Renaissance wallonne est une société
coopérative née le 31 décembre 1964 au sein du Front wallon. Au sein de son
Conseil d’administration, on trouve à la présidence Maurice Bologne, comme
administrateur-délégué Émile Cavenaile, comme secrétaire Robert Moreau,
ainsi que Henri Blampain (Soignies), Évelyne Bouvrat (Bruxelles), Edgard
Carlier (Borinage), Paul Carpentiers (Brabant wallon), Paul Danhier
(Tournai), Albert Van Hemelryck (Liège) et Maurice Verschoren (Charleroi).
Le but de la société est d’entreprendre
toutes activités de nature à promouvoir le développement économique, social
et culturel de la Wallonie. Les statuts permettent à la Renaissance
wallonne d’accomplir toutes les activités qui lui siéent, tant commerciales
que financières ou culturelles. Sa première opération consistera d’ailleurs
à acquérir un immeuble en plein cœur de Charleroi (rue de Turenne) et d’y
ouvrir une brasserie wallonne. Sur les trois étages, les initiateurs du
projet pensent créer une imprimerie, des salles de réunions ou de
délassement et des bureaux.
En mai 1965, le café de Renaissance wallonne
est ouvert au coin des rues Turenne et Beffroi. Le brasseur Cavenaile a
certainement favorisé le développement de ce projet financé essentiellement
par l’achat de parts de 1.000 francs par les militants wallons qui le
souhaitaient. En avril 1966, la rénovation des étages du bâtiment est
achevée. Le Parti wallon dispose ainsi d’une infrastructure de qualité en
plein centre de Charleroi.

En dix-huit mois, la Renaissance a recueilli
734.000 francs en souscription. Ce montant a essentiellement servi à la
restauration du bâtiment ouvert sur tous ses étages dès le début mai 1966.
Dès que le capital atteindra les 2.000.000 de francs, le Conseil
d’administration de la société coopérative souhaite constituer une caisse
d’épargne wallonne, une compagnie d’assurances wallonne et d’autres
organismes essentiellement wallons. Il ne semble pas que ces objectifs ont
jamais été atteints.
Pourtant, la Renaissance
wallonne poursuit sa dynamique politique ; c’est elle qui permet la parution
du journal Forces wallonnes, et qui accueille les responsables du
Rassemblement wallon, dès 1968. Sous la présidence de Maurice Bologne
(1964-1977), la société coopérative constituera le soutien matériel à
l’action du Rassemblement wallon, du moins dans le pays de Charleroi, et
c’est également elle qui permettra la publication de l’hebdomadaire L’État
wallon, de 1978 à octobre 1979, moment où le journal wallon fusionne
avec 4 millions 4. Malgré la démission de Cavenaile, pour divergence
de vue politique et le remboursement de ses 300 parts (1970), la SC Renaissance
wallonne génère des bénéfices de 1968 à 1976 tout en apportant un soutien
financier important à l’action politique wallonne.
Jusqu’en 1975, la Renaissance wallonne demeure
propriétaire absolu du journal Forces wallonnes. À ce moment, le
Rassemblement wallon fait du journal son organe officiel. Le Conseil
d’administration de la Renaissance wallonne se compose alors de Maurice
Bologne (président), Albert Romain (vice-président), Paul Nopère
(vice-président), Robert Moreau (secrétaire), Fernand Helguers
(administrateur-délégué), Pierre Leroy, Pierre Dewachter, Jean-Pierre Levecq.
Après la nomination de Maurice Bologne comme
président d’honneur, c’est Robert Moreau qui hérite de la présidence (1977)
effective de la société coopérative dont le principal commissaire aux
comptes, Albert Gyssens, décède en septembre 1978.
En accord avec la régionale de Charleroi du
Rassemblement wallon, Renaissance wallonne élabore un avant-projet de Charte
constitutive du Peuple wallon. Dans le même temps, Rassemblement wallon et
FDF présentent des listes communes en vue des élections européennes de juin
1979. Malgré de fortes réticences au sein du RW, la société coopérative
Renaissance wallonne décide la fusion de L’État wallon avec
l’hebdomadaire du FDF 4 millions 4. Suite à l’éclatement définitif du
Rassemblement wallon, les difficultés de gestion sont grandes. Des
coopérateurs ont repris leurs parts et les besoins des campagnes électorales
du RW ont grevé les finances de la Renaissance wallonne. Dans la mesure où,
sur les 156 sociétaires, deux seulement sont prêts à doubler le capital pour
rencontrer les objectifs immédiats, l’Assemblée générale du 13 février 1982
décide la dissolution de la société coopérative. La sc Renaissance wallonne
sera effectivement dissoute le 27 mai 1983.
Paul Delforge