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		L’Avant-Garde wallonne (1918)

Depuis janvier 1915, les services allemands installés à Bruxelles mettent au point et développent une Flamenpolitik dont les réalisations les plus visibles sont l’ouverture d’une université flamande à Gand en octobre 1916 et la séparation administrative décrétée en mars 1917. Cette dernière se concrétise par la scission des ministères belges en ministères flamands et wallons. Les premiers restent à Bruxelles alors que les seconds sont transférés à Namur à partir de l’été 1917. En janvier 1918, de nouveaux fonctionnaires sont engagés. La plupart ne se connaissent pas et n’ont pas la formation de fonctionnaire. À partir du début du mois d’avril 1918 voit le jour une société d’agrément, L’Avant-Garde wallonne, qui établit un lien entre le Comité de Défense de la Wallonie et le Casino de Namur. Ayant comme programme politique la constitution d’une « Wallonie libre dans une Belgique indépendante », l’association dispose d’une section musicale, d’une section dramatique et d’une section d’excursion. Dirigée par un Bureau où l’on retrouve Pierre Van Ongeval comme président, Pierre Raineri comme secrétaire ainsi que Gestalder, Lequeu, Delcampe et Serruys-Gusdorf, L’Avant-Garde dispose de son propre cercle dramatique, Chanteclair, présidé par Marcel Guillaume et dont le délégué au sein de l’AGW est Louis Meyers. Ce dernier est aussi chargé de rechercher des employés susceptibles de devenir membres des clubs sportifs et dramatiques. Van Ongeval fait une campagne de recrutement auprès des jeunes pour constituer son cercle d’agrément, mais Oscar Colson l’a interrompue quand une rumeur parvint jusqu’à lui prétendant que le Comité était un tremplin pour promotion et engagement dans l’administration. Selon le témoignage d’Oscar Colson, L’Avant-Garde wallonne aurait recruté une cinquantaine de membres, essentiellement des fonctionnaires namurois. Pierre Van Ongeval offre aussi aux fonctionnaires des insignes représentant le coq wallon. Lorsque des employés créent une association distincte de L’Avant-Garde wallonne, elle est dissoute par les Allemands qui ne souhaitent pas de concurrence. L’Avant-Garde avait-elle un but politique caché ? Pour certains fonctionnaires, il était clair que l’un des buts du cercle wallon était d’empêcher l’introduction du flamand en pays wallon. Le manque de transparence de l’association rebutera d’autres amateurs potentiels.   Paul Delforge  Paul Delforge, La Wallonie et la Première Guerre mondiale. Pour une histoire de la séparation administrative, Namur, Institut Destrée, 2009