonie, ils créent une nouvelle revue,
L’Art wallon. Joseph Defrecheux, Georges Willame et Oscar Colson
créent pour leur part Wallonia qui sera par la suite l’organe de la
Société des Amis de l’Art wallon.
De façon générale, chacun tente d’arracher la
Wallonie à son état de minorisation intellectuelle et de lever l’équivoque
de l’expression art flamand. Une jeune génération de chercheurs
apporte sa contribution : Jules Bosmant à Liège, Henri Houtard et Paul
Rolland à Tournai, Ferdinand Courtoy et Félix Rousseau à Namur, René Van
Bastelaer à Charleroi. Sortent ainsi de l’ombre les Robert Campin, Beauneveu
de Valenciennes et Marmion (Tournai), Jean Prévost et Neufchatel (Mons),
Joachim Le Patinier et Henry Blès (Dinant), Lambert Lombard (Liège) et bien
d’autres ; en matière musicale, Guillaume Dufay, Gilles Binchois, Jean
Guyot, Roland de Lassus, André-Modeste Grétry, François-Joseph Gossec et
Étienne Méhul.

L’exposition de 1911 sera le point de rencontre
de tous ces efforts intellectuels. À peine les portes de l’exposition
fermées (décembre), naît la Société des Amis de l’Art wallon. Annoncée sous
la plume de Jules Destrée dans le numéro de janvier 1912 de Wallonia,
la Société se réunit pour la première fois, en assemblée constitutive, le 4
février 1912, dans un salon du Cercle artistique de Bruxelles. Sont présents
les peintres Pierre Paulus et Auguste Oleffe, les écrivains Louis Delattre
et Louis Piérard, les graveurs Yves Bonnetain et Henri Bodart, le
musicologue Ernest Closson, Jules Destrée et son épouse, Marie Danse.
Marquent leur intérêt et adhèrent par la suite à la Société des Amis de l’Art
wallon, les poètes Albert Mockel, Fernand Séverin, Dom Bruno Destrée, Louis
Boumal, Georges Rodenbach et Émile Verhaeren, le romancier Maurice
Desombiaux, les graveurs Auguste Danse et Armand Rassenfosse, les peintres
Auguste Donnay, Eugène Collignon, Désiré Merny, Théo Tonglet, Géo Bernier et
Marcel Gailly, les compositeurs Daneau et Eugène Guillaume, les historiens
Adolphe Hocquet, Henri Houtard, René Van Bastelaer et Félix Rousseau, les
philologues Maurice Wilmotte et Jules Feller, les publicistes Octave Maus,
Isy Collin, Richard Dupierreux et Fernand Mallieux et le jurisconsulte René
Marcq. Feront encore partie de la Société des Amis de l’Art wallon Élie
Baussart, François Bovesse, Émile Digneffe, Olympe Gilbart, Émile Jennissen,
Charles Delchevalerie, Oscar Thiry, Arille Carlier, Joseph-Maurice
Remouchamps, Léon Losseau, Émile Jottrand, Jean Grafé, etc.
L’utilité d’un pareil effort est
particulièrement incontestable en ce qui concerne la Wallonie dont on
connaît mal les trésors d’art, dont les artistes ont été souvent injustement
oubliés ou confondus dans la gloire flamande,
écrit Jules Destrée, dans son article de 1912. Rendre confiance aux artistes
de Wallonie, tel est aussi l’objectif de la nouvelle société de défense des
beaux-arts mais aussi des lettres et de la musique. Il convenait aussi de
démontrer les grandes différences opposant l’Art wallon et l’Art flamand.
Six mois après sa fondation, l’Association des
Amis de l’Art wallon compte 700 membres ; après un an d’existence, elle
compte 800 adhérents. En créant des groupes locaux, pleinement autonomes, l’Association
entend faire connaître au public le plus large tout ce qui est remarquable.
Il est intéressant d’observer que le champ géographique couvert par la
Société des Amis déborde la Wallonie actuelle. Les fondateurs englobent
Bruxelles, les régions de Valenciennes, Lille et Nancy ainsi que les
Prussiens du Rhin (...) qui partagent les mêmes affinités ethniques
et intellectuelles. Tous les groupes locaux sont reliés entre eux par
l’action du Comité central et par la publication d’un bulletin périodique.
C’est la revue liégeoise Wallonia qui accueille les Amis de l’Art
wallon dans ses pages.
La Société est très active. Outre ses
manifestations régulières (conférences et réunions), elle encourage la
réalisation d’actions ponctuelles comme, par exemples, la restauration du
jubé de Jacques du Brœucq dans la cathédrale Sainte-Waudru à Mons,
l’érection d’un monument au travail par Constantin Meunier, à Bruxelles, et
les peintures murales d’Auguste Donnay dans la petite église romane d’Hastière.
La Société des Amis de l’Art wallon souhaite d’ailleurs faire de l’église d’Hastière
un centre d’art religieux wallon, comme l’avait proposé Maurice Desombiaux
dès 1907. Elle organise aussi un hommage à Édouard Remouchamps et à son
Tâti l’Pèriqui. Avec diverses sociétés, elle appuie la création en 1912
du Musée de la Vie wallonne dont plusieurs de ses membres sont les
principaux fondateurs. Elle appose une stèle à Bruxelles sur une maison où
vécut Roger de le Pasture (1912) et à Tournai sur sa maison natale (1913) ;
à Namur sur celle où naquit Félicien Rops. Un projet d’élévation d’une
statue Rops à Namur est également étudié (1914).
L’Association publie aussi : Étude sur les
arts anciens de Wallonie (par Jules Destrée, 1912), Les chansons
franco-wallonnes (de Joseph Closson, 1912), Les artistes wallons
(de Louis Cloquet, 1913), des études de Paul Rolland, de Maurice Kunel,
l’album de J. Destrée sur de le Pasture. Les Amis de l’Art wallon étudient
très sérieusement un plan général de développement de musées en Wallonie.
L’édition d’une carte géographique, ethnographique et linguistique de
Wallonie (idée d’Olympe Gilbart) ainsi que la publication d’un inventaire
général des œuvres wallonnes conservées en Belgique et à l’étranger (idée de
Louis Piérard) sont aussi examinées au sein du Comité central. Ce dernier
décide aussi de participer à l’hommage rendu au Prince de Ligne (Belœil
1914), de lancer l’édition d’une collection d’ouvrages de vulgarisation et
de propagande, d’organiser une manifestation grandiose en l’honneur de César
Franck (Liège 1914), de rendre hommage à Eugène Ysaye et de créer un circuit
d’expositions itinérantes de quelques artistes qui seraient présentés dans
différents lieux de Wallonie.
Des sections existent à Liège, Charleroi, Mons,
Nivelles et Bruxelles (1912), Tournai et Namur (1913). L’ouverture de
sections à Dinant, Arlon, Verviers, Spa, Lille, Valenciennes, Nancy et Paris
se concrétise au cours de l’année 1914. L’existence de sections posera la
question de leur autonomie, la section de Liège demandant notamment à
percevoir directement une cotisation. Voulant éviter de devenir une
Fédération de sociétés locales, les Amis de l’Art wallon rejetteront cette
proposition. L’éclatement de la Première Guerre mondiale amène les membres
de la Société à s’occuper d’autres problèmes. Aucune activité n’est
développée.

Grande activité
à Liège dans l’Entre-deux-Guerres
Ayant passé le cap de la Première Guerre
mondiale, l’association les Amis de l’Art wallon reprend ses activités en
1921 : le 15 mai, une réunion rassemble ses promoteurs à Bruxelles. Ce sera
surtout au niveau des sections dynamiques que l’association revivra, avant
de décliner au lendemain du décès de Jules Destrée (1936) et de s’éteindre
au moment où éclate la Seconde Guerre mondiale. Parmi les sections
dynamiques, essentiellement la section de Liège qui est toujours présidée
par Xavier Neujean et compte Charles Delchevalerie comme vice-président,
Paul Jaspar et P. Comblen comme membres du comité, et Ernest Godefroid comme
secrétaire. Plus d’une centaine d’activités sont organisées : une vingtaine
de concerts (Jongen, Quitin, Grétry, etc.), des expositions (Patinier,
etc.), une vingtaine de séances littéraires consacrées aux écrivains wallons
de langue française et aux écrivains dialectaux (Glesener, Krains, Boumal,
Defrecheux, Mockel, Henri Simon, etc.), des excursions, une dizaine de
conférences sur les arts, la littérature et la musique. Elle attribue aussi
des prix de peinture, sculpture et musique. Outre une collaboration à la
création du Musée de la Vie wallonne, la section liégeoise offre aussi au
musée des Beaux-Arts un meuble-vitrine exposant les reproductions coloriées
et photographiques des plus belles œuvres de Patinier disséminées dans les
grandes collections européennes (1924-1925), concrétisant ainsi le vœu
exprimé par Auguste Donnay au congrès wallon de 1905 et relancé par Charles
Delchevalerie lors d’une réunion de la section liégeoise en 1912. Il entrait
dans les intentions de la section liégeoise des Amis de l’Art wallon de
poursuivre cette initiative avec des œuvres de Henry Blès, Roger de le
Pasture, Lucidel, Lambert Lombard, Gérard Douffet, Bertholet Flémalle,
Jean-Guillaume Carlier et Gérard de Lairesse.
Le comité central des Amis de l’Art wallon, de
son côté, décerne des prix annuels récompensant des mises en valeur
d’artistes wallons (peintres ou musiciens) ou des créations. La Société
participe à la réalisation du monument funéraire d’Auguste Donnay, à
Robermont, des statues de Louis Boumal, Georges Antoine, Armand Rassenfosse
et d’autres dans le parc de la Boverie. Elle fait élever une statue à la
gloire de Henri Bodart.
La section de Liège des Amis de l’Art wallon
bénéficie du soutien financier tant de la ville de Liège que de la province.
Celle-ci supprime cependant son intervention dès 1932 et la ville l’imite en
1934. Vivant sur ses réserves et la cotisation de ses membres, la section
devra se résoudre à diminuer le nombre de ses activités. Pourtant, ses
ambitions demeurent très grandes et elle lance un appel à tous ceux qui
ont à cœur de défendre le patrimoine intellectuel de la petite patrie.
En 1938, une asbl est créée à Bruxelles :
l’association Les Amis de l’Art wallon dépose ses statuts. Son but est de
mettre en lumière, d’affirmer et de sauvegarder les intérêts passés,
présents et futurs des artistes, écrivains et des savants wallons et de
développer en tous domaines, l’art, l’histoire, le folklore et les arts
wallons. Parmi les membres fondateurs, on trouve Marie Danse-Destrée et
plusieurs amis qui remplissent les fonctions de président (Richard
Dupierreux), de vice-présidents (François André, Charles Gheude, Charles
Delchevalerie et Henri Grafé-Lecocq), de secrétaire général (Jean Grafé), de
secrétaire-trésorier (Louis Hissette) et d’administrateur (Léon Hennebicq).
Les années 1937-1940 seront difficiles et le
début de la Seconde Guerre mondiale met un terme aux activités des Amis de
l’Art wallon. Certains membres de la Société des Amis de l’Art wallon seront
à la base de la création de la Société historique pour la Défense et l’Illustration
de la Wallonie, qui deviendra en 1960 l’Institut Jules Destrée, et d’autres
seront parmi les fondateurs de l’Association pour le Progrès intellectuel et
artistique de la Wallonie. Mais on ne retrouve de réelle filiation avec la
Société des Amis de l’Art wallon créée par Jules Destrée qu’en 1965 lorsque,
à l’initiative d’André Piron, un groupe de Wallons décide de former une
association dont l’objet serait de conserver, défendre ou illustrer le
patrimoine artistique de la Wallonie et l’œuvre accomplie par des artistes
originaires du pays wallon.

Relance
de la Société (1965)
La démarche paraît étrange de la part de
l’auteur d’une Histoire de la peinture en Wallonie, publiée à l’Institut
Jules Destrée, asbl récemment relancée par les époux Bologne-Lemaire et dont
les statuts prévoient le même type d’objectifs que la nouvelle association.
Les membres-fondateurs ne paraissent pas s’apercevoir de cette concurrence.
À moins, bien sûr, qu’ils ne la souhaitent. On observera simplement qu’à la
même époque André Piron remplace Maurice Bologne (démissionnaire) au comité
directeur de La Nouvelle Revue wallonne (1965), et que la Société des
Amis de l’Art wallon se (re)constitue alors que l’Association pour le
Progrès intellectuel et artistique de la Wallonie s’éteint progressivement
après une période de très riches et nombreuses manifestations. Le 6 juin
1965, se tient une réunion liminaire à Bruxelles. Dans le même temps, une
exposition Jean Gossart se tient à Bruges et un catalogue est édité
exclusivement en néerlandais et en anglais.
C’est dans ce contexte et en réaction à cette
situation que se reconstitue la Société des Amis de l’Art wallon. Elle
sollicite les villes du Hainaut pour que l’une d’entre elles entreprenne la
présentation des œuvres de Jean Gossart dans ses murs et, parallèlement,
elle publie une brochure sur l’artiste. À ce moment, le bureau exécutif de
la Société des Amis de l’Art wallon est composé de Julien Vanhove, André
Piron (président fédéral) et Félix Rousseau. Le 9 octobre, l’assemblée
constitutive réunit, notamment, la quasi-totalité des survivants de la
société initiale : Félix Rousseau, André Piron, Albert Calay, Maurice Kunel,
Jean Lalière, Ernest Montellier, Fernand Pieltain, Joseph Joset et Fernand
Verhaegen. C’est ce jour-là que la Société des Amis de l’Art en Wallonie est
constituée officiellement. Portant les mêmes initiales que la Société des
Amis de l’Art wallon, elle a aussi des buts identiques mais établit une
distinction importante entre l’Art wallon et l’art en Wallonie.
Le siège de la Société des Amis de l’Art wallon
se situe à Namur (rue Saintraint 3). Parmi les fondateurs, on trouve
Isabelle Blomme-Grafé, Juliette Dargent, Louis Philippart, Albert Calay,
Cyrille Collignon, Jean Lejeune, Félix Rousseau, Julien Vanhove, Maurice
Destenay, Robert Grafé, Roger Pinon, Fernand Schreurs, André Wautier et
Antoine Ysaye. Le but de la Société des Amis de l’Art en Wallonie est
d’exalter la fierté et encourager la vitalité wallonne. En 1966, la Société
des Amis de l’Art wallon entreprend de célébrer Eugène Ysaye, Albert Mockel
et Lambert Lombard. Le 15 janvier, résurgence de la section liégeoise de la
Société des Amis de l’Art wallon, la section régionale liégeoise de la
Société de l’art en Wallonie se constitue avec, à sa tête, Georges Gabriel
(président), Roger Pinon et Edmond Godefroid (vice-présidents), Willy
Lemoine (secrétaire).

Dès janvier 1966, sur une idée d’Isabelle
Blomme-Grafé, la Société devient la Commission des Arts et des Lettres de la
Fondation Plisnier, tout en gardant son autonomie et son intitulé. Chacune
des deux associations garde son schéma d’organisation et sa trésorerie. La
Société des Amis de l’Art wallon dispose ainsi de plusieurs pages dans le
bulletin de la Fondation Plisnier. Après une année de féconde collaboration
autour d’une activité majeure, en l’occurrence la commémoration Albert
Mockel, Société des Amis de l’Art en Wallonie et Fondation Plisnier décident
une fusion complète. Aux termes de cette fusion, la Société a pour mission
de fournir à l’Ethnie française ses pages littéraires et artistiques.
Pendant de nombreuses années, la Société mène
des actions ponctuelles, axées sur des auteurs et artistes de Wallonie :
après l’édition de la plaquette dédiée à Jean Gossart qui lui restitue son
lieu de naissance à Maubeuge, la Société des Amis de l’Art en Wallonie
consacre les années 1966 et 1967 à honorer Albert Mockel, 1968 à un hommage
à Georges Antoine et Louis Boumal. En 1970, la Société rend hommage à son
vice-président Georges Linze à l’occasion de ses 70 ans, puis, l’année
suivante, un hommage à Géo Libbrecht, qui a 80 ans en 1971. L’organisation
de “ Journées liégeoises des écrivains de Wallonie ” en avril 1972
correspond à la volonté de célébrer le 60e anniversaire de la
première Société. Ensuite, se tiennent un colloque sur l’enseignement des
arts graphiques en Communauté française (1973), un hommage à Guillaume Dufay
et Joachim le Patinier (1974), l’édition de timbres-poste (1976), et
l’organisation d’une année Désiré Pâque. En août 1974, la Société et la
section liégeoise de la Fondation Plisnier demandent que l’orthographe des
noms des peintres wallons (Roger de le Pasture, Jean Prévost ou Prévôt, Jean
Gossart, Joachim le Patinier, Henry Blès) soit respectée par les services
dépendant du ministère de la Culture française. Une autre demande est
introduite afin qu’un timbre commémore le 450e anniversaire du
décès de Patinier et le 500e du décès de Dufay.
De façon très étonnante dans la mesure où elle
ne s’était jamais immiscée sur le terrain politique, la Société des Amis de
l’Art en Wallonie adopte une motion très politique en 1971, estimant
indispensable que tous les citoyens belges soient tenus de choisir entre les
deux nationalités : flamande (ou néerlandaise) ou wallonne (ou romane).
Administratrice de la fondation en tant que
représentante de la Société des Amis de l’Art en Wallonie, Isabelle Blomme
démissionne en 1973 et elle n’est pas remplacée. Après dix années de
collaboration fructueuse, des divergences de vue surgissent entre la Société
et la Fondation Plisnier, à propos de la composition de la rubrique Arts et
Lettres de la revue. La Société retire alors son adhésion et sa
collaboration. En 1975, la SADAW est présidée par André Piron ; Georges
Linze et Albert Lovegnée en sont les vice-présidents, Robert Crismer le
trésorier, Étienne Chartier le secrétaire et Félix Rousseau le président
d’honneur.
La Société des Amis continue son existence,
discrète. Mais au moment où, par un Manifeste, Follon, Alechinsky, Conrad
Detrez et tutti quanti proclament leur belgitude, s’interrogeant sur
l’utilité des problèmes communautaires belges et de l’ouverture d’une maison
de la Communauté française Wallonie-Bruxelles à Paris, André Piron, Albert
Lovegnée et Dieudonné Boverie, respectivement président et vice-président de
la Société des Amis de l’Art en Wallonie, et président de la section de
Liège de l’Institut Jules Destrée, répliquent, eux aussi par voie de
manifeste (15 décembre 1979), dans lequel ils affirment leur droit de
posséder leur Art wallon, à côté de l’Art flamand.