En 1905, lorsque la Ligue wallonne du Brabant se constitue,
Arthur Potier en est un membre fondateur. Souvent dans l’ombre
de son ami Hector Chainaye, il participe aux nombreuses actions
visant à conscientiser les hommes politiques à la question
wallonnes et aux expériences électorales de partis wallons.
Directeur de la Fanfare wallonne d’Ixelles, il organise de
nombreuses fêtes de charité.
Pendant la Grande Guerre, Potier entend respecter la trêve de
l’Union sacrée. Pourtant, le tout premier numéro du journal
Le Peuple wallon (7 février 1918), dirigé par Désiré de
Peron, cite nommément le nom de Potier parmi une douzaine de
membres du comité de la Ligue wallonne du Brabant qui, dans un
Manifeste, se sont prononcés en faveur de la création des
États-Unis de Flandre et de Wallonie, et d’un programme
politique visant à la reconnaissance d’une Wallonie autonome à
côté d’une Flandre autonome (27 janvier 1918). Le journal
annonce aussi la création d’un Parti nationaliste wallon et se
dit l’organe du groupe Les Jeunes Wallons, créé sur le modèle
des activistes flamands du Jong Vlaanderen.
Très vite cependant les allégations du journal sont vivement
contestées. Arthur Potier donne sa démission de la Ligue du
Brabant et adresse plusieurs lettres recommandées tant à de
Peron pour dénoncer l’usurpation dont il se rend coupable
lorsqu’il prétend s’exprimer au nom de la Ligue wallonne du
Brabant, qu’au Collège des bourgmestre et échevins de la ville
de Bruxelles pour désavouer et dénoncer les intentions qui sont
prêtées à la Ligue par Le Peuple wallon. Il est
d’ailleurs rappelé que les vrais responsables de la Ligue, parmi
lesquels Ivan Paul, ont adopté, le 1er août 1914, un
Manifeste dans lequel ils s’affirmaient « Belges avant tout »,
face aux menaces de guerre qui régnaient alors, et refusaient de
prêter la main à l’ennemi germanique.
Quand Le Peuple wallon déménage à Liège où il est imprimé
dans les installations réquisitionnées de la Gazette de Liège
(juin 1918), A. Potier figure pourtant parmi les membres du
personnel, mais, en octobre 1918, la guerre n’est donc pas
encore finie, Arthur Potier et d’autres membres du comité de la
Ligue du Brabant convoquent une assemblée générale afin de
dénoncer et réprouver L’Appel aux Wallons ainsi que le
programme diffusé par de Peron dans Le Peuple wallon ;
ils font constater leur réunion par un huissier, mais il faudra
attendre la signature de l’Armistice pour que cesse l’amalgame
Ligue wallonne du Brabant/Peuple wallon.
Installé à Bruxelles pour raisons professionnelles, cet agent de
charbonnages devient, après la guerre, le deuxième
vice-président de la Ligue wallonne de Saint-Gilles ; il est
aussi président, gérant et administrateur du Syndicat d’études
de la société coopérative La Maison wallonne de Bruxelles, dont
il avait été membre fondateur ; il en démissionne en avril 1922.
Président du cercle Les Namurwès di Sint-Djiles, affilié
à la Fédération des Sociétés wallonnes de l’Arrondissement de
Bruxelles, il écrit dans Lî Couarneû (1904), L’Arsouye
(1922), Le Clairon hardy, La Défense wallonne et
L’Opinion wallonne.
Chansonnier, poète en tout genre, compositeur, auteur dramatique
dialectal, vice-président de la société littéraire Les vrais de
la province de Namur, il écrit souvent sous le pseudonyme de
REITOP.
Paul Delforge
Paul
Delforge, La
Wallonie et la Première Guerre mondiale. Pour une histoire de la
séparation administrative, Namur, Institut Destrée, 2008 |